Histoire de la chapelle Notre-Dame de Bonne-Garde : Nantes

L’histoire de la chapelle Notre-Dame de Bonne-Garde est brièvement évoquée p. 139 par le chanoine Jarnoux dans son ouvrage « Les anciennes paroisses de Nantes hors de la cité, 1982. Il s’avère qu’il a résumé ses prédécesseurs.
Car avant lui, 2 autres prêtres ont publié l’histoire de cette chapelle.
Le premier, André Jean Marie Hamon curé de Saint-Sulpice, a publié « Notre-Dame de France, ou Histoire du culte de la sainte Vierge en France depuis l’origine du christianisme jusqu’à nos jours, en 7 volumes 1861-1866. Son texte est en ligne sur le site http://www.infobretagne.com/nantes-ville-culte-sainte-vierge.htm
Enfin, l’abbé Emile Ricordel prêche le mois de Marie à Saint Nicolas à Nantes en 1904. Chacun des 31 jours est consacré à l’une des 31 Madones Nantaises. Ces 31 prédications sont publié en 1904 . Je vous en donne ci-dessous l’intégralité.
Ces 2 études, celle de Hamon et celle de Ricordel, diffèrent sur beaucoup de points, même si le fil semble identique.
Ainsi, l’origine du nom Bonne-Garde a 3 explications :
1. Pour Hamon « Le 4 novembre 1657, on la bénit sous le vocable de Notre-Dame de Bonne-Garde, probablement parce que, placée à une des extrémités de la ville, la plus exposée aux invasions des calvinistes du Poitou, on la regardait comme une défense de la cité, qui déjà, par le même motif, avait élevé, tout près de là, une statue à Notre-Dame de Bonne-Délivrance. ». Géographiquement parlant, c’est en effet là que se termine la zone artisanale de Pirmil et que commencent les exploitations agricoles. C’est donc bien une frontière. La date par contre semble bien tardive pour évoquer une menace calviniste, car Nantes en a déjà vu d’autres.
2. Ricordel c’est le nom de cette pieuse tertiaire, Marie de Bonne-Garde, à laquelle on doit la chapelle construite en 1657. Pour ma part, je ne pense pas que cette religieuse ait commis un tel péché d’orgueil que de mettre son nom en avant plutôt que celui de la Sainte Vierge.
3. Puis il évoque les prières à Marie pour sa protection devant la mort. Or, la chapelle est au confluent de la Loire et la Sèvre, et la Loire est une autoroute fluviale où de très nombreux bateliers, ne sachant par nager, luttent chaque jour contre ses dangers, car elle est sauvage, et est encore sauvage en 2019. Il est donc très vraisemblable, comme à Béhuard en Anjou, que les mariniers aient eu besoin de confier leur protection sous la garde de Marie.
Alors, Marie gardait-elle Nantes ou les mariniers ? Je reste convaincue que la protection devant la mort est l’explication la plus plausible compte-tenu du confluent imporant des 2 rivières.

