Apprentissage de drapier-drapant, Morannes (49), 1619

Voici encore un contrat d’apprentissage qui vient enrichir ma base de données.

(Archives Départementales du Maine-et-Loire, série E) : Le 21 mars 1619, en la cour royale de St Laurent des Mortiers, par devant nous Jacques Jucqueau notaire d’icelle demeurant à Morannes,
Jacques Roguet marchand demeurant paroisse de Daumere étant de présent audit Morannes
confesse avoir baillé et mis comme aprantif dudit jour en deux ans en suivant Jehan Roguet son fils à honneste homme Jehan Letourneux drappier drappant, demeurant audit Morannes, à ce présent, prenant, retenant ledit Roguet fils dudit estably à son apprantif (apprentif), auquel ledit Tourneux sera tenu et promet monstrer et ensaigner (enseigner) au mieux qu’il pourra son dit mestier de drappier en quelque façon qu’il doibve estre monstré par son dit mestre (maître) à cause dudit estat et durant ledit temps luy quérir et livrer son vivre de boyre manger feu lit logis lumière bien et convenablement comme il appartient ensemble le traictter (traiter) doucement (j’aime tout particulièrement cette phrase, et je suppose qu’elle est là parce qu’il a existé des maîtres plus durs que d’autres)

et ledit Roguet père fournira à son fils de vestement et habits honnestes en quelque façon que ce soit selon estat, pour rayson duquel apprantissayge ledit Roguet estably sera tenu promet et gayge payer audit Le Torneux mestre dudit apprantif la somme de 23 livres en ceste manière que cy-après c’est à savoir la moytié à la Saint Jehan Baptiste prochainement venant et le surplus de ladite somme au jour et terme de Quasimodo en un an, (je n’ai pas vu la durée de l’apprentissage qui a été oubliée dans cet acte, mais le fait que le second terme soit dans un an laisse à penser que la durée est de 2 ans, car les termes étaient toujours payables d’avance)
présent à ce ledit Jehan Roguet apprantif aagé de sese (seize) à dix sept ans (si on n’a pas la durée de l’apprentissage, on a par contre l’âge de l’apprenti, ce qui est rarement indiqué dans un contrat, ici 16 à 17 ans, et au passage on remarque le manque de précision alors que le père sait signer et devrait savoir compter l’âge de son fils) qui ce présent bail et tout ce que dit est a eu pour bon et agréable et promet servir ledit Tourneux sondit mestre bien et loyalement à son mestier et en toutes choses licites et honnestes, fayre son profit et fuir son dommaige et l’avertir du contrayre s’il vient à sa cognoissance, sans cesser de servir durant ledit temps et en cas de fuitte ledit Roguet père le promet quérir en quelque lieu et place qu’il fut et le ramener audit Tourneux son mestre pour et affin que ledit Roguet son fils parachève son dit contrat d’apprantissage, et oultre ledit Roguet estably à toute loyauté et prodhommie, mesme ledit apprantif son corps à tenir prison (encore ce point de droit, très contraignant à nos yeux, mais autrefois on ne badinait pas avec l’abscence de l’apprenti).
Fait audit Morannes en la maison d’Estienne Poyson hoste dudit Morannes (le nom ne semble pas terrible au premier abord pour un hôtelier, mais rassurez vous, il ne s’agit que de l’orthographe fautive du patronyme Poisson, plus rassurant), ès présence de honneste homme René Cesnault sieur de Primault, Jehan Jouault cordonnier témoins, lequel Letourneux a dit ne savoir signer . Signé : J. Roguet, Jouault, Cesnault, Jucqueau

Le drapier drappant fabrique et vend, et le marchand drapier vend seulement, et ce dernier est généralement installé dans une grande ville comme Angers, Nantes. Voici la définition exacte des deux métiers :

DRAPIER, s. m. (Comm.) marchand qui fabrique le drap, ou qui le vend. On appelle le premier Drapier-drapant, & le second marchand Drapier – DRAPANS, s. m. (Commerce.) nom par lequel on distingue les ouvriers fabriquans les draps des marchands qui les vendent ; on appelle les premiers drapiers-drapans, & les seconds marchans-drapiers. (Encyclopédie Diderot)

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.

