Le lit à travers les classes sociales

Toujours collectif, il est estimé garni, et coûte de 200 à 10 L en 1700, de la classe aisée au domestique ou paysan peu aisé, mais c’est le meuble indispensable et la pièce maîtresse du mobilier.

Dans cette catégorie NIVEAU de VIE, vous allez découvrir, au fil de ces billets, les éléments du coût de la vie, et de véritables indicateurs économiques. Nous avons vu que le logement était considérablement moins onéreux que de nos jours (sans eau, électricité, gaz, chauffage central), qu’il avait cheminée pour faire cuire les aliments et accessoirment se chauffer, mais pas de vitres au fenêtres de la grande majorité des Français.
Je vous invite à découvrir quelques meubles et je commence par le lit. Sa principale caractérisque est d’être collectif, et surtout pas individuel : même à l’hostellerie, on y dort à plusieurs.
J’ai dépouillé beaucoup d’inventaires, et les lits ci-dessous sont uniquement pour vous habituer à différencier les classes sociales. D’ailleurs, dans les 3 premiers cas, le lit est dans la chambre haute, ce qui signifie un minimum d’intimité, laquelle n’existe pas à partir du métayer, René Bouvet qui suit.
Les lits sont décrits garnis, et les éléments qui composent la garniture sont amplement énumérés dans mon LEXIQUE DES INVENTAIRES, mais je vous en ferai un billet spécial si les couvertures et rideaux vous branchent… Mais au fait, les rideaux sont là pour clore le lit et être à l’abri des courants d’air puisque les volets de bois n’assurent pas l’isolation. D’ailleurs on porte même un bonnet de nuit aussi…

Voici quelques exemples, de la classe très aisée, à la plus pauvre, le lit principal (il y en a toujours tout plein d’autres) :

  • Jacquette Lefebvre, décédée en 1575, femme de Jacques Ernault Sr de la Daumerye, conseiller et juge magistrat au siège présidial d’Angers, et fille de François Lefebvre de Laubrière et Roberde Bonvoisin, Angers, 1575 : un grand charlit (celui-ci est dans la chambre haute, mais il y en a un assez indentique dans la salle basse, et pour les amateurs de petite histoire, Mr le conseiller Ernault possède une hallebarde, mais elle est près du lit de la chambre haute. Aurait-il à craindre des malfrats ?) de bois de noyer (bois noble) fait à grosses quenouilles tournées et cannelées et les costés et pieds à voyses et godronnées (Voyez ci-dessous les commentaires qui expliquent les godrons) enrichy et garny d’une corniche par le hault aussi enrichye de toile et garni de sa carrye et à corde sur lequel charlit y a une couette de grand lict garnye de son traverlit et vestue de chacun une souille de lin le tout garny de bonne plume avecque deux mantes l’une blanche et l’autre verte (la couleur verte est souvent présente lorqu’il y couleur dans le lit, je ferai un billet sur les couleurs) presque neuve avecque 4 pantes de ciel d’estame verd garny de sa frange et frangette de lin vert ensemble 3 grands rideaux et ung petit de serge verte le tout presque neuf 88 L (attention, ceci est en 1575, et compte tenu de la déflation sur un siècle suivant, vous pouvez multiplier par deux pour comparer les prix ci-dessous)
  • René Richard, ancien conseiller du roi au grenier à sel de Pouancé, décédé en 1730 veuf d’Elisabeth Hiret, décédée en 1725 à 76 ans : charlit de bois de noyer (c’est le bois noble) garni de son fond foncaille paillase et vergettes, une couette de plume d’oye ensouillée de coutty, un travers-lit et oreiller pareil, un matelas fourré de laine et crin, une mante de catalogne blanche, une courtepointe de toile peinte picquée, un tour de lit de serge couleur brune bordé d’un ruban couleur aurore 100 L
  • Antoine Pillegault Sr de l’Ouvrinière, Dt à Angers possède aussi une maison de campagne à la Maboullière au Bourg-d’Iré, 1704 : 1 bois de lit ancien et ses vergettes, garni d’une paillase, couette, traverses de lit, le tout ensouillé de toile, matelas (rare, et pourtant il ne s’agit que de sa résidence secondaire), courtepointe d’Indienne picquée, rideaux et pants d’étamine rouge rayée de noir (tout le mobilier d’Antoine Pillegault est raffiné et suit les nouveautés, ici on remarque l’Indienne et les rayures rouge et noire, et le tout était surement du plus bel effet) 78 L
  • René Bouvet métayer à la Gerbaudière paroisse de Montreuil sur Maine, 1690 : un charlit de chêne (c’est le bois solide, qui fait plusieurs générations) à quenouille carrée (écrit « quarée », et cela n’est rien à côté de tout ce qu’il m’a fallu déchiffrer dans tous les inventaires qui sont en ligne.), une couette (écroit coitte) de plume ensouillée de coutil (écrit coittis), 2 traverslits aussi en plume ensouillés de toile, 2 draps de toile de réparon mesurés de 6 aulnes le couple, une mante de beslinge gris presque neufve, un demi tour de toile de brin plus que mi usé avec son chef de fil, un vieil linceul servant de font 30 L, mais il y a 3 autres lits dont 2 de cormier et poirier, et un de chêne, soit 4 lits dans la chambre (il faut vous y faire, c’est le terme pour ce que nous appelons « pièce »), et pour un total de 106 L.
  • Maurice Debediers, métayer Saint-Julien-de-Vouvantes, 1766 : Un lit à 4 quenouilles garni d’une couette, 1 traversier, 2 draps, 1 vieille couverture de beslinge, avec des rideaux de toile teinte (écrit tainte) 27 L (Le métayer est la classe paysanne aisée, passons à un paysan moins aisé.).
  • François Gohier laboureur à la Maisonneuve à Pouancé 1737 : Un bois de lit de bois de cerisier garni de 2 couettes, 3 traverslits, 1 oreiller ensouillé de toille, 1 lodier gani de filasses , 1 mauvaise couverture de meslinge avec ses rideaux de serge de Can ( pour Caen) verte 15 L (La Maisonneuve est une maison manable, à deux chambres hautes à cheminée renaissance chacune, construite vers 1575 par la famille Hiret que j’ai tant étudiée, et peu après baillée à ferme à moitié à un closier qui vit en bas, et a transformé durant des siècles les 2 chambres hautes en grenier à récolte.)

