Les tanneurs de Provins, 1503

Introduction

Autrefois il y avait beaucoup de tanneries en France, et je vous ai déjà conté mes souvenirs de leurs odeurs plus que malodorantes. De nos jours, il n’existe plus de tanneries en France, et nous laissons à d’autres pays les odeurs…
Les cuirs de Provins étaient autrefois réputés, mais ce jour sur Wikipedia le Durtein, la rivière des fameux cuirs de Provins, n’est connue que pour les draps de Provins, hélas ils omettent les cuirs… Hélas !

OPOIX Christophe, Histoire et description de Provins, 1823

Voici ce qu’en dit Christophe Opoix sans son ouvrage datant de 1823 : « Les cuirs de Provins étaient encore un objet également d’une grande importance pour cette ville, et d’un grand débit dans le temps des foires. Cette marchandise, dont la qualité supérieure était connue, devenait un article intéressant pour les négociants, surtout ceux du midi qui s’en chargeaient en retour. On sait que les pâturages manquent dans ces contrées, et par conséquant les bestiaux. Depuis la découverte du Nouveau-Monde, elles tirent leurs cuirs de l’Amérique Méridionale.
Il paraît certain qu’il existait anciennement à Provins au moins cent vingt fabriques de cuirs, dans tout le cours de la Voulsie, à partir de son entrée dans la ville, on trouve de traces d’anciennes tanneries. Sur la rivière Durtein, depuis la Nozaie, ou mieux la Chenaie, et en suivant le cours de cette rivière, on voit qu’il a existé des tanneries. Dans des fouilles qu’on a faites rue aux Juifs, on a trouvé des fosses de tanneurs. Le chemin qui traverse la Chenaie et qui suit la rivière, s’appelait la rue de la Petite-Tannerie. Dans l’emplacement du ci-devant couvent des Capucins, il y a encore aujourd’hui une tannerie. Il en a toujours existé sur les ruisseaux qui traversent la ville.
La réputation des cuirs de Provins s’est toujours soutenue. Ils sont très connus à la halle aux Cuirs de Paris, et se vendent toujours au dessus du cours. Ceux de M. Prailly, de Provins, sont particulièrement recherchés, et sa fabrique passe pour une des meilleures de France. Il est aussi reconnu, par les ouvriers qui emploient nos cuirs, que ceux façonnés sur la rivière Durtein ont une qualité supérieure.
Le nom de Durtein, donné à cette rivière, ne peut venir que de ce qu’elle plus propre à imprimer plus de solidité aux teintures, comme elle donne plus de fermeté aux cuirs ; ce qu’elle doit aux particules de fer qu’elle charrie.
La prairie, où coule cette rivière, à partir des Grandes-Planches, abonde en eaux minérales. Au printemps et dans les temps pluvieux, les fossés sont remplis de cette eau qui dépose une terre jaune très abondante. Aussi les cuirs fabriqués sur cette rivière sont plus fermes, plus compacts et spécifiquement plus pesants que ceux confectionnés sur la Voulsie ; effet évidemment dû à la présence plus abondante de la terre du fer. Cette terre, comme l’écorce de chêne, possède une qualité astringente ; elle doit donc ajouter au tan un nouveau degré d’énergie. C’est cette propriété du fer de resserrer, en général, les tissus des substances animales, et de leur donner plus de fermeté, qui rend nos eaux minérales si efficaces dans les maladies qui proviennent du relâchement des fibres. C’est donc pour ces raisons que les eaux du Durtein étaient plus propres à fixer les couleurs, et à faire de bons teints, comme à rendre les cuirs plus denses et plus durs à l’usé. »

tanneurs à Provins en 1503

Grâce au CGHSM qui m’a photographié le fonds notarial de 1503, je peux vous livrer les noms de 13 tanneurs qui ne seraient, selon Christophe Opoix (cf ci-dessus) qu’une partie des tanneurs. Mais, vous remarquerez parmis ces tanneurs les LECOURT dont je descends, et je vous mettrai bientôt cette incroyable ascendance, surtout que l’acte de 1503 permet encore de remonter au delà sur une génération… Donc, voici, en ordre alphabétique, 13 tanneurs et l’acte qui les cite, dans le fonds AD7761056E586 Loys Dechoisy notaire royal à Provins, vues prises par le CGHSM.

