Thomas Guillochin fils Michel, Le Grais 1620

Grâce au site participatif audelaec 61, qui a relevé une partie des actes, que je remercie infiniement, je viens de retranscrire tous les actes anciens GUILLOCHIN au Grais et environs, pour tenter d’élucider l’ultime génération, car les registres paroissiaux ne commencent qu’en 1697 au Grais, et on doit donc dépouiller tous les actes notariés et tenter de reconstruire. Au bout de 15 jours, après un moment de brouillard sous la somme d’actes que j’avais du mal à classer, je suis parvenue à trier en plusieurs dossiers les GUILLOCHIN et surtout à trouver la preuve que mon Louis Guillochin était fils de Thomas. Mais, je trouve aussi un autre Thomas, donc ce soir je vous mets ce Thomas, dit « Thomas Guillochin fils Michel » décédé avant 1633 laissant seulement une mineure. Je suis heureuse de pouvoir conforter et approuver l’hypothèse d’Alain qui a beaucoup travaillé cette famille, et qui sait lire les actes et même beaucoup d’actes, ce qui ne semble pas le cas de tous les généalogistes qui sont sur Geneanet.

autre Thomas Guillochin, le fils de Michel

Ce Thomas Guillochin semble proche parent de Louis Guillochin qui suivra et qui est l’époux Gondoin. Il est également du même milieu car on y acquiert des rentes ce qui n’était pas le cas des laboureurs de la branche précédente, branche qui est celle de mon Louis Guillochin fils Thomas, que nous verrons demain matin.

Il n’a laissé qu’une fille mineure en 1633

1618 : Thomas Guillochin fils feu Michel revend une obligation créée par son père

« Le 8 juin 1618[1] au lieu des Burts paroisse de de Georges d’Asnere, fut présent Thomas Guillochin (s) fils et héritiers de feu Michel de la paroisse du Grez, lequel a cédé et transporté et du tout quite et délaisse à fin d’héritage à noble homme Jehan de Lonlay sieur de Saint Georges présent à ce, c’est à savoir la somme de 8 écus sol 32 sols valant 35 livres 12 sols tz de rente hypothéciaire qu’il a droit d’avoir et prendre par chacun an de l’obligation de Pierre Picquot de Montreuil par le cotnrat de la création de ladite rente passé devant Jehan Bernier et Margrin Verdier lors tabellions à Briouze le 9 juin 1592 que ledit Guillochin a présentement baillée ausit sieur pour posséder ladite rente à l’advenir en son lieu et place ainsi qu’il eust peu faire ; et est fait le présent transport moyennant la somme de 85 escus sol 20 sol valant 136 livres tz pour le corps principal de ladite rente présentement payée content audit Guillochin en or et argent de bonne mise et du présent ayant cours suivant l’dit pour rescompense de pareille somme de 136 livres tz qu’auroit couté ladite rente audit defunt Michel Guillochin père dudit Thomas et davantage a cédé et transporté audit sieur 20 sols de vin mentionnés audit contrat … »

1622 : Thomas Guillochin fils Michel résilie un contrat de vente

« Le 27 août 1622[2] fut présent Thomas Guillochin (s) fils de Michel de la paroisse du Gres, lequel a subrogé Nicolas Lefevrier écuyer sieur de la Durandière présent à ce, c’est à savoir en son droit noms raisons et actions obtenir et poursuivre le fait et effet … contre Marin Clouet fils Robert pour faire … le constrat de vente qu’il luy a fait d’une portion de terre en prés paroisse de Faverolles jouxtant d’un costé et aboutant audit Marin Clouet et d’autre costé aux hoirs Julien Regnault fils Jean, et d’autre bout la rivière de Rouvre, et le remboursant … présents Jean Guillochin (s) fils de Louis et Thomas Guillochin (s) fils de Girard du Grès »