Voici le texte de l’abbé Ricordel :
« Presque à l’entrée de la route de Clisson, sur ce plateau de Saint-Jacques, d’où l’on domine les belles vallées de la Loire et de la Sèvre, et d’où l’on voit toute la ville de Nantes à ses pieds, s’élève un élégant sanctuaire dédié à la sainte Vierge, et cher à nos concitoyens depuis déjà deux cent cinquante ans.
Ver le milieu du XVIIème siècle – au rapport des traditions du quartier – plusieurs personnes aperçurent un soir une statue de la saint Vierge, inconnue jusqu’alors en ces lieux, et qu’environnait une éblouissante clarté. Etonnées et ravies, elles s’empressèrent de recueillir la merveilleuse image et de la placer avec honneur dans leur maison. Hélas ! Marie n’accepta point leur pieuse hospitalité. Le lendemain, l’image avait disparu et on la retrouvait au lieu de l’apparition. Les religieux bénédictins, qui occupaient alors le prieuré de Pirmil, accoururent et transportèrent la statuette dans leur chapelle, actuellement église paroissiale de Saint-Jacques. Efforts inutiles, ce n’est pas là que la Vierge voulait être honorée, et, durant la nuit, la statue retourna dans le coin de terre qu’elle avait choisi.
Cette fois, la pensée de la Bonne Mère fut comprise, et son désir rempli : les voisins édifièrent immédiatement une petite grotte et le peuple, instruit du prodige, vint en foule la prier en ce lieu béni.
Quelques années s’écoulèrent, et la vénération pour la statue miraculeuse ne fit que s’accroître. Bientôt une pieuse tertiaire, respectée de tous pour sa vertu ainsi que pour sa charité envers les pauvres malades, et connue dans le quartier sous le nom expressif de Marie de Bonne-Garde, entreprit d’élever à la Mère de Dieu un monument plus digne de sa grandeur et de l’amour de son peuple. Elle fit appel aux voisins, qui entrèrent dans ses vues et se montrèrent généreux. Ses parents lui vinrent en aise les premiers ; et le gouverneur de Nantes, Charles de la Porte, duc de la Meilleraye et maréchal de France, joignit ses largesses aux aumônes des habitants de Pirmil. Le 4 novembre 1657, l’édifice était achevé, et l’on y célébrait, pour la première fois, la sainte messe.
Le sanctuaire bâti, la piété le décora, et bientôt la petite chapelle posséda de beaux ornements, des calices, des ciboires, libéralement offerts par les pélerins.
Ceux-ci accouraient de plus en plus nombreux ; de toute la contrée avoisinante, on venait avec empressement à Notre-Dame de Bonne-Garde. – Le peuple avait récompense le zèle de la pieuse tertiaire, en donnant son nom à l’oratoire qu’elle avait élevé. – Saint-Sébastien s’y rendait chaque année en pélerinage, et les paroisses voisines l’imitèrent plus d’une fois. Le concours du peuple rendit nécessaire la présence d’un prêtre qui fut attaché au service de la chapelle. Une confrérie y fut établie en l’honneur de la sainte Trinité, et y célébrait solennellement ses fêtes. Chaque soir, au son de l’Angelus, les fidèles aimaient à se réunir aux pieds de la Bonne Mère, et l’on conserve encore, après plus d’un siècle, le souvenir et le nom d’un pieux laïque qui présidait à la récitation du chapelet et au chant du cantique.
Comme tous nos autres sanctuaires, la chapelle de Bonne-Garde eut à souffrir de la Révolution ; elle aussi fut dépouillée de toutes ses richesses, elle aussi fut vendue, elle aussi vit sa statue miraculeuse menacée par des mains sacrilèges. Dieu toutefois ne permit pas que la ruine fût complète. Un courageux chrétien sauva la chère statue, et la chapelle ne fut pas détruite.
Les mauvais jours passés, les fidèles continuèrent à visiter Notre-Dame de Bonne-Garde ; mais les splendeurs de son culte étaient bien amoindries. Un saint prêtre, tout dévoué à Marie, et dont le nom est encore vénéré dans la paroisse de Saint-Jacques, M. l’abbé Durand, devait renouveler, par son exemple et par son zèle, cette antique dévotion. Plus d’une fois, en temps de sécheresse, dans les dangers d’une terrible innondation, sous la menace du choléra, il invoqua solennellement par des neuvaines la gardienne de la paroisse, et Marie justifia toujours les promesses de son nom.
