Carnet de guerre d’Edouard Guillouard 84° RIT : mars-juin 1915


Vous êtes sur le carnet de guerre d’Edouard Guillouard et photos de Fernand Leglaive au 84° RIT et il y a beaucoup de pages dont table des matières Edouard Guillouard (carnet de guerre) Fernand Leglaive (appareil photo)

Les périscopes – Bailleulval

1er mars 1915 lundi – Commandant Mercier du 81e Ct le quartier. A Beaumetz chercher cavalier, vu Bounier 82e

3.3 mercredi – Triceul Glorian

4.3 jeudi – Relève encore difficile
5-8.3 Bailleulval 
[photo ci-contre, le calvaire de Bailleulval en mars 1915 – VOIR 7 AUTRES PHOTOS DE BAILLEULVAL en mars 1917 : cimetière, tour]

9-12 mars – Tranchées Cie extrême gauche, section du Btei Chaussé devant Ransart, Siodeau tué
13.3 samedi – Cantonnement Bailleulval, Le Tailleur, Noiret
14.3 dimanche – Grand-messe, le Père Laurent, Lucienne
15.3 lundi – Messe pour Joseph, Marchais
16.3 mardi – Service pour Siodeau


17.3 mercredi – Tranchées Cie extrême gauche, section Rouvre

[photo ci-contre, le coiffeur et le barbier « mars 1915, Bailleulval]

18.3 jeudi – Travaux à l’Alouette
19.3 vendredi – Bombardement de la tranchée après le tir du canon 37 à Homin
21.3 dimanche – La Rousse à Derancourt 

[Derancourt est le nom d’un commandant venu leur donner des cours du 1er février au 15 mars 1915 selon la liste dressée par Edouard Guillouard de tous les hommes qu’il a cotoyés au 84° RIT.

On voit sur la légende de la photo « avril 1915 » car la légende a été écrite après la guerre, donc au plus tôt en 1919, lors de la mise en album des photos du fonds Leglaive, alors que Guillouard tenait son journal quotidiennement pendant les 4 années de guerre, donc ses dates sont plus précises. Je vous incite donc à mettre rapidement après la prise de vues, des noms précis ou légendes à vos photos numériques, si vous voulez que vos proches descendants sachent les identifier dans un siècle ou même avant]

22.3 lundi – Cantonnement Bailleulval
23.3 mardi – La 2e Cie commandée par Créhalet nous reçoit, Bouyer
24.3 mercredi – Eon et ses vers, Enard
25.3 jeudi – Limencourt voir si rien trouvé
26.3 vendredi – Tranchées Gastineau Cie exrême gauche, section à gauche devant Ransart

[Avril 1915 – tranchée de Gastineau : le lavabo dans la tranchée. A cette époque l’eau courante existe peu et uniquement dans les grandes villes. Partour, on ne connait que la cuvette sur une table alors appelée  « lavabo ». ]

28.3 dimanche Les Rameaux, – messe à la tranchée, Bellacout
30.3 mardi – Cantonnement Bailleulval
31.3 mercredi – Visite à Cassin à Berneville, vu Beauquin, réception au ravitaillement, vu Poudat au retour


Mars 1915, tranchée de Gastineau. Leglaive photographe sort de la tranchée pour prendre cette photo, donc c’était un jour sans tirs en face.

Edouard_Cheval.jpg1er avril  1915 jeudi (saint) – Offices à l’église Bailleulval
2.4 vendredi (saint) – Départ à 6 h pour les tranchées
3.4 samedi – Tranchées Gastineau Cie extrême gauche, section Dte
4.4 dimanche – Pâques
5.4 lundi – Secteur très calme
7-10.4 – Cantonnement Bailleulval

11.4 dimanche – Tranchées Cie extrême gauche, section Dte

12.4 lundi – Construction d’abri
13.4 mardi – Visite du colonel
15.4 jeudi – Cantonnement Bailleulval
16-20.4 – Le Printemps. Travaux de 1ère position. Photos à cheval devant chez Dupéré [photo ci-contre Edouard Guillouard, mais je pense que mon grand-père, dont nous avions une photo à cheval pendant la guerre 14-18, n’avait jamais eu de cheval en fait pendant la guerre, mais que cette photo était un moment de détente des officiers de la 84°RI, lors de la visite (ou mission) d’un cavalier à Bailleulval en 1915, car je crois voir le même cheval sur toutes les photos, et je pense que c’est celui du visiteur VOIR sur mon blog et en discuter LES 7 PHOTOS car ils sont 7 à avoir posé sur le cheval]


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les périscopes

[4 photos car la 4ème était sur la page précédente puisque Leglaive mettait les périscopes en février 1915 alors que Guillouard les met en avril]
21-26.4 – Cie extrême gauche, champ Hucteau

27.4 mardi – Bailleulval

28.4 mercredi – Permission à Avesne. Vu Cassin, Poudat, Croisy

29.4 jeudi – Réception des camarades de la 2e s. Feneux et Forge

30.4 vendredi – Arrivée du commandant Lochereau
1er mai 1915 samedi – Réception d’une partie des officiers

3-8.5 – Tranchées C.T. (ancienne extrême gauche)
9.5 dimanche – Tranchées abris à droite de Gastineau

10.5 lundi – Vu le client de Pont-Château au 270e (Edouard, quincailler en gros, vend dans toute la Bretagne avec 18 chevaux)
11.5 mardi – Bombardement au nord d’Arras
12.5 mercredi – Reprise de la tranchée Te le prisonnier de la 1ère
13.5 jeudi – Déménagement à droite, remplacé la cavalerie, le prisonnier ayant annoncé des mines dans T1, le 270e prend l’emplacement, le Ct Romulot prend le commandement du quartier

14.5 vendredi – Tranchées C1 devenu T1, et T1 R1
15.5 samedi – Bailleulmont. Reçu Porcher
16.5 dimanche – Popote chez Havier
17.5 lundi – Grande réception de la 1ère et des docteurs
21.5 vendredi – Soutien de Gastineau
22.5 samedi – Nomination de Chaussé lieutenant
23.5 dimanche – Arrivée de Sacré. Visite au colonel de Chaussé
24-26.5 – Tranchées T1, Sacré part faire du service à la 2e
27.5 jeudi – Bailleulmont, popote chez Dupin
29.5 dimanche – Obus chez Mr Leglaive dans sa chambre
30-31.5 – Cantonnement de Bailleulmont

