Le droit de meltonnage dans la baronnie de Candé (1453), plus connu ailleurs comme droit d’abeillage

Je vous souhaite un bon réveillon dans la douceur des mouches à miel aliàs avettes.

Le sucre est récent dans notre histoire, et en tant que Nantaise, cette histoire est encore visible dans la cheminée de l’ex-sucrerie Beghin-Say, toujours dominant la ville de Nantes.
Le sucre ne devait pas être sur toutes les tables au XVIIème siècle, mais en 2023, notre alimentation française représente près de 2 millions de tonnes/an, soit en moyenne 35 kg de sucre par an et par Français, alors que la moyenne mondiale se situe autour de 20 kg. Donc en France c’est la douceur de vivre qui attire… entre autres.
Avant ce XVIIème siècle, seul le miel était douceur, et probablement pas sur toutes les tables. J’ai beaucoup de mal à imaginer la vie sans cette douceur sucrée, et j’en conclue que la vie de nos ancêtres était bien loin d’être douceur…

Puisque je vais vous parler d’abeilles, laissez-moi aussi vous conter que sans électricité, on s’éclairait à la bougie, sans compter les innombrables cierges de l’église catholique autrefois. Notre esprit moderne, croyant sans doute à la cire d’abeille, aurait sans doute tendance à croire que toutes ces bougies et cierges d’antan en était faits. Il n’en ai rien, et l’immense majorité des bougies et cierges de nos ancêtres étaient de saindoux, c’est dire que nos ancêtres jouissaient de l’odeur du saindoux brulé. Certes, ils avaient bien d’autres odeurs à subir… et nous avons aujourd’hui oublié que notre nez ne sait plus rien de tout cela et ne connaît plus que les bonnes odeurs…

J’ai trouvé la trace d’un droit sur les abeilles dans le chartrier de Candé in « Histoire de la baronnie de Candé » Comte René de l’Esperonnière, Angers, Lachèse Imprimeur, 1894, p. 342. Curieusement, ce droit sur les abeilles n’existe qu’à Candé, Angrie, Freigné et Challain, et il n’y a rien sur les autres paroisses.
Mais auparavant, je dois vous faire un peu de vocabulaire ancien et disparu de nos jours.
Avette est une forme régionale ou vieillie d’abeille. Ces deux noms sont issus de diminutifs de apis, le nom latin de cet insecte (Dictionnaire de l’Académie française, en ligne). Sur Gallica, en ligne, on constate que le terme Avettes était assez fréquent sur toute la France autrefois. Et vous allez même découvrir qu’on les appelait aussi Mouches à miel
Meltonnage est dérivé de miel et c’est le nom, rare et local, de l’abeillage. Dans l’Europe du Moyen-Âge, l’“abeillage” était un droit féodal autorisant les rois, seigneurs et abbayes de prélever une certaine quantité d’essaims, de ruches, de cire et/ou de miel dans les ruchers de leurs vassaux. Cela montrait bien l’importance accordée à cet aliment à cette époque.

Candé et Angrie

BOIS (le), ferme, — Le domaine et hébergement du Boys fut attribué à Olivier d’Andigné, par acte de partage du 30 juin 1392. – Août 1453. Jehan d’Andigné, sieur du Boys, fils de feu Olivier d’Andigné, était possesseur du droit de meltonnage dans les paroisses de Saint-Denis de Candé et d’Angrie. — 23 août 1498. Denis d’Andigné, écuyer, sieur du Boys, était tenu de fournir, en raison de son droit de meltonnage. trois flambeaux de cire à la table du baron de Candé, pour le souper qui terminait le jour de la réception de ses hommages. N’ayant pas rempli cette obligation, il fut condamné à une amende de sept sols six deniers qu’il paya ce jour , en la Cour de Candé. — L’année suivante. 1499. il rendit hommage de foi lige, pour ce même droit de meltonnage, à Françoise de Dinan. dame de la baronnie de Candé. — En 1519, noble homme Pierre d’Andigné était seigneur du Bois et en même temps de Maubuisson, paroisse de Challain. — Cette ferme fut réunie à la terre d’Angrie en 1656.
Propriétaire : Mme Hersart du Buron.

Challain

« Le 5 septembre 1582, Gabriel de Beauvau, chevalier de l’ordre du Roi, écuyer d’écurie du Roi, maître des Eaux et Forêts du pays et duché de Touraine, seigneur des Aulnais, etc., confesse être « homme de foy par trois fois, deux liges et une simple » de haut et puissant seigneur messire Antoine d’Espinay, au regard de la châtellenie de Challain, à cause et pour raison de son fief, terre et seigneurie des Aulnays[1] et partie du domaine d’iceluy. »

« Lesquels fiefs aux Bureaux et de la Sensie, j’ay et advoue droict de prendre, toute fois quantes que le cas y advient à escheoir, les deulx parts de ventes, yssues et autres esmolumens de fiefs, avesques les deulx parts de la finance et amandes de la quintaine… Et aussy, droict d’espaves mobiliaires et foncières, petites coustumes des denrées vendues, trocquées et eschangées… avec les deux parts du droit de meltonnaige d’avettes.. Aussy les deulx parts des proffictz et esmolumens de la cire provenant desdictes avettes et mousches à miel ; ensemble du miel d’icelles, en quelconques lieux et endroictz de votre dicte terre et seigneurie de Challain qu’elles puissent estre trouvées par espaves. Lequel droict et proffict de meltonnaige se receuille et lève par vos gens et par les miens, et se départ entre vous et moy, c’est assçavoir à vous pour une tierce partye et à moy pour les deulx parts, fors et réservé ès lieux de Gorieux, de la Haye et du Plessis-de Récusson , esquels lieulx je ne prends rien.

