Je vais publier le livre de bord de Belmont 1923-1930 : La Turballe (44)

Je suis Odile Halbert, nièce d’Yves Fagault et Odette Guillouard, sœur de ma maman. Je viens vous conter ce que je sais de l’histoire de Belmont, cette villa hors norme, résidence secondaire de mon oncle Yves.
J’ai passé de nombreuses vacances à Belmont, avec Nicole, ma sœur âgée de 10 mois de moins que moi. Maman était débordée par sa famille nombreuse, alors que tante Dette ne pouvait pas avoir d’enfants.
Ainsi, tante Dette était ravie d’avoir des enfants de temps en temps. Déjà pendant la seconde guerre mondiale, toute petite, j’étais expédiée par car à Guérande aux naissances de Bernard puis de Marie-Annick. On me plaçait derrière le chauffeur du car, à sa garde, et on m’a souvent raconté que jamais je ne bougeais durant ce long voyage d’environ 3 h, et même je ne voulais pas lâcher ma petite valise sur mes genoux. Je me souviens de cette valise, mais aussi des très nombreux arrêts, soit pour monter un voyageur, et des barrages Allemands, auxquels je ne comprenais rien bien entendu, car durant la guerre les adultes épargnaient les enfants et ne leur disaient surtout rien qui fasse peur !
Belmont était une folie, pensée par le père de René Fagault auquel la sardine avait réussi, mais qui s’éteignit le 2 avril 1907 sans avoir pu voir la villa achevée, car elle était en construction.

Belmont en 1936, les pins plantés par René Fagault ont poussé, mais on cultive toujours avec les boeufs

Je viens vous transmettre le livre de bord de Belmont 1923-1930, tenu par René Fagault jusqu’à sa mort le 26 janvier 1930.

Un livre de bord est normalement à bord d’un navire, tenu par le capitaine chaque jour pour noter tout les faits du jour. Or, Emmanuel Fagault, le frère de René, avait été médecin naviguant avant la 1ère guerre mondiale, durant laquelle il fut médecin au front, où il fut gravement gazé, avant de s’éteindre en 1923 des suite de cette atteinte. Sans doute amoureux de la mer, il transmit à son frère le grand mât de navire, qui avait été installé à Belmont, et un livre de bord, afin que son frère note la vie de Belmont.
Ce livre de bord est un vibrant témoignage des réceptions familiales, de la pêche d’innombrables variétés de poissons, rigoureusement notés et probablement disparus de cet endroit, de la vigne, car il y avait depuis les Romains de la vigne de Guérande à La Turballe, et même à Belmont, etc… même le chemin de fer jusqu’à Guérande !

Nombre d’invités se sont exprimé ou ont signé, ou sont nommées par leur surnom, aussi il est parfois difficile de les identifier, aussi je viens tenter quelques identifications possibles.

1901 : mariage de René Fagault et Yvonne Ferrand à Vannes

« Vannes le 4 juin 1901 mariage de monsieur René Antoine Joseph Fernand Fagault, 30 ans, négociant, domicilié à Guérande (44), né à Guérande le 35 mai 1871, fils de monsieur René Fagault négociant et de madame Marie Mélanie Séraphine Dubois, domiciliés audit Guérande, présents, et mademoiselle Yvonne Marie Anne Ferrant, 20 ans, sans profession, domiciliée à Vannes, née à Vannes le 26 mars 1881, fille de feu monsieur Yves Eugène Marie Ferrant négociant, décédé à Vannes le 19 juillet 1891, et de madame Marie Léonie Guilloteau, domiciliée à Vannes, présente … en présence de monsieur Jean Petit, 65 ans, négociant, cousin paternel de la mariée, Arthur Pierre Marie Guilloteau, 47 ans, sans profession, oncle maternel de la mariée, tous deux domiciliés à Vannes, Alcime Théodore François Rousseau, 41 ans, docteur en médecine, domicilié à Herbignac (44), beau-frère du marié, Emmanuel Louis René Fagault, âgé de 24 ans, étudiant en médecine, domicilié à Herbignac, frère du marié,

