Histoire de la famille MORIDE
un nom unique, qui s'éteint actuellement Roger Moride est le dernier porteur du patronyme en l’an 2005. Il a 2 filles et les Moride vont disparaître avec lui. histoire de la famille Moride | Craon | menuisier | hypothèse espagnole | hypothèse basque | hypothèse italienne | les Morisques | hypothèse féodale | les Moride célèbres : Edouard Moride chimiste | Jeanne Moride peintre
 
Craon
img3.gifLe patronyme MORIDE ne figure pas dans le dictionnaire étymologique des noms de famille (M.T. MORLET, 1991). 
Pierre Moride, 1er connu du nom, épouse à Segré en 1613 une Segréenne, puis le couple vit à Craon. Je trouve à Craon 3 couples Moride de 1622 à 1671, rien avant, et un prêtre Pierre Moride en 1659. Tous liés, descendants de Pierre, je n’ai pu faire à ce jour le lien exact.
Les Moride sont probablement venus d’ailleurs. Ils sont artisans et s’allient à des artisans ou hôteliers. Tous savent bien signer, en orthographiant leur patronyme « Moride » et non Morice.  
Or, en 1600, la signature est l’apanage des familles notables. Il existe alors un collège à Craon, probablement réservé à l’élite. J’en conclu que les Moride sont relativement notables en 1620 à Craon. Ce sont des menuisiers « haut de gamme », probablement des artistes.
Les patronymes se terminant par « IDE » sont rares et c’est un nom étranger francisé ? Il y a en effet à Nantes beaucoup de cas, dont les Compludo qui donnent à la même époque Complude etc…  
 

menuisier

Au moyen âge, le seul meuble existant est le coffre, et celui qui le fabrique un « huchier ». Le coffre est plus ou moins orné de sculptures, et le huchier représente le sculpteur en bois.
Le lit apparaît au 14e tandis que le coffre passe sur pied, devenant buffet puis armoire, enfin la table apparaît timidement pendant le 16e. Tous ces meubles sont fortement ouvragés pendant la Renaissance, et seront même très surchargés de sculptures avec Henri II. C’est le travail du « menuisier ».
Sous Louis XIV l’ébène arrive, donnant au menuisier qui travaille l'ébène le nom d’ « ébéniste », qui restera ensuite pour les autres bois des meubles.
Ils diffèrent tous du “charpentier”, ouvrier qui exécute tous les ouvrages en gros bois entrant dans la construction des édifices.
En conclusion, en 1643, le menuisier est ce que nous appelons aujourd’hui un ébéniste, fabriquant des meubles de qualité. 
 

