Caution solidaire des frères Lemotheux, 1664

le plus jeune a besoin d’argent, beaucoup, et ses 2 frères empruntent avec lui

Parfois, lorsque je cherche dans les actes notariés, des noms sont mentionnés en marge, parfois aucun. Certes, comme dans les registres paroissiaux, il semble toujours pratique de lire vite et seulement les mentions en marge, et là encore, parfois les mentions en marge sont fautives. Ainsi l’acte qui suit mentionnait en marge Lemotheux, Chevalier et point d’action de mon André Chevalier dans l’acte qui ne fait que figure de figurant car il était témoin de la procuration établie au préalable sur place à Champigné.

  • L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5
  • Voici la retranscription intégrale : Le 10 mars 1664 avant midy, par devant nous François Crosnier Nre royal à Angers furent présents establis et deuement soubzmis
    honorable homme René Lemotheux sieur de la Lézinière fermier de la terre et seigneurie de la May de Ceaux demeurant en la paroisse de Champigné
    tant en son privé nom que comme procureur de Me Georges Lemotheux sieur du Fresne son frère, par sa procuration passée par Me Jacques Marchais notaire royal demeurant audit Champigné le 8 de ce mois, signé Lemotheux, A. Buscher, A. Chevallier, et Marchays, et contresigné en la marge par ledit sieur de la Lézinière,
    et encore se faisant fort de honorable femme Renée Buscher femme dudit Sr de la Lézinière à laquelle il promet faire ratifier ces présentes et la faire avec luy et ledit sieur du Fresne obliger à l’accomplissement des présentes etc…
    chacun d’eux sans division renonçant au bénéfice de division ont venu créé et constitué et par ces présentes promettent garantir fournir et faire valoir en principal et arrérages à noble homme Me Florent de Janveray advocat au siège présidial de cette ville y demeurant paroisse de St Maurille, à ce présent et stipulant et acceptant, qui achepte pour luy ses hoirs la somme de 50 livres tournois de rente hypothécaire annuelle et perpétuelle payable et rendable franchement et quittement par lesdits vendeurs esdits noms leurs hoirs audit achepteur ses hoirs en sa mai-son audit Angers chacun an à pareil jour et date le premier payement commençant d’huy en un an prochain et à continuer, laquelle vente de 50 livres tournois lesdits vendeurs chacun d’eux esdits noms et chacun d’iceux solidai-rement ont assise et assignée assient et assignent généralement sur tous et chacuns leurs biens meubles et immeubles rentes et revenuz quelconques et sur ceux du sieur Georges Lemotheux en vertu de sadite procuration présents et futurs avec pouvoir et puissance auxdits achepteurs ses hoirs d’en faire déclarer assiette particulièrement et audit vendeur esdits noms de l’armortir toutefois et quantes sans que ledit général et spécial hypothèque puissent faire préjudicier ains confirmant et approuvant l’un l’autre
    ladite vente création et constitution de rente faite pour et moyennant le prix et somme de 900 livres tournois, payée contant par ledit achepteur auxdits vendeurs esdits noms qui l’ont en nostre présence receue en or et monnoye ayant court suivant l’édit dont ils se contentent et le quittent, à laquelle vendition création et constitution de rente et ce que dessus tenir etc… (une rente de 50 livres pour un principal de 900 livres, cela fait du 5,55 % et j’ai rencontré souvent jusqu’à 6,25 %. Les taux n’étaient pas toujours au denier 20 qui est 5 %)
    fait et passé audit Angers en nostre estude Me René Moreau et René Gaudin demeurant audit Angers tesmoings, déclarant lesdits vendeurs esdits noms ladite somme employer au payement de debte du sieur de la Rouaudière Lemotheux frère desdits Lemotheux et Anthoinette Babin sa femme … (AD49 série 5E5)

    Voici donc, avec certitude, les liens familiaux :

    Jacques LEMOTHEUX Sr de la Papinière x Jacquine MOUETTE (en gras, ceux qui interviennent dans l’acte : Georges et René, la femme de René, et les endettés Jacques et sa femme)

      Georges LEMOTHEUX Sr du Fresne
      Suzanne LEMOTHEUX x Pierre GOURDON
      René LEMOTHEUX x2 1653 Renée BUSCHER fille d’Anselme
      Pierre LEMOTHEUX Sr de la Papinière x 1637 Marie VERON
      Jacques LEMOTHEUX Sr de Champlivré et de la Rouaudière x 1641 Antoinette BABIN

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    famille Leroyer de la Roche, du Lion-d’Angers (49)

    liée à la famille Crannier (AD49 série 5E5)

    Nous avons vu que les obligations par constitution de rente hypothécaire, impliquaient des liens étroits entre les emprunteurs, car ils étaient totalement solidaires sur leurs biens.