BARNIER Jean – 1503.10.12 vue 3454 – … Jehan Barnier tanneur Denis Barnier son frère âgé de 24 ans … Oger Lambert mareschal Ayoule sa femme à cause d’elle, Jehan Regnard chapelier et Jacquette sa femme aussi à cause d’elle … icelles femmes sœurs desdits Jehan et Denis Barnier tous enfants de feux Jehan Barnier cordonnier et Katherine sa femme demourans à Provins … comme à eulx appartient par indivis une maison appentis couverts de tuile … audit Provins en la rue de Papegaut …
BELOT Louis – 1502.09.01 vue 3037 – Nicolas Symonnet cordonnier demourant à Provins et Nicolle sa femme à cause d’elle .. vendu à Denis Gaultier dit leput marchand tanneur demourant audit Provins acheteur 20 sols de rente annuelle que ladite Nicole a droit de recevoir chacun an au jour St Martin diver sur Loys Belot marchand tanneur demourant à Provins à cause de la prinse faire par ledit Belot d’une maison tannerie jardin et cour comme il se comporte assis en la rue de (blanc) ou demeure ledit Belot bailleur …
BENARD Colin – 1502.12.14 vue 3159 – Estienne George vigneron demourant à Poignis lez Provins … prins à titre de rente annuelle et perpétuelle de Colin Benard tanneur en son nom et comme soy faisant fort en ceste partie de Michelette sa femme à cause d’elle … une pièce de vigne …
BENARD Jean – 1503.05.09 vue 3367 – Jehan Benard tanneur demourant à Provins … prins à tiltre de rente annuelle et perpétuelle de Henry Monde cordonnier demourant à Nangis (entre Provins et Melun) … une pièce de vigne …
BOCHOT Pierre – 1503.01.17 n.s. vue 3215 – Jehannette veufve de feu Henry Dupré en son vivant cordonnier demourant à Provins … vendu à Pierre Bochot tanneur demourant audit Provins une pièce de vigne
BOSCHOT Pierre – 1504.02.01 n.s. (1503) vue 3553 – Alexis Dupont oylier Jehan Hamonyer Katherine sa femme et Jehanne veufve de feu Henry Dupré demourans à Provins lesdits Alexis Katherine et Jehanne frère et sœurs … vendu à Pierre Boschot marchant tanneur demourant audit lieu … les trois parts dont les 4 font le tout par indivis d’une chambre haute … à Provins en la rue des Marests …
BOUCHER Denis – 1503.02.26 n.s. (1502) vue 3277 – Jehanne veufve de feu Colin Duet Jehan Gennay vigneron Denis Boucher tanneur Katherine sa femme Jacquin Tixerant dit Hemot Marion sa femme lesdites Katherine et Marion Colin Gennay et Pierre Gennay marchand lesdits Gennays et femmes frères et sœurs enfants de feu Jehan Gennay en son vivant vigneron et Isabeau jadis sa femme leurs père et mère tous demourant à Provins excepté ledit Tixerant qui demeure à Saint Bris et encores lesdit Pierre Gennay et Pierre Thierry es noms et comme tuteurs et curateurs des enfants dudit Pierre Gennay et feue Noelle sa femme, ladite Noelle en son vivant sœur desdits Gennays et femmes, lesquels tant en leurs noms que esdits noms de tuteurs ont nommé leurs procureurs messire Denis Gennay chanoine de Notre Dame du Val fils dudit Jehan Gennay …
CHAPPOT Jean – 1502.11.13 vue 3104 – Jehan Chappot laisné marchant tanneur demourant à Provins et Jehanne sa femme à cause d’elle … vendu … à Crespin Chappot leur fils âgé de 22 ans la moitié par indivis d’une terre et métairie à ladite Jehanne appartenant …
CHAPPOT Jean – 1502.11.13 vue 3106 – Crespin Chappot âgé de 22 ans environ fils de Jehan Chappot tanneur demourant à Provins … à présent serviteur du grand prieur de France comme il disoit a constitué son procureur Jehan Pastoureau marchand boucher son oncle auquel il donne pouvoir de pourchasser toutes personnes et recepvoir toutes ses debtes tant grains que deniers …
GAULTIER Ayoul – 1502.09.09 vue 3053 – Ayoul Gaultier dit leput marchant tanneur demourant à Provins … vendu à Jehan Thierry dit Choffot marchant demeuraut audit lieu demy arpent de vigne au finage de Chalaud lagrant …
GAULTIER Denis – 1502.09.01 vue 3037 – Nicolas Symonnet cordonnier demourant à Provins et Nicolle sa femme à cause d’elle .. vendu à Denis Gaultier dit leput marchand tanneur demourant audit Provins acheteur 20 sols de rente annuelle que ladite Nicole a droit de recevoir chacun an au jour St Martin diver sur Loys Belot marchand tanneur demourant à Provins à cause de la prinse faire par ledit Belot d’une maison tannerie jardin et cour comme il se comporte assis en la rue de (blanc) ou demeure ledit Belot bailleur
GENNART Jehan – 1503.10.10 vue 3452 – … Jehan Gennart tanneur demourant à Provins … pour la bonne amour qu’il a à Marguerite Gennart sa fille femme de Denis Prive marchant boucher demourant audit Provins … donné … à sa fille tous et chacuns les biens immeubles et héritages quelconques à lui advenus par le décès de feue Marion sa mère en son vivant veufve de feu Guillaume Gennart son père …
GRANTIN Noel – 1503.02.20 n.s. (1502) vue 3271 – Pierre Mulot boulanger et Noel Grantin tanneur demourant à Provins … prins ensemble des religieux prieur et couvent de Saint Ayoul de Provins … une pièce de peleux à faire vigne … les vies durant des dits Pierre Mulot Jehanne sa femme Grantin Jehanne sa femme et leurs enfants et les enfants de leurs enfants nés ou à naître …
GRANTIN Noel – 1503.03.18 n.s. (1502) vue 3307-3017 – … honorable homme Pierre Garnier au nom et comme procureur de la confrairie de la conception Notre Dame fondée en l’église monsieur saint Ayoul de Provins d’une part, et Noel Grantin marchand tanneur demeourant audit Provins en son nom et comme procureur de Nicolas Grantin son frère et Simon Clement Marion sa femme Nicolas Clement Marguerite sa femme demourant à Villenauxe la Grant lesdites femmes sœurs desdits Noel et Nicolas Grantin enfants et héritiers de feu Jehan Grantin leur père en son vivant marchand demourant audit Provins … comme procès fut meu par devant monsieur le bailly de Meaulx ou son lieutenant audit Provins entre ledit Pierre Garnier et lesdits Grantin .. disant iceluy Garnier que par son testament ledit feu Jehan Grantin auroit donné à ladite confrairie demy muy de bled froment de rente perpétuelle …
LECOURT Colin – 1503.02.21 n.s. (1502) vue 3274 – Martin Petit demourant à Toury paroisse d’Ermée Estienne Lambert le jeune demourant aux Chaises en leurs noms et Estienne Lambert laisné au nom et comme tuteur et curateur de Perrette fille de feu Pierre Lambert père dudit Estienne son frère, retenu à tiltre de rente annuelle et perpétuelle de Colin Lecourt marchant tanneur demourant à Provins la moitié des héritages que tenait feu Jehan Lecourt père dudit bailleur assis es finages des Chaises Ermée Toury et es environs qui jadis furent à feu Pierre Moynel, de la déclaration situation tenans et abutissant desquels lesdits preneurs se sont tenuz pour contens et bien … dont l’autre moitié desdits héritages ung nommé Mathe Bureau tient dudit bailleur à rente, pour de ce que dit est jouir et posséder par ledit preneur ses hoirs etc dès maintenant à tousjours moiennant trois septiers de bled froment de rente annuelle et perpétuelle bon grain marchand mesure de Provins et rendu audit Provins es greniers à douze deniers pres du prix du meilleur chacun septier chacun an au jour de saint Martin diver …
LECOURT Colin – 1503.06.03 vue 3391 – Pierre Blanot laisné vigneron demourant à Pougnis … vendu à Colin Lecourt tanneur demourant à Provins 5 quartiers de terre ou environ …
LUQUIN Colin – 1503.06.20 vue 3406 – … Colin Luquin marchant tannneur demourant à Provins … comme le 9 mars dernier il eut acquit de Pierre Thierry tanneur demourant à Provins tel droit part et portion qu’il avoit es terres maison jardin et héritages qui furent à feu Pierre Thierry son père pour la quarte partie assis es finage de Lugrant Saint Bris et Coucharmoy lez Provins moyennant la somme de 13 livres 16 sols aux charges faites et passées soubz ce scel par devant Jehan Retel à présent tabellion audit Provins … délaisse par retrait lignager ledit droit des héritages à Jehan Thierry vigneron demourant audit Provins ad ce présent et acceptant comme frère naturel et légitime dudit vendeur habile à ce avoir et emmener par ledit retrait …