hypothèse espagnole

En 2000, on trouve des Morido en Espagne, dont certains en Castille à Avila,  colonie romaine, puis ville musulmane de 714 au 11e siècle. En 1465 la noblesse y destitue le roi Henri IV de Castille au profit de son frère Alphonse. Puis, la prospérité de la ville va souffrir au début du 17e de l’expulsion des Morisques. On trouve également le patronyme Moreda.
En Bretagne, la présence des Espagnols est attestée au 13e siècle. Au 14e ils fréquentent le port de Redon, ainsi les Magon qui fondent à Vitré une importante maison de commerce. Les monnaies espagnoles ont cours en Bretagne.
Des motifs économiques les attirent en Bretagne, tandis que les Bretons se rendent en Espagne pour un motif religieux : StJacques de Compostelle.
Le duc Jean IV signe la plus ancienne convention commerciale avec les villes de la Biscaye : Vermmeo, Bilbao, Luquete et Plaisance. Son successeur Jean V régularise les relations commerciales avec les rois de Castille et de Léon et fait venir à Fougères et Vitré des industries inconnues. Puis, Pierre II exempte de taille les étrangers qui désirent se fixer à Vannes. François II maintient les relations commerciales, et, comme ses prédécesseurs, attire en Bretagne de nombreux étrangers. Enfin, Anne de Bretagne compte dans sa cour plusieurs Espagnols.
Puis, Louis XII, roi de France, confirme les privilèges des marchands de Castille trafiquant en France.
Les villes de StMalo, Rennes, Morlaix, Vitré et Nantes profitent de ces activités commerciales. Les Espagnols y fondent des colonies florissantes, et dans certaines régions Bretonnes, les Castillans s’établissent en si grand nombre que même après plusieurs siècles le type espagnol s’est conservé. Citons les Rocaz, Consalvo de Compludo, de Contrerez, de Oustize, de Gournez, de Heredia, Consalvo de Lerma, de la Presse, de Vildiago, de Harvyz, Martinez et Ryago. Houys, Harrouys.  La Chambre des Comptes naturalise entre autres : Bernardin de Médines, Jean d’Ariagne, Michel Marquier (1492-1531), François de Nantedilles, Ferrando de Astoudille, Lopez et Jean-Baptiste Dache (1532-1546), André Ruys, Sanchez Deheriva, François Ferray, Gatien d’Aragon, Jean Moneybras, François le Quetro, Francisque de Leon, Pierre Colludo, Absencion de Acquiere, Rodrigo de Valtaze, Diago Victoria (1546-1555), Diego de Bourgues, Pierre de Villiers-Real, Allonzo de Medines, Heurtino d’Abarandaro, Haronce d’Aragon, Andoine Deredia, Alonzo d’Astoudille, Bernard de Medines, Diago de Lessuma (1555-1561), Jean Mandiel, François de Carosse, Balthazar de Saines, Ollivier Ferrer, Martin de Montibon, Lopez d’Asche (1561-1571)
Les Harrouys, Santo-Dominguo, Myron, d’Espinoza, Marquez sont bien connus, mais d’autres installés avant 1492 ont omis de faire enregistrer leurs lettres de naturalité à la Chambre des Comptes. Ils sont commerçants et preneurs d’offices, y compris dans la municipalité.
Sous le Duc de Mercoeur et la Ligue, la ville de Nantes est presque transformée en cité espagnole. Même si le roi d’Espagne Philippe II entretient des rapports fluctuants avec la Ligue, il envoit tout de même un secours de troupes. Le port de Lorient, le Blavet est alors construit par les Espagnols. Les troupes espagnoles cantonnées à Nantes y prennent goût, et le jour du départ pour le Blavet, plus de 300 hommes sont portés « malades ». Ils préfèrent s’éparpiller dans la nature pour rester en France.  
La France envoit en Espagne poissons, blés, vins, fers, livres, papiers, cartes à jouer, toiles…  Les Espagnols envoient laines, armes, soies plates, cuirs et gants fins, cire, ambre gris, chevaux…
Conclusion : Craon est à 40 km de Vitré, 65 km de Fougères, qui ont des colonies espagnoles au 14e et 15e. Les Moride de Craon en 1621, peuvent être venus d’Espagne via Vitré ou Fougères. En particulier, leur signature atteste de leur appartenance à une certaine classe sociale éduquée.  C'est l'hypothèse la plus vraisemblable
 

hypothèse basque

Les patronymes basques ont été étudiés par Philippe Oyamburu, dans son  « Dictionnaire des Patronymes Basques, en 3 volumes », qui couvre les 7 régions du Pays Basque Français et Espagnol.
Mon correspondant à Bayonne, Roland Bonfils, l’a consulté à la bibliothèque de Bayonne. Il n'a trouvé aucun patronyme qui puisse rappeler, de près ou de loin Moride ou Mauride. Voici les patronymes du dictionnaire : Marica Marigo Marisco Marubi Maruri Maurica Mindurri Mauri ou Marauri Maurola Merika Morabide Muri . Seuls les Morabide ont une vague ressemblance. Puis, la présidente du Cercle Généalogique du Pays Basque et Bas Adour, a consulté un relevé fait par son association, des patronymes anciens du Pays Basque et n'a pas trouvé de Moride ou Mauride. Seuls les Moirie,  Moyrie à Bayonne, ont les racines à Tarnos (proche de Bayonne mais du département voisin des Landes).  
Selon Roger Moride, Paul Moride, son grand-oncle aurait possédé un dossier, dans lequel les Moride descendaient de basques du Guipuzcoa fait prisonniers sous Louis XIV et retrouvés ensuite à Mont-de-Marsan. Ils portaient un blason avec une tête de Maure. Malheureusement ce dossier a été remis vers 1930 à un avocat parisien par la veuve de Paul. Originaux, dossier et nom de l’avocat ont disparu.
Cette tradition familiale fait remonter les Moride à Louis XIV alors que je les remonte plus haut jusqu’à Henri IV à Craon. Elle est donc erronée, et c’est sans doute sous l’influence de son épouse Basque que l’oncle Paul aura songé à cette légende, à une époque où bon nombre de légendes familiales ont vu le jour, comme étant de très bon ton dans certaines familles.

