Les miroirs du meunier du Moulin Vieux : Montmartre Paris 1694

Depuis quelques jours, nous entrons dans l’intérieur du meunier et de la meunière du Moulin Vieux, l’un des 14 moulins de Montmartre, et le plus ancien, et surtout ne regardez pas Wikipedia sur ce moulin : ils le commencent en 1730. Ouille !

Et à travers les biens meubles du meunier, je vous ai témoigné mon étonnement de trouver pour la première fois dans un inventaire des rideaux aux fenêtres :

Le meunier de Montmartre avait des rideaux aux fenêtres : Paris 1694

Et nous sommes alors partis en discussion sur les vitres aux fenêtres, ou plutôt l’abscence de vitres longtemps dans l’immense majorité de la population.

Avant de terminer demain en apothéose surprenante l’inventaire de ce meunier, laissez-moi aujourd’hui vous témoigner d’une autre bien assez remarquable, car infiniement rare en Anjou dans les innombrables inventaires que j’ai pu retranscrire et étudier.
Je veux parler du miroir.
Rarissime dans ce que j’avais déja vu en Anjou.
Et pourtant, le meunier et la meunière du Moulin Vieux de Montmartre, possèdaient 2 miroirs, dont l’un est qualifié de « miroir de toilette ».
Avec beaucoup de malice sans doute, je conclue que madame était coquette !!! Et je suis certaine que vous allez être de mon avis.

A demain, pour la fin de cette étude, et vous allez être surpris !!!
Odile

Tandis qu’en Anjou on tissait le lin, à Paris le meunier dormait dans le chanvre jaune : Montmartre 1694

Surprenante différence dans les modes de vie au 17ème siècle, car en Anjou on cultive certes du chanvre, mais il vient en second plan, et dans les inventaires après décès les draps, nappes et chemises sont en lin.

Chez moi, dans ma mémoire familiale et mes habitudes, le chanvre fait des draps plus épais, et on les utilisait pour les vendangeurs, ou autres employés. Je possède encore 3 draps de chanvre, archivés au fond de l’armoire mais très, très rarement utilisés.

  • Bilan actuel de l’industrie textile en France :
  • Une de mes nièces m’a posé la semaine dernière la question du tissage en France, car elle pensait qu’il avait presque disparu. Puisque je connaissait encore les Toiles de Mayenne, entre autres, j’ai donc tenté de faire le point en 2018, et il ne semble pas tout à fait négatif, mais semble plus ancré en spécialités et haut de gamme. Nous avons en effet de très nombreuses spécialités régionales qui sont loin de disparaître.
    Et le lin et le chanvre en sont.

    Ils tissent encore le lin dans le Nord, entre autres.
    Mais les Toiles de Mayenne font partie de notre patrimoine du Maine-Anjou.

    Et ils tissent le chanvre.

    Union des industries textiles

    Annuaire de l’industrie textile

  • le chanvre jaune du meunier du moulin Vieux à Montmartre
  • Le meunier du moulin Vieux de Montmartre possède beaucoup de linge, plusieurs douzaines de draps, plusieurs douzaines de chemises, le tout en chanvre jaune. J’ai découvert le chanvre jaune sur le site de l’usine actuelle de tissage du chanvre dans le sud.
    Donc le meunier est aisé, car il en possède beaucoup. Et le chanvre jaune est manifestement très utilisé à Paris, alors qu’en Anjou on prise le lin. Enfin, c’est une constatation basée sur un seul inventaire à Paris, mais le fait que tout y soit en chanvre semble bien signifier que le chanvre domine à Paris.

    Enfin, je tiens à souligner aussi ici que la chemise est en elle-même un signe social. Si vous le souhaitez je peux vous refaire son histoire en tant que linge de corps, car je me souviens que lorque j’ai découvert il y a quelques années que l’immense majorité de mes ancêtres n’en avait pas, et portaient à même la peau des tissus plus rudes et peu souvent lavés, pour dire jamais… je fus très choquée, tant on oublie tout cela, si ce n’est qu’en résumé notre nez a perdu la mémoire des odeurs puissantes qui constituaient leur quotidien, à commenceer par la leur.
    Odile

    Le manteau imperméable du meunier de Montmartre était en bouracan : 1694

    Je poursuis l’étude des choses remarquables dans l’inventaire du meunier Jacques Fauvel, sur la butte de Montmartre, décédé avant 1694.

    Il avait un manteau en bouracan.

