La fin des scieurs de long à Nantes avant la mécanisation des usines de traitement du bois

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En dépouillant les recensements de Nantes Sud Loire, j’ai rencontré beaucoup de métiers surprenant, enfin que je ne m’attendais pas à trouver là, aussi je vais vous les transmettre.

En 1846 Nantes est un port encore accessible aux bateaux de haute mer, et importe du bois. Les grumes de bois sont débitées en particulier à Rezé. La mécanisation n’est pas encore passée, aussi ce sont des scieurs de long qui sont ouvriers dans ces usines. Si vous regardez sur Internet ce que ce métier manuel physiquement dur signifie, vous verrez qu’ils sont 2 ensemble l’un en haut de la scie ,  perché débout sur la grume de bois, l’autre en bas, pour débiter la grume de bois.
Ainsi, un scieur de long demeure en 1846 à Nantes Sud Loire : René Neau, 37 ans, né à Saint-Maurice, marié, 4 enfants, vit en une pièce au 1er étage de la maison appartenant à Gallard.
En 1809 le recensement des Archives Municipales de Nantes donnent Mathurin Suzineau, 52 ans, demeurant 5 côte St Sébastien, né à Varades, son foyer compte 7 personnes, et il est classé « très indigent ». C’est le seul recensement qui donne une indication relative au niveau social, et en 1809 les indigents sont si nombreux qu’ils sont 50% de la population de la rue St Jacques. On voit que même ceux qui avaient un travail ne gagnaient pas assez pour sortir de la pauvreté.

Pour moi, avant d’avoir lu ces recensements, un scieur de long était lié aux forêts et surtout pas à une grande ville comme Nantes. J’ai donc été très surprise de les rencontrer à Nantes, puis en réfléchissant, je me suis dit que Nantes importait des grumes à débiter et que la mécanisation n’était pas encore là en 1846, donc il est normal de trouver ce métier dans la banlieue nantaise.

Hélas, en 1901, la mécanisation est passée, et Nantes Sud Loire compte encore 2 scieurs de long, mais dans la rubrique « patron », qui note le nom de l’employeur, ils sont marqués « sans travail ». Ce sont Jean Guiton et Léonard Salagnac. Ce dernier a un nom bien d’ailleurs, mais venu à Nantes travailler, il est sans travail.

Car entre 1846 et 1901, la mécanisation des usines de la banlieue nantaise a engendré une classe dans la rubrique « métier » des recensements : « sans travail », et ils sont très nombreux, aussi je vais demain vous transmettre un autre métier alors condamné.

Histoire du 70 rue St Jacques, Nantes 1790 à nos jours

Je dédis ces lignes à Melle Vincent, la pharmacienne de mon enfance, au début des années 1950.
Le taux de capitation de 1790 montre la présence rue St Jacques de Pierre Albert Sengstack ancien négociant, rentier en 1790. A cette époque la retraite n’existant pas soit au vit de ses rentes, quand on peut, soit on travaille jusqu’à la mort, soit les enfants vous ont à charge.

Je présume que cette famille, d’origine Allemande, installée en Loire-Atlantique sur plusieurs générations, a fait construire cette splendide maison, qui est la plus belle de la rue. Pierre Albert Sengstack est le plus imposé de la rue Saint-Jacques.

L’année suivante c’est Jean Christophe Stiebritz qui possède la maison et publie dans la presse une petite annonce pour louer une partie de la maison. Il est négociant pelletier, métier différent des fourreurs au détail, car en fait il importe des fourrures et les vend en Europe. Il est né en Allemagne en Saxe. Ses entrepôts et son activité sont Rue du Moulin, rue connue des Nantais actuels pour aller de chez Decré à l’hôtel de ville.

Plus tard, l’un des locataires sera l’un de mes ascendants :


Il y a 5 logements dans la maison et mon ascendant demeure au rez-de-chaussée. Vous lisez Guillard car c’est ce qui est écrit, mais je peux vous affirmer que c’est Guillouard. Il est maçon, mais à cette époque on ne distingue pas toujours ceux qui sont maîtres d’oeuvre des ouvriers. Vous lisez bien son prénom Jacques, mais il n’est pas le père de François qui est libellé comme son fils, car il est uniquement son oncle. En fait, le père de François était le frère de Jacques, qui a épousé sa belle-soeur.
Je suis de la génération qui autrefois honorait toutes les tombes chaque Toussaint, et ma maman devant la tombe des 2 frères et leur épouse Morille, montrait la plaque de Jacques en indiquant que c’était lui l’ascendant. Des années plus tard, lorsque j’ai fait toutes les recherches des preuves selon les actes, j’ai découvert cette légère erreur entre les 2 frères, mais ma maman n’a jamais voulu me croire et restait ferme dans ce qu’elle avait appris de ses parents. Ceci dit le petit François n’avait pas connu son père décédé avant sa naissance, et son oncle fut pour lui un père réel et bien vivant.
Quand j’étais petite, allant à la pharmacie Vincent, j’étais bien loin de m’imaginer qu’un de mes ascendants avait loué 3 pièces et y avait vécu 90 ans plus tôt.