 

img1.gifHistoire du Guipuzcoa « Dès le milieu du 12e siècle au plus tard, les ports de Biscaye et Guipuzcoa se lan-cent dans la pêche, parfois très au loin (baleine), les chantiers navals se mettent au travail un peu partout. Ce serait ici qu'on aurait inventé, du moins mis au point, le gouvernail d'étambot, indispensable aux Grandes Découvertes. Un type de navire y est créé, la coca, qui conquerra même la Méditerranée. Comme la région cantabrique est, plus encore que la Suède, la grande productrice de fer, Bilbao et les autres chantiers fourniront de nombreux navires à l'Angleterre et à la France, au Portugal - jusqu'en plein XVIe siècle. Mais ces ports cantabriques déploient une intense activité commerciale, en exportant la laine de la Mèsete, arrivée par Burgos (une autre partie de la production fournit la draperie de Ségovie). Ainsi s'établit la liaison entre le marin et le pasteur, entre le propriétaire ou affréteur de navires et les négociants ou fabricants, d'une part, et les débouchés d'Europe du nord, d'autre part. Les «gentz de les villes de la marine de la seigneurie du Roy de Castille et del counté de Viscaye» forment une puissante Her-mandad, qui tient tête au pouvoir royal et signe des traités avec des rois étrangers.
L'éveil des rives atlantiques se fait aussi à partir d'autres foyers. Il procède par ré-seaux qui entrelacent un autre réseau englobant les vins bordelais, poitevins et de la Loire, le sel de la Gironde, de Brouage, des Sables d'Olonne, de la baie de Bourgneuf et de Guérande qui remontent vers les ports anglais et de la mer du Nord, grâce à la navigation française mais aussi en attirant la navigation septentrionale. Avec les sapins pyrénéens, les chênes du Bazadais, Périgord et Bordelais, et les brais, résines et goudron venus par les routes terrestres, la bourgeoisie des cons-tructeurs de Bordeaux et Libourne, profitant de l'embauche d'ouvriers des pays bas-ques, lance en mer gabarres et autres navires. De même en Bretagne les forêts alimentent les chantiers du Croisic, Nantes, Brest, Morlaix, St-Malo. La voilure est faite avec des olonnes. Ainsi, des dizaines, voire plus d'une centaine de ports, de toutes tailles, parsèment les côtes entre la Canta-brique et la Manche; plusieurs centaines de navires, de provenances locales ou exté-rieures, sillonnent ces mers, relient ces ports, rendent vivantes ces économies et sociétés de montagnards forestiers et de pêcheurs, de paysans-marins, de bour-geois-fermiers, industriels, Mds, seigneurs toujours aux prises de querelles de ligna-ges. Les chantiers bretons travaillent pour les gens de mer de Zélande, Angleterre, Ecosse. Le sel breton, par Bristol, gagne l'Irlande, qui grâce à lui exporte harengs et poissons salés. Le fer de Biscaye s'insinue dans tous les ports, est travaillé dans tous les chantiers et forges. Les bois et produits forestiers de Kovno arrivent par Dantzig, contre le sel de Bretagne. Les toiles de lin et de chanvre de l'industrie bretonne et rouennaise s'écoulent en Angleterre et en Espagne, la draperie emploie d'abord les laines du duché, puis, dès le XVe siècle, importe les laines castillanes. Les navires hanséates relient Lubeck et Hambourg à La Rochelle, qui exporte les vins poitevins, comme Nantes les vins de la Loire à desti-nation de la Flandre et des pays du Nord. Nantes devient une plaque tournante, raccordant l'Espagne à Bruges et aux côtes anglaises : fer de Biscaye, étain et plomb de Cornouialle et Devonshire, textiles, cuirs, vins et sel, les produits de la tonnellerie et de la construction navale. La Breta-gne ravitaille l'Occident péninsulaire en céréales, légumes, viande et bétail sur pied ou salé. »
Conclusion : L’histoire du Guipuzcoa est tournée vers  le commerce avec Nantes et la Bretagne, et les charpentiers de navire peuvent expliquer des menuisiers. Mais les patronymes basques se terminant par « ide », sont rares et aucun Moride.
L’hypothèse Basque a été élaborée au siècle dernier par Paul Moride, qui a vécu près de StJean-de-Luz.
S’ils ne sont pas Basques, les Moride sont sans doute des Morido d’Espagne venus via le Guipuzcoa vers Nantes ou la Bretagne, avec leur savoir travailler le bois. 
 

