Nantes Saint Jacques sous les bombes : 23 septembre 1943 et 24 juin 1944

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Lundi prochain, 12 août, ce sera le 75ème annivesaire de la libération de Nantes.

Relisant les lettres de ma famille durant cette période, je viens de vivre une grande émotion, car un terme m’avait jusqu’alors échappé, et me laisse si émue que je tiens à faire un peu le vide de ce blog quelques jours.
Car, tappant sur GOOGLE ce terme effroyable, j’ai lu d’innombrables témoignages. Et je réalise l’horreur… Comment cet horrible comportement avait-il pu m’échapper ?

Le 23 septembre 1943, une semaine après le terrible bombardement qui a vidé la ville de Nantes de ses femmes avec enfants, vieillards et infirmes sur ordre affiché du préfet, Nantes est bombardé une seconde fois et même en 2 raids ce jour là.

Voici l’ordre du préfet, affiché sitôt après le bombardement du 16 septembre 1943 dans toute la ville de Nantes :

AVIS A LA POPULATION (que je résume)
doivent rester : les fonctionnaires, les commerçants, les hommes valides pour déblayer la ville et aider à sa remise en état et son alimentation
doivent partir : les femmes ne travaillant pas, les enfants jusqu’à 14 ans, les vieillards et les infirmes
suivent les 5 points d’organisation des départs, dont l’un rue Ledru-Rollin non loin de chez nous, car il est demandé de ne pas partir dans le désordre et de signaler où on va quand on a de la famille etc… sinon demander de l’aide aux autorités

Lors du second raid, la rue Saint Jacques est bombardée.
Une partie des destructions est visible en ligne.

Donc, maman et ses enfants ont fui Nantes dans la nuit du 16 au 17 septembre 1943. Mais une semaine plus tard, d’autres bombes tombaient.

Voici l’état du magasin de mon grand père à l’angle de la rue Saint Jacques et la rue du frère Louis le 23 septembre 1943 au soir ou bien le 24 juin 1944, car je trouve sur la carte des bombardements 2 bombardements du quartier.

Vous avez sur internet beaucoup de choses sur ce sujet, surtout sur le site des archives de la ville de Nantes.

Hélène Alaneau : Angevine sous les ordres de Louis puis Claude de Bretagne, aliàs d’Avaugour

Ces jours-ci je vous mettais, entre autres, Louis de Bretagne seigneur de Clisson mais aussi comte de Vertus (en Champagne) et Goello (en Bretagne) premier baron de Bretagne seigneur d’Avaugour Clisson Monfaucon Chantossé (En Anjou, aujourd’hui écrit Champtocé sur Loire) et Ingrande (frontière Anjou Bretagne)
Et je vous mettais quelques actes notariés qui illustraient que ce seigneur se déplaçait d’une terre à l’autre non sans déplacer les postes de quelques sujets ici ou là.
Donc, dépouillant par retranscription exhaustive, les plus anciens registres paroissiaux de Clisson, que les Guerres de Vendée ont hélas beaucoup fait disparaître, je retrouve des Angevins.
Et vous reconnaîtrez, si vous êtes fidèle à mon site et mon blog, que je connais un peu les Angevins…
Donc il y a à Clisson des LENFANT, mais je ne peux faire le lien, si ce n’est que je peux affirmer que c’est la même famille.
Et ce jour, et cette fois je fais le lien, c’est une de mes collatérales, je vous présente donc Hélène Allaneau, que je viens d’inhumer en l’église saint Jacques de Clisson. Et vous pouvez consulter sur mon site l’immense travail ALLANEAU que j’avais autrefois fait.

Elle suit son mari muté par le seigneur de Clisson, d’Angers à un posté à Champtocé, un autre à Ingrandes, et en 1680 ils vivent à Clisson paroisse Saint Jacques. Voyez les actes ci-dessous de son mariage, ses enfants, qui attestent tous ces déplacements !!!
C’est un peu comme de nos jours lorque vous êtes muté par votre entreprise multinationale à travers toutes ses filiales !!!

Hélène ALLANEAU °Angers Trinité ca 1638 †Clisson Saint Jacques 24 avril 1680 « inhumée en l’église honneste femme Helene Alaneau épouse de Me Pierre Lancelot général d’armes 42 ans » Fille de Nicolas 5e ALASNEAU & de Renée ERNAULT x Angers St Nicolas 1.4.1659 Pierre LANCELOT Commis au grenier à sel d’Ingrandes
1-Pierre LANCELOT °Angers St Nicolas 9.11.1658 (sic)
2-Hélène LANCELOT °Angers St Aignan 11.8.1662 x Champtocé 15.2.1691 Jacques GAULTIER Fils de Thomas et de Madeleine Cimier


C’est le meilleur endroit pour jouir du point de vue sur le château, vue du cimetière de la Trinité. Si vous allez à Clisson, n’oubliez pas de vous rendre de l’autre côté de la Sèvre, et remonter la rue de l’église de la Trinité au cimetière pour retournez vous !!!
Vous n’oublierez jamais !!!