    Voici un lien, qui me paraît certain, entre les Crannier et les Leroyer de la Roche, car ils empruntent solidairement. Craon est à 58 km d’Angers, et comme un cheval fait 40 km par jour, François Crannier s’est arrêté au Lion d’Angers chez Jean Leroyer, et ils sont partis ensemble à Angers, enfin, c’est ainsi que je reconstitue les choses.

    Auparavant, Jean Leroyer est manifestement allé à Craon demander à François Crannier ce service. En effet, un prêtre ne fait pas de commerce, et ce n’est pas lui l’emprunteur vrai. Par contre Jean Leroyer a des enfants en âge de se marier : qu’il est un besoin se comprend, car il faut doter les enfants, et cela n’est pas une mince affaire, d’autant que la dot est généralement environ 1/6e à 1/10e de la fortune des parents.

    Voici la retranscription de l’acte : Le 9 mai 1626 après midy, par devant nous Nicolas Leconte notaire royal à Angers personnellement establiz discret Me François Crasnier prêtre demeurant en la ville de Craon,

      François Crannier est né au Lion d’Angers le 21 juin 1590, fils d’Etienne et de Perrine Leroyer. Il va devenir chanoine de St Nicolas de Craon, ce qui atteste une bonne naissance car les chanoines sont tous bien nés, et aisés. Lors de cet acte il est âgé de 35 ans. Je n’ai jamais pu remonter sa mère, Perrine Leroyer, mais jusqu’à ce jour, par étude de tous les parrainages réciproques, je la supposais soeur de Jean Leroyer Sr de la Roche.

    honorable homme Jean Leroyer Sr de la Roche demeurant au bourg du Lion d’Angers

      que je supposais, comme je viens de le dire, frère de Perrine Leroyer épouse d’Etienne. Il s’est marié quelques années après elle.

    et noble homme Me Jacques Bernard Sr du Breil greffier à la prévosté de ceste ville demeurant paroisse St Maurille d’Angers,
    lesquels deuement soubzmis chacun d’eux l’un pour l’autre seul et sans division confessent avoir vendu créé et constitué et par ces présentes par hypothèque ont promis et promettent garantir fournir et faire tant en principal que comme d’arrérages à noble homme Me Nicolas Cornuau Sr de la Grandière advocat en parlement demeurant en ceste ville paroisse Saint Maurille à ce présent,
    lequel a stipulé et accepté etc la somme de 37 L 10 s de rente hypothécaire annuelle et perpétuelle rendable et payable franche et quitte chacun an par les années et à la fin de chacune le payement de la première année eschéant d’huy en un an prochain venant et à continuer faisant assiette de ladite rente laquelle lesdits vendeurs ont du jourd’huy et par ces présentes assize et assignée assiéent et asssignent généralement et spécialement sur tous et chacuns leurs biens tant meubles que immeubles présents et futurs sans que le général et spécial hypothèque se puissent faire aucun préjudice l’un l’autre … ladite constitution de rente faicte pour et moyennant la somme de 600 livres tournois payée contant aux vendeurs devant notaire auxdits vendeurs qui ont receu ladite somme en pièces de 16 solz …
    fait audit Angers maison de nous notaire en présence de Me Jean Becheux Jacques Bouvet et André Dureau clercs demeurant Angers tesmoings.

    Voir les familles CRANNIER et LEROYER du Lion-d’Angers. Cliquez sur l’image pour l’agrandir :Cette image est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Je la mets ici à titre d’outil d’identification des signatures, car autrefois on ne changeait pas de signature.