« Et pour raison desquels fiefs aux Bureaux et de la Sensye, je vous doibz et suis tenu poier par chascun an, au jour et terme d’Angevyne et my-caresme, par moytier, la somme de treize sols tournoys de taille sommable et païable, en la main de vostre chastelin ou recepveur. Avesque, je vous doibz et suis tenu vous poïer par chascun an, la vigille de Nouel, à cause dudict droit de meltonnaige, touteffois que vous et Madame vostre femme, ou l’un de vous, estes demeurans en vostre chasteau et mannoir dudict Challain, service de deux flambeaux de cire, à heure de disner, pesant chascun flambeau un quarteron de cire. »

Freigné

« De vous, très haut, très puissant, très excellent prince Henry de Bourbon, prince de Condé, premier prince du sang. premier pair de France…, baron de Candé…
« le 25 août 1634, Je, Louis de la Tour–Landry, chevalier des Ordres du Roy, seigneur marquis de Gilbourg et de la terre et chastelenie de Bourmont, connois et confesse estre votre homme de foy lige au regard de votre dite baronnie de Candé, à cause et par raison de madite chastellenie, terres, fiefs et seigneuries de Bourmont,
« Je advoue pareillement avoir tous droits d’espaves, forrestage, de meltonnaige, droit d’aubenaige, désérance[1], de congnoistre de toutes actions civiles et criminelles, et droit de jurisdiction ordinaire pour traiter mes sujets par ma Cour, tout ainsi que mes prédécesseurs et moy avons accoutumé d’en jouir.
[1] Jean de l’Espinière était sénéchal des Aulnais en 1566, 1577. – Pierre de Mariant, 1585, 1599. – Jacques de Mariant, 1601.
[1] DÉSHÉRENCE : Ce droit permettait ait au seigneur d’entrer en possession du fief d’un vassal décédé sans héritier revendiquant la succession.

L’ancienne maison du Breil existait encore à cette époque ; les termes employés pour sa déclaration sont identiques à ceux de l’aveu de 1622.

François de l’Esperonnière énumère les droits féodaux que nous avons précédemment mentionnés, droit de haute. moyenne et basse justice, de gibet à deux piliers, de poteau au pâtis Bousin, de quintaine, etc., etc., mais il déclare, pour la première fois, avoir droit de meltonage[1], et, qu’en vertu de la transaction du 18 avril 1668, ses sujets et vassaux, pour les actions qu’ils peuvent avoir entre eux, sont et demeurent justiciables de Bourmont »[2].
[1] Droit sur les abeilles.
[2] Archives de la Saulaye. »

Le meltonnage aliàs abeillage ne figurent pas dans le traité des fiefs

Il existe plusieurs ouvrages donnant les droits autrefois, et le meilleur en Anjou est le Traité des fiefs , par M. Claude Pocquet de Livonière,… Seconde édition
Je l’ai donc consulté longuement en ligne sur Gallica sans trouver autre mention que le droit d’épave, mais rien sur le meltonnage aliàs abeillage. Le voici , p. 595

« Pour ce qui est des Espaves mobiliaires, nos Coutumes les donne au moïen- justicier par l’art. 40. & quoique régulierement l’universalité des meubles soit mise au nombre des choses immeubles, le bas-Justicier ne peut pas revendiquer les meubles universels délaissés par Bâtardise ou Desherence, comme une espece d’Es pave fonciere ou immobiliaire mais lesdits meubles appartiennent au moïen-Justicier par les art. 41. & 2<58.
De ces Espaves mobiliaires qui appartiennent au moïen-Justicier dans notre Coutume, comme nous venons de le dire, il en faut excepter l’Espave du Faucon & du Destrier qui appartient au Baron, à l’exclusion de tous autres Seigneurs inferieurs par l’art. 47. de la même Coutume d’Anjou, qui explique ce que c’est que destrier.
Il en faut encore excepter les Espaves des Mouches à miel, que notre Coutume appelle Avettes, & qu’elle donne au Seigneur bas-Justicier, à la charge de les partager avec le proprietaire du fond, suivant les art. 12. & 13. »

Droit d’espave. « Droit seigneurial par lequel une chose égarée et non réclamée appartient à un seigneur haut justicier« 

Les habitants du village de Montlambert (Angrie, 49) devaient au seigneur un gant blanc rendable la nuit de Noël au banc du chastelain en l’église.

 

MONTLAMBERT, village. – Ancien fief, où le prieur de Saint-Nicolas de Candé avait droit de moyenne et basse justice. Il appartenait avant le XVIe siècle à une famille de ce nom. A l’assise tenue à Candé, le 6 février 1499, Jehan de Monlambert s’avoua sujet du seigneur de Candé pour raison de ses lieux de Monlambert et de la Myotaye, et reconnut devoir, de rente annuelle : au seigneur d’Angrie, deux boisseaux de seigle et cinq boisseaux d’avoine menue, et au seigneur de Roche-d’lré, six boisseaux d’avoine menue. — Le 8 novembre 1559. les détenteurs du village de Montlambert furent condamnés à dix sols d’amende pour avoir ouvert « une carrière à pierre et à ardoise, » et à payer à l’avenir le douzième des ventes, pour le droit de forestage. — Le 15 septembre 1667, Michel Gohier et consorts, détenteurs du village, reconnaissent devoir au seigneur d’Angrie, au terme de Notre-Dame Angevine : dix-huit boisseaux d’avoine, mesure ancienne de Candé, vingt-trois boisseaux de seigle, même mesure, douze gerbages[1], six oies, six gélines, trente-six sols six deniers oboles tournois en argent et un gant blanc. – De plus, ils devaient au seigneur de Roche-d’Iré dix-huit boisseaux d’avoine. – En 1789, le village de Montlambert comprenait neuf closeries qui relevaient d’Angrie et étaient soumises aux mêmes redevances ; le gant blanc était « rendable la nuit de Noël au banc du châtelain, en l’église d’Angrie. »

Six fermes. – Propriétaires : MM. Hallopé, Thouron, Chevalier, L. Robert, Peltier et Mlle Pécoul.