1625 : signatures de Jean Guillochin fils Louis, et Thomas fils Michel du Grais

« Le 12 avril 1625[3] fut présent Julien Lesongeur de la paroisse des Yfteaux lequel a recogneu à Me Philippe Tasille présent avoir de lui au précédent ce jour esté payé de l’intégrité de la promesse de mariage de lui et de JeanneTasille sa femme fille dudit Me Philippe, receue en ce tabellionnage le 7 avril 1624 … Présents Jehan Guillochin fils de Louys et Thomas Guillochin fils de Michel du Grès témoins »

1633 : conseil des parents des enfants mineurs de feu Thomas Guillochin

[Thomas Guillochin laisse une fille mineure, une veuve remariée à Robert Salles. Les Guillochin du Grais sont parents.] L’acte de lecture difficile a été relu et corrigé par Alain qui descend comme moi du Louis Guillochin dernier parent cité et ne sachant signer donc marqué par nos soins (m) pour marque.

« Le 20 octobre 1633[1] au bourg et marché de la Fertay devant les tabellions dudit lieu de La Ferté Macé qui sont Pierre Durant (s) et Michel Ango (s), furent présents vénérable et discrète personne Me Pierre Guillochin (s) prêtre, Gervais (s) et Marin (s) Guillochin, Jehan Guillochin (s), Thomas Guillochin (s) Briantière, Jacques Milcent (m) et Thomas Chatel (s), Philipe Foutelais (s) Pichardière, Guillaume Heron (s) le Rocher, et Jehan Heron (s) Blestière, Jacques Ozenne Brigaudière (rayé donc non présent), Julien Provost (m),  Pierre Jacques ? [je n’arrive pas à lire le nom, mais il signe] (s) et Louis Guillochin (m), tous parents et amis de l’enfant de defunt Thomas Guillochin Briantière… à la diligence et requeste de Jehan Huet Milcendière tuteur de ladite soubz, pour délibérer des vig… et nécessaires affaires d’icelle soubz – Premier sur les demandes de poursuite contre luy faites tant par Georges Picot, Robert Salles Gautrie comme ayant épousé la veuve dudit defunt mère de ladite soubz, ledit Foutelais Jacques Leboucher ; à savoir ledit Picot aux fins d’estre acquiter de la somme de 25 livres 12 sols 3 deniers de rente hypothéquaire (f°2)  continuation et arrerages prorata frais et dépenses sur ce ensuivis tant contre ledit deffunt que contre ledit tuteur en viconté de Falaize, aux pleds de Briouze suivant la subrogation que ledit Picot en porte et fait dudit défunt qui sont sur ses deniers ; et pour ledit Salles aussi demandeur pour luy et au nom de sa femme [ce qui signifie que la veuve du défunt n’a pas encore recouvré ce qui lui est dû]… de ladite soubz pour la somme de 350 livres pour le dol assigné à sadite femme suivant le traité et sentence sur ce ensuivie aux pleds de Briouze ; et pour la requesete desdits Foutelais et Leboucher demandeurs de leur part à savoir ledit Foutelais la récompense de 3 années d’arrérages de 10 livres 14 sols de rente hypothéquaire moitié de 21 livres 8 sols qu’il a payées à Daniel Turget escuier sieur du Pont représentant son droit de la demoiselle du Bois … en quoi ledit défunt était obligé, auxquels ledit Foutelais et Leboucher, lequel Leboucher prétend s’en faire décharger disant qu’il à ce contraint que pour faire (f°3) plaisir audit défunt qui estoit obligé en la moitié de ladite rente selon la sentence et procès qui est pendant audit pleds de Briouze entre lui et ledit tuteur, tous lesquels parents après avoir eu communication du mémoire en forme de compte de la recepte et mises faites par ledit Huet tuteur, et de toutes les poursuites et demandes ci-dessus déclarées ce que ledit tuteur a juré et affirmé ne disposer d’aucun denier pour payer toutes lesdites demandes ; après lesdits parents avoir entre eux conféré sur le tout ont donné advis audit tuteur que pour éviter à la totale perte du bien de ladite soubz et un décret qui estoit préparé à faute de tout son bien, instance dudit Picot qu’il soit fait vente par ledit tuteur des maisons et héritage du village de la Chapronière appartenant à ladite soubz sans réservation ce que ladite vente soit fait sans condition audit Robert Salles … et ledit tuteur soit tenu et obligé appeler avec lui lesdits Me Pierre Guillochin et ledit Foutelais Gautrie et Thomas Guillochin pour y conserver les droits de ladite soubz pour en estre employer les deniers de ladite enfant et amortissement desdits 25 livres 15 sous de rente principal (f°4) arrérages et despends, lesquels despends ont été arbitrés avec ledit Picot à la somme de (blanc) et pour l’outre plus des deniers provenus de ladite vente seront employés à payer et acquiter les arrérages des autres rentes deues par ladite soubz … desquelles ledit tuteur en retirera acquits et amortissements desdits 25 livres 12 sols pour la décharge desdits parents … Témoins présents honnête homme Thomas Le Breton (s) de Magny et Julien Gautier (m) de Beauvain…

