Le bousqueur, l’ouvrier non spécialisé, dans le vocabulaire de Nantes : Nantes Sud Loire 1846

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Je vais refaire cet article car j’ai trouvé d’autres bousqueurs, et le verbe bousquer, que j’utilise dans mon jargon, mais je fois d’abord me calmer car  je suis obligée par Orange de passer à la fibre mais ils ne répondent pas à mes questions et je commence par angoisser sur la perte de mon téléphone fixe, car le modèle que j’utilise actuellement est le confort sans épaules, et je ne peux m’en passer. Si vous avez des connaissances sur la Livebox 5 et ses sorties téléphone, merci de me le dire.

Nantes avait autrefois un vocabulaire local. Ce vocabulaire m’a valu la première année de ma vie au travail, une mésaventure. Le laboratoire de cette grande usine, en Seine et Marne, à Bagneaux sur Loing, avait une femme de ménage née en Pologne. Un jour, ayant fait tombé quelque chose, et ne voulant pas la contraindre à nettoyer pour moi, je lui demande le ramasse-bourriers. Elle se fâche, et me demande de lui parler français. Et je repars sans le ramasse-bourriers. Peu de temps après, je suis convoquée dans le bureau du directeur du service, qui me reproche d’avoir mal parlé à la femme de ménage, et me dit que je suis tenue de parler français à la femme de ménage. Je sors du bureau dans l’incompréhension, et surtout humiliée d’avoir reçu un tel reproche. Ce n’est que plus tard que je comprendrais que j’avais utilisé un terme nantais, et qu’en Seine et Marne, comme sans doute dans toute la France on disait pelle à poussière. Enfin, je ne sais plus ce qu’il faut dire car j’ai la facheuse éducation du ramasse-bourriers ancrée dans la tête, et je ne sais utiliser d’autre terme.

Donc, ce jour, toujours dépouillant Nantes Sud Loire en 1846, je rencontre un BOUSQUEUR, et voici de qu’en le Littré :

BOUSQUEUR Dictionnaire de la langue française (Littré). Tome 1 [ 1873 ]  Nom donné, à Nantes, à des ouvriers qu’on emploie à remuer des fardeaux, et qui ne sont pas occupés à un ouvrage ayant nécessité un apprentissage quelconque.

Je dois pourtant vous préciser que les recensements que je dépouille donne pour métier OUVRIER, PORTEFAIX, etc…. et donc un BOUSQUEUR qui était un ouvrier différent des autres ouvriers.

Ce bousqueur est François Allard, demeurant au village de Sèvres en 1846 :

 

 

 

Avant l’eau courante, il y avait à Nantes le métier de porteur d’eau : Nantes Sud Loire 1846

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En 1846, l’eau courante n’est pas encore arrivée dans Nantes Sud Loire, et pour vous faire une idée de l’arrivée de l’eau au robinet, à Nantes voyez le catalogue de l’exposition réalisée en septembre 2002 par les Archives Municipales de la ville de Nantes.

Donc, en 1846, l’eau est prise soit au puits, quand on en a un, et j’y reviendrai, ou aux rivières proches, la Sèvre et la Loire. Mais tout le monde ne peut pas aller chercher son eau, donc il existe encore en 1846 un porteur d’eau.

Il s’appelle Joseph Chevrier, 35 ans, marié, père d’un garçon, et il demeure au n°52 de la rue Dos d’Âne, soit à peu près au niveau actuel du rond point entre le parking et la station de tramway Pirmil.

Avec toutes les personnes âgées, incapables de porter l’eau aux étages, mais dépourvues de retraite, je ne sais s’il pouvait leur monter l’eau. Je pense donc que ces personnes âgées se contentaient d’eau à boire, et rien pour l’hygiène.  Et le porteur d’eau livrait surtout les nombreuses maisons sans puits, mais qui pouvaient payer le service du porteur. Je sais, c’est terrible ce que je suis en train d’écrire, pourtant, après mure réflexion, c’est ma seule certitude. Et inutile de vous dire combien je pense à l’immense, immense progrès dont nous bénéficions, nous les personnes âgées à domicile, car nous avons retraite et eau au robinet.