[1] Le GERBAGE était un droit levé sur les gerbes.

in « Histoire de la baronnie de Candé » Comte René de l’Esperonnière, Angers, Lachèse Imprimeur, 1894, p. 370

Voici la définition complète de GANT selon le Dictionnaire du Moyen Français sur ATLIF : Je vous ai mis en rose la définition qui concerne le gant dû au seigneur à Noël, car c’est clairement indiqué dans ce dictionnaire.

GANT, subst. masc.
[T-L : gant ; GD : gant1 ; GDC : gant ; DEAF, G121 gant ; AND : gant ; FEW XVII, 505b,506a : *want ; TLF : IX, 69b : gant]

A. –

« Pièce de l’habillement qui recouvre la main«  : Je soushaide que tels gens fussent En païs ou il ne sceüssent Chemin, ne voie, ne sentier ; Si n’eüssent housel entier, Gant, mouffle, mitte, n’esperon, Housse, chapel ne chaperon ; Et si feïst si grant froidure, Comme il doit faire par nature A Noël, pour vëoir la guise… (MACH., D. Lyon, 1342, 203). L’autre toloit le queuvrechief A s’amie dessus son chief, Moufles, gans, houlette ou sainture, Et s’en fuioit grant aleüre. (MACH., D. Lyon, 1342, 214). Colin Guerart, demourant à Chastres soubz Montlehery, laboureurs de draps ; com Verart des Ermences, près de Ableville, faiseur de gans (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 320). …et, ce fait, mist un gant en l’une de ses mains, et un chascun desdiz botereaulx print par le pié, et iceulx, chascun à par soy, mist en un pot de terre neuf que portez avoit avec soy oudit jardin (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 330). …une paire de gans (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 216). PREMIER BERGIER. (…) Quant mes ganz faitiz mis avray Et mon chappellet de festus O mon tabart qui est veluz Et bien faiz de tresbon bureau, Ne seray je pas bien et beau (…) ? (Gris., 1395, 46). Item, et avec ce sera fait don et present, audit jour, par ledit maire desdiz religieux et un d’iceulx religieux au premier huissier de Parlement (…) de ungs gans et une escriptoire (Paris domin. angl. L., 1426, 232). Gans pertuysez, Chappeaulx frisez, Taillez a tort et a travers, Souilliers decoupez et percez, Et d’aultres faintises assez (ALECIS, Blas. faulses am. P.P., a.1486, 242).

[Différencié selon la matière de confection] Gant de cerf/gant de lievre/gant d’agneau/gant de laine… : Mace le Boursier, gantier du Roy, pour 6 paires de gans, tant de chevrotin comme de canepin (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352-1360, 135). …une paire de gans de cerf à fauconnier, baillée à Maxe, le barbier dudit seigneur (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 136). Les chapeliers qui font des gans de laine et des bonnets, peuvent employer la laine, le poil et le coton (Ordonn. rois Fr. S., t.4, 1366, 702). …pour 6 paires de gans de lièvre, livrées pour ledit seigneur à Poincet, sommelier de son corps (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 136). [8 fr.] pour 4 paires de gans de chamois tannez, brodez et fourrez de gris et menu vairs, baillez à Mgr (Invent. mobiliers ducs de Bourg. P., t.1, 1375, 428). À ung gantier de la ville d’Aix, pour II paires de gans de chevrotin (Comptes roi René A., t.2, 1417-1480, 358). Item VII pareils de gans blancs de camoix. (CAUMONT, Voy. N., p.1420, 81). Tu te disies Emanüel. Encore vaulx tu mains q’ung aigneaul, Car de sa peau on fait des guans ! (Pass. Auv., 1477, 212).

[Employé pour une punition] : Aussi tout que Roland eu finé sa paroulle, son oncle l’empereur, moult indignez contre luy, a grant melancolie de son gant destre, qui estoit riche et broudés d’or, va donner a travers le visaige de Roland et l’attaint tellement sur le nés que le sang en vint habondamment du coup (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 32). Se il te frappa de son gant par maniere de correction, devoyes tu tirer ton espee sur luy ? (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 34).

[Différencié selon l’usage]

ARM. « Pièce d’armement couvrant la main«  : …celluy qui sacque armes molues soixante lb. par (…) celluy qui fiert de baston ferré ou affaitié de pierre ou la main garnie de gand ou aultre chose, dix lb. (Hist. dr. munic. E., t.1, 1402,,, 208). …à Bernard (…) présentement lui ay baillé III fo pour achapter ungs gans de maille, une sallade et ung boucler (Comptes roi René A., t.1, 1478, 385).

Rem. Doc. 1349 (Men auketon, mes wans de fier) ds GDC IX, 682b ; pour la description et l’évolution de l’équipement militaire cf. Beaulieu-Baylé, Le costume en Bourgogne, 1956, 159.

En partic. Gant de baleine/gant de fer/gant de plates. « Gantelet«  : 6 paires de lons wans de baleine (…) 7 paires de wans de plattes, s’en sont les 3 paires de laiton (Doc. 1358. In : GAY I, 762). Et estoient armés la grigneur partie de maillès, de huvettes, de capiaux de fier, d’auquetons et de gans de balaine (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 44). Défense de porter (…) wans de fiers à picos (…) sur 60 s. de fourfait (Doc. 1395. In : GAY I, 763).