MAILLART Gilet, Denis et Pierre – 1503.04.22 vue 3352 – … Ayoul Lecourt boucher et Marion sa femme à cause d’elle, Gilet Maillart, Pierre Maillart tanneurs, Jehan Maillart boucher, Denis Maillart aussi tanneur âgé de 24 ans et Nicolas Maillart tixerant de draps âgé de 22 ans tous frères et sœurs enfants de feu Jehan Maillart tanneur et Perrette jadis sa femme à présent veufve de lui, lesdits Jehan et Denis Maillart jouissant de leurs droits … tous demourans à Provins, recognurent pour la bonne amour qu’ils ont les ungs aux autres avoir voulu et accordé que si l’un d’eux alla de vie à trespas avant ladite Perrette leur mère que Dieu ne veuille, en ce cas les enfants de celui qui seroit déédé représenteront la personne de leur père et mère à la succession advenue d’icelle Perrette et auront et prendront lesdits enfants autant de biens meubles et héritages en ladite succession comme eut fait et peu faire leurdit père ou mère …
MACÉ Colin – 1503.10.21 vue 3464 – vénérable et discrete personne Me Anthoine Fevrier prêtre doyen de Provins recognut avoir vendu cédé transporté à tousjours et promis garantir de son fait et obligation seulement à Marion veufve de feu Jehan Lecourt demeurant audit Provins les rentes qui s’ensuivent c’et à savoir 4 livres tz de rente annuelle et perpétuelle qu’il avoit droit de prendre et recepvoir par chacun an sur une maison sise à Provins en la rue de Changy devant le prieuré dudit Changy et sur une terre et mettairie sise à Hanepon en la paroisse de Pougnis par vendition à luy faite de ladite rente par Colin Macé tanneur demeurant à Provins et feu Symone jadis sa femme dès le 4 juillet 1495 et 50 sols tz d’autre rente qu’l auroit droit de prendre sur lesdites maison et mettairie par vendition à luy faite par lesdits Macé et sa femme le 30 décembre dudit an, au paiement dsquelles rentes lesdits Macé et sa femme auroient obligé et ypothequés lesdits héritages et tous leurs autres biens meubles et héritages à ceulx de leurs héritiers présents et advenir aux termes et ainsi qu’il est à plein déclaré es lettres desdites constitutions faictes et passées soubz ce scel lesdits ans et jours que ledit vendeur a baillées pour toutes aides … ceddant par ledit vendeur tout droit nom raison … ceste présente vendition ainsi faite moiennant la somme de 65 livres tz que ledit vendeur en a confessé avoir euz et receuz pour le principal d’icelles rentes le sort de 20 livres tz pour arrérages d’icelles en chacune desditees rentes qui deubz estoient à iceluy vendeur qu’il a cédés et tranportés aussi à ladite achapteresse, lesdits deniers payés contens en présence dudit juré Dont etc promettant etc obligent etc présents ad ce Jehan Hardoin et Pierre Moreau manouvriers.
MAREL Jehan – 1503.10.21 vue 3461 – … Noel Grantin marchant tanneur et Mathurin Herny tixerant de toilles demourans à Provins confessent comme dès l’an 1500 le 19 avril ledit Noel Quantin lors conjoint par mariage avec feue Jehan sa femme fille dudit Herny ait prins et retenu à tiltre de rente annuelle et perpétuelle de Nicolas Devenieres marchant demourant audit Provins la moitié d’une maison couverte de tuille avec la moitié de la court et jardin en la rue de Changy laquelle fut à feu Jehan Marnel en son vivant tanneur audit Provins … moiennant 100 sols tz de rente annuelle rachetable de 100 livres tournois … transportent audit Gilet Richard …
MENOST Nicolas – 1503.03.09 n.s. (1502) vue 3290 – Nicolas Menost tanneur demourant à Provins … vendu à Claude Lymars boulanger demourant au chastel dudit Provins ung septier de bled froment de rente annuelle et perpétuelle … sur tel droit part et portion que ledit vendeur a par le décès et trespas de feue Nicolle sa mère jadit femme de Jehan Menost son père …assis à Villiers Saint Georges Chalemaison …
MUSNIER Maurice – 1503.04.28 vue 3357 – Huguet Thierry et Marion sa femme à cause d’elle demourant à Provins … baillé par eschange à Jehan Evrart dit Grosbois soy faisant fort de Katherine sa femme et Maurice Musnier tanneur soy faisant aussi fort de Marion sa femme, lesdite femmes sœurs filles et héritières en partie de feux Pierre Tricost et sa femme demourans à Provins …
NAULDIER Jean – 1503.01.10 n.s. (1502) vue 3208 – Agnès veufve de feu Jehan Dupont oylier demourant à Provins … vendu … à Jehan Nauldier son frère tanneur demourant audit Provins … tout tel droit part et portion à elle eschue à cause de la mort de feux Jehan Nauldier et Guillemette sa femme père et mère desdits venderesse et acheteur …
NAULDIER Jean – 1503.03.17 n.s. (1502) vue 3298 – Jehan Nauldier marchant tanneur Denis Nauldier son frère usant et jouissant de ses droits âgé de 18 ans environ autorisé en cette partie par Thomas Nauldier son frère paternel et curateur ordonné par justice sur ce bien conseillé et advisé pour son profit et Laurens Faule oilier Songnes sa femme à cause d’elle sœur desdits Jehan et Denis … vendu … à Richard Larcher sergent royal audit Provins et Lyonne sa femme sœur desdits vendeurs … une pièce de vigne contenant environ 3 quartiers au finage de Provins au lieudit Fontaine Meilleure
NAULDIER Jean – 1503.10.09 vue 3448 – Jehan Nauldier tanneur demourant à Provins … pour la bonne amour qu’il a est se dit avoir à Colin Nauldier son frère cordonnier demourant audit lieu … et pour les bons plaisirs et services qu’il luy a faits le temps passé et encores à faire au temps advenir … donne … tel droit part et portion qui lui compete par le trespas de feux Jehan Nauldier et Marion sa femme leurs père et mère … en une maison jardin lieu … assise à Provins devant la boucherie du Val
PESLEE Pierre – 1503.04.08 n.s. (1502) vue 3337 – Aymé Testart oylier demourant à Donnemarie en Montas et Jehanneton sa femme à cause d’elle … vendu à Pierre Peslée tanneur demourant à Provins … 2 sols 6 deniers de rente
PRIVE Philippon – 1503.03.06 n.s. (1502) vue 3286 – … Philippon Prive tanneur et Pierre Tafourel es noms et comme tuteurs et curateurs des enfants mineurs de feu Aymé Loret d’une part, et religieuse personne messire Denis Bourgouin prêtre religieux prieur de Sordun … se faisant fort des religieux du couvent st Jacques de Provins d’autre part … comme procès feu meu par devant monsieur le prévost de Paris entre ledit feu Aymé Loret fils et héritier seul et pour le tout de feu Pierre Loret demander contre lesdits religieux , pour raison de la somme de 120 livres tournois que ledit Aymé disoit estre deubz à sondit père par la rédition de certains comptes …
RICHARD Gilet – 1503.05.16 vue 3374 – Jehan Fontan laboureur demourant en la paroisse de Verche en Brye … vendu à Gilet Richard tanneur demourant à Provins une pièce de terre labourable …
THIERRY Pierre – 1503.06.20 vue 3406 – … Colin Luquin marchant tannneur demourant à Provins … comme le 9 mars dernier il eut acquit de Pierre Thierry tanneur demou
rant à Provins tel droit part et portion qu’il avoit es terres maison jardin et héritages qui furent à feu Pierre Thierry son père pour la quarte partie assis es finage de Lugrant Saint Bris et Coucharmoy lez Provins moyennant la somme de 13 livres 16 sols aux charges faites et passées soubz ce scel par devant Jehan Retel à présent tabellion audit Provins … délaisse par retrait lignager ledit droit des héritages à Jehan Thierry vigneron demourant audit Provins ad ce présent et acceptant comme frère naturel et légitime dudit vendeur habile à ce avoir et emmener par ledit retrait …
YVER Simon – 1503.06.05 vue 3395 – Jehan Garnier laboureur demourant à Sordun … prins de Me Jehan Yver prêtre chanoine de Saint Quiriace de Provins et Symon Yver marchant tanneur frères demourans à Provins 6 arpents et demy de terre .. jusques à 18 ans …
YVER Jean – 1504.02.15 n.s. (1503) vue 3572 – Jehan Gaultier le jeune demourant à Sainct Bris et Jehan Fleury demourant à Provins vignerons … prins de Jehan Yver laisné tenneur demourant audit Provins … une pièce de vigne …