1er juin 1915 mardi – Départ à 1 h du matin
2-4.6 – Soutien de Gastineau
5.6 samedi – Tranchées Cie T1
6.6 dimanche – Attaque à notre droite à 5 h, le sol tremble
7.6 lundi – Les nouvelles de notre avance Hebuterne
8-12.6 – Cantonnement de Bailleulval
13.6 dimanche – Tranchées Cie T1
14.6 lundi – Emplacement d’observateur

photo Leglaive, fonds Guillouard. Je n’ai trouvé aucune légende permettant de situer cette photo

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

15.6 mardi – Tué deux boches devant Ransard

17.6 – Attaque simulée d’artillerie

19-24.6 – Cantonnement de Bailleulval
25-27.6 – Tranchées soutin Gastineau
28.6 lundi – Tranchées Cie T1
29.6 mardi – Demande de permission

[photo « avril 1915 maison Gastineau, devant le poste de secours » Leglaive qui semble porter l’étui de l’appareil photo et Guillouard qui porte des jumelles


1er juillet 1915 – Cantonnement de Bailleulval
3.7 samedi – Départ en permission, gros évênement au cantonnement, train vers 3 h, départ à 7 h de L’Arbret par Diné
4.7 dimanche – Arrivée à Amiens (à 47 km de Bailleulval) à 4 h, visite de la ville, départ à 6 h pour Paris, le train ne part qu’à 8 h, arrivée à Paris à 11 h, déjeuner chez Duval, départ à 15 h pour Nantes où j’arrive à 9 h 20
5.7 lundi – Permission à la place, départ à 10 h pour La Bernerie, arrivée à midi
6.7 mardi – La Bernerie, départ pour Nantes
7.7 mercredi – Nantes
8.7 jeudi – Départ de Nantes à midi, ma femme m’accompagne jusqu’à Angers, arrivée à Paris à 7 h, départ à 9 h 30 gare du Nord
9.7 vendredi – Arrivée à Amiens à 3 h, départ pour Doullens à 6 h, arrivée à Doullens à 10 h, vu Pons qui me ramène à L’Arbret et une voiture me conduit à Bailleulval, visite aimable chez le colonel, le soir retour à la tranchée T1
photo Leglaive, fonds Guillouard[photo ci-contre mai 1915 dans la tranchée de Gastineau, le fabricant de bagues. Ma maman m’avait transmis l’une de ces bagues, fabriquée dans les métaux des munitions reçues. Malheureusement mon appartement a été totalement pillé il y a 28 ans et je n’ai plus rien, et cette bague m’était plus chère que celle qui avait un diamant]

10-12.7 – Tranchées

13.7 mardi  – Cantonnement Bailleulval

14.7 mercredi  – Colonel Dusseul part en permission, le Ct Lemoine
15.7 jeudi – La petite chanson Mr du Vallet
18.7 dimanche – Départ de Chaussé
24-27.7 – Cantonnement
28-31.7 – Soutien de Gastineau

 

 

 

« mai 1915 soutien de Gastineau » Ces officiers ont une table et un abri, celui de gauche est Edouard Guillouard

« mai 1915 maison gastineau »

La couverture sur le soldat dans la tranchée illustre leur peu de vêtements adaptés.

« mai 1915 officiers à Bailleulval »

« mai 1915 Bailleulval, visite de Person »

« juin 1915, Bailleulmont » officiers sur la place de l’église

« juin 1915, Bailleulmont » l’église est encore entière

la maison l’Allouette

photo Leglaive, fonds Guillouard

J’avais dans le fonds de mon grand-père la photo ci-contre.
Je peux maintenant l’identifier.

Il s’agit d’une maison disparue, car détruite, mais manifestement le nom de ce lieu a lui aussi disparu car je ne le retrouve pas sur Geoportail. Elle était très originale, comme le montre la photo ci-dessous.

photo Leglaive « été 1915, Gastineau maison l’Allouette

 

Télécharger l’original du carnet de guerre d’Edouard Guillouard

Je ne vous mets pas les vues directement car ce serait trop lourd pour visionner ma page, donc je mets seulement les liens, et cliquez pour télécharger : mars  1915  –  fin mars 1915  –   avril 1915   – mai 1915  – juin 1915  – juillet 1915 –   fin juillet 1915  –

Les hommes du 84° RI : popote chez Noiret en mars 1915

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photo Leglaive « été 1915 Bailleulval la popote »

De gauche à droite (sans doute Vetter ?), Guillouard, Leglaive, la famille Noiret qui tient la popote, et un aide ou proche parent.

Mon grand-père Edouard Guillouard a déjeuné à Bailleulval chez Noiret, au moins une fois, comme il le cite dans son carnet de guerre :
21.02.1915 dimanche Bailleulval chez Dupin, popote chez Noiret, repos, Mr Leglaive rentre dans la journée

Et il le cite une deuxième fois un peu plus loin :
13.03.1915 samedi Cantonnement Bailleulval, Le Tailleur, Noiret

Les légendes des photos a été écrite seulement à la fin de la guerre lors de la mise dans des albums, et Leglaive se souvenait de l’été 1915.

Clément Noiret demeure à Bailleulval, est blessé le 6 mars, et c’est sans doute une viste au blessé qu’Edouard Guillouard fait le 13 mars. Voici la famille de Clément Noiret : épouse et enfants.