[1] AD61-4E172/11 tabellionnage de La Ferté-Macé

 

 

[1] AD61-4E119/13/37

[2] AD61-4E119/16/99

[3] AD61-4E119/17/346

[4] AD61-4E172/11 tabellionnage de La Ferté-Macé

En Normandie la dot n’était pas payée le jour du mariage, mais souvent longtemps après

Je vous ai déjà parlé de cette différence entre le droit coutumier angevin et le droit coutumier normand, car je reste traumatisée par ce que j’avais découvert pour mes LEPELTIER pour dot impayée des années après le décès des mariés.

Je suis occupée à retranscrire quelques actes normands, et je remarque que l’échelonnement du paiement de la dot beaucoup d’un contrat de mariage à l’autre, de 5 à 14 ans, et voici un contrat qui montre le long échelonnement du paiement. Ceci est d’autant plus étonnant dans le cas qui suit que la dot n’est pas très élevée, alors que les garçons de cette famille GUILLOCHIN du Grais (Orne) savent signer, ce qui n’est pas le cas de tous les Guillochin. On pourrait donc s’attendre à ce qu’ils paient rapidement la dot de leur soeur, et ils vont la payer sur 14 ans, soit 200 livres payées par tranche de 15 livres par an, c’est tout bonnement hallucinant de lire de telles choses, enfin selon mon regard sur le passé.