Ces signatures peuvent permettre ensuite des identifications, comme celle d’Alcime Rousseau pas spécialement identifiable…
René FAGAULT °Louplande (75) 12 février 1841 †Guérande 2 avril 1907 x Guérande 25 mai 1868 Marie Mélanie Séraphine DUBOIS †Guérande 28 mars 1913
1-Marie Mélanie Renée FAGAULT °Piriac 29 août 1869 x Alcime Théodore François ROUSSEAU dont postérité suivra
2-René Antoine Joseph Fernand FAGAULT °Piriac 25 mai 1871 †29 janvier 1930 x Vannes 4 juin 1901 Yvonne FERRAND
3-Louis Gabriel François FAGAULT °La Turballe 3 novembre 1873 †jeune SP
4-Emmanuel Louis René FAGAULT °La Turballe 22 juin 1876 †Guérande 9 juin 1925 x Anne Marie Antoinette FERRANT
Leur tombe à Guérande en 2012. On voit que les hommes Fagault n’ont jamais connu la retraite et sont décédés assez jeunes, contrairement à leurs veuves. J’ai personnellement connu Yvonne Ferrand veuve Fagault et Mimie Ferrand veuve Baudry. Je garde un merveilleux souvenir de cette dernière, pour sa grande convivialité en famille. Je la voyais le dimanche chez mon beau-frère son petit-fils. En effet, les Ferrand et les Fagault sont très liés.

Yves-Eugène-Marie FERRANT °Vannes 6.11.1849 †Vannes 19.7.1891 négociant au N° 32 rue du Roulage à Vannes sur son acte de décès x Lorient 7.7.1879 (sans contrat) Marie-Léonie GUILLOTEAU °Lorient 15.4.1857 †Savenay ca 1937
1-Etienne FERRAND x Claude POUPART Il possédait une épicerie fine « Les Frères Provenceaux » rue du Calvaire.
dont 11-Andrée POUPART
2-Anne Marie Antoinette FERRAND °Vannes 4 janvier 1883 x 22 septembre 1902 Emmanuel Louis René FAGAULT °La Turballe 22 juin 1876 †Guérande 9 juin 1925 x2 Guérande 9 mars 1936 Joseph Théodore BIGARÉ
dont 21-François FAGAULT °La Turballe-Belmont 29.11.1912
22-Nett FAGAULT dont postérité FAGAULT à Nantes en 1994
3-Yvonne FERRAND °1881 †1968 x Vannes 11 juin 1901 René-Antoine-Joseph FAGAULT °Piriac 25 mai 1871 †29 janvier 1930 négociant à Guérande
dont 1-Mimie FAGAULT °25.5.1909 x GONICHON
dont 11-Minou GONICHON
12-Jean-Yves GONICHON dont postérité
13-Colette GONICHON dont postérité
4-Marie-Eugénie-Léonie (dite « Mimie ») FERRAND °Vannes (56) 2.10.1891 †Savenay (44) 7 janvier 1984 fille posthume x1 Georges BAUDRY †1914 x2 Nantes 9.9.1920 Pierre-Ferdinand BAUDRY °Nantes 4.9.1888 †Nantes 18.3.1950 son beau-frère, teinturier – grands parents de Gilles Brunet mon beau-frère
Andrée (Poupart) :
Anne (Ferrand) : femme d’Emmanuel Fagault – sœur d’Yvonne et Mimie Ferrand
Baudry (Pierre) : époux de Marie (dite Mimie) Ferrand sœur d’Yvonne et Anne
Etienne (Ferrand) : frère d’Yvonne x Fagault, et d’Anne x Fagault et de Mimie x Baudry
Ferrand (famille très liée aux Fagault) : voir ci-dessus
François (Fagault) : neveu de René Fagault – fils d’Emmanuel Fagault
Guilloteau : les Ferrand ont pour mère Marie-Léonie GUILLOTEAU °Lorient 15.4.1857 †Savenay ca 1937
Louis (Rousseau) : neveu de René Fagault – fils de Marie Mélanie Renée Fagault x Alcime Rousseau
Manu (Emmanuel) : frère de René Fagault
Mimie (Fagault) : fille de René Fagault et Yvonne Ferrand, née le 25 mai 1909, épousera Gonichon
Nett : nièce de René Fagault – fille d’Emmanuel Fagault
Pierre (Baudry) : époux de Mimie Ferrand la sœur d’Yvonne
Poupart : épouse d’Etienne Ferrand frère d’Yvonne x Fagault, Anne x Fagault et Mimie x Baudry
Rousseau (madame) : née Fagault, sœur de René et épouse du Dr Alcime Rousseau à Herbignac
Yvonne : femme de René Fagault, née Ferrand – sœur d’Anne et Mimie Ferrand