Photo Leglaive

La petite fille a alors 9 ans et se prénomme Marthe Fleurite Ambroisine, selon ce que le site des décès INSEE indique :

NOIRET Marthe Fleurite Ambroisine Naissance 14/06/1906 Bailleulval, Pas-de-Calais, Hauts-de-France, France
Décès 08/09/1989 Mairieux, Nord, Hauts-de-France, France
NOIRET Gislaine Marthe Marie Naissance 28/09/1923 Bailleulval, Pas-de-Calais, Hauts-de-France, France
Décès 27/08/2020 Dainville, Pas-de-Calais, Haut


Edouard Guillouard (carnet de guerre) Fernand Leglaive (appareil photo)

François Perrin camarade d’Edouard Guillouard et Fernand Leglaive, 84° RIT 14-18

Je vous ai déjà parlé de René Vetter, camarade d’Edouard Guillouard et Fernand Leglaive, 84° RIT 14-18

photo Leglaive « janvier 1916 Perrin au soutien de Gastineau »

Lorsque j’avais autrefois mis le carnet de guerre d’Edouard Guillouard sur mon site, j’avais peu de légendes permettant d’identifier les hommes qui sont photographiés, et j’avais une magnifique photo que j’avais dénommée « est-ce Perrin ? », et aujourd’hui grâce à une échange fructueux, je suis en mesure d’affirmer que cette photo est bien celle de François Perrin,

François Perrin était resté ami avec Edouard Guillouard, puisqu’il était présent à son inhumation et y prononça le discours qui suit. Et je découvre une seconde photo de lui, accompagné d’un dénommé Bardot, et manifestement les 2 photos ont été prises le même jour ou environ.

Discours prononcé aux obsèques de son vieux camarade et ami,
par François Perrin

Mesdames, Messieurs,
Mes chers camarades anciens combattants,
A la demande même du colonel Gastinel, ancien commandant du 84e Régiment d’Infanterie Territoriale, dont je fus le capitaine-adjoint pendant les deux dernières années de la Guerre 1914-1918 et que le grand âge seul empêche d’accompagner à sa dernière demeure la dépouille de notre excellent camarade et ami Edouard Guillouard, qu’il appréciait tout particulièrement, j’ai la douleur et le pénible devoir, de souligner en quelques mots sortis du cœur, les brillantes qualités militaires du défunt.
Mobilisé dès le premier jour de la Grande Guerre au 81e comme sergent-major, Guillouard fut, dès son arrivée sur le front, promu sous-lieutenant et nommé, fin août 1914, au 84e.
Affecté à la 3e compagnie, capitaine Leglaive, qu’il ne quitta jamais pendant toute la guerre, Guillouard se signala de suite à ses hommes et ses chefs par ses qualités maîtresses : bonne humeur, calme, sang-froid, bravoure sans crânerie, homme de devoir.
Notre Régiment, qui fut un Régiment de combat pendant toute la durée des hostilités, prenait alors une grande part à la bataille d’Arras, qui fut l’un des brillants épisodes de la bataille de la Marne.
Ménager le sang de ses soldats, toujours le premier sur la brèche, même dans les missions les plus difficiles et les plus périlleuses qui lui étaient confiées, missions qu’il acceptait toujours sans broncher et qu’il remplissait sans jamais se départir de son calme et de son sang-froid, Guillouard pouvait faire de sa section tout ce qu’il voulait. Il était adoré de ses hommes.
Sa brillante conduite en Artois, à Arras, Bailleulval, Bailleulmont, Thiéval, la cote 105 devant la ferme Gastineau, lui valut vite sa promotion au grade de lieutenant.
Il n’était pas alors question de Croix de Guerre, du moins dans notre régiment.
Mais c’est en Lorraine, à Limey, à Flireu et dans la vallée de la Seille, puis en Alsace, à Thann, Vieux-Thann, la vallée de la Thur et celle de la Bruche, les pentes du Vieil-Armand (Hartmanwillerskopf), Steinbach, Leimbach, qu’il se signala tout particulièrement.
Notre régiment y subit de lourdes pertes. Guillouard y fut blessé au ventre d’un éclat d’obus.
Cité à l’orde du régiment, Guillouard obtint la Croix de Guerre et fut proposé pour le grade de Capitaine.
Il fut enfin de ceux qui furent désignés pour faire l’entrée triomphale des troupes françaises dans Strasbourg libérée.
La signature de l’Armistice l’empêche d’patre promu.
Ce n’est qu’après la démobilisation qu’il obtint les galons de Capitaine, et fut nommé Chevalier de la Légion d’Honneur au titre militaire.
Tel but l’homme au combat,
Tel fut l’homme pendant toute la guerre,
Tel il fut toujours pendant toute sa vie,
Toujours aimable, souriant, simple, modeste, bon camarade, ami fidèle, courageux et brave.
Guillouard fut aussi un époux modèle, un excellent père de famille, un grand-papa qui sut cultiver l’art d’être grand-père.
Car Guillouard adorait ses enfants et ses chers petits-enfants, qui perdent en lui le plus sur des conseillers, le meilleur de leurs amis.
Ses camarades, ses amis, sa famille, le commerce nantais, la Société, perdent en lui un homme, car Guillouard était un homme, dans toute la force du terme.
Guillouard est mort comme il a toujours vécu,
Le vie est une.
Il a lutté jusqu’au bout, calmement, courageusement, vaillamment, contre un mal implacable, qui a fini par le terrasser.
Chère Madame Guillouard, vous avez admirablement soigné votre cher mari. Voua avez tout fait, vainement, hélas ! pour l’arracher de l’étreinte qui l’étouffait.
Je m’incline respectueusement devant votre grande douleur.
La perte de votre mari est irréparable. Sa mort va creuser dans votre foyer un vide que rien ne saurait combler.
Puisse la nombreuse assistance qui vous accompagne, vous et les chers vôtres, en ce jour douloureux, puisse l’émotion qui nous étreint tous à cette minute suprême, apporter un baume apaisant à votre douleur.
Capitaine Edouard Guillouard, dormez en paix votre dernier sommeil, vous l’avez bien mérité ! Votre vie aura été un exemple pour tous ceux qui vous ont connu.
Mon cher et vieux Guillouard,
Au nom du colonel Gastinel, au nom de tous tes camarades de combat, au nom du 84e tout entier, au nom de tous ceux qui t’ont apprécié, et en particulier de tes deux fidèles amis, le capitaine Vetter et le commandant Leglaive, qui sont ici à côté de moi, je te dis adieu du plus profond de mon cœur.

Je suis née en juillet 1938 et j’avais 8 ans lorsque j’ai perdu ce grand-père admirable, et hélas, je n’ai aucun souvenir de lui, alors que j’ai des tas de souvenirs de la guerre, que j’ai écris, mais lui n’était pas réfugié au même endroit que nous, qui sommes rentrés tard après la libération, puisque nous étions dans la poche de Saint-Nazaire. Ensuite je suppose que l’année 1945 et début 1946 furent sa maladie, ce qui expliquerait mes trous de mémoire.

