Journal d’Aimée Guillot, belle-mère d’Edouard Guillouard 1917-1918

Vous êtes sur le carnet de guerre d’Edouard Guillouard et photos de Fernand Leglaive au 84° RIT et il y a beaucoup de pages dont table des matières Edouard Guillouard (carnet de guerre) Fernand Leglaive (appareil photo)

JOURNAL D’AIMÉE GUILLOT, BELLE MÈRE D’EDOUARD GUILLOUARD

à la grâce de Dieu !
que nos chers disparus nous obtiennent force et résignation à accepter vaillamment ce qui arrive !
[J’ai eu l’immense bonheur de pouvoir consulter ce journal chez mon défunt cousin Alain Guillouard. Aimée Guillot, mon arrière grand mère occupe son temps en prières, lessive, jardin, raccomodage, prières, etc… et mauvaises nouvelles…. Entre crochets et en italique, c’est moi, Odile Halbert, qui vous commente le journal de mes grands parents]

Clisson, 2 octobre 1917 Aujourd’hui jour anniversaire de mon pauvre Charles voilà 8 ans ce jour qu’il nous a quitté pour toujours. La messe était à son intention. Que les Saints anges gardiens dont aujourd’hui la fête, le conduisent auprès du bon Bieu s’il n’y est déjà et qu’il prie pour nous qui sommes de reste sur cette terre pendant cette terrible guerre qui ne finit pas et peut être une révolution qui se prépare. [effectivement, c’est la révolution Russe le 17 octobren donc les journaux Français en parlait]

[photo 1917, devant la vitrine de la quincaillerie rue Saint-Jacques à Nantes. Les femmes, voutées avant l’âge, portent le deuil, habillées de noir, y compris le voile noir. A gauche Aimée Guillot, belle-mère d’Edouard  Guillouard. Elle a seulement 70 ans ! Elle écrit alors le cahier que vous lisez. Elles gardent leurs petits enfants. Celui du milieu, Robert, porte casquette militaire et fusil. Cette photo est la plus impressionnante que je possède. Elle impressionnait même ma maman, décédée à 83 ans encore jolie femme, surtout pas ratatinée et voutée et couverte de voiles noirs. Et aujourd’hui, en 2022 je vais avoir 84 ans, et je ne ressemble en rien à ces vieilles voutées, mes 2 arrière grand mères, même si je loin d’être belle ! NOUS VIEILLISSONS AUJOURD’HUI MIEUX QU’AUTREFOIS !!!]

Que la vie est loin d’être gaie comme en temps de paix où nous étions plus tranquilles. Que de disparus hélas ! La vie est en ce moment un tourment continuel.

[portrait chez le photographe Pervez rue Contrescarpe voisin des parents d’Aimée Audineau l’épouse d’Edouard Guillouard – Cette photo de 1912 était manifestement sur Edouard Guillouard avec les suivantes durant ses années au front]

L’anxiété de nos pauvres soldats, l’attente si désirée de la victoire.
La France est bien coupable mais elle est bien punie aussi. Prions les âmes du purgatoire de venir à notre secours, que nos chers disparus nous obtiennent force et résignation à accepter vaillamment ce qui arrive. Qui m’aurait dit que je serais venue demeurer ici. J’étais bien loin de m’y attendre. Je vois que le doigt de Dieu est partout.

Aimée est avec moi et ses enfants, nous nous réunissons pendant cette triste guerre et marchons à la grâce de Dieu. Il n’arrivera que ce qu’il voudra, je me mets à sa sainte volonté. Odette et Robert ont repris leur classe très heureux d’y aller et petite Thérèse toujours mignonne vient du jardin avec moi et Flavie de ramasser nos poires et nos pommes de Reinette pour cet hiver que nous serons contents d’avoir.
Le jardin est une grande occupation avec nos petits lapins. J’ai fait planter des artichauts. S’ils pouvaient réussir et ne pas geler cette année ce serait une ressource pour plus tard. Nous avons peu de chose à manger en ce moment. Il faut s’en contenter du peu qu’il y a.

3 octobre 1917 J’arrive du jardin, de rammaser l’herbe aux lapins et ensuite j’ai téléphoné à Alfred qui est absent. Jeanne était là, j’ai eu de bonnes nouvelles de nos soldats. Petite Jeannette va en classe enchantée d’y aller. Ils viendront nous voir un de ces dimanches.

[en permission, Sur ses genoux, ma maman, née en novembre 1914]

6 octobre 1917 Aujourd’hui premier vendredi du mois. J’ai assisté à la messe ce matin à la bénédiction et ensuite vaqué à mes occupatins ordinaires au jardin ramasser les fruits et conduire Robert en classe qui est heureux d’y aller chez les Messieurs. Il va bientôt savoir lire ce qui l’amuse beaucoup et surtout le dessin. Odette va chez les demoiselles aussi elle est contente de trouver des petites amies. Le mois d’octobre va être vite passé et la perspective de l’hiver n’est guère amusante et redoutable pour les enfants qui sont si fragiles comme sont les nôtres.

Dimanche 14 Je suis allée à la messe à 8 heures et à la gare chercher Jeanne et petite Jeannette heureuse de venir voir grand’mère, nous ont donné des nouvelles de Tonton Alfred et de Charles qui est en ce moment dans un gourbi à 10 mêtres sous terre. Il a 26 marches pour y descendre. Il n’a plus le beau soleil qu’il a fait la dernière quinzaine de septembre.
Quand la fin de cette interminable guerre !
Nous sommes allées faire notre visite à nos chers disparus, s’ils étaient là auraient ils de la peine de tout ce qui se passe et de voir la ruine et la gène partout, que la vie est donc triste ainsi. Quelle lutte de tous les jours pour arriver à ce résultat. Les américains nous arrivent en grand nombre pour nous aider espérons le.

[Photo : Odette et Robert, enfants d’Edouard, déguisés en infirmière et soldat]