  • Fenêtres des chambres hautes de la Maisonneuve, en 1997 : à gauche dimensions conservées, avec sa grille, et à droite, la seconde fenêtre, qui avait été transformée en porte d’accès extérieur aux chambres devenues grenier à récolte.

  • Et les domestiques ? ?
  • Les domestiques ont bien entendu une catégorie en dessous, donc mettez 10 L pour leur lit. Et, lorsqu’il s’agit d’une maison manable, c’est à dire dans laquelle les maîtres dorment en haut dans la chambre haute, la ou les domestique(s) dorment dans la salle basse, et si celle-ci est divisée en salle basse et cuisine, ils dorment dans la cuisine. Les vagabonds, et autres routiers dorment sur la paille de la grange.

  • Et les enfants ?.
  • Attention, vous allez revecoir un choc.
    Moi-même, après le choc que j’avais reçu (je n’étais pas la seule) lors de la visite de la Bintinaye (pourtant l’odeur en moins, et il faudrait leur suggérer de l’ajouter), qui donne une idée impressionnante de la salle collective d’alors, j’ai eu un second choc lorsque j’ai lu l’ouvrage de François Lebrun Les hommes et la mort en Anjou aux 17e et 18e siècles, Flammarion, 1675.
    François Lebrun y traite de la fréquence des décès d’enfants en ces termes :

    « Comment voir disparaître autant d’enfants au berceau – un sur quatre en moyenne avant l’âge d’un an – sans considérer le fait non comme un scandale, mais comme un événement aussi inéluctable que le retour des saisons ? Cela est si vrai que l’on n’essaie même pas de prendre pour les nouveau-nés ce minimum de précautions qui aurait évité peut-être certaines morts prématurées. Les statuts synodaux du diocèse doivent interdire de faire coucher les enfants de moins d’un an avec les grandes personnes et classent, parmi les cas réservés, la suffocation d’enfant arrivée fortuitement dans ces conditions ; le renouvellement d’une telle interdiction aux 17e et 18e siècles prouve que des accidents de ce genre continuent à se produire.» Ainsi, nous seulement on les emmène à l’église le jour de leur naissance, ce qui en élimine déjà quelques uns… mais on continue donc en les étouffant dans le lit collectif.

    Vous aussi, vous en avez le souffle coupé ! Alors relisez ce qui précède, car vous avez bien lu, les nouveaux nés étaient mis dans le grand lit collectif. Et je confirme qu’au cours des nombreux inventaires après décès que j’ai dépouillés, je n’ai vu qu’une seule fois une bercouère. Ce qui signifie qu’il n’y en avait pas et qu’on pratiquait pour les nouveaux-nés le lit collectif.
    Les autres enfants jusqu’à leur majorité, étaient réunis dans un grand lit, voire 2 grands lits lorsqu’ils sont très nombreux, mais il n’existe pas de lits pour enfants.

    La garniture viendra une autre fois, car le coffre va suivre. Au fait, à quoi sert-il le plus souvent ?

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

    Prix de construction d’une charpente neuve, Mozé, 1683

    Ma grand’mère, née en 1886, disait qu’elle avait traversé une époque remarquable :

    elle avait connu l’arrivée de l’eau courante et potable, l’électricité, le train et l’automobile.

