Les hommes du 84° RI à Bailleulval, mars 1915

Les officiers du 84° RIT ont pris plusieurs photos de Bailleulval surtout bien sûr des photos des ruines et cimetière de Bailleulval, et comme Leglaive est parfois sur les photos, c’est qu’il prêtait volontiers son appareil.

photo Leglaive, ainsi que toutes celles qui suivent

Mars 1915, Bailleulval, le calvaire

« mars 1915 Bailleulval »
« mars 1915 cimetière de Bailleulval » Il y eu plusieurs cimetières militaires qui furent regroupés ensuite après la guerre.« mars 1915, Bailleulval » Je pense que Leglaive est à gauche et Guillouard à droite
« mars 1915 Bailleulval, vieille tour »

« mars 1915, Bailleulval, intérieur de la tour ». En agrandissance cette photo, je découvre que Leglaive est assi à gauche et Guillouard à droite.
Et à Bailleulval, ils eurent même le temps d’aller au coiffeur, qui s’appelait Pineau selon le cachier de guerre de mon grand-père.
« mars 1915 Bailleulval » séance de coiffeur et barbier

« automne 1915 Bailleulval »le Bourg
« automne 1915, route de Basseux »


Edouard Guillouard (carnet de guerre) Fernand Leglaive (appareil photo)

Le lieutenant René Vetter, camarade d’Edouard Guillouard et Fernand Leglaive, 84° RIT 14-18

Photo Leglaive « mars 1915, Vetter tranchées de Berles »

Dans son carnet de guerre au 84° RIT, Edouard Guillouard distingue à la fin des 17 pages qu’il a consacrées aux noms, les noms de ceux qu’il traite de « camarades ».

Je comprends que cela signifie qu’il a eu un lien plus étroit avec ces derniers.
Parmi eux le lieutenant Vetter, dont j’entendais indirectement parler quand j’étais petite dans les années 1940, car ma grand-mère racontait de « la fille de Vetter qui élevait des moutons ». Et elle disait avec considération, car à cette époque l’élevage de moutons n’était pas fréquent dans son milieu, alors que de nos jours bien des cadres sont tentées par cette reconversion.

photos Leglaive

 

 

 

 

 

 

 

René Vetter avait choisi la moustache et non la barbe. Je précise cela avec malice, car Edouard Guillouard porta la barbe de 1914 à 1918, mais ne la porta jamais dans le civil. Je constate en effet beaucoup de barbes et de moustaches sur toutes les photos de Leglaive et j’en conclue que ce n’était pas forcément leur visage civil mais militaire.

Je peux identifier Vetter grâce aux légendes des photos de Leglaive.
Voici donc l’un des « camarades » d’Edouard Guillouard, le lieutenant René Vetter, ingénier agronome de formation. Il était né à Paris et avait 3 enfants, comme Edouard Guillouard, et d’ailleurs, tous deux eurent un 4ème enfant après la guerre.
Voici ce que je trouve le concernant :

René VETTER ° Paris 1876 x Marie VAN NUFFEL °Besançon 1879
1-Jacqueline VETTER °Paris 7° 5 janvier 1908 †Azé Château-Gontier (53) 12 décembre 1998
2-Jeanne VETTER °Châteaubriant 1909
3-Germaine VETTER °Châteaubriant 24 août 1910 †Château-Gontier (53) 12 mars 1996
4-Louis René Pierre VETTER °Soudan 4 octobre 1919 †Toulouse 31 janvier 1998

Photo Leglaive Il demeure en en 1910-1921 au Chalet de la Lande à Soudan (44), qui se nomme aujourd’hui le Chalet rouge. Il est alors négociant en œufs.
Lui et sa famille n’habitent plus à Soudan en 1926 selon le recensement.