Les hommes du 84° RI fabriquaient aussi des claies, 1915,1917

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Les claies retenaient la terre pour éviter les éboulements, et elles pouvaient aussi servir de petit abri. Un site va tout vous expliquer techniquement avec beaucoup de dessins.
En voici quelques unes photographiées par Leglaive au 84° RI à Bailleulval en 1915 et Morville en 1917 :

Les claies ci-contre attendent de partir renforcer les tranchées.

On voit sur la photo qu’elles sont nombreuses.

Effectivement, Edouard Guillouard parle de la boue, et je ne m’étais pas imaginée avant de voir toutes ces claies qu’il fallait étayer les tranchées. Pourtant je sais bien qu’il faut étayer puisqu’en 2018 à Clisson lorsqu’ils ont fait un nouveau conduit d’eau de la Sèvre vers la nouvelle usine de lavage de linge, les tranchées profondes de hauteur d’homme étaient étayées.

 

On voit effectivement les claies sur presque toutes les nombreuses photos de tranchées de Gastineau, en voici une pour exemple. Je remarque seulemet que cette tranchée n’est pas à hauteur d’homme car leur tête dépasse et j’en suis surprise.

Photo Leglaive
Photo Leglaive
Photo Leglaive

 

Carnet de guerre d’Edouard Guillouard 84° RIT : janvier-février 1915


Vous êtes sur le carnet de guerre d’Edouard Guillouard et photos de Fernand Leglaive au 84° RIT et il y a beaucoup de pages dont table des matières Edouard Guillouard (carnet de guerre) Fernand Leglaive (appareil photo)

DANS LA BOUE – LA FERME GASTINEAU
photo Leglaive « février 1915 Agny bords du Crinchon, emplacement du PC »

1er janvier 1915 vendredi – Nous recevons les sous-officiers chez Ferron, Bichon, Faucheron, Liclou, Moreau, Goron, Bridonneau, Pierre, Pavageau, Deslandes, Charron, Guitard, Faucheron, cap. Tourrien, Pineau coiffeur, Marchais cycliste.
[ces noms sont ceux de la photo datée décembre 1914, voir ma page précédente]
Réception chez le Ct, le colonel envoi un mot qui donne satisfaction
[le PC doit être ce qui est camouflé par les branchages au bas de la photo]
2.1 samedi – Les cavaliers 3e Dragon, de [Mesobesbion] de Landemont
5.1 mardi – Relève dans la soirée
6.1 mercredi – Chemin de fer
10.1 dimanche – Dainville, nouveau cantonnement d’affron
11.1 lundi – exercice
12.1 mardi – Le Ct de Hermini évacué et remplacé par le capitaine Letailleur. Relève à Agny
14.1 jeudi – Chemin creux d’Agny, grand ouvrage [photo ci-dessous, qui est sans légende dans le fonds Guillouard, alors je suppose que c’est le « chemin creux »]
15.1 vendredi – Les cavaliers 3e Dragon

je suppose que cette photo donne le chemin creux, mais je n’ai trouvé aucune preuve

16.1 samedi – Tranchées d’Agny
18.1 lundi – Chemin de fer
22.1 vendredi – Dainville, cantonné près le clocher
23.1 samedi – Mr Pommier
24.1 dimanche – Une pièce éclate, artilleurs tués, travaux de nuit dans le champ de course d’Arras
26.1 mardi – Grand ouvrage
27.1 mercredi – Chaussé va chercher avec Papi les cartouches
28.1 jeudi – On remplace la vieille tranchée
30.1 samedi Chemin de fer, la neige, bataille
31.1 dimanche – Vetter, Goffri
1.2.1915 lundi – Félicitations à Chaussé, visite du colonel, présentations du Ct Derancourt, départ du capitaine Letailleur
3.2 mercredi – Dainville, travaux, popote avec la 4e chez Solon
[photo  ci-contre « février 1915, Agny, PC du grand ouvrage », à gauche Guillouard. Le terme « popote » revient plusieurs fois dans le carnet d’Edouard Guillouard, de même les photos très parlantes, avec parfois beaucoup de bouteilles. Voici la définition : (POPOTE. n. f. Cuisine commune, table commune. Faire popote, Prendre ses repas en commun. Le capitaine et les lieutenants faisaient popote ensemble. Il est populaire. (Dictionnaire de l’Académie française. Huitième Édition. T.2, 1932) ]
4.2 jeudi – Conférence du nouveau Ct, revue des vivres de réserve, le caporal Marot cassé
6.2 samedi – Créhalet rentré tard, langouste avariée
7.2 dimanche – Départ pour Agny, mauvais temps par le village, par nuit noire, Créhalet va commander le 4e
9.2 mardi – Les photos de Mr Leglaive
11.2 jeudi – Chemin de fer, Créhalet avec le Ct
14.2 dimanche (gras) – Départ pour Dainville
15.2 lundi – Bruits de départ, Mr Leglaive va reconnaître

(ci-contre : « février 1915, voie ferrée de Dainville », la partie de cartes, à gauche Edouard Guillouard) [sur la photo datée mars 1915 à Bailleulval vous avez la séance chez le coiffeur Pineau, surtout pour tailler la barbe, et on voit aussi le linge étendu, preuve qu’on lavait un peu]

16.2 mardi (gras) – 5 h nous partons pour Basseux, arrivé en ligne à 1 h le mardi gras, dans la boue, on remplace le 92e et nous sommes en liaison avec le 41e qui est remplacé par des Hussards, Provost de Launay
20.2 samedi – Campagne, centre gauche Gastineau. Nous restons dans la boue sans abri pendant 5 jours et 6 nuits, les hommes malades, pas de boyaux, les balles sifflent, relève pénible, nuit très noire, arrière à Bailleulval

21.2 dimanche – Bailleulval chez Dupin, popote chez Noiret, repos, Mr Leglaive rentre dans la journée [voir la photo de la famille Noiret et ajouter des commentaires]

22.2 lundi – 75 malades le 1er jour, les hommes se reposent et tout se rétablit, les saluts sont très suivis