 

 

Les collerons à Provins en 1557-1559 fabriquaient les colliers de chevaux

Introduction

Dans les 500 actes notariés de Provins du fonds Duret 1557-1560 que je viens de dépouiller, il y a de très nombreux métiers manuels manouvriers, laboureurs, vignerons et artisans. Je vous ai déjà mis les oliers, ces fabricants de poterie, et aujourd’hui je vous mes les collerons. Notez bien que les artisans sont tous à Provins et non dans les villages alentour uniquement agricoles.

les collerons à Provins en 1557

A Provins en 1557 il y avait beaucoup de chevaux, donc il fallait des artisans bourreliers, mais à cette époque on utilise un autre nom pour ce métier, celui de colleron, signifiant fabricant de colliers pour les chevaux. Et il s’en trouve plusieurs dans le fonds du notaire Duret, dont voici les noms : Jehan Voigny, Pierre Ledoyen, Pierre Deverse, Nicolas Domenchin. Ces noms vont perdurer à Provins, et soyez heureux ceux qui s’y intéressent de voir mes données, car elles vous donnent des métiers, alors que les registres paroissiaux de Provins oublient le métier des manuels, se contentant des métiers des notables…

Nicolas Domenchin colleron à Provins en 1559

Il vend une part de succession, et le notaire Duret donne l’origine, mais je dois vous avez que son vocabulaire me laisse perplexe, et je vous ai donc mis en lettres roses les termes que je ne comprends pas tout à fait… par le décès trespas et succession de Germain Domanchin son père grant et père naturel dudit acheteur Est-ce que dois comprendre que Germain Domanchin est le grand père de Nicolas et le père de Gilet, donc Germain le neveu de Gilet ?

AD77-216E1258 – vue prise par Monsieur Miraucourt du CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation.

Le 5 janvier 1559 Nicolas Domenchin colleron demeurant à Provins recognait avoir vendu ceddé et promis garantir à tousjours à Gilet Domenchin laboureur et marchant demeurant à Villiers St Georges ad ce présent c’est à savoir tout tel droit part et portion fons popriété et possession et seigneurie qui audit recognaissant peult et pourroit compéter et appartenir par le décès trespas et succession de Germain Domanchin son père grant et père naturel dudit acheteur tant en debtes pour une fois meubles et immeubles quelconques sans aucune chose en retenir ne réserver par ledit vendeur, à la charge toutefois de payer et acquicter par ledit achteur audit vendeur de toutes les debtes charges en quoi il pourroit estre tenu comme héritier dudit Germain Domenchin, en ceddant duquel droit de succession tant mobilier qu’immobilier ledit vendeur s’est dessaisy desmis et dévestu pour et au proffit dudit acheteur… ceste présente vendition et transport moiennant la somme de 12 livres tz acquitée audit vendeur et ad ce a esté présente Légère femme dudit vendeur laquelle de l’autorité dudit vendeur son mary a renoncé et renonce au droit qu’elle pourra prétendre et demander en ladite succession … (cote AD77-216E1258)

