Jean Bonniard laboureur, marguillier de l’église, reçoit 2 pintes d’huille, Saint-Brice (77) 1562

Introduction

Le fonds AD77-1056E476 du notaire à Provins Ponthus Baisela ne contient que des reçus ou reconnaissances de dettes, mais comme je vous le disais hier, il contient des signatures.. En parcourant rapidement ce fonds, je constate que bon nombre de ces signatures sont des laboureurs etc…  Or, en Anjou, les laboureurs ne savaient pas signer, et je découvre donc une énorme différence culturelle, et ceci m’encourage à tenter de vous donner ces signatures inattendues…

2 pintes d’huile pour l’église de Saint-Brice

La pinte à Paris fait 0,931 litres. L’huile est utilisée dans les églises pour diverses cérémonies. L’acte est assez mal écrit, mais je déchiffre un nom de famille différent entre ce que le notaire a écrit et la signature du laboureur… Je suppose que le notaire a mal entendu oralement le nom, car à cette époque c’est uniquement oralement qu’il connaît l’identité des personnes, d’où certaines erreurs parfois….  J’ajoute que ce laboureur demeure à Saint-Brice et non à Provins, ce qui signifie qu’une école ou un quelconque mode d’enseignement existait alors à Saint-Brice, et je suis admirative !!!

 

AD77-1056E476 Ponthus Baisela notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation

1562.04.20 vue 77 – Jehan Bonniardinyet laboureur demeurant à Sainct Briz au nom et comme marguilier de l’église … de Raphael vigneron demeurant à Provins … la quantité de deux paintes d’huille … de l’huille qu’il peult debvoir par chacun an à ladite église… de laquelle quantité il s’est tenu pour comptant sans préjudice du surplus … signé Jehan Bonnyar

Installation du presbytère de Saint Genois diocèse de Sens, 1503

Introduction

Je n’avais encore jamais vu les biens meubles d’un presbytère dans les fonds des notaires, et voici donc le premier acte donnant le détail de l’équipement du presbytère. L’acte montre que  ces biens meubles appartiennent à la paroisse et non au curé et que ce sont les marguilliers de la paroisse qui gèrent ces biens. Le détail montre plusieurs chaudières, sans doute l’une pour cuire les aliments, l’autre chaufferette. Peu de vaisselles, et à cette époque pas de fourchettes, cuillers etc… mais les salières sont importantes…

le presbytère au diocèse de Sens

Pourquoi passer ce reçu des biens meubles de ce presbytère chez un notaire de Provins, alors que le bien est situé loin de Provins et je ne suis pas parvenue à l’identifier, pourtant on lit clairement qu’il s’agit bien du diocèse de Sens.

les biens meubles de la cure

AD77-1056E586 Louis Dechoisy notaire à Provins – vue prise par le CGHSM de Melun, avec son aimable autorisation

1503.08.22 vue 3427 – …Me Jehan Mechmon prêtre curé de Sainct Genois au diocèse de Sens … recognut avoir eu et receu de Robin Provost et Jehan Mortillon marguilliers de la poroisse dudit Saint Genois ung lit fourny vallant 4 livres 6 sols, 6 escuelles pesans 7 livres et demy, 2 plats pesans 5 livres, ung grant broc, ung petit broc, ung pot à eau, 2 salières pesant 8 livres et demy, tout estain valant 75 livres 8 sols – Item une grant chaudière d’airain pesant 4 livres – Item une autre petite chaudière pesant 2 livres, 2 chaudières de cuivre pesent 3 livres, une pelle de fer à queue pesant 3 livres tout tous prisés 38 sols 4 deniers tz, lesquels biens ont esté baillés audit curé par lesdits marguilliers pour ustencilles du droit de prêtre manuel pour s’en servir par ledit curé et soy avoir à ses nécessités tant et (f°2) aussi longuement qu’il sera curé de ladite cure et après son trespas ou ss’il permutoit sadite cure il sera tenu délaisser lesdits meubles audit presbitère pour servir à son successeur curé d’icelle cure pour la valeur d’iceulx ;..