Transfert de technologie à Laval : brasseur de bière, 1639

Voici un transfert de technologie résoluement moderne. C’est exactement ainsi qu’on s’y prend encore à travers la planète en 2008. Certes, ce n’est plus la chandelle qui est fournie, mais un confort plus moderne. Ceci dit, cela signifie que la chandelle coûte et qu’il est nécessaire de préciser les points coûteux dans un contrat, ce qui est encore aujourd’hui précisé. Donc, pour mettre en route une fabrication nouvelle, on débauche pendant quelque temps un ingénieur (c’est le terme moderne) compétent venu d’ailleurs, on lui donne un salaire élevé voir très elévé, et durant cette période on apprend comment il travaille :

L’acte qui suit est extrait des Archives départementales de la Mayenne, serie 3E – Attention, je passe en retranscription d’un document, dans son orthographe d’origine : Du 19 avril 1639 avant midy devant nous Jean Barais notaire de la cour de Laval et y demeurant ont esté présent et personnellement establys chacuns de Georges Bourgeau Sr de la Baste et François Cornillau Sr du Rocher, demeurant en ceste ville d’une part,
et Jacques Thieboust Me brasseur ordinaire de bierre (bière) demeurant en la ville de St Malo, estant de présent en cette ville d’autre part, lequel pour l’effet des présentes a prorogé de juridiction devant nous renonçant à tous renvoys, (ils sont tous sieurs de quelque lieu, c’est à dire qu’on est ici dans le milieu aisé, de propriétaires de biens immobiliers, et qui ne se contentent pas de vivre du rapport de leurs terres mais exercent une autre activité pour arrondir encore les revenus)

lesquels soubmettant confessent avoir fait entr’eulx ce qui ensuit, c’est à scavoir que ledit Thieboust a promis et s’est obligé servir lesdits de la Baste et du Rocher pendant le temps de quatre mois à travailler à la brasserie de bierre qu’ils désirent faire faire en cette ville que commanceront au premier jour de may prochain pendant lequel temps il travaillera à ladite brasserie continuellement et sans discontinuation

et ce moyennant la somme de trente six livres par chacun mois, et, trois solz par chacune barique qui sera faicte, laquelle somme lesdits Sr de la Baste et Sr du Rocher luy ont promis et se sont obligez solidairement luy payer à la fain (sic, pour fin) de chacun desdits mois, et luy fourniront de lit et chandelles pour travailler, aura et prendra son usage de bierre et hommes pour luy ayder à travailler en icelle,

et fourniront lesdits sieurs de toutes ustancilles et matières nécessaires qu’il convient à ladite brasserie, laquelle ils mettront en estat audit premier jour de may,

ce qui a esté ainsy voulu accordé stipullé et consenty par lesdites partyes dont à leur requeste les avons jugés,

fait et passé audit Laval ès présence de Me Pierre Gaultier notaire, et Bernard Saites sergent demeurant audit Laval. Signé de tous.

De vous à moi, la bière à St Malo était utile à bord, pour changer un peu du vin, donc pas étonnant qu’on ait brassé à St Malo ! A Nantes, ma ville, on a beaucoup brassé, et j’ai trouvé un site de jolies étiquettes souvenir de ce temps.

Mais revenons à ce contrat. Il y manque un point important. En effet, il y a 134 km de Saint-Malo à Laval, par Fougères et Mayenne, soit 3 bonnes journées de cheval. Il n’est pas fait mention des frais de voyage de Thiboust, et encore moins de la pension de son cheval pendant 4 mois, car un cheval cela mange même lorsque cela ne court pas… Donc Thiboust a pris une quelconque messagerie, et pris à ses frais le voyage. De nos jours, le voyage est aussi inclus dans le contrat.
Ceci dit, le salaire est élevé, et même très élevé… et compense largement ce point

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.