Jean Lecoq marchand de peaux de veau et de mouton, Villevêque 1591

Vous avez beaucoup d’actes sur mon site et mon blog concernant les peaux et le cuir, sur les tanneurs, mégissiers, corroyeurs et baudroyeur, mais je crois bien que ces métiers ont disparu de France, et que nous ne traitons plus beaucoup de peaux en France. Autrefois le cuir avait bien plus de place…
Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, 5E121 :
Le 6 mai 1591 avant midi, en la court du roy nostre sire Angers endroit par devant nous (Chuppé notaire) personnellement estabyz Jean Lecoq marchand boucher demeurant à Villevesque d’une part, et Symon Coustard Me baudraier en ceste ville d’Angers et y demeurant paroisse de St Maurille d’autre part, lesdites parties respectivement confessent avoir fait et font entre eulx le marché et convention qui s’ensuit, c’est à savoir que ledit Lecoq a vendu et promet bailler et livrer audit Coustard toutes et chascunes les peaulx de veaulx et de mouton que ledit Leccoq abillera et achaptera d’autres peaulx toutes bonnes loialles et marchandes à commencer du premier jour du présent mois et finiront au jour du mercredy des Cendres prochain, et baillera lesdites peaulx à la douzaine et treize pour douze et les peaulx de mouton … qu’abillera et achaptera jusques au jour de la Magdeleine prochaine en baillera deulx pour une et après ledit jour de Magdelaine peau pour peau et si ledit Lecoq baille des Peaulx d’aigneau baillera deulx peault pour une et treize pour douze pendant ledit temps cy dessus, et est ce fait pour en paier et bailler par ledit Coustart audit Lecoq la somme de (f°2) 100 sols tz chacune douzaine et en livrant ladite marchandie ledit Coustard la payera tellement que en livrant paiant et prendra et baillera ledit Lecoq lesdites peaulx au faulxbourg de St Michel du Tertre de ceste ville, tout ce que dessus stipullé et accepté par les parties, auquel marché et tout ce que dessus tenir etc obligent lesdites parties respectivement etc biens à prandre etc et par deffault etc foy jugement etc fait et passé audit Angers en notre tablier en présence de Thomas Camus et Jacques Cosnier praticiens

Au coeur des villes autrefois les tanneries malodorantes mêlaient leurs effluves à celles des corps et linges pas lavés mais notre nez est heureusement muni d’un seuil !

J’avais publié il y a 5 ans ce billet, et si je le remets ce jour, c’est pour vous annoncer que j’ai fait une énorme découverte concernant mes tanneurs, et que je suis en train de vous préparer leur histoire, mais promis sans l’odeur… 

Ceux qui ont connu le quartier de Pirmil et Pont Rousseau à Nantes autrefois se souviennent des odeurs puissantes des tanneries le long de la Sèvre, des savonneries et autres usines traitant le suif.
Pestilentiel !

Nantes n’était pas une exception, car autrefois bon nombre de ces artisans malodorants étaient au cœur des villes. Allez au musée d’Angers et vous verrez ce magnifique tableau des tanneries sur la Maine côté de la Trinité, que je ne retrouve pas sur Internet.

Pour ma part, je possède le droit de vous montrer ma carte postale de la tannerie à Clisson. Les tanneries d’autrefois sont reconnaissables à leurs séchoirs à claire voie.

J’ai aussi connu le temps avant la machine à laver, où changer de culotte chaque jour n’était pas encore universel, et je ne parle pas des chaussettes etc… Michel Serres, qui a 7 ans de plus que moi, s’en souvient dans « C’était mieux avant ! », à lire absoluement, bien entendu pour clamer que ce n’était pas mieux.

Je prenais alors chaque jour l’autobus pour le Lycée Guist’hau. On entrait dans l’aurobus par l’arrière, on passait devant la dame (je n’ai jamais vu d’homme !) pointeuse, et on remontait en se poussant dans une odeur que la génération actuelle n’imagine même pas !
Que de culottes, que de chaussettes et que de corps pas lavés !!!
Mais les yeux fermés, on savait qu’on franchissait le pont de Pirmil, quand notre nez enregistrait soudain une autre nuance, encore plus désagréble : la tannerie n’était pas loin !

J’ignorais à l’époque que plus tard, penchée sur la recherche de mes racines, je me retrouverai descendante de plusieurs lignées de tanneurs, dont les Jallot à Noëllet, et les Rousselot à Clisson. J’avoue que mon nez a immédiatement « ressenti son souvenir » lorsque j’ai découvert ces ascendants odériférants. Et j’y repense souvent, car je vais ces jours-ci vous illustrer leur aisance, mais vous n’oublierez pas au prix de quel nez !!!

Jean-Louis Beaucarnot « Nos ancêtres étaient-ils plus heureux » nous décrit l’ambiance à la cour, dont les costumes somptueux sont tout sauf lavables, et où on rajoute par dessus les odeurs corporelles des parfums, mais aussi le reste de la population, où même les odeurs de cuisine s’ajoutaient à celles des vêtements et corps pas lavés.
Selon les inventaires après décès que j’ai pu déjà faire, la chemise n’était pas le lot de tout le monde, mais le nombre de chemises indique bien un rang social, et je vai vous en donner un exemple ces jours-ci. Et selon Quynh Delaunay « Histoire de la machine à laver », Puf, 1994, elle est apparue tard.

Mais rassurez-vous, même si on raconte que Louis XIV lui-même empestait à 3 m à la ronde, notre nez est ainsi fait que
« Notre sens de l’odorat est semblable à notre perception des corps chauds ou froids: l’intensité de l’odeur perçue est très forte au début puis se produit une adaptation et une baisse progressive de la sensation ressentie. Pour chaque composé odorant, il existe un seuil en dessous duquel le composé n’est pas détecté. Au-dessus du seuil, l’intensité perçue n’est pas proportionnelle à la concentration, car un effet de saturation est observé: la loi de puissance de Stevens permet de décrire cette dépendance.

Donc, en fait nos ayeux percevaient beaucoup moins que nous les mauvaises odeurs, car ils baignaient dedans et ne les percevaient plus si intenses. En outre, l’effet de seuil épargne au nez humain de très fortes odeurs.