COST. MILIT. Gant à tirer (à l’arc) : À ung gantier, pour cincq gans à tirer de l’arc, prins par mondit seigneur l’escuyer (Comptes roi René A., t.1, 1479, 399). …pour six gantz à thirer par luy livrez aux six frans archiers de ladicte ville. (Fr. arch. Compiègne B.H., 1487, 205). …XX s.p. pour avoir fait et livré trois custodes de cuir blanc et rouge à mettre trousses de flesches, six gantz à tirer et six aultres paires de gantz, quy ont esté baillez aux six frans archiers de la ville. (Fr. arch. Compiègne B.H., 1487-1488, 205).

FAUCONN. « Gant destiné à recouvrir la main du fauconnier pour la protéger des serres de l’oiseau«  : …pour un gant senestre, à fauconnier, livré audit mons d’Orliens (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 138). [[12 fr.]] pour 6 paires de gans pour les fauconniezrs de Mgr (Invent. mobiliers ducs de Bourg. P., t.1, 1374, 385). …VIJ paire de gans à fauconnier : C’est assavoir, une paire de chamois fourré de gris pour le maistre Fauconnier, pour ce 48 s. p. Item, une paire doublés d’ iraingne de Malines, 48 s. p. Et les autres V paire sont tous senestres, à fauconnier, et a chascun gant VJ longes (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 220). [D’une variété d’éperviers]…et mesmes quant on les paist ilz estraignent et saillent au visaige et mordent (et couvient avoir ung gant en la main destre, dont les doiz du gant soient couppez, pour doubte des esgratinures) et portent voulentiers au couvert. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 151). Et lors monte ly preudoms les degrez de la sale, et le roy aprez. Et quant ilz furent en la sale, si voient a un des boux une perche qui estoit de la banne de la licorne, et ot dessus estendu une piece de veloux, et fut l’esprevier dessus, et le gant emprez lui. (ARRAS, c.1392-1393, 303). Item, quant est de Merebuef Et de Nicolas de Louviers, Vache ne leur donne ne beuf, Car vachiers ne sont ne bouviers, Mais gans a porter espreviers, Ne cuidez pas que je me joue, Et pour prendre perdrys, ploviers, Sans faillir… sur la Machecoue. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 90). [R.H., Comment. Test., 153-154 ; Thiry, 174.]

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[P. iron., dans le lang. d’un bourreau, en parlant des chaînes mises à un prisonnier] : Veyci souliers a quoy on dance Et gans pour pourter esparvier. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 83).

Gants (pontificaux)/gants de prelat. « Gants liturgiques remis à l’évêque lors du son sacre et qu’il utilise pour porter la crosse«  : Ungs gans pour prélat, pontifficaulx, garniz, par les poignez et dessus la main, de Agnus Dei de grosses perles ; et est ledit ouvrage de maçonnerie de grosses perles. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 136). …uns gans pontificaux, garnis et estoffez de perles (Ch. VI, D., t.2, 1420, 368). Une paire de gans pour prélat que le roy porte avant lui, et sont garniz sur les poingnez et sur les mains de Agnus Dei de menues perles, prisé 4 l. – Uns autres petits gans à prélat de broderie sur champ d’or (Doc. 1424. In : GAY I, 761). gans de prélat fais à l’esguille sur lesquels a 2 fermaulx d’or esmaillés (Doc. 1461. In : GAY I, 761).

[Gant utilisé comme réceptacle, comme bourse] : LE PAPE. (…) Mais que me bailles les deniers Que j’en demant. LE BOURGOIS. Sire, vez les ci en ce gant Et en ce sachet cy de cuir. (Mir. pape, 1346, 361). …X sols en menue monnoye, qui estoient mis et envelopez en un petit drapeau de linge blanc, et ycellui drapeau enté et bouté en un gan. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 6). A quoy dist ledit Meingot qu’il lui donneroit deux blans pour en avoir une [une poulaille], lesquelz deux blans ledit Julien lui bailla, et les mist en son gan. (Ecorch. Ch. VII, T., 1441, 467). Et quant elles furent dessus [les reliques], ce qui demoura sur le premier drappeau, sur quoy elles estoient comme aulcunes scintilles, il les prist devotement et puis les mist en son gant. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 173).

[Gants portés par le bourreau pour attacher ou exécuter un condamné] : Au pendeur pour un blans wans pour mettre Mathieu Glore en l’eskele pour che qu’il s’estoit aidés de fausses lettres et y fu mis par 3 jours, 16 d. (Doc. 1342. In : GAY I, 759). Pour les wans du pendeur, 12 d. (Doc. 1344. In : GAY I, 759). A Jacques Ernoul, sergent et officier de la haulte justiche de la ville d’Amiens (…) Pour cordes et wans livrés pour icellui Jacques Ernoul, et pour ce à lui payé 2 s. (Doc. 1421. In : GAY I, 759). BOURREAU. Tendez ung peu le col, tendez, Car vous serez tantost fringans. Mon vallet, baille moy mes gans, Car il me convient faire office. (LA VIGNE, S.M., 1496, 311). Adonc le montent a l’eschafault, et Bruslecosté met ces gans et seint ung couvrechief (Myst. st Laur. S.W., 1499, 208).

Rem. Cf. GAY I, 759a s.v. gant : « l’exécuteur des hautes oeuvres s’en sert pour attacher au gibet les criminels et les suicidés ».

B. –

[Valeur symbolique du gant]

1.

[En signe de soumission] : Adonc respondi li rois de France, si com je fui depuis enfourmés, ou deubt respondre : « Et je me rench à vous », et li bailla son destre gant. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 55). Si descendi de son coursier, et vint à l’escuier et dist : « Ren toi ! » Chils qui entendi son langage, respondi : « Ies tu gentils homs ? » Et li bastars dist : « Oïl. » – « Donc me rench je à toi. » Et li bailla son gant et son espée. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 259). Chils prist le roi d’Escoce par vaillance de corps et d’armes, et ot son gant et le fist fiancier a lui. (FROISS., Chron. D., p.1400, 781).

