Françoise Gouraud accouche dans la prison du château de Clisson : 1721

Je vous ai déjà parlé des différentes prisons qui ont existé à Clisson, car il fallait distinguer justice seigneuriale et justice royale. Je vous avais même mis sur ce blog une liste de prisonniers dans les prisons royales situées sur la paroisse Saint Jacques.

Mais à ce jour, je n’avais encore rencontré aucun cas de prisonnier dans la prison du château. Or, voici, sur le registre de la paroisse Notre Dame, en 1721, un accouchement en prison du château :

Le 17 septembre 1721 paroisse Notre Dame de Clisson « Françoise Gouraud prisonnière au chateau de ce lieu épouse d’Antoine Robineau est accouchée en la prison d’en enfant mort lequel a été porté à Saint Gilles où se mettent les enfants morts nés après avoir été visité de la justice, ladite Gouraud de la paroisse St Jacques »

 

Une femme en prison ! c’était plus rare que les hommes…

Relévé exhaustif du registre paroissial de Notre Dame de Clisson : 1669-1719

… Le dépouillement d’un registre présente en lui-même un attrait analogue à celui du miracle de Lazare. L’acte de naissance de ces morts du XVIIIe siècle, qui n’ont même plus de tombes, les restitue partiellement à la vie…

… La grande histoire peut mépriser les humbles en elle anonymes, comme sont en nous anonymes les millions de globule de notre sang. Mais ni elle, ni la petite histoire, ni même le roman, quelles que soient les précisions et la couleur de son récit, ne peuvent donner ce caractère d’authenticité, ce parfum de fleur desséchée… Hervé BAZIN – Vipère au poing.

J’ai eu ce plaisir, et voyez plutôt en quelle quantité !!!

Après les registres de la paroisse de la Madeleine du Temple près Clisson,  de Saint Gilles près Clisson, et de St Jacques de Clisson, que je vous livrais il y a peu, voici celui de Notre Dame de Clisson, et ce sur les 50 premières années.

Il y a peu je vous livrais le dépouillement exhaustif des plus anciennes années de la paroisse de Saint Jacques de Clisson, années très abimées et lacunaires du fait des Guerres de Vendée.

Aujourd’hui je vous livre le dépouillement exhaustif de la suite, à savoir les années 1669 à 1719, de la paroisse de Notre Dame de Clisson, années très abimées et lacunaires du fait des Guerres de Vendée. Ces années furent celles du Jansénisme dans cette paroisse et vous allez décrouvrir la présence des femmes dans les actes de BMS, et même leur culture, puisqu’elles sont nombreuses à signer.

La paroisse est le centre du bourg, côté ouest, et surtout celle du château.
Je vous avais montré qu’il y avait beaucoup de paroisses à Clisson, et des cimetières très variés à Saint Jacques, Saint Gilles et La Madeleine, sans oublier la Trinité que je ferai plus tard. Mais la paroisse Notre Dame, trop petite et centrale n’avait aucun cimetière, ce qui signifie que ceux qui n’avaient pas les moyens d’être enterrés dans l’église étaient inhumés dans le cimetière de la paroisse toute voisine de Saint Gilles, et ils sont nombreux, d’ailleurs après la Révolution, c’est ce cimetière qui sera retenu, avec celui de la Trinité, par la commune.

Je viens de refaire ma page HTML (page de mon site en mode HTML) qui donne la liste et les liens de tous mes relevés gratuits, et j’ai été émue de revoir tant d’années après l’immensité de mon travail gratuit et bénévole, totalement libre d’accès sur mon site sans aucune adhésion, contrairement aux associations qui vendent et demandent une adhésion payante.

J’ai par contre, à cette occasion, fait le tour d’Internet, à la recherche des relevés gratuits, et j’ai été tristement stupéfaite de constater que la gratuité n’est pas de mise !!! et pourtant, rien de plus simple sur Internet !!!

Voir mes relevés gratuits, qui concernent l’Orne, la Mayenne, La Loire-Atlantique, le Maine-et-Loire, et même les Côtes d’Armor.

ET VOICI MES RELEVES EXHAUSTIFS DE CLISSON

Clisson Mariages 1668-1749    

 Clisson Mariages 1750-1789

Clisson La Madeleine du Temple BMS 1668-1710

Clisson Saint Gilles BMS 1669-1728

Clisson la Trinité BMS 1668-1669

Clisson Notre Dame BMS 1669-1687  

Clisson Notre Dame BMS 1688-1719

Clisson Saint Jacques 1668-1717

Chapeau verni : la petite fabrique de monsieur Legué route de Clisson, Nantes 1851

Au début du 19ème siècle, la route de Clisson, partie nantaise, était « PARTIE RURALE » de Nantes, selon le vocabulaire utilisé lors des recensements. Elle commençait au cimetière Saint Jacques pour se terminer par une petite maison servant d’atelier pour fabriquer des chapeaux vernis.