Mais la chapelle tombait en ruines, et les agents de la voirie menaçaient et de la faire disparaître. Le zélé pasteur fit appel à ses paroissiens, et bientôt un élégant édifice vint prouver à tous que Marie ne s’était pas trompée en choisissant ce lieu pour sa demeure, et que ce peuple conserve fidèlement dans son coeur l’amour que ses ancêtres portaient à Notre-Dame de Bonne-Garde.
Chaque année, depuis lors, les habitants de Saint-Jacques y célébraient sa neuvaine de l’Ascencion à la Pentecôte ; chaque mois, au temps du moins où règne la liberté, ils s’y rendent en procession ; souvent aussi, malgré l’éloignement de ce faubourg, les fidèles de Nantes vont viviter la gracieuse chapelle, et je ne doute pas que vous tous, qui m’écoutez, vous n’ayez fait de pieux pélerinages à Notre-Dame de Bonne-Garde.
Jadis, au soir de la première communion, les enfants aimaient à se rendre dans la chapelle de Bonne-Garde et s’y consacraient ensemble à la Vierge Marie. C’était une touchante pensée ; Marie n’est-elle pas, en effet, la meilleurre gardienne de leur foi et de leur vertu ? Tous les hommes courent des dangers, tous ont befoin de se placer sous l’égide de Marie, et Marie les protège tous. N’est-il pas vrai cependant que la jeunesse est plus exposée ? que la jeunesse a plus à craindre pour sa foi et pour sa vertu ? La jeunesse court plus de dangers, parce qu’elle est ignorante et qu’elle côtoie les abîmes avec une insouciance qui fait trembler ; la jeunesse court plus de dangers par ce qu’elle est plus faible et qu’elle n’a pas encore acquis les bonnes habitudes qui rendent la vertu plus facile, la résistance plus forte ; la jeunesse court plus de dangers parce qu’elle est l’avenir, l’espérance, et que l’Enfer, le monde, les méchants cherchent à l’accaparer et multiplient les pièces sous ses pas ; la jeunesse court plus de danger parce qu’elle est à l’âge où le sang bouillone, où les passions s’allument, où le coeur et la chair tressaillent. Le jeune, plus encore que l’âge mur, a donc besoin d’être gardée par Marie.
Or Marie aime la jeunesse, et je ne crains pas de dire qu’il y a dans son coeur une place de prédilection pour les jeunes. Est-ce qu’une mère, qui aime tous ses enfants, ne montre pas cependant une sollicitude plus empressée pour les dernier-nés, parce qu’ils sont plus faibles, parce qu’ils ont davantage besoin de ses bras ? Ainsi Marie. Je ne sais si je m’abuse, mais il me semble que Jésus a voulu cela. Pourquoi, lorsque du haut de sa croix il lui a donné tous les hommes pour enfants, les lui a-t-il confiés dans la personne de saint Jean, le plus jeune des apôtres, sinon parce qu’il voulait ainsi désigner principalement les jeunes à sa tendresse de mère ?
L’Eglise sait cela, les mères aussi ; de là tant de petits enfants voués à la sainte Vierge ; de là les consécrations au soir de la première communion ; de là les congrégations de jeunes gens et de jeunes filles, rangées sous la bannière de Marie… Donc, vous qui êtes jeunes, confiez-vous à Notre-Dame de Bonne-Garde ; vous qui avez des enfants et qui redoutez pour eux l’âge des tempêtes, confiez-les à Notre-Dame de Bonne-Garde.
Je remarque aussi dans l’histoire de notre modeste sanctuaire qu’on venait y demander à Marie sa protection contre la mort subite et, par là-même, la grâce d’une mort chrétienne ; que beaucoup de marins s’y rendaient de Rezé et des rives de la Loire pour réclamer son secours dans la tempête ou la remercier de son assistance.
Comme je comprends cette prière ! N’est-il pas vrai que si Marie nous garde, ce doit être surtout à l’heure de la mort. Avant de remonter au ciel, Jésus disait à son père : « Ceux que vous m’avez donnés, je les ai gardés, et aucun d’eux ne s’est perdu, si ce n’est le fils de perdition, afin que l’Ecriture fut accomplie ». Le désir de Marie, c’est de répéter à Jésus la même parole : « Ceux que vous m’avez donnés, je les ai gardés, et aucun d’eux ne s’est perdu. » Aussi comme elle veille sur ses enfants ! C’est surtout à la mort qu’ils risquent de se perdre ; c’est surtout à la mort qu’ils ont besoin d’être gardés. Voilà pourquoi nous lui disons chaque jour : « Priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. »
Répétons souvent cette prière et ne manquons pas de nous recommander, en ce moment qui décidera de notre éternité, à Notre-Dame de Bonne-Garde. »

