Mémoire d’Avent, l’oeuvre clandestine d’un Angevin à Saint-Julien-de-Concelles 1794-1802 : René Lemesle – Annexe 3 : interrogatoires

(C) Editions Odile HALBERT
ISBN 2-9504443-1-8

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Extraits de jugements de Concellois à Rennes en nivose an II. Commission O’BRIEN du 26.12.1793 AU 14.01.1794 (Ad35 série L)

  • Pierre Charbonnier
  • le dit jour a été amené de suite devant la commission militaire un particullier faisant partie de ceux amenés hier par la garde nationale de Saint-Aubin lequel interrogé de son nom âge demeure et profession répond s’appeler Pierre Charbonnier de Saint-Julien-de-Conseil district de Clisson agé de 23 ans profesion marchand de vin en gros.

      D. Pourquoi avez-vous quitté votre commerce ?

    R. Parce que la révolution est venue en notre pays et que l’affluence de Brigands enlevait le débouché de Nantes.

      D. Etes vous marié et avez vous de enfants ?

    R. Je suis marié mais à moins que ma femme n’ait accouché depuis mon départ …. je n’ai pas encore d’enfant.

      D. Qui vous a fait suivre l’armée rebelle ?

    R. Deux allemands qui vinrent jurer après moi et me menacèrent de me tuer.

      D. Comment entendiez vous leur langage ?

    R. C’est par les jurements que je les comprenais.

      D. Ou avez vous passé la Loire ?

    R. A Ancenis et j’ai voulu me sauver depuis mais je n’ai pas pu.

      D. Connaissez vous les Fonteneau … Julien-Joseph. Et avait-il quelque poste dans l’armée rebelle ?

    R. Je les connais bien peu ils s’appellent Fonteneau mais ils n’avaient point de poste dans l’armée. Il y avait plus de quinze jours que nous avions pris le poste de nourechape.

      D. D’ou vous vient ce pantalon rayé ?

    R. Il vient de chez nous. J’en ai trois que j’ai tous apportés de chez moi, je n’ai jamais fait de mal à personne, j’au eu cinquante francs en argent que j’ai décaissé excepté dix huit francs en argent et cent sous en assignats que j’ai reçu à la garde de St Aubin

      Q. Comme vous marchiez nuit et jour trois culottes devaient bien vous géner ?

    R. Nous ne marchions que la nuit.

      Q. Vous êtes cependant arrivés à Laval à sept heure du matin.

    R. L’armée du Poitou allait toujours devant, je n’étais que de l’armée qui marchait derrière.

      Q. Avez-vous quelques patriotes de votre connaissance à Nantes qu puissent répondre de vous ?

    R. Oui, surement, les citoyens Dumesnil, gendarme, César, la veuve Daviaud et ledit Manceau et Dellier marchand de vin

      Q. Quelques uns de vos camarades ont eu des pantalons à Fougères que les chefs leur ont donné

    R. Je n’en sais rien, je n’en ai point

      Q. Avez-vous bien tiré des coups de fusil ?

    R. Je ne me suis jamais trouvé au feu

      Q. Ce n’est donc pas de bonne volonté que vous avez marché avec l’armée rebelle ?

    R. Non, assurément, et je voudrais qu’ils m’eussent coupé le cou.

      Q. Pourquoi n’avez-vous pas cette fermeté chez vous ?

    R. Enfin, citoyen, si la plus grande partie de l’armée savait que la nation leur ferai grâce il en déserterait plus de vingt mille.

      Q. Etiez-vous de la garde nationale chez vous et avez vous payé vos contributions ?

    R. Il n’y avait pas de garde nationale et j’ai payé quarante quate écus

      Q. Avez-vous vous fait un don patriotique ?

    R. Je ne suis pas assez riche

    Tels sont ses dites qu’il a affirma véritables

  • Joseph Aguesse
  • Le même jour et de suite, a été amené devant la commission militaire un des vingt trois particuliers arrétés par…

      Q. interrogé de son nom, âge, demeure et profession

    R. répond s’appeler Joseph Aguesse, âgé de quarante sept ans, Julien-de-Conseil, laboureur et pêcheur, marié à Marie Bouyer, un enfant.