histoire chronologique de Belmont

Belmont est une anse avec un petit port et plage, à La Turballe. En 1898 c’est une lande ventée sur une côte sauvage. René Fagault, négociant à Guérande et directeur d’usine à La Turballe va y construire en 1907 la villa Belmont. Lui, puis son fils et son petit-fils Yves Fagault, vont couper le vent en front de mer pour jardiner et planter, y compris des arbres en nombre. Cette vue date des années 1935-1939, avant la guerre. Elle donne une bonne perspective de la grandeur du terrain, qui est aussi grand encore à droite de la photo et non visible. Et la lande a désormais des bois !

Vendue en 1954 à un restaurateur qui construit une salle de restaurant devant la véranda.
Vendue au début des années 1960 à Rhône-Poulenc pour installer une colonie de vacances, d’où de vastes travaux : construction ex-nihilo de deux bâtiments à usage de dortoirs au nord de la parcelle.
Vendue à un promoteur vers 1992, qui transforme les dortoirs en lotissement avec appartements individuels.
Les belles allées, le tennis etc… et les jolies parterres de fleurs ont disparu. Seule la descente de plage est restée devenue voie commune du lotissement. Mais la villa est inoccupée durant plusieurs années. Encore inoccupée en 1997, elle est acquise dans les années 2000 et transformée pour servir de maison d’hôte. Le réfectoire de la colonie en front de mer est agrandi et transformé en immense salon. Et à l’arrière de la villa, un bâtiment s’ajoute pour servir de cuisine.

avant 1898
René 1er Fagault s’installe à La Turballe vers 1868, puis vit à Lesrat en Piriac en 1871.
Il dirige la conserverie de sardines à La Turballe mais vit à Lérat sur Piriac.
Il fait chaque jour à cheval les 2,5 km qui longent la côte de Lérat à La Turballe, découpée et rocheuse, alors sauvage.
Et ce Manceau en tombe amoureux.
Voyez les annexes pour toute l’histoire de la sardine à la Turballe et des Fagault.
Attaché à cette côte, il acquiert le 5 avril 1898 avec Marie Dubois son épouse 1,8 ha dénommé Belmont, pour la somme de 43 000 F payés un an plus tard.
En 1900, 1 F = 2,37 € en 2006, soit 101 910 € actuels pour le terrain de Belmont.
Puis René Fagault s’empresse de graver la date 1898 en attendant de construire.
En d’autres termes, c’est l’argent gagné dans les conserveries qu’il a dirigées, tant à la Turballe qu’au Maroc qui sont à l’origine de ce placement financier en l’achat d’un terrain et d’y construire.
Le terrain était sauvage, René Fagault l’aménage. Il entreprend tous les murs qui l’entourent, dont l’incroyable mur de soutènement sur la plage, mur qui fut si bien réalisé qu’un siècle plus tard il est en parfait état.
Peu à peu, on jardine et on pique-nique en attendant de construire.
En 1905, René 1er Fagault et Marie Dubois son épouse vendent à leur fils René 2ème leur commerce de gros de Guérande (voir annexe).
René 1er Fagault décède le 2 avril 1907 et son fils René 2ème entreprend la construction de la villa Belmont. La maison rappelle le Maroc, où René 1er Fagault a contribué à l’implantation des conserveries de sardines. D’ailleurs, il en est revenu avec Ali, qui sera son chauffeur.
Ainsi, Belmont est l’histoire financière et historique de la sardine !
La construction est suivie par beaucoup, proches et amis, qui prennent des photos.

histoire économique et culturel

Le 20ème siècle voit de profonds changements économiques et culturels qui ont joué dans la destinée de ma tante Odette Guillouard épouse d’Yves Fagault, et donc de Belmont.

changement des modes de distribution
Le début des années 1950 signe la grande transformation de la distribution. Edouard Leclerc ouvre ses surfaces un peu partout, et les commerces de détail disparaissent rapidement, entraînant avec eux les commerces de gros qui les fournissaient.
En 1955 le commerce de gros d’Yves Fagault à Guérande affiche déjà des impayés. Je tiens cela de maman, qui le tenait de son parrain et oncle, Louis Guillouard, gestionnaire de la société ALG fabricant des appareils ménagers en fer blanc. Il racontait à maman qu’Yves Fagault avait déjà des impayés.