    Dans les années 70, lors de mes longues traversées nantaises en autobus, il m’est arrivé de saisir au vol des conversations, dont celle de ces 2 femmes, parlant des jeunes. Elles avaient l’âge de ma mère, c’est à dire nées dans les années 1910. Elles devisaient sur tout ce qui avait tellement changé que les jeunes (des années 70) avaient la vie facile et en particulier tout oublié du mode de vie qu’elles avaient connu :

    elles citaient leur jeunesse sans eau, sans toilettes autres que dans le jardin etc…

    J’ai personnellement vécu 1 an sans chauffage, ni eau courante : étudiante je louais une chambre haute dans un manoir du 15e siècle, et je montais tous les soirs mon broc plein et mon seau hygiénique vide, puis j’ai vécu encore 3 ans sans chauffage à l’époque où je travaillais. C’était dans les années 50 et 60.

    Nos logements ont en effet connu une telle évolution au 20e siècle que beaucoup aujourd’hui n’ont plus aucune idée de ce qu’il fut autrefois. Mais moins de confort, c’était aussi beaucoup moins cher. Nous payons aujourd’hui le confort !

    Lors de mes recherches dans les archives notariales, j’ai toujours été frappée par le coût peu élevé des travaux de construction et rénovation, et des prix de vente des maisons. Non seulement nous ne construisons plus sans tout un tas de règles de confort, mais pire, notre époque est marquée par la spéculation délirante. Le but de ce billet est de vous rappeler que nos ancêtres ont connu un tout autre logement.
    Pourtant, autrefois les constructions étaient faites pour durer des siècles, alors que nous construisons de nos jours l’éphémère.
    Ceux qui voudraient convertir les livres d’antant en euros actuels pour comprendre un budget logement, tenteraient de comparer des choses incomparables. Pour la construction d’une maison sans chambre haute : cas du logement des métayers et closiers :

      1-Enlever les frais d’architecte, inutile autrefois pour les maisons d’agriculteurs, que le maçon et le terrasseur savaient faire eux-mêmes.
      2-Enlever le prix du terrain, car aujourd’hui il est spéculatif et hallucinant, ce qui n’existait pas autrefois.
      3-Enlever l’électricité
      4-Enlever toute la plomberie : pas d’eau courante pas de gaz, pas de salle de bains, pas de latrines, pas de cuisine, pas de chauffage (cuisine et chauffage sont assurés uniquement la cheminée).
      5-Enlever les vitres aux fenêtres.
      6-Enlever le carrelage au sol : le plus souvent terre battue.
      7-Enlever les cloisons : tout le monde ensemble dans la grande salle basse, qui est salle à tout faire. Et dans la foulée, enlever les papiers peints, etc…
      8-Prendre tous les matériaux sur place : en Haut-Anjou, pays de schiste ardoisier et de grès roussard, pas de problème.
      9-Tout est recyclé : la pierre des châteaux (demandez à ceux de Noyant-la-Gravoyère et de l’Isle-Baraton toute proche !), et celle des maisons en ruines (j’ai trouvé des contrats qui le précisent), mais aussi les charpentes comme dans le contrat ci-dessous.
      10-Enlever les charges sociales (pas d’assurance maladie, pas de retraite etc…)
      11-Par contre construire une grande cheminée dans la salle basse, laquelle recevra l’air nécessaire à sa ventilation par la fenêtre, laquelle fenêtre sera donc située de manière à favoriser le feu.
      12-Pour séparer le grenier de la salle basse, seulement des poutres et ce qu’on appelle une terrasse.
      13-Les réparations de la terrasse et de la couverture sont aux frais du preneur du bail (nous les verrons prochainement) et représentent généralement quelques journées de travail par an.
      14-Pour une ou deux chambres hautes, dans une maison manable (manoir, gentilhommière…), ajouter un escalier et les cheminées des chambres hautes. Au fait, les pièces se nomment chambre basse et chambre haute, le mot chambre étant équivalent à notre pièce, à ceci près que son usage n’est pas différencié, et qu’on fait tout en milieu rural dans la chambre basse : dormir, cuisine, manger, vivre etc…