    Bouracan (Barracan, Baracan, Barragan) : Les auteurs des 17e et 18e siècles pensent que le terme vient du mot italien « baracane », ou bien de l’espagnol « varocino » ou « varonico », car l’étoffe convient aux Espagnols appelés « Varones », à moins que les reliefs de l’étoffe n’évoquent simplement des barres. La plus ancienne mention espagnole du tissu date de 898. Au 12e siècle, Pierre le Vénérable en interdit l’usage aux moines de Cluny. Au 16e siècle, le mot désigne une étoffe de soie aussi bien que de laine. Au 17e siècle, c’est un gros camelot ou une étoffe tissée en poil de chèvre. Au 18e siècle, c’est un sergé serra, à chaîne double ou triple, en laine parfois additionnée de chanvre et à trame en fil retors et fin, teint en fil ou en pièce, noir, rouge, bleu ou brun. On ne le foule pas, on le fait bouillir dans l’eau claire avant de le passer à la calandre. Le bouracan de belle qualité est lisse et fin. A l’inverse du camelot (sergé de trame), le grain du bouracan est produit par un sergé de chaîne. On appelle « rouleau de bouracan » une pièce apprêtée, roulée et empointée. Principaux lieux de fabrication : Abbeville, Amiens, Lille, Rouen, Valenciennes. Les bouracans sont tous régis par le règlement général d’août 1669 et l’arrêt du Conseil du 19 février 1671 ; cependant, les longueurs sont dépassées jusqu’à 49,58 m. Il sert à confectionner des manteaux de pluie jusqu’au 20e siècle, où, au bout de 11 siècles d’existence, on le retrouve en tapis de table ou en dessus-de-lit. (E. Hardouin-Fugier & Coll., Les étoffes, Dictionnaire historique)

    Eh oui, nous avons inventé le téflon en 1938 etc… et nous n’utilisons plus les laines foulonnées et bouillies etc… imperméables, mais nous aurions mis le bouracan désormais en dessus-de-lit. Je me demande bien à quoi il ressemble en dessus-de-lit.

    Ah, au fait, on ne dit plus imperméable, mais déperlant. Et c’est à base de chimie sans aucune matière naturelle ! Nos ancêtres étaient écologiques sans le savoir, mais ils nous ont laissé une planète en meilleur état que nous ne la laisserons.

    Cet acte est aux Archives Nationales, MC/ET/CXIV/6 Henri Venant notaire à Paris, 1694 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

    La meunière de Montmartre avait un mouchoir de dentelle d’Angleterre : Paris 1694

    Donc, ce jour, je poursuis le contenu surprenant de l’inventaire des meuniers de Montmartre (vu hier sur ce blog), car ils possèdent tant de choses plutôt rencontrées chez les classes sociales que nous dirions maintenant « moyenne à moyenne supérieure » pour s’exprimer dans l’air du temps. C’est donc totalement inattendu chez un meunier.Pas étonnant donc que le pain était cher à Paris !

    donc voici la dentelle d’Angleterre, que même Wikipedia a oubliée, pourtant c’est la plus fine, et j’en ai eu un mouchoir à ma communion, il y a de cela 69 ans ! Mais l’acte donne ensuite une autre dentelle que ne suis pas parvenue à identifier tant l’écriture laisse à désirer : il fait ses lettres de curieuse manière, ignore le pluriel et attache tous les mots : cela n’est pas un inventaire facile.
    Donc je vous mets la vue, car vous aurez sans doute une meilleure lecture que moi.

    Cet acte est aux Archives Nationales, MC/ET/CXIV/6 Henri Venant notaire à Paris, 1694 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

    Voici le passage mentionnant les dentelles :

    Item un autre pacquet du mesme linge consistant en cornette et autres à usage de femme ne méritant estre veu plus au long, avec un bonnet de cheminée à raiseaux 3 livres
    Item 2 mouchoirs de colle, 3 cornettes de toile unies 30 sols
    Item un mouchoir rond de dentelle d’Angleterre, un autre aussy garni de dentelle d’Angleterre, une coiffe cornette garnie de dentelle de maline ??? 8 livres
    Item une chemise de toile de chanvre jausne neuf, 8 caneson de toile de chanvre élimé 4 livres
    Item une coiffe de taffetas noir 1 livres
    Une juppe de toile blanche, une camisolle de futaine à usage de femme et un pacquet de torchons un tablier de toile de chanvre, 2 vieilles napes 4 livres
    Ensuivent l’habit

    Le meunier de Montmartre avait des rideaux aux fenêtres : Paris 1694

    Je suis une obsédée des inventaires après décès pour toutes les découvertes qu’ils permettent en pénétrant dans la vie matérielle quotidienne de nos ancêtres. J’ai sur ce blog et site de nombreux inventaires après décès.
    Sur le blog vous les trouvez en cliquant sur le titre du blog MODES DE VIE, vous avez alors les 2 colonnes du blog, alors qu’en cliquant sur le titre du billet du jour vous n’avez plus la colonne de droite, mais par contre vous avez accès aux commentaires pour en glisser un et participer.
    Puis sur la colonne de droite vous allez à la fenêtre CATEGORIES et vous glissez jusque vers la fin à la lettre P
    POPULATION puis DECES puis INVENTAIRES APRES DECES

    Mais je suis aussi une obsédée du verre, car mon premier emploi fut dans la plus grande verrerie d’Europe, au sud de la forêt de Fontainebleau, dont le sable donne du verre de qualité. Hélas l’usine n’est plus française !