 

Nantes Sud Loire et le noir animal : 1846

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Lorsque je revenais dans les années 1970 de la place François II par le bus, via le pont de Pirmil, qui n’était pas encore doublé pour Rezé, mon nez savait que la place Pirmil n’était pas loin, tant tanneries et usine de noir animal parfumaient l’air. Et, de temps à autre, on pouvait alors apercevoir des camions bennes à ciel ouvert, des abattoirs à la fabrique de noir animal.

Le noir animal a une histoire tout à fait nantaise, comme vous pouvez le découvrir sur Internet aujourd’hui :

Vers 1820, on utilisait à Nantes un produit, nommé le « noir animal », pour la purification des sucres bruts importés des Antilles. Un industriel, Fabre, rejetait les résidus de ces filtres et observa que ces « noirs de sucrerie » étaient un engrais particulièrement efficace. En effet, le noir animal est fabriqué par combustion d’ossements dans des fours à l’abri de l’air, il se forme du pyrophosphate qui possède une capacité d’échange très élevée.

C’est ainsi que le recensement de 1846 4ème canton, serie déposée aux Archives Municipales, donne rue Dos d’Âne, au n°10

Joseph Texier, 29 ans, né à Rennes, depuis 20 ans à Nantes, exerçant la profession de négociant de noirs.

Rassurez-vous, cette curieuse dénomination de la profession n’a rien à voir avec ce que vous pourriez penser, surtout compte-tenu du passé de la ville de Nantes. Il s’agit en effet tout simplement de la vente de noir animal dont l’usine est proche. Et les innombrables cultures environnantes profitaient certainement de cet engrais, tout autant que les sucreries nantaises. Mais ce jeune négociant vient de Rennes, et manifeste un goût très prononcé de l’entreprise pour avoir débouché sur une telle profession, venu d’ailleurs, et aussi jeune ! Il est vrais qu’à Nantes Sud Loire on vient de partout et de loin, et j’y reviendrai, et même souvent et même de très, très loin.

 

 

 

Les personnes âgées, sans retraite, isolées ou regroupées entre elles : Nantes Sud Loire 1846

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Les personnes âgées sont relativement nombreuses en 1846 à Nantes Sud Loire, mais ce qui me surprend c’est qu’elles vivent seules, et non dans la famille de leurs proches parents. J’avais dans l’esprit qu’autrefois les personnes âgées étaient prises en charge par leur famille, et je tombe de haut, en voyant ces femmes, isolées comme moi, mais moi j’ai une retraite, le confort, et Super U qui livre à domicile, et elles, elles n’avaient rien. Et elles sont nombreuses en 1846, alors que je pensais qu’on vivait moins longtemps.

Sans doute, les personnes âgées étaient mieux considérées en 1846 à la campagne qu’en ville ?

J’observe quelques rares cas de regroupements, mais pour partager ce que j’appellerai l’indigence.

Par ailleurs, leur logement n’est pas des meilleurs, et elles sont relégués en haut souvent. Les maisons de la rue St Jacques ont le plus souvent 2 étages, rarement 3, mais voici un regroupement dans les mansardes du 8 rue St Jacques, c’est à dire au bas de la rue à droite en montant vers Bonne Garde.

Je pense à elles, montant à leur âge leurs 3 étages, et dans ces mansardes peu isolées. Et si je dis « peu isolées » c’est que j’en témoinge, pour l’avoir vécu, les mansardes étaient autrefois juste sous les ardoises, très chaudes l’été et froides l’hiver. Et l’eau courante absente, comme je l’ai vécu durant 2 ans pendant mes études à Angers dans une mansarde, avec un sceau hygiénique et un broc, que je descendais chaque matin sales, et que je remontais chaque soir propres. Comment faisaient ces personnes âgées ? Sans doute jamais de toilette, seul le sceau hygiénique à aller vider dans les toilettes au banc de bois dans le jardin.