    Voici un marché de charpente, qui vous donnera une idée du prix de la construction, fort peu élevé. Attention, il concerne 3 chantiers de réparations différents :
    Le 25 août 1683 avant midy, par devant nous René Rontard notaire de la baronnie de Blaizon, résidant à Mozé, furent présents en leurs personnes establis et soumis sous ladite cour chacun d’honorable homme André Aubert marchand bourgeois de la ville d’Angers, et y demeurant, paroisse de St Pierre, d’une part, et Jean Bernier charpentier demeurant au village de la Roche paroisse dudit Mozé d’autre part, entre lesquels a été fait le marché qui ensuit, c’est à savoir que ledit Bernier s’est obligé faire pour ledit Sr Aubert, toute la charpente d’un corps de logis appelé la Hairarye en cette paroisse où demeure François Benoist, de longueur de 44 pieds (soit 14,30 m) ou environ qui est d’y mettre à neuf 33 chevrons, 2 sabliers, 2 filières, un tirant et un poinçon avec ses liens et branchettes, et le faîtage et au surplus se servira de la vieille charpente en ce qui s’en trouvera qui pourra servir, qu’icelui Bernier reliera avec le neuf et la posera en sorte qu’il y ait 4 chevrons sous latte, et audit lieu, il étaiera le plancher de la principale chambre pour le soutenir pendant que l’on maçonnera et refera le pignon où est la cheminée en sorte qu’il ne tombe, et encore de faire et retailler pour ledit Sr Aubert la charpente sur une chambre de maison sise à Bourneuf paroisse de Mûrs de longueur de 25 pieds en laquelle charpente s’oblige y mettre à neuf le nombre de 15 chevrons, 2 filières, de longueur dudit bâtiment et un chevron vieil sur l’étable dudit lieu, même un étaie sous la poutre de ladite étable, et au surplus de ladite charpente, se servira de la vieille charpente et fera en sorte qu’il y aura 4 chevrons sous latte, pour tout quoi faire se fournira de tout bois pour ce faire pour ce qui regarde le neuf et comme aussi de faire à neuf un écrou et une vis et un futeau qu’il posera et mettra au pressoir du lieu de la Farferye après qu’icelui Sr Aubert l’aura rendu à place cela étant fait ledit Bernier s’oblige de mettre et poser lesdits écrou, vis et fusteau dans 15 jours prochainement venants, et quant à l’esgard des autres charpentes cy-dessus promet et s’oblige les rendre faites et parfaites bien et duement comme il appartient dans le 15e jour de novembre prochain, et pour lesquels besogne et charpente iceluy Sr Aubert promet et s’oblige payer et bailler audit Bernier scavoir pour le lieu de la Hairearye la somme de 105 livres, pour le lieu de Bourneuf 47 livres et pour la Farferye 18 livres, sur laquelle somme iceluy Sr Aubert en a payé audit Bernier la somme de 36 livres 10 sols et le surplus de ladite somme icelui Sr Aubert promet et s’oblige la payer audit Bernier en travaillant payant fin de besogne fin de payement, ce qui a été ainsi voulu consenti, stipulé et accepté, et à ce tenir etc obligent etc renonçant etc dont etc fait et passé au bourg dudit Mozé maison dudit Sr Aubert en présence d’honorable homme Claude Rondeau Me chirurgien et Jacques Benoist marchand serger demeurant à Mozé témoins à ce requis et appelés, ledit Sr Bernier a dit ne savoir signer. Constat, accordé en faveur dudit marché qu’icelui Bernier passera un pan de bois qui y est présentement pour faire séparation du grenier audit lieu de la Harearye en l’endroit où il y sera marqué aussi pour faire séparation dudit grenier afin d’en faire deux en lequel pan de bois icelui Bernier y laissera la place d’une porte de largeur de 2 pieds 8 pouces. Signé Aubert, Benoist, Rondeau, Rontard

    Plus nous avons de confort et de spéculation sur les terrains, plus nos logements coûtent cher… et plus nous laissons d’exclus… Voyez tout le mal que se sont donnés Mr Borloo et Mme Boutin… Et, dans tous les cas, il serait vain de convertir des livres de 1623 en euros pour comprendre le prix d’une maison de nos ancêtes. Pour comparer, faut-il encore que les choses soient comparables…

    Vous pouvez visiter sur mon site de nombreuses montrées de l’habitat, lors de baux à ferme, en particulier le bail des terres dépendant de Mortiercrolles, situé autrefois en Haut-Anjou, aujourd’hui en Mayenne.

    La propriété d’un bien foncier autrefois : l’exploitant agricole est rarement propriétaire de l’exploitation

    Ce blog illustre uniquement le Haut-Anjou, parce que je le connais, et je ne parle que de ce que je connais pour l’avoir longuement étudié dans les archives notariales et autres archives. Rien ne sort sur ce blog d’un quelconque wiki ou forum, et autres lieux internautiques où n’importe qui a droit de dire n’importe quoi.

    Ce qui caractérise la France de l’Ancien Régime, c’est d’abord l’extrême diversité entre provinces, voire même à l’intérieur d’une province : diversité de droits, coutumes, mœurs, logements, type d’exploitation, de cultures, vocabulaire, accent… etc… Il en résulte très souvent tant de différences sur un seul terme, que vous ne pouvez rien extrapoler hors du Haut-Anjou… voire m’écrire qu’il y a une erreur sur mon site parce que vous avez tel ou tel sens… et que j’en ai un autre. Consultez d’abord le Dictionnaire du Monde Rural de Lachiver, et vous constaterez que chaque mot peut avoir beaucoup de sens différents selon le lieu et l’époque…

    Le présent billet s’efforce de répondre pour le Haut-Anjou à la question

      « mon ancêtre achète en 1623 un bien de 300 livres, à quoi cela correspond ? »

    La question est incomplète car une partie de la réponse est dans cet acte, puisque tous ces actes spéficient clairement lieu, type de terre et superficie ; ces 3 paramêtres sont bien plus utiles que le montant en livres pour comprendre la réponse. Nous allons voir pourquoi, nous étudierons successivement : l’hémorragie du monde agricole, qui possède la terre agricole, comment et pourquoi placer ses économies.