François Lenfantin et Pierre Duval, maîtres jurés selliers bahutiers, réclament les torches dues pour la procession du Sacre, Angers 1588

et je descends de Lenfantin, dont celui-ci pourrait être lié, car le milieu social est équivalent, donc les alliances possibles.

Il est maître juré sellier bahutier, et comme je pensais que le sellier était lié au cuir et le bahut au coffre, j’ai regardé l’excellent dictionnaire du monde rural, qui me sert tant, et miracle, je découvre que le bahut est garni de cuir. Donc je comprends désormais le métier de ce François Lenfantin.

collection particulière, reproduction interdite
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bahutier : ouvrier qui fait des bahuts, des coffres, des malles (M. Lachiver, Dictionnaire du Monde rural, 1997)
bahut : grand coffre garni de cuir dont le couvercle est légèrement bombé, coffre de voyage (idem)

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E1 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 20 juin 1588 avant midy par devant nous François Revers notaire royal à Angers et des tesmoings cy après nommés honnestes hommes François Lenfantin et Pierre Duval Me Jurés et gardes des privilèges des selliers bahutiers demeurant audit Angers se sont ce jour exprès transportés vers et à la personne de Julienne Gurye veufve de deffunt Maurice Ynay vivant ciergier audit Angers trouvée en sa maison à laquelle parlant lesdits Lenfantin et Duval l’ont sommée et requise à ce qu’elle eust à leur bailler et delivrer présentement le nombre de 105 livres de cire jaulne neufve de Bretaigne poids de marc qu’elle est tenue rendre et fournyr et bailler auxdits Lenfantin et Duval
avec deux torches de cyre jaulne d’une livre chacune que ladite Gurye doibt auxdits jurés comme présentement ils nous ont fait aparoir par marché de ce fait entre les partyes par devant Bertran notaire de ladite cour le 29 janvier 1585, offrant lesdits Me jurés payer à ladite Gurye la somme de 10 escuz ung tiers pour la faczon de la grosse torche de la communauté desdits Me selliers bahutiers par elle faite ou fait faire pour la feste du Sacre dernière laquelle somme lesdits Me jurés ont mise au descouvert et ont protesté et protestent contre ladite Gurye de toutes pertes despens dommages et ingérests à faute qu’elle fera d’obéyr à la présente sommation et de ce pourvoir contre ladite Gurye ainsi qu’ils verront estre à faire par raison
laquelle Gurye a fait response auxdits Me Jurés cy dessus nommés qu’elle ne leur doibt encores ledit nombre de cyre ce que lesdits maîtres ont prins pour reffus et luy ont monstré et fait aparoir par ledit marché passé par ledit Bertran et autre marché passé par Lory notaire de ladite cour le 1er février 1584 qu’elle doibt ladite cire et torches cy dessus mentionnés par lesdits marchés et qu’à la fin d’iceulx ou de chacun d’eux elle doibt ledit nombre de cyre et torches que dessus, et luy ont offert la somme de 10 escuz ung tiers leur baillant et delivrant ladite cire et torches ce que ladite Gurye a refusé comme dessus
offrant néantmoins ladite Gurye recepvoir ladite somme de 10 escuz ung tiers et leur deslivré sur ladite somme la valeur de deux torches ce que les dits maistres jurés ont derechef offert leur baillant et délivrant ledit nombre de 105 livres de cyre ce qu’elle a refusé
au moyen de quoy lesdits maistes ont protesté et protestent comme dessus dont et de laquelle sommation et tout ce que dessus nous avons auxdites parties ce requérant delivré ce présent acte pour leur servir et valloir en temps
fait Angers maison de ladite Gurye en présence de Pierre Guyard praticien en cour laye et Charles Heriz cordonnier demeurant audit Angers tesmoings
ladite Gurye a dit ne savoir signer

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog.

Un grand pélerinage disparu : monsieur Saint-Méen

Prononcez monsieur saint Main, comme on disait autrefois.

Le grand livre des pélerinages, de Philippe Olivier, n’en fait pas mention. Pas même le site de Saint Méen le Grand, qui ne cite que l’abbaye et le saint, pas le pélerinage

Pourtant, Clotilde-Y. Duvauferrier-Chapelle lui a consacré un ouvrage, paru en 1985 en 1279 exemplaires, épuisé : Saint-Méen-Le-Grand – Coeur De Bretagne Historique, Profonde, Mystérieuse – Au Pays De Montfort En Brocéliande Et Généalogie Des Princes De Bretagne – Préfaces Du Sénateur Marcel Daunay & De Yann Brekilien.
Rappelant au passage toutes les célébrités de Saint-Méen, dont Théodore Botrel, qui passait son enfance chez sa grand’mère Joubaux au Parson, elle évoque longuement la vie de saint Méen.

A propos de chant, vous pouvez d’ailleurs vous exercer sur l’air du Coeur sacré de Jésus :

De nos déserts vous fûtes la merveille,
Quand vous viviez au terrestre séjour ;
Glorieux Méen, daignez prêter l’oreille
A nos accents, à nos concerts d’amour
Refrain
Illustre Saint, vous êtes notre père ;
Auprès de Dieu, protégez vos enfants ;
Du haut du Ciel écoutez leur prière,
Soyez sensible à leur tendres accents.