« Le 22 janvier 1692[1] au traité de mariage qui au plaisir de Dieu sera fait et parfait en face de notre mère sainte église catholique apostolique et romaine entre François Milcent fils de feu Julien et feu Marguerite Rouliard de la paroisse du Grès, et Catherine Guillochin (m) fille de feu Gabriel et Anne Panier aussi de ladite paroisse, lesquels du consentement de leurs parents et amis se sont promis la foi de mariage et s’espouser l’un l’autre, en faveur dudit mariage pourvu qu’il soit fait ladite Anne Panier mère de ladite Catherine et Charles Guillochin (s) frère de ladite affidée future ont promis audit Milcent en don pécuniel la somme de 200 livres pout toute et telle part qui pouroit compéter et appartenir à ladite future afidée en les successions tant de son père que de ladite Anne Panier sa mère, et s’obligent ladite Anne Panier et ledit Charles Guillochin payer ladite somme de 200 livres scavoir le jour des espousailles 15 livres du jour des épousailles en un an autre 15 livres et à ainsi continuer chaque an jusques à fin de payement [soit 14 ans au total], et outre a esté promis à ladite affidée future un lit fourni scavoir d’une couette un traversin 2 oreillers, une couverture de serge façon meslinge, 8 aulnes de toile de laufe sur estoupe, lesdites 8 aunes pour faire le tour de lit, une douzaine de draps de lit de grosse toile, 12 serviettes de toile de laufe et estoupe, 2 nappes aussi de toile de laufe et estoupe, de chacune 2 aulnes, 6 écuelles, 6 assiettes, 2 plats plats, une pinte, le tout d’étain, 2 vaches, une douzaine de brebis, un habit de ras, une jupe de dessous blanche de froc ou serge de Jacou, à la discrétion et choix dudit Charles, un manteau à son usage de serge de Jallays de la couleur rose avec les habits hardes et linge que ladite affidée peut avoir vers elle, comme aussi aura 2 coffres de Caux qui sont en la maison, savoir un petit et un plus grand, le plus grand au choix de ladite future, et selon la montrée qui en a esté faite en présence de parents, le tout fermant à clef, et à l’égard des meubles ci-dessus livrés le jour des épousailles (f°3) la vigile tous les meubles morts avec une vache, et le reste desdits meubles sera livré un an après ledit jour des épousailles, et est entendu que de ladite somme de 200 livres promise aux futurs en a été par à présent remplacé la somme de 160 livres par ledit futur pour tous et chacuns ses biens meubles et immeubles après le payement fait et en tant qu’il en aura été payé, et à ledit Milcent gagé plein douaire à ladite future sur tous ses biens selon la coutume sans qu’il soit besoin d’en faire aucune demande ni action judiciaire que si ledit Milcent décéda auparavant ladite affidée sans enfants vivants elle aura et emportera au … de toute debte son lit coffre habits linge à son usage et dons par après à eux ainsi que la coutume le permet, le tout fait et accordé en la présence de Me Marin Bittu prêtre, François Milcent sieur des Dailles Claude Desnous François Pitel, Jean Gauchard, Claude Milcent, autre Claude Milcent, Bonaventure Huet, Pierre Auneau, Michel Milcent, Julien Gabriel François Duhalou, Sanson Lenauchaud, Marie Bittu, Georges Duval, Guillaume Bluté, Jacques Guillochin (s) et Me Pierre Bare prête curé de Craize. Ce fut fait et passé en la paroisse du Grès au village de la Briancière  »

[1] AD61-4E174/36/200 tabellionnage de Briouze

Pour mémoire, en Normandie quand on ne sait pas signer on met une marque (m) alors qu’en Anjou on ne met rien du tout.

Mouchoirs à usage de femme : la petite histoire de l’inégalité sociale et de l’inégalité homme-femme.

Comme ceux qui me connaissent depuis longtemps le savent bien, j’adore faire des inventaires après décès tout autant que des contrats de mariage. Les mouchoirs sont rarement cités dans les actes du 16ème et du 17ème qui m’ont passionnée. Et, en Anjou tout au moins, leur présence ne se manifeste que dans les inventaires après décès, et chez les gens plutôt à l’aise, jamais chez les exploitants agricoles. Et, toujours en Anjou, on n’a jamais le détail du trousseau dans les contrats de mariage.

Mais en Normandie, on a parfois les détails. Et ces détails sont  quelquefois surprenants, en ce cens que le contrat de mariage qui suit ne semble pas de gens aisés, à en croire la très petite somme en argent, mais il y aura dans le trousseau « 6 mouchoirs à l’usage de ladite fille ».

