la civière rouleresse, petite charette à bras

Nous avons découvert ces jours-ci la civière rouleresse dans un inventaire après décès.
Lorsque j’ai consulté les dictionnaires anciens, j’ai été troublée par les explications de la civière, car souvent dite à deux roues. Vous trouvez ces dictionnaires anciens sur ma page de FAVORIS.
Je me suis alors posée la question de sa ressemblance ou non avec la brouette.
C’est le dictionnaire du Monde Rural de Lachiver, qui donne :

Civière : Engin à quatre bras, propre à transporter des fardeaux, et qui est porté par des hommes. Une civière à fumier. La brouette en quelques provinces, aussi bien en Anjou, qu’en Saintonge et en Mâconnais.

Comme l’inventaire en question était Angevin, j’avais conclu à une brouette, mais à la réflexion, cette civière rouleresse était probablement une petite charette à bras, et non à cheval, comme celles que vous allez voir ci-dessous.
D’ailleurs, dans une exploitation agricole, la charette à bras a plus sa place que la brouette, plus petite, et faite pour de plus petites exploitations, comme un jardin particulier.
Voici donc quelques charettes à bras, et une brouette, début du 20ème siècle, en Maine-et-Loire. Ces cartes postales me font penser que la civière rouleresse est une charette à bras.

Baugé
Baugé, Maine-et-Loire, avant 1914

Doué-la-Fontaine, Maine-et-Loire
Doué-la-Fontaine, Maine-et-Loire

Le Lion-dAngers, Maine-et-Loire
Le Lion-d'Angers, Maine-et-Loire

Chanzeaux, Maine-et-Loire
Chanzeaux, Maine-et-Loire

Doué-la-Fontaine, Maine-et-Loire
Saumur, Maine-et-Loire

COLLECTIONS PRIVEES – REPRODUCTION INTERDITE, Y COMPRIS SUR AUTRE LIEU d’INTERNET comme BLOG ou SITE

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet (blog, forum ou site, car alors vous supprimez des clics sur mon travail en faisant cliquer sur l’autre support, et pour être référencé sur Internet il faut des clics sur ma création) seul le lien ci-dessous est autorisé car il ne courcircuite pas mes clics.

Charettes et voitures à cheval en Mayenne, cartes postales


Ambrières – Le Buret


Changé – Château-Gontier


l’Huisserie


Craon


Gorron – Laval


Laval


Laval


Laval


Laval


Mayenne – Meslay


Pré-en-Pail – Saulges


La Selle-Craonnaise


Senonnes – Saint-Charles


Saint-Cyr-en-Pail – Saint-Denis-d’Anjou


Saint-Fort – Villaines-la-Juhel


Saint-Denis-de-Gastines – Villiers-Charlemagne

Collections privées – Reproduction interdite, y compris sur autre lieu d’Internet comme blog ou site
Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

Construction d’une maison neuve à Chazé-sur-Argos (49), 1575

Construction d’une maison de closier, à 2 chambres basses dont une seule aura cheminée