Mais la majorité de nos ancêtres n’a pas connu l’absence d’odeur, et encore plus l’odeur du parfum.

Et je peux vous parler ces jours ci d’odeurs, car en haut de ma tour, je viens de vivre la semaine passée sans eau, puis eau samedi, puis coupure dimanche et à nouveau eau lundi soir, mais entre temps une fuite en bas a noyé l’ascenceur, et je suis en haut avec à nouveau de l’eau et linge lavé, mais plus d’ascenceur.
Je peux témoigner que sans eau en appartement cela n’est pas terrible, au niveau de la chasse d’eau, malgré le grand nombre de bouteilles plastiques que j’avais précautionneusement remplies avant la coupure (ils refaisaient à neuf la colonne d’arrivée d’eau). Une douche aussi c’est bien !!! et ne parlons pas de la machine à laver, alors j’ai beaucoup pensé à nos ancêtres, sans notre confort habituel.

PS. Je ne vais pas mieux : douleurs comme de myalgie, frissons de glaçon permanent, céphalées etc…

Histoire de l’industrie à Nantes après la Révolution

Selon A. Guépin, Histoire de Nantes, 1839 p 506

« L’industrie avait en général moins souffert que le commerce de nos orages politiques. En l’an XI, les mines de Nort et de Montrelais livrèrent 108, 125 hectolitres de charbon de terre. Les salines nous offrent, pour 1802, un produit de 44 à 48 mille tonneaux. La fabrication des clous, liée à nos relations d’outre-mer, avait été réduite de 80 mille quintaux métriques à 10 mille ; la fabrication des toiles n’occupait plus que 230 métiers, au lieu de 500, dans la ville de Nantes. La blanchisserie au chlore avait cessé ; 7 établissements s’étaient formés pour la filature mécanique du coton. Les corderies occupées pour le compte de la marine nationale n’avaient ni prospéré, ni déchu. La chapellerie ne fournissait plus qu’a la consommation locale. La concurrence des indiennes de fraude avait entièrement ruiné nos fabriques. La verrerie ne fabriquait plus que moitié de ses anciens produits ; les raffineries et les distilleries avaient subi l’influence d’une guerre maritime. Parmi les établissements de notre ville se trouvaient : une fabrique de pipes occupant 8 ouvriers, une autre de faïence, servi par 50 ; une manufacture de porcelaine qui en employait 40. Les diverses tourbières , exploitées par 4 mille 247 ouvriers, produisaient 3 millions 247 mille centaines de mottes, au prix de 0,10 le cent. La clouterie, à Nantes, occupait 240 ouvriers ; les fonderies, 30 ; les toiles peintes, 1300 ; la verrerie , 31 ; la raffinerie , 144. On comptait, à cette époque, pour tout le département, 14 pharmaciens , 13 architectes , 174 aubergistes , 213 boutiquiers , 241 bouchers, 52 charcutiers, 243 boulangers, 1 brasseur, 4 bouquinistes , 8 constructeurs de navires, 284 maîtres-charpentiers, 247cordonniers, 1 441 cabaretiers , 35 commissionnaires de marchandises , 10 droguistes, 1 entrepreneur de roulage, 8 fabricants de mouchoirs , 24 de cotonnades , 182 épiciers , 7 fabricants d’eau-de-vie , 9 de chandelles , 1 facteur d’instruments, 4 luthiers , 25 ferblantiers , 23 fariniers , autant de grainetiers, 4 imprimeurs-libraires,3 libraires, 12 limonadiers, 24 horlogers, deux manufactures de brosses , 6 d’indiennes, 2 marbriers , 86 marchands de bois à brûler, 41 de draps, 188 de vin en gros, 142 négociants, 124 médecins , 3 dentistes , 74 perruquiers, 4 poêliers , 84 propriétaires de bâteaux caboteurs, 42 quincailliers, 32 revendeurs, 37 rouliers, 75 tanneurs. Sans doute, le plus grand vice de ce tableau , ce n’est pas d’être incomplet, mais bien d’être fautif. Cependant, il serait à désirer que, pour chaque époque , ou pût en dresser de semblables ; ils donneraient matière à des rapprochements curieux, et jetteraient un jour tout nouveau sur la distribution des produits, partie de l’économie politique que jusqu’ici l’on n’a pas encore étudiée. Les prix de la main d’oeuvre en l’an XI , étaient de 2 fr. 50 pour les tailleurs de pierre , les charpentiers , les plombiers et les menuisiers ; de 2 fr. 25 pour les maçons et les marbriers ; ils variaient de 90 c. à 1 fr. 75 c. pour les manœuvres; les serruriers étaient payés 3 fr. , et les sculpteurs 5 et 6 fr. par jour. En général, 100 fr. placés en immeubles rapportaient, à cette époque, de 5 fr. à 5 fr. 55 c. pour les prairies, de 5 fr. 60 à 5 fr.80 c. pour les terres labourables , de 5 fr. 80 c. à 6 fr. 25 c. ,pour les vignes, de 8 fr. 33 c. à 10 fr. pour les maisons de ville. Prêtés , 100 fr. rapportaient sur billet de 9 a 10 fr. 50 c. ; sur hypothèque de 6 à 9 fr. ; à la grosse, pour les Antilles de 15 à 18 fr. »
Donc 75 tanneurs en Loire-Atlantique en 1800, mais il y en avait encore à Nantes, et c’est Guépin, dans son « Histoire de Nantes » qui nous offre cette vue de l’Erdre à Nantes avant la création du quai des Tanneurs :