Les joctiers de Pirmil, Dos d’Ane : Nantes 1790

Le joctier est un voiturier par eau et son nom dérive du haquetier le conducteur de haquet, sorte de charette souvent tirée par l’homme et non le cheval, donc une sorte de conducteur de carriole qui fait toutes les livraisons, en quelque sorte l’ancêtre de nos livraisons à domicile dont vous connaissez le nom et que vous utilisez sans doute. Autrefois, à Pirmil et rue Dos d’Âne ils étaient nommés joctier, jocquetier et même hocquetier, selon les sources très nombreuses dans les rôles de capitation et les recensements.

Ci-dessus, Pierre Porcher hocquetier en 1741. Je m’étais intéressée à lui car je descends des Porcher de la rue Dos d’Âne avant la Révolution.
Les joctiers étaient un peu au dessus de la misère comme l’atteste l’impôt dit capitation de 1790 ci-dessous.
Le terme de joctier est utilisé le long de la Loire dans la région, mais est inconnu ailleurs en France et voici à titre d’exemple les innombrables termes utilisés pour les voitutiers par terre, en 1837, selon le journal des transports automobiles du 15 mai 1837 : roulier, rouleur, bannelier, bennelier, baroteur, barrotteur, bandelier, brioleur, binardeur, carrioleur, carreilleur, conducteur de carriole, haquetier, conducteur de haquet, tombellier, conducteur de tombereau, transporteur d’arbres, schlitteur
Voici la capitation (impôt par foyer) en 1790, année au cours de laquelle Pirmil est encore et pour la dernière fois en Saint Sébastien avant d’être absorbée par Nantes. Le rôle de capitation donne le montant de l’impôt ici en sols.

Loizeau Louis, fils joctier 135
Loizeau Louis, père joctier 135
Patron Julien joctier 120
Joyer Louis Jacques joctier 180
Renaud joctier 10
Fauvel Jean joctier 125
Heurtin joctier 60

Pierre Le Vallois seigneur de Séréac achète à Angers les étoffes de soie pour son mariage avec Marie de Chivré : Muzillac 1609

Pierre Le Vallois seigneur de Séréac en Muzillac est donné dans ROGLO comme ayant épousé le 13 septembre 1609 à Saint Symphorien, Ille et Vilaine, Suzanne de Bréhant, dame de Séréac 1590-1660. Les 2 actes que j’avais relevés à Angers le concernant racontent autre chose la même année. Aurait-il rompu des fiancailles Angevines ? Mais alors pourquoi faire à Angers, à 160 km de son domicile, une dépense aussi somptueuse d’habits de noces ? car il n’est pas venu seul mais avec tous ses gens et chevaux y compris un maître d’hôtel, et il ne descend pas dans un château ami, mais bel et bien à l’hötellerie de la Croix Verte à Angers, et la note est élevée car quand on logeait les chevaux ce n’était pas comme nos voitures, car celles-ci ne mangent pas à l’arrêt, mais les chevaux à l’arrêt coutent beaucoup.
Je vous mets donc ici les 2 actes que j’avais trouvés et retranscrits, le second concernant les frais fait à l’hôtellerie de la Croix Verte, et comme il ne paye pas comptant, c’est une obligation, et le plus surprenant et même ahurissant, c’est que c’est le marchand de soie, lui-même non payé, qui se porte caution des frais d’hôtel. J’attire votre attention sur le fait qu’il se nomme « seigneur de Sereac » dans ces 2 actes.
Voici d’abord les vues des 2 actes et leur retranscription suivra :