      Q. d’où veniez-vous et d’avec qui ? Pourquoi avez-vous été arrêté auprès de Gahard ?

    R. je venais de Dol, de l’armée des rebelles qui m’avaient forcé de marcher avec eux, il y a quatre semaines et m’avaient donné un fusil à Dol et trois cartouches. Ils m(ont forcé de les suivre.

      Q. Avez-vous de l’argent ?

    R. J’en avais que trois livres que les gardes nationales qui m’ont arrêté m’ont tout pris

      Q. Quel motif avez-vous à donner pour votre justification et pourquoi dans votre paroisse n’avez vous pas cherché à rallier votre commissaire pour combattre les brigands ?

      Pierre Goheau

    Le même jour et de suite a été amené devant la commission militaire

      Q. interrogé de son nom, âge, demeure et profession

    R. répond s’appeller Pierre goho, âgé de vingt trois ans, de St Julien de Conseil, pêcheur

      Q. d’où veniez-vous et d’avec qui veniez vous quand vous avez été arrêté par les patriotes de Sens

    R. nous venions de Dol, de l’armée des Brigands

      Q. pourquoi et depuis quand étiez-vous dans l’armée rebelle et qu’y avez-vous été faire ?

    R. il y a environ un mois qu’ils me forcèrent de les suivre

      Q. pourquoi ne vous êtes vous pas échappé plus tôt

    R. je ne l’ai pu

      Q. aviez-vous un fusil ?

    R. oui, ils m’en donnèrent un à Fougères et il n’a jamais été chargé d’une part, et je ne m’en suis pas servi

      Q. quelle paye aviez-vous et comment viviez-vous ?

    R. nous n’avions point de paye et nous vivions d epain que nous pouvions attraper à la porte des boulangers

      Q. en vos forçant de marcher, c’était sans doute pour combattre pour Louis dix sept ? et pour la religion ?

    R. je n’allais point pour combattre et je trouve la religion du citoyen aussi bonne que celle qu’ils appellent catholique

      Q. Avez-vous vu quelqu’un à leurs combats ?

    R. non, nous étions à l’arrière garde et l’armée de M. Stoufflet qui combattait, allait toujours devant

      Q. savez-vous qu’il y a une loi qui condamne à mort ceux qui ont marché dans cette armée ?

    R. je ne connaissais pas cette loi et d’ailleurs j’ai été mené de force

      Q. pourquoi restiez-vous dans votre paroisse pendant que les brigands y étaient et pourquoi n’alliez vous pas à Nantes comme l’ont fait quelques patriotes ?

    R. ceux-là étaient rendu à Nantes avant la révolution comme Sauvêtre pêcheur

      Q. vous avez aidé à passer la canon de l’armée rebelle ?

    R. non, je n’ai pas aidé

      Q. en ont-ils passé beaucoup ?

    R. je pense environ cinquante

      Q. savez-vous où allait l’armée quand elle a passé la Loire et retournait-elle pas dans la Vendée ?

    R. je n’en sais rien, ils ne nous disaient pas leurs desseins

      Q. avez-vous les massacres que les rebelles ont commis sur leur route ?

    R. oui, j’ai vu de bons citoyens tués à Dol, Fougères. Ils avaient des habits bleus à parement rouge

      Q. connaissez-vous Joseph Fonteneau et avait-il un grade dans l’armée ?

    R. je ne l’ai connu que depuis Retier et je ne sais s’il avait un grade dans l’armée telles sont ses déclarations qu’il a affirmé véritables après lecture ….
    signé Pierre Goheaud

  • Laurent Pouponneau
  • a dit s’appeler Laurent Pouponneau, âgé de vingt six ans de St Julien de Conseil, batelier sur la Loire, garçon

      D. d’où veniez-vous et d’avec qui veniez-vous quand vous avez été pris par les patriotes ?

    R. Je venais de Dol de l’armée des rebelles, j’y avais été mené pour servir de nombre car je n’avais pas dessein de faire de mal. Il y hier quatre semaines que j’y étais et nous étions un grand nombre de ma paroisse, environ deux à trois cents. Quand les brigands qui étaient dans la paroisse sont venus chez moi, ils étaient trois qui me disaient qu’on allait tout br–ler chez nous et qu’il fallait mieux les suivre que de rester.