24.2 mercredi – Nous avons des théories chez Derancourt

27.2 samedi – Tranchées Gastineau Cie extrême gauche

 

 

[Le chemin creux était situé à Agny et le voici en février 1915.]

ils jouent aux cartes

photo Leglaive « février 1915 » à gauche Edouard Guillouard

ils sculptent leurs têtes dans la tranchée

[il y avait des moments d’inactivité, qu’ils occupaient parfois à se détendre, comme le jeu de cartes, et ici, modeler dans la terre la tête des camarades – sur la seconde photo, ce sont Leglaive et Guillouard, aussi je vous les ai agrandis tant j’étais heureuse de les voir encore ensemble avec leur sourire]

Leglaive et Guillouard, moment de détente près de la tête qu’ils ont modelée dans la terre, qui leur ressemble à tous deux

la ferme « Gastineau » (texte et dessin d’Edouard)

carte dessinée par Edouard Guillouard, surement d’après la carte du PC et sans doute pour avoir la carte sur lui

Située sur la route de Berles à Rivière, la ferme de Gastineau était habitée par un vieux ménage, qui travaillait un peu les terres environnantes et faisait le commerce d’engrais.

Cette maison, qui avait certaines dépendances, avait servi de débit et possédait de grandes caves dont l’une superposée sur l’autre. Derrière la maison existe également un ancien four de briqueterie.

Vers les premiers jours d’octobre 1914, les propriétaires de la maison n’avaient pas quitté leur demeure à l’arrivée des Allemands. On ne sait au juste ce qui s’y est passé.

« avril 1915, maison Gastineau »

Mais suivant les racontards on avait dit que Monsieur et Madame Gastineau avaient été tués et jettés dans leur puits derrière la ferme.

Pendant longtemps cette légende avait tenu et le puits rigoureusement consigné avec défense de se servir de l’eau.

Après des combats et attaques successifs entre Berles et Ransart, nos troupes ont gagné du terrain vers le 15 octobre la ferme Gastineau était à nous.

Progressivement nous la dépassions et nous venions occuper des tranchées jusqu’à 600 m au-delà dans la direction de Ransart où malgré beaucoup d’attaques très audacieuses nous n’avons pu les déloger.

[voyez une autre photo de la maison Gastineau, qui avait un surnon plein d’humour dans Les hommes du 84° RI manient l’humour : voyez leur « muraille de Chine » en 1915]

« avril 1914 maison Gastineau », sur cette photo on ne voit pas à gauche de la maison de qui sera « la muraille de Chine »

Le 15 février, quand nous sommes arrivés à ce secteur par une nuit noire et froide, la pluie qui était tombée en abondance les jours précédents avait rendu les boyaux impraticables.

 

La tranchée pleine de boue et bien mal installée n’avait aucun abris sérieux. C’est sous de simple toile de tente et sans paille que nos bons hommes ont passé les premières nuits.

 

Nos débuts dans ce secteur étaient pénibles mais avec de bons travailleurs nous n’avons pas tardé à rendre la tranchée propre et les boyaux praticables. Il y en avait besoin pour plusieurs raisons.
Il n’était pas agréable d’y patrouiller jusqu’à demi jambe et ne pas y passer c’était s’exposer aux balles qui à ce moment sifflaient continuellement de jour et de nuit.

Le boyau principal (que je marque N°8) nous menait au poste de commandement du secteur nommé Gastineau, nom des propriétaires.

Un chef de bataillon ayant quatre compagnies en ligne et deux en soutien, s’y tenait en permanence, logeant dans les caves de cette maison, qui servait en même temps de poste d’observation à l’artillerie.

L’infirmerie avec un major et un aide major était installée dans l’ancienne briqueterie dans des espèces de caves pouvant résister au bombadement car ce coin est très souvent visé par le canon allemand et les allées et venues dé-sigent bien ce point comme poste de commandement.
Quatre jours en première ligne, quatre jours à Bailleulval. Le temps s’est écoulé petit à petit.
Nos hommes ont bien travaillé.
Nous avons en sommes refait complètement toutes les tranchées, creusé quantité de boyaux profonds, qui nous préservent. On vient maintenant jusqu’à Basseux par les boyaux, ce qui nous fait au moins deux kilomètres.
Nous avons changé plusieurs fois d’emplacement. Nous sommes maintenant à Th le poste de commandement de Mr Leglaive est marqué n°3 et nos abris à droite n°4. J’ai un poste d’écoute assurée sur la route et assez dangereux marqué n°5.
Nous avons occupé pendant longtemps n°6 comme poste de commandement et popote et ma section a été à n°7.

Là, les Boches, comme vous pouvez vous en rendre compte, étaient assez rapprochés. On ne comptait pas plus de 20 m pour aller à leur poste d’écoute.
Les lignes bleues vous donnent exactement l’emplacement des tranchées boches devant Ransart.
Les lignes rouges sont nos tranchées avec les divers boyaux où nous sommes maintenant. C’est plus éloigné, mais assez canonné se trouvant sur une hauteur car entre nos lignes il y a une espèce de petit ravin qui sillonne un ruisseau insignifiant.
[ci-contre les cuisines et je ne vois pas de femmes sur les photos, que des hommes. Voir les autres photos de cuisines et repas car ils ont pris beaucoup de photos concernant la nourriture]

Ransart est entouré d’arbres comme tous les villages de la région, mais les maisons sont complètement démolies. Il n’y a plus de civils.
Notre artillerie y tire souvent, car les Boches y cantonnent soit disant plusieurs compagnies. Sur la route où je note n°9 c’est là que j’ai fait tiré sur des Boches et nous en avons vu deux tomber.
Nous tirions près du n°4.
[Sur cette photo on voit Leglaive lui-même, et un périscope, mais le carnet d’Edouard Guillouard signale l’arrivée des périscopes plus tard. Je suppose que Leglaive a écrit ses légendes de photos après la guerre tandis que Guillouard avait un carnet de notes qu’il tenait journellement pendant la guerre, donc ses dates sont probablement plus fiables]

Près de Gastineau, à 100 m derrière, se trouve les soutiens de deuxième ligne SI SII successivement nous allons de temps à autre. C’est quelquefois bombardé, mais comme j’ai eu l’occasion de vous l’écrire, nous y sommes tranquilles. Nos bons hommes sont employés aux travaux de corvées, c’est de là que j’ai plusieurs photos.
Nos cuisines dans le ravin, près du ruisseau. Elles sont bien dissimulées et à l’abri ; Des photos vous en donnent une idée. Les cuisinières [je ne vois pas de femmes sur les photos, que des hommes] ont une rude corvée comme de venir trois fois par jour chercher assistance, car il faut passer par les boyaux et par les jours de pluie vous voyez avec la boue qui est inévitable dans le fossé que présente les boyaux.