J’ai écrit à Charles. Il est toujours content d’entendre parler de sa Jeannette qui devient de plus en plus intéressante. Odette enchantée de jouer avec elle ainsi que Robert et petite Thérèse aussi. La pluie a dérangé nos projets. Nous avons tous joué une partie de nain jaune qui amuse beaucoup les enfants.
Permission.JPGPhoto : permission à Nantes, sa femme, ses 3 enfants
Lundi 8 octobre 1917 J’ai répondu à mes soldats qui sont heureux d’avoir de temps en temps des nouvelles. Ils trouvent le temps si long dans leur gourbi et tranchées. Quelle existence pour eux si différente d’autrefois depuis bientôt 4 ans. Quelle misère. Nous attendons toujours la fin de ce terrible fléau.
Nous avons eu le visite de Mme Blanchard qui a fait 14 barriques de vin. Il se vend très cher 200 frs pris à l’anche. Les vignerons sont contents cette année. Depuis plusieurs années qu’il n’y avait rien.
J’ai terminé le sarreau noir à Robert. Au tour à Odette à présent et le raccommodage de la semaine.
11 octobre 1917 Je suis allée à deux messes pour les soldats et aujourd’hui j’ai conduit Robert en classe à 8 h et ensuite assisté à la messe de mariage de Melle Rose Dugast avec Mr Méchineau grand blessé de la guerre et réformé. Il l’a bien mérité. Ils ont eu une belle messe et du chant et un beau sermon très édifiant par Mr le Curé qui a fait leur éloge et de leur famille il y avait beaucoup d’invités mais malheureusement le temps n’était guère favorable. Que des averses toute la journée.
Notre lessive a tout attrappé. Elle séchera demain.
Odette et Robert ont écris une carte à Tonton Alfred pour sa fête. Nous avons eu la visite de Mr et Mme Coudrin et avons été faire un tour au jardin et au cimetière par un peu de soleil qui nous réchauffe en ce moment. Les enfants se sont amusés à jouer au cerceau sur la route. Les jours sont si courts qu’on profite de sortir après les classes quant il fait beau.
Reçu des nouvelles de Marie Macé. Son Alfred est toujours à la guerre. Quelle épreuve pour tous en ce moment surtout l’hiver qui arrive.
22 Octobre Je n’ai pas eu le temps de continuer mon journal. Je suis allée à Nantes pour affaires urgentes.
J’ai fait faire ma carte d’identité puisqu’on ne peut plus voyager sans cela.
Petite Jeannette était malade, la fièvre, c’est la croissance. Elle a commencé à aller à l’école enchantée d’y aller comme Odette et Robert. Cela la désennuie.
J’ai vu les quelques amies de Nantes heureuse de les revoir après cinq mois d’absence. Alfred a eu mal à un pied. Ses chaussures lui ont occasionné en allant à la chasse. Cela va mieux. Heureusement nous avons eu de bonnes nouvelles de Charles. Il est toujours aux environs de Soissons. Je lui ai envoyé ses manchettes. Voilà le froid qui arrive et il est si frileux.
J’ai vu Melle Denghin et j’ai eu de bonnes nouvelles de Mr Ralutx en bonne santé avec ses 83 ans.
J’ai été voir Mr Bioret et Mme Thomas et grand’mère qui a ses 99 ans toujours le même. Sa fille a bien peur de l’hiver pour elle. Auguste est toujours dans l’active et elles sont en attendant de meilleures nouvelles. Il est toujours bien exposé.
Quelle triste fléau que cette guerre qui attriste tout le monde et à quand la fin.
24 octobre René Libeau m’a écrit. Il a fait plusieurs batailles et est au repos pour l’instant. Je vais lui répondre un de ces jours.
J’ai reçu une lettre de Marie Louise qui m’annonce la mort d’un de ses cousins à la guerre et du petit-fils à Mme Lasnier de Loizellerie ma cousine. Je prends une vive part à son chagrin, moi qui a été si heureuse de la voir à mon récent voyage en Anjou.
Que de luttes sur cette terre et de peines pour ces pauvre soldats si exposés. La liste des morts est longue aussi en ces belles fêtes de la Toussaint, nous allons redoublé nos prières pour eux et les familles si éprouvées. Tous les jours on entend parlé de disparus !
Albert Durville est venu en permission et Marie Durville est venue nous voir. Nous avons profité de faire une belle promenade à Cugand l’après-midi et sommes revenus au clair de lune. Les enfants étaient si contents et il faisait très doux.
Visite de Mme Blanchard. Elle nous a bien amusés et nous a fait passer un bon moment avec tous ses récits sur la guerre.
Reçu nouvelle de Jeanne. Jeannette est mieux. Nous attendions Antonine à déjeuner.
Personne n’est venu. J’attends une lettre demain ou peut-être viendra-t-elle dimanche ?
La visite de Mr et Mme Boussion avec Aimée-Marie venue jouer avec les enfants. Odette et Robert l’aime beaucoup. Elle est très douce et très mignonne.
1er novembre 1917 Aujourd’hui fête de la Toussaint. Nous avons Alfred et sommes allés après déjeuner au cimetière tous en famille dire une prière à nos chers disparus. Que de vides autour de nous et demain fête des morts. J’assisterai aux offices pour les âmes des défunts qui sont en purgatoire afin de les délivrer et qu’elles nous viennent en aide à leur tour. La procession au cimetière n’a pas pu avoir lieu vu le mauvais temps. Elle est remise à Dimanche.
Nous partirons pour Nantes samedi. J’irai conduire Aimée et ses enfants avec Flavie [la domestique]. Nous y resterons une huitaine et reviendrons ici pour faire notre lessive.
Les enfants sont heureux de retourner à Nantes. Ils aiment tant le changement et surtout les voyages. Cela les amuse beaucoup.
4 novembre 1917 Nous voilà de retour rue St Jacques 60. Que va-t-il nous arriver dans notre huitaine ? Ce qui le bon Dieu voudra.
6 novembre 1917 Aimée a reçu une lettre de Valentine qui doit revenir de Lorient avec ses petits neveux et doit aller consulter un occuliste à Nantes pour eux. Aimée doit aller à sa rencontre à la gare demain à midi.
7 novembre 1917 J’ai reçu un coup de téléphone de Jeanne me disant que Madame Guillet de la rue de Rennes était très malade et d’aller la voir. Je n’ai pu y aller le matin à cause de l’arrivée de Valentine. J’y suis allée l’après midi vers deux heures et en arrivant Jeanne me dit qu’elle était à l’agonie. Jugez de ma surprise, elle avait reçu l’extrême-onction le matin. J’ai pu la voir et lui ai récité les litanies des agonisants. Elle ne quittait pas ses yeux du sacré-coeur et de soeur Thérèse. Elle avait une si grande confiance en eux ! Elle est morte comme je disais que les Anges viennent à sa rencontre et que le Seigneur la reçoive (Quelle belle mort). Je la regrette beaucoup. C’est une bonne amie de moins pour moi. Elle était si pieuse et bonne. Le bon Dieu a ses dessins sur la terre.
8 novembre 1917 Valentine a été consulté l’occuliste qui a donné un traitement pour Jean. Elle part aujourd’hui. Aimée va les conduire au train de midi.
Je vais retourner auprès de mon amie la garder et prier pour elle.
J’arrive de l’enterrement avec Jeanne et Alfred. Il y avait grande affluence de monde. Cela fait bien plaisir de voir de la sympathie. Pauvre père Guillet. Il est inconsolable ainsi que son fils Joseph. Ils se trouvent désemparés tous les deux. Ils étaient si bien soignés par une si bonne mère. Le doigt de Dieu est là. Il faut s’y conformer et tout accepter.
Dimanche Nous venons d’arriver à Clisson, Flavie et moi, pour faire notre lessive. Nous aurons la femme demain. Espérons que nous aurons beau temps.
Mardi Notre lessive est lavée et nous l’avons toute étendue (la machine n’exite pas encore). J’arrive du jardin de faire les provisions de légumes. Mes draps sont bientôt secs. Quel embarras que cette lessive. Je vais la raccommoder et Flavie va repasser et j’espère que dans la huitaine tout sera dans l’armoire. Nous avons été favorisées par un beau temps.
Jeudi Je viens de faire une grande promenade en compagnie de la famille Boussion-Veillet. Nous arrivons de la campagne de goûter du cidre qui est très cher cette année 65 frs la barrique et tout est hors prix
Samedi J’ai eu la visite de Melle Léonide. Elle est bien mieux. J’irai leur faire mes adieux demain avant notre départ pour Nantes. Aimée nous attend et les enfants avec grande impatience.
Dimanche Aujourd’hui j’ai pu aller à la grand’messe et aux vêpres et faire notre visite au cimetière (occupation de tous les dimanches après-midi) avant notre départ. Quelle triste perspective que l’hiver. Nous le passerons en famille à la grâce de Dieu.
Lundi A notre arrivée, j’ai trouvé bonne mine aux enfants surtout Thérèse qui devient si intéressante. Odette et Robert continuent leur école. Ils ont la croix tous les deux, aussi les sous se mettent dans la tirelire.
Depuis le 5 novembre, que nous sommes arrivées à Nantes, cela ne va pas fort. Je commence un gros rhume. Voilà la vilaine saison. Nous ne sortirons guère. Je vais promener Thérèse une heure l’après-midi quand il fait beau.Les jours courts passent bien monotones. Nous attendons bientôt nos soldats. Aimé doit aller au devant de son mari à Paris. Cela lui fera une distraction. Il fait déjà si froid que je m’en inquiète pour elle. Ils seraient heureux de se retrouver ensemble tous les deux.
Flavie a été bien enrhumée. J’ai bien eu peur pour elle à une bronchite, mais cela va mieux. Le temps est si dur déjà, c’est à s’en inquiéter pour passer l’hiver qui commence très froid.
décembre 1917 Nous voilà en décembre. J’ai toujours été occupée et n’ai pas eu le temps d’écrire à la famille. Nous attendond Edouard [Guillouard, son gendre] et Charles [Audineau, un de ses 2 fils, et frère d’Aimée]. Les enfants sont enrhumés. Nous gardons la maison. Il gèle tous les jours.
J’ai eu de bonnes nouvelles de Gené et des amis. Madame Bellanger m’a écrit aussi je suis bien en retard avec. Je n’ai guère de temps avec mon entretien du linge de la maison et raccommodage.
J’ai eu plusieurs visites de Mme Bégué soeur de Madame Guillet, ce qui m’a bien fait plaisir. Nous avons parlé longuement de la pauvre absente. Elle en a tant de chagrin.
Joseph est venu me voir avec Alfred (son fils, handicapé) et un de ses amis. Cela passe le temps plus agréablement.
J’ai eu aussi la visite de M Babitxa toujours alerte pour ses 86 ans, ainsi que de Mme Denghin qui en a 73, mais sa maladie de coeur la tient souvent à la chambre. Elle profite de sortir quand il fait plus doux. Je ne sais quand je pourrai en faire autant. Je suis toujours enrhumée, c’est la saison.
Nous voilà 23 décembre 1917 Aimée vient de recevoir une dépêche pour partir à Paris. J’arrive de la conduire à la gare. A mon arrivée une autre dépêche d’Edouard qui n’arrivera à Paris que Samedi matin. Elle va être bien ennuyée seule à Paris. Je lui renvoie la dépêche. Elle ne la recevra que demain. Elle va être bien inquiète.
24 décembre 1917 J’ai reçu une lettre d’Aimée [donc à chaque permission, ma grand-mère partait en train à Paris au devant de son mari en permission annoncée]. Elle a fait bon voyage. En attendant Edouard, elle a été pour voir Mme Tiger pas là que ses enfants. Après voir le cousin Luzeau absent. Quel voyage plein de péripéties. Enfin ils sont donc revenus par un froid terrible ce matin à 5 heures. Tout s’est bien passé pendant leur voyage. Je suis bien enrouée et vais être obligée de ma coucher.
janvier 1918 Edouard est là en permission et je suis au lit pas de veine, prise de bronchite. Cela ne m’arrange pas de garder la chambre. Il faut bien que j’en passe par là.
Charles est venu me voir aussi en permission. Quelle guigne d’être ainsi renfermée et ne pouvoir vaquer à ses petites occupations ordinaires. L’hiver me cloue toujours à la maison.
Robert n’est pas bien en ce moment ci. Il a sa bronchite aigüe qu’il a attrapé pendant la permission d’Edouard ayant sorti par le grand froid. Il est si délicat. Odette et Thérèse sont bien. Flavie est à sont tour bien enrhumée. Nous y avons tous passés avec cette mauvaise grippe et pourtant elle voudrait bien aller à Clisson nous chercher des provisions de légumes et haricots que nous avons conservé.
Flavie a pu faire son voyage et nous apporter des pommes qui nous font bien plaisir et confitures aussi.
février 1918 J’ai repris mon petit train de vie avec mon raccommodage. Nous avons quelques visites de l’an et n’en avons pas fait. Il fait si mauvais et le froid trop rigoureux cette année.
Nous voyons Jeanne et Jeannette souvent toutes les semaines. Jeannette vient par tous les temps. Elle est très forte et supporte toutes les températures, ce qu’on ne peut pas dire des nôtres qui attrappent toutes les maladies. Quel ennui d’avoir des enfants si peu fort.
Nous voilà en Mars le temps parait plus doux que nous arrivera-t-il ce mois-ci ?