      Q. Vous saviez que la loi condamne à mort ceux qui aurait marché dans l’armée des rebelles, vous deviez plutot vous réunir deux à trois pour combattre les brigands car vous deviez être sur que vous auriez été pris en marchant avec eux.

    R. Nous étions forcés de marcher

      Q. Avez-vous un frère dans l’armée ?

    R. J’en ai deux ici

      Q. Etes vous parti le même jour de chez vous

    R. un de mes frères s’appelle Pierre et moi ils vinrent nous chercher en notre maison et nous forcèrent à marcher

      Q. de combien était l’arrière-garde que vous faisiez à l’armée ?

    R. d’environ mille, et il y avait encore des cavaliers derrière nous

      Q. comment marchaient les femmes et les enfants ?

    R. les uns à pied les autres en charette et il n’y a de voiture que dans celle de M. Lirot

      Q. avez-vous porté un fusil, vous en êtes vous servi pillé

    R. je n’ai fait aucun pillage . Ils m’ont donné un fusil à Fougères et de ma vie je n’en ai tué aucun

      Q. connaissez-vous à Nantes quelqu’un qui réponde de vous ?

    R. oui citoyen, le citoyen Adam marchand de grain sur l’isle Faideau, Pinaut marchand de grain, Maucion ancien juge à Saint Pierre

  • René Rousseau
  • Ledit jour a été amené devant la Commission militaire un particulier vêtu de (blanc) faisant partie des vingt trois amenés hier par les communes de Sens et autres, lequel interrogé de son nom, âge, demeure et profession, répond s’appeller René Rousseau, de Nanes paroisse de Saint-Julien-de-Concelles, district de Clisson, département de la Loire-Inférieure, âgé de quarante deux ans environ, de profession de laboureur vigneron et propriétaire

      Q. Comment vous âtes-vous trouvé dans le pays où vous avez été arrêté si éloigné de chez vous ?

    R. C’est que nous venions de Dol de quitter l’armée des rebelles et nous cherchions à gagner notre pays

      Q. Pourquoi étiez-vous avec cette armée ?

    R. C’est qu’on me menaçait de me tuer à coups de sabre.

      Q. Vous n’avez pas été de bon coeur à la suite de cette armée ?

    R. Non, assurément, c’est bien par force.

      Q. N’étiez-vous point du nombre de ceux qui ont été attaquer Nantes à différentes reprises ?

    R. Non, jamais je n’y ai été

      Q. Combien avez-vous tiré de coups de fusil depuis que vous êtes dans l’armée rebelle ?

    R. Je n’ai eu de fusil qu’à Fougères, avant je n’avais qu’une faulx et je n’ai jamais tiré aucun coup de fusil

      Q. Aviez-vous quelque marque de ralliement pendant que vous étiez dans l’armée rebelle, soit un ruban blanc, un fichu brodé et autre signe ?

    R. Je ne portais aucune marque

      Q. Connaissez vous Julien Joseph Fonteneau, Louis Fonteneau, Pierre Yves Couprie ?

    R. Non

      Q. Où étiez-vous quand les brigands vinrent vous forcer de marcher ?

    R. J’étais dans un champ à travailler

      Q. Avez-vous rentré chez vous avant de partir avec l’armée rebelle ?

    R. Oui, j’étais allé prendre une cravate

      Q. Aviez-vous de l’argent ?

    R. Oui, j’avais pris chez mois dix louis en or et vingt et une livres en argent. J’en ai encore laissé un peu plus aux mains de mon père.