En effet, le lieu-dit que nous nommons aujourd’hui « CHAPEAU VERNI », était en fait alors l’ultime maison de cette route de Clisson. Là, un certain LEGUÉ possédait une petite maison servant de fabrique de chapeaux vernis.

Mr Legué demeurait 8 rue du Château. Il n’avait pas boutique de chapelier, à cette époque où le chapelier était aussi fabricant. Les chapeliers étaient nombreux à Nantes, tous situés sur Vertais, sur ce que nous appelons maintenant l’île Beaulieu. En fait leur petite industrie était assez chimique, peu agréable pour le voisinage. Aussi quand vint l’art de fabriquer le chapeau verni (cf ci-dessous) Mr Legué eut l’idée d’aller les fabriquer « hors Nantes », enfin dans la partie rurale de Nantes. Il devint donc sous-traitant des chapeliers nantais. Et tout le monde portait alors chapeau.

Son atelier tournait dans les années 1850, mais semble bien avoir cessé le chapeau dans les années 1870, sans doute sous la concurrence.

Sans toute Mr Legué ignorait-il à quel point son petit atelier allait marquer Nantes. En effet, en 2019, la TAN (transports urbains) et GOOGLE ne connaissent que lui. Ou plutôt, ils connaissent le « chapeau verni »  mais pas Mr Legué. Alors, je me permets ici de rappeler la mémoire de ce monsieur Legué qui a laissé à Nantes un lieu-dit si bien connu.

Et voici ensuite cet art, ou plutôt « mode », du chapeau verni, techniquement :

chapeaux vernis, Paris 1835

Bulletin de la société d’encouragement pour l’industrie nationale, 15 avril 1835

Rapport fait par M. Labarraque, au nom du Comité des arts économiques, sur la fabrique de chapeaux et visières de casquettes vernis, du sieur Vincent, impasse Duris, à Belleville.

Messieurs, le sieur Vincent, fabricant de chapeaux et de visières de casquettes vernis, vous a adressé les produits de sa fabrication, et vous avez renvoyé leur examen à votre Comité des arts économiques.

Le Comité, dont j’ai l’honneur d’être l’organe, a dû considérer ce genre d’industrie sous deux points de vue : 1° s’il est nouveau ; 2° quelle est son utilité.

La fabrication du cuir verni est connue depuis longtemps, et, assez généralement, on a cru queles chapeaux et visières de casquettes vernis étaient faits avec du cuir ; cependant, et depuis plusieurs années, on a substitué au cuir le feutre plus ou moins bien fait, et au moyen de procédés fort simples, et dont nous croyons devoir vous donner un aperçu exact, puisque toutes les opérations ont été pratiquées en notre présence, les ouvriers sont parvenus à livrer des produits solides, durables, et à très bon marché. Le sieur Vincent ne se déclare pas inventeur de son industrie, mais il a simplifié le travail de manière à le rendre profitable à un très grand nombre de consommateurs.

Pour confectionner un chapeau verni, l’ouvrier prend une calotte de feutre qui a été faite avec la laine la plus commune, de la bourre de vache, ou autres poils d’une très médiocre valeur. Ce feutre est mouillé et placé sur une forme ou moule en tôle : cela fait, on enduit d’une forte couche de colle de farine le feutre qu’on étend et fixe convenablement pour lui faire prendre la tournure voulue, et on porte le moule à l’étuve. La dessication effectuée, et si le feutre offre assez de consistance, on le recouvre avec une couche d’huile de lin rendue très siccative, et le chapeau est encore remis à l’étuve. Cette dernière opération est répétée plusieurs fois ; ensuite le chapeau est enlevé de dessus le moule en tôle, placé sur un moule en bois, qui lui-même est adapté à un tour, où l’ouvrier passe la pierre ponce pour donner au chapeau un poli convenable ; cette opération exige du temps et de l’attention ; cependant l’ouvrier qui travaille aux pièces, a un prix excessivement faible, peut encore gagner plus de trois francs par jour. Pour terminer le chapeau, il ne faut plus qu’appliquer le vernis, et c’est le travail du sieur Vincent, qu’il a exécuté en présence des membres du Comité. Il a pris pour cela un chapeau poncé ; il l’a brossé et essuyé ; puis, avec un pinceau dit langue de morue, il a étendu le vernis avec soin pour qu’il fût d’égale épaisseur dans toutes les parties, et il a accroché le chapeau dans une étuve. Au bout de 24 heures, ce chapeau a été livré à la consommation.