Baudreur, baudreur de balline : un métier dans le matelas de filasse, mais n’est pas brodeur

(baudre, filasse de racines de plantes) et la balle d’avoine, en Anjou. L’Anjou, comme les autres provinces de France, avait souvent un vocabulaire local. En particulier,

la baudre désignait la filasse grossière fournie par la racine des plantes. Je tiens ce terme du Glossaire étymologique et historique des patois et des parlers de l’Anjou, de Verrier et Onillon, 1908, qui a été repris par Lachiver dans son Dictionnaire du monde rural, Fayard, 1997.

Je note au passage qu’on utilisait la racine des plantes pour faire de la filasse, mais j’ignore quelles plantes. Je suis venue à ce terme parce que j’ai aperçu un métier curieux, que j’ai tenté de comprendre. Voici donc d’abord deux actes dans lesquels figure ce métier :

Voici le 1er acte : Le 17 janvier 1628 Dvt Jacques Jucqueau Nre royal de la court de St Laurents des Mortiers (Archives Départementales du Maine et Loire, série 5E) Dt à Miré, François Amiar marchand baudreur de balliene d’une part et Renée Moreau preneure d’autre part demeurant au bourg dudit Miré,
lesquels ont fait ensemble le bail à titre de soubzferme convansions et obligasions qui en suive, savoir est que ledit Amiard a baillé audit tiltre pour le tens de toys ans continuels qui ont commansé au jour et feste de Toussaint dernière et à finir à parrail jour à ladite Moreau prenante et acceptante pour elle scavoir est
ung apentis de maison dans lequel y a cheminée estant adjasent la maison que ledit Amiard tient à tiltre de ferme de Me Jean Davy, lequel apantis en dépans
à la charge de ladite Moreau d’an poyer par chacun an audit Amiard la somme de 30 sols le premier poyement commansant à la Toussaint prochene et à continuer et a donné ledit Amiard à ladite Moreau coure di prandre pandant ledit tans des herbes dans ces jardins pour l’usaige de ladite Moreau seulement, et ou ledit bail seroit rompu ce présent n’aura lieu entres lesdites seules parties sans aulcun dommayges ne interestz. Signé Amiard. ( »Nous avons vu la balline le mois dernier »).

Voici le 2e acte : Le 17 janvier 1628 Dvt Jacques Jucqueau Nre royal de la court de St Laurents des Mortiers (Archives Départementales du Maine et Loire, série 5E) Dt à Miré, Renée Moreau assistée de François Amiar marchand baudereur son procquereur et amy à ce présant demeurant audit Miré, laquelle a recogneu avoir esté logé cy-davant par l’espace de trois ans en la maison des enfans de Jean Titau au bourc dudit miré et qu’elle a esté traitée chauffée logée saine et mallade et assistée par ledit Jean Tiraut lors qu’elle estoit mallade, pour lequel traitement et logement et antretien ladite Moreau a desduit et rabattu audit Jean Tiraut et sesdits enfants la somme de 64 livres qui luy restent à payer sur une obligation en forme de transaction receu devant Me Jean Davy notaire montant 100 livres

François Amiard signe fort bien, et je le mettrai par habitude de ce type de signature au niveau de certains marchands de fil. Le premier acte est très intéressant car il est précisé « baudreur de balliene ». Or, la balline n’est autre que le matelas rempli de balle, enfin, là encore, le terme est purement angevin. Donc manifestement notre marchand est bien dans la filasse et ses produits dérivés, il n’y a aucun doute à avoir. Bien entendu le métier de « baudreur » ne figure nulle part, mais manifestement dans ce petit coin d’Anjou, on a été jusqu’à coller à la baudre son métier. Or, ce coin d’Anjou, c’est à dire l’E.N.E., est celui où j’avais trouvé un brodeur mettant son fils en apprentissage chez un tailleur d’habits. J’ai donc relu ce contrat d’apprentissage, que voici :