      Q. Avez-vous reçu quelque paye dans l’armée ?

    R. Non, aucune paye

      Q. N’avez vous pas exercé aucun brigandage ?

    R. Non

      Q. Avez-vous ouï dire que l’armée rebelle attendait des secours sur les cotes ?

    R. Non, ils ne nous donnaient aucune connaissance

      Q. Les chefs étaient-ils durs envers vous ?

    R. Oh ! oui, ils nous suivaient de bien près et nous maltraitaient beaucoup

      Q. Ont-ils bien perdu du monde dans les batailles de Château-Gontier, Craon, Laval, Ernée, et Fougères ?

    R. Un peu, je n’en sais pas le nombre

      Q. N’avez-vous pas un mouchoir teint de sang ?

    R. Oui, j’ai saigné du nez, c’est ce qui m’arrive quand je suis enrhumé ou que je fatigue

      Q. Vous êtes donc riche puisque vous aviez tant d’argent et que vous en aviez encore laissé ?

    R. Nous avons environ trente à trente cinq rasières de vigne, ce qui rend d’ordinaire quarante à cinquante bariques de vin, et comme nous n’avions point de femmes à payer, que nous faisions du grain pour nous nourrir, cela fait que nous avions quelqu’argent.
    Ce sont ses déclarations.

  • François Limousin
  • a dit s’appeler François Limousin âgé de quarante trois ans, de St Julien de Conseil, pêcheur de prof.

      Q. d’où veniez vous et d’avec qui veniez vous quand les gardes vous ont arrêté

    R. nous venions de Dol, d’avec l’armée des brigands

      Q. avec qui aviez vous été à Dol, et pourquoi y aviez vous été ?

    R. nous avions été avec l’armée de Mr Lirot, nous avions été forcé de suivre

      Q. ce monsieur Lirot était donc bien puissant ?

    R. Il était le Commandant de tout notre pays

      Q. son armée n’était donc composée que de gardes de la compagnie ?

    R. Oui, de ceux du Loroux, Saint-Sébastien, Vertou, Saint-Julien et Haute-Goulaine

      Q. Cette armée, y avait-il longtemps qu’elle était formée ?

    R. non, elle s’était formée à Saint-Sébastien et il y a quatre semaines qu’ils nous forcèrent de la passer à Ancenis

      Q. Quel service faisiez vous dans l’armée ?

    R. Nous étions de garde après les femmes, nous n’allions point au feu et je n’ai jamais eu de fusil

      Q. Aviez-vous de l’argent ?

    R. je n’en avais qu’un écu et cinq septiers

      Pierre Lorand

    Le même jour et de suite a été amené devant nous juges de la commission militaire

      Q. interrogé de son nom, âge

    R. répond s’appeler Pierre Lorand âgé de vingt deux ans de Saint-Julien-de-Conseil laboureur pêcheur garçon

      Q. d’où venez vous et d’avec qui ?

    R. nous venions de Dol de l’armée des rebelles. Ils nous avaient forcé de les suivre, mais j’avais toujours l’intuition de m’échapper et je n’avais pu le faire plus tôt car ils m’avaient trouvé à déserter. Ils m’auraient tué.

      Q. il n’est pas croyable qu’ils vous ayent forcé de partir car dans votre pays qui y avaient resté depuis le séjour de l’armée des brigands s’étaient joints à eux

    R. Et bien je vous affirme qu’ils sont venus me chercher jusque dans une cabane de bateau.

      Q. Connaissez-vous Phelippes greffier de la municipalité de Saint-Julien ?

    R. oui, c’était un chef de la paroisse

      Q. des brigands ?

    R. oui, des brigands. Il sert dans l’armée avec son fils

      Q. était-ce lui qui commandait ceux de votre paroisse qui ont suivi l’armée ?

    R. oui c’était lui qui faisait les affaires dans leur chambre qu’ils avaient formée dans la paroisse

      Q. Connaissez-vous Julien-Joseph Fonteneau et ne commandait-il point avec Phelippes ?

    R. je ne connaissais Fonteneau que depuis Dol

      Q. avez-vous été armé d’un fusil ?

    R. non je n’ai point eu de fusil, à Laval ils m’ont donné une pique

      Q. avez-vous su qu’ils ont tué un prêtre sermenté à Laval ?

    R. Non, citoyen, je n’en rien su

  • Jean Guillocheux
  • Procédant de faite à l’interrogatoire d’un autre particulier taille daux approches de cinq pieds portant un chapeau rond de brassé sans colandes portant veste et deux gillets bleus avec un pantalonde toille, deux chemises de toille dont une plate et lautre avec jabotière banchette (sic) au bras droit, l’autre manche de la même chemise décousue et dépourvue, ayant figure maigre et alongée cheveux ronds et noirs barbe yeux sourcils de même, née gros et allongé portant marque de patite vérole bouche moyenne.

