continuité du service divin

Si le prieuré est aujourd’hui conservé, nul doute que la continuité du service divin y a largement contribué. En voici le fil.
 
Vierge.jpgNotre Dame de la Jaillette
Le prieuré a toujours été sous le vocable de Notre Dame dans les nombreux aveux des 16e-18e siècles du chartrier de la « seigneurie du prieuré Notre Dame de la Jaillette ».
Son église a toujours été dénommée « église » et non chapelle, les premières années exceptées.
Le service divin y a toujours été célébré, sauf calamnités de guerre, ainsi que les baptêmes, mariages, sépultures au cimetière près l'église, dans l'église pour les notables. Des fonds baptismaux furent construits fin 16e.
Ci-contre, la vierge à l'enfant de la clé de voûte du chœur (photographe Bruno Rousseau, copyright du service départemental de l'Inventaire de Maine-et-Loire)
Monuments (église, cloître, logis prieural), décrits par le service de l'Inventaire CG49 : http://www.cg49.fr/medias/PDF/services/cultiver/patrimoine/jaillette.pdf
 
tenir une lampe allumée
Une lampe est allumée pendant le service divin. Il faut une pinte d'huile par an, due sur la métairie de la Bousserazière à Saint Martin du Bois, soit 0,93 litre/an, et manifestement c'était de la noix, omniprésente en Haut-Anjou.
Mais il fallait aussi du vin, et là, il avait abondance car les vignes étaient encore nombreuses en Haut-Anjou.
 
abus de préséance en 1627
Une querelle de préséance, pour un banc, va marquer l'année 1627, au début de la gestion des Jésuites. René de Scépeaux Sr du Coudray (proche le bourg de la Jaillette), y demeurant, a fait mettre un banc dans le chœur de l'église. Or, le chœur est un lieu réservé aux seigneurs fondateurs du lieu et à ses successeurs (en 1627 les Jésuites en tant que prieurs du prieuré Notre Dame de la Jaillette), donc René de Scépeaux n'y a aucun droit. Devant cet abus caractérisé, le fermier de la seigneurie du prieuré, Aubin Bienvenu, fait un esclandre en pleine messe, et menace verbalement de supprimer le service divin si René de Scépeaux ne fait pas enlever ce banc. Manifestement, il a pris ombrage de cette préséance, et puisque le service divin lui coûte l'entretien du desservant, il utilise la menace de suppression pour faire pression sur René de Scépeaux. Autrefois, les querelles de préséance dans les bancs à l'église étaient assez fréquentes.
Les Jésuites prennent fait et cause pour leur fermier, et demandent le retrait du banc, objet du litige. René de Scépeaux, assisté de Charles Cybel écuyer, Sr de la Robetière, aussi résidant au manoir disparu du bourg, porte plainte au nom des habitants du bourg. Ils prétendent que la Jaillette a toujours été paroisse, que son église a tous les attributs d'une église et que le service divin y a toujours été célébré de temps immémorial. A tort, car le rôle des tailles qui les concerne est celui de la paroisse Louvaines, et aucun sinode du diocèse n'a vu de curé de la Jaillette. Les Jésuites cependant se montrer magnanimes, et un accord est signé devant le notaire Guillot à Angers le 6.8.1627, en vertu duquel ils s'engagent non seulement à maintenir le service divin, mais autorisent René de Scépeaux à conserver son banc (AD72-H483).
Le copiste de l'acte notarié note en marge « transaction pour le service divin », ce qui est pour le moins un résumé abusif. Ce résumé a été utilisé par l'archiviste du Mans qui a dressé inventaire. Célestin Port s'est contenté de cet inventaire, sans aller au Mans lire l'original, et en a déduit, à tort, que le service divin avait été supprimé.
 
le prieur
Les archives ecclésiastiques à Angers et au Mans ne livrent que deux noms :
       Jean Lasnier, prieur en 1399, 1419
       Guillaume de Livonnaye, prieur en 1425
Ils furent les derniers prieurs résidents, si toutefois ils y résidaient ! Car, à cette époque il n’était pas rare de sous-traiter le service divin.
En 1428, l’abbé du Mélinais devient prieur de la Jaillette, puis en 1628, les Jésuites du collège royal de La Flèche, et en 1776 les Frères de la Doctrine Chrétienne. En effet le titre était attaché au propriétaire du bénéfice ecclésiastique.
Ainsi, en 1627 l'acte de transaction avec les habitants de la Jaillette, nomme les Jésuites « abbés par annexe de l’abbaye du Meslinais et prieurs aussi par annexe à ladite abbaye du prieuré dudit lieu de la Jaillette »
Après 1428, le cloître du prieuré ne vit plus de moines et servit de cellier et d'entrepôt.
 