Il est présent à l’inauguration du monument aux morts de Soudan le 27 novembre 1921 (Source : Le Journal de Châteaubriant 03/12/1921)
Inauguration du monument aux morts de Soudan le 27 novembre 1921 « Dimanche dernier avait lieu l’inauguration du Monument du Souvenir Français. …
M. R. VETTER, président de l’Union des Anciens Combattants de Soudan
Photo Leglaive M. Vetter, notre dévoué président de l’Union des Anciens Combattants, qui s’occupa si activement de mener à bien cette tâche d’avoir ici un monument digne de Soudan, digne de ceux qui ne sont plus, fit d’une voix grave et dis-tincte « l’appel des morts », à chacun des 104 noms qui figurent sur le socle de notre monument, la foule émue et recueillie répondit par cette glorieuse phrase : « Mort au champ d’honneur » ; très impressionnante fut cette lecture des noms de nos braves.

 

Puis M. Vetter fit l’apologie de ceux que nous pleurons, retraçant la rude vie du front, des tranchées où l’on souffrait tant avant de mourir. Pour vous chers camarades, dit-il, pas de bureaux, toujours vous fûtes de l’avant, votre place était celle où l’on meurt en brave, et en mourant ainsi, vous vous êtes immortalisés.

[Photo ci-contre, je pense que c’est Vetter à gauche, mars 1915]

René Vetter a certainement des descendants. Ils peuvent prendre contact ci-dessous dans les commentaires de ce blog.

 

 

 


Edouard Guillouard (carnet de guerre) Fernand Leglaive (appareil photo)

Carnet de guerre d’Edouard Guillouard 84° RIT : mars-juin 1915


Vous êtes sur le carnet de guerre d’Edouard Guillouard et photos de Fernand Leglaive au 84° RIT et il y a beaucoup de pages dont table des matières Edouard Guillouard (carnet de guerre) Fernand Leglaive (appareil photo)

Les périscopes – Bailleulval

1er mars 1915 lundi – Commandant Mercier du 81e Ct le quartier. A Beaumetz chercher cavalier, vu Bounier 82e

3.3 mercredi – Triceul Glorian

4.3 jeudi – Relève encore difficile
5-8.3 Bailleulval 
[photo ci-contre, le calvaire de Bailleulval en mars 1915 – VOIR 7 AUTRES PHOTOS DE BAILLEULVAL en mars 1917 : cimetière, tour]

9-12 mars – Tranchées Cie extrême gauche, section du Btei Chaussé devant Ransart, Siodeau tué
13.3 samedi – Cantonnement Bailleulval, Le Tailleur, Noiret
14.3 dimanche – Grand-messe, le Père Laurent, Lucienne
15.3 lundi – Messe pour Joseph, Marchais
16.3 mardi – Service pour Siodeau


17.3 mercredi – Tranchées Cie extrême gauche, section Rouvre

[photo ci-contre, le coiffeur et le barbier « mars 1915, Bailleulval]

18.3 jeudi – Travaux à l’Alouette
19.3 vendredi – Bombardement de la tranchée après le tir du canon 37 à Homin
21.3 dimanche – La Rousse à Derancourt 

[Derancourt est le nom d’un commandant venu leur donner des cours du 1er février au 15 mars 1915 selon la liste dressée par Edouard Guillouard de tous les hommes qu’il a cotoyés au 84° RIT.

On voit sur la légende de la photo « avril 1915 » car la légende a été écrite après la guerre, donc au plus tôt en 1919, lors de la mise en album des photos du fonds Leglaive, alors que Guillouard tenait son journal quotidiennement pendant les 4 années de guerre, donc ses dates sont plus précises. Je vous incite donc à mettre rapidement après la prise de vues, des noms précis ou légendes à vos photos numériques, si vous voulez que vos proches descendants sachent les identifier dans un siècle ou même avant]

22.3 lundi – Cantonnement Bailleulval
23.3 mardi – La 2e Cie commandée par Créhalet nous reçoit, Bouyer
24.3 mercredi – Eon et ses vers, Enard
25.3 jeudi – Limencourt voir si rien trouvé
26.3 vendredi – Tranchées Gastineau Cie exrême gauche, section à gauche devant Ransart

[Avril 1915 – tranchée de Gastineau : le lavabo dans la tranchée. A cette époque l’eau courante existe peu et uniquement dans les grandes villes. Partour, on ne connait que la cuvette sur une table alors appelée  « lavabo ». ]

28.3 dimanche Les Rameaux, – messe à la tranchée, Bellacout
30.3 mardi – Cantonnement Bailleulval
31.3 mercredi – Visite à Cassin à Berneville, vu Beauquin, réception au ravitaillement, vu Poudat au retour


Mars 1915, tranchée de Gastineau. Leglaive photographe sort de la tranchée pour prendre cette photo, donc c’était un jour sans tirs en face.