      Q. Demandé son âge

    R. a dit être daux environ de trente sept à huit ans

      Q. demandé comment il s’appelloit.

    R. a répondu qu’il s’appelloit jan guillocheux, natif de saint julien conseil, département de n’ayant pu remplir cette demande que par dire qu’il connaissoit autre administrationque clysson

      Q. demandé s’il était homme marié ou garçon

    R. a dit être marié et demeuré avant son départ à la perière susditte paroisse de saint julien et avoir un enfant femelle vivant

      Q. demandé quelle a été la cause de l’abandon qu’il avait fait de sa femme et de son enfant

    R. a répondu que l’appel de cloche appelle tocchin le lien avec ceux de son territoire pour suivre par menaces agis de la sorte l’armée ainsi formée et appellée catholique, qu’il l’a depuis l’attaque d’ancenis avoir suivie jusqu’à ce jour

      Q. demandé d’où il venait présentement

    R. a répondu venir de Daule où il a trouvé le moyen de s’évader de cette armée

      Q. demandé qui en était le commandant

    R. a dit qu’il s’appellait Stoufflet

      Q. demandé s’il s’avait qu’elle était l’intention de cette troupe

    R. a répondu qu’il croyait que c’était pour avoir un roi

      Q. demandé pourquoi il avait quitté cette armée sans en avoir aucun congé

    R. a répondu que depuis longtemps il désirait le faire, qu’il n’en avait trouvé l’occasion qu’à ce moment, qu’il n’avait pendant sa servitude tiré aucun coup de fusil, qu’en évenement qu’il se fut trouvé dans le cas de le faire, son intention était de les tirer en l’air et non sur les siens, même être depuis longtemps repentant de ses démarches.
    tels sont ses dires et ne savoir signer.

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    Donation entre filles célibataires, 1633 : les soeurs Vandellant

    Aujourd’hui nous abordons une famille illustre autrefois en Anjou, les Vandellant, dont une rue d’Angers honore la mémoire de nos jours.
    Cette famille de peintres, rivaux, amis, et alliés des Lagouz, serait d’origine Suisse ou Germanique, et aurait été attirée par le roi René en Anjou, avec Gilbert 1er Vandellant, qui eut un fils du même nom, qui prit la suite de son oeuvre… d’où parfois une certaine confusion entre les deux hommes.
    D’ailleurs on lui attribue non pas un mais 2 voire 3 fils : Gilbert, Roland et ? tous peintres.

    Roland, fils de Gilbert 1er, peintre, figure dans la liste que donne Louvet des huguenots en fuite sur l’accusation d’avoir participé en 1562 au pillage de Saint-Maurice comme son cousin Roland Lagouz. Il avait épousé Isabelle Cousin dont il eut 6 enfants

      Maurice °15 décembre 1549 filleul de Gilbert Vandellant son oncle
      Imbert °14 janvier 1554 (n.s.) filleul de Guillaume Collas curé d’Andard
      Perrine °16 septembre 1554
      Jean °13 janvier 1560 (n.s.)
      Roland °16 mars 1561 (n.s.)
      Marie °6 août 1562

    Gilbert II Vandellant, souvent confondu avec son père Gilbert 1er, était aussi dénommé Jean dit Gilbert (1530). Il épousa d’abord Guillemine Prevost dont il eut 3 filles

      Jeanne °1528
      Renée °1530
      Catherine °1534

    puis en seconde noces, Jeanne Guillard, dont il eut 5 fils et 3 filles

      Eaumond °3 novembre 1536
      René °30 novembre 1537
      Jacques °25 janvier 1539
      Françoise °21 juin 1541
      Raouline °3 décembre 1542
      Ambrois °13 juillet 1545
      Adam °10 février 1546
      Françoise °19 février 1555 n.s.

