Des femmes signaient fin 16ème siècle à Vitré, Le Pertre, Brielles

Et sans doute avant, car il y a peu de sources pour le savoir, et les baptêmes sont le plus souvent sans les signatures il y a 4 siècles, aussi lorsqu’il existe des signatures sur ces actes, je m’en réjouis et je ne manque pas de le noter.

Donc, comme je vous le disais ici il y a 3 jours, la branche Hévin du Pertre va parfois accoucher à Vitré, car Jacquine Ronceray, leur mère, en est issue, d’une famille d’avocats, dans laquelle les femmes sont éduquées. Or, j’ai autrefois longuement étudié plusieurs familles d’avocats à Angers, dont je descends, et j’ai observé 2 sources qui indiquent comment ces filles étaient éduquées. L’une, dans mon étude Joubert, donne le contrat de remariage dans lequel une claude rarissime existe, je dis bien « rarissime », car j’ai dépouillé près d’un millier de contrat de mariages, et c’est la seule fois où j’ai rencontré cette mention.

« les enfants du 1er mariage dudit Joubert seront nouris et outre élevés ensemble un précepteur nouri en la maison d’iceux futurs conjoints, sans qu’ils soient tenus payer pension sur leurs biens jusqu’à l’âge de 20 ans, fors pour le regard des filles qui demeureront en leur maison jusques à ce qu’elles soient mariées ». Contrat de remariage de René Joubert le 24 mars 1587 à Angers.

Mais je ne peux en conclure que le précepteur était dans toutes les familles de la judicature, et que les filles y avaient droit, par contre à la même époque, toujours pour Angers, j’ai une autre ancêtre, mise au couvent à 9 ans, et on l’en retire à 16 ans pour la marier à un veuf. Elle signe, et c’est donc le couvent qui servait d’école pour quelques unes au moins de ces filles de la bourgeoisie, en l’absence d’école, car il faudra encore attendre plusieurs siècles avant de voir des écoles pour filles.

Donc à Vitré, soit les filles avaient droit à un précepteur, mais je doute fort que les filles de la bourgeoisie du Pertre et de Brielles aient eu un précepteur, je pense plutôt à un couvent, car je vois mal les mères éduquer leurs filles à l’écriture et lecture, mais sans doute que je manque de clairvoyance. La question m’obsède ces derniers temps, car j’aimerais comprendre comment, en l’absence d’école, on savait écrire.

Donc, je me réjouis de constater que j’ai dans mes ascendants des femmes qui signent fin 16ème. Jacquine Ronceray bien sûr signait, et voici la génération suivante (quelques extraits) !

Mais si j’ai du plaisir à voir ces actes, je suis triste aussi de lire ces jours-ci, en relisant et revoyant tout mon travail Audineau combien on ne savait pas signer, et ce même les garçons, après la Révolution à Clisson.

Et surtout, je reviens vous conter qu’à Brielles, le registre est très, très spécial. J’ai lu longuement et exhaustivement tant de registres, que vous conviendrez que je peux mesurer la rareté des naissances illégitimes et la manière très variée dont elles sont retranscrites, tolérées ou peu tolérées. Or, le registre de Brielles est sur ce point, c’est à dire les naissances illégitimes, tout a fait rarissime : le registre de Brielles contient quasiement une naissance illégitime par page, et même une naissance illégitime dans laquelle la mère refuse de garder l’enfant car il est né « débile », donc elle se bat pour rejeter l’enfant au père, en vain bien entendu. Bref, ce registre est tout à fait exceptionnel, à tel point qu’en le lisant j’avais le sentiment d’avoir sous les yeux, en cette zone alors frontière, une maison du type de celle qu’on nous montre parfois à la frontière espagnole !!! Mais il faut aussi que je vous conte qu’à Brielles il existait une famille au patronyme Catin, et quand c’est alors un marraine pour enfant illégitime, j’avoue avoir éclaté de rire, et pourtant je m’en veux car il n’y avait rien de risible, mais avouez que c’était exceptionnel.

Donc toutes femmes n’étaient pas respectées…. et à Brielles je suis plus triste que réjouie.

Odile

 

La rue Dos d’Âne (Nantes) en 1901 : une unique famille nombreuse

Je suis l’aînée d’une famille nombreuse, et l’histoire des familles nombreuses m’intéresse à ce titre.

La rue Dos d’Âne comptait 568 habitants dans 169 foyers en 1901, dont la majorité sont peu aisés à pauvres, voire sans travail. Je vais vous les mettre ici, mais ce jour je tiens à souligner qu’il n’existait alors qu’une unique famille nombreuse, avec 7 enfants, dans les autres foyers peu d’enfants, mais par contre ils vivent longtemps au foyer, et logent aussi des proches.