Le prénom Ponthus à Provins au 16ème siècle

Ponthus

Ponthus est un ancien nom de baptême. C’est le nom du fils de Tibour de Galice. fils du roi de Galice et de la belle Sydoine, fille du roi de Bretaigne. Ponthus est aussi un nom de lieu. Et, l’IA de ce jour me cite « Au plus profond de la forêt de Brocéliande, le hêtre de Ponthus s’est élevé sur les vestiges d’un château détruit, jadis, par Dieu lui-même. En ces temps-là, le chevalier de Ponthus désespérait de ne point avoir de progéniture » C’est aussi un patronyme.

A Provins un prénom n’était pas toujours un nom de saint

En Bretagne et en Anjou, à ce jour, j’avais le plus souvent rencontré des prénoms de saints, mais manifestement à Provins on avait l’esprit beaucoup plus large. Je vous avais déjà mis Sydrac dont mon ancêtre Sydrac Fauchon.

Ponthus Baisela

C’est le nom du notaire royal à Provins que je suis en train de vous indexer en 1558. Il rédigeait brièvement ses actes, et n’a écrit que plus que rarement son prénom, mais à travers ma lecture exhaustive je trouve donc son prénom PONTHUS à plusieurs reprises, ainsi le 17 mars 1559 il est avec un collègue qui écrit son prénom et nom et il en fait autant et on lit très bien PONTHUS BAISELA :

1559.03.17 n.s. (1558) -p81-82 vue 87- … Par devant Pierre Defontaynes et Ponthus Baisela notaires comparurent personnellement Pierre Boysaulx mercier demeurant à Provins Marguerite Prive sa femme (f°2) … et encore ledit Pierre Boisaulx comme tuteur et curateur par justice de Gaspard Boisaulx âgé de 20 ans ou environ … avoir vendu à noble homme et saige Me Denis Degourt licencié es loix advocat du roy notre sire à Provins une maison …

 

 

Sydrac, un prénom rarissime

Introduction

Je descends de Sydrac FAUCHON °Provins St Pierre (77) 6 novembre 1557 x /1583 Elisabeth/Isabelle LECOURT
Ce prénom, rarissime, n’est pas celui d’un saint[1], mais d’un nom de l’ancien testament qui mérite la sainteté.

Voir mon étude de la famille FAUCHON de Provins (77)

[1] Même le « Dictionnaire hagiographique, ou Vie des saints et des bienheureux honorés en tout temps et en tous lieux depuis la naissance du christianisme jusqu’à nos jours avec un Supplément pour les saints personnages de l’Ancien et du Nouveau Testament et des divers ages de l’Eglise…. par M. l’abbé Pétin… 1850 » ne donne aucun Sidrac ou Sydrac.

Ce prénom rare me rappelle mon enfance, je vous confie pourquoi.

Histoire de Sidrac

Sydrac fut l’un de ces 4 jeunes brûlés vifs pour avoir refusé d’adorer la statue d’or que Nabucodonosor avait fait ériger.
Leur histoire est mal exprimée sur Internet, et il convient de préférer la lecture de l’ancien testament, qui est bien plus clair surtout sur le site d’AELF. Voici les principales lignes concernant Sidrac :

  • LIVRE DE DANIEL
  • La troisième année du règne de Joakim, roi de Juda, Nabucodonosor, roi de Babylone, arriva devant Jérusalem et l’assiégea.
  • … Le roi ordonna à Ashpénaz, chef de ses eunuques, de faire venir quelques jeunes Israélites de race royale ou de famille noble.
  • … Parmi eux se trouvaient Daniel, Ananias, Misaël et Azarias, qui étaient de la tribu de Juda.
  • … Le chef des eunuques leur imposa des noms : à Daniel celui de Beltassar, à Ananias celui de Sidrac, à Misaël celui de Misac, et à Azarias celui d’Abdénago.
  • … Et ces trois hommes, Sidrac, Misac et Abdénago, tombèrent, ligotés, au milieu de la fournaise de feu ardent.
  • … Or ils marchaient au milieu des flammes, ils louaient Dieu et bénissaient le Seigneur.