  • la vie de saint Méen
  • Mais, la vie de saint Méen, comme tout personnage de son époque (il est né vers 540), est parfois entremêlée de légendes populaires. Ecoutons d’abord la vie religieuse selon le dictionnaire hagiographique des saints, de l’abbé Pétin, encyclopédit Migne :

    MÉEN (saint), Mevennius, abbé en Bretagne, était Anglais de naissance et sortait d’une famille noble et riche de la province de Gwent.
    Contemporain de saint Magloire et de saint Samson , il était, à ce que l’on croit, proche parent de l’un et de l’autre.
    Ayant quitté sa patrie pour venir dans l’Armorique, il y prêcha l’Evangile avec beaucoup de succès.
    Caduon , comte du pays, lui donna un terrain , pour bâtir un monastère, et Guérech 1er, comte de Vannes, prit cet établissement sous sa protection.

    Saint Samson, ayant fondé ensuite le monastère de Saint-Jean-Baptiste à Gaël, y établit saint Méen pour premier abbé. Celui-ci donna l’habit à saint Judicaël, roi de Domnonée, qui venait de renoncer à la couronne pour embrasser l’état monastique, vers l’an 616. Il fonda près d’Angers un autre monastère qu’il peupla de ses disciples, et qu’il allait souvent visiter pour les entretenir dans la ferveur.
    Il détermina, par ses exhortations, un nombre de personnes à se consacrer a Dieu dans la solitude.
    Saint Méen mourut vers l’an 617, dans le monastère de Gaël, qui a pris son nom. Son tombeau, illustré par beaucoup de miracles, attire un grand nombre de pèlerins. On trouve son nom dans les litanies anglaises du vii’ siècle , et sa fête est marquée comme solennelle dans les calendriers de la plupart des diocèses de Bretagne, sous le 21 juin.

    Chapelle saint-Méen, Montjean-sur-Loire, collection priviée, reproduction interdite
    Chapelle saint-Méen, Montjean-sur-Loire, collection priviée, reproduction interdite
  • Les légendes se rapportant à saint-Méen.
  • Son embarcation pour traverser la Manche serait une auge de pierre. En fait, selon Mme Duvauferrier-Chapelle, saint Méen et ses compagnons auraient traversé sur un assemlage de claies en osier recouvertes de peaux cousues ensemble. Une auge de pierre percée fixait le mât. Abandonnée sur la grève, l’embarcation pourrit, et seule l’auge resta. La légende fit le reste.

    Infatigable voyageur, saint Méen entreprit d’évangliser ll’Armorique, a Gaule, la Belgique et peut-être l’Italie, cette dernière via la Bretagne l’Anjou, la Guyenne, le Languedoc, le Lyonnais, le Dauphiné, la Savoie. Il s’abreuvait aux fontaines tout au long de ses périples, dont une partie avaient déjà des vertus thérapeutiques, mais après son passage elles devenaient miraculeuses. La liste de ces lieux tient en plusieurs pages. Naturellement la Bretagne est bien équipée, mais l’évêché de Nantes conserve Avessac, Saint-Méen-du-Cellier, près Clermont qui domine le fleuve et fut propriété de l’acteur Louis de Funès, et enfin Champoceaux possède un rocher de saint-Méen.
    En Anjou et Maine on compte : Chaudron-en-Mauges, Pontmain avec un certain Comte Méen, Ruillé-le-Gravelais où il est patron de paroisse, Saint-Hilaire-Saint-Florent àrès Saumur, où furent déposés les reliques de saint Méen durant l’invasion Normande, Thouars.
    Mais surtout Lasse dans le Baugeois, et Chateaupanne près de Montjean sur Loire. Selon François Lebrun, Les Hommes et la mort en Anjou aux 17e et 18e siècles, 1975, ces 2 fontaines miraculeuses étaient particulièrement vénérées, d’abord pour la lèpre que saint Méen était censé guérir, puis, après la disparition de ce terrible mal en France, pour une forme de gale particulièrement opiniâtre dite mal Saint-Méen. Chaque année, le 21 juin, jour de la fête de saint Méen, les malades viennent en foule pour se baigner soit à Lasse, soit à Châteaupanne.