Création du quai des Tanneurs

Son nom lui vient des tanneries qui y sont établies. En 1790 le quai des Tanneurs est commencé (Verger, Archives I, 23) – En 1792 on a commencé les deux extrémités d’un quai, dit le Quai-Neuf, qui, devant régner de ce côté de l’Erdre, contribuera peut-être à l’utile projet d’écarter ces tanneries dont les exhalations ne peuvent qu’être pernicieuses aux habitants des environs. (Nouvelles Etrennes Nantaises, Guimar, 1792) – En 1836 par sa délibération du 9 novembre 1835, le conseil municipal a décidé que le quai des Tanneurs, rive droite du canal, sera prolongé dans la partie comprise entre la rue Le Nôtre et la route de Rennes, en acquérant soit à l’amiable, soit par expropriation pour cause d’utilité publique, les portions de propriétés qui doivent entrer dans ce quai, En mairie de Nantes, le 13 avril 1836 (Le Breton, p. 1) – 1836 Des remblais sont jetés sur les deux quais de l’Erdre qui joignent le pont du Port-Communeau à l’entrée de la route de Rennes : on assure que le quai des Tanneurs ne tardera pas à être entièrement ouvert (Le Breton, 20 octobre 1836, p.1) – 1837 L’installation de l’Etablissement du Gaz sur le quai des Tanneurs avance rapidement (Le Breton, 30 juin 1837, p.1)
Née en 1938, j’ai beaucoup connu le quai des Tanneurs car les cars Drouin 7 y avaient leur départ pour Guérande, et on me confiant petite au chauffeur, et je restais bien sage derrière lui, ma petite valise sur moi, sans la lacher. J’ai aussi connu l’usine de Gaz, et j’ai toujours été totalement surprise d’une telle usine au coeur de la ville, mais rassurez-vous cette usine n’était là que dans mon enfance, et elle n’est plus là… mais tout de même comment a-t-on pu remplacer les tanneurs par l’usine à gaz au coeur de la ville, je me le demande toujours…

Les tanneurs de Nantes étaient liés à ceux de Clisson au 17ème siècle

Et j’en descends, et je viens ce jour, 8 novembre 2022, vous conter l’incroyable relation entre tanneurs de Nantes et Clisson.

Les boeufs pour mettre à l’eau le bateau : Le Pouliguen 1910

C’est Noël, et nous sommes nombreux à avoir chanté :

Entre le boeuf et l’âne gris, dors, dors, dors l’enfant Jésus …

Alors, en ce jour où le boeuf tient sa place dans toutes vos crèches, voici le plus inattendu des attelages de boeufs. Nous sommes dans les années 1910. Les boeufs sont sur la place du Pouliguen, au bas de la jetée et de son phare, à l’entrée du port du Pouliguen. Les curieux, estivants bien habillés, pour ne pas dire habillés mondainement, car à cette époque le Pouliguen n’est pas socialement accessible à tous, sont là, pour assister à la mise à l’eau du bateau du passeur, ce bateau qui assure la navette entre La Baule et le Pouliguen, pour les piétons un peu pressés, et surtout trop fatigués pour faire à pied le long détour par le pont si loin !!!

Cette carte postale figure dans l’excellent ouvrage « Le Pouliguen d’antan, à travers la carte postale ancienne » d’Yves Moreau, ouvrage qui m’a été offert par Mme Lucas, elle-même du Pouliguen.

Ici, les boeufs travaillent dans les années 1930 à la Turballe. Ce grand jardin bord de mer, venté, était peu propice à la culture et mon oncle (ici conduisant le boeuf) s’efforçait d’entretenir cette terre inculte en ces W.E., car dans la semaine il avait son commerce d’épicerie quincaillerie en gros FAGAULT rue Saint Michel à Guérande, et descendait en voiture à Belmont à la Turballe le W.E. Cette photo est donc un témoignage du travail des boeufs à la Turballe, dans les années 1930, et j’ignore tout après la guerre… Si vous savez si après la guerre on les utilisait encore, merci de faire signe.

Alors, je dédie ce Noël à ce boeuf de l’enfant Jésus, et à tous les boeufs qui oeuvrent toujours en France. Allez-voir le site sur tous ces boeufs actuels, il vaut la peine tant il est riche de données.

Et surtout chantez :

Entre le boeuf et l’âne gris, dors, dors, dors l’enfant Jésus

Joyeux Noël à tous

Odile

 

 

Inventaire après décès des peaux et cuirs de PINSON tanneur : Armaillé 1662

Je descends des ALLANEAU et ceux qui me suivent depuis longtemps savent combien j’avais travaillé cette famille Allaneau.

Ici, une Allaneau a épousé un marchand tanneur PINSO, tout comme d’ailleurs je descends d’une autre Allaneau ayant épouse un autre marchand tanneur JALLOT car les tanneurs étaient nombreux dans la région, et surtout tous liés.

Vous avez déjà sur mon site et mon blog de tels inventaires, dont celui de mon ancêtre Julien Jallot en 1724. 

L’inventaire de Pinson que je vous mets ce jour est cependant fait 62 ans plus tôt, ce qui signifie en clair qu’il n’existe plus d’archives notariales de la région de Pouancé à cette date de 1662. Car bien entendu l’inventaire est fait sur place par des gens compétents en peaux et cuirs sous la plume d’un notaire local. Donc, si on retrouve encore l’inventaire qui suit c’est dans les papiers de famille aux Archives Départementales, sous la série E, qui donne parfois d’heureuses surprises, et même si ce sont des copies et non des originaux comme les séries notariales, on peut penser qu’il y a peu d’erreurs dans ce décompte des peaux.

Un tanneur est un petit bourgeois local, et vous allez voir que ses peaux et cuirs se montent à plus de 6 000 livres, ce qui est une petite fortune. Bien que je ne sois jamais parvenue à estimer le personnel d’un tanneur, je suis certaine que compte tenu des activités proprement commerciales que cela engendre pour acheter et vendre, en se déplaçant partout à cheval, et sur tous les marchés de la région, sur beaucoup de km, il est manifeste que le travail manuel, assez pénible, était effectué par des ouvriers, qui n’en portaient pas encore le nom, mais celui de domestiques.

Donc à Noëllet, on fabrique des longes (pour attacher les bêtes), des baudriers, différents cuirs pour les différentes chaussures. Et l’acte montre que pour ventre il avait en dépôt jusqu’à Craon chez des hôteliers ou autres. Le tanneur avait donc des points de vente relais, et ce, assez loin, à plus de 20 km.

Les experts pour évaluer les peaux et cuirs sont bien sûr ses concurrents, mais je reste persuadée qu’ils étaient tous solidaires, car même liés de famille. Voyez ma page sur Armaillé – et celle sur Noëllet.

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, E3616 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle)

Je vous ai mis en GRAS ROSE les totaux intermédiaires.