Mariage d’Hercule de Rohan avec Marguerite de Bretagne, soeur de Louis dont je vous parlais hier ici : Champtocé sur Loire 1628



Champtocé (aujourd’hui Champtocé-sur-Loire) le 6 mars 1628 furent épousés dans l’église paroichiale de Chantossé hault et puissant Hercules de Rohan duc de Monbazon chevalier des ordres du Roy, gouverneur et lieutenant général pour sa Majesté de Paris l’Isle de France, ville chasteau conté et évesché de Nantes, pair et grand veneur de France, et haulte et puissante Marye de Bretaigne fille de hault et puissant Claude de Bretaigne conte de Vertu et de Goylo, premier baron de Bretaigne, baron d’Ingrande, de Montfaucon, seigneur de Clisson, de Chantossé et de la Touche Limouzinière, lieutenant du roy en la Haulte Bretaigne, gouverneur de la ville de Rennes, et conseiller du roy en ses conseils d’estat et privé, et haulte et puissante Catherine Fouquet de la Varanne contesse de Vertu, par noble et discret Me René Apvril licentié es droits, chantre et chanoine de l’église royale de St Martin d’Angers »

J’espère que vous vous êtes régalé avec toutes les signatures, et si le coeur vous en dit merci de nous faire participer à leur identification. Cela nous fera tous plaisir.

LA SÈVRE NANTAISE – Emile Péhant, Jeanne de Belleville, CHANSON DE GESTE En plusieurs poèmes distincts, 1868

Cette chanson de geste, long, très long poème à la gloire d’Olivier de Clisson et sa femme Jeanne de Bellevile, écrit par Emile Péhant, est numérisé sur GALLICA, et j’ai seulement remis en forme le texte après avoir corrigé les quelques erreurs de texte de la machine. J’ai l’intention de vous remettre d’autres passages, tant c’est beau ! Ce jour je vous mets la Sèvre Nantaise…

TOME II
QUATRIÈME PARTIE

LE SERMENT.

  • I. LA SÈVRE NANTAISE.

Oui durant les longs jours de la saison brûlante,
Où le corps allangui traîne une âme indolente ;
Quand le rayon moins vif du soleil qui descend
Laisse enfin votre souffle attiédir votre sang ;
Quand le vent endormi se réveille et se lève ;
Quand l’esprit qui se calme à ses soucis fait trêve :
Oui, c’est plus qu’un plaisir, c’est une volupté
D’être par un bateau mollement emporté
A travers la fraîcheur d’une eau limpide et lisse,
Qui devant votre proue en angle aigu se plisse,
Ou vous suit en chantant, moins rapide que vous.
Comme tout prend alors des tons charmants et doux !
Ici, les longs carex courbés par le sillage ;
Là, le clocher qui pointe au-dessus du feuillage ;
Ici, les saules creux penchant leur front sur l’eau ;
Là-bas, le bourg qui grimpe aux rampes du coteau ;
Et le toit isolé qui blanchit et qui fume ;
Et l’horizon lointain déjà voilé de brume ;
Et, dans le fond du ciel, ce grand soleil en feu
Qui se couche dans l’or, sous un riche dais bleu !
Sur ces enchantements étendez le silence,
Votre cœur enivré prie et vers Dieu s’élance.

Mais si toute rivière offre à l’œil ces tableaux,
Qui, dépeints mille fois, semblent toujours nouveaux,
Comme leur charme augmente et parle mieux à l’âme,
Lorsque ces fraîches eaux que vous ouvre la rame,
Au lieu de serpenter aux bords plats d’un marais,
Longent de hauts coteaux chargés de bois épais !
A chaque tournant brille une grâce nouvelle,
Et la dernière vue est encor la plus belle.

Telle est la Sèvre ; aussi quiconque a vu son cours
L’admire autant que l’Erdre et s’en souvient toujours.
Avec leur frais silence, avec leurs eaux dormantes,
L’Erdre et la Sèvre sont comme deux sœurs charmantes
Entre qui l’œil hésite ; et pourtant je sais bien
Qui, moi, je choisirais… Mais chut ! n’en disons rien.