Je crois que cet aperçu de notre secteur vous donnera une idée de ma vie de tranchée. Cette simple maison isolée sur la grand route est pour nous un point inoubliable pour la vie. Avec la carte d’état-major, vous pouvez reconstituer ce petit coin et savoir ou je me trouve.
Il y a encore une quantité de tranchées, de points fortifiés, d’emplacements d’artillerie et de munition qu’il est de mon devoir de ne pas mentionner.

Note

Les caporaux doivent s’assurer avant de prendre le service que tous les hommes ont bien sur eux
1-les 120 cartouches
2-la cagoule et le paquet de pansements
2-pendant le service de jour, le caporal de garde dans la tranchée de tir doit veiller à la propreté des cartouches et de l’eau qui se trouve dans les récipients
3-de jour comme de nuit, prévenir immédiatement le chef de section des moindres incidents et du passage des officiers supérieurs
4-remettre au poste du chef de section les étuis de cartouches brulées
5-les chefs d’escouades feront faire chaque matin une corvée de nettoyage des boyaux près de abris. Les pionniers en plus du fil de fer feront l’entretien de la tranchée.
6-organiser chaque jour une corvée d’eau pour la section : le tonnelet et récipients de tranchée.

J 201 (6 mois 18 jours) en plein hiver, dans la boue sans abri pendant 5 jours et 6 nuits
Le même jour, 21.2.1915, tandis que la neige tombe, un déluge de feu s’abat sur Verdun

Télécharger l’original du carnet de guerre d’Edouard Guillouard

Je ne vous mets pas les vues directement car ce serait trop lourd pour visionner ma page, donc je mets seulement les liens, et cliquez pour télécharger : janvier  1915  –  début février 1915  – fin février 1915

Carnet de guerre d’Edouard Guillouard 84° RIT : octobre-décembre 1914


Vous êtes sur le carnet de guerre d’Edouard Guillouard et photos de Fernand Leglaive au 84° RIT et il y a beaucoup de pages dont table des matières Edouard Guillouard (carnet de guerre) Fernand Leglaive (appareil photo)

DAINVILLE – TRANCHÉES de la SOMME

1er octobre 1914 jeudi – Travaux sur les mêmes positions, cantonné à Beaucourt, Hamel, ravitaillement difficile
2.10 vendredi – le doit grand garde dans le ravin au nord de Beaucourt, mangé du poulet aux pois, tombés près de la route

3.10 samedi – même occupation de jour, le soir cantonné à Beaumont, reçu lettres
4.10 dimanche – Tranchées au nord de Beaucourt, mouvement de repli vers 15 h sur la gauche, retraite générale sur Beaumont-Hamel, Mailly-Maillet, retour sur Auchonvillers. Bivouac d’alerte, bombardement

5.10 lundi – Occupé coté 142 au sud d’Auchonvillers, ordre de tenir jusqu’à midi, pas d’attaque, départ le soir, cantonné à Bertrancourt, fortement occupé par diverses troupes et beaucoup de blessés

« décembre 1914, tranchées du chemin de fer de Dainville »

6.10 mardi – Occupé 2es positions près Colincamps, cantonné à Louvencourt, appris que Joseph (son frère) est blessé

7.10 mercredi – 2es positions près Beaussart, cantonné à Bus-lès-Artois. Lettre du père

8.10 jeudi – Retour en 2e position, grand halte, départ pour l’arrière après félicitations, mais nous marchons par Coigneux, Souastre, StAmand, Humbercamps, La Cauchie, La Herlière

9.10 vendredi – Départ de La Herlière (route d’Arras), bois de Beaumetz-lès-Loges. L’après-midi reconnaissance des emplacements, rivière, Brétencourt. A 20 h occupation des tranchées du 270e RIR, alerte, fusées éclairantes

10.10 samedi – Ravitaillement difficile, poulets

11.10 dimanche – de la Brouerie, à 22 h relève par le 82e RIT
12.10 lundi – Arrivée à Monchiet. Mauvais cantonnement. Vu Durouzier

« décembre 1914, tranchées du chemin de fer de Dainville »

13.10 mardi – Monchiet, soutien d’artillerie
14.10 mercredi – Départ pour le moulin de Berles aux bois, cantonné à Bailleulval à la mairie
15.10 jeudi – Bailleulval jusqu’au 21 au soir

16.10 vendredi – Travaux, grand garde dans les tranchées

17.10 samedi – Revue du général Damade

18.10 dimanche – Messe dans la petite église de Bailleulval
19.10 lundi – Arrivée de Perrin, le Ct de Heninie remplace Giguet
21.10 mercredi – le 81e vient nous remplacer, vu Cassin, Poudat, le soir cantonné à Monchiet
22.10 jeudi – Exercice autour de Monchiet, ravitaillement difficile, popote avec le Ct
23.10 vendredi – Départ à 13 h pour Arras, cantonnement d’alerte à Dainville
24.10 samedi – Dainville chez le boulanger, sur des paillasses
25.10 dimanche – Dévotions, travaux faute route d’Arras, ordre de départ pour les tranchées par Achicourt, Agny, Le moulin, le chemin creux. Nuit pénible, pluie

« décembre 1914 les cuisiniers de la 2ème compagnie »

26.10 lundi – Le Ct Rambois du 2e terrible pour le cuisinier

27.10 mardi – Popote dans l’écurie, pas de vin, du thé

28.10 mercredi – Attaque par le feu, tous les soirs

30.10 vendredi – Retour chaque jour des sections en ligne
31.10 samedi – Thomas Lamotte [cho..] les chevaux