Même au temps de sa gloire, début du 20ème siècle, le commerce de gros Dubois-Fagault à Guérande ne desservait en fait que la presqu’île Guérandaise, et à titre de comparaison, la quincaillerie en gros d’Edouard Guillouard mon grand-mère, rue St Jacques, avait une écurie de 19 chevaux et livrait au-delà de Quimper, soit 3 départements au moins. Ceux qui viendront après moi pourront un jour consulter aux archives soit les chiffres d’affaire ou les successions, mais même sans avoir peu avoir recours à ces documents, je dirais que le chiffre d’affaire des Fagault était bien inférieur à celui d’Edouard Guillouard, et ne permettait en aucun cas la construction de la Villa Belmont, puis le personnel qui y fut entretenu. Pire, en 1907 à la mort de René 1er Fagault, il y avait 4 enfants, ce qui signifie que René 2ème a dû racheter à ses 3 frères et sœur le commerce et le terrain de Belmont, c’est-à-dire s’endetter considérablement. Puis, à la mort de René 2ème en 1930, son fils Yves a dû lui aussi racheter à sa sœur le commerce et la villa Belmont. C’était tout à fait un surendettement.
En conclusion, les Fagault ont vécu au dessus de leurs moyens et la suppression des commerces de gros sera très rapide pour eux, sans vraiment le temps de réaliser quel changement d’époque ils vivaient.
changement culturel
Durant les siècles précédents, la coutume voulait qu’au mariage, les parents donnent « un avancement d’hoir », plus connu sous le nom de « dot », et ce aussi bien au garçon par ses parents qu’à la fille par ses parents. Et dans le contrat de mariage, la dot restait bien personnel et non bien commun. En d’autres termes, cet apport d’argent au mariage n’était en rien un bien du couple et la dot de madame restait son bien propre, alors que manifestement la génération de l’oncle Yves et de mon père semblent bien avoir oublié ce point du droit, et avoir joui sans ménagement de cet apport d’argent, oubliant qu’ils devaient en rendre compte.
En d’autres termes, la dot d’Odette Guillouard a aidé son mari Yves a garder Belmont, pour leur plus grand malheur car ce fut au dessus de leurs moyens. Il y avait bien trop de frais, domestiques etc… Je suis bien placée pour juger du drame de ces dots dont les hommes ne se sont plus sentis responsables comme dans les siècles précédents, car ma maman a subi le même sort, et c’est mon papa qui la dépensait. Sans doute est-ce pour cette raison que j’ai passé toutes ces dernières années à étudier, trouver et retranscrire, autant d’actes de mariage des 16ème et 17èmes siècles, époque durant laquelle l’homme était responsable de la dot de madame.
Mon oncle Yves est décédé dans tout ce tourbillon de pertes, et ma tante est restée sans domicile, tous les biens étant vendus pour payer les nombreuses primes de licenciement etc…, aussi a-t-elle dû survivre 2 ans au 2ème étage de la maison de sa mère. Comme elle peignait, je lui achetais régulièrement des oeuvres pour qu’elle ait un peu d’argent liquide, même un meuble auquel elle attachait peu de valeur sentimentale, mais la plupart de ses meubles furent vendus. Puis, quand tous les comptes furent soldés, il ne restait rien de Belmont ou des Fagault, juste de quoi acheter un appartement au Croisic, prix de sa dot, donc uniquement son bien paternel. Ainsi l’histoire de Belmont était terminée !

1954 vente de Belmont
1955-1960 restaurant
1992 : lotissement immobilier
actuellement, outre le lotissement, des chambres d’hôte dans la villa principale, très modifiée et défigurée.