Il ne reste qu’une tour ronde du château de Séréac, distant de 160 km d’Angers. Le mariage devait être somptueux, car la dépense de draps de soie par le futur est très élevée, et en outre son voyage à Angers lui coûte aussi une fortune. Marie de Chivré n’a pas dû lui donner d’héritiers car elle n’apparaît pas dans les généalogies de Chivré. Pourtant, avec une pareille dépense de draps de soie elle appartient à une famille très aisée (J’avais écrit ce qui précède en italique il y a quelques années et je ne retrouve plus pourquoi, tout ce que je retrouve c’est que cet acte est passé au Plessis de Chivré).
Ici, il ne peut tout payer et reconnaît donc la dette, mais chose très curieuse, il élit domicile, ce qui était une obligation juridique hors de la province d’Anjou, à l’hôtellerie de la Croix Verte où il est descendu. Généralement les élections de domicile se faisaient soit chez un avocat un notaire ou un grand marchand, mais les hôtelliers étaient aussi de grands marchands.
Enfin, il existe sans doute des marchands de draps de soie plus proches de Muzillac, mais il a préféré faire le tout sur place sans doute. Si ce n’est qu’il doit repartir avec les étoffes et que c’est manifestement sur place à Muzillac, qu’il fera confectionner les toilettes, et ce pour toute sa famille et ses serviteurs. Ainsi en allait-il autrefois de ce type de mariage.
Et je reviens sur le métier de marchand de draps de soie, dont la plus grande activité était les mariages aisés, comme l’illustre encore une fois l’acte qui suit. Donc leur boutique n’avait rien d’une échoppe ordinaire, et j’ai lu, je ne sais plus où qu’en fait ils parcouraient souvent la région à cheval pour vanter et placer leurs marchandises de château en château…

Ces actes sont aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, 5E8 – Voici leur retranscription (propriété intellectuelle) :

Le vendredi 17 avril 1609 avant midy, devant nous René Serezin notaire royal à Angers feut présent et personnellement estably messire Pierre Le Vallois chevalier de l’ordre du roi, seigneur de Serac demeurant audit lieu paroisse de Muzillac pays de Bretagne évesché de Nantes, estant de présent en ceste ville logé en l’hostellerie de la Croix Verd rue Courte, lequel soubzmis soubz ladite cour a recogneu et confessé debvoir et par ces présentes promet rendre et payer en ceste ville d’Angers dedans d’huy en un mois prochainement venant au sieur Charles Gohier marchand de draps de soie audit Angers y demeurant à ce présent stipulant et acceptant la somme de 2 175 livres pour vendition et livraison de marchandye de l’estat dudit Gohier par luy ce jour vendue baillée et livrée audit sieur de Serac pour faire habits et équipements tant à luy qu’à ses gens et serviteurs pour la réception ? (j’ai des doutes sur ce terme) de qu’il a faite et fait en mariage de damoiselle Marie de Chivré o le consentement de messieurs ses parents comme il a dit et apparu par plusieurs lettres missives et procurations qui luy sont demeurées, et 475 livres tz à cause de prest fait par ledit Gohier audit sieur de Serac auparavant ce jour savoir 255 livres pour faire les frais du voyage qu’il a faits tant de ceste ville au Plessis de Chivré que pour aller et retourner en Bretagne et la somme de 220 livres pour subvenir aux frais et mises qu’il luy a convenu faire au procès criminel qu’il a tant en demandeur qu’en deffendeur par devant monsieur le juge prévost de ceste ville à l’encontre de (blanc) Coiffe sergent royal complices et alliés ainsi que ledit seigneur a recogneu et confessé dont et de tout quoy il s’est tenu content et en a quité et quite ledit Gohier qui luy a baillé et fourni les parties de ladite marchandye à l’hostellerie de la Croix Verd et pour l’effet des présentes ledit seigneur a prorogé cour et juridiction par devant monsieur le lieutenant général de monsieur le sénéchal d’Anjou Angers pour y estre traité et poursuivi comme par devant son juge ordinaire et renoncé à tous déclinatoires … et privilèges … obtenus ou à obtenir et esleu son domicile perpétuel pour luy ses hoirs et ayant cause en ladite hostellerie de la Croix Verd pour y recepvoir tous exploits de justice qu’il consent valoir et estre de tels effets force et vertu comme si faits et baillés estoient à sa propre personne ou domicile naturel, ce que ledit Gohier a accepté, tellement que à ce tenir etc oblige ledit sieur de Séréac corps et biens comme pour deniers royaulx etc renonçant etc foy jugement et condemnation etc fait et passé en ladite hostellerie présents Jehan Girault Me d’hostel dudit seigneur Me François Guiet demeurant Angers et Jehan Ruellan demeurant audit Plessis de Chivré tesmoings