10 mars 1918 Je viens de recevoir une dépêche m’annonçant la mort d’Henri Michel. Je téléphone à Alfred pour partir demain. Je m’en inquiète. Il n’y a qu’un train. Nous serons obligés de coucher à Chazé.
11 mars 1918 Nous voilà arrivés à Chazé (Chazé-sur-Argos, par le train du Petit-Anjou, depuis Nantes). Personne à nous attendre à la gare. Je viens de demander à Julie de la Bridelais de nous conduire demain à Gené ce qu’elle va faire avec grand plaisir.
Jules nous nous a conduit ce matin pour 9 h 1/2 pour la triste cérémonie. Pauvre père Michel. Nous le regrettons bien. Il était si bon pour nous quand nous y passions nos vacances. Marie-Louise est inconsolable et la mère Michel aussi. Il a été enlevé après 3 jours de maladie d’une congestion. C’est peu de chose que nous. Je vais rester jusqu’au service et retourner par Angers avec Eugène dont la permission finie. ll est au dépôt à Angers avec sa phlébite depuis 3 ans. Sa jambe est bien malade. On ne veut ppoint le réformer. Il serait bien plus utile chez lui. Que vont devenir les deux pauvres femmes toutes seules. Je m’en inquiète bien pour elles avec deux petits enfants de 7 et de 5 ans. Enfin le bon Dieu y pourvoira.
J’ai revu mes amies en peu de temps. Cela a été une vraie joie pour moi.
20 mars 1918 J’ai vu à Angers ma famille et mon amie Mme Buron chez laquelle je suis descendue pour y coucher. Je la regarde comme ma soeur, elle est si bonne pour moi. J’ai passé deux jours heureux parmi eux. Mad toujours aussi aimable et venue me voir. Madame Jallot et Marie Poupart où j’ai déjeuné et diner, Mr Paiveri (?) avec ses 76 ans a une congestion pulmonaire, on craint bien à son âge.
J’ai vu Marguerite avec ses enfants, toujours la même, bien affectueuse et ai vu Melle Marie De Bossoreille. Son père a 83 ans, bien conservé pour son âge toujours aussi gai. J’ai été heureuse de voir tout mon monde ainsi que nos cousins Bonnet et Bex. Marie Bex 83 ans a la jaunisse et Mme BEX 86 bien conservé et ne perdant pas la carte. Elle est en train de faire la généalogie de notre famille Guillot de la Chouanière (dont rien ne nous est parvenu !) . J’ai vu aussi Mme Roux et son mari qui ont perdu leur fils Henri à la guerre et Aimée Nourry était là aussi. Nous nous sommes retrouvées après tant d’absence. Cela fait plaisir.
J’ai fait un bon voyage en revenant par Champtoceaux où je me suis arrêtée chez notre cousin Mr l’abbé Grenouilleau, ne l’ayant pas vue depuis 12 ans. J’ai été bien heureuse de le retrouver en bonne santé ainsi que sa mère Mme Henriette qui a été très aimable pour moi et m’ont si bien reçu.
J’ai eu un temps superbe à mon voyage. J’ai été protégée visiblement.
24 Me voilà de retour à Nantes et reprendre mes occupations. Nous irons à Clisson le lundi de Pâques un huitaine seulement. Pour Robert le temps n’est pas encore assez chaud pour y rester complètement. Les enfants sont contents de la perspective et en attendant le départ il en sont ravis.
Nous voilà arrivées à Clisson lundi de Pâques pour y passer une huitaine. Nous avons trouvé la famille Boussion-Veillet en bonne santé et avons passé une bonne après-midi avec eux et Mademoiselle Jacques venue chez Madame Guérin pour 3 jours seulement. Nous avons un temps déplorable, toujours de la pluie, et l’humidité ne convient guère aux enfants, ce qui les empêchent de sortir. Nous sommes allés au cimetière et à Toute Joie, nos promenades habituelles, et au marché acheter nos provisions.
Nous attendons Alfred [Audineau, son 2ème fils] et Jeanne [Bichon, sa belle fille, épouse de Charles] et Jeannette [fille unique des précédents] dimanche et Flavie attend sa soeur et ses nièces.
Aujourd’hui dimanche, Alfred est venu nous annoncer une grande nouvelle qu’il prend la suite d’affaires de Charles avec un associé. Cela va faire sa situation enfin à la grâce de Dieu. Il m’attend demain à 9 heures à son bureau. Je m’en inquiète un peu, je ne demande pas mieux que de lui rendre service jusqu’à ce qu’il se marie.
Flavie a vu sa soeur et ses nièces, son neveu part à la guerre dans quinze jours à 19 ans. Quel malheur pour sa mère : il était le gagne-pain de la famille, il faut en passer par là et tout accepter. C’est une rude épreuve.
Charles est du côté du Mont Didier, il y a plusieurs jours qu’il ne s’est débarbouillé ni deshabillé, c’est souvent son tour. Quelle triste offensive qui met tout à feu et à sang. Le pauvre jeune homme Gaboriau a un bras de moins et c’est le droit. Quelle génance il aura pour sa menuiserie plus tard et il faut tout endurer, ses parents sont navrés, il y a où.
Edouard est en ce moment à la recherche de son régiment ayant suivi les cours, il était en retard avec ses amis. Les lettres ont aussi du retard de 4 jours, Aimée s’inquiète et a toujours peur de mauvaises nouvelles, enfin espérons quand même ; il faut s’en remettre à la volonté du bon Dieu pour tout.
4 avril 1918 J’ai eu des nouvelles de Fernand et de Madame Planche. Ils sont souvent obligés de descendre dans leur cave à cause des obus et avions qui jettent la panique partout. Quelle triste vie que la vie de Paris. Il vaut encore mieux la Province et qu’est ce qu’on deviendrait si ils arrivaient jusqu’à Nantes ? …
J’ai loué ma maison de Clisson pour 6 semaines à des Parisiens réfugiés. Nous voilà de retour ici n’ayant pu trouver de pain en arivant, obligé d’en emprunter. Nos petits enfants ont fait bon voyage. Si le temps pouvait seulement être plus beau pour qu’ils fassent de bonnes promenades pour la santé de Robert qui est si délicat. Nous espérons bientôt la fin de la guerre d’après les prophéties. Si c’était vrai. Il faut que cela aille plus mal encore pour aller mieux après, enfin espérons toujours dans le Sacré Coeur.
J’ai recu une lettre de Madame Bellanger qui se confine dans ses Tourelles, ayant pourtant l’espoir de venir nous voir à son voyage à Nantes après Pâques me disait-elle.
J’ai su la mort de Mr Fourré par Louise Chatelier qui est à passer ses vacances à Saumur. Victorine m’a écrit aussi. Elle est bien. Voilà le printemps qui devrait tous nous remettre du si dur hiver que nous venons de passer.
8 avril 1918 Aujourd’hui je suis allée route de Rennes. Alfred a pris la suite de son frère. Jeanne ne voulant pas continuer son commerce. Alfred prend un associé, je dénie bien que cela marche pour eux. Il va probablement falloir que j’aille demeurer avec lui d’ici nouvel ordre nous cherchons une maison ne pouvant avoir celle de Jeanne. Quel ennui que tous ces déménagements qu’il va falloir faire, enfin à la grâce de Dieu qui conduit tout, je ne demande que la réussite de leur entreprise qui va être un peu lourde pour commencer. Il y a tant de frais généraux.
J’attends une lettre de Charles toujours à la guerre, bien ennuyé de cette offensive et quand reviendra-t-il. Les permissions étant supprimées. Quel tourment que tout cela.
J’arrive de chez Alfred, j’ai vu son associé. Ils vont s’entendre ensemble pour le commerce et tâcher de réussir avec ordre et économie. Il y arriveront, je l’espère.
Je n’ai pas trouvé de maison, tout est loué partout et avec des prix dérisoires. Les loyers augmentent comme le reste, tout est hors de prix avec la surtaxe ; que c’est donc ennuyeux tout cela.
9 avril 1918 Jour de service anniversaire de Mme Jeanne Guillouard. J’y suis allée avec Aimée et sommes allées au cimetière après, avec la famille Beauthamie (femme de Joseph, frère d’Edouard Mort pour la France). Son oncle Mr Beauthami a bien remercié ses belles-soeurs d’avoir assisté au service et nous sommes revenus ensemble jusqu’à la maison.
J’attends des nouvelles de Charles (son fils) toujours sans nouvelles. Les lettres ont beaucoup de retard pendant cette offensive qui ne finit pas. Quel cauchemar que cette guerre atroce.
Nous avons au la visite de Mr l’abbé Loiret soldat venu à la Persagotière. Là il est plus tranquille qu’à Saint Anne d’Auray où il était à un poste d’observation et ensuite infirmier dans la salle des tuberculeux. Quel changement.
Je suis allée chez Alfred. Nous cherchons une maison, ce qui n’est pas facile à trouver auprès de son bureau, ce qui est très ennuyeux et nous voudrions être fixé pour la St Jean, il faut de la patience.
Madame Pervez (femme du photographe de la rue Contrescarpe, ex-voisine) est venue nous voir aujourd’hui, il y avait si longtemps qu’elle n’était venue et m’a apporté un bouquet de muguet pour ma fête et celle d’Aimée. Elle ne nous oublie pas. Le mariage de Jeanne Fonteneau a été célébré à St Nicolas où il y avait foule à la messe et elle s’en va à Lourdes comme voyage de noce ne pouvant aller à Paris à cause des bombardements; Quel ravage ils font dans ce Paris, le cousin Luzeau est est bien effrayé. Il y a où. Je ne sais ce que nous allons devenir à la fin.
Pas de nouvelles de Charles (son fils) et les permissions sont suspendues pendant cette triste offensive. Espérons toujours à des jours meilleurs et aussi remettons nous à la divine Providence qui n’abandonne personne.
mai Je reprends mon journal depuis si longtemps interrompu. Que d’ennuis dans la vie. Toujours le tour au même. Je vais trois fois la semaine chez Alfred garder son bureau, cela me fait une distraction.
Nous attendons Charles et toujours rien, ainsi que Edouard. Nous devions aller à la campagne. Notre voyage reculé en les attendant et quand ? Cette offensive retarde tout.
J’ai rencontré Mme de la Pierre toujours la même bien alerte et vigoureuse pour ses 75 ans. Elle m’a grondée de ne pas aller la voir, je n’ai pas le temps.
Madame Guilbaud a vendu son commerce pour venir se reposer rue de Rennes. Nous nous verrons n’étant pas loin les uns des autres quand je suis chez Alfred.
Mme Pervez s’en va à un mariage de son neveu. C’est un beau voyage à Lannion avec Yves qui l’accompagne. Je viens de déjeuner avec eux, toujours si aimable pour moi.
Je suis allée déjeuner chez Antonine. Notre voyage de Champtocé est remis à plus tard. Notre cousin à une bronchite.
A Saint Jacques, nous avons assisté à la confirmation avec les enfants qui ont eu la bénédiction de Mgr. Très heureux, il y a si peu de belle fêtes ici.
Nous sommes allés un dimanche voir la soeur de Madame Cahéri Supérieure à la clinique Jeanne d’Arc. Il y avait si longtemps que je ne l’avais vu.
Nous devons aller voir Marie Joseph un de ces jeudis et Madame Cahéri depuis le temps que je n’ai pas eu de nouvelles. Que devient-elle ? sa cousine la soeur clarisse est revenue à Nantes à leur maison. Il est très difficile de la voir étant cloitrée. Mr Rabitxa habite dans leur maison et cherche un logement qu’il ne trouve nulle part comme nous rue de Rennes. Que c’est donc ennuyeux et la St Jean approche enfin espérons en la Providence de Dieu qui veille sur nous.
Melle Denghin est mieux et bien faible avec ses 73 ans et a le coeur bien malade.
J’ai déjeuné chez Mr et Mme Bradanne depuis si longtemps partie remise. Ils sont toujours bien aimables pour moi. J’ai revu la soeur de Mme Bradanne avec le petit Joseph qui est toujours très gentil.
Roger Pervez est venu en permission. Je n’ai pu le voir cette fois ci étant toujours pris par ses amis et 7 jours c’est si vite passé.
Charles ne sait pas encore quand il viendra. Que c’est long cette attente.
J’ai eu la visite chez Alfred de Mr Bacqua qui aime beaucoup Charles et est venu en savoir des nouvelles.
Notre cousin Poupart est commandant. J’en ai fait tous mes compliments à son père et à sa mère. Marie Jallot sa femme est malade d’une sale grippe (la grippe espagnole). Je vais en savoir des nouvelles par Mr Jallot de qui j’attends une lettre.
Joseph Gardais m’écrit qu’il est en ce moment dans le nord très malheureux à faire de grands travaux et il tombe souvent des obus. A quand la fin de tout cela. Marie-Louise m’écrit aussi que son mari est toujours à l’hôpital depuis 4 ans bientôt. Il serait mieux réformé car à quoi leur sert-il, à rien, et serait bien mieux chez lui à commander, et il souffre beaucoup des jambes et ne pourra guère marcher. Je viens de recevoir une lettre d’Henriette qui nous dit d’aller le 1er juin. Son oncle est guéri et a repris ses fonctions. Je vais le dire à Antonine et nous irons si cela se peut.
Je suis allée au service de Gabriel Houis tombé au champ d’honneur. Pauvres parents, ils ont bien du chagrin de leur cher enfant qui a bien voulu donner sa vie pour la France, pauvre petit à 19 ans. Il est plus heureux que ceux qui le pleure.
Les permissions des soldats sont supprimées, quel ennui et quand les reverront nous. Dieu seul le sait, attendons.