« Le 16 janvier 1687[1], au traité de mariage qui au plaisir de Dieu sera fait et parfait en face de nostre mère saincte église catholique apostolique et romaine entre Julien Crosnier (m) fils de defunt Guillaume Crosnier et Marguerite Guillochin ses père et mère de la paroisse du Grais d’une part, et Anne Guillochin (m) fille de Michel Guillochin et Jeanne Roussel ses père et mère de la paroisse de La Ferté Macé d’autre part, ont esté fait les conventions qui ensuivent, c’est à scavoir que les Julien Crosnier et Anne Guillochin se sont promis s’épouser l’un l’autre à la première semonce qui en sera faite après les services de nostre mère ste église deument observées ; en faveur duquel mariage ledit Michel Guillochin père de ladite fille a promis et s’est obligé payer auxdits futurs la somme de 60 livres paiable scavoir 10 livres à Pasques prochain et les autres payables à Pasques ensuivant et ainsi d’an en an jusques à fin de payement et la somme de 6 liuvres pour l’habit, 6 draps de toile, 6 serviettes, 6 coiffes, 6 mouchoirs à l’usage de ladite fille, 4 escuelles et 4 assiettes, le tout d’étain, un coffre de bois de fouteau fermant à clef, et un traversier de plume d’oie, er ceque ladite fille peut avoir par devers elle qu’elle auroit gagné dans ses services ; ledit futur s’oblige remplacer la somme de 30 livres sur le plus apparaissant de son bien ; lesdites parties sont demeurées d’accord les uns envers les autres et se sont obligés à tout ce que dessus ; fait en présence de Claude Crosnier (s) frère dudit futur, Jacques Piquet son beau frère et Michel Guillochin (m) père de ladite fille, Jean Laisné et Jean Huet et François Bisson et François Lebally tous parents et amis tant du costé dudit futur que de ladite fille »

[1] AD61-4E174/30 tabellionnage de Briouze

Donc, on connaissait le mouchoir pour femme au 17ème siècle en Normandie. Ce qui signifie aussi qu’il existait alors des mouchoirs pour homme. Et monsieur n’avait sans doute pas le droit de se moucher dans les mouchoirs de madame ? La distinction entre mouchoirs de femme et mouchoirs d’homme existe toujours de manière plus que sexiste, et tout à fait inégalitaire entre hommes et femmes. Il est impossible (ou tout au moins je n’ai jamais pu trouver) de mouchoir de femme aussi grand qu’un mouchoir d’homme et inversement, les mouchoirs d’homme sont toujours beaucoup plus grands que les mouchoirs de femme. Je n’ai jamais compris pourquoi les femmes avaient le nez plus petit et moins encombré que le nez des hommes !!!! Et Mesdames nous subissons aussi cela ! Je dis « aussi » car à en croire les médias modernes, nous subissons beaucoup de choses, mais je ne les ai jamais entendu parler de la discrimination flagrante qui existe entre le nez d’une femme et celui d’un homme pour le mouchoir !!!

 

Photo de classe école Notre Dame de la Sagesse, Nantes St Jacques 1947

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Cette photo de classe, école Notre Dame de la Sagesse, quartier Nantes Saint Jacques à Nantes Sud Loire, date de 1948 ou 1947. J’y vois Odile Guihard (en bas à gauche), Thérèse Cormerais (au dessus d’Odile Guihard mais à droite), Danièle Perraud (en haut avec le grand noeud au centre droit), et je suis aussi en haut, à droite de Danièle mais une autre entre nous.
Nous avons toutes, ou presque toutes, des noeuds dans les cheveux.
Anisi était la mode.
Si vous avez des photos de classe de Nantes Saint Jacques, je veux bien les mettre sur mon blog, contactez moi ci-dessous dans les commentaires, en cliquant d’abord sur le titre de ce post.
Et si vous en reconnaissez, ou si vous vous reconnaissez, contactez moi aussi dans les commentaires.
Merci d’avance
Odile Halbert