  • Actes relevés dans les registres paroissiaux :
  • Le Louroux-Béconnais, 49 : 1600 – « Le mesme XXVIIIe d’apvril mil six cens fut inhumé au petit cimetière aulx pauvres le corps de deffunt Clément Arevys lequel est décédé en ceste paroisse acomplissant le voyage de monsieur St Main (Méen) lequel est de la paroisse de Saint Segondin comme est par l’attestation de J. Deshommes vicaire de ladite paroisse de saint Segondin fait par moy le jour et an que dessus » v°61-172
    1610 – « Le seziesme jour du mois d’aoust mil six cents dix fut inhumé le corps de defunct Guillaume Du Hay vivant demeurant et habitant de la paroisse de St Remy de Faurelles en l’évesché de Chartres lequel Du Hay mourut et décéda en ce bourg s’en retournant de son voyage de St Meen en Bretaigne le corps duquel fut inhumé au grand cymetière » v°124-172
    1613 – « Le premier jour du moys d’apvril mil six cens treze fut inhumé au petit cimetière aux pauvres le corps de deffunt Claude Garnier fils de Jehan Garnier lequel mourut en ceste paroisse allant accomplir le voyage de monsieur de Saint Main par moy » v°151-172
    1650 – « Le vingt et uniesme jour de mars mil six centz cinquante fut inhumé au cymetière des pauvres de la paroisse du Louroux Besconnais le corps de deffunct Toussaint Pignard qui décéda en faisant le voyage de St Meen par Talourd »

    Marans, 49 « Le 24.4.1662 la messe de la frairie de Ste Catherine a esté célébrée par Me J. Crannier prêtre pour le repos de l’âme de deffunct Mathurin Halligon qui est mort en faisant le voyage à Mr de St Méen »

    Montreuil-sur-Maine, 49 : Le 18.7.1612 baptême de « Jehan filz de Jehan Tiolier et d’Isabelle Daulx paroissiens de Sainct Delaunme Diocèse de Langre eux disant pelerins de Sainct Méen, parain Jehan Beaux marene Fleurense Gernigon »

    Ampoigné,53 : le 4.5.1691 baptême de Julien Blanchet fils de Jullien et de Mathurine Lefaucheux de la paroisse Notre Dame de Tillamente diocèse de Chartres, lesquels s’en retournent du voyage du Bienheureux St Méen »

    Cossé-le-Vivien, 53 : «Inhumation le 13.4.1644 de François d’Azé, pauvre mendiant, soy disant habitant autrefoys en la paroisse de Montreuil-Bellay vers la ville de Saulmur, sargetier de vacation, faisant le voyage de monseigneur de Saint Méen, décédé en la métairie de la Mouisantière à Cossé-le-Vivien » (registre paroissial de Cossé)

    Saint-Erblon, 53 « inhumation le 17.12.1662 à Saint-Erblon-sur-Araize(53) de Louys Hervé, de la paroisse Saint Laurens évesché d’Orléans suivant son certificat atteint du mal Saint Main est décédé au lieu de la Richardière demeure de René Harault faisant le voyage de St Main» (registre paroissial) –

  • Pélerinage en Bretagne vers Saint-Méen-le-Grand, ou vers les fontaines miraculeuses ?
  • Certaines sépultures dans les registres précisent que le voyage était en Bretagne. Il me paraît donc nécessaire d’en recueillir le maximum pour dresser un bilan utile.
    Par contre, je viens à l’instant de mouliner ma machine sur le mot Méen, et je m’aperçois que j’ai beaucoup de relevés dans mes relevès que ceux que j’ai mis ci-dessus. Il me faut un peu de temps pour dresser une page dédiée à tous mes propres relevés de saint Méen, dont à bientôt sur cette page où je mettrai le lien vers mon propre travail. Mais, comme vous savez où sont mes relevés, vous pouvez ici ajouter vos observations ailleurs. La liste des mes relevés est ici colone de droite.

    Gardez vos forces pour saint Jacques, je vous prépare une page sur lui.