  • Le donneur d’ordre est le fermier de la terre, c’est à dire qu’il agit en tant que gestionnaire au nom du propriétaire.
  • Les caractérisques de la maison sont de 11,7 x 5,2 m de superficie intérieure, pour un mur de 0,65 m et une hauteur de 2,6 m, ce qui me fait dire que cette maison sans étage et avec une seule cheminée est une maison de closier.
  • Le montant est peu élevé, soit 140 livres, mais le maçon devra fournir les matériaux pour le prix, sauf ceux qu’il pourra récupérer à Angrie sur une autre maison.
  • L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E7.
  • Voici la retranscription intégrale de l’acte : Le 3 juin 1575, devant Grudé notaire royal Angers, furent personnellement establyz honnestes personnes sire Pierre Besnard marchant fermier de la terre et seigneurie du Bignon paroisse de Vern d’une part, et Pierre Hamelin marchant demeurant au lieu de la Paillardière paroisse de Chazé-sur-Argos d’autre part, soubzmettant lesdites parties respectivement confessent avoir fait et par ces présentes font les accords et conventions qui s’ensuyvent
    c’est assavoyr que ledit Hamelin a promys et promet et demeure tenu faire et parfaire bien et deument de toutes choses nécessaires une maison de longueur de 36 piedz de long et de largeur de 16 pieds le tout de dedans en dedans, et faire les murailles de ladite maison à pierre et à mortier, ladite muraille de 2 pieds d’épaisseur et de haulteur de 6 pieds hors terre sans y comprendre les fondements et oultre faire les pignons à muraille l’un desquels (le pied est une mesure de longueur, qui varie, et j’ignore sa valeur en 1574 à Chazé. Comme la variation est inférieure à 50 %, voici le calcul dans l’unité la plus répandue, le pied de roi, qui fait 31,483 cm, donc la maison fera 11,7 m de long et 5,2 m de largeur utiles, pour un mur de 0,65 d’épaisseur, sur une hauteur de 2,6 m, soit une petite maison basse)
    y sera tenu faire une chemynée à chaux et sable avecques ung manteau de boys
    et de faire en ladite maison ung entredeulx à coulombaige à murs à barreau et terrasse (le colombage est la cloison faite à colombage, et la terrasse le plafond avec le grenier, aussi gaîte de la même manière (voir les maisons à pans de bois). Il y a donc 2 pièces en bas, mais une seule à cheminée, l’autre est ce qu’on appelle une chambre froide)
    et le plus convenablement en la meilleure sorte et manière que faire se pourra et oultre de fournir et bailler par ledit Hamelin de toutte charpente bonne et marchande nécessaire à faire et construyre ladite maison et de faire couvrir ladite maison bien et deument de ardoyse le tout faict et parfait dedans le jour et feste de Nouel prochainement venant,
    et pour parfaire partye de ladite maison ledit Hamelin pourra prendre et accomoder en ce qui sera trouvé estre bon et convenable des vieulx merrains tant de charpente pierre et ardoyse qui proviendra de la vieille maison de la Boystardière paroisse d’Angrye (cette pratique de la récupération des matériaux était générale, à tel point que c’est ainsi que même nombre de châteaux ont disparu, servant de carrière)
    et pour tout ce que dessus faire et parfaire bien et deument par ledit Hamelin dedans ledit temps ledit Besnard a quicte et quicté ledit Hamelin déduit et rabattu audit Hamelin stipullant et acceptant la somme de sept vingt livres tournois en laquelle somme ledit Hamelin estoyt tenu et redevable vers ledit Besnard pour les causes portées et contenues par obligation faite et passée en la cour royale d’Angers par M. Grudé notaire le 23 aoust 1574 portant la somme de 500 livres tournois
    sur laquelle somme de 500 livres ledit Besnard a confessé par davant nous avoyr par cy davant eu et receu dudit Hamelin la somme de 360 livres tournois dont il s’en est tenu à contant et en a quicté et quicte ledit Hamelin tellement que ne resteroyt que ladite somme de sept vingt livres (140 livres) sur ladite somme de 500 livres,
    de toute laquelle ledit Hamelin moyennant ces présentes est demeuré et demeure quicte vers ledit Besnard lequel l’en a quicté et quicte pareillement desquelles choses dessus lesdites parties sont demeurées à ung et d’accord et à tout ce que dessus est dict tenir etc
    fait et passé audit Angers ès présence de honorable homme Me Jehan Huot Sr de la Binetterye et Guy Planchenault praticien en cour laye demeurant Angers tesmoins, ledit Huot a dit ne pouvoyr signer par son indisposition

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet (blog, forum ou site, car alors vous supprimez des clics sur mon travail en faisant cliquer sur l’autre support, et pour être référencé sur Internet il faut des clics sur ma création) seul le lien ci-dessous est autorisé car il ne courcircuite pas mes clics.

    Donation à son domestique, Corzé, 1641 : François de Chérité à Jean Mathieu

    Le contrat de travail d’un domestique était verbal, parfois en se serrant la main. Donc, les traces de tels contrats n’existent pas…

    Mais, parfois, on trouve quelques traces indirectes, comme ce fut mon cas pour mon ancêtre Faucillon, qui avait été couché sur le testament de sa patronne, pour une somme assez douillette… pour bons et loyaux services. J’ai trouvé à Corzé, cette fois sans trace de testament, une donation du vivant du seigneur, la voici :

    Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E
    Voici la retranscription de l’acte : Le 7 novembre 1641, devant Christophe Davy notaire royal résidant à Corzé, furent présents établis et duement soubzmins Messire Françoys de Cherité chevalier seigneur de Chemant en ladite paroisse de Corzé, demeurant à Angers paroisse de Saint Denis,
    lequel pour la bonne amitié qu’il porte à Jehan Mathieu son serviteur domestique et en recognoissance des bons et agréables services qu’il lui a rendus et de ceulx qu’il luy rendra à l’advenir, lui donne par ces présentes sa vie durant seulement, toutes et chacunes les rentes tant foncières que féodales et autres debvoirs qu’il lui doit à cause de sa seigneurie de Chemant pour raison des choses héritaux par ledit Mathieu cy-devant acquises de André Badin et Catherine Davy sa femme par contrat passé par Berruyer notaire royal Angers le 26 mars dernier, sans que néanmoins le décès dudit Mathieu ses hoirs et ayant cause se puissent référer du présent acte, et ils seront tenus payer les rentes de Chemant …