Les nouvelles (mauvaises) circulent beaucoup grâce au téléphone, aux nombreuses lettres, et aux dépêches. Le rythme est soutenu…
La vie est chère, sans chauffage, les églises pleines, les cimetières très visités.

Fernand Leglaive Paris 1878-1948 photographe de génie sur le front 14-18 au 84° RIT

Introduction

J’avais mis en ligne il y a 25 ans le carnet de guerre d’Edouard Guillouard et les photos de Fernand Leglaive. Ils passèrent ensemble toute la grande guerre, restèrent amis toute leur vie, et ma famille possède encore les photos de Leglaive durant la guerre. Lors ce ma mise en ligne, j’avais alors lu sur Internet que les appareils photos étaient interdits pendant la grande guerre. Or, depuis ma publication les mises en ligne se sont beaucoup multipliées et le Ministère de la Culture a  des sites sur la grande guerre et en particulier un site nommé L’HISTOIRE PAR L’IMAGE sur lequel une page est dédiée à la photo pendant la grande guerre. Selon ce site officiel, il s’avère que les appareils photos n’étaient pas interdits, et furent assez utilisés, donc l’information que j’avais lu ailleurs prétendant une interdiction est erronée. Sans doute une autorisation préalable était nécessaire, et accordée.


Edouard Guillouard (carnet de guerre) Fernand Leglaive (appareil photo)

Fernand Leglaive : biographie

Fernand Louis Prudent LEGLAIVE est né à Paris 22 mars 1878 est décédé à Paris le 6 juin 1948. Il est le 6ème enfant de Prudent Eloi LEGLAIVE, né à Hans (Marne) le 8 janvier 1835 décédé à Mauves-Sur-Huisne (Orne) le 18 juin 1896 et Augustine Antoinette DAMON, née à Paris 8° le 18 novembre décédée à Paris le 24 mars 1920
Son père est marchand layetier « Celui qui fait des layettes, des caisses de bois blanc. Layetier emballeur’. (Dictionnaire de la langue française Littré). Tome 3, 1873) – « Les maîtres de la communauté des layetiers de Paris se qualifient [en 1767] maîtres layetiers écriniers de la ville et faubourgs de Paris » (Dict. des arts et métiers). Ce métier existe encore en 2021 mais on dit « cagettes en bois » ou « cageots » pour transporter beaucoup de produits agricoles et autres.
Après la mort de leur père, Fernand Leglaive et ses frères reprirent l’affaire sous le nom de « LEGLAIVE FRÈRES ». La fiche militaire de Fernard Leglaive le donne « industriel transport et emballage »
Il a pour frères et sœurs :
1-Louise Augustine LEGLAIVE 1863-
2-Emile Arsene LEGLAIVE 1866-
3-Emile Antoine LEGLAIVE 1867-1950 Marié le 22 janvier 1906, Coulommiers, 77120, Seine-Et-Marne, Île-De-France, FR, avec Juliette Alice CHEVALLIER
4-Ernestine Eugenie LEGLAIVE 1869-
5-Eugene Ernest LEGLAIVE 1872-
Fernand Leglaive est encore étudiant lorsqu’il passe le conseil de révision (selon sa fiche militaire), donc il a un niveau d’études supérieures, ce que n’avait pas Edouard Guillouard, manifestement niveau Brevet Elementaire, qui était le niveau le plus répandu à l’époque.
Fernand Leglaive avait acquit avant la guerre un appareil photo, qu’il aura avec lui durant toute la guerre, manifestement après autorisation car les appareils photos sur le front devaient être autorisés sinon ils étaient interdits. Il partage sa passion pour la photo avec son frère Émile, et le 24 juin 1924 ils adhèrent tous deux à la Société d’excursions des amateurs de photographie, fondée en 1887. Ils y restent longtemps, selon le fonds des bulletins de cette société numérisés sur Gallica.