… (je vous passe le § sur les visières) …

D’après ce que nous venons d’exposer, on voit que l’art de fabriquer des chapeaux et visières de casquettes vernis a été formé par des emprunts faits à d’autres métiers, et le sieur Vincent, simple ouvrier, a modifié ces opérations de manière à travailler vite, bien et avec économie, dans le but de livrer ses produits à très bas prix ; ce qui, suivant nous, est très appréciable, puisque ces objets sont d’une si grande utilisé à la classe la plus nombreuse de la société ; et, pour le démontrer, il suffit de dire qu’un chapeau rond en feutre verni est livré en fabrique pour la somme de 1,60 F, et à un moindre prix encore si la forme en est plus faible en toutes ses parties. Les visières de casquettes vernies se vendent, suivant leurs formes et grandeurs, depuis 0,90 F jusqu’à 2 F la douzaine. Ainsi, un homme du peuple, voiturier ou autre, exposé aux intempéries des saisons, peut être préservé de la pluie et coiffé proprement pour 32 sous, et la durée de son chapeau peut se calculer à plus de deux années, de sorte que, pour 5 centimes par mois, il peut suffire à cette partie de son habillement sans avoir besoin de recourir, par économie, à l’achat de vieux chapeaux de feutre, qui peuvent avoir précédemment servi à des individus affectés de maladies de peau. Le possesseur d’un chapeau verni apprendra que, pour lui rendre son lustre, il n’aura qu’à le laver avec un peu d’eau pour enlever la boue et la poussière, l’essuyer avec un linge et le frotter ensuite avec quelques gouttes d’huile.

Le sieur Vincent, en fabriquant des chapeaux vernis à très bas prix, seconde nos vues. Sa modestie, en outre, mérite nos éloges ; car, s’il a osé solliciter votre bienveillance, cela tient à une particularité que le Comité des arts économiques m’a prescrit de vous faire connaître, et je remplis ce devoir. L’autorité locale a cru devoir ordonner, dans l’intérêt de la santé publique, la fermeture de la fabrique du sieur Vincent, lequel s’est soumis et a réclamé auprès de M. le préfet de police. Le Conseil de salubrité a été chargé de l’examen de cette affaire ; il a délégué un de ses membres, qui, en présence de M. le maire de la commune de Belleville, a fait exécuter toutes les opérations auxquelles se livre le sieur Vincent ; il en a démontré leur inocuité, et il a eu le bonheur de rendre, jusqu’à plus ample informé, le travail à huit ou neuf ouvriers que la misère allait atteindre. Ce délégué du Conseil de salubrité a dû s’informer du prix des chapeaux, de leur utilité, et la Comité des arts économiques, dont il a l’honneur de faire partie, l’a engagé à vous les soumettre, parce qu’il a cru que le fabricant et l’objet fabriqué méritaient votre intérêt, ce que leur examen a démontré.

En conséquence, votre Comité des arts économiques a l’honneur de vous proposer de remercier le sieur Vinvent de l’envoi de ses produits, de renvoyer le présent rapport à la Commission des médailles, et d’en ordonner l’impression dans le Bulletin de la Société. Approuvé en séance le 15 avril 1835.

chapeaux vernis, beaucoup de brevets

dont :

274 – 28 janvier 1845. Application, aux chapeaux, d’un réseau imperméable : Brevet d’invention de 15 ans, pris le 22 octobre 1844, par Allié aîné, fabricant de chapeaux à Paris, 21 rue Simon-le-France

495 – 14 février 1845. Chapeau mi-feutre verni drapé : Brevet d’invention de 15 ans, pris le 2 décembre 1844, par Guyot-Brun, fabricant de chapeaux, à Paris, 14 rue des Vielles Etuves Saint Honoré.

700 – 19 mars 1845. Procédé de fabrication de chapeaux vernis dit chapeaux vernis sur tissu delaine, fil ou coton, dit chapeaux rouennais : Brevet d’invention de 10 ans, pris le 9 janvier 1845, par Papion frères, fabricants de chapeaux vernis, à la Villes en Bois à Rennes.

etc…

 

PS : la chimiste que je fus ajoute que j’ai de sérieux doute sur l’inocuité des vernis utilisés alors.