poissons pêchés à Belmont

arraignée
chainchard
congre ; anguille de mer
corlazo : Crénilabre melops, roucaou, petite vieille
gavre (crabe) : Etrille de sable (L’), Etrille commune (L’), Anglette (L’), Balleresse (La), Bernarderie (La), Bonne soeur (La), Crabe cerise (Le), Cerise (La), Cérite (La), Chancre ballant (Le), Chancre nageron (Le), Chèvre (La), Crabe à laine (Le), Crabe anglaise (Le), Crabe d’alaine (Le), Crabe de velours (Le), Crabe espagnol (Le), Crabe laineux (Le), Crinquenelle (La), Demoiselle (La), Draguenelle (La) Échalette (L’), Étrille commune (L’), Gavre (Le), Gavrette (La), Guiette (La), Lénée (La), Liré (Le), Lirié (Le), Meltas (Le), Padelle (La), Plat-pied (Le), Portune (Le), Portune étrille (Le), Ragaise (La), Rainette (La) (Français)
lieu : lieu noir, Colin, charbonnier, merlan vert, merluche, greslin
louvert ?
maigre
maquereau
mulet
rouget
sole
taco : tacaud, Plouse, gode, poule (Nord, Picardie, Normandie), guitan (St Malo, Cancale, St Brieuc), moulek, boheg (breton), tacard (Lorient, Groix), barreau (Vendée), taco (Charentes), tacar (Gironde), kiankarquia (Pays basque)
turbot
vieille

Menhirs et calvaire de Belmont, aujourd’hui disparus : La Turballe

table des actes traitant des Fagault de Guérande et Belmont

   La saga des Fagault de Louplande à la Turballe, ou la petite histoire de la sardineLa saga des Fagault de Louplande (72) à Belmont (La Turballe, 44) ou la petite histoire de la conserve de sardines de la Turballe au Maroc  – Darracq et Cie, Chenard et Walcker, et autres innombrables fabricants de voitures du début du 20ème siècle –  La tour crénelée de la Villa Belmont : La Turballe 1936 –  Les boeufs pour cultiver 1925 Testament de Marie Mélanie Séraphine Dubois veuve Fagault à Guérande 1912Menhirs et calvaire de Belmont, aujourd’hui disparus : La Turballe   –  Pêche sur le mouille-Q, mini catamaran des années 1925 : Belmont, La Turballe – Livre de bord de Belmont, tenu par René Fagault : années 1923-1925années 1926-1927 ; années 1928-1929 finLe canot des évadés de la colonie pénitentiaire de Belle-Ile a échoué à Belmont, 10 août 1921 –  Obsèques du Dr Alcime Rousseau, Herbignac 21 janvier 1923  – Broyage des graines de lin dans les années 1920 dans la presqu’île GuérandaiseLe gardien jardinier et pêcheur, Belmont, contrat de travail 1935  –  Le mât de Belmont avant la seconde guerre mondiale – La saga des FERRAND de Chalinargues (Neussargues-en-Pinatelle, 15 Cantal) à VannesFiliations des familles Dubois et Fagault

introduction

René 1er Fagault s’installe à La Turballe vers 1868, puis vit à Lesrat en Piriac en 1871. Il dirige la conserverie de sardines à La Turballe mais vit à Lérat sur Piriac. Il fait chaque jour à cheval les 2,5 km qui longent la côte de Lérat à La Turballe, découpée et rocheuse, alors sauvage.
Et ce Manceau en tombe amoureux. Voyez les annexes pour toute l’histoire de la sardine à la Turballe et des Fagault et l’histoire des Fagault

Carte de Cassini, environ 1815 (première carte de France, que nous devons à Louis XVI)


cadastre de 1818 de La Turballe

Attaché à cette côte, il acquiert le 5 avril 1898 avec Marie Dubois son épouse 1,8 ha dénommé Belmont, pour la somme de 43 000 F payés un an plus tard.
En 1900, 1 F = 2,37 € en 2006, soit 101 910 € actuels pour le terrain de Belmont.
Puis René Fagault s’empresse de graver la date 1898 en attendant de construire.
En d’autres termes, c’est l’argent gagné dans les conserveries qu’il a dirigées, tant à la Turballe qu’au Maroc qui sont à l’origine de ce placement financier en l’achat d’un terrain et d’y construire.
1898-1906
Le terrain était sauvage, René Fagault l’aménage. Il entreprend tous les murs qui l’entourent, dont l’incroyable mur de soutènement sur la plage, mur qui fut si bien réalisé qu’un siècle plus tard il est en parfait état.
Peu à peu, on jardine et on pique-nique en attendant de construire.
J’ai connu ce calvaire, qui a disparu en 1960 avec la colonie, ainsi que le mat et la cabane que nous verrons plus tard et que j’ai également connus, qui donnaient à Belmont, outre son magnifique jardin, un charme fou.
Voici la plus ancienne photo du calvaire, très spectaculaire, car on y distingue des 2 côtés une pierre dressée, comme un menhir. Tout ceci était sur le terrain acquit par René Fagault en 1898, et atteste de cultes anciens même avant le culte catholique. Sur les nombreuses photos qui suivent on distingue parfois les traces d’ancienneté du calvaire car la végétation rabougrie de la côte s’était installée entre les pierres.

photos du calvaire à travers le temps

la croix de Belmont, et ses 2 menhirs, en 1906, peu avant le début de la construction de la villa. De gauche à droite René 1er, René II et son épouse Yvonne, et personnage à identifier.