et cette fois, je suis prise d’un doute, et j’ai l’impression qu’il pourrait s’agir ici d’une forme orthographique du baudreur ? Ainsi, je m’expliquerai mieux ce père baudreur mettant son fils en apprentissage chez un tailleur d’habits, car un tailleur d’habits rural ne fait rien à la mode. La mode se fait à Paris, puis descend dans les grandes villes de province, et je peux vous affirmer que les dames fortunés susceptibles de s’habiller de robes brodées, visaient très précisément la mode de Paris, au pire d’Angers ou Nantes. D’Anjou elles allaient à Angers passer leur commandes pour s’habiller, pas à la campagne, et même j’ai trouvé un acte par lequel une angevine demandait qu’on lui ramène une robe de Paris. Donc le brodeur de campagne est impossible…
D’ailleurs, il n’y a pas si longtemps que cela la mode était encore Paris, elle arrivait quelques mois plus tard à Nantes, mais dans la campagne ce n’était pas terrible dans les boutiques, et cela a beaucoup évolué depuis peu… Ma génération aura vu cette révolution dans la mode…

Et au passage, le second acte est fort intéressant, car cette femme a été hébergée pour 64 livres pendant un an, mais ne peut sans doute continuer de tels frais, alors elle a trouvé à louer un appentis à François Amyard qui lui coutera moins cher…

Autre remarque, amusante. Si vous tappez « balle d’avoine » en mettant bien ainsi les crochets, dans n’importe quel moteur de recherche sur le Web, vous allez voir apparaître des sites qui préconisent pour la santé le matelas de balle d’avoine. Ils sont surtout Canadiens, preuve qu’eux au moins n’ont pas oublié les bonnes pratiques de nos ancêtres, car il paraît qu’on y dort mieux… Donc me voici rassurée, nos ancêtres ne dormaient pas dans l’inconfort…

Voyez aussi le contrat d’apprentissage d’un fils de baudreur comme tailleur d’habits

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

Contrat d’apprentissage de tailleur d’habits, à Corzé (49), 1635 pour Julien Billy de Soucelles chez Symphorien Robert

ATTENTION : DEPUIS LA PARUTION DE CET ARTICLE, j’AI DECOUVERT LE METIER DE BAUDREUR. Allez voir mon article sur le baudreur.

Nous poursuivons les contrats d’apprentissage.

Voici le contrat d’apprentissage de tailleur d’habits en 1635 à Corzé. Attention, nous passons en retranscription d’un acte c’est à dire en orthographe telle que dans l’acte.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E
Voici la retranscription de l’acte : Le 22 septembre 1635, devant Christofle Davy notaire royal à Baugé, résident à Corzé, furent présents établis et deuement soubmis chacuns de Simphorien Robert tailleur d’habits demeurant au bourg de Corzé d’une part, et René Billy brodeur et Julien Billy son fils demeurant en la paroisse de Soucelles, d’autre part, (le brodeur est un métier d’art, infiniement plus compliqué que celui de tailleur d’habits, et le papa brodeur est vivant. Le brodeur fait par exeple les magnifiques chasubles des prêtres, telles qu’on pouvait autrefois les voir… On pourrait dès lors supposer que ce fils est soit un cadet et le papa ne peut laisser la broderie à plusieurs fils, soit tout bonnement un incompétent en broderie, que le papa tente de caser dans une autre filière.)
lesquels ont fait et font par ces présentes le marché d’apprentissage qui ensuit c’est à savoir que ledit René Billy a baillé et baille sondit fils audit Robert pour aprentif dudit estat de tailleur d’habits pour le temps de deux années entières qui ont commencé de ce jour et finir à pareil jour
à la charge dudit Robert de montrer et d’enseigner sondit estat audit Jullien Billy à mieulx qu’il luy sera possible, iceluy loger, norir (nourrir), coucher et laver et luy faire blanchir son linge et le traiter et gouverner comme aprentifs (apprentis) ont de coustume d’estre
comme aussy à la charge dudit Billy de demeurer pendant ledit temps en la maison dudit Robert, travailler audit estat et faire toutes autres choses lisittes (licites) et honnestes (honnêtes) qui luy seront par luy commandées estre faites,
le présent marché pour et moyennant la somme de 40 livres tournois de laquelle somme ledit René Billy en a présentement et au veu (vue) de nous payé contant audit Robert la somme de 15 livres tournois qu’il à prinse (prise) et receue en monnoye (monnaie) ayant à présent court dont il se contente et le surplus montant 25 payable par ledit René Billy audit Robert savoir la moitié du jour d’huy en ung (un) an prochain et l’autre moitié à la fin desdites deux années,
ce qui a été stipulé et consenti etc… tenu et obligé … même par corps dudit Jullien Billy à faulte de demeurer pendant ledit temps en la maison dudit Robert…
fait et passé en notre maison en présence de Me Estienne Lallier écolier estudiant à la Flèche (saluons au passage, un élève du collège du Prytanée, belle institution que nous a laissé Henri IV), et Jacques Mesnard peintier demeurant audit Corzé, témoins. Signé : René Billy, Julien Billy, Lallier, Davy – Ledit Robert a dit ne savoir signer. (on voit que les Billy père et fils sont plus cultivés que le tailleur d’habits)