Leglaive photographiait la vie dans les tranchées

Fernand Leglaive n’était par reporter de guerre et ses photos sont des témoignages de la vie durant ces 4 années. Parmi toutes ces photos il n’y a que 7 photos d’armes et une photo de masque à gaz, mais un masque très spécial. Voici les rares photos d’armes, toutes autres sont sur mon blog : carnet de guerre d’Edouard Guillouard


photo Leglaive « avril 1915, tranchée de Gastineau, canon de 37

photo Leglaive [je vois une arme couverte pour la protéger ou camoufler, mais l’homme n’est pas couvert]
photo Leglaive

« mai 1915 Bailleulval, canon de 420 camouflé »

« été 1915 Bailleulval, compagnie de mitrailleuses

photo Leglaive

« été 1915 Gastineau » je crois voir mon grand père et un canon

photo Leglaive

« septembre 1917 Saint Jacques, appareil Tissot

photo Leglaive

« Morville, l’aumônier divisionnaire lançant une grenade »

fonds Guillouard, tir antiaérien (c’est seulement une séance d’entraînement pendant les cours suivis par Guillouard fin 1917)

Leglaive aimait se faire photographier

[Leglaive aimait aussi poser lui-même, et cette seconde photo le montre offrant son image dans la glace, ce qui atteste beaucoup de recherche d’originalité de rendu des photos. En outre, on voit qu’en tant qu’officier il est là chez l’habitant, sans doute logé ou au moins en « popote ».]

En 14-18 il est capitaine au 84° RI et c’est là qu’il fait la connaissance d’Edouard Guillouard, alors lieutenant sous ses ordres. Ils vont se lier d’amitié jusqu’à la mort de Guillouard en 1947.
Il partage sa passion pour la photo avec son frère Émile, et le 24 juin 1924 ils adhèrent tous deux à la Société d’excursions des amateurs de photographie, fondée en 1887. Ils y restent longtemps, selon le fonds des bulletins de cette société numérisés sur Gallica.
Le 6 juillet 1917, il reçoit du général Deligny qui commande le 39e corps d’armée, la citation à l’ordre du Corps d’Armée. Motif de la citation : a pris part aux combats de Tournay et Beaumont-Hamel en 1914 – Blessé au visage dans les tranchées de Bailleulval en 1915, n’a consenti à être évacué que sur l’ordre du colonel commandant le régiment – dans la nuit du 24 au 25 mai 1917, à la suite d’un coup de main, montré beaucoup de sang-froid et un expert de décision rapide qui ont permis de repousser l’ennemi.
Le 30 janvier 1927, son beau-frère Hector Beissier, chevalier de la légion d’honneur, demeurant 182 rue de Rivoli à Paris, le fait introduire chevalier de la légion d’honneur.
Son dossier est en ligne, dans la base « Leonore ».
Il demeure alors 30ter avenue Daumesnil Paris 12e.
Il a fait prendre beaucoup de portraits de lui durant ces 4 années de la grande guerre, et toutes posées, quelques unes avec beaucoup de recherche.
Et après la guerre il les conserva dans ses albums photos. Même la photo assise ci-contre est déjà une forme de portrait abouti.
En effet, la chaise sur laquelle il est assis est posée en pleine forêt ou jardin, et n’a rien d’une photo de salon habituelle à cette époque. Il semble que cette photo « assis » est prise le même jour que la photo précédente « debout ».
Et le jardin dans lequel il a posé semble être le même.
Les 2 photos suivantes sont pleine de malice.
Il pose d’abord avec son képi. Et fait une autre pose sans le képi.

Vous voyez le képi posé sur un piquet de la cloture du jardin.
Et autant de malice dans ces différentes poses montre aussi que les pellicules ne manquaient pas.
Ce qui est très surprenant, car je pensais que pendant la guerre les pellicules auraient été introuvables.

Sur ces 2 photos, Leglaive est à Marbache en juillet 1917. Il s’était aussi fait prendre en photo 2 mois plus tôt.Il est à Mousson en mai 1917.
Puis il est au PC Saint-Jacques en octobre 1917.
Il devait y avoir un beau jardin au PC car la première photo de ce PC Saint-Jacques montre une très jolie passerelle.
Il n’est pas en mouvement, et on voit clairement qu’il pose.
La dernière photo est la plus étrange, tant elle créative. Il pose de dos. Il est toujours comme la photo précédent au PC du bataillon à Saint Jacques

 

Vous êtes sur le carnet de guerre d’Edouard Guillouard et photos de Fernand Leglaive au 84° RIT et il y a beaucoup de pages dont table des matières Edouard Guillouard (carnet de guerre) Fernand Leglaive (appareil photo)

Carnet de guerre d’Edouard Guillouard 84° RIT avril-septembre 1918

Vous êtes sur le carnet de guerre d’Edouard Guillouard et photos de Fernand Leglaive au 84° RIT et il y a beaucoup de pages dont table des matières Edouard Guillouard (carnet de guerre) Fernand Leglaive (appareil photo)

EN ALSACE 

1er avril 1918 lundi Thann, alsacienne, Agné, obus, mauvais secteur, le soir Steinbach avec Bory

[Photos : « avril 1918 : équipe de patrouilleurs volontaires du 1er Batailllon Collardelle]

2.4 mardi Alerte, évacué les avants postes, tranchées

3.4 mercredi Reprise des positions, Panam, Maison Rollin, Château-Branlant, qui sont encore évacuées dans la soirée

4.4 jeudi Traces de boches dans le village et à Panam

5.4 vendredi Rollin occupé de jour et de nuit

6.4 samedi Bombardement du village noir

7.4 dimanche Steinbach, patrouille boche autour de la Maison Rollin

9.4 mardi Patrouille repoussée avec grand déclanchement

10.4 mercredi Steinbach, inquiétude

11.4 jeudi Grenade [Veudray], pas d’incident

12.4 vendredi Les ½ sections se remplacent chaque soir

13.4 Arrivée du sergent Gabori

14.4 dimanche Mr Bronier arrive à la Cie et vient me rendre visite

15.4 Mr Bronier me remplace à Steinbach

16.4 mardi Coup demain à la 1ère, mort de Jaunait

17.4 mercredi Visite du colonel, vu le secteur

18.4 Camp Agné, oratoire

19.4 vendredi Lecoq envoie un corps franc composé de récupérés, ils ont un tué le 1er jour

20.4 Accident du 109 (109e R.I. ) à Steinbach, 2 tués 6 blessés

[Photo à droite « juillet 1918 : la tombe du lieutenant Emile Honoré Victor Jaunait » (compagnon d’armes d’Edouard), tué à l’ennemi le 16 avril 1918 au Quartier Collardelle, et inhumé dans le cimetière civil de Bitschwiller – 4 jeunes Alsaciennes sur la tombe]

21.4 dimanche Départ du Ct Lochereau, Mr Leglaive prend le commandement du bataillon et moi de la compagnie

22.4 Commande la Cie à Agné

23.4 mardi Agné, nomination de Borg adjudant et Tuffet affecté à la Cie

24.4 mercredi Relève annoncée pour le 26, pas d’incident

[photo ci-contre : « août 1918, petites Alsaciennes à Bitchwiller »]

25.4 Arrivée de Mr Tuffet

26.4 vendredi Arrivée des officiers de chasseurs 7e T.. (le 7e Bataillon Territorial de Chasseurs Alpins), relève terminée à 22 h 30, départ à minuit

27.4 Arrivée à Bitschwiller à 4 h, visite Thann, hommes fatigués, incidents

28.4 dimanche Reconnaissance du secteur Sairon, le capitaine Mithard, visite de Thann

[Photo : vue aérienne de Cernay, 5 km E. du Vieux-Thann. Je vous remets cette carte photographie aérienne, car elle est la marque d’une grande inovation pour l’époque, et pour mémoire on n’en trouve pas avant 1919 sur le site Geoportail]

29.4 Revue du colonel dans le cantonnement, secteur Sairan le soir, hommes fatigués, relève difficile

30.4 mardi P.H. du crassier nord, Mr Tuffel à Aylau, Mr Bronier crassier nord

1er mai 1918 Visite du nouveau secteur, installations

2.5 jeudi Arrivée du capitaine Mithard pour commander le 1er bataillon
3.5 Visite du colonel Bourgeois, retour de Mr Leglaive
4.5 samedi Installations au Vieux-Thann, petite chambre

[photo : « avril 1918 petites Alsaciennes », leur coiffe sont si larges que je comprends pas comment elles pouvaient remuer sans se toucher]