Le vendredi 17 avril 1609 avant midy, devant nous René Serezin notaire royal à Angers feut présent et personnellement estably messire Pierre Le Vallois chevalier de l’ordre du roi, seigneur de Serac demeurant audit lieu paroisse de Muzillac pays de Bretagne évesché de Nantes, estant de présent en ceste ville d’Angers logé en l’hostellerie de la Croix Verd rue Courte, lequel soubzmis soubz ladite cour a recogneu et confessé debvoir et par ces présentes promet rendre et payer en ceste ville d’Angers dedans d’huy en un mois prochainement venant à honnorable femme Anne Dupillé femme séparée de biens d’avecq Pierre Caquere hotesse de ladite hostelerye à ce présente et acceptante la somme de 292 livres tournois savoir 149 livres 5 sols de reste de l’obligation que ladite Dupillé avoit dudit sieur de Serac passée par devant nous me 7 mars dernier et le surplus pur la dépense dudit seigneur ses gens et chevaulx du temps qu’ils ont esté en ladite hostelerye depuis ladite obligation mesme pour la dépense des (f°2) hommes et des chevaulx que ledit seigneur de Serac relaissa en lasite hostelerye comme atteste icelle obligation et au moyen de la présente le prix d’icelle dépense contenue sur le journal de ladite Dupillé rayée et biffée demeurant icelle Dupillé quite et déchargée desdits chevaulx comme les ayant rendus et baillés audit seigneur ainsi qu’il a confessé et d’iceulx se tient content, et a été à ce présent le sieur Charles Gohier marchand bourgeois d’Angers lequel soubmis soubs ladite cour a pleny et cautionné ledit sieur de Serac du prix et de ladite somme de 292 livres tournois et en a fait son propre fait et debte et s’est avec ledit seigneur solidairement obligé et obige renonçant au bénéfice de divition discussion et ordre de priorite et posterieuté autrement et sans laquelle promesse d’iceluy Gohier ladite Dupillé n’eust rendu et baillé audit sieur de Serac sesdits chevaulx avec les …(f°3) pour ladite somme de 292 livres ainsi que ledit Gohier a confessé, de laquelle promesse et obligation ledit seigneur de Serac a promis et s’est obligé … libérer et indemniser ledit Gohier et pareillement des sommes de 90 livres par une part et 70 livres par autre desquelles il auroit à la prière et requête dudit seigneur de Serac respondu à Jehan Ollichon tailleur d’habits et D..rte Cellier demeurants en cette ville auxquels iceliy seigneur doibt lesdites sommes, le tout à peine de toutes pertes despends dommages et intérêts stipulés et acceptés par ledit Gohier en cas de defaut et pour l’effet et … des présentes … ledit seigneur a pris cour et juridiction par devant Monsieur le lieutenant général de monsieur le sénéchal d’Anjou Angers pour y estre traité et poursuivi comme son juge ordinaire et renoncé à tout … pour quelque cause et privilège que ce soit et à tout commettant (f°4) obtenu ou à obtenir et eslu domicile perpétuel et préverable en ceste fille pour lui ses hoirs etc en la maison en laquelle demeure Me Pierre Painturier advocat Angers située au bas des Halles pour y recepvoir tous exploits de justice qu’il consent valloir et estre de tels effets force et vertu comme si faits et baillés à sa propre personne et domicile naturel, tellement que à ce tenir etc et à payer etc et aux dommages obligent renonçant etc foy jugement condemnation etc fait et passé audit Angers en ladite hostelerye en présence de Jehan Becault ? Me d’hostel dudit seigneur Me François Gruet demeurant Angers

Odile Halbert – Lorsque vous mettez mes travaux sur un autre site ou base de données, vous enrichissez leurs propriétaires en leur donnant toujours plus de valeur marchande dans mon dos

La voiture à cheval non gardée en stationnement était autrefois cause d’accidents lorsque le cheval s’emballait : Pirmil Nantes 1844

National de l’Ouest, le 22 novembre 1844
« Mercredi, vers 6 h du soir, un évènement grave s’est passé dans le quartier de Pirmil, théâtre des accidents qui affligent le plus notre ville, et sur lequel nous ne saurions trop appeler la surveillance de la police et la sollicitude de l’autorité supérieure.
Un cabriolet bourgeois dont le cheval s’était probablement emporté, car il n’avait aucun conducteur, et venant de la rue Saint-Jacques, a renversé sur le pont de Pirmil un joctier qui revenait de son travail, et lui a passé sur les jambes. Ce malheureux, qui relevait de maladie, a été aussitôt transporté chez M. Batard, aubergiste voisin, où les soins que réclamaient son était lui ont été prodigués. Nous ignorons si le cabriolet a été arrêté. Ce matin, le pavé du pont de Pirmil était encore teint de sang.
L’Administration municipale, dont la sollicitude ne peut être mise en doute, pourrait adopter une mesure qui préviendrait bien des accidents de ce genre. Il s’agirait d’obliger tout maître de voitures bourgeoises et de voitures de place à avoir toujours un homme à la tête du cheval ou des chevaux pendant qu’elles sont arrêtées. Il arrive trop souvent que des équipages stationnent sur la voie publique sans qu’aucun homme ne soit là pour prévenir le départ inopiné des chevaux, et conséquemment pour empêcher les accidents qui peuvent en résulter. »
Manifestement le pont de Pirmil n’avait pas de trottoirs en 1844 ! car la victime était à pieds