2.

TOURN. [En signe de défi] « Gant jeté comme gage de combat«  : « …et s’il vuelt faire la bataille, si le me face savoir briefment, car je sui en bonne voulenté ». Dont leur bailla un gant ployé par mi ; et les message le receurent et puis se mirent au retourner sanz plus attendre. (Bérinus, I, c.1350-1370, 167). Et a ce mot la dame le revesti par un gant de faire la bataille, et Aigres le reçut a moult grant joie, pour quoy il fut cellui jour prisié et honnoré. (Bérinus, II, c.1350-1370, 140). …j’en feray bataille Contre toy (…). Vezci mon gant. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 164). Alors, quant tous seront en point, laquelle chose leur sera demandee, le mareschal, par nostre ordonnance, yra vers le millieu du champ, qui portera le gant du gaige en sa main. Lequel, a haulte voix, par troiz foiz dira : Laissiez les aller ! (…) Et a la derraine parolle gettera le gant au millieu des lisses. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 221). …et luy mist sus et de faict, qu’il avoit meurdry son parent recelléement, et luy jecta ung gand pour gaige, et le vouloit combatre à l’escu et au baston (LA MARCHE, Avis gage bat. P., c.1494, 18).

[Dans un cont. métaph.] : Dangier, je vous giette mon gant, Vous apellant de traïson, Devant le Dieu d’Amours puissant Qui me fera de vous raison : Car vous m’avez mainte saison Fait douleur a tort endurer, Et me faittes loings demourer De la nompareille de France. (CH. D’ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 65).

[En signe de consentement] : Mais Reynier perdoit bien sa payne, car le roy luy avoyt desja donné son gant en signe de licence. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 39).

3.

DR. FÉOD. « Droit du seigneur dans les mutations de fief« 

Rem. Doc. 1447 (…tous les wans qu’il appartient a avoir a toutes heritanches et reliefs.) ds GD IV, 217c.

[Redevance annuelle due au seigneur (ou à son lieutenant)] : …ledit Noël n’est tenu poïer aucune chose (…) fors seullement uns gans du pris de trois deniers tournois à la recepte de Conchez chacun an au terme saint Remy. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 299). Item, ilz doivent avoir fueillée pour leurs loges de la foire de saint Laurens. Et pour ce doivent païer au verdier et aux sergens ledit jour à chacun uns gans ; ou le verdier ou son lieutenant peut arrester la boiste. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 324).

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En partic. Gant blanc (de devoir) : …nostre dit chevalier et chambellain, ses hoirs, ses successeurs et ceuls qui ont ou auront cause d’eulz, tendront la dite rente de nous et de noz successeurs, et de ceus qui ont ou auront cause de nous et de eulz, à deux paires de ganz blanz rendables chascun an aus termes dessus diz (Doc. Poitou G., t.1, 1330-1333, 372). …il avoit baillié à Macé Guarnier, vallet, et aus siens, à heritage perpetuel, toutes les choses heritaux, tant terres, rentes et autres choses qui jadis furent monsieur Thiebaut Chastignier et Alain de la Forest (…), pour un gans blans de devoir, en la quelle baillie nostre dit chier amé filz avoit reservé et retenu pour nous le usufruit des dictes choses (Doc. Poitou G., t.3, 1350, 25).

[Dans un cont. métaph.] : Lors pris mes gans, si li tendi ; Dont il qui bien y entendi Les prist, et puis si les laissa ; Après un po se rabaissa, Si que secondement les prist, Puis les laissa, puis les reprist, En signe de moy moustrer voie Que trois amendes li devoie. Moult bien le me signefia, Et pour verité m’affia Qu’il les me couvenroit paier. (MACH., J. R. Nav., 1349, 276).

[Employé à propos d’une surface, exprime la petitesse de celle-ci] : …se je l’ay a tort la couronne enquergnant Au voloir Ciperis me seray obligant, Car a tort ne tenray ja de terre plain gant. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 162).

Rem. Cf. F. Möhren, Renforcement nég., 1980, 141-142.

C. –

[Empl. avec une nég. pour exprimer une valeur minimale] : Jeunece sui, la legiere, La giberresse et coursiere, La sauterelle, la saillant Qui tout dangier ne prise un gant. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 369). …De si faite vantise je n’en donroie un gant (Voeux héron G.L., c.1346, 93). …s’il est aussi vaillans, Hardis et corageus, aussi entreprendans, Comme il est grans et lons, postiex et souffissans, Vers cestui ne valut Olivier né Roelans. Chertez, s’il n’est hardis, il ne vault pas .ij. gans, Fors pour faire jalous et nous et nos enfans (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 80). Amis, je vous prie et commant Dez meilleurs armeüres vous allez adoubant, Car les vostres ne vallent la montance d’un gant. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 90). Le fer de l’espée fu tranchanz, Ly escu ne valut .ij. ganz (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 453). Je ne acompte ung gant, Talent n’ay de menger ne boire tant ne quant, Mais de veoir l’estat ay le cuer desirant. (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 161). Ainsi va Dagoubert Ciperis manechant, Mais le conte ne le doubte la montance d’un gant. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 93). …telz motz ne vault ung gant (Cip. Vignevaux W., p.1400, 99).

Rem. Cf. F. Möhren, Renforcement nég., 1980, 136-141.

D. –

P. métaph.

1.

« Profit«  : Tu as basty plusseurs dictz elegans, Plaisans a ceux qui voeullent voir et lire, Sy qu’en cest art pour le pris et les gans On t’a volut maistre et docteur eslire (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 835).