PS cette photo m’avait été envoyée par Danièle que je remercie

La promiscuité autrefois : rue Saint Jacques, Nantes Sud Loire, 1846

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Hier, je vous parlais des pêcheurs de sable, voisins de palier, et vivants tous deux chacun dans une pièce pour sa famille toute entière.
Aujourd’hui, je vous emmène visiter la maison entière, et je vous prie de me croire, mais toutes les maisons de la rue St Jacques étaient alors aussi peuplées, car j’ai tout dépouillé sur Excel depuis 3 mois environ, donc j’ai une immage claire de l’habitat en 1846 à Saint Jacques.
Donc, à cette époque, l’immense majorité des familles vit dans une pièce unique. Et je me permets de vous rappeler qu’en 1846 il n’y a pas l’eau courante, le chauffage central etc…
Et n’en concluez surtout pas que ceux qui étaient propriétaires occupaient plus de pièces que ceux qui étaient locataires. Car, l’immense majorité des propriétaires vivait en totale promiscuité avec les locataires et comme eux, et il se trouve que la maison où demeurait les pêcheurs de sable est tout à fait représentative, donc, je vous la mets pour image de toute la rue Saint Jacques.
La maison n’a qu’un étage et le propriétaire, Guibert, vit en une pièce unique au premier. Il est dit forgeron, mais je ne vois aucune forge, donc soit il est ouvrier ailleurs et a hérité de cette maison, soit sa forge est ailleurs. (nom, prénom, âge, métier avec les 2 sources quand différent selon les 2 sources, numéro dans la rue, propriétaire, pièces)

Busson Louis 28 raffineur 31 Guibert 1P rz
Corbineau Marie 29 femme
Gourdon Pierre 34 pêcheur/pêcheur de sables 31 Guibert 1P 1er
Thibeau Rose 31 femme
Gourdon Pierre 3 fils
Gourdon Jeanne 5 fille
Gourdon Auguste 0,5 fils
Guilbert Pierre 32 forgeron 31 Guibert 1P 1er
Guilbert Victorine 3 fille
Guilbert Alexis 0,5 fils
Enoux Vve Cadet 60 journalière 31 Guibert 1 P mansarde
Cadet Vve Cormerais 40 femme
Cormerais Madeleine 7 fille
Cormerais Lise 5 fille
Cadet Clement 30 fils
Cadet Cornelie 32 fille
Sautron Jacques 50 colporteur 31 Guibert 1P mansarde
Pineau Geneviève 30 femme
Bazin Jacques 67 chaudronnier 31 Guibert 1P rz
Verniau François 32 tisserand 31 Guibert 1P rz
Berry Théophile 34 femme
Verniau Auguste 2 fils
Halbert Michèle 30 tailleuse 31 Guibert 1P 1er
Hubert Joseph 50 pêcheur/pêcheur de sables 31 Guibert 1P 1er
Marzin Marie 62 femme
Hubert Virginie 17 fille
Hubert Antoine 30 fils

Cette étude que je mêne depuis plusieurs mois me permet de mieux apréhender le mode de vie de mes ancêtres car j’avais découvert il y a quelque temps, grâce aux recencements, qu’ils ne vivaient pas seuls dans une maison, mais tous entassés dans une pièce de la maison, et dans la plus grande promiscuité. J’ai même découvert pire, et ce jour là, je suis restée anéantie par ma découverte. J’y reviendrai.

Voici les vues de cette maison d’après le recensement disponible en ligne sur le site des AM de Nantes 4ème canton, et comme je vous l’ai déjà expliqué, il existe un autre recensement de la même année, classé aux AD44, qui ne donne pas tout à fait les mêmes renseignements.

Et je vous souhaite tous bonne journée sans COVID

Les pêcheurs de sable à Nantes Sud Loire en 1846

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Vous avez bien lu mon titre, il s’agit bien de sable, et non de poisson. Ce métier existe toujours manuellement dans beaucoup de pays, et le moteur de recherche vous le prouvera. En France, comme ailleurs cependant, fin du 19ème siècle on a remplacé ces travailleurs manuels par des dragueuses puissantes.
Cette semaine sur Arte j’ai vu un documentaire sur Florence la ville italienne, et on y parlait de la fin des pêcheurs de sable à Florence en 1965, aussi remplacés par la dragueuse. Un vieil homme, qui avait connu cette époque, racontait que la dragueuse ramassait en un jour ce qu’un pêcheur de sable, travaillant durement 12 h par jour, 6 jours sur 7, ramassait en un an.
Et allez voir un site merveilleux sur ce métier disparu, avec des tableaux remarquables, qui vont vous faire découvrir ce ramassage du sable.
Hélas, je dois ajouter qu’en 2021, on sait que la planète va bientôt manquer de sable car nous en utilisons beaucoup trop pour construire toutes ces tours en béton partout. le sable est devenu une ressource en voie de disparition. L’impact environnemental et social de l’exploitation du sable inquiète l’ONU. La consommation de sable, deuxième ressource la plus exploitée au monde après l’eau, a triplé en 20 ans. … Cette consommation a contribué à la diminution de plages et d’aquifères, à la pollution, et à des inondations ou sécheresses.