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  • Dimanche 19 octobre à Lisieux

    Dimanche prochain 19 octobre à 10h retransmission en direct sur KTOTV soit sur la télé, soit sur le site qui rediffuse numériquement en direct. Messe diffusée en direct depuis Lisieux (durée : 3 h)

    Béatification de Louis et Zélie Martin, parents de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus

    © Office central de Lisieux – Cliquez sur la photo pour voir le site

    Louis et Zélie Martin sont béatifiés par le cardinal Saraiva Martins, préfet émérite de la Congrégation pour les causes des saints. Cette fête a lieu le dimanche de la Journée mondiale des Missions. Sainte Thérèse de Lisieux, la fille des époux Martin, est justement la patronne des missions.
    Quatre-vingt cinq ans après leur fille, les parents de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus sont béatifiés à Lisieux le 19 octobre. Thérèse disait déjà qu’elle avait eu des parents « plus dignes du Ciel que de la terre ». Par leur dévouement à Dieu et par leur vie de famille, Louis et Zélie Martin restent un exemple pour les catholiques.

    KTO permet de voir la cérémonie en différé après sa diffusion à l’antenne.

    Jeudi 23 octobre 2008 à 20h40 : Emission spéciale sur cet événement Hors les murs, une nouvelle émission de KTO, vous propose de plonger au coeur d’un événement exceptionnel (52 min).

    Fondation de la chapelle de Béhuard par Louis XI

    (Archives Départementales du Maine-et-Loire série 5E), avec cartes postales personnelles, et forum

    Cartes postales de collections privées – Reproduction interdite, y compris sur autre lieu d’Internet comme blog ou site Cliquez sur l’image pour l’agrandir

  • Titre de Béhuard faict par le roy Louis onziesme et Charles huict :
  • Aujourd’huy 25 septembre 1688 après midy sur les 2 heures de la relevée, nous Estienne Charlet notaire royal à Angers sommes le requérant messire Baltazard Fouyer prestre chanoine de l’église de Nantes, prieur commandataire de Pont Briant, recteur curé de Denée et de Behuard, en personne transporté en ladite église de Beshuard en conséquence de l’ordonnance de monsieur le lieutenent général dudit Angers du 10 septembre 1687 signée Boyslesve estant au bas de la requeste dudit sieur de Pont Briant portant permission audit sieur curé de Denée et de Behuard de compulser et de faire procès verbal et description de la fondation faite par Louis unziesme confirmée par le roy Charles huictiesme son fils, qui est escripte sur une pierre attachée au mur du costé de l’évangile de l’autel de St Jean, dans ladie chapelle de Notre-Dame de Behuard, qui règle le service qui se doibt dire et célébrer, le tout ainsy qu’il est porté, et plus amplement spécifié dans ladite requeste demeurée cy-attachée pour y avoir recours et ce par nous notaire pour le commis pour valloir ainsy que de raison à laquelle requeste obtempérant sommes comme dit est transporté en ladite église de Beshuard ou estant avons vu une pierre fort ancienne attachée et enfoncée audit mur de 2 pieds et demy de hauteur et presque autant de largeur sur laquelle au commencement de l’inscription d’icelle pierre est un escussion dessus chargé de trois fleurs de lys d’or, sur laquelle pierre sont escripts ces mots en lettres gothiques fort longues et anciennes ainsy qu’il ensuit le roy Charles huictiesme voulant accomplir les bonnes affections et intentions du feu roy Louis son père, dès le mois d’octobre l’an mil quatre cent quatre vingt trois, a donné et baillé délaissé et admorty à cette chapelle la terre, baronnie et appartenances de Denée qui par ledit feu roy Louis son père avait esté acquise, et sur le fait expédié ses lettres en forme de chartes par la visitation desquelles les gens des comptes à Paris ont ordonné estre dites et célébrées en ladite chapelle par le curé dudit lieu de Denée ou autres de par luy le service qui s’ensuit c’est à savoir trois messes basses par chacune semaine de l’an pour l’âme dudit feu roy Louis unzième au dimanche l’autre au samedy et la tierce messe sur semaine, et à chacune desdites messes avant le lavabo, dire un de profonfis avec les oraisons acoustumées estre dit pro defunctis, en faisant prière et commémorations d’iceluy feu roy Louis qui fit don et augmenta à ladite chapelle et outre à chacune des festes sollemnelles de Nostre-Dame qui sont la Conception, Nativité, Annonciation, Purification, et Assomption Notre-Dame, dire et célébrer ou faire dire et célébrer en icelle chapelle messes solemnelles à mothé diacre et sous-diacre avec matines, vespres et faire suffrages et commemoration pour ledit feu roy Louis, et autres roys de France, et aussy dire et célébrer chacun an en ladite chapelle messes hautes à diacre et sous-diacre vigiles et recommandation pro defunctis pour le XXIXe jour d’aoust, qui est le jour que ledit feu roy Louys alla de vie à trépas, et avant lesdites messes et services des susdites faire sonner et tinter les cloches de ladite chapelle à l’heure de huit heures du matin auxquelles charges et service faire et accomplir et entretenir perpétuellement le curé de Denée et son temporel son tenus et obligés à la fin desquels mots se trouve un écusson dessiné que l’on dit estre les armes de Me Alexandre Fournier curé dudit Denée qui sont un écusson écartelé au premier franc quartier en fonds d’azur une barre dentelée, deux molettes d’esperon d’or, le second quartier trois testes de mort fonds d’or.
    Qui est tout ce que nous avons vu sur ladite pierre et lu sur icelle, de tout quoy nous avons au désir de ladite ordonnance dressé le présent procès verbal enladite chapelle de Béhuard en présence de noble et discret Messire Pierre Bibard pretre vicaire dudit lieu de Behuard noble homme René Desmazières bourgeois de la ville d’Angers, Charles Cady marchand habitant de l’isle dudit Behuard, Jean Baudonnière filassiser aussy y demeurants, Jacques Guillon pescheur, Jean Cady laboureur à bras, et François Collinlaboureur, et encore Charles Cesbron aussi tesmoins tous demeurant en ladite île et habitants d’icelle, lesdits Jacques Guillon, Jean Cady et François Collin ont déclaré ne scavoir signer de ce enquis tous témoins à ce requis et appelés sont signé la minute