Le bateau qui portait Jeanne de Belleville
Depuis longtemps déjà glissait sur l’eau tranquille.
Grâce à ses trois rameurs, trois robustes lurons,
Dont un tenait la barre et deux les avirons ?
Il avait, près du bourg, pu franchir, sans encombre,
Les défilés formés par des rochers sans nombre,
Qu’un souffle de tempête arracha du coteau
Et qui sur leurs flancs bruns faisaient écumer l’eau.
Laissant bien loin là-bas la cascade qui gronde,
On nage maintenant dans une eau très-profonde,
Mais dont le lit parfois se resserre à ce point
Que des bords opposés chaque arbre se rejoint.
Si longtemps qu’un bas-fond ou des passes étroites
Offrirent des dangers pour des mains maladroites,
Olivier, attentif à l’écueil évité,
Admira les rameurs et leur dextérité ;
D’un regard curieux suivant chaque manœuvre,
Il voulut bien souvent mettre la main à l’œuvre,
Et les marins , joyeux des efforts de l’enfant,
Qui, si l’esquif passait, souriait triomphant,
Battirent des deux mains, quand sa gaffe rapide
Ecarta, d’un coup sûr, une roche perfide.
Pendant ce temps, Herblain et Jeanne, assis tous deux,
Repaissaient leur douleur de souvenirs hideux,
Regardant sans rien voir, dans un morne silence.
Mais quand loin des bas-fonds la barque enfin s’élance
Et, laissant à la rame entière liberté,
Sur un large courant glisse en sécurité,
Le bouillant Olivier, qui ne sait plus que faire,
En franchissant les bancs, s’approche de sa mère :
– « Je suis peu curieux et vous le savez bien,
Car de tous vos secrets vous ne me livrez rien ;
Mais je n’en garde pas une âme plus chagrine :
Ce qu’on veut me cacher, mon esprit le devine.
Vous ne m’avez point dit quelle grave raison
Nous fait, quand on y danse, abandonner Clisson ;
Eh bien , mère, avec vous je parie, et, pour gage,
J’offre ces verts lauriers conquis par mon courage,
Que vers Nantes, tous trois, si nous voguons ce soir,
C’est qu’enfin s’accomplit votre plus doux espoir. »

Jeanne à ce mot d’espoir frémit ; son cœur qui souffre
Revoit, sous cet éclair, les profondeurs du gouffre
Où tout ce qu’elle aimait, hélas ! s’est abîmé
Attirant dans ses bras cet enfant bien-aimé
Qui creuse à son insu sa cruelle blessure :
-« Ce soir tu sauras tout, cher fils, je te le jure ;
Mais, si tu ne veux pas me déchirer le cœur,
Oh ! ne me parle plus d’espoir ni de bonheur. »

-« Je ne sais pas pourquoi vous m’en faites mystère :
Si vous quittez Clisson, où l’on fête mon père,
C’est qu’il est de retour, pour moi c’est évident,
Et qu’avec notre duc à Nante il nous attend…
Il pourra m’embrasser sans trop courber sa taille,
Car j’ai grandi beaucoup… A défaut de bataille,
Il me racontera ses hauts faits au tournoi…
Crois-tu qu’il ait les prix que lui donna le Roi ?…
Ma mère, qu’avez-vous ? votre joue est bien pâle ! »

« Eh ! ne voyez-vous pas que votre mère râle ? »
S’écrie Herblain, debout et presque impérieux.

« Oh ! ce n’est rien, dit Jeanne, et je suis déjà mieux, »
Poignante est la douleur : si Jeanne la surmonte,
Ce n’est qu’à grands efforts que son âme se dompte ;
Cherchant donc un prétexte au hasard pour souffrir :
« O le cruel enfant, qui me fera mourir ! »
Dit-elle, en retenant Olivier, qui se penche
Pour cueillir au passage une large fleur blanche ;
Et, pouvant soulager enfin son cœur trop plein,
Jeanne pleure à son aise, en regardant Herblain.

Son fils lui saute au cou, l’embrasse et la rassure :
« Le péril n’était pas bien grand , je te le jure ;
Mais je sais qu’une femme est prompte à s’effrayer.
Allons, ne pleure plus : je m’en vais essayer
D’être, puisque d’un rien tu te fais un fantôme,
Tranquille comme un ange… ou mon frère Guillaume,
Qui, depuis le départ, dort là d’un si bon cœur. »

Et, donnant, en passant, un baiser au dormeur,
Olivier va s’asseoir, soufflant une fanfare,
A côté du marin dont la main tient la barre :
« Beau marinier, dit-il, puisqu’il faut rester coi,
Si tu sais quelque histoire, eh bien, conte-la moi. »

du Quai des Fumiers à la Cale au Foin : le quai Magellan, Nantes 1840

Il existe sur le site des Archives Départementales une vue splendide de la cale au foin, hélas elle se cache sous un nom totalement erroné : CHARGEMENT DE PAILLE ET FOIN, AU FOND LE PONT DE PIRMIL 33Fi112