    Je vous avais posé une question restée sans réponse, car elle ne vous avait pas parue importante, sur le meilleur moyen qu’avait un closier pour sortir de son sort. Domestique chez un seigneur était un moyen. Certes, il y restait souvent 15, 20 ou 25 ans, mais pouvait au final, se retrouver avec un petit pécule, puisqu’il ne dépensait rien du temps de son service, par contre, il apprenait les bonnes manières, et parfois même, comme c’est le cas de mon Faucillon, il était appelé à des fonctions plus nobles. Mon Faucillon gérait manifestement la maison seigneuriale lorsque le maître était en mer, ce qui était fréquent… Il avait appris à écrire et compter, sans doute en se distinguant des autres… en gagnant la confiance… enfin, c’est ce que je suppose… et cette famille Faucillon est l’une des rares familles à avoir alors franchi la barrière sociale. Il se marie ensuite, certes moins jeune, mais fonde une famille socialement plus élevée que les précédentes… et ses descendants deviennent tous des marchands fermiers, c’est à dire des gestionnaires de biens, faisant des affaires…

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    La balle d’avoine, pour dormir dessus, et la catalogne pour se couvrir au lit

    Nous avions vu à 2 reprises des éléments concernant le lit : le fabricant de matelas, et le prix du lit selon les classes sociales. Mais la plupart du temps en Anjou, le lit est estimé garni et non au détail de chaque élément. Grâce à nos voisins du Maine, qui ont souvent le détail des prix, on sait que les éléments de la garniture sont en fait plus onéreux que le bois de lit lui-même.

    Voici un exemple, qui nous est communiqué par Elisabeth Vaillen, de Laval : Inventaire Pivert, 1700 (Archives de la Mayenne, série 3E)
    Attention, vous passez dans la retranscription de l’acte, donc en orthographe telle que dans l’acte.

  • Une catolene de sarges sufil blanche estimée 6 L
  • Une couette de lit aveq 2 petis oriliers et un traverslit le tout garnis de plume couvert de couesty fors un des oriliers qui n’est couvert que de toile pezant ensemble 40 livres pois de laize once estimé la livre à 15 s qui fait 35 L
  • Une couette de balle aveq un orillier ausy de balle 1 L
  • Une petite couette de balle et un orillier estimés ensemble à 1 L 10 s
  • Je passe à mes commentaires, dans mon orthographe actuelle. Si je précise ce point, c’est que je ne compte pas les emails quotidiens pour me dire d’un ton péremptoire : Madame sachez que tel lieu, tel patronyme, tel terme s’écrit ainsi. Mon site est entièrement fait de retranscriptions qui sont au contraire pures racines des termes.

    La catolene se comprend mieux phonétiquement, car autrefois les accents régionaux altéraient beaucoup les termes, donnant lieu à de très jolies et très diverses variantes. Ainsi les syllabes a e et o étaient souvent mélangées.
    Si on regarde bien la phrase, on sait qu’elle est en serge, et vous savez maintenant que le  »sarger » aliàs  »sargier » travaille la laine. Maintenant, si vous étudiez phonétiquement catolene, vous obtenez la catelogne ou

    catalogne : couverture de laine, sans doute appelée ainsi à cause de son origine. On écrit aussi chatalongue, castellongne, et à Avranches au 18e siècle on trouve castalloine (M. Lachiver, Dict. du monde rural, 1997).

    Je ne compte plus les variantes orthographiques que j’ai rencontrées, toujours est-il qu’elle est le plus souvent présente.
    Donc, notre catolene est la couverture de laine sur fil. Je crois savoir que de nos jours nous avons la couverture toute laine (ou alpaga, ou cachemir ou autre), de coton, et enfin plus récemment de polaire. On peut regarder la catolene comme leur ancêtre, si je peux m’exprimer ainsi.

    Les lignes suivantes sont fort intéressantes, car on a dans les trois cas le terme couette mais l’une garnie de plume les deux autres de balle. Celle de plume est l’élément le plus coûteux. Et, comme la plume est légère, gageons qu’elle est dessus, et sert donc de couverture. C’est d’ailleurs ce que va nous démontrer la présence des autres couettes.