Beaucoup ont écrit, entre autres Voltaire[1] et Jean-Paul II, le 14 mai 2003 – Cantique d’Azarias dans la fournaise

Lorsque j’étais une toute petite fille, à l’école religieuse de St Jacques, on nous avait raconté ce passage de l’ancien testament, et j’avais été profondément marquée à l’idée de ces jeunes morts en chantant dans la fournaise ! Aujourd’hui, à 86 ans, je prie chaque jour pour tous les martyrs quotidiens actuels toujours nombreux et je les admire.

[1] Œuvres complètes de Voltaire, Garnier, 1880, tome 30 (p. 261-264).

Jean Lecocq, messager d’Angers à Rouen, consent à la dot de son frère pour entrer en religion, La Flèche 1620

Dot au futur religieux

Autrefois, pour entrer en religion, la famille devait doter le futur religieux d’un revenu convenable. Toute la famille devait être d’accord, car ici, ce sont manifestement 2 frères du futur religieux qui doivent donner leur accord sur le don fait par leur mère, et même s’engager à payer eux-mêmes si c’est insuffisant. L’acte qui suit donne donc des éléments filiatifs certains.

Messager d’Angers à Rouen
Le métier de messager me surprendra toujours. En effet Jean Lecocq est dit messager d’Angers à Rouen (écrit Rouan ici) et demeure à Le Flèche, c’est sans doute qu’il demeure sur le chemin entre les deux. Il y a 300 km entre Angers et Rouen, donc il devait passer plusieurs jours et changer de cheval car le cheval ne fait que 40 km par jour. Donc il ne devait pas être souvent chez lui. Je me suis toujours demandé s’il transportait autre chose que du courrier, comme de l’argent ou des petits colis ? Car dans les actes qui concernent les messagers il est souvent question d’argent, donc je vais vous mettre ceux que je possède.

Voici sa retranscription 

Y compris les fautes d’orthographe et/ou l’ancien français du notaire

acte aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E8
Le 9 mai 1620 après midy, par devant nous René Serezin notaire royal à Angers furent présentz et personnellement establyz Jehan Lecocq messaiger de l’université de cete ville d’Angers à Rouan demeurant en la ville de La Fleche et Michel Lecocq son frère marchant demeurant à Seiches paroisse de Mathefhelon, lesquels après que leur avons faict lecture de mot à autre du don et tiltre fait par Urbanne Chene veuve de deffunct Pierre Lecocq à Me Federy Lecocq son fils clerc tonsuré de se diosesse passé par devant Nouel Moriceau notaire royal soubz la court de Baugé le dernier jour du mois dernier ont dict et assuré bien cognoistre les choses héritaux y contenuz qu’elles vallent de revenu annuel desmoings charge faicte la somme de 60 livres tz et ou elles ne seroient de sy grand revenu ou que ledit Federy Lecocq y fust troublé en la pocession et jouissance d’icelles promectent et s’obligent lesdits establiz eux et chacun d’eux seul et pour le tout o renonczion aulx benefice de division discussion et (f°2) ordre, donner et bailler audit Federy Lecocq chacun en sa vie durant pareille somme de 60 livres tz pour son titre qu’ils ont assise et assignée et par ces présantes assignent et assient sur tous et chacuns leurs biens meubles et imeubles présans et advenir et sur chacun pièce seul spéciallement sans que la générallitté et la spéciallité puisse nuire ne préjudicier l’un à l’autre en aulcune sorte et manière que ce soit, faict et passé audit Angers maison de nous notaire en présance de maistre Nicollas Jacob et René Leveau praticiens demeurant Angers tesmoins

 

La bûche de Noël de nos ancêtres : Trefouel, Trefoueil, Trifoueil

C’est bientôt Noël. Aussi je vous remets ce que j’avais autrefois publié sur la bûche de Noël de nos ancêtres, car leur vraie bûche dans la cheminée est bien l’ancêtre de votre bûche glacée.