1907

toujours 1907, année de la construction de la villa

encore 1907

1908 la villa est construite. Cette photo est très intéressante car elle situe bien la croix par rapport à la villa, mais aussi elle montre de l’autre côté, à droite de la photo, le mat, qui était impressionnant et pour lequel je vous ferai une page spéciale. L’homme à gauche est René II (son père est décédé en avril 1907) et celui de droite son frère Manu ou son beau-frère Alcime ?

1919

1930 Yves Fagault à droite avec sa fiancée Odette Guillouard, et le chaperon frère d’Odette à gauche

1936, ma maman est en visite chez sa soeur un an avant ses fiançailles

1948 La croix n’est plus ; elle a disparu pendant la seconde guerre mondiale, époque de l’occupation de toute la cote et bien sûr de Belmont.

Cette croix fut certainement un lieu de pélerinage autrefois, jusqu’au 19ème siècle ! Que de croix disparaissent encore de nos jours !!!

Le quartier Saint Jacques (Nantes) au front pendant la Grande Guerre 14-18

Je vous ai déjà mis beaucoup de documents sur la Grande Guerre 14-18 à travers le carnet de guerre de mon grand-père Edouard Guillouard.

Il demeurait quartier Saint Jacques à Nantes, avant de partir au front. Et manifestement il a pu échanger quelques lettres avec ses amis du quartier Saint Jacques, puisque l’un de ses descendants possédait la lettre qui suit, datée du 9 mai 1915 et signée « Gaston ».

Ce Gaston tutoie mon grand-père, donc il connaît assez bien mon grand-père et je suppose qu’il s’agit de Gaston Roy, mais les Roy possédaient tous plusieurs prénoms et il est difficile d’identifier lequel a écrit la lettre, sans doute celui qui est inhumé au cimetière Misericorde (Nantes) le 25 novembre 1937 âgé de 59 ans, donc contemporain de mon grand-père et probablement tous deux ont été élèves dans leur jeunesse de l’école chrétienne de la rue St Jacques pour garçon seulement (à l’époque, plus maintenant).

Gaston (que je suppose Gaston Roy) donne des nouvelles de plusieurs autres camarades du quartier Saint Jacques, entre autres Emile Marry le coiffeur, né à Vallet le 4 février 1879, et aussi contemporain de Gaston.  Tous les autres noms qu’il cite me sont plus ou moins connus, mais je n’ai pas plus de précisions, et j’offre volontiers ce document au Quartier Saint Jacques, dans l’espoir qu’ils pourront identifier tous ces militaires, et me faire signe.
Quand il parle de « la pipe », il s’agit d’Edouard Halbert, mon grand-père paternel. Mais il en cite plein d’autres…

Je vous mets d’abord ma frappe, suivie des 3 vues !