  • 1-L’hémorragie agricole
  • La population agricole était de 80 % en 1800, 50 % en 1870, 36 % en 1945 et seulement 6 % en 1990. Autrefois majoritaire, elle constitue donc la majorité de nos ascendants.

  • 2-Propriété de la terre agricole
  • L’exploitant agricole d’autrefois est rarement propriétaire de l’exploitation. Celle-ci est appellée métairie et closerie en Haut-Anjou, la métairie étant environ le double de la closerie voire plus, en surface, en revenus, et en valeur de cession foncière. Dans les régions très voisines, pour lesquelles il existe des études, on estime que 75 à 80 % des terres agricoles sont sous bail soit à ferme (louage) soit le plus souvent à moitié. (j’y reviendrai). Mais je n’ai encore jamais trouvé d’exploitant en Haut-Anjou qui possède son exploitation.

    Selon Annie Antoine, « Fiefs et villages du Bas-Maine au 18e siècle », Editions Régionales de l’Ouest, Mayenne, 1994, le clivage richesse/pauvreté ne recouvre pas le clivage propriétaire/exploitant,

    et selon R. Dupuy « Structures foncières en Haute-Bretagne à la fin de l’Ancien Régime, Pierre.51-55 in Actes du colloque franco-québécois, Rennes-Québec, 1985, « le clivage majeur nous semble plutôt opposer les pauvres, qu’ils soient tenanciers ou propriétaires, aux riches, également fermiers ou propriétaies ou les deux à la fois. » (j’y reviendrai)

    Or, de temps, y compris de nos jours, une exploitation agricole doit avoir une surface minimale pour être rentable. Nous arrivons donc à la notion de surface plutôt que de valeur monétaire.

  • 3-Comment placer ses économies
  • Nous venons de voir qu’environ 20 % de la terre n’est pas aux mains de gros propriétaires bailleurs des exploitations agricoles. Ces 20 % sont constitués de lopins d’une à plusieurs boisselées, fréquemment des rangs de vigne aussi, et assez souvent exploités en direct. Ces propriétaires sont artisans ruraux, petits hobereaux, et agriculteurs (métayers, closiers, laboureurs).
    En effet, si l’exploitant agricole n’est pas propriétaire de son exploitation, il possède souvent quelques lopins, ou quelques rangs de vigne, pour son utilisation personnelle. Ces lopins sont en quelque sorte le placement de quelques économies, exactement comme de nos jours vous placez les vôtres sur un livret ou autre placement sûr. Ces lopins pouvaient parfois se montrer fort utiles, en cas de coup dur (tout comme votre livret A d’ailleurs…). Ainsi, lorsqu’un proche parent était arrêté en flagrant délit de faux-saunage, s’il n’était pas rédiviste, il pouvait négocier sa liberté contre une amende, souvent de 200 livres. Immédiatement, tous les proches alertés se retrouvaient chez le notaire et vendaient des lopins pour payer cette amende.

      Merveilleuse solidarité !

    Donc, en l’absence de banque autrefois, ces petites cessions de lopins de terre sont des placements d’économies, et ce sont des placement sûrs, ce qui ne gâche rien. C’était en quelque sorte le livret A de l’époque, qui rapportait un peu puisque ces petits lopins permettent de compléter un peu les revenus puisque cette fois les fruits vont entièrement à l’exploitant. Citons le cas de la vigne, que j’ai étudiée au moins jusqu’à Château-Gontier, qui est toujours possédée par quartiers ou rangs par de multiples petits propriétaires, car je le répète, autrefois il était moins dangereux de boire du vin que de l’eau… alors chacun tentait sa production…
    Et puis, et cela est totalement oubliée des générations actuelles, autrefois, on dotait ses enfants au mariage, donc les parents devaient économiser en plaçant dans le seul placement alors connu : un lopin de terre, parfois une petite maison… C’était même la principale destination des économies…. J’y reviendrai très longuement.

  • 4-Conclusion
  • Donc, votre ancêtre a placé ses économies de l’année, comme vous placez sur le livret A. Mais hélas, la comparaison avec le livret A s’arrête là, car de nos jours lorsqu’on économise sur lui ou ailleurs, on peut espérer (on le peut) acheter un jour un bien cette fois plus important comme un appartement, (le fameux apport personnel) etc… Autrefois, ceci n’était pas vrai. Ces populations rurales besogneuses avaient tout juste le temps de parer aux coups dur et de doter leurs enfants avant de disparaître, et tenter de leur procurer un statut comme le leur, mais jamais ils ne montaient socialement, sinon par une autre voie. J’ai dans mes ascendants un exemple, qui fera l’objet d’un billet. Mais ne rêvez pas, c’était rare… voire rarissime… Essayez de deviner la voie… Réfléchissez bien, vous pouvez y parvenir…
    J’ai mis sur ce site un grand nombre de rôles de taille, de contrats de mariage, d’inventaires après décès, et je vais vous faire des tables d’équivalence en autres biens de la même époque, ainsi le lit de chêne du métayer vaut 30 livres lui aussi.