 

 

La place des femmes dans les registres de Clisson : baptême en 1716

1716.12.16 LETOURNEUX Michel « Michel fils de Jeanne Lore épouse de Jacques Letourneux marchand, parrain Michel Blavet marraine Magdeleine Paviot »

Jamais je n’avais vu de baptême ainsi libellé, et pourtant j’en ai retranscrit des milliers.

Le prêtre écrit toujours « fils de monsieur et madame », et je n’avais jamais vu « fils de madame et monsieur » !!!

Je vous ai déjà mis ici sur ce blog d’autres actes attestant de l’influence Janséniste à Clisson et leur place faite aux femmes.

Je trouve cela très sympathique de lire de tels actes !

Pas vous ?

 

Claude de Bretagne oublie de payer l’hôtellerie du Dauphin : Angers 1655

Quand on est seigneur on se déplace avec serviteurs et chevaux à l’hôtellerie à Angers, mais on oublie de payer la note, et même depuis 5 ans !

Manifestement Claude de Bretagne ne descend plus beaucoup dans son château de Champtocé sur Loire, mais préfère la ville d’Angers.

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E6 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 12 octobre 1655 par devant nous René Garnier notaire royal Angers a esté présent haut et puissant messire Claude de Bretaigne comte de Gouaislaux, demeurant à Paris paroisse St Severain, lequel a confessé avoir vendu créé et constitué et encore par ces présents vend crée et constitue par hypothèque général et universel sur tous ses biens présents et advenir et promet garantir fournir et faire valoir tant en principal que cours d’arréraiges à honnorable femme Jacquine Boutton veuve de Pierre Aubeufe cy devant hostesse de l’hostellerie ou pend pour enseigne le Daulphin en Brécigné fauxbourg d’Angers, demeurante à présent en cestedite ville paroisse Ste Croix, présente et acceptante, laquelle a achapté et achapte pour elle ses hoirs et aians cause, la somme de 44 livres 8 sols 10 deniers de rente hypothécaire annuelle et perpétuelle rendable et payable et laquelle ledit sieur vendeur a promis et s’est obligé rendre payer servir et continuer chacun an à ladite Boutton en cette ville maison de nous notaire à pareil jour que la date des présentes dont le premier terme et paiement commancera d’huy en un an et à continuer d’an en an et de terme en terme, laquelle rente ledit seigneur vendeur a assise et assignée assiet et assigne par ces présentes sur tous ses biens généralement et spécialement présents et advenir et sur chacune pièce seul et pour le tout sans que le général et spécial hypothèque se puissent faire préjudice l’un à l’autre, o pouissance par ladite veufve Aubeufs, ses hoirs et aians cause d’en demander et faire faire particulière assiette en tel lieu et place des biens dudit seigneur vendeur deschargés de tous hypothèques qu’il lui plaira, et toutes fois et quantes que bon lui semblera suivant la coustume ; et a esté et est faite ladite vendition création et constitution de rente pour demeurer quite ledit seigneur vendeur de la somme de 800 livres tz qu’il a recogneu debvoir à ladite veufve Aubeufe pour despense faite par luy ses serviteurs et chevaux en la maison d’icelle veufve Aubeufs lorsqu’elle tenait ladite hostellerie du Daulphin depuis 5 ans decza à plusieurs et diverses fois, ainsy qu’il apparoit par les promesses que ledit seigneur en avoir baillées à ladite Aubeufs qu’elle luy a présentement rendues comme nulles au moyen des présentes, rachaptable ladite rente quand bon semblera audit seigneur et toutefois et quantes qu’il luy plaira, et pour l’exécution des présentes et ce qui en despend ledit seigneur vendeur a prorogé cour et juridiction devant monsieur le lieutenant général et siège présidial d’Angers pour y estre traité et poursuivi comme devant son juge naturel, renonczant à tous déclinatoires, privilèges et committemens, esleu et eslit son domicile irrévoquable maison de nous notaire, auquel lieu veut et consent que tous exploits et actes de justice qui y seront faits soient de telle force et vertu comme si faits estoient à sa propre personne ou domicile ordinaire, ce qui a esté voulu consenté stipulé et accepté par les parties et en sont demeurées d’accord ; à laquelle vendition création et constitution de rente tenir etc dommages etc intérests etc oblige ledit seigneur de Bretaigne soy ses hoirs etc biens à prendre vendre etc renonczant etc dont etc fait et passé Angers à notre tabler présents Me Charles Phelippeau et Nicollas Housseron clercs demeurant audit Angers tesmoings