Les voici : (nom, âge, profession, n° dans la rue St Jacques, nom du propriétaire, type de logement). Elles sont 3 dans le 2ème mansarde :

Blanloeil Julienne 75 journalière 8 Guilbaud mansarde 3ème
Guilliard Vve Bossard 79 sans état 8 Guilbaud mansarde 3ème
Perreau Vve Godineau 75 cardeuse
Bourreau Vve Rousseau 75 cardeuse

 

 

On pouvait emprunter un livre en 1846 à Nantes Sud Loire : chez la veuve Keramina au 25 rue St Jacques au fond de la cour

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Dans cette période de reconfinement, nous entendons souvent le cri des libraires. Je ne sais ce qu’il en est des bibliothèques, mais à cette occasion je rêve à ces bibliothèques d’autrefois, et je découvre en 1846 comment emprunter un livre à Nantes Sud Loire. Voici, il suffit de se rendre au 25 rue St Jacques, au fond de la cour.

En 1846, au 25, qui est le côté disparu de la rue St Jacques, une maison à 2 étages, cour et petite maison au fond de la cour. Le tout appartenait à Galpin.

Sur la rue, Louis Brelet tenait boutique de cordonnier et habitait une pièce au premier étage. Sur le même palier, vivait Pierre Cormerais, 60 ans, veuf, charpentier.

Au 2ème étage, la veuve Marchand née Pasquier, 40 ans, foureuse, occupait une pièce, travaillant sans doute à domicile pour un foureur tenant boutique au centre de Nantes, à moins que ce ne soit pour faire à domicile les retouches pour restaurer des manteaux déjà portés, car j’ai connu dans les années 1970 une telle profession rue du Frère Louis.

Sur le même palier, la veuve Menard née Fonteneau, 72 ans, occupait l’autre pièce.

Mais la maison recelait un petit logis au fond de la cour, comme cela était souvent le cas autrefois, et là, une unique pièce au rez-de-chaussée. La, la veuve Keramina née Guichais, 74 ans, vivait avec son fils et sa fille, célibataires de 50 et 53 ans. Outre les 3 lits, la pièce recelait un trésor dans ce quartier : des livres, et des livres à emprunter.

Car la veuve Keramina était loueuse de livres, et l’unique possibilité d’emprunter un livre dans tout le sud de Nantes.

Puis, la loueuse de livres disparut. Mais une bibliothèque subsista, sans doute issue du fonds de la veuve Keramina. Elle était à l’entrée gauche de l’église St Jacques et dépendait de la paroisse. Car pour ce qui est de la bibliothèque municipale, il fallait aller en ville, dans l’ancien local de Halle au Blé, car la bibliothèque n’était pas encore rue Gambetta, là où je l’ai connue dans ma jeunesse.

L’extraordinaire bureau de tabac rue Dos d’Âne à Nantes en 1846

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On disait alors « débitant de tabac », tout comme on disait pour les bistrots « débitant de vin », et les boutiques de tabac étaient très rares à Nantes. Pourtant sud Loire, on en trouvait une, qui a précédé celle qui tient encore le coup rue St Jacques suite à la démolition de la rue Dos d’Âne, car le tabac était autrefois dans cette rue démolie.

Mais en 1846, la boutique de tabac, est tenue par 5 soeurs, toutes les 5 assez âgées et célibataires. J’ai moi-même 4 soeurs, mais elles sont toutes les 4 mariées, je suis la seule célibataire. Je ne pensais pas qu’une pareille suite de soeurs célibataires ait pu exister. C’est incroyable, extraordinaire, et pourtant vrai, alors voici les 5 soeurs débitantes de tabac rue Dos d’Âne en 1846 :

Fleuranceau Clarice 74 débitante de tabac
Fleuranceau Adèle 70 débitante de tabac
Fleuranceau Pauline 67 débitante de tabac
Fleuranceau Julie 68 débitante de tabac
Fleuranceau Caroline 54 débitante de tabac

Leur boutique était au n°2, donc près de la Sèvre, au bas de la rue Dos d’Âne.

Ces notes sont extraites du recensement de 1846 en ligne aux Archives Départementales. Une autre version des recensements est aussi en ligne sur le site de la ville de Nantes. Et comme vous l’avez bien compris je relève entièrement le recensement de 1846 comme je l’ai terminé pour 1901 et je vais vous montrer l’énorme changement dans les métiers entre ces 2 dates, car elles sont cruciales et émouvantes sur le plan historique du quartier.