1er novembre 1914 dimanche – Messe au château, tombes
2.11 lundi – Achat à bon marché à Agny (Douillard)
3.11 mardi – Les rives du Crinchon, les déjeuners sont meilleurs, bonne camaraderie. Perrin, Hervé, Berthelot
5.11 jeudi – Touché indemnité et solde, envoyé 1er mandat, inquiétude pour Joseph
7.11 samedi – Ravitaillement d’Arras, l’ordinaire, les usines [Edouard est issu d’une longue lignée de quincaillers venus de Normandie (La Sauvagère). Ses frères ont une usine à Nantes et lui même aime les visiter, car ce sont ses fournisseurs]

« décembre 1914, les cuisiniers de la 2ème compagnie »

8.11 dimanche – Attaqué par le feu, mené à Agny, arrivée trop tard

9.11 lundi – La barrique percée par une balle

[photo de 2 cuisiniers apportant la nourriture à pied par la voie ferrée, Dainville décembre 1914 – VOIR LES NOMBREUSES PHOTOS DE CUISINES et les commenter sur mon blog]

10.11 mardi – Occupations du grand ouvrage

11.11 mercredi – Le Chat maigre, arbres en boule

12.11 jeudi – Arrivée de Bichon, les hutes du Crinchon

13.11 vendredi – Le Ct de Guemenie vient s’installer au moulin
14.11 samedi – Les cuisinières du village d’Agny
15.11 dimanche – Pasquier légèrement blessé

Joseph Guillouard, mort pour la France

16.11 lundi – Un soldat de la 4e tué. Apprend la mort de Joseph [jeune frère d’Edouard, photo ci-contre. 
17.11 mardi – Le 270 remplace le 2e  Dainville
18.11 mercredi – Vu Croisy [voisin demeurant aussi rue St Jacques à Nantes ] dans le chemin creux
19.11 jeudi – Reçu postaux, la Varenne, ravitaillement
20.11 vendredi – à Arras, vermouth, liqueurs, champagne, gateaux
21.11 samedi – Relève dans la soirée par le 82e R.I.T.
22.11 dimanche – Départ par le froid du Crinchon, arrivée à 8 h à Simencourt, départ à 11 h du soir pour la cote 105. Reçu sac de couchage
24.11 mardi – Cote 105, repas au choix près Wailly avec la 4e Cie cap. Hervé, Berthelot
25.11 mercredi – J’apprends la naissance de Thérèse (son 3e enfant, qui ne connaîtra son père que 4 ans plus tard – Elle est ma maman)
26.11 jeudi – Constructions d’abri
27.11 vendredi – Cote 105 dans la petite tranchée couverte comme abri
28.11 samedi – Visite d’officiers d’E.M.
29.11 dimanche – Messe à Dainville avec Pasquier, travaux au ch. F.
30.11 lundi – Départ pour les tranchées du Crinchon

Joseph Guillouard, le jeune frère d’Edouard, était tout juste marié et la photo ci-dessus semble prise dans la famille de sa femme, à droite sur le banc les parents de Joseph. Cette photo semble montrer un mariage urgent avant le départ au front. Ma maman racontait peu de choses, mais tous les 1er novembre, lorsque nous faisions le tour des cimetières, devant la plaque mémoire du décès de Joseph Guillouard, elle nous disait que sa femme Jeanne Beautamy était décédée peu après de chagrain. Je n’ai jamais pu trouver ce mariage, mais cette vue montre l’écriture d’Edouard Guillouard donnant la légende de la photo ci-dessus.

1er décembre 1914 mardi – Tranchées du grand ouvrage et du Crinchon, chemin creux, une section en réserve, popote au moulin, pluie
4.12 vendredi – Tranchées éboulées, relève dans la soirée, installation à Dainville
5.12 samedi – Compagnie de garde, installation dans la grande ferme au nord de Dainville, séparation de popote avec la 4e

photo Leglaive – Pour agrandir cliquez et recliquez

ligne en haut (de gauche à droite) : MORIZOT – FAUCHERON – PIERRE – BRIDONNEAU – GORON -PAVAGEAU – RAMPILLON – MOREAU – LOUPY – PASQUIER
ligne du milieu : inconnu – BICHON – GUILLOUARD – LEGLAIVE – FAUCHERON – inconnu
ligne en bas : MARCHAIS – CHOYAUX – PINEAU

7.12 lundi – Exercice le dimanche et le lundi sur la route de Warlus
8.12 mardi – Ordre de départ pour travaux à l’arrière, départ à 8 h par Wagnonlieu, Duisans en vue des Boches, bombardement à la Hate près Louez, pas de course vers Etrun, arrivé à Acq, envoyé à Ecoivres
9.12 mercredi – Départ de Ecoivre pour Maroeuil, déjeuné à Maroeuil, travaux à partir de 11 h jusqu’à 22 h, cantonné à Maroeuil
10.12 jeudi – Reprise des travaux, départ de Maroeuil à 6 h, toute la journée dans les boyaux près la [Torgette]
11.12 vendredi – Départ de Maroueil à 5 h, travail jusqu’à 19 h, les travaux ne pouvant pas continuer la nuit
12.12 samedi – Reprise du travail à 3 h jusqu’à 8 h, repos à Maroeuil mais bombardement dans le village du Mont-St Eloy
13.12 dimanche – Travail de 4 h à 17 h, une heure seulement pour le repas
14.12 lundi – Repos le jour, départ le soir à 17 h pour Berthouval, travail RI058.jpgtoute la nuit dans un boyau avec 0,50 d’eau, rentré à 8 h
15.12 mardi – A Maroeuil, le soir à 17 h travail à la cote 84 devant la Maison Blanche
16.12 mercredi – Rentré à 6 h, départ pour Dainville à 11 h, les hommes fatigués, arrivé au cantonnement à 17 h, logé chez Ferron la Dlle pomme d’api trois dans la même chambre, popote chez Malvoisin
18.12 vendredi – Dainville, on entend le canon de Maroeuil et on croit à l’offensive (conf. samedi)
20.12 dimanche – Départ à 2 h pour tranchées, Crinchon, chemin creux, grand ouvrage avec les cavaliers du 3e Dragon, le grand ouvrage occupé par un peloton, le chemin creux par le 270
23.12 mercredi – Dans la soirée relève par nuit noire par 3e Bon
24.12 jeudi – Au chemin de fer, veille de Noël, réveillon à la maison du garde-barrière, messe sur la voie à minuit, chants de Noël, le Ct LeFer de la Motte