Avoir les gants. « Avoir les profits«  : Aufemont, Viez Pont, Enguerrans, Beaumont, Bouteillier, j’ay des gans Du pais ou il fault combatre (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 58). …dire que fames n’ont pas acoustumé d’en parler ainsy plainnement, dame Eloquance n’en aura pas les gans. (COL, Resp. deux traités H., 1402, 96). …mais ce ne fut point si tost que la rouyne Blanche et la Belle Geande ne lui venissent a l’encontre nomcier la venue du roy son mary, car chascune en vouloit avoir les gants pour les premieres nouvelles [« avoir le privilège d’annoncer les premières nouvelles »]. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 180).

2.

[Cont. grivois] : Item, laisse et donne en pur don Mes gans et ma houcque de soye A mon amy Jacques Cardon, Le glan aussi d’une saulsoye, Et tous les jours une grasse oye Et ung chappon de haulte gresse, Dix muys de vin blanc comme croye, Et deux procés, que trop n’engresse. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 18).

Rem. Burger, 68 ; Thiry, 70 ; Di Stefano, 130.

[À propos d’une femme] : Croy que le premier qui vendra Et fera ce qu’appartendra, La foy promise, c’est du mains. A lui complaire contendra : Femme est ung gand a toutes mains. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 209).

Avoir les gants (d’une femme). « Avoir avec elle un commerce charnel«  : AFFRICQUEE. Ennement, estes le premier A qui ja mais me consenty. LE SOT. Le sang bieu ! vous avez menty, Sauve l’honneur des assistans, Il n’en aura ja mais les gans, Ja mains n’en sera le centiesme. [« il ne sera rien moins que le centième »] (P. Jouh. D.R., a.1488, 29).

Rem. Cf. cet ex. tiré des Farces, Cohen XXII, v. 205-206 : Quoy je cuydoie avoir les gans, Mais à ce que je voy j’en suis veufve. cf. en outre FEW XVII, 506a.

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[P. allus. à une chanson] : GUILLOT (varlet, en chantant). « Hau ! les gans, bergere ; Hau ! les gans, les gans ! » (Retraict T., c.1490, 198).

Gant (des noces) : « …Vous arés Florantine, demain l’espozerés ! G’irait querre le preste, demain la plevirés ! Arai ge ung gans dez nopcez quant vous la pranderés ? » Et quant Lions l’antant, si an fuit moult yrés (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 161).

Rem. Sur le sens de cette expression cf. : Lion Bourges K.P.F., c.1350, 1089, note sur le vers 5065 : «Allusion à la coutume, attestée dès le quatorzième siècle, selon laquelle on donnait le jour d’un mariage quelques coups aux invités pour fixer dans leur mémoire le souvenir de la cérémonie et du lien contracté» ; cf. aussi : H. Lewicka, Les Comp., 1968, 74 : «sens figuré, peu clair, probablement « maladie vénérienne due à la noce »» ; nous suivons les explications d’O. Jänicke qui, dans le cr. sur ce même ouvrage, Vox rom. 29, 1970, 331, considère de noce non pas comme un syntagme mais comme un emploi occasionnel par lequel, celui qui parle, envisage le mariage comme suite probable de ses relations intimes ; voir aussi J. Rychner, A. Henry, VILLON, Test, t. II, Commentaire, 98-99.

DMF 2020 – Article revu en 2015

 

Jeanne Crespin épouse Lepage est la soeur de mon Pierre Crespin, enfants de Barbe Bodin

Ce qui suit est la preuve de filiation de Jeanne Crespin épouse de Louis Lepage, suite à mes immenses recherches dans les chartriers et les notaires. Jeanne CRESPIN est pour moi une collatérale, mais elle a de nombreux descendants, comme son frère Pierre dont je descends et qui a de très nombreux descendants.


Bourg-L’evêque (49) « Le 27 décembre 1684 a esté enterré dans l’églize de Bourg Levesque le corps de deffuncte Jeanne Crespin par nous curé soubzsigné » Les très nombreux généanautes qui parlent de Jeanne Crespin ont eu la flegme de chercher son décès, et même si aucune filiation ne figure sur cet acte de décès, je peux affirmer que c’est elle car :

  • Elle est l’unique porteuse de ce nom à Bourg l’Evêque
  • On sait par ailleurs que Jeanne Crespin épouse de Louis Lepage est décédée entre 1669 et 1700
  • Le curé de Bourg-l’Evêque inhumait tout le monde au cimetière sauf les rares notables aisés, et c’est le cas de Jeanne Crespin. Son acte de décès est donc parlant malgré l’absence de filiation puisque l’inhumation dans l’église est le signe de sa notabilité.

Je vous ai mis sur mon blog ces temps-ci des actes du chartrier de Saint Julien l’Ardent en Chatelais série H64 concernant les aveux de mon ancêtre Pierre Crespin, que j’avais autrefois très longuement étudié et publié.  Lors de ces recherches que j’avais faites sur ma famille CRESPIN, j’avais relevé la présence d’une soeur de mon Pierre Crespin, prénommée Jeanne, et j’avais trouvé sur les registres paroissiaux 2 mariages la concernant, sans toutefois tout comprendre car dans le premier elle épouse René Garnier et dans le second elle épouse Louis Lepage se disant veuve de René Maslin. Ces 2 actes, que je vous remets ci-dessous concernent absolument la soeur de mon Pierre Crespin.

« Châtelais le 3 juillet 1659 René fils de honneste homme René Garnier et honneste femme Marie Lemesle de la paroisse du Bourg l’Evesque d’une part, et Jeanne fille de deffunt honneste Sébastien Crespin et honneste femme Barbe Bodin de cette paroisse d’autre part … en présence du sieur Garnier père dudit marié, et Bodin mère de la mariée et vénérable et discret messire François Bodin prêtre prieur curé de Borc en Poitou [Borcq sous Airvault (Deux-Sèvres], et honneste homme Charles Poustier sieur de la Martinière et Pierre Crespin » J’ai beaucoup étudié ces BODIN qui sont miens et ce Pierre Crespin est mon ancêtre, frère de Jeanne. Mais il était impossible ensuite de lier cette Jeanne Crespin, soeur de mon Pierre Crespin, au mariage suivant car elle y est dite veuve de René Maslin et non de René Garnier.