    Cette carte postale est issue de collections privées qui sont publiées sur mon site. Pour répondre à Marie-Laure, les vaches sont certainement des Maine-Anjou, dont voici le site Internet Collections privées – Reproduction interdite, y compris sur autre lieu d’Internet comme blog ou site

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    Droit de prendre 2 deniers à chaque femme jolie, et droit de mener la mariée Un curieux droit seigneurial à Somloire, Maine-et-Loire, interdit en 1600

    Ce billet et ce site sont lus par plusieurs auteurs, avides d’idées pour leurs romans. Aujourd’hui ce billet vous montre qu’autrefois la réalité a parfois dépassé la fiction. Voici, extrait du Dictionnaire du Maine et Loire, Célestin Port, 1876 :

    Somloire, commune du canton de Vihiers. La terre formait un fief important, titré au 17e siècle de châtellenie et relevant de Maulévrier. Entre autres privilères singuliers, le seigneur jouissait du droit de faire prendre par son sergent, de chaque « femme jolie » ou de mœurs légères, passant sur sa chaussée, deux deniers ou de couper la manche du bras droit ou de dispose d’elle une fois à son choix. Un arrêt du Présidial d’Angers du 4 mars 1600 supprima cette pratique malhonnête, et fut confirmé par un second arrêt du Parlement du 3 mars 1601, qui maintint en même temps, malgré l’arrêt antérieur du présidial, son autre droit, qui lui était contesté, d’assister, représenté par son sergent, avec deux chiens, à toutes les noces de ses vassaux. La terre formait un fief important, titré au 17e siècle de châtellenie et relevant de Maulévrier. En est sieur Jean de Ver, chevalier, mari de Marguerite de Savonnières, 1311 ; – Lucette Pelaud, 1409, 1420, Jean Barillon 1458, Marie de la Musse, sa veuve, 1481, Joachim Barillon, 1566, Charlotte du Bois, sa veuve, 1600, 1608. – François Barillon, 1652, – Urbain de Maliverné, 1661, 1666. – Charles Barillon 1680, qui cède la domaine par échange en 1696 à Thomas Dreux, marquis de Brezé… (C. Port, Dict. Maine et Loire, 1876)

    la Guimoire, commune de Somloire : Ancienne maison noble avec tourelles, qui donnait son nom jusqu’au 16e siècle à une famille fondue par alliance dans la famille de Ragot, qui la possédait encore au 18e siècle. – en 1792 à Jaques-Pierre Chaillou, juge de paix à Angers, mari de Marie-Jeanne Papin, qui vend le domaine le 11 septembre. Elle relevait de la terre de Somloire, et à l’occasion du mariage du fermier Michel Brémont, la dame suzeraine prétendit exercer le droit qu’elle avait sur tous ses sujets de faire assister à la noce son sergent. Il devait, à son dire, être convié 8 jours à l’avance, avoir sa place à table devant la mariée, dîner comme elle, ayant à ses côtés deux chiens couchants et un levrier, avec leur part du repas, et ensuite mener la mariée et dire la première chanson. Le tenancier Gabriel Ragot, sieur de la Faie, mari de Renée de la Guinemoire, prit le fait de son fermier et renia le devoir comme intolérable et malhonnête. Une sentence du Présidial lui donna raison le 4 mar 1600 : mais sur l’appel de la dame de Somloire le droit de la suzeraine fut confirmé par un arrêt du Parlement du 16 mai 1601, inscrit au rang des Arrêts célèbres. Voir Pocquet de Livonnière, Coutume d’Anjou, t II, p. 1219 (C. Port, Dict. Maine et Loire, 1876)

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    Milicien pour Saint-Lambert-du-Lattay (49), 1719

    Pierre Richard, et la somme payée par les garçons de St Lambert qui lui sera versée

    Encore un milicien, pour illustrer cet impôt (je les classe dans les impôts comme tout ce qui est payé à l’état). J’ai eu beaucoup de mal à comprendre qui était le milicien, et qui payait qui, aussi je me suis encore efforcée d’aller à la ligne pour tenter de comprendre. En fait, ces actes montrent surtout une certaine solidarité face à une levée totalement honnie, et ici encore tous les garçons en âge ont payé un autre pour eux. Mais ensuite le montage financier est assez tordu.