A cette occasion redécouvrez la vraie bûche de Noël, à travers ce qu’il ressort des chartriers angevins que j’ai pu lire.

Le 21 avril 1595 à Cherré, Maine-et-Loire, apparaît la plus ancienne mention locale du patronyme TREFOUEL, TRIFOUEIL, TREFOUEIL, TRIFFOUEIL. Julien Trifoueil y est déjà marié à une anvegine. Ils sont les auteurs de tous les porteurs du patronyme en Anjou, avec une remontée d’un descendant vers Laval. Voir mes travaux sur les familles TRIFFOUEIL

Le dictionnaire étymologique des patronymes de M. T. Morlet, 1991, précise :

« bûche de Noël et qui doit durer les trois jours de fête ». De son côté le Littré, 1877, renchérit « Dans le parler normand, grosse bûche, dite quelquefois bûche de Noël, H. MOISY, Noms de famille normands, p. 437. Étymologie : Bas-latin trifocalium, siége pour se tenir auprès du feu ; de tri, trois, et focus, foyer ; composition qui permet aussi trefouel au sens de grosse bûche de foyer. ».

Me voici donc une nouvelle fois sur la route Normande que j’appelle volontiers « la route du clou ». En effet, le patronyme est actuellement représenté en Seine-Maritime (23 porteurs) et Calvados (10). On connaît aussi à Paris la place Trefouel, point de Velib, à l’angle de la rue de Vaugirard et du boulevard Pasteur dans le 15e.

Julien Trifoueil, mon angevin, vient donc manifestement de Normandie, avant 1595. Quelques années plus tard, son fils Mathurin, né à Cherré en 1597, épouse à Champigné en février 1618 Adrienne BUCHER, de la famille Buscher qui donnera un maire d’Angers aux armes parlantes : un bûcher.
Je descends de ce couple : grosse bûche de Noël x bûcher ! Cela ne s’invente pas !
Mieux, ils ont dû me transmettre quelque gêne, puisque depuis plusieurs années, j’ai découvert en Anjou des traces de cette coutume féodale du Trefouel, plus vive dans l’Est.
C’est bientôt Noël. A cette occasion redécouvrez la vraie bûche de Noël, à travers ce qu’il ressort des chartriers angevins que j’ai pu lire.
Cette ancienne coutume de Noël (la bûche de Noël), droit féodal, consistait à mettre le tréfaut (trifoueil, treffoueil), grosse bûche ou souche, dans la cheminée du seigneur la vigile de Noël, afin qu’elle y brûle 3 jours. Le seigneur fournissant la souche, les hommes leurs bras. Puis, la cendre obtenue était distribuée car source de bienfaits inestimables.
On la rencontre rarement en Anjou, mais visitez le lieu parlant

du Feudonnet (feu donné) à Grez-Neuville

    1. (beaucoup de détails)

Puis, le lieu parlant de Noëllet

et aussi la Bourelière dans la cheminée du Grand-Marcé, et la Gavalaie dans celle du Petit-Marcé à Challain

Joyeuses fêtes de Noël auprès du tréfouel, si toutefois vous avez la cheminée de la bonne dimension…. voir une cheminée, car dans les tours, comme c’est mon cas, pas de cheminée !

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.

Cet article était paru en 2007, mais je vous le déplace ici compte-tenu de son intérêt pour ce jour.

PS : à l’instant je reçois des voeux du Canada, avec photos, sous 60 cm de neige. Ils y sont heureux car eux, ils ont apprivoisée la neige sans se plaindre. Et ils me disent ahuris leur étonnement d’avoir entendu à la télé qu’en Europe on se plaignait !