    Donc vous savez maintenant que je me passionne pour le verre aux fenêtres, ou plutôt pour son absence longtemps pour l’immense majorité de nos ancêtres, qui fermaient avec volets ou toile ciré.

    Or, un ami me transmet un inventaire merveilleux : celui du meunier de Montmartre en 1694. Cet inventaire est plein de surprises et vous allez en entendre parler. Et donc, pour commencer, découvrez avec moi la première fois que je rencontre des rideaux pour fenêtre. Mais, est-ce que ces rideaux viennent derrière une vitre ou tout bonnement pour fermer la fenêtre sans vitre ??? je me le demande bien, car en 1694 le verre est bien loin d’occuper les fenêtres de la majorité des Français. Alors la question est ouverte. Le meunier de Montmartre a-t-il vraiement des vitres aux fenêtres en 1694 ?

    Cet acte est aux Archives Nationales, MC/ET/CXIV/6 Henri Venant notaire à Paris, 1694 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

    Voici le passage mentionnant les rideaux de fenêtre :

    Item 3 autres draps dont 2 de toile de chanvre jaulne l’autre élimé 6 livres
    Item 4 nappes, 4 rideaux de fenêtre 6 livres

    succession 2017 : faire procéder à l’inventaire des meubles meublants par le notaire chargé, un huissier ou un commissaire-priseur

    Le fondateur du numéro un mondial de l’ameublement vient de décéder. Grâce à son empire une grande partie de la planète peut changer souvent de meubles meublants de peu de valeur.

    Certes, il existe encore des Français, c’est mon cas, qui préfèrent l’ancien et surtout ne jamais en changer. Hélas, ces dernières années l’ancien a fait le plonjon, et les prix se sont alignés, si j’ose résumer ainsi, sur les prix du § précédent.

    Dans mon cas, c’est pire : les cambrioleurs il y a 21 ans ont soigneusement fait le ménage, et je n’ai même plus une bague ou autre. Ah si, car après cela j’ai acheté dans une boutique du genre « tout à 1 euro » une splendide bague en pur plastic. Lorsque je l’ai achetée dans cette boutique libre-service, une dame s’est approchée de moi :

    « Ah, ben vous ne risquez pas de vous la faire voler ! »

    et je me souviens de ma réponse spontanée :

    « Ah, non, c’est déjà fait ! »

    et elle s’était immédiatement excusée comprenant ce qu’elle venait de dire.

    Non seulement l’ancien ne vaut plus grand-chose, mais chez moi le chauffage électrique a accéléré le vieillissement des défauts, et je ne compte pas les bois tordus, les fentes etc… de sorte que la remise en état d’un meuble coûte plus cher que le prix du meuble en bon état aujourd’hui, car grâce à Internet on sait le prix de chaque meuble, en bon état de restauration.

    Donc, que ce soit les meubles du grand empire Suédois, ou les meubles anciens craquelés de partout, les meubles meublants d’une succession ne valent pas grand-chose chez l’immense majorité des Français de 2017. Je ne suis même pas persuadée qu’Emmaüs en voudrait !

    Mais, tandis que les meubles meublants ne valaient plus rien, l’immobilier, lui, s’envolait !

    Or, en France, si on ne payait pas d’impôt sur les successions avant la Révolution, au nom de l’égalité, le Code Civil de 1804 a créé l’impôt sur les successions. Et toujours au nom de l’égalité, les successions sans héritiers directs sont lourdement taxées. Ce sera mon cas. Non seulement ne j’ai pas eu la joie d’avoir des enfants, mais j’ai travaillé pour l’état toute ma vie !

    En 2017, après quelques évolutions depuis 1804, les meubles meublants sont taxés 5% de l’actif de la succession.
    Mais les meubles actuels sont loin, très loin, de valoir 5% de l’actif d’une succession.
    J’ai fait mon calcul : sachant que mon appartement vaut 130 000 €, en l’abscence d’inventaire des meubles, le notaire les estimera selon la loi à 5 % de 130 000 €, soit 6 500 €, ce qu’ils ne valent pas, et donc il faut faire un inventaire des meubles meublants.

    Si vous faîtes partie des 64 % de Français propriétaires, allez vous informer pour faire votre calcul :

    La valeur des meubles meublants dans la déclaration de succession est déterminée par un inventaire ou un forfait de 5% de la valeur de la succession

    Et je ne sais comment nos édiles d’antant avaient obtenu ce chiffre de 5 % mais ce qui est certain, c’est que le prix des meubles s’est effondré, tandis que l’immobilier s’envolait, aussi ces 5 % n’ont plus de sens : c’est désormais quand on ne possède pas de meubles meublants de valeur qu’il faut OBLIGATOIREMENT faire un inventaire. En quelque sorte c’est le monde à l’envers.