  • rassurez vous, on ne charge pas de foin à Nantes, on décharge, car le foin ne pousse pas à Nantes, et la ville fait venir par chalands le foin. En effet Nantes, avant l’automobile, compte de très nombreux chevaux pour ses déplacements et transports.
  • rassurez vous, le pont est celui de la Madeleine et non celui de Pirmil

La véritable légende est donc :
Déchargement à la cale au foin quai Magellan, au fond le pont de la Madeleine

Cette cale au foin quai Magellan a un bien belle histoire. En effet, elle date de 1840, voici comment :

  • quai Magellan

(Notes de M. J. Forest, par Paul de Berthou, manuscrit aux Archives Municipales de Nantes)

Magellan, célèbre navigateur, mort en 1519
Chaussée Choismet
1595 Inscription. L’an 1595, cette chaussée, pour communiquer à la prairie Choismet, a été construite des deniers de la Ville, par les ordres de Messire du Bot, sieur de l’Aunay, maire de Nantes (Lebreton, 1 er juin 1837, p.3). Lebreton ne dis pas où il a trouvé cette inscription. Sans doute dans « l’Histoire lapidaire de Nantes », par Fournier, 2 vol. mss à la BM
La chaussée Choimet commençait à la jonction Est de la chaussée de la Magdeleine et du pont de la Magdeleine. Elle occupait une petite partie de ce qui est maintenant le quai Magellan. Elle longeait la chapelle de la Magdelaine et conduisait à la prairie de la Magdelaine, dont une partie se nommait, à ce qu’il paraît, prairie Choimet. J.F.
1834 Le conseil d’arrondissement invite la mairie de Nantes à éloigner le Parc aux fumiers, vrai foyer d’infection et d’incommodité pour les habitants d’une partie des Ponts et pour les malades de l’Hôtel-Dieu (Lebreton, 11 juillet 1834n p.11)
Le quai Magellan a été longtemps nommé Quai des Fumiers, parce que c’était là qu’on déposait toutes les balayures des rues, que le service de la répurgation apportait chaque jour. J.F.
Le nom de Magellan lui fut donné pendant la révolution (Etrennes du Commerce, 1793, 137)
1837 Le Parc aux fumiers, placé à l’extrémité de la prairie de la Magdelaine, vient d’être supprimé (Verger, Archives, I, 210)
1840 Nous voyons avec plaisir s’avancer peu à peu la construction du Quai Magellan qui, permettant de faire le tour de la prairie de la Magdeleine, et communiquant à la haute ville par le pont de la Rotonde (pont St Félix), métamorphosera tant ce quartier qui se couvrira peu à peu d’arbres, de magasins et de maisons d’habitation, et formera, en prolongation des deux cours, une promenade charmante (Lebreton, 7 mai 1840, p. 3)

Note d’Odile : Je suis très impressionnée par la date tardive (1840) pour éloigner les immondices et fumiers. D’autant qu’ l’hôpital était devant ! Nous avons fait quelques progrès depuis…

Grand mariage dans la petite chapelle Bonne-Garde : Nantes 1792

Manifestement la période est troublée, car c’est le prêtre jureur, et il écrit qu’en 1792 c’est l’an 4 de la liberté.
Les époux ne sont pas de Saint Jacques et n’y vivent pas.
Ils sont cousins germains.
Jamais la chapelle n’est utilisée dans le registre de St Jacques pour des sacrements, qu’ils soient baptême ou mariage.

Ce mariage fut manifestement sans la foule, car la chapelle ne le permettait pas, et pourquoi pas à St Nicolas ou à Ste Croix ?

Mais les heures sombres de la chapelle arrivent peu après, donc voici sa dernière heure mondaine !

« Le 23 avril 1792, an 4 de la liberté, après dispense de 2 bans, et dispense de consanguinité du deux au deuxième degré, ont été fiancés et admis à la bénédiction nuptiale, par nous curé de St Jacques de Pirmil, dans la chapelle de Bonne Garde, située en notre paroisse, le sieur François Gabriel Charles Mellinet, négociant, fils majeur du sieur François Mellinet négociant et de dame Luce Eulalie Letissier Desjardins, née en la paroisse de St Saturnin réunie à celle de Ste Croix en cette ville, et domiciliée de droit et de fait en la susdite paroisse st Nicolas, et, demoiselle Henriette Adélaïde Letissier Desjardins fille mineure du sieur Charles Tissier Desjardins distillateur, et de dame Marie Marthe Madoré, née en ladite paroisse st Nicolas et y domiciliée de droit et de fait d’autre part, … en présence de Anne François Mellinet frère du marié, négociant, demeurant paroisse st Nicolas, Adrien Faligan, négociant, demeurant paroisse st Jacques, son ami, Alexandre Letissier Desjardins commis dans les administrations de cette ville, frère de la mariée, et Julien Roussier marchand demeurant paroisse st Jacques »