Edouard_Cheval.jpg1er avril  1915 jeudi (saint) – Offices à l’église Bailleulval
2.4 vendredi (saint) – Départ à 6 h pour les tranchées
3.4 samedi – Tranchées Gastineau Cie extrême gauche, section Dte
4.4 dimanche – Pâques
5.4 lundi – Secteur très calme
7-10.4 – Cantonnement Bailleulval

11.4 dimanche – Tranchées Cie extrême gauche, section Dte

12.4 lundi – Construction d’abri
13.4 mardi – Visite du colonel
15.4 jeudi – Cantonnement Bailleulval
16-20.4 – Le Printemps. Travaux de 1ère position. Photos à cheval devant chez Dupéré [photo ci-contre Edouard Guillouard, mais je pense que mon grand-père, dont nous avions une photo à cheval pendant la guerre 14-18, n’avait jamais eu de cheval en fait pendant la guerre, mais que cette photo était un moment de détente des officiers de la 84°RI, lors de la visite (ou mission) d’un cavalier à Bailleulval en 1915, car je crois voir le même cheval sur toutes les photos, et je pense que c’est celui du visiteur VOIR sur mon blog et en discuter LES 7 PHOTOS car ils sont 7 à avoir posé sur le cheval]


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les périscopes

[4 photos car la 4ème était sur la page précédente puisque Leglaive mettait les périscopes en février 1915 alors que Guillouard les met en avril]
21-26.4 – Cie extrême gauche, champ Hucteau

27.4 mardi – Bailleulval

28.4 mercredi – Permission à Avesne. Vu Cassin, Poudat, Croisy

29.4 jeudi – Réception des camarades de la 2e s. Feneux et Forge

30.4 vendredi – Arrivée du commandant Lochereau
1er mai 1915 samedi – Réception d’une partie des officiers

3-8.5 – Tranchées C.T. (ancienne extrême gauche)
9.5 dimanche – Tranchées abris à droite de Gastineau

10.5 lundi – Vu le client de Pont-Château au 270e (Edouard, quincailler en gros, vend dans toute la Bretagne avec 18 chevaux)
11.5 mardi – Bombardement au nord d’Arras
12.5 mercredi – Reprise de la tranchée Te le prisonnier de la 1ère
13.5 jeudi – Déménagement à droite, remplacé la cavalerie, le prisonnier ayant annoncé des mines dans T1, le 270e prend l’emplacement, le Ct Romulot prend le commandement du quartier

14.5 vendredi – Tranchées C1 devenu T1, et T1 R1
15.5 samedi – Bailleulmont. Reçu Porcher
16.5 dimanche – Popote chez Havier
17.5 lundi – Grande réception de la 1ère et des docteurs
21.5 vendredi – Soutien de Gastineau
22.5 samedi – Nomination de Chaussé lieutenant
23.5 dimanche – Arrivée de Sacré. Visite au colonel de Chaussé
24-26.5 – Tranchées T1, Sacré part faire du service à la 2e
27.5 jeudi – Bailleulmont, popote chez Dupin
29.5 dimanche – Obus chez Mr Leglaive dans sa chambre
30-31.5 – Cantonnement de Bailleulmont

1er juin 1915 mardi – Départ à 1 h du matin
2-4.6 – Soutien de Gastineau
5.6 samedi – Tranchées Cie T1
6.6 dimanche – Attaque à notre droite à 5 h, le sol tremble
7.6 lundi – Les nouvelles de notre avance Hebuterne
8-12.6 – Cantonnement de Bailleulval
13.6 dimanche – Tranchées Cie T1
14.6 lundi – Emplacement d’observateur

photo Leglaive, fonds Guillouard. Je n’ai trouvé aucune légende permettant de situer cette photo