5.5 dimanche Messe au Vieux-Thann, bouquet à Brossier

6-8.5 Vieux-Thann, crassier nord, tranquille, les premières fleurs
9.5 Départ de Brossier et de Mr Leglaive
10-11.5 Secteur des crassiers, Tuffel se repose et Vericel prend Sault pendant quelques jours, mais nous faisons popote ensemble, pêche de brochets
12.5 dimanche Rubarbe, visite du secteur des Américains
13.5 Cigares
17.5 vendredi Obus sur Thann Hôtel de la gare
18.5 samedi Passage d’une biche
19.5 La 2e Cie vient visiter, Derobe, Dusseau, Lalouse
20.5 Relève par la 2e à 3 h, départ du secteur à 9 h
21.5 Le soir emplacement d’alerte, visite au colonel
22.5 mercredi Tir et [cancam] au F.M. et grenades
23.5 Déjeuné avec Tuffle, visite à Leimbach
24.5 vendredi Retour de Mr Leglaive, continuation des tirs
25.5 Déjeuné à Leimbach avec Mr Leglaive
26.5 dimanche Grand-messe à Thann, le sel, photo ce jour
27.5 Fin du 1er séjour à Thann
28.5 Reconnaissance du secteur Daumesnil
29.5 Maison Jourdan en remplacement de Paupion
30.5 jeudi Muhlengasse, coup de main sur la IIe
31.5 vendredi Tués et blessés dont le lieutenant André
1er juin 1918 Muhlengasse, repos dans la Maison Jourdan (photo)
2-4 Valmy, installation, P.C. confortable
5-13 juin – Tous les 5 jours échange avec Tuffet, saison des fruits, fraises, cerises, tartes, beau temps, les poilus prennent des lièvres, le petit faisan à Valmy
13-16.6 Rien de saillant, les nouvelles de l’avance sont seules inquiétantes, on attend tous les jours les journeaux
16-26 (page qui me manque)
27.6 Visite de mon beau-frère Charles (Audineau) découragé, il nous donne des détails navrants sur l’offensive du chemin des Dames
30.6 Visite à Leimbach à Lolosse, préparatifs de relève
2 juillet 1918 mardi Relève à 3 h, installation à Leimbach
3.7 Leimbach, déjeuné à Thann
4.7 jeudi Fête Nationale américaine, drapeaux
5.7 vendredi Touraine déjeune avec nous, départ avec Tuffet pour Leimbach, visite au Café de France, obus à 5 h 15, Tuffet et moi blessés et un civil, à 6 h 30 arrivée à Moosch (7 km N. de Thann), inquiétude
6.7 Après une bonne nuit, tout danger conjuré, déjeuné avec Tuffet au lit, visite de Charles Audineau
7.7 dimanche Bon déjeuné, salut
8.7 Hôpital de Moosch, promenade
9.7 Hôpital de Moosch, le grand cimetière
10.7 mercredi Départ de l’hôpital, déjeuné avec le commandant, diné à Bouvine, pluie, couché à Villers
11.7 jeudi Départ pour la montagne à Sentheim, Belfort (43 km S.S.O. de Moosch), Vu Siclon, achat à la coopérative militaire
12.7 Paris, vu Mr Leglaive et Chaussé
13.7 samedi En permission à Nantes
14.7 Fête Nationale, promenade avec les enfants
15-24.7 Permission, Le Pellerin (indisposition, boutons), voyage à StNazaire le 19, à Gachet le 21, à Clisson le 22, Charon dine à la maison le 23
25.7 jeudi Paris, déjeuné chez Chaussé, diné chez Mr Leglaive son ami Riquette et son beau-frère Bessier
26.7 Belfort, Retour alsacienne le soir
27.7 samedi Le Rocher, visite au commandant Mithard nommé depuis quelques jours
28.7 dimanche Visite à Charles et installation dans la soirée à Steinbach, après le coup de main du Bocqueteau le secteur tranquille, travaux avec la 2e section : le canon Brand
1er août 1918 jeudi Les prunes mirabelles, le père Laitillaud, la cuisine manque de confort, la signalisation avec Le Rocher
[photo ci-contre : « août 1918, PC Bataille »]
4.8 dimanche Visite du capitaine Le Bastard nouveau dans la légion d’honneur
5.8 lundi Mr Denis vient me relever et je prends le commandement de la Cie au Rocher, Mr Leglaive au Bataillon
7.8 Le Rocher, relève dans la soirée par la 7e Simonet
8.8 jeudi Arrivé à minuit à Bitschwiller-lès-Thann (3 km O.-N.O. de Thann) chez Mme Gillet
9.8 Distribution des prix à l’école, le général Bourgeois, l’avocat général, le général de division et Brigade, belle fête, la France et Liberté

11.8 dimanche Diné chez Mr Scherer, grand-messe à Bitschwiller, concours hippique à Wesserling avec Mr Leglaive [Scherer alias Scheurer, grand industriel de la vallée, photo ci-dessus :
1-général Bourgeois, commendant le corps d’armée en Alsace
2-général Renouard, commandant la 2e D.I.
3-le maire militaire de Thann
4-général Braquet, commandant I.D. 22E
5-le curé de Thann
6-l’avocat général à la cour de cassation
7-Mr Jules Scherer, industreil
8-le Cdt Pitard, commandant le 1er bataillon du 84e R.I.T.
9-Mme Jules Scherer
10-Mme Scherer-Kesner]

12.8 Les grandes fabriques, exposition de peinture

[photos « août 1918 poste de liaison de la Carrière » – « août 1918 Slovaques et poilus du 84° »]

13.8 mardi Bitschwiller, tranquille au cantonnement

14.8 StAmarin, Wesserling

15.8 jeudi Grand-messe à Bitschwiller
16.8 Bitschwiller, visite du secteur des crassiers
17.8 Départ pour Sairon, hommes pris, Marceau manque

18.8 dimanche Les crassiers

19.8 Nouvelle organisation de repli, plainte en conseil de guerre pour Marceau, retour de Mr Leglaive à la Cie
22.8 Le crassier Nord
23.8 vendredi Crassier Nord, obus route de Mulhouse

[photo « septembre 1918 : sergent téléphoniste Thirion réparant un appareil au P.C. Bataille »]

24.8 Inquiétude dans le secteur, coup de main vers Aspach
25-26.8 Travaux et promenade sur la Seille
27.8 mardi Relève à 21 h, installation à Thann, chambre chez Mr Waller
28-30.8 Bombardement la nuit sur la ville, alerte et inquiétude, pas de riposte de notre part
31.8 Un obus tombe dans la chambre de ma voisine
1er septembre 1918 dimanche Achat du Rouet
3.9 Arrivée de Quelle
4.9 Réception de la 5e
5.9 jeudi Thann

Télécharger l’original du carnet de guerre d’Edouard Guillouard

Je ne vous mets pas les vues directement car ce serait trop lourd pour visionner ma page, donc je mets seulement les liens, et cliquez pour télécharger :  début avril  1918  –  fin avril  1918  –   début mai  1918  – fin mai  1918  –  juin 1918 me manque maintenant – début juillet 1918  – fin juillet début août  1918   –

 

 

 

RI130.JPGJ 1378 (3 ans 9 mois 8 jours) : RI191.JPGdistribution de cigares
RI128.JPGle 26.3.1918 Foch prend le commandement en chef des armées alliées

Carnet de guerre d’Edouard Guillouard 84° RIT octobre 1917-mars 1918

Edouard Guillouard (carnet de guerre) Fernand Leglaive (appareil photo)

MORVILLE – MASQUES – LUTTE ANTI-AÉRIENNE

1er octobre 1917 lundi Cours, conférence, équitation

[photo ci-contre : « octobre 1917 St Jacques Etat-Major du bataillon : Prouzeau, Leglaive, lieutenant Vetter, Meunier adjudant, Griffon maréchal des logis, docteur Nicolas]

2.10 mardi Cours, travail en chambre

3.10 mercredi Méthode Hébert, visite à Mononcourt, aviation

4.10 jeudi Equitation à Champigneulles

5.10 vendredi Cours, examen remis

6.10 samedi Examen équitation et de l’alphabet Morse, apéritif d’honneur, grand repas, préparatif de départ, diné Nancy

7.10 dimanche Départ d’Essey, déjeuné à Nancy avec Thouason, voir les noms des camarades et officiers, départ à 15 h pour Toul, arrivé à Manonville et à Monjoie, Wagner, Glorian

8-9.10.1917 Visite au chef de bataillon à Saint-Jacques, reprise de la vie tranquille de Montjoie, travaux des abris à Saint-Jacques et route de Limey, marteau pneumatique, l’équipe Seguin

[photo ci-contre, Leglaive et Guillouard]

10.10 mercredi Dieulouard, touche chez Faineux le Cdt Patigeau à propos du déjeuner chez le débit. Retour par le courrier
11-13.10 La vie monotone à Montjoie, l’automne les jours courts, quelques parties de bridge Wagner, Glorion
14.10 dimanche messe au bas à Manonville
15.10 lundi Sortie à cheval avec Mr Leglaive
16.10 mardi Attente du 2e, Gohon a la croix de guerre
17.10 mercredi Ma femme a des ennuis
18-20.10 La Cie 20/3 est remplacée par la 2e, les travaux en souffrent, peu de rapports avec les officiers
21.10 dimanche Emplacements d’alerte avant Limey

[photo ci-contre  « octobre 1917, le cimetière de Limey »] 

22-24.10 Coups de main Glorion sur le matériel, cheminée Glorion, Perrin part capitaine adjoint
25.10 Arrivée de l’adjudant Borie
26.10 dimanche Retour de Wagner, messe à Manonville
27.10 lundi Départ du capitaine en permission
28.10 Montjoie, travaux
29.10 mercredi Montjoie, installation du cantonnement
1er novembre 1917 ½ journée de Travail, messe à Saint-Jacques
2.11 Craintes à propos du pistolet automatique emporté et utilisé pour [urgence] conjugale
4.11 dimanche Messe à Saint-Jacques
5.11 lundi Instruction au F.M. par Wagner
6.11 mardi Jaunais, les grenades et Lalose le 86
7-9.11 Préparation pour la remise de la route du Ct, exercice sur la route chaque soir au retour du travail
10.11 samedi Installation des douches à Montjoie
11.11 dimanche Remise des décorations, le colonel promet Légion d’Honneur à Hervé, promenade du colonel au camp Montjoie, retour de Mr Leglaive, mauvaise humeur, on s’occupe pas de moi
12-14.11 Cette mauvaise humeur continue et coïncide avec lettre de Nantes, ennuis, promenades seul, maux de dents
15.11 jeudi Promenade à Lironville
16.11 vendredi Coup de main sur Flérey
17.11 samedi Parti à Dieulouard arraché les dents avec Glorion qui part en permission