    La prochaine fois je traite le coût d’une maison pour les petits artisans propriétaires. C’est important avant de passer aux meubles nécessaires. Et j’espère qu’au fil de ces billets vous pourrez devenir capables de gérer un budget de l’époque, sans passer par 2008 où les comparaisons ne sont bonnes à rien.. Ainsi, la terre est le bien qui est le plus incomparable : nous avons maintenant n’importe quel prix au m2, avec un facteur hallucinant, qui s’appelle la spéculation. Ainsi personne ne peut dire ce que vaut un m2 en France, tant les différences donnent le vertige. Ces différences n’existaient pas autrefois, seule la qualité agricole de la terre donnait quelques différences, minimes, au regard des abimes que nous connaissons de nos jours…

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.

    La maison à chambre haute pour les gentilshommes et bourgeois,

    et la maison sans chambre haute des agriculteurs, autrefois

    J’ouvre une nouvelle catégorie (en colonne de droite) NIVEAU DE VIE, terme que je préfère à VALEUR DE L’ARGENT parce que je compte vous exprimer comment on vivait selon les métiers etc… Il est vain de vouloir transposer en monnaie actuelle le prix puisque le contenu des dépenses est totalement différent. A titre d’exemple, il est indispensable au 17e siècle d’avoir un ou plusieurs coffres, fermant si possible à clef. Or, le coffre a quasiement disparu de nos jours, donc à l’image du coffre, comprenez bien que ce qui importe c’est de comprendre ce qu’il faut pour vivre et combien cela coûte à l’époque par rapport au budget de l’époque. Il faut donc appréhender le contenu des dépenses, et du budget d’alors, et même où trouver et acheter etc… ce qui est aussi important que le prix, vous en conviendrez, donc cette rubrique sera aussi un peu l’annuaire du qui fait quoi.

    Au fil de cette rubrique, je tenterai de distinguer le nécessaire et le superflu. Je voulais commencer par le lit, et j’allais le faire, lorsque j’ai constaté que je mettais la charue avant les bœufs, car ce qui surprend le plus dans les modes de vie d’antant c’est le type de maison, et l’endroit où sont les lits. Pire, au-delà du type de maison, c’est le mode de vie dans cette maison.
    Je m’explique :
    Nombre de gentilshommes ou bourgeois ont construit des maisons manables dans leur campagne d’origine, fin 16e siècle. Les nombreux auteurs s’entendent à reconnaître un nom comme maison manable ou gentilhommière, à tout ce qui a des chambres hautes avec cheminée et un escalier fut-il en tour ou inclus par la suite dans le corps de maison, alors que toutes les autres maisons étaient basses.
    Dans les baux à ferme en Anjou, elle est souvent nommé maison de maître, et, plus récemment manoir.

    Mais, ces mêmes gentilshommes durent rapidement trouver un office à la ville, à Angers, voir Tours ou Paris, car leurs revenus fonciers ne leur permettaient plus d’assumer leur train de vie (ou, quand ils sont restés à la campagne, ils se sont appauvris, et à ce sujet voyez : NASSIET Michel, Noblesse et pauvreté, la petite noblesse en Bretagne, 15e-18e siècle, Archives historiques de Bretagne, 1997
    Quittant leur campagne pour la ville, ils louèrent par bail à moitié, leurs terres et maison à un agriculteur, qui eut souvent pour logement la maison de maître. Durant des siècles, ces agriculteurs ont vécu au rez de chaussée de la maison, et les chambre hautes étaient grenier à foin ou céréales.
    Dans les années 1990, visitant de telles maisons manables faisant office depuis 4 siècles de logement de l’agriculteur, j’ai rencontré encore de tels agriculteurs, et vu des mes yeux vu, qu’on vivait encore uniquement au rez de chaussée à la fin du 20e siècle, dans ses ex-maisons manables…
    Ceci signifie clairement qu’il y a eut un mode de vie du monde agricole, probablement allant à l’économie de chauffage, et l’harmonisation des modes de vie entre eux. D’ailleurs, un agriculteur qui aurait le mauvais goût d’installer son lit dans la chambre haute, aurait sans doute été la risée de ses confrères…
    Dans le même ordre d’idée, il y a une vingtaine d’années, j’ai visité avec des généalogistes l’écomusée de la Bintinaie, près de Rennes. La Bintinaie était une grosse ferme ayant récemment cessé son activité. La salle, car c’est ainsi qu’il convient d’appeler la pièce à vivre et tout faire des agriculteurs au rez-de-chaussée, comportait quelques lits, et le guide nous assurait que 13 (ou 17) personnes dormaient dans cette pièce. A l’époque, je n’avais pas encore cherché et dépouillé autant d’inventaires après décès que je l’ai fait depuis, et ce fut pour moi, comme pour tous les autres visiteurs, un choc. Je me souviens fort bien que nous tentions d’imaginer combien par lits, etc… en vain. Nous avions beaucoup de mal à nous imaginer la scène… Malheureusement, cet écomusée n’a pas de site Internet, mais allez le visiter, c’est frappant…
    Voyez également ANTOINE Annie, Fiefs et villages du Bas-Maine au 18e siècle, Editions régionales de l’Ouest, Mayenne, 1994