    Adam Vandellant, fils de Gilbert II, égala en réputation son père et son grand’père. Il est dit peintre ordinaire de la maison de M. le duc d’Anjou, dans le baptême du fils de l’orfèvre René Boivin le 10 juin 1580. Il épousa Marie Biguet dont il eut
    Gilbert IV (car le Gilbert III est mal rattaché par C. Port)

      René °8 janvier 1573
      Marie °23 février 1574
      Pierre °1er juin 1576
      Pierre II °14 septembre 1578
      Michel °10 février 1580
      Roland °11 mai 1580
      Michel II °15 avril 1584
      Renée °13 janvier 1590

    Gilbert IV Vandellant, fils d’Adam, peintre comme les précédents. Il meurt le 9 novembre 1635. Il avait épousé Catherine Dudet, dont il eut :

      Catherine °15 novembre 1597
      Marie °17 février 1600
      Jacques °30 décembre 1601
      Gilbert °15 décembre 1602
      Jean °15 août 1605 qui se fit prêtre au lieu de peindre
      Charlotte °10 avril 1608
      Marie °8 décembre 1609
      Perrine °25 février 1613
      Paul °20 juin 1615 qui perpétua la tradidion familiale
      Joseph °18 avril 1619

    Catherine et Charlotte, célibataires en 1633, vivent ensemble. Elles ont 36 et 25 ans. Elle se font alors donation à la dernière survivante. Je pensais qu’elles avaient hérité de leurs parents, mais Célestin Port donne bien leur mère décédée en 1625, mais le père en 1635, et cela me semble curieux, car je pensais sincèrement que les filles célibataires mettaient en commun les biens hérités.. Mystère ?
    Elles signent fort bien, ce qui n’est pas surprenant, dans ce milieu aisé !

    L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5 – Voici la retranscription de l’acte : Le 1er avril 1633 avant midy, par devant nous Nicolas Leconte notaire royal à Angers, ont esté présentes establyes et deument soubzmies honnestes filles Catherine et Charlotte Vandellant sœurs germaines demeurantes en ceste ville paroisse Saint Pierre

    lesquelles ont volontayrement recognu et confessé que depuis huit ans elles ont tousjours vescu et demeuré en communauté et société (écrit sossietté) de tous biens mesmes des acquests et debtes actives et passives (si elles vivent ensemble depuis 8 ans, soit depuis 1625, c’est depuis le décès de leur mère, et c’est sur ce point que je m’étonne que C. Port donne leur père décédé en 1635 car manifestement elles vivent de leur héritage paternel et maternel)

    et désirent y vivre et demourer jusques au déces de celle qui déceddera la première ce qu’elles ont voulu estre rédigé par escript à ce que personne n’en prétende avoyr d’ygnorance
    à ceste cause elles se sont d’habondant assossyées et assossient ensemble pour vivre en ladite sossietté de tous et chacuns leurs biens meubles futurs quelconques sans aucune exception tant des choses actives que passives ne que l’une y contribue ou participe en plus ne en moings que l’autre
    à condition et charge expresse que la survivante d’elles jouyra et disposera playnement paysiblement et librement de tous les biens de la première deceddée sans estre tenue fayre aucun inventayre en apretiation desdits biens ny non plus bailler caution de la représentation d’iceux et ce nonobstant touttes coustumes loix et ordonnance,
    à quoy elles ont expressement desrogé renoncé et renoncent par ces présentes qu’elles ont ainsy voulu stipullé et accepté, tellement que ladite sossietté et ce que dit est tenir etc dommages etc obligent lesdites establyes elles leurs hoirs (on n’est jamais trop précis, mais il est vrai que la plus jeune n’a que 25 ans. Par contre je suis surprise qu’elles ne fassent aucune allusion à un éventuel mariage de l’une ou de l’autre, ce qui était possible au vue de leur âge…) renonczant à tout ce contraire
    fait audit Angers maison de nous notaire présent Me Paul Foyer et Jacques Janvyer demeurant audit Angers témoins

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