« Bourg-L’Evêque le 6 août 1675 Louis Lepaige fils de deffunt Nicolas Lepaige et de Louise Simon ses père et mère paroissien de Pommerieux, et Jeanne Crespin veuve de deffunt René Maslin de cette paroisse, en présence de François Garnier et René Robinault  »

C’est le chartrier de Saint-Julien-l’Ardent qui donne la preuve formelle que cette Jeanne Crespin épouse de Louis Lepage est bien la fille de Barbe Bodin, et soeur de mon Pierre Crespin, car dans un chartrier on déclare non seulement ses biens immobiliers mais d’où ils proviennent, c’est à dire achat ou succession, et dans le cas de succession, le nom des parents est même parfois clairement écrit, comme c’est ici le cas, et Jeanne Crespin épouse de Louis Lepage est bien la fille de Barbe Bodin dont elle a hérité :

AD53-H64 chartrier de Saint-Julien-l’Ardent en Châtelais [eh oui ! il est classé en Mayenne alors que Châtelais est en Maine-et-Loire] « Avril 1682 aveu LEPAGE Louis (f°11) mary de Jeanne Crespin détempteur d’un lieu au village de la Gaullerie en la paroisse de Chatelais, a comparu le deffendeur en sa personne, lequel audit nom s’est advoué subject en nuepce de la seigneurie de céans pour et à cause de son lieu de la Gaullerie en cette paroisse, à ladite Crespin eschu de la succession de deffuncte Barbe Bodin sa mère, lequel il offre bailer par déclaration avec confrontation suisant l’ordonnance et confessé qu’il est deub chascun an au terme d’Angevine à la recepte de cette seigneurie 12 deniers de cens ou debvoir coutumier et féodal, qu’il offre servir et continuer à l’advenir, dont l’avons jugé et de ce qu’il a déclaré que ladite Crespin sa femme a vendu partie dudit lieu à Pierre Crespin son frère, depuis les partages faits entre eux, à ce moyen nous l’avons condamné fournir par déclaration des choses qu’il tient en la seigneurie de céans dans le 29 mai prochain jour de la remise de la prochaine assise qui se tiendront adit lieu, ou il emporte justification à peine de deffault y employer lesdits 12 deniers de cens ou debvoir, les servir et continuer en payer 29 années d’arrérages … »  signe

 

 

Aveu de Gilles de l’Esperonnière à la commanderie Besconnais pour une maison à Château-Gontier, 1428

Vous avez sur mon site à la fois l’histoire de Château-Gontier, et même le détail sur la porte d’Olivet, et en 1428, vous allez voir que le seigneur de Château-Gontier n’est pas très sympathique, mais s’en tirait toujours bien, car condamné 2 fois à mort, il ne fut jamais exécuté et vit de longs jours…
Vous avez également sur mon site tout le travail de Mr de l’Esperonnière dans ses archives personnelles, immense travail remarquable qu’il avait publié et que j’avais numérisé.
Ci-dessous, un extrait des assises de février 1428 à la commanderie l’Hôpital Béconnais. Cet extrait atteste que la commanderie possédait des terres en Château-Gontier, et Gilles de l’Esperonnière y possède une maison, et comme cet aveu situe exactement la maison, je pense que ceux qui connaissent bien Châtea-Gontier sauront dire où elle était située.

Cet acte est aux archives de la Vienne, 3 H 1/137 – Ma retranscription fidèle
Cliquez sur l’image pour l’agrandir

Amendes et remenbrances des plez de l’oppital de Besconnaye le 2 février 1428

• Gilles de l’Esperonnière s‘est aujourd’huy advoué notre subjet en nuepce pour raison
• d’une maison sise en la ville de Chasteaugontier … joignant d’un
• cousté au courtil à la dame d’Olivet et à un courtil qui est à maistre Philippe Massa ?
• et d’autre cousté à la rue comme l’on va de la porte d’Olivet aux halles et à une appenti
• ajassente à ladite meson, laquelle app… est à ladite dame d’Olivet abutant d’un bout
• à la rue comme l’on va de ladite porte d’Olivet à la coline de Soursemaine et d’autre
• bout à la maison à la dame d’Olivet la rivière entre eux et pour raison de ladite
• maison nous a congneu debvoir par chacun an au terme de la Saint Jehan quatre
• deniers de debvoir et en est jugé et que autre chose n’y tient

Aveu à la commanderie hôpital Béconnais en Villemoisan pour la Guiterie, 1599

Archives de la Vienne, retranscription demandée

Bescon Villemoisans
A nous
Extraits de déclarations 1599 Beconnois
est le pappier des cens
ventes dixmes et debvoirs deubz par
chacun an à la seigneurye commmanderye
et hospital besconnais sise en la paroisse
de Villemoisand, dont la recepte commence
à ce faire à Langevine mil cinq cens quatre
vingt dis neuf aux termes d’Angevine
et Noel et aultres termes merqez
par chacune année par les
lettres de l’alephabet ainsi ABCDE
Le présent pappier faict par Jacques
Rigault laisné signé Rigault