Si vous avez des éléments sur la famille Billy en question, merci de nous éclairer dans les commentaires ci-dessous, afin que nous comprenions pourquoi le papa brodeur (métier très noble) met son fils en apprentissage de tailleur d’habits.
La durée d’apprentissage du tailleur d’habits varie : j’ai déjà 20, 24 et 30 mois.

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

Contrat d’apprentissage de sergier et teinturier, Aviré (49), 1764 pour Maurice Bourneuf chez Mathurin Lemanceau

(Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E)

Nous poursuivons les contrats d’apprentissage. Vous vous souvenez, le serger ( »sarger, sergier ») est celui qui tisse la laine.
Le contrat ci-dessous est particulier en plusieurs points :
il nous apprend que certains sergier pratiquaient la teinture de leurs draps de laines

La teinture de draps, miniature in Bartholomeus Anglicus, Des proprietez des Choses, Bruges, 1482 (Londres Royal British Library)

L’apprenti a 25 ans, et ne paiera rien. Il semble donc que l’un et l’autre y trouvent leur compte, car l’apprenti participe assez aux travaux.

Voici la retranscription de l’acte : Le 11 février 1764, devant Pierre Allard notaire royal en Anjou résidant à Louvaines, furent présents Mathurin Lemanceau serger et teinturier, demeurant aux Crusardières paroisse d’Aviré,
et Maurice Bourneuf garçon âgé d’environ 25 ans, demeurant en qualité d’apprentif en la maison dudit Lemanceau,
lesquels sont convenus du brevet d’apprentissage promesses et obligations suivantes à savoir que ledit Lemanceau prend et accepte ledit Bourneuf en qualité d’aprentif en sa maison et demeure pour le temps de 2 ans commencés de Noël dernier,
pendant lequel temps il promet et s’oblige lui montrer et enseigner à son possible sondit métier de serger et la teinture des laines et étoffes qu’il fabrique et ainsy qu’il le fait ordinairement et non plus avant, le nourrir, coucher, reblanchir et chausser ainsi qu’il appartient à aprentifs de même métier,
ce que ledit Bourneuf a accepté, promis, promet et s’oblige exécuter et travailler audit métier de serger et teinturier, pendant ledit temps, et même tirer et filer de l’étein (je n’avais pas trouvé la signification, c’est fait grâce à vous, voir ci-dessous), sans pouvoir s’absenter ni ailleurs aller travailler sans le consentement dudit Lemanceau, sous les peines qui y appartiennent,
comme aussi il promet et s’oblige d’aider ledit Lemanceau à travailler sur les terres qu’il exploite seulement dans le temps de la récolte,
le présent brevet d’aprentissage ainsi fait aux conditions et obligations cy-dessus et pour ledit temps de 2 ans commencés de Noël dernier, seulement et pour tout payement, et si les parties veulent des expéditions des présentes elles les payeront chacun à ses frais…
fait et passé au bourg de Louvaines, demeure de Jean Beaumond hôte, en présence de Marc Paigis marchand demeurant à Louvaines témoins.