Moridon, le 9 mai 1915
Cher Edouard
J’ai ta bonne lettre du 14 avril, excuses moi si je n’ai pu te répondre plus vite. Beaucoup de lettres à écrire, lettres commerciales ainsi que celles à ma famille, beaux-frères etc… puis ai fait un entrainement très dur et fatiguant avec ces chaleurs estivales.
On parle fortement de nous expédier dans les environs de Terns ? afin d’y faire nos tris de guerre finis point de direction le front. Mon régiment est en ce moment du côté d’Ypres et donne beaucoup aussi le dépôt se vide de plus en plus.
Je viens d’écrire à l’ami Gobin qui est à Locmaria près Auray. Il se plaint que le pays est monotone mais je suis certain que tu voudrais à sa place. Il est sergent major. La pipe est à Savenay et il gueule comme un putois, il n’a plus le goût militaire, il est comme mort mais il faut se résigner et penser à nos héros cachés et inconnus qui souffrent sans plainte. Emile Marry a été exaucé, il est mieux et va retourner au dépôt. Henri Halbert est dans les environs du camp de Chalons. Paul Halbert est toujours à Lorient et il obtient surplus de permission. Etienne Chauvet est au camp de Coëtquidan et il est téléphoniste et va partir sous peu pour le front ainsi que Blanchard Lemoine son camarade de combat. Mes beaux frères : Marcel est toujours dans les tranchées avec le 65ème du côté de Mailly Mallet ; Henri est du côté de Verdun ainsi que l’ami Louis Martin ex-caissier chez Lefèvre-Utile. Pierre Chauvet est dans les tranchées ainsi qu’André qui n’a pas encore eu le baptême du feu mais l’attend. Ma petite famille est bien et je l’ai vue encore la semaine dernière. Mon frère a dû te dire que nous avons perdu notre cousin de la champignonnière qui nous avait vendu notre représentation et qui la dirigeait depuis mon départ. Il est mort subitement d’une hémorragie centrale âgé de 53 ans c’est terrible. J’ai dû aller réorganiser l’affaire avec ma belle-sœur, mon frère et 3 employés. J’espère que la clientèle sera conservée. C’est tout ce que nous demandons pour cette terrible année.
De temps en temps nous aussi faisons des petits gueuletons, c’est la seule distraction à Issoudun et quand on a bon appétit c’est une bonne distraction.
Il passe des trains en quantité ici, c’est une ligne directe de Paris et il y passe des troupes beaucoup ;
Si tu vois mon frère tu lui serreras la main pour moi ainsi qu’aux amis Poudat Auguste etc…
Je te remercie de ta carte photo et je t’envoie ma binette ainsi que celle de quelques poilus. Mon ami Haudreau de Nantes, pâtissier rue de l’échelle, est surmonté d’une croix sur la photo, les autres ne t’intéressent pas. Tu vois qu’il faut être belle femme pour être mignon dans cette tenue.
A bientôt et cordiale poignée de mains
Gaston

Histoire du quartier de Pirmil : les sources anciennes

Pirmil de pila millia (pour milliaria), norne milliaire (Bidet)
1205 : La terre de Pirmil, paroisse de Saint-Sébastien, appartenait en 1205 à Gautier de Pirmil. Elle a été réunie à la ville de Nantes en 1790. (E. de Cornulier, dictionnaire des terres du Comté Nantais, p. 221)
1364 : … Nantes, en conséquence de ce traité, fut réunie au duc Jean IV qui, pour mieux s’assurer de la ville, expédia les ordres à Nicolas Bouchard, amiral de Bretagne, de bâtir et construire la tour et citadelle de Pirmil, à l’entrée des ponts de Nantes (Travers, I, 436)
Pirmil était une ancienne châtellenie qui fut alors érigée en gouvernement. Ce gouvernement fut supprimé par Louis XVI (Ogée, II, 122)
1365 : La forteresse de Pirmil fut construite en 1365, sur l’ordre du duc Jean IV, par Nicolas Bouchard, seigneur de Kerbouchard, amiral de Bretagne.
Dès son origine, cette citadelle fut érigée en capitainerie. Le titulaire recevait une pension annuelle de 120 livres.
Au XVIIème siècle, la municipalité, regardant comme une charge onéreuse la citadelle de Pirmil, où la milice bourgeoise fournissait une garde quotidienne, profite de l’arrivée du souverain en 1614, pour en demander la démolition. Le gouvernement refusa, mais en 1626, il permit le démantèlement (Bougouin, Officiers du château de Nantes, 13-14)
1369 : Jean de l’Angle, capitaine du château de Pirmil (Bizeul, rues de Nantes)
1409 : Affagement à Frère Jean de Blouan, aunom et comme prieur du prieuré de Pirmil… d’un auroissement assis près de Pirmil, contre la saulaie de la Babilonière, appartenant au prieuré, et la rivière de Loire attenante d’un bout au port de la Babilonière et d’autre bout à un autre fossé

je continue demain, car c’est long…

Photo de classe école Notre Dame de la Sagesse, Nantes St Jacques 1947

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Cette photo de classe, école Notre Dame de la Sagesse, quartier Nantes Saint Jacques à Nantes Sud Loire, date de 1948 ou 1947. J’y vois Odile Guihard (en bas à gauche), Thérèse Cormerais (au dessus d’Odile Guihard mais à droite), Danièle Perraud (en haut avec le grand noeud au centre droit), et je suis aussi en haut, à droite de Danièle mais une autre entre nous.
Nous avons toutes, ou presque toutes, des noeuds dans les cheveux.
Anisi était la mode.
Si vous avez des photos de classe de Nantes Saint Jacques, je veux bien les mettre sur mon blog, contactez moi ci-dessous dans les commentaires, en cliquant d’abord sur le titre de ce post.
Et si vous en reconnaissez, ou si vous vous reconnaissez, contactez moi aussi dans les commentaires.
Merci d’avance
Odile Halbert