  • Ensuit la teneur de ladite requeste et ordonnance
  • Monsieur
    Monsieur le lieutenant général d’Anjou à Angers supplie humblement noble et discret Baltazard Fouyer prestre chanoine de l’église de Nantes prieur commendataire de Pont Briand, recteur curé de Denée et de Behuard en personne, disant que par le changement des curés la plupart des titres de ladite cure de Denée et de Behuard et son annexe ont esté divertis et perdus, ce qui croit la perte des droits tant féodaux que fonciers que pour les rétablir il luy est nécessaire de compulser les titres papiers et enseignements qui sont entre les mains des particuliers et personnes publiques qui sont refusantes de les luy délivrer même de faire faire procès verbal et description de la fondation faire par Louis unziesme confirmée par le roy Charles huitiesme son fils qui est escrite sur une pierre attachée au mur du costé de l’évangile de l’autel de St Jean dans ladite chapelle de Notre-Dame de Behuard qui règle le service qui se doit dire et célébrer par chacun an, et ce par le premier notaire royal qu’il vous plaira commettre et pour en être délivré copie audit Sr Fouier en crainte qu’à l’avenir on ne puisse lire ladite fondation et pour servir d’original requérant sur ce votre ordonnance et faire justice, signé Fouier recteur curé, et de Bruneau pour le suppliant

    Vu la requeste cy-dessus nous avons permis et permettons audit sieur curé de Denée et de Behuard de compulser, de faire faire procès verbal et description de ladite fondation du roy Louis unziesme, confirmée par Charles huitiesme son fils qui se trouve escripte dans le mur de ladite chapelle de Behuard par Charlet notaire royal à Angers qu’à ce faire avons commis, et pour en estre destinée copie audit sieur curé et pour luy servir et à ses successeurs ainsy que de raison, mendant … donnée à Angers par devant nous dit lieutenant général susdit le 10 septembre 1687 signé Boylesve.
    Délivré la présente copie par nous Pierre Charlet notaire royal à Angers sur une autre copie délivrée audit Fouyer curé de Denée et de Behuard son annexe par defunt Me Etienne Charlet vivant notaire de cette cour des minutes duquel nous dit Pierre Charlet sommes garants ladite copie demeurée attachée à la minute originale attendu qu’elle avait esté pour la plus grande partie rongée et déchirée et après qu’elle a eseté signée et paraphée par ledit Sr Fouyer pour plus grande approbation à Angers le 22 juin 1691. Signé Charlet notaire royal garde note de la minute.

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