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

15.6 mardi – Tué deux boches devant Ransard

17.6 – Attaque simulée d’artillerie

19-24.6 – Cantonnement de Bailleulval
25-27.6 – Tranchées soutin Gastineau
28.6 lundi – Tranchées Cie T1
29.6 mardi – Demande de permission

[photo « avril 1915 maison Gastineau, devant le poste de secours » Leglaive qui semble porter l’étui de l’appareil photo et Guillouard qui porte des jumelles


1er juillet 1915 – Cantonnement de Bailleulval
3.7 samedi – Départ en permission, gros évênement au cantonnement, train vers 3 h, départ à 7 h de L’Arbret par Diné
4.7 dimanche – Arrivée à Amiens (à 47 km de Bailleulval) à 4 h, visite de la ville, départ à 6 h pour Paris, le train ne part qu’à 8 h, arrivée à Paris à 11 h, déjeuner chez Duval, départ à 15 h pour Nantes où j’arrive à 9 h 20
5.7 lundi – Permission à la place, départ à 10 h pour La Bernerie, arrivée à midi
6.7 mardi – La Bernerie, départ pour Nantes
7.7 mercredi – Nantes
8.7 jeudi – Départ de Nantes à midi, ma femme m’accompagne jusqu’à Angers, arrivée à Paris à 7 h, départ à 9 h 30 gare du Nord
9.7 vendredi – Arrivée à Amiens à 3 h, départ pour Doullens à 6 h, arrivée à Doullens à 10 h, vu Pons qui me ramène à L’Arbret et une voiture me conduit à Bailleulval, visite aimable chez le colonel, le soir retour à la tranchée T1
photo Leglaive, fonds Guillouard[photo ci-contre mai 1915 dans la tranchée de Gastineau, le fabricant de bagues. Ma maman m’avait transmis l’une de ces bagues, fabriquée dans les métaux des munitions reçues. Malheureusement mon appartement a été totalement pillé il y a 28 ans et je n’ai plus rien, et cette bague m’était plus chère que celle qui avait un diamant]

10-12.7 – Tranchées

13.7 mardi  – Cantonnement Bailleulval

14.7 mercredi  – Colonel Dusseul part en permission, le Ct Lemoine
15.7 jeudi – La petite chanson Mr du Vallet
18.7 dimanche – Départ de Chaussé
24-27.7 – Cantonnement
28-31.7 – Soutien de Gastineau

 

 

 

« mai 1915 soutien de Gastineau » Ces officiers ont une table et un abri, celui de gauche est Edouard Guillouard

« mai 1915 maison gastineau »

La couverture sur le soldat dans la tranchée illustre leur peu de vêtements adaptés.

« mai 1915 officiers à Bailleulval »

« mai 1915 Bailleulval, visite de Person »

« juin 1915, Bailleulmont » officiers sur la place de l’église

« juin 1915, Bailleulmont » l’église est encore entière

la maison l’Allouette

photo Leglaive, fonds Guillouard

J’avais dans le fonds de mon grand-père la photo ci-contre.
Je peux maintenant l’identifier.

Il s’agit d’une maison disparue, car détruite, mais manifestement le nom de ce lieu a lui aussi disparu car je ne le retrouve pas sur Geoportail. Elle était très originale, comme le montre la photo ci-dessous.

photo Leglaive « été 1915, Gastineau maison l’Allouette

 

Télécharger l’original du carnet de guerre d’Edouard Guillouard

Je ne vous mets pas les vues directement car ce serait trop lourd pour visionner ma page, donc je mets seulement les liens, et cliquez pour télécharger : mars  1915  –  fin mars 1915  –   avril 1915   – mai 1915  – juin 1915  – juillet 1915 –   fin juillet 1915  –

Les hommes du 84° RI : popote chez Noiret en mars 1915

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photo Leglaive « été 1915 Bailleulval la popote »

De gauche à droite (sans doute Vetter ?), Guillouard, Leglaive, la famille Noiret qui tient la popote, et un aide ou proche parent.