    L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E. Voici la retranscription de l’acte : Le 3 mai 1719 par devant nous Toussaint Avril Nre royal Angers y résidant, et Charles Billault aussi Nre royal Angers résidant à Rablay, fut présent établi et soubmis René Renault maréchal demeurant au bourg de St Lambert du Lattay
    lequel a reconnu et confessé devoir et par ses présentes promet et s’oblige rendre payer et bailler d’huy en 2 mois prochains venant à Jeanne Cornu veufve Estienne Richard et à Jean Martin tissier mary de Jacquine Richard demeurant à Chemillé paroisse de Notre Dame et de Saint Gilles, absent, de nous Nre stipulant pour eux Pierre Richard fils de ladite Jeanne Cornu et beau-frère dudit Martin (il y a surement lieu d’ajouter une virgule ici, car ce qui suit ne semble pas qualifier ledit Martin, mais semble qualifier Pierre Richard. Dur, dur, de lire les actes au kilomètre, et de voir où mettre la ponctuation !!!) milicien pour la paroisse de St Lambert du Lattay à ce présent établis et soubmis la somme de 60 livres scavoir 30 L à ladite Jeanne Cornu veufve Richard et 30 livres audit Martin
    pour par ledit Renault demeurer déchargé de ladite somme de 60 livres qu’il a receue des garsons de ladite paroisse de St Lambert pour leur contribution pour la milice pour ledit Pierre Richard qui sont 30, a comptant et au payement de laquelle somme de 60 L dans ledit temps de 2 mois vers lesdits veufve Richard et Martin s’oblige ledit Renault ses hoirs biens etc
    reconnait en outre ledit Pierre Richard avoir auparavant ce jour receu dudit Renault la somme de 33 L qui fait avecq celle de 27 livres qu’il luy a lessé (laissé) entre les mains pour payer de la dépance (dépense) qu’il a fait et quelque debte qu’il doit, la somme de 60 livres, que ledit Renault a pareillement receu des garsons dudit St Lambert pour leur contribution pour la milice avecq pareille somme sy-dessus
    dont ledit Pierre Richard s’en est tenu à comptant et en quitte ledit Renault et en faisant par ledit René Renault le payement de ladite somme de 60 livres auxdits veufve Richard et audit Martin dans ledit temps de 2 mois a payé la dépance et debte que ledit Pierre Richard doit et qu’il luy a déclaré qui se monte à la somme de 27 livres, ledit Renault demeurera bien et dument quitte de la somme de 120 livres qu’il a receu des garsons (garçons) de ladite paroisse de St Lambert pour leur contribution de la milice qu’il devoit donner audit Pierre Richard qui s’en tient à comptant et en quitte ledit Renault renonçant etc,
    fait et passé audit Angers tabler de nous Avril l’un desdits notaires ledit jour et an, ledit Pierre Richard a déclaré ne scavoir signer de ce enquis.

    Voilà ! et, malgré tout le temps passé sur cet acte (qui ne ma concerne en rien) je n’ai toujours pas compris pourquoi diantre René Renault paye ainsi Pierre Richard. Une chose est certaine, parfois ces levées ont entraîné des tractations financières pas possibles…

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    Plantation illégale de tabac à Noyant-la-Gravoyère (49) en 1728

    Jacques Pouriast, domestique de François Hunault à Villechien l’a échappé belle !

    Je dépouille actuellement un Nième inventaire après décès, et curieuse, je tente à chaque fois de voir les progressions de divers pratiques. Ainsi le tabac, visible à travers le pot à tabac.
    J’ai déjà détecté 2 fumeurs début du 18e siècle : un prêtre à Laval et un médecin à Soudan, comme quoi on peut être médecin et fumeur !

    Et je trouve une plantation illégale que j’ai voulu comprendre. L’encyclopédie Diderot est beaucoup trop bavarde, et difficile dès lors à comprendre. Par contre, le site Internet de France-Tabac, donne une histoire fort bien présentée, et j’y découvre qu’en 1719, la culture est prohibée dans toute la France avec des condamnations qui peuvent aller jusqu’à la peine de mort. Exceptions : la Franche-Comté, la Flandre et l’Alsace.