PS cette photo m’avait été envoyée par Danièle que je remercie

La promiscuité autrefois : rue Saint Jacques, Nantes Sud Loire, 1846

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Hier, je vous parlais des pêcheurs de sable, voisins de palier, et vivants tous deux chacun dans une pièce pour sa famille toute entière.
Aujourd’hui, je vous emmène visiter la maison entière, et je vous prie de me croire, mais toutes les maisons de la rue St Jacques étaient alors aussi peuplées, car j’ai tout dépouillé sur Excel depuis 3 mois environ, donc j’ai une immage claire de l’habitat en 1846 à Saint Jacques.
Donc, à cette époque, l’immense majorité des familles vit dans une pièce unique. Et je me permets de vous rappeler qu’en 1846 il n’y a pas l’eau courante, le chauffage central etc…
Et n’en concluez surtout pas que ceux qui étaient propriétaires occupaient plus de pièces que ceux qui étaient locataires. Car, l’immense majorité des propriétaires vivait en totale promiscuité avec les locataires et comme eux, et il se trouve que la maison où demeurait les pêcheurs de sable est tout à fait représentative, donc, je vous la mets pour image de toute la rue Saint Jacques.
La maison n’a qu’un étage et le propriétaire, Guibert, vit en une pièce unique au premier. Il est dit forgeron, mais je ne vois aucune forge, donc soit il est ouvrier ailleurs et a hérité de cette maison, soit sa forge est ailleurs. (nom, prénom, âge, métier avec les 2 sources quand différent selon les 2 sources, numéro dans la rue, propriétaire, pièces)

Busson Louis 28 raffineur 31 Guibert 1P rz
Corbineau Marie 29 femme
Gourdon Pierre 34 pêcheur/pêcheur de sables 31 Guibert 1P 1er
Thibeau Rose 31 femme
Gourdon Pierre 3 fils
Gourdon Jeanne 5 fille
Gourdon Auguste 0,5 fils
Guilbert Pierre 32 forgeron 31 Guibert 1P 1er
Guilbert Victorine 3 fille
Guilbert Alexis 0,5 fils
Enoux Vve Cadet 60 journalière 31 Guibert 1 P mansarde
Cadet Vve Cormerais 40 femme
Cormerais Madeleine 7 fille
Cormerais Lise 5 fille
Cadet Clement 30 fils
Cadet Cornelie 32 fille
Sautron Jacques 50 colporteur 31 Guibert 1P mansarde
Pineau Geneviève 30 femme
Bazin Jacques 67 chaudronnier 31 Guibert 1P rz
Verniau François 32 tisserand 31 Guibert 1P rz
Berry Théophile 34 femme
Verniau Auguste 2 fils
Halbert Michèle 30 tailleuse 31 Guibert 1P 1er
Hubert Joseph 50 pêcheur/pêcheur de sables 31 Guibert 1P 1er
Marzin Marie 62 femme
Hubert Virginie 17 fille
Hubert Antoine 30 fils

Cette étude que je mêne depuis plusieurs mois me permet de mieux apréhender le mode de vie de mes ancêtres car j’avais découvert il y a quelque temps, grâce aux recencements, qu’ils ne vivaient pas seuls dans une maison, mais tous entassés dans une pièce de la maison, et dans la plus grande promiscuité. J’ai même découvert pire, et ce jour là, je suis restée anéantie par ma découverte. J’y reviendrai.

Voici les vues de cette maison d’après le recensement disponible en ligne sur le site des AM de Nantes 4ème canton, et comme je vous l’ai déjà expliqué, il existe un autre recensement de la même année, classé aux AD44, qui ne donne pas tout à fait les mêmes renseignements.

Et je vous souhaite tous bonne journée sans COVID