Mon grand-père Edouard Guillouard a déjeuné à Bailleulval chez Noiret, au moins une fois, comme il le cite dans son carnet de guerre :
21.02.1915 dimanche Bailleulval chez Dupin, popote chez Noiret, repos, Mr Leglaive rentre dans la journée

Et il le cite une deuxième fois un peu plus loin :
13.03.1915 samedi Cantonnement Bailleulval, Le Tailleur, Noiret

Les légendes des photos a été écrite seulement à la fin de la guerre lors de la mise dans des albums, et Leglaive se souvenait de l’été 1915.

Clément Noiret demeure à Bailleulval, est blessé le 6 mars, et c’est sans doute une viste au blessé qu’Edouard Guillouard fait le 13 mars. Voici la famille de Clément Noiret : épouse et enfants.

Photo Leglaive

La petite fille a alors 9 ans et se prénomme Marthe Fleurite Ambroisine, selon ce que le site des décès INSEE indique :

NOIRET Marthe Fleurite Ambroisine Naissance 14/06/1906 Bailleulval, Pas-de-Calais, Hauts-de-France, France
Décès 08/09/1989 Mairieux, Nord, Hauts-de-France, France
NOIRET Gislaine Marthe Marie Naissance 28/09/1923 Bailleulval, Pas-de-Calais, Hauts-de-France, France
Décès 27/08/2020 Dainville, Pas-de-Calais, Haut


Edouard Guillouard (carnet de guerre) Fernand Leglaive (appareil photo)

François Perrin camarade d’Edouard Guillouard et Fernand Leglaive, 84° RIT 14-18

Je vous ai déjà parlé de René Vetter, camarade d’Edouard Guillouard et Fernand Leglaive, 84° RIT 14-18

photo Leglaive « janvier 1916 Perrin au soutien de Gastineau »

Lorsque j’avais autrefois mis le carnet de guerre d’Edouard Guillouard sur mon site, j’avais peu de légendes permettant d’identifier les hommes qui sont photographiés, et j’avais une magnifique photo que j’avais dénommée « est-ce Perrin ? », et aujourd’hui grâce à une échange fructueux, je suis en mesure d’affirmer que cette photo est bien celle de François Perrin,

François Perrin était resté ami avec Edouard Guillouard, puisqu’il était présent à son inhumation et y prononça le discours qui suit. Et je découvre une seconde photo de lui, accompagné d’un dénommé Bardot, et manifestement les 2 photos ont été prises le même jour ou environ.

