Autres cartes postales du Maine-et-Loire     Autres cartes postales de France   collections personnelles, reproduction interdite

49_Erigne.99.JPG 49_Erigne.98.jpg

Érigné, vue prise du château d'Erigné, vers la Roche de Murs

Érigné, l'église

collections personnelles, tous droits de reproductions de ce site réservés

 

Erigné, petit bourg, commune de Mûrs. — Sanctus Petrus de Adrinniaco 1090 circa (Cartul. Saint-Aubin, f. 44 vo). — Arigniacus 1082-1094 (2e Cartul. St-Serge, p. 16 et 216). — Arignerius 1140 (Cartul. St-Maur, ch. 57). — Aregneium 1212 (H.-.D. B 46, f°2) — Arigne 1240 (G 340, f. 8). — Ecclesia divi Petri Errigneiensis  1627 (Et.-C.). — Centre antique, sur la route d'Angers à Chalonnes et à Chemillé par la rive gauche de la Loire, et que son nom d'origine celtique indique même antérieur aux établissements gallo-romains d'alentour. — Il y existait une paroisse constituée dès au moins le XIe s., comprise dans les Hautes-Mauges et de la dépendance du Doyenné de Jallais, avec église dédiée à St-Pierre et donnée par le seigneur en 1126 à l'abbaye St-Serge d'Angers, qui en conserva toujours la présentation. Vendue Nat, le 17 pluviôse an VII, « avec les lambris, charpente «  et matériaux, tout ce qui reste, » à Abel Scoty pour la somme de 3 300 F, elle fut de nouveau érigée en succursale le 19 juillet 1826. Son ressort comprend les villages de Fontenelle (a 750 m), de la Tremblaie (1 km), de Rabault (500 m) et de Boistlavau (1 km). — L'édifice dont le mur nord surplombait depuis le tremblement de terre du 25 mars 1588, a eté restauré en 1852 et de nouveau en 1861. Il présente le plan en croix latine (20,33 m sur 9,52 m). Le portail avec rosace a eté refait, et l'abside en dernier lieu ajoutée à l'ancien mur plat, avec fenêtres ogivales tréflées et voûtes à nervures portées par des chapiteaux à crochet ; à droite, chapelle de St-Joseph, la voûte nue ; à gauche, chapelle de la Vierge, avec voûte à nervures, dont la clé porte un écu au 1er et 4e fascé de six pièces et au 2e et 3e écartelé d'Avoir-hlontberon. Une très jolie charpente apparente, avec poinçons et entraits apparents, porte le lambris peint en moyen appareil, chaque poutre entaillée, aux extrémités et au centre, de têtes de monstres, entre lesquels s'intercalent sur chaque face les écussons d'anciens seigneurs, tels que de Pincé et d'Espinay, les filières moulurées et ornées, par places et à la tête de chaque entrait, de grotesques et de têtes monstrueuses en bois rapporté, toute l'ornementation peinte ; sur la 5e poutre, qui s'appuie au pignon voisin de la cure, figure un écu rond, le Globe du Monde, surmonté d'une croix dans une couronne. La décoration des deux autels latéraux, formée de trophées, date du XIIIe s.; celle du grand autel est moderne. — Sur le mur latéral, un cadran d'ardoise date de 1649.
    La Cure attient à l'église vers l'O. et porte la date 1743. Deux consoles mutilées soutiennent le fronton, où se distinguent des écussons dont un chargé de deux croissants en chef. — Vendue par deux fois nationalement le 5 juillet 1791 au seigneur, Luc-René Gibot, et le 6 brumaire an IV a Louis-Victor Pavie, elle a été rachetée des héritiers par la commune les 2 et 7 décembre 1848, en vertu d'une ordonnance du 21 juillet précédent.
    Curés : Pierre Chenuau, 1419. — Jean Bourguignon, t le 13 septemb. 1512, à Angers.— Guill. Trouillet, anc. vicaire, 1612. —André Bonvallet février 1622, t le 25 décembre 1630. — 0l. Gouin 1647, 1665, t en octobre 1708, âgé de 87 ou 88 ans — Martin Prieur, dès 1668. — Nic. Paroisse; 1670. — Urbain Richaudeau, 1675, janvier 1104, signe jusqu'en 1707 ancien curé, et meurt à Angers en Lévière, le 11 février 1718, âgé de 88 ans. — R. Jacquard, février 1704, devient en novembre curé de St-Melaine. — René Mautouchet, janvier 1105. — Jean Vétault, 20 mars 1705, par permutation, † le 23 novembre 1142 âgé de 78 ans. Il avait fait en 1723 achever à ses frais le grand autel, et les stalles en 1724. — René-Claude Maslin, originaire de Lézigné, desservant de Béhuard depuis 1733, installé curé le 11 janvier 1743. — Des le 9 juillet il fait démolir la cure, dont le bâtiment nouveau est commencé le 22 sur les anciens fondements et béni par l'évêque le 6 juillet 1144 ; — en 1745, planter les vergers et la nuiraie devant l'église, — en 1747 enclore la pâture, jusqu'alors commune, construire le perron, la terrasse, « toute la maison «finie en 1151 », coûtant 13 000 livres comme l'indique encore une inscription. — Dés auparavant il s'était mis à transformer l'église. En 1769 sont posés le tabernacle et l'autel de la Vierge, orné en 1153 d'une statue, l'autel de St-Sébastien et le jubé en 1755, le grand autel, les fonts baptismaux en 1758, le lambris en partie en 1762 et de nombreux tableaux commandés en 1760-1765 à Gaultier, d'Angers, dont un au moins s'y conservait encore il y la cinq ans. — Il signe jusqu'au 18 mai 1768, âgé alors de 65 ans. — Ant. Boulnoy-d'Haleine , septembre 1768 , juillet 1784. — N. Trottier, mars 1786, 1792.