    Changé, Mayenne
    Changé, Mayenne

    Cliquez sur l’image pour l’agrandir :Collections privées – Reproduction interdite, y compris sur autre lieu d’Internet comme blog ou site

    Dans ce Vieux Manoir, ici il y a 100 ans, à Changé (53), la fenêtre de la chambre haute n’est pas d’origine, mais elle atteste un usage en maison de maître au fil des siècles, sinon cette chambre haute aurait été transformée en grenier et cette fenêtre aurait l’air d’un accès au grenier par l’extérieur, pour engranger les récoltes de céréales.

    Alors me direz-vous, j’ai bien de la chance d’avoir trouvé quelle maison avait chambre haute ou non. Je ne sais pas si j’ai eu de la chance, car j’ai surtout longuement et même plus que longuement cherché.
    Au fil de cette rubrique, je vais tenter de vous donner une image exacte de l’intérieur des divers métiers, car il se trouve que j’ai tout l’échantillonnage des métiers dans mon escarcelle maintenant, et vous pourrez alors extrapoler sur vous, même sans avoir un acte vous concernant directement. Mais d’abord, souvenez vous bien de l’histoire de la chambre haute à la campagne… ceci sera moins vrai en ville car on y construit plus en hauteur… Mais comme l’immense majorité des Français étaient paysans, il est important de se pencher sur leur mode de vie…

    La semaine prochaine, avant de voir les lits, maintenant que vous savez qu’on ne le met pas n’importe ou, il faut que nous parlions propriété versus bail à moitié et bail à ferme. En effet, dans le budget d’aujourd’hui le logement est la part importante, et il faut donc y passer un moment.

    Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.

    Musique autrefois, dans nos campagnes

    sans CD, MP3 et autres baladeurs…

    dont désormais beaucoup ne se séparent plus dans la rue, les transports en commun…

    Plus classique, aujourd’hui à Nantes, c’est la Folle journée 2008. Du mercredi 30 janvier au dimanche 3 février 2008 : Franz Schubert et ses amis, les compositeurs de son époque…

    Le terme musique nous vient du latin musica ; grec, dérivé de, Muse. Le terme grec est dabord un adjectif au féminin, c’est donc l’art des Muses, comme la rhythmique est la science des rhythmes, comme la métrique est la science des mètres. Cela explique le sens général que ce mot avait dans le principe. Dans le sens ancien et primitif, la musique n’était pas une science particulière, c’était tout ce qui appartenait aux Muses ou en dépendait ; c’était donc toute science et tout art qui apportait à l’esprit l’idée d’une chose agréable et bien ordonnée. Chez les Égyptiens, suivant Platon, la musique consistait dans le règlement des moeurs et l’établissement des bonnes coutumes. Selon Pythagore, les astres dans leurs mouvements forment une musique céleste. Il nous reste de saint Augustin un traité de la Musique où il n’est question que des principes et des conditions des vers. (Littré, Dictionnaire)


    Nos ancêtres, en majorité habitants des campagnes et paysans, avaient les chants populaires, les chants d’église, parfois accompagnés d’orgue, et les joueurs de veuze, musette, et cornemuse.

    Avez-vous trouvé parmi vos ancêtres des musiciens ? si oui, faîtes signe.

    Pour ma part, je n’en ai pas, mais j’ai eu le bonheur de trouver le baptême d’un des miens en musique, ou plutôt dont le parrain est musicien et je suppose qu’il a sorti son instrument, certes pas dans l’église, où il n’était pas le bienvenu, mais sous le toît familial.
    Vous avez bien lu, le parrain est sonneulx de veze. Et, de vous à moi, lorsque je suis tombée dessus, j’ai mis quelques minutes avant de réaliser pleinement que le sonneux était un sonneur d’une variante de la cornemuse, et il m’a fallu les dictionnaires pour apprendre à connaître la vèze ou veuze, qui, rassurez-vous, existe encore.

    C’était en 1585 à Saint-Aubin-du-Pavoil (49), région où les joueurs de vèze se manifestent toujours lors des fêtes locales. Et tappez veze ou veuze dans votre moteur internet et vous serez surpris de la quantité de sites qui perpétuent cet instrument traditionnel, probablement le seul qui ait joué à nos ancêtres autre chose que de la musique religieuse… En tous cas, j’en ai la preuve pour le Haut-Anjou.

    Pour Mardi-Gras, vos idées seront bienvenues… Merci.
    Ce billet est le 60ème, dois-je continuer ?