Les Morisques

Le patronyme Moride a une étymologie « maure ». Il est impossible de parler de l’Espagne, sans évoquer le drame morisque. En 1492, 10 % des Espagnols sont des musulmans non intégrés, appellés les morisques. De 1499 à 1609, ils vont subir le baptême forcé, l’exil ou la déportation. La majorité d’entre eux quitte l’Espagne de 1609 à 1611.
Les dates permettraient de les retrouver à Segré en 1613, mais ceci est impensable, puisque les Moride de Craon portent des prénoms de baptisés et son intégrés au culte catholique, donnant même un prêtre. Il convient d’exclure l’hypothèse morisque.  
 

 hypothèse italienne

La famille d’Anjou règne sur le royaume de Naples de 1266 à 1442. Elle y attire à Naples Pétrarque, Boccace, et y développe le commerce avec Barcelone, Marseille, etc. Or, Craon, où les Moride apparaissent en 1600 est située en Anjou.
En 1510, Pierre de Rohan, maréchal de Gié, revient de campagnes à Naples, où règne Alphonse d’Aragon. Il fait construire entre Craon et Segré le château de Mortiercrolles, œuvre de transition, inspirée des villas italiennes. Pierre de Rohan a-t-il pu faire venir des artistes étrangers pour une œuvre aussi nouvelle ?
On rencontre des Italiens en Bretagne (in MATHOREZ J., Les Italiens à Nantes et dans le pays Nantais, extrait du Bulletin Italien, t13, 1913, N°2). Notamment des gentilshommes verriers amenés par les Gondi : Jean Ferro installe en 1588 une faïencerie à Nantes, qui passe à Jean Babin qui épouse une Italienne Angélique Du Buisson. Leur fille épouse Vincent de Sarodes (Saroldi) gentilhomme verrier. Giovanni et Augustin Ferro possédent une verrie à Héric. Edouard du Buisson, gentilhomme verrier, natif de Lhostel au marquisat de Montferrat et habitant Héric depuis 30 ans lui succède. Virgilio Massari (Massart) fonde une dynastie.
Une vérification effectuée à Naples en 2000 tend à exclure l’origine Italienne faute du patronyme en Italie.

 

hypothèse féodale

Les grands seigneurs ont souvent attiré leurs fidèles et artistes. La baronnie de Craon est vendue le 30.5.1620 par la famille de la Tremoïlle à Louis d’Aloigny, marquis de Rochefort, époux de Marie Habert de Montmaur. Le château est alors ruiné car démantelé sur ordre d’Henri IV en 1604, pendant les guerres de religion, car la ville avait pris le parti de la Ligue.
Louis d’Aloigny fait aménager ce qui est encore réparable et habitable du château. A-t-il alors fait venir ses propres artistes ? Les dates coïncident avec l’apparition des Moride à Craon. En outre, la nouvelle baronne est une de « Montmaur », ce qui nous fait un petit clin d’œil maure !
 

 HISTOIRE DE LA FAMILLE MORIDE