Les villes ont toujours été entourées de jardiniers pour leurs légumes et fruits : ceux de Pirmil, Nantes 1790

Même les plus petites villes étaient entourées de jardiniers pour leur approvisionnement en légumes et fruits. Mais en France, dans certaines régions, ils étaient dénommés maraîchers, jusqu’à ce qu’au 19ème siècle on ne conserve plus que le terme de maraîcher pour dénommer ceux qui étaient jardiniers à légumes et fruits. Le dictionnaire Littré est le plus clair sur cette définition :
Dictionnaire de la langue française (Littré). Tome 3  MARAÎCHER Jardinier qui cultive un de ces terrains qu’à Paris on appelle marais. Les maîtres jardiniers préoliers et maraîchers, comme ils sont qualifiés dans leurs statuts, Dict. des arts et mét. au mot jardinier. Nom donné aux jardiniers qui font spécialement la culture des légumes. Adj. Qui a rapport à la culture des terrains ou jardins consacrés à la production des plantes légumières. Industrie maraîchère. Plante maraîchère. Jardin maraîcher. On a dit maréchais : Les uns qu’on nomme simplement jardiniers, les autres qu’on nomme maréchais, LA QUINTINYE, Jardins, préface, p. XVII. On a dit aussi marager. Marager, c’est le jardinier qui, dans les grandes villes, s’attache à la culture des plantes potagères ; c’est dans les lieux les plus bas et les plus humides des environs des villes que ces sortes de jardiniers ont établi leurs jardins ; et c’est ce qui a fait donner à ces jardins le nom de marais, Dict. des arts et mét. au mot marager. Marais.
Au sud de Nantes, jusqu’en 1790, c’était la paroisse de Saint Sébastien qui possédait encore Vertais et Pirmil.  Voici les nombreux jardiniers de Pirmil en 1790, et vous allez même y découvrir déjà un Chereau.
Leur revenu est très variable, et plusieurs sont même assez pauvres. Les femmes, devenues veuves conservent le métier et l’une d’elles est loin d’être pauvre, mais elle est une exception : sans doute avait-elle de grands enfants pas encore mariés, qui l’aidaient beaucoup. 

Plusieurs jardiniers ont un « garçon » qui est soit un fils soit un salarié à plein temps, car beaucoup d’habitants de Pirmil sont aussi journaliers, pouvant aussi travailler quand il y avait beaucoup à faire. Les journaliers sont tous très pauvres.
Tous ces jardiniers n’allaient pas eux-mêmes vendre sur les marchés, car la ville de Nantes possédait des boutiquiers épiciers organisés pour aller chercher en charette à cheval sur place les marchandises, dont les légumes et fruits. C’est ainsi que l’un d’eux deviendra le premier investisseur à Nantes Sud Loire d’un terrain, c’est BONNISSANT
Voici les jardiniers de Pirmil en 1790, par ordre d’importance de la capitation, impôt payé par chaque foyer : à gauche le n° de page du registre, le nom du chef de foyer, le montant en sols de la capitation.

8 Leclair Julien jardinier 60
16 Bretonnière la veuve jardinière 60
10 Richard jardinier 65
12 Guichet Pierre jardinier 65
4 Douet jardinier 70
6 Chereau Pierre jardinier 120
11 Priou Pierre jardinier 120
16 Calard René jardinier 120
8 … garçon chez Bouyer jardinier, garçon 120
9 … garçon chez Burbaud jardinier, garçon 120
11 … garçon chez Priou Pierre jardinier, garçon 120
13 … garçon chez Bahuaud jardinier, garçon 120
13 … garçon chez Busseau Ve jardinier, garçon 120
16 … garçon chez Laleau Ve jardinier, garçon 120
16 … garçon chez Calard jardinier, garçon 120
17 … garçon chez Crosnier jardinier, garçon 120
12 Heurtin jardinier 130
13 Eneau jardinier 130
17 Crosnier François jardinier 130
8 Menard Antoine jardinier 135
16 Laleau la veuve jardinière 135
8 Bouyer Sébastien jardinier 180
9 Burbaud jardinier 180
12 Bernardeau jardinier 180
13 Bahuaud Julien jardinier 180
13 Busseau la veuve jardinière 360