Au fil de ces contrats, vous découvrez la durée de formation de chacun. Mais au fait, quelle est la durée de formation d’un chirurgien ? Elle arrive bientôt, mais vous pouvez émettre ici vos hypothèses, compte-tenu de ce que vous savez déjà des autres métiers.

Je prépare une petite histoire rarissime dans une succession, qui sent bon la chasse au trésor. Elle arrive bientôt, malheureusement, je ne peux laisser le titre (la fameuse case en haut, et le sous-titre), en forme d’énigme, car les moteurs du WEB n’analysent pas la recherche des trésors et les énigmes, mais bien des termes plus substantiels, donc vous aurez la réponse dans le titre… désolée de cette forme concrète des méthodes du WEB. Mais sincèrement préparez vous à une affaire rocambolesque…

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

Chef-d’oeuvre de serrurier, Château-Gontier, 1757 pour être admis dans le corps des maîtres serruriers de la ville, ayant statuts

Nous avons vu que le l’apprentissage d’un serrurier durait 4 ans, passons au chef-d’oeuvre.

  • Et d’abord, pourquoi un chef-d’oeuvre ?
  • Les maîtres serruriers étaient regroupés en corporations ayant des statuts, et pour y être admis il fallait réaliser un chef-d’oeuvre, fixé par les confrères.

    Voici la retranscription de l’acte : Le 20 mai 1758 Dvt Nre royal à Château-Gontier, Pierre Gambier, compagnon serrurier à Château-Gontier, prie Michel Ribay, Estienne Perrel, Jean Ricou, René Bonnomet, et Pierre Houdbine, maîtres serruriers, Dt à St Rémy, St Jean et faubourg d’Azé, de bien vouloir le recevoir dans leur corps et communauté promettant pour cet effet de leur porter respect et confraternité en véritable confrère,
    lesquels acceptent à condition que ledit Gambier fasse un chef d’œuvre qui consistera en une serrure dont la clef sera forée et encavonnée, dont la ferrure représentera une fleur de lys, laquelle serrure sera de 7 pelles séparés et un demi tour au milieu. (j‘ai découvert en tappant ce texte la notion de décor dans ce métier, et j’ai aussitôt été voir les planches de l’Encyclopédie Diderot. C’est extraordinaire tout ce qu’un serrurier faisait : depuis les fenêtres lorsqu’elles avaient des vitres, les espagnolettes des fenêtres, les innombrables serrures d’armoires, coffres, portes, les barreaux aux fenêtes, comme la fenêtre que nous avons vu dans le billet sur le prix du lit, etc…et le tout avec ferrures décoratives, et je vous ai mis quelques exemples, puis j’ai pesé la seule clef en ma possession, sur mon armoire, et elle pèse 60 g, et je pense donc que la plupart des clefs de coffre et armoire étaient de cet ordre, les portes allant surement jusqu’à 100 g et au delà dans les châteaux)

    Le 30 décembre 1757 Joseph Jolly, compagnon serrurier, de présent à Château-Gontier chez Lucas Jolly son frère, marchand, demeurant rue de la Poislerie, demandait la même chose aux mêmes. Jolly s’oblige faire un chef d’œuvre qui consistera en 6 pelles séparées, clef forée formant un trèfle partant sa queue et encouronnée, le tout en parement.

    Mais au fait, je viens de réaliser que le serrurier possédait autrefois une forge, que son travail de serrurier fabriquant les serrures, etc…, était à la forge. Les planches de l’Encyclopédie Diderot m’ont éblouie sur le sujet, tant les oeuvres étaient élaborées (serrures multiples et complexes) et artistiques (on vient de voir la fleur de lys sur une serrure, un trèfle sur une autre).

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.