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    Etrangers venus autrefois en France.

    Hier c’était la journée mondiale des Migrants : le 20e siècle restera dans l’histoire comme celui des populations déplacées, réfugiées.

    Autrefois des étrangers venaient s’installer en France mais le terme migrant n’existait pas. On eut d’abord, fin 18e siècle :

    ÉMIGRANT, ANTE, adj. et subst. ÉMIGRATION, s. f. ÉMIGRER, v. n. Ces trois mots sont nouveaux; mais les deux premiers sont déjà reçus par l’usage. Il parait que le troisième ne tardera pas à l’être. Ils se disent de ceux qui quittent leur pays pour s’établir ailleurs. (Jean-François Féraud: Dictionaire critique de la langue française, Marseille, Mossy 1787-1788)

    On a maintenant :

    MIGRANT , -ANTE adj. XXe siècle. Participe présent de migrer. Se dit d’un groupe humain ou d’une personne qui effectue une migration, des migrations. Population migrante. Un travailleur migrant et, subst., un migrant.
    MIGRER v. intr. XIXe siècle. Emprunté du latin migrare, « changer de séjour ». Effectuer une migration, des migrations (surtout en parlant des animaux). Les hirondelles migrent vers les tropiques pour hiverner. En parlant des personnes, on dit, plus précisément, Émigrer et Immigrer. Par anal. S’emploie aussi dans différents domaines scientifiques. Au cours de l’électrolyse, les ions migrent vers les électrodes. (Dictionnaire de l’Académie, neuvième édition, 1992).

    Voici comment la chimiste que je fus trouve un terme de chimie passé aux êtres humains, via les oiseaux migrateurs !

    J’habite un port, Nantes, fondé par des étrangers, puis accueillant à bras ouverts Hollandais, Portugais, Espagnols, etc… aux 16e et 17e siècles, n’hésitant pas à franciser aussitôt leur nom et à les élire au corps de ville.
    Je salue ici le magnifique livre : Nantais venus d’ailleurs
    Histoire des étrangers à Nantes des origines à nos jours (Dir. Alain Croix, Presses Universitaires de Rennes, 2007):

    Le premier Nantais était, par définition, un étranger : ce livre propose donc notre histoire, celle des fils et filles d’étrangers que nous sommes tous. Des étrangers qui ne sont pas définis par une pièce d’identité: c’est le regard des autres qui fait l’étranger. Ces étrangers ont été, à un moment de notre histoire, des protestants et des juifs. Ils ont été des ruraux, des immigrants venus d’autres régions de France, encore plus étrangers s’ils ne parlaient pas le français et s’ils étaient pauvres, à l’exemple des bas-bretons. Ce livre collectif se veut tourné vers le présent, et le fruit d’une histoire résolument citoyenne.

    Dans mon dernier vagabondage dans les registres paroissiaux de la région de Château-Gontier (Mayenne), que je relis toujours avec plaisir, j’ai rencontré à Azé en 1679 la sépulture suivante :

    exposée en cette paroisse par des égyptiens. Les enfants exposés sont en ceux que les parents ont abandonné. Ainsi, un couple d’Egyptiens était en marche vers je ne sais quelle destination, et a laissé son bébé à Azé.

    Cette voie de passage, à pied, (on disait alors chemin) était celle des cloutiers, quincaillers… Normands, chers à mon coeurs et à bon nombre d’entre vous n’est-ce-pas ?.
    J’ai toujours du mal à me représenter ces chemins, parcourus à pied par tant de pélerins, marchands, et populations qui se déplaçaient vers une autre vie, souvent par ce que papa maman avaient eu trop de fils et qu’un seul suffisait pour prendre leur suite, alors les cadets devaient prendre leur balluchon et partir… J’ai une grande tendresse pour mes ancêtres cadets déplacés (qu’on dirait aujourd’hui migrants), mon Breton Mounier, mon quincailler Guillouard, etc… mais surtout mes Moride, surement venus d’Espagne… selon mon hypothèse de la francisation des Morido.
    Et cela n’est rien, comparé aux siècles précédents, que nos recherches ne pourront pas atteindre, et qui ont vu tant de populations venus d’ailleurs… J’ai tappé hier l’histoire féodale de Lonlay-le-Tesson (Orne) et réalisé à quel point la Normandie (entre autres) fut anglaise, bien plus que je ne soupçonnais… Je réalise un peu chaque jour, à travers mes recherches, mes ascendances étrangères… comme l’ouvrage Nantais venus d’ailleurs., riche en iconographies splendides, nous le fait découvrir en profondeur.

    Ce billet traite un sujet délicat, et j’ai seulement tenté de le comprendre, même si je n’y suis pas parvenue à vos yeux, tant sa dimension humaine est délicate. Veuillez m’en excuser, j’ai voulu exprimer ce que je ressentais grâce précisément à mes recherches, car jamais je n’aurai compris Alain Croix sans tout ce travail généalogique derrière moi.

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