le desservant
Après le départ du prieur et des moines, le service divin est assuré à l’église Notre Dame de la Jaillette par un prêtre appellé « le desservant », bien que parfois certains aient eu envie de passer pour « curé » voire « pasteur ».
Il ne vit pas au logis prieural, car celui-ci est la demeure du marchand fermier, et loge dans une autre maison du bourg de la Jaillette. Il perçoit un revenu annuel fixe. Peu de noms nous sont parvenus :
     Jean Thibaud, 1683 (11)
     Cormerye, 1687
     Pierre de Scépeaux, 1692-1694
     Mocquet 1714
     Mathurin Berson prêtre desservant de la Jaillette 1750
     Marin Bernier, 1776, 1777
     Vannier 1789
 
le chapelain de Sainte Catherine
Autrefois, les personnes soucieuses du repos éternel de leur âme, avaient coutume de faire des fondations. Elles pouvaient créer une chapellenie, desservie dans une église, pour une somme d’argent à prélever sur un bien foncier. Le plus souvent dénommée «chapelle », son titulaire est dit « chapelain », et, comme tout pour tout bénéfice ecclésiastique, le chapelain peut le sous-traiter par bail à ferme. Ainsi, il n'a pas besoin de demeureur sur place.
Le 9.1.1757 Me Florent Huau curé de la paroisse de Sorge y Dt, titulaire de la chapelle Sainte Catherine desservie en l’église du prieuré Notre Dame de la Jaillette, baille à ferme pour 7 ans à h.h. Jean Courtillé Md fermier Dt au Rossignol à Aviré, un septier de froment mesure du Lion d’Angers, qui lui et dû chacun an par Mr de la Jaillère sur la métairie de la Motte d’Orveau à Saint Martin du Bois faisant partie de sa terre du Rossignol dite paroisse d’Aviré, pour 24 L/an au terme d’Angevine, laquelle rente fait partie de celle de 4 septiers, même mesure, due à ladite chapelle de Sainte Catherine par Mr le marquis de Scépeaux du Houssay pour un septier par Mr de la Bénardière et Mr le Marquis aussi chacun un septier (AD49-5E32/78).
Ainsi, un seigneur du Rossignol avait créé une chapelle sous le vocable de Sainte Catherine, desservie en l’église de la Jaillette. Florent Huau est fils de Catherine Faultrier donc neveu de Mathurin Faultrier, fermier du prieuré de la Jaillette. Le bénéfice reste dans la famille !
La terre du Rossignol, avec maison seigneuriale à 2,5 km du prieuré de la Jaillette, a appartenu à Pierre Bachelard et Marguerite d’Andigné en 1627, à Charlotte de Bachelard femme d’Antoine Legras, à Guillaume Louet et Marie Grimaudet en 1661 puis à leur fille Marie, qui y nait en 1693, et épousera Charles Lebel Sr de la Jaillère, dont il est question dans l’acte notarié ci-dessus.
 
inhumés dans l'église de la Jaillette
Charles Cibel Sr de la Roptière 84 ans, le 30.6.1629
Pierre Quittet, chapelain, le 12.12.1630
Renée Chardon, dame de Loisseau, 80 ans, le 29.6.1632 (veuve de n.h. Charles Basourdy, mère de †Michel Basourdy prêtre Sr des Rues, fermier du prieuré de la Jaillette, qui était décédé avant 1629)
Charles Picquet, prêtre, 60 ans, le 27.9.1637
Enfant de Mr de la Grand-Maison, dans le choeur, le 16.11.1639
Gabriel de Scépeaux, écuyer, fils de Mr du Coudray, dans le choeur, le 26.10.1641
Jean Basourdy Sr de la Quintonnière, 60 ans, le 7.12.1648
François Rigault Sr de la Touche, vis à vis l'autel Saint Nicolas, le 12.10.1669 (fermier du prieuré)
David Mocquet, prêtre desservant, 70 ans, le 19.4.1728
Noble dame Marie de Scépeaux épouse de n.h. Jacques de Garimon Sgr du Coudray, 70 ans, le 16.10.1745
 

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