    Les deux dernières couettes sont dites de balle. Le terme balle a tant de sens, que celui qui nous concerne disparaît dans une multitude d’explications. Je connais son sens, entre autre parce que j’ai travaillé durant 2 ans dans l’un des plus grands moulins d’Europe sur le Rhin à Cologne. Cet immense moulin, sur 12 niveaux, est un souvenir merveilleux pour moi, car comme souvent en Allemagne on se déplaçait par Pater Noster, c’est à dire espèce d’ascenceur sans porte et qui ne s’arrête pas. Mais celui du moulin était aussi sans cloisons, et en demi-cercle. Fabuleux, tout bonnement fabuleux… Enfin, pas la première fois, car j’ai eu tout bonnement la trouille : pour une Française le Pater noster est toujours une découverte, mais celui-ci était une très impressionnante découverte, on voyait le vide des 12 étages en regardant par terre. En tant qu’employée chimiste au labo, au 12e étage, vue imprenable sur le Rhin et Cologne, je devais faire mes prélèvements quotidiens moi-même, avec le Pater Noster.

    Donc la balle est un sous-produit des moulins, c’est l’enveloppe du grain. La couette de balle est une sorte de poche de toile remplie de balle. La balle donne son nom aux couettes remplies de balle, aussi voici en Anjou ce que donnent les dictionnaires :

    Ballière : couette de balle d’avoine (Charles Ménière, Glossaire angevin, 1880)
    Baline, balline : large poche remplie de balles d’avoine pour le lit (Henri Boré, Glossaire du patois angevin, 1988)
    Ballin : petite paillasse bourrée de balle d’avoine et de guinche pour un berceau cf. ballo, pissou (Cerle J. Ferry, Laval, Lexique du patois vivant, 2001).
    Ballée : en Anjou, matelas rembourré avec des balles d’avoine. On dit aussi balline, ballière (M. Lachiver, Dict. du monde rural, 1997)

    Vous avez vu au passage le pissou, terme parlant. En effet, pour les enfants, on remplaçait aussitôt la balle d’avoine.
    La couette de balle est donc ce qui est dessous, et qui sera progressivement remplacée par le matelas de laine, puis de mousse, de ressorts…. Et bien entendu il s’agit le plus souvent de balle d’avoine, d’où le titre de mon billet. Elle a disparu avec la disparition du monde rural et l’urbanisation, et l’invention de la mousse de synthèse etc…, mais beaucoup s’en souviennent encore…, l’utilisent encore…
    Pour les autres termes, vous êtes grands, et au cas où vous souhaiteriez des définitions, voyez mon lexique des inventaires en Haut-Anjou.

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    Retraite d’une veuve chez son gendre, Jacques Justeau, maréchal en oeuvres blanches, 1708

    Meubles et location de la chambre, à La Chapelle-sur-Oudon, 49 (Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E)

    Après le décès de son époux Jean Bodard, maréchal en oeuvres blanches, Suzanne Lespron, mon ancêtre, s’était retirée chez son gendre Justeau, aussi maréchal en oeuvres blanches. Elle avait fait dresser la liste de ce qu’elle y avait emporté, et mieux, l’acte donne à la fin, le montant du loyer annuel versé à Justeau, 4 livres. Cet acte illustre le sort des veuves, et aussi le coût de la vie par des exemples concrets, ici le loyer de la chambre par an. Il nous livre également la présence d’un fils infirme.

    Voici la retranscription de l’acte : Le 11 septembre 1708, dvt Claude Bouvet Nre Royal Segré, h. personne Suzanne Lespron veuve de †Jean Bodard vivant maréchal en œuvres blanches demeurant au village de Vrezée (c’est ainsi qu’on appelait autrefois la Verzée) à La Chapelle-sur-Oudon, gisant au lit malade mais par la grâce de Dieu saine d’esprit et de mémoire et d’entendement, laquelle craignant qu’après sa mort ses enfants vinssent du différent entre eux à cause des meubles qui sont en la maison de Jacques Justeau maréchal en œuvres blanches son gendre où elle est détenue malade, pour y obvier elle déclare avoir les meubles qui suivent