    L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Voici la retranscription de l’acte : Dvt Pierre Poillièvre Nre royal au Bourg-d’Iré, Le 9.6.1728, accord entre Pierre Gasneau brigadier de la régie du tabac en la généralité de Tours, Dt à Angers St Maurice, au nom de Pierre Le Sieur chargé par sa majesté de la régie et privilège de la rente exclusive du tabac,
    et, François Hunault laboureur à la métairie de Villechien à Noyant la Gravoyère. Jacques Pouriast, serviteur et domestique dudit François Hunault, avait planté illégalement du tabac dans le jardin de son maître à Villechien, et ce dernier a été condamné à Angers, mais doit aussi payer les dépends.
    En présence de Pierre Bidault, Mathurin Poupard et de Louis Habert, commis à la régie du tabac de la Brigade d’Angers, y demeurant, ils composent à la somme de 150 L tant pour payer l’amende en laquelle ledit Hunault a été condamné par sentence du 10 janvier dernier, que pour les dépends et autres frais. Mais, il n’a pas la somme et l’a empruntée à Marguerite Madeleine Chotard veuve de Guy Michel de Scépeaux, seigneur de la Roche de Noyant, qu’il promet rembourser. (AD49)

    Cet acte m’interpelle.
    Les faits sont répréhensibles puisque nous avons vu qu’en 1719 la culture a été interdite en France sous peine de mort. Ouf ils l’ont échappé belle !
    A y regarder de plus près, on voit que le maître est condamné à l’amende alors qu’il est précisé que le serviteur a planté dans le jardin de son maître. Lequel couvre l’autre ? Les juges ont considéré que le maître, propriétaire du jardin, était responsable, ce qui paraît une saine notion du droit…
    L’amende est payée par la veuve de Guy de Scépeaux (du moins, il est dit qu’elle l’avance). Même si certains lecteurs pensent que je porte des jugements, je me contente en fait d’analyser les documents servant à la petite histoire, exactement comme les Historiens le font pour nous établir l’Histoire avec un grand H. Mon analyse dit que ce n’est pas le domestique d’un laboureur qui avait les moyens de s’offrir le plaisir de fumer, car ses revenus étaient juste suffisant pour se nourrir et vêtir pour ne pas mourir de faim. Le tabac planté par lui ne lui était pas destiné… pas plus qu’à son maître, c’est manifeste. Cette plantation exécutait probablement une commande plus ou moins locale. Et si elle ne venait pas du château de la Roche de Noyant, du moins profitait-elle sans doute à quelqu’un du même milieu.

    Réponses au quiz d’hier :

      1.Zéro – 2.Zéro – 3.Indifféremment – 4.Une olive noire par mûre – 5.Un million – 6.Neuf mois – 7. 75 kg – 8.Indifféremment – 9.Pour la viande, le lait et la laine – 10.Le mouton, la vache, la chèvre – Questions subsidiaires : 1. seulement 9 % – 2. seulement 15 % – 3. seulement 24 % –

    J’espère que vous êtes meilleur !

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    Il est lieutenant de gabelle à Noëllet, elle hôtesse à Armaillé

    cela ne tente pas la progéniture qui préfère devenir tailleur d’habits !

    Il y a quelques jours à peine, je lisais que les femmes des gabelous vivaient au bourg de Montreuil, tandis que les époux étaient aux postes de garde.

    Le hasard fait qu’en dépouillant un Nième contrat d’apprentissage, je remarque encore l’épouse du lieutenant de gabelle vivant sous un autre toît et non au poste de gabelle. Lui, Louis Fortin, est lieutenant de gabelle à la Pihalaie à Noëllet, elle, Geneviève Leboucher, est hôtesse ou pend pour enseigne l’image de Notre Dame à Armaillé.
    Ainsi donc, les postes de gabelle n’étaient pas des logements de famille ! Malgré tout le soin que j’ai déjà apporté à l’histoire des greniers à sel du Haut-Anjou, je reconnais que ce détail échappait totalement à l’histoire des familles.