La pénurie de sable, c’est pour bientôt ! (Infographie)

Voici comment j’ai trouvé ces 2 pêcheurs de sable :
J’ai dépouillé les rôles de capitation du canton de Pirmil, paroisse de Saint Sébastien d’Aigne, pour les métiers au 18ème siècle, puis les recensements du 4ème canton de Nantes, partie Sud du Pont de Pirmil, pour le 19ème siècle. Je pensais suivre les métiers, mais j’observe des curiosités. Ainsi, il n’y a aucun pêcheur dans les rôles de capitation, ce qui semble bien extraordinaire tant les rives de la Sèvre et celles de la Loire étaient poissonneuses.
Puis, les pêcheurs apparaissent à Nantes Sud Loire dans les recensements. Je vous avais déjà mis ceux de 1901, et je voulais voir s’ils étaient plus nombreux en 1846, car je supposais que ce métier était en voie de disparition progressive à cette époque. Il n’en est rien, c’est le contraire, il y a moins de pêcheurs en 1846. Mais, à Nantes, on a la chance de posséder 2 séries du recensement, l’une aux Archives Municipales et l’autre aux Archives Départementales, et il se trouve qu’elles ne sont pas identiques n’ayant pas été faites dans le même but, sans doute l’une pour les impôts. Et surtout elles n’ont pas été faites par le même recenseur ou percepteur. Il y a quelques mois de différence entre ces 2 relevés, et le recenseur ou percepteur n’était pas le même (pas la même écriture) se contentait de noter ce que la population lui annonçait comme métier, âge etc… Bref, j’ai eu le courage de relever les 2 séries parallèlement sur Excel et de les comparer. L’une donne le nom du propriétaire l’autre pas etc… L’une donne tous les membres du foyer l’autre pas etc… et le métier y est dans les 2 séries, le plus souvent le même, mais soudain alors que je relevais et tappais conscieusement, je lis « pêcheur de sable », et non « pêcheur » comme j’avais dans la série départemetale.
Sur le coup, ne connaissant pas ce métier, j’ai cru que je vieillissais dur au point de divaguer… si vous voyez ce que je veux dire. Bref, je n’en croyais pas mes yeux. J’avais toujours pensé qu’on en pouvait pêcher que des poissons, crustacés etc… mais pas du sable.
C’est alors que j’ai tapper sur le moteur de recherche qui m’a aussitôt donné tout plein de renseigments car le métier existe bel et bien encore.
Mais je reviens à mes sources documentaires, à savoir les 2 séries de recensement, car l’une, la série Départementale, donnait « pêcheur » et l’autre, la série Municipale donnait « pêcheur de sable », et ce dans 2 cas.
On peut donc en conclure hélas que les pêcheurs de sable étaient souvent connus et comptabilisés comme « pêcheurs » et donc on peut à ce métier de pêcheur oublier l’existence des pêcheurs de sable puisqu’on oubliait de préciser ce qu’ils ramassaient réellement sur leur barques, qui n’était pas du poisson et bien du sable.

Voici les 2 pêcheurs de sable de Nantes Saint-Jacques en 1846 :

Pierre Gourdon, 46 ans, époux de Rose Thibeau, et père de Pierre, Jeanne et Auguste, et Joseph Hubert, 50 ans, époux de Marie Marzin, père de Virginie et Antoine, sont voisins de palier au 1er étage du 16 rue St Jacques. Ils ont une pièce chacun pour leur famille entière, et le 16 est le bas de la rue avant la destruction de l’ancienne place Pirmil, donc leur maison n’existe plus.