Le 18 janvier 1662 inventaire des peaux et cuirs demeurés après le décès de defunt honnorable homme Jacques Pinson vivant marchand tanneur trouvés en la tannerie dudit deffunt au lieu de la Basse Jaille paroisse d’Armaillé où seroit décédé ledit defunt, ledit inventaire fait à la requeste de honnorable femme Marguerite Pinson veuve de honnorable homme Mathurin Lenfentin, fille et unique héritière du premier mariage dudit defunt et de Marguerite Leroy ses père et mère, laquelle Pinson a déclaré accepter ladite succession de sondit père soubz bénéfice d’inventaire, et encores à la requeste de honnorable femme Claude Allaneau veuve en second mariage dudit defunt mère et tutrice de Claude, Françoise, Renée et Catherine les Pinson leurs enfants dudit second mariage. Auquel inventaire a esté vacqué par nous Pierre Bruneau advocat et notaire de la baronnie de Pouancé (f°2) en vertu de la permission à nous donnée par monsieur le lieutenant général de la sénéchaussée et siège présidial d’Angers en date du 21 décembre dernier, avec moy pour adjoint Me Julien Debediers aussi notaire de ladite baronnie de Pouancé et en présence de honneste personne Guillaume Cheussé et Guillaume Jallot marchands tanneurs demeurant en la paroisse de Nouellet et Guillaume Viel aussi marchand tanneur demeurant en la paroisse de Pommerieux experts convenus pour procéder audit inventaire. Auquel a esté vacqué comme ensuit : du mercredi 18 janvier 1662 (f°3) En la salle basse et entrée principale de ladite maison a esté trouvé de cuir sec et coupé estant en détail pour la somme de 118 L – Dudit lieu transportés en la tannerie où aurions trouvé nombre de virailles[1] et baudriers[2] prisés 85 L 203 – Item dans la haulte chambre où est décédé ledit defunt nombre de vaches[3] feillets et molleteris[4] 145 L 348 – Plus ung aultre lot de feillets de veulie et une vache le tout de courairie 24 L 372 – Item quantie de vaches gressées prisées 130 L 5 S 502 – Un nombre de vaches dans la coudrouère 120 L 622 – (f°4) et de ces lieux transportés où sont les eauges à une fort et moleterie avons trouvé 41 cuirs garnis qui sont en troisième prisés 18 L chacun soit 738 L 1 360 – Plus 4 longes non garnies 32 L 1392 – Item 24 cuirs en seconde prisés 16 L pièce dont il y a ung d’habillage 384 L 1 776 – Plus le nombre de 45 cuirs en première prisés 15 L chacun soit 675 L 2 451 – Item 16 cuirs à fort prest à tanner et une tranche prisée 19 L pièce et ladite tanche et collet à 13 L soit 357 L 2 808 – Item 23 peaux de tore et vache prisées 7 L pièce soit 161 L 2 969 – Et desdites auges transportés sur les pelaires qui sont dans la grange et une petite (f°5) pille montant 11 peaux de boeufs prisées 150 L 3 119 – Item 26 peaux de vache et tore 164 L 3259 – Item 40 peaux de boeufs et une pille 500 L 3 759 – Plus une autre petite pille dont il y en a 12 et ung long tant boeuf que vaches 130 L 3 889 – Item dans ledit peloire le nombre de 26 longes, feillets prisés 6 livres 6 sols pièce, doit 169 L 4 058 – Plus dans lesdits peloires 20 peaux de boeufs prisées 11 L pièce soit 220 L 4 278 – Item sur lesdits pelaires une autre (f°6) pille de 30 peaux de boeufs prisées 13 L pièce soit 345 L 4 623 – Dudit lieu transportés sur les peloires qui sont en la maison principale où a esté trouvé une pille de 30 peaux de boeufs proche la cheminée prisées 12 L 10 S pièce soit 390 L 5 013 – Item audit peloire 10 peaux fresches et une pille 120 L 5 133  – Plus 11 longes[5] à 7 L pièce soit 77 L 5 210 – Item une autre pille de peaux font il y en a 31 de boeufs qui est contre la porte dudit logis 465 L 5 675 – Plus une autre pille proche la porte dudit logis qui sont tant de boeufs que (f°7) vaches qui sont planées jusques au nombre de 35 à 11 L pièce soit 385 L 6 060 – Item 5 peaux de vache 25 L 6 085 L 5 S – Le présent inventaire monte et revient à la somme de 5 586 L 5 S – Décerné acte aux parties ce que lesdits experts ont parachevé, et attendu que le surplus des eauges qu’ils ne peuvent estimées que les faisant lever et nombrer pour icelles apréter au veron et que n’aiant lesdites parties des matières pour icelles traiter causeroit une notable perte a esté dit attendu les rigueurs de l’hiver à lever lesdites eauges et à (f°8) continuer ledit inventaire, et pareillement décerné acte auxdites parties de ce que lesdits experts ont dit concordément avoir veu en la ville de Craon en la maison de Jehan Guion hoste au Chaperon Rouge soubz la presse pour la somme de 160 L de cuir à vendre et lesdits Cheussé et Jallot de ce qu’ils ont dit avoir veu soubz la presse de la ville de Pouancé en la maison de noble homme Jehan Geslin conseiller au grenier à sel de Pouancé pour la somme de 80 L de cuir. Fait et arresté audit lieu de la Basse Jaille en présence desdites parties et en présence de Louis Fromont et Jehan Cochin demeurant audit lieu de la Basse Jaille »

[1] viraille : courroie, fouet de cuir (http://www.atilf.fr/dmf/)

[2] baudrier : cuir de grain de vache, luisant, poli et lissé, épais et teint. On en faisait des ceintures, des bandoulières, des collets de dogues (LACHIVER M. Dictionnaire du Monde rural)

[3] vache : peau de vache, corroyée et dont on fait des chaussures, des harnais etc… (LACHIVER M. Dictionnaire du Monde rural)

[4] mollèterie : sorte de cuir de vache servant de semelles aux chaussures légères (LACHIVER M. Dictionnaire du Monde rural)

[5] longe : corde ou forte lanière de cuir plus ou moins longue, destinée à attacher les animaux (LACHIVER M. Dictionnaire du Monde rural)