[photo ci-contre « fin 1917, prisionniers boches sur la route de St Jacques »]
19.11 lundi Emplacements d’alerte bois de la lampe
20.11 mardi Continuation des tirs, grenades, F.M. et fusil
21.11 mercredi Jaunais partant en permission, je le remplace aux Ganson
22.11 jeudi Installation d’une infirmerie réfectoire
23.11 vendredi Visite du dentiste toutes les semaines
25.11 dimanche Messe à Saint Jacques, le colonel de chasseurs, le prêtre parlant un peu défaitiste
27-30.11.1717 Le 20e corps vient faire des travaux des réseaux, le 146e, nous nous voyons sur les chantiers, les feuilles tombent, c’est l’hiver, c’est monotone mais bien tranquille
2 décembre 1917 dimanche Retour de Glorion rataplan
3.12 lundi Travaux d’aménagement cheminée de la salle à manger Sarazin et Gouraud
[photo ci-contre : Montauville, la Croix des Carmes rapportée au cimetière du Pétant]
5.12 mercredi Glorion se déclare malade
6.12 jeudi Nouveau chantier Forêt de Fuvenelle, route difficile
7.12 vendredi En allant voir les chantiers pris avec Wagner sous bombardement avion
8.12 Montjoie, travaux à Saint-Jacques et forêt de Puvenelle
9.12 dimanche Messe à Saint-Jacques, promenade à Manonville, retour par Martincourt, Saint-Jean
10.12 lundi Travaux plus sur la gauche sur Noviaux
11.12 mardi Pièce de marine, la voiturette, gros obus
14.12 vendredi Ordre de se tenir prêt pour un déplacement

[Montauville : la maison du père Hilarion dans le Bois le Prêtre Carte postale envoyée par Edouard : « le Bois le Prêtre se trouve à quelques km de Pont-à-Mousson, sur la crête d’une colline, c’est un point qui commande la vallée de la Moselle, aussi ça été chaudement disputé pendant de longs mois, en ce moment c’est calme, mais les arbres n’ont pas repoussé , ceux qui restent sont à l’état de poteaux télégraphiques »]

[photo dont je n’ai pas la date, constituée en fait de 2 photos cote à cote, car elle est très panoramique, et atteste une grande qualité photographique de Leglaive]
15.12 samedi Ordre départ, 1 peloton à Petant 1 peloton à Dieulouard, le Cdt partant en permission, le capitaine Leglaive reste à Saint-Jacques
16.12 dimanche Départ de Montjoie à 5 h, arrivée au Poullot à 7 h et à 8 h au Pétant, cantonnement désastreux, mauvaise installation, le grand cimetière du Petant, la croix des Carmes, le Bois le Prêtre
17.12 lundi Le Pétant, travaux avec le génie, tirs indirects de mitrailleuses, mauvaise installation en popote
18.12 mardi Le Pétant, visite de Mr Leglaive, photo, attend impatiemment la permission, neige
19.12 mercredi Le Pétant, pas de nouvelle de permission
20.12 jeudi Ordre de changer et aller au Pouillot, la voiture vient me chercher pour la permission

21.12 vendredi Installation avec la 1ère Cie au Pouillot, départ permission avec Borie, neige et givre à Pont-à-Mousson, Dieulouard, déjeuner avec le colonel, le deuxième galon, voyage à Nancy, alerte aux bains, bombe sur le train en passant à Foug

22.12 samedi Arrivé à Paris, ma femme arrivée depuis 24 h, déjeuné chez Pousset, théatre « les nouveaux riches »
23.12 dimanche Messe, visite Chaussé, diné

24.12 lundi Rencontre Charles, départ de Paris

[photo ci-contre : croix de guerre d’Edouard Guillouard]

25.12 mardi Arrivé à Nantes à 6 h, fête de Noël
27.12 Diné chez Charles
30.12 dimanche Chez Adrien, centenaire de Me Turbel
31.12 lundi Nomination à l’officiel, reçois dépêche pour croix de guerre et 2 jours de plus, l’année se termine dans la joie de la famille en espérant que la nouvelle année sera celle de la Paix
1er janvier 1918 mardi En permission, la croix de guerre, visites, souhaits paix prochaine
[Photo : déjà des photographies aériennes]
2-3.1 Profite de 2 jours de plus
4.1 vendredi Soir, départ de Nantes, grand froid, voyage avec le général commandant IIe C.A.
5.1 samedi Paris, diné avec Chaussé qui est indisposé
6.1 dimanche Arrivée à Nancy, grand-messe, accident bain, déjeuné avec Paradesse, retour à Dieulouard, diné avec Glorion et Mr Leglaive, champagne avec Lecolter
7.1 lundi Dieulouard, achat chez Gouvy, départ pour le Pouillat sous la pluie
8.1 mardi Installation, coup de main à Flirey
9.1 mercredi Bombardement tous les jours, travaux au Bois Le Prêtre dans la neige

« mai-juin 1917, Port-sur-Seille, Pétraud et Hervé »

11.1 On aprend que la classe 98 passe dans l’active, Wagner ne s’en fait pas trop et n’est pas fâché de quitter Pouillot

[photo ci-contre « mai juin 1917, Port-sur-Seille, Pétraud et Hervé »]
13.1 dimanche Messe dans la chapelle dans la neige qui recouvre partout. Départ de Wagner
15.1 mardi Départ de nos poilus Delavie, Pohardy, Berbran, Sicot
16.1 mercredi Croix de guerre Glorion, Pohardy, départ de Gabory 1ère Cie
17-18.1 Les jours passent lentement, l’Echo de Paris annonce l’offensive dans la vallée de la Moselle pour le 20
19.1 samedi Reconnaissance des bois de Fuvenelle, positions, avions
20.1 dimanche Messe au Pouillot, les officiers du génie sont très gentils, le travail se fait bien, mais les jours passent lentement sans distraction autre que la reconnaissance des positions d’alerte
24.1 jeudi Visite du général avec les chanteurs, on attend de jour en jour l’ordre de relève ce qui fait paraître le temps plus long. Lalore est parti, je suis seul avec Henri, Jaunait, nous mangeons Crapouillot, la distraction voir la porcherie
27.1 dimanche Visite du commandant et du docteur, rien de nouveau pour la relève
28.1 lundi Bombardement à gaz sur les chantiers

[photo ci-contre : « juillet 1917 Mousson, maison en ruine »]

29.1 mardi Ordre de relève arrivé à 21 h, départ le lendemain
30.1 mercredi Départ à 4 h du matin pour Saizerais, [arricotage] au départ, froid, mal installés à Saizerais d’où nous partons heureux
31.1 jeudi Départ de Saizerais, route fatiguante, arrivés pénible à Nancy, la journée sans logement, nous couchons Hôtel d’Angleterre deux par chambre
1er février 1918 vendredi Nancy Revue, exercice le matin, remise de décorations
2.2. samedi Hôtel d’Angleterre
3.2 dimanche Reconnaissance des courriers avec Mr Brehier capitaine, déjeuné avec l’ami de Mr Leglaive
4.2 lundi Installation au 4 Vent, popote et logement au Pavillon
5-9.2 Les hommes touchent 2 F et travaillent bien, tous bien organisés, un jour sur deux nous allons à Nancy, c’est le repos et la tranquillité mais le logement laisse à désirer, mais on ne trouve pas mieux dans les environs
10.2 dimanche Déjeuné chez le commandant avec Perrin, bridge
11.2 Reprise des travaux
12.2 mardi Gras Premier bombardement de Nancy, mais les bombes tombent tout près, la fusée d’obus envoyée à Louis [son frère, qui tient à Nantes l’usine ALG qui peut fabriquer des armes]

[carte postale envoyée par Leglaive qui était dans le fonds Guillouard. Than, grand’rue, maison style renaissance. « Près de votre popote, très belle installation et grand jardin, Hôtel du Parc,  ce soir Paris, F. Leglaive »]