    Le curé tenait en 1590 une Ecole. J'y ai compté 14 élèves, peut-être pensionnaires, qui figuraient aux enterrements, et touchaient un petit pécule des parents du mort.
    Jusqu'en 1778, deux Cimetières attenaient l'un au presbytère, l'autre au parc seigneurial. Une ordonnance épiscopale du 4 juin 1777 ordonna leur réunion dans un terrain nouveau donné par le seigneur et béni le 8 novembre. Ce fut une révolution. Il fallut une escorte de maréchaussée pour la translation seulement de la croix et les soldats durent tomber à coups de plat de sabre sur les femmes ameutées. Les ossements ne furent déplacés qu'en juillet 1785.
    Le fief donnait son nom jusqu'au XIVe s. à une famille de chevalerie, à qui a succédé dès avant le XVe la famille Pelaud. — Jean Pelaud est seigneur en 1412 et relevait pour partie de Brissac et de St-Jean-des-Mauvrets. René Pelault, le dernier du nom, fit rebâtir en partie l'église en 1516, où son portrait et celui de sa femme figuraient encore au XVIIIe s. dans les vitraux. Sa fille unique, Lucrèce, porta la terre à Guichard de Montbron, dont le fils Jacques en fit cession par actes des 4 et 5 février 1535 à Jean de Pincé, mari de Renée Fournier. — En est seigneur dès 1539 , 15G0, François Thierry , gouverneur de Rennes, mari de Françoise du Puy du Fou, qui est veuve et rend aveu pour son fils en 1573 ; —Julien Foucault, mari de Jeanne Dubouchet, 1577, — Elie Dufaï 1580, dont la fille Jacquine, veuve de Jacq. Clausse , gouverneur des Ponts-de-Cé , épouse en 1591 Charles Gencian et est inhumée le 13 décembre 1626 dans l'enfeu de la famille, au cimetière de la Trinité d'Angers. Charles Gencian, inhumé le 22 mars 1628 devant le grand autel d'Erigné, portait d'argent à trois fasces vivrées de gueules et une bande d'azur semée de fleurs de lys d'or brochant sur le tout. 11 devait, au dire de d'Hozier, cette dernière pièce de l'écu au dévouement de son aïeul Jacques, qui s'était fait tuer à Mons-en-Puelle en 1304 en endossant. la cotte d'armes du roi. Son fils Charles avait épousé Gabrielle de Pincé en 1615. C'est en faveur de Joachim de Gencian, mari de Catherine Arthault, mort le 29 octobre 1703, que des lettres royaux de juillet 1685 érigèrent la seigneurie, unie à celles du Jau et de Mûrs, en marquisat « sous le nom de Gencian d'Erigne ». — Les biens de la famille furent vendus par les créanciers de son fils, et la terre d'Erigné adjugée le 23 mars 1719 à Philippe de Gazeau, acquéreur pour Ant. de Brie, sieur de Fourneux. — Clément-Alex. de Brie-Serrant y résidait en 1774 et vendit le 31 octobre à Luc-René Gibot de St-Mesmin le marquisat, « sans aucune garantie pour ce titre, si ce n'est les lettres d'érection ». — Depuis longtemps le principal manoir était au Jau. Jusqu'à la fin du XVIIe s. subsistait pourtant encore, près l'église, la motte du château féodal, enclose de fossés, avec des restes du pont-levis. —A la porte du cimetière seigneurial se tenait une foire le jour de la St-Pierre et St-Paul (29 juin). — Le seigneur avait droit de faire frapper la quintaine par les nouveaux mariés exerçant « de gros métiers ». Ils devaient se présenter le dimanche de la Trinité, sur un cheval bien ferré, sans qu'il y manque « à aucun des quatre fers la teste d'un « clou », et demander le signal du départ, le front couronné d'un chapelet de fleurs, qu'au retour le seigneur posait sur la tête de la femme ; « et, ce faisant, est tenu la baiser. »
    La commune qui succéda un instant à la paroisse, avait pour maire en 1790 Pierre Senin, mais elle fut supprimée dès 1793 et dépecée au profit de St-Jean-des-Mauvrets, des Ponts-de-Ce et surtout de Mûrs. Les habitants réclamaient sa reconstitution en l'an IX et encore en 1836, mais sans succés auprès du Conseil général.
    La Roche dite d'Erigné forme, au débouché même du dernier pont des Ponts-de-Cé, un massif énorme qu'évitaient jusqu'au XVIe s. toutes les routes du Poitou et des Matiges. Timoléon de Cossé le fit éventrer en 1569 pour frayer un chemin direct sur Brissac. Il fut prolongé par corvées jusqu'a Haute-Perche en 1763, jusqu'à la Lande en 1764 et continué en 1767. Un dessin du rocher, célèbre dans les guerres de la Vendée, aujourd'hui chargé d'inoffensifs moulins, est donné dans les Vues pittoresques de Méliant. (Paris, in-fol. oblong, 1822).  (Arch. de M.-et-L. C 106, f. 319 ; E 4030 ; G 200.— Arch. mun. d'Angers GG 30, 71, 160. — Répert. arch., 1869, p.15. —Arch. comm. de Mûrs Et.-C.— Note Mss. de M. A. Michel.)