Voici donc la méritante famille TARDIVEL (dans la colonne de droite on a l’employeur, ici « divers »). La famille Tardivel demeure au n°73, maison surpeuplée, et je suppose que chaque foyer de cette maison n’avait donc qu’une pièce. Le père est manoeuvre aux Chantiers, et la mère, comme une grande partie des femmes est dite « néant », comme si elle ne faisait rien, on dira plus tard « sans profession » pour les maîtresses de maison :

Tardivel Joachim 48 chef manoeuvre Ch. Loire
Lemoux Azéline 45 femme néant
Tardivel Francis 22 fils manoeuvre divers
Tardivel Célestine 21 fille néant
Tardivel Henri 20 fils manoeuvre divers
Tardivel Louise 18 fille ouvrière divers
Tardivel Martial 16 fils néant
Tardivel Alphonse 7 fils néant
Tardivel Léon 6 fils néant
Tardivel Valentine 12 fille néant
Tardivel Louis 5 fils néant

 

 

Naissance de triplées en 1572 à Ménéac

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Je relève beaucoup de jumeaux à Ménéac, mais cette fois des triplées. Pour mémoire, j’en ai déjà relevé en Anjou aussi.

1572.09.12 GASTEL Louise « fille Jean et Alliette Rouxel parrain Jean Leliepvre marraine Louise Agan et Jeanne Mouesan »
1572.09.12 GASTEL Guionne « fille Jean et Alliette Rouxel parrain Jean Garin marraine demoiselle Jacquemine de la Vallée dame de la Guymasière et Marie Glemot »
1572.09.12 GASTEL Elaine « fille Jean et Alliette Rouxel parrain Alain Androuet marraine Jeanne Tual et Marie Pirio »

Aller à l’école pendant la seconde guerre mondiale

Hier, au sénat, j’ai entendu un sénateur dire que toutes les écoles avaient été ouvertes pendant la guerre !!!

Il se trompait. Il aurait dû dire que la priorité avait été de pouvoir offrir des solutions scolaires aux enfants et donc d’en trouver devant les innombrables problèmes. L’école était une priorité, et pour vous donner une idée des solutions imaginées et réalisées aller lire sur le site Openedition :

Chapitre 18. « Les enfants d’abord » ! Le repli des écoles loin des dangers de la guerre en France (1939-1944)

et même tout l’ouvrage  dont ce chapitre était une partie :

LES ÉCOLES DANS LA GUERRE Acteurs et institutions éducatives dans les tourmentes guerrières (xviie-xxe siècles) Jean-François Condette (dir.)

Pour ma part, réfugiée à Gesté puis Gérande, où je fus « empochée » et libérée bien plus tard que le reste de la France, j’ai connu des maîtresses totalement improvisées mais déclarées. J’ai fait il y a quelques années aux Archives de la ville de Guérande, les recherches et j’ai ces documents de déclaration d’ouverture d’école improvisée. Comment aurais-je pu oublier cette vielle dame dans cette vielle maison nous guidant vers la chambre improvisée où sa fille allait nous apprendre tant. Nos parents, comme ceux d’aujourd’hui, ont dû beaucoup se démener pour notre éducation, et je les en remercie. Mais dire que les écoles n’étaient pas fermées pendant la guerre est une vision un peu trop caricaturale de ce qui a été réellement vécu.

 

Le travail des enfants au XVIIIème siècle : selon le rôle de capitation du Loroux Bottereau, 1740

Le travail des enfants était courant autrefois.

Claude Fohlen, dans son étude Révolution industrielle et travail des enfants  Annales de Démographie Historique  Année 1973  pp. 319-325, donne même dès 8 ans parfois, alors que je pensais que 10 ans était l’âge minimum.

Il est difficile de savoir l’âge exact des enfants, mais ils sont assez nombreux dans les rôles de capitation, car cet impôt est aussi perçu sur tous les domestiques.

Ainsi en 1740 au Loroux-Bottereau pour 1 196 têtes imposées, on compte par moins de 222 domestiques ainsi répartis :

132 valets dont 16 moyens et 17 petits

83 servantes dont 12 moyennes et 2 petites

7 compagnons et 12 garçons (un compagnon est le salarié d’un artisan et le garçon le petit salarié)

Un valet paie 60 sols, sachant que l’impôt moyen est de 62,44 sols, il est donc dans la moyenne sur le plan de l’imposition.Un moyen valet ne paie que 30 sols et un petit valet 20 sols.

Mais la servante ne paie que 30 sols, la moyenne servante 20 sols et une petite servante seulement 10 sols. Ainsi, les femmes valent moitié des hommes !!!

La répartition des domestiques n’est en aucun cas lié au niveau élevé d’impôt, et on a assez souvent un maître qui paie moins que son valet, c’est à dire moins de 60 sols. D’ailleurs, qu’on soit domestique d’un riche ou d’un maître moins riche, on paie la même chose. Mais j’ignore s’il en était de même pour le salaire.

Mais quel âge se cache derrière « petit valet », « petite servante », « moyen valet », « moyenne servante » ? Devient-on moyen à 15 ans, à quel âge devient-on valet ou servante sans ce qualificatif ? Je n’ai rien trouvé sur ce point. J’en suis donc aux hypothèses :

petit de 10 à 14 ans

moyen de 15 à 18 ans

et ensuite on serait valet ou servante sans autre qualificatif relatif à la jeunesse ?

Si vous trouvez une source fiable, merci de me faire signe, car mon ancêtre Laurent Brebion, qui cultive, a un petit valet. Et je cherche à savoir plus…

Et comme vous avez bien compris que j’avais dépouillé le rôle de capitation, je vous le mets bientôt ici, et même celui de 1718 que j’ai aussi fait. Vous pouvez y retrouver vos ancêtres payant l’impôt. Et savoir s’il faisait travailler des enfants…

A bientôt

Odile