13.2 mercredi Visite du camouflage, les entonnoirs des bombes
14.2 jeudi Expédition de la fusée
15.2 vendredi Promenade à Nancy, cinéma
16.2 samedi Le beau temps commence, achat de drap velour
17.2 dimanche Réception de l’adjudant Bery, promenade à Nancy, le concert, cinéma, la Renaissance
18.2 lundi Au cinéma de la rue des Carmélites Monte-Cristo
19.2 mardi Péault directeur du théatre de la 7e A.
20.2 mercredi Les apéritifs au Point Centrale au Riche
21.2 jeudi Rencontre Gallant, cours de chefs de bataillon
[Photo : Babette, poupée de bois peint, rapportée par Edouard. Je l’ai eu longtemps et je l’ao donnée à ma belle-soeur mourante il y a 15 ans]
22.2 Vendredi Le commandant perd un de ses garçons, permission
23.2 samedi Bruits de départ
24.2 dimanche Déjeuné à l’Hôtel Thiers, grand concert Hôtel de Ville, la capitaine Leglaive commande le bataillon
25.2 lundi Nous préparons le départ
26.2 mardi Violent bombardement toute la nuit, dégats et victimes Hôtel Thiers, gare des marchandises
28.2 jeudi Départ de Nancy par mauvais temps, cantonnons à Rosières-aux-Salines
1.3.1918 vendredi Départ de Rosières-aux-Salines à cheval, arrivé à Lunéville (25 km E.S.E. de Nancy), nouveaux ordres, pas trouvé Henri Cassin (ami d’enfance d’Edouard) camp de Blainville
2.3 samedi Départ de Lunéville, froid, pour Réménoville, route difficile par Roussaie
3.3 dimanche Installation au village, grand-messe, sermon du curé, arrivée de la 1ère C.M. commandée par l’adjudant, je suis seul au cantonnement
4.3 lundi Arrivée de la 2e Cie Luneau Lalou, arrivée du commandant, Vetter, Jaunait, ordre d’aller à Blainville malgré que soit dit que nous changeons d’armée
5.3 mardi Départ pour Blainville-sur-l’Eau (9km S.O. de Lunéville), rencontre de Mr Leglaive, arrivée aux cours F.M., installations, bonne chambre chez Mr Lacroix
6.3 mercredi Cours de F.M., tirs et théorie
7-9.3 Sports, courses, méthode Hébert, mais le tout bien tranquille avec Mr Quenel et les camarades
10.3 dimanche Messe à Blainville, promenades avec Trémulot en poilu, les premières journées de printemps, les digestifs chez le Russe, la popote, Chotin qui n’était pas au déjeuné
14.3 jeudi Henri Cassin et Benoist viennent nous rendre visite
15.3 vendredi Les tirs, promenade à Damelevières (à 2 km)
Carte de Leglaive à Edouard (après la guerre) « Mon cher lieutenant, je ne peux quitter l’Alsace sans vous adresser un salut cordial de cette terre arrosée de votre sueur et même un peu de votre sang. L’excursion de dimanche à l’Hartmann fut intéressantes, mais vers 4 h au sommet un orage de 1ère grandeur nous attendait, n fin de journée mes pieds pouvaient croire que la guerre recommançait. Puis j’ai passé 2 jours à Thann, ville toujours accueillante, Rien ne reste des belles défenses dont nous étions si fiers et qui protégaient si bien la vallée de la Thur. Les anciens propriétaires de l’Ours Blanc ont transformé en hôtel une grande villa située près de notre popote, très belle installation, grand jardin, Hôtel du Parc. Ce soir Paris, Amitiés. Leglaive »
16.3 samedi Conférence du général de P.T.T. ,
17.3 dimanche Permission à Lunéville par beau temps, vu Henri Cassin, arrosage de la Croix de Guerre
18.3 lundi Cours de fusil automatique
19.3 mardi Bruits de bombardement forêt de Parroy
20.3 Le propriétaire Mr Croix ancien charcutier à Nancy
21.3 jeudi Les armes automatiques, grands baraquements
22.3 On parle de l’offensive déclanchée chez les Anglais
23.3 samedi Les nouvelles sont mauvaises
24.3 dimanche On apprend que Paris a été bombardé par canon et on s’explique difficilement la chose
25.3 lundi Les cours continuent mais une certaine inquiétude règne, le 9e C.A. est rappelé
27.3 mercredi Puis d’autres corps, réception de Mr Quéré
28.3 Jeudi Saint Nous restions très peu à l’examen
29.3 Vendredi Saint Départ de Blainville, retard de train, arrivée à Baccarat (31 km S.E. de Blainville), mauvais temps, mauvais repas, départ pour Raon-l’Étape (10 km S.E. de Baccarat), arrivée par la pluie à Raon, pas de 84e, on apprend qu’il est à Thann (86 km S. de Raon, près de Mulhouse), vu Michel, départ à 23 h de Raon
30.3 samedi Arrivée à 3 h à Arche où nous attendons train pour Remiremont, Bussang, cantonné à Bussang
31.3 dimanche Pâques, départ de Bussang à 8 h, le colonel, Le taco, la montagne, la belle vallée malgré la pluie, arrivée à Wesserling et à 18 h 30 à Thann, nouveau colonel, diné chez le colonel

Télécharger l’original du carnet de guerre d’Edouard Guillouard

Je ne vous mets pas les vues directement car ce serait trop lourd pour visionner ma page, donc je mets seulement les liens, et cliquez pour télécharger :  octobre  1917  –  début novembre  1917  –   fin novembre 1917  – début décembre  1917  – fin décembre 1917  – début janvier  1918  – fin janvier  1918  –   février  1918  –   début mars  1918  –  fin mars  1918

 

Les hommes du 84° RIT 1914-1918 : médecins, infirmiers, brancardiers

Fernand Leglaive, qui avait un appareil photo et a pris beaucoup de photos de la vie au 84° RIT a pris 3 photos des hommes des services de santé.

février 1917 Arraye-et-Han : Edouard Guillouard à gauche, toujours avec ses jumelles, accompagne le docteur Couronné et un infirmier.Ils sont en promenade

« Juillet 1917, Carré médecin auxiliaire », il semble bien jeune et sans doute étudiant en médecine

« juillet 1917, Morville, brancardiers » Ils sont nombreux, car probablement beaucoup de blessés

Edouard Guillouard (carnet de guerre) Fernand Leglaive (appareil photo)

Les hommes du 84° RIT posent sur le cheval de l’ordonnance, jouent sur les ânes, puis suivent le cours d’équitation.

ILS POSENT SUR LE CHEVAL DE L’ORDONNANCE, avril 1915

J’avais de mon grand-père, Edouard Guillouard, une photo à cheval pendant la guerre 14-18.

Mon grand-père connaissait bien les chevaux, puisqu’il en avait 18, logés à Rezé, pour livrer la quincaillerie jusque dans le Finistère.

Cette photo (ci-contre) était tellement belle que je croyais qu’il avait eu un cheval pendant la guerre 14-18.

C’est en 2021, alors que j’ai déjà 83 ans, que je découvre la vérité sur cette photo, grâce aux albums de son ami Fernand Leglaive, le photographe de la compagnie, et fidèle compagnon durant ces 4 années difficiles.

En effet, je découvre dans la collection de photos conservées par Leglaive, qu’il y avait 6 autres cavaliers, et en regardant les 7 photos de cavaliers de plus près, je vois toujours la même maison et le même cheval.

Puis, lisant le carnet de guerre de mon grand-père, je comprends qu’en fait, ils ont eu ce jour-là la visite de l’ordonnance.

Je comprends que l’ordonnance était alors la liaison entre le commandement en chef et la compagnie, soit pour recevoir des ordres, soit pour remonter les problèmes de la compagnie.

Et bien sûr, l’ordonnance n’a pas de voiture, car elles sont encore rarissimes, mais un cheval.

Ce jour de la visite de l’ordonnance, le front était manifestement calme, et les officiers accueillent avec détente l’ordonnance, et ils sont même tellement détendus qu’ils posent tous les 7 sur le cheval de l’ordonnance, l’un après l’autre.

Je me souviens que lorsque j’étais petite, cette mode des photos posées dans un décor ou sur les genoux du père Noël était à la mode.

Mais gageons que là, Leglaive fait figure de pionnier en matière d’utilisation de l’appareil photo. Non seulement son appareil va retenir la vie au front, mais il va aussi voir des moments de détente.

[photo ci-contre, c’est Leglaive lui-même]

D’ailleurs, je vous mets ci-dessous une toute autre détente, qui est même si détendue, que c’est de l’amusement, presque comme des enfants.

Ainsi, je découvre que mon grand-père n’avait jamais eu de cheval pendant la guerre, mais que cette photo était un moment de détente des officiers de la 84°RI, lors de la visite d’un cavalier à Bailleulval en 1915.

Voici donc toutes ces photos pour que vous examiniez de près le cheval.

 

[photo ci-contre, le lieutenant Crehalet, souvent cité dans le carnet de guerre d’Edouard Guillouard]

 

 

 

 

 

 

 

 

toutes ces photos de Leglaive, en avril 1915, Bailleulval, 84° R.I.

[photo ci-contre l’adjudant Bichon]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ILS S’AMUSENT SUR LES ÂNES, février 1917

En février 1917, ils sont au Bois Rappont.

Là ils rencontrent quelques ânes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ILS SUIVENTS DES COURS D’ÉQUITATION, septembre 1917

[photo ci-contre « septembre 1917, l’Ache près de la côte de Montjoie »]

Ainsi mon grand-père est enfin sur un cheval, mais c’est en cours d’équitation.

 

 

 

 

Pourtant il connaissait bien les chevaux, puisque pour le magasin de quincaillerie en gros de ses parents il y avait 18 chevaux, et voici mon grand père, jeune homme, bien avant la guerre, qui est manifestement à l’écurie pour préparer des chevaux. Ici en 1904 à l’écurie Guillouard à droite, puis devant la quincaillerie avec une voiture à cheval, puis les employés.