    Mais le contrat d’apprentissage de ce futur tailleur d’habits révèle d’autres merveilles :
    Il est rare de trouver l’âge de l’apprenti : il est dit qu’il a 13 ans. L’âge ne me surprend pas, car c’est aussi l’âge où les enfants étaient placés comme domestiques, probablement même encore plus jeunes. On sait qu’il est orphelin de père, mais je ne pense pas que cela ait eu une influence. Sa mère s’est remariée 6 mois plus tôt : Le 5.1.1737, contrat de mariage de Louis Fortin lieutenant de gabelle au poste établi à la Pihallais à Noëllet, fils du Sr Mathieu Fortin aussi lieutenant et †Madeleine Tillier avec Geneviève Boucher Ve de Hippolite Lemonnier, fille de †Louis Leboucher et Marie Paizor, ils mettent chacun 1 000 L dans la communauté (AD49 Menard Nre royal Pouancé).
    Le père du garçon, décédé, était lieutenant de gabelle, tout comme son beau-père. Manifestement l’enfant n’a pas envie de le devenir, puisqu’il est précisé que c’est à sa prière qu’il est mis en apprentissage de tailleur d’habits. C’est la première fois que je rencontre un telle mention. Or, normalement, il devait garde de gabelle plus tard. L’enfant a-t-il exprimé son peu d’enthousiasme pour ce métier ? et même pour celui de sa mère qui tient auberge ?
    La mère et le beau-père du garçon signent fort bien. En particulier, le fait que la mère signe si bien atteste un milieu aisé et éduqué. Normalement le garçon aurait dû aller au collège à cette date, il y en avait même à Grez-Neuville, etc… A-t-il manifestement peu d’inclination pour les études et le besoin manuel ?

    Une chose est certaine, l’apprentissage est payant, ce qui montre bien que chaque contrat est négocié et qu’ils sont tous différents, en particulier sur le montant. C’est pourquoi je continue, dans la mesure de mes moyens, la mini-base de données sur les contrats d’apprentissage mis sur mon site, et très variés. J’en ai encore à mettre.

    La Commission pour la libération de la croissance française, présidée par Jacques Attali (Editions de la Documentation française, 2008), chapitre 1 Au commencement, le savoir, rappelle :

    La créativité, la mobilité et l’agilité de la jeunesse sont avant tout déterminées par la maîtrise des comportements et des savoirs fondamentaux acquis dès le plus jeune âge. Elles dépendent donc de la capacité de la famille, de l’environnement social et des enseignants à valoriser les aptitudes intellectuelles, académiques, sportives ou artistiques de chacun, à élartir les critères d’appréciation, des potentialités des jeunes, à les sensibiliser à l’importance de la volonté, de la résistance à l’échec, du questionnement et du travail en équipe.

    Et pour remplir l’objectif Favoriser dans le secondaire l’éclosion de toutes les intelligences, elle recommande (entre autres) :

    Refonder l’information sur l’orientation sur les carrières et prendre davantage en compte les aptitudes non académiques.
    Développer les stages en entreprise : Pour amélioter l’orientation, les élèves comme les enseignants doivent apprendre à mieux connaître le monde de la création, de l’entreprise, de la recherche. Chaque collégien effectuera à partir de la 4e une semaine de stage par trimestre… etc…

    Autrefois, la formation de la plupart des métiers n’était pas académique, mais sur le tas, et le jeune savait à l’issue de sa formation ce qui l’attendait. Dans les contrats d’apprentissage que je recense, certains vous paraîtront même surprenants, ainsi le notaire…
    Eh oui ! Autrefois le notaire apprenait sur le terrain seulement !
    Et mon site vous donne non seulement le contrat d’apprentissage en 1588 d’un futur grand notaire (Serezin), mais aussi le livre de raison de Jean Cévillé, famille de notaires, qui raconte en 1630, par le menu, la formation de chacun… Et, pour avoir durant des années fréquenté les actes notariés anciens, je peux vous assurer qu’ils étaient bien formés.

    Ce billet est le 76e de ce blog (la machine me moucharde, car nous sommes mouchardés de partout). Mais c’est le premier que j’ai préparé la veille. Auparavant je ne savais pas comment modifier la date automatique, alors je le faisais au jour le jour… D’ailleurs comme cela vous ne saurez plus à quelle heure je me suis levée !

    Mais au fait, ce billet contient une info merveilleuse qui fera l’objet du billet de demain. L’avez-vous vue ?

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