  • un lit garni où elle est à présent gisante dont le demi-tour est de Tirtainne garni de franche et franchette de soie, une couverture blanche plus que demie usée, une couette, un traverslit, et un oreiller le tout ensouillé de couetty, paillasse et charlit,
  • une paire de prisse (genre d’armoire) de pommier fermante à deux fenêtres, & de clef,
  • un bois de couchette couette et paillasse un traverslit de peu de valeur,
  • une table ronde de bois de noyer,
  • un charlit de bois de noyer (écrit noier), une couette ensouillée de couetty et un traverslit ensouillé de toille,
  • une poisle à frire, un grand poislon, et une passette d’airain, un rond aussi d’airain, une marmitte de fer avec son couvercle d’airain, deux petits chaudrons percés, et un autre petit chaudron, le tout de cuivre,
  • deux petits chenets, une crémaillère (écrit cramaillère), une broche à rostir, le tout de fer,
  • un vieil cabinet,
  • une vieille huche,
  • deux lampes et deux chandeliers de potin, l’une desquelles lampes est raccommodée de fer,
  • 19 livres d’étain, tant creux que plat, (c’est la vaisselle, toujours estimée au poids)
  • 8 draps de toille de brin et reparon, dont 2 usés,
  • 14 chemises à l’usage de ladite établie, desquelles il y a 9 presque neuves, et les autres plus demi-usées,
  • 3 nappes de brin,
  • une demi-douzaine d’essuismains,
  • 3 souilles d’oreillers, et 4 serviettes,
  • 16,5 livres de laine filée laquelle laine ladite établie déclare employer à faire faire de l’étoffe …,
  • plus 1 autre bois de couchette garnie d’une couette,
  • 1 traverslit, … lodier et paillasse qu’elle dérire relaisser à Pierre Bodard son fils, qui y est gisant infirme,
  • 6 chaises de bois foncées de jonc desquelles il y une de bois de chêne,
  • 2 futs de pippe de peu de valeur,
  • 1 fut de busse et quart de pippe,
  • 1 rouet à filer,
  • 1 saloire (écrit salouer) … à vanner, 1 crocher de fer, à pecher,
  • le tout qu’elle veut être partager entre sesdits enfants après son décès, ce que ledit Jousteau et Suzanne Bodard sa femme ont reconnu devant nous avoir vu en ladite maison,
    voulant au surplus ladite Lespron que son testament passé devant †Me René Guyon notaire royal audit Segré le 27.11.1703 soit exécuté selon sa forme … laquelle exhorte sesdits enfants de discuter leurs droits dépendant des biens qu’elle leur relaisse le plus pacifiquement que faire se pourra,
    fait et passé au village de Vrezée maison dudit Jousteau en présence de François Bodard marchand et de Jean Bodard maréchal en œuvres blanches enfants et gendre de ladite établie, et encore de François Bodard Me cordonnier et Louis Bigot tailleur d’habits à Segré,…
    et à l’égard du louage de la chambre qu’elle occupe chez ledit Justeau et femme, ils ont convenu entre eux et ladite Lespron s’oblige leur payer de louage par chacun an 4 L, et entretiendra ladite chambre bien carrelée (AD49)

    Si je compte bien, il y a 5 lits dans la pièce, et elle dort donc seule, son fils handicapé aussi, et sans doute une servante. C’est rare de voir autant de lits devenus individuels, je suppose que ce sont les lits qui ont fait toute la vie de Suzanne Lespron, devenus vides depuis le mariage de ses enfants et son veuvage, mais qu’elle a conservés jusqu’à la fin de ses jours. D’ailleurs, tout le reste semble bien être tout ce qu’elle avait du temps de son époux et dont elle ne se sépare pas encore. Il semble que la présence d’un fils handicapé a fait que ses enfants n’ont rien partagé de ses meubles de son vivant, car généralement, les veuves se ratatinent beaucoup.

    En ce WE de Pentecôte, vous vous reposez, mais préparez vous à un billet extraordinaire : Lors d’une succession, prenez une hôtellerie, un serrurier, un orfèvre… et vous allez vivre un moment haut en couleurs, rarissime dans un acte notarié… car vous pouvez ajouter une grande dose de mystère, mieux que dans n’importe quel roman.
    Je suis en train de le préparer, malheureusement, je ne peux laisser le titre (la fameuse case en haut, et le sous-titre), en forme d’énigme, car les moteurs du WEB n’analysent pas la recherche des trésors et les énigmes, mais bien des termes plus substantiels, donc vous aurez la réponse dans le titre… désolée de cette forme concrète des méthodes du WEB. Mais sincèrement préparez vous à une affaire rocambolesque…

    A ce propos, savez-vous que ce site est visité par des auteurs, qui glanent la vie d’antan pour leurs écrits. Eh bien, ils ne vont pas être déçus, vous aussi d’ailleurs…

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.