27.12.1914 dimanche – Dans la soirée, relève et départ pour Dainville
28.12 lundi – Dainville, même cantonnement Ferron et popote Malvoisin
29.12 mardi – Photos chez le Ct de Herminy
30.12 mercredi – Déjeuné avec le Ct du Gardier chef de popote
31.12 jeudi – Le départ pour les tranchées est remis au 1er au soir, aussi à 8 h grand repas chez le Ct qui fait popote chez le maire, chants, discours, les Nudreins, Stéphan, Goheau, on attend la nouvelle année qui doit nous donner la victoire et la paix, le retour au foyer fiers d’avoir bien fait son devoir, mais tous avec la conviction qu’en avril ou mai tout serait terminé
(voir les noms des officiers (pas mois de 17 pages du carnet de guerre d’Edouard Guillouard sont consacrées à la liste des noms)

ci-dessous sur mon blog et en discuter)

Télécharger l’original du carnet de guerre d’Edouard Guillouard

Je ne vous mets pas les vues directement car ce serait trop lourd pour visionner ma page, donc je mets seulement les liens, et cliquez pour télécharger : début octobre  1914mi octobre 1914 –  fin octobre 1914novembre 1914début décembre 1914  – mi décembre 1914fin décembre 1914

Noël 1914 : lettre d’Edouard Guillouard à son frère Louis

[Noël 1914 : Edouard Guillouard écrit à Adrien, l’un de ses 3 frères, qui possède avec Louis, autre frère, une usine à Nantes, et fabrique pour l’armée. La lettre témoigne d’une telle grandeur d’âme ! et pas une plainte ! L’usine est connue sous le nom ALG qui désigne Adrien et Louis Guillouard, et a été fondée par les 2 frères quelques années plus tôt]
Mon cher Adrien ma chère Gabrielle
Merci de votre postal que je reçois juste à temps pour joindre à ceux de mes camarades. Nous sommes gâtés, je n’avais jamais contenté autant de friandises.
Hier soir nous avons fait un vrai réveillon, et je n’ose pas vous en envoyer le menu. Si à la guerre il y a de fort mauvais moments, il faut bien se distraire un peu, malgré que nous ayons bien souvent lieu de nous faire du chagrin.
Hier il ne manquait rien pour se distraire car après le réveillon, nous avons assisté à une messe de minuit peu banale. Dans un ravin de chemin de fer à 12 m des boches, un abris de paille recouvre un autel, quelques branches de houx et 6 bougies dans de simples chandeliers. Un lieutenant d’artillerie, prêtre, dit la messe servie par deux soldats d’artillerie. Cette cérémonie est magnifique dans sa simplicité et son pittoresque. A un moment une forte voix chante un minuit chrétien dans cette obscurité, c’est émouvant et je conserverai longtemps le souvenir de cette nuit de Noël.
Que devenez-vous ? Louis m’écrit que vous êtes très peiné.
J’espère que Adrien obtiendra un nouveau sursis, et ne viendra pas voir les tranchées qui n’ont rien d’intéressant tant que les boches seront en France, mais qui m’ont encore appris la guerre. Je crois qu’Adrien, inventerait quelque chose de nouveau s’il y venait, mais, je me contente de faire des abris et installer des poëles, que nous n’allumons que la nuit pour ne pas être repérés.
J’en ai assez de cette vie de guerrier et nous ne voyons pas la fin venir, nous n’avons pas grande occupation, mais nous ne pouvons nous absenter de notre poste et malgré que nous n’ayons pas eu d’attaques heureusement, mais nous devons toujours être prêts à prendre les armes, et le plus dangereux et le moins agréable, c’est que jour et nuit nous avons toujours l’artillerie allemande qui, répondant à la notre, envoit des srapmells au petit bonheur. Gare à ceux qui les reçoivent et malgré qu’il y ai plus de trois mois qui nous en voyons éclater près de nous, on ne s’y habitue pas. C’est comme les balles, c’est toujours désagréable de les entendre siffler aux oreilles, surtout quant je suis aux tranchées de première ligne, dans ma compagnie. Nous n’avons pas eu trop de mal surtout depuis le 4 octobre, pas de mort pas de blessés sur les 250 hommes, espérons que la compagne se termine ainsi.
Je vous ai écrit voilà un mois une longue lettre, et je n’ai pas eu de réponse. Veuillez m’écrire longuement, vous me ferez plaisir. Et, si votre générosité vous le permet, vous pouvez m’adresser un autre postal. Je vais même vous en fixer le contenu (pour vous guider simplement). : un gâteau Lefèvre-Utile, quelques friandises, cigares et jambon ou un beau pâté de foie gras (pas autre chose).
Car je crois nos mauvais jours passés, et les camarades avec qui je me trouve aiment bien les bonnes choses. La plupart sont des messieurs de situation au dessus de la mienne, mais ce qui n’empêche pas que nous sommes tous très liés et de véritables amis, avec qui j’ai tout de même eu des jours de misère, que nous compensons quand nous le pouvons.
En attendant le jour heureux où il me sera possible de retourner vers Nantes, ce jour ne sera pas aussi agréable que nous l’aurions souhaité au départ, car notre pauvre Joseph manquera parmi nous. Sa disparition me fait beaucoup de peine. C’était un bien bon garçon, et un excellent frère, il n’a pas eu de veine, espérons qu’il ne m’en arrive pas autant, car il ne faut qu’un coup et comme je vous l’écris nous sommes souvent arrosés par la mitraille.
Je termine ma lettre en vous offrant mes bons vœux de bonne année, je vous encourage sérieusement à faire votre devoir de bons français en travaillant au repeuplement et je souhaite de bonnes affaires à Adrien, mais avec des sursis.
A vous lire, votre frère et beau-frère qui vous embrasse affectueusement, Edouard

J 144 (4 mois 22 jours) : 1er Noël dans les tranchées

La lettre ci-dessus est un témoignage de la grandeur d’âme, surtout quand on songe qu’Edouard écrit à ses frères non mobilisés,