Premier terme d’Angevine
Villemoisand
La Guitterie
Jehan Mangeard
Guillemine Mangeard / et
Pierre Eveillard
et à présant
honnorable homme
Michel Poirier procureur
du Roy à Ingrande
René Eveillard
Les héritiers Simon Bellanger
et (blanc) Villeneufve maçon à cause dudit lieu
de la Guitterie composé
de maisons granges
et terres doibvent par
chacun an aux termes
de Notre Dame dicte
Angevine et Noel
par moitié de
cinquante sols avecq
les dixmes par et
pour ce terme
Ledict Poirier est décédé, modo ses héritiers XXV sols

Item en a déclaration du sieur de Piard au
feuillet trouvé merqué VI du vingt sept
may mils cinq cens soixante au pappier
couvert de cuir noir. Aultres declarations
audict pappier aux feillets V et XXXIII
dattés du XXVI may 1560 et dernier
juing 1573 rendus par Thomas Bellanger
le dix sept juing 1567
Ung acte de recognoissance au nouveau pappier
des remanbrances f° VIII du XXVII
novembre 1606

Pierre Crespin est venu aux Assises de Saint Julien l’Ardent en Châtelais, faire les obéissances au seigneur, 1682

Ces assises n’étaient pas tenues chaque année, de très loin s’en faut, et il semble bien que les précédentes, que nous n’avons pas, étaient 29 ans auparavant, et nous avons les suivantes qui sont en 1699 soit 17 ans après celles-ci. Le chartrier H64 de Saint-Julien-l’Ardent en Chatelais se révèle cependant utile pour des liens de famille qu’il donne parfois, et je vous donne demain toute la table de cette précieuse archive, donc vous aurez plusieurs liens de famille, d’autant plus utiles que Chatelais, dont j’avais publié la table de l’ancien registre paroissial, est assez lacunaire. L’aveu que je vous mets aujourd’hui concerne mon ancêtre Pierre Crespin époux de Barbe Bodin, et les biens qu’il détient ici sont des biens Bodin, ce qui est précisé, mais surtout, cet aveu donne une indication précieuse, il est le frère de Jeanne Crespin, que j’avais bien identifiée dans mes précédentes recherches, mais que je vais demain vous préciser grâce à ce chartrier qui vallait la peine d’être retranscrit. Cet aveu me conforte également dans mon étude des Trouillaut. Donc, demain, je vous reparle de Jeanne Crespin, avec les aveux de ce chartrier la concernant.
Vous allez remarquer dans la dernière partie de cet aveu, que mon ancêtre Pierre Crespin n’a pas suffisamment étudié avec son notaire l’acte d’acquêt qui omettait de préciser que les cens et devoirs des années précédentes devaient être payés par le vendeur non par l’acquéreur, et faute de cette mention on lui réclame 29 années d’arriérages… Le notaire qui avait omis de mentionner cette charge au vendeur a été un peu léger dans son travail, car c’est une clause importante dans les contrats de vente que de préciser que les impôts des années précédentes ne sont pas à la charge de l’acquéreur.

Cet acte est aux Archives Départementales de la Mayenne série H64 chartrier de Saint Julien l’Ardent en Chatelais : Ma retranscription est fidèle et l’orthographe aussi, mais c’est un premier jet, sans me soucier en première lecture des rares mots qui m’échappent…


CRESPIN Pierre (f°31v) detempteur en partie du clos des Gaulleries, a comparu ledit Crespin en sa personne lequel en … de nostre jugement du 29 avril dernier s’est advoué subject en nuepce de cette seigneurie pour et à cause des héritages à luy eschus de la succession de deffunte Barbe Bodin sa femme par partages faicts en deux lots entre luy et Jeanne Crespin sa sœur, mentionnés au premier desdits lots rapportés par Me René Cevillé notaire le 31 octobre 1674, lesquels héritages seroient eschus à ladite Bodin de la succession de deffunts Pierre Bodin et Helaine Trouillault ses père et mère par partages reçus devant François Pouriaz notaire le 23 juin 1654 compris au troisième lot, en ce qu’il y en a relevant nuement de cette seigneurie, et qui sont situés au clos des Gaulleries, St Jacques, et Cevillé, en ce qu’il y en a de céans, lesdites choses avoient esté acquises par ledit deffunt Bodin de Perrine Pointeau veuve de René Gastineau, et de Jacques Poilièvre, et nous a exhibé féodallement deux contracts par luy faicts le premier rapporté par David Maillet notaire le 7 janvier 1668 par lequel il auroit acquis d’Anne Marchais veuve de Pierre Bodin 10 hommées de vigne sises au clos des Gaulleries, et 5 au clos de Cevillé, pour et moyennant 70 livres de principal et 20 sols en vin de marché, vendues à détenir du fief de Cevillé, et de céans ou autres, où elles seroient mouvantes à franc debvoir fors obéissance de fief seullement, et le second soubz les seings privés en doble dudit Crespin et René Drouin en date du 28 juillet 1677 par lequel ledit Crespin auroit eschangé avec ledit Drouin une hommée de vigne située audit clos de Cevillé, et en conteschange auroit donné audit Drouin une hommée de vigne sise au clos St Jacques, laquelle ledit Drouin a depuis vendue au deffunt Adron prêtre vivant curé de cette paroisse, copie desquels contrats il a laissé à cause de ladite seigneurie, et offert bailler par déclaration moderne reprouvant les anciennes lesdites choses et pour raison desquelles il a confessé debvoir chacun an 18 deniers por ses choses du clos des Gaulleries qui furent aux Gastineau, soubz … de s’en pourvoir contre ses vendeurs tant pour ledit acquet, servir et continuation dudit debvoir pour ne l’avoir exprimé par leur contract mesme pour fournir fonds et assiette d’héritage à cette fin, que pour son remboursement des arrérages du passé mesme contre ceux qui en ont jouy et jouissent, lequel debvoir de 18 deniers il offre néantmoins servir et continuer à l’advenir, et s’est desadvoué d’autre (f°32) acquests dont nous l’avions jugé … signé Crespin