Discours prononcé aux obsèques de son vieux camarade et ami,
par François Perrin

Mesdames, Messieurs,
Mes chers camarades anciens combattants,
A la demande même du colonel Gastinel, ancien commandant du 84e Régiment d’Infanterie Territoriale, dont je fus le capitaine-adjoint pendant les deux dernières années de la Guerre 1914-1918 et que le grand âge seul empêche d’accompagner à sa dernière demeure la dépouille de notre excellent camarade et ami Edouard Guillouard, qu’il appréciait tout particulièrement, j’ai la douleur et le pénible devoir, de souligner en quelques mots sortis du cœur, les brillantes qualités militaires du défunt.
Mobilisé dès le premier jour de la Grande Guerre au 81e comme sergent-major, Guillouard fut, dès son arrivée sur le front, promu sous-lieutenant et nommé, fin août 1914, au 84e.
Affecté à la 3e compagnie, capitaine Leglaive, qu’il ne quitta jamais pendant toute la guerre, Guillouard se signala de suite à ses hommes et ses chefs par ses qualités maîtresses : bonne humeur, calme, sang-froid, bravoure sans crânerie, homme de devoir.
Notre Régiment, qui fut un Régiment de combat pendant toute la durée des hostilités, prenait alors une grande part à la bataille d’Arras, qui fut l’un des brillants épisodes de la bataille de la Marne.
Ménager le sang de ses soldats, toujours le premier sur la brèche, même dans les missions les plus difficiles et les plus périlleuses qui lui étaient confiées, missions qu’il acceptait toujours sans broncher et qu’il remplissait sans jamais se départir de son calme et de son sang-froid, Guillouard pouvait faire de sa section tout ce qu’il voulait. Il était adoré de ses hommes.
Sa brillante conduite en Artois, à Arras, Bailleulval, Bailleulmont, Thiéval, la cote 105 devant la ferme Gastineau, lui valut vite sa promotion au grade de lieutenant.
Il n’était pas alors question de Croix de Guerre, du moins dans notre régiment.
Mais c’est en Lorraine, à Limey, à Flireu et dans la vallée de la Seille, puis en Alsace, à Thann, Vieux-Thann, la vallée de la Thur et celle de la Bruche, les pentes du Vieil-Armand (Hartmanwillerskopf), Steinbach, Leimbach, qu’il se signala tout particulièrement.
Notre régiment y subit de lourdes pertes. Guillouard y fut blessé au ventre d’un éclat d’obus.
Cité à l’orde du régiment, Guillouard obtint la Croix de Guerre et fut proposé pour le grade de Capitaine.
Il fut enfin de ceux qui furent désignés pour faire l’entrée triomphale des troupes françaises dans Strasbourg libérée.
La signature de l’Armistice l’empêche d’patre promu.
Ce n’est qu’après la démobilisation qu’il obtint les galons de Capitaine, et fut nommé Chevalier de la Légion d’Honneur au titre militaire.
Tel but l’homme au combat,
Tel fut l’homme pendant toute la guerre,
Tel il fut toujours pendant toute sa vie,
Toujours aimable, souriant, simple, modeste, bon camarade, ami fidèle, courageux et brave.
Guillouard fut aussi un époux modèle, un excellent père de famille, un grand-papa qui sut cultiver l’art d’être grand-père.
Car Guillouard adorait ses enfants et ses chers petits-enfants, qui perdent en lui le plus sur des conseillers, le meilleur de leurs amis.
Ses camarades, ses amis, sa famille, le commerce nantais, la Société, perdent en lui un homme, car Guillouard était un homme, dans toute la force du terme.
Guillouard est mort comme il a toujours vécu,
Le vie est une.
Il a lutté jusqu’au bout, calmement, courageusement, vaillamment, contre un mal implacable, qui a fini par le terrasser.
Chère Madame Guillouard, vous avez admirablement soigné votre cher mari. Voua avez tout fait, vainement, hélas ! pour l’arracher de l’étreinte qui l’étouffait.
Je m’incline respectueusement devant votre grande douleur.
La perte de votre mari est irréparable. Sa mort va creuser dans votre foyer un vide que rien ne saurait combler.
Puisse la nombreuse assistance qui vous accompagne, vous et les chers vôtres, en ce jour douloureux, puisse l’émotion qui nous étreint tous à cette minute suprême, apporter un baume apaisant à votre douleur.
Capitaine Edouard Guillouard, dormez en paix votre dernier sommeil, vous l’avez bien mérité ! Votre vie aura été un exemple pour tous ceux qui vous ont connu.
Mon cher et vieux Guillouard,
Au nom du colonel Gastinel, au nom de tous tes camarades de combat, au nom du 84e tout entier, au nom de tous ceux qui t’ont apprécié, et en particulier de tes deux fidèles amis, le capitaine Vetter et le commandant Leglaive, qui sont ici à côté de moi, je te dis adieu du plus profond de mon cœur.

Je suis née en juillet 1938 et j’avais 8 ans lorsque j’ai perdu ce grand-père admirable, et hélas, je n’ai aucun souvenir de lui, alors que j’ai des tas de souvenirs de la guerre, que j’ai écris, mais lui n’était pas réfugié au même endroit que nous, qui sommes rentrés tard après la libération, puisque nous étions dans la poche de Saint-Nazaire. Ensuite je suppose que l’année 1945 et début 1946 furent sa maladie, ce qui expliquerait mes trous de mémoire.

Les hommes du 84° RI fabriquaient aussi des claies, 1915,1917

Cliquez sur le titre l’article pour accéder aux commentaires, et cliquez sur les photos pour télécharger un agrandissement.

Les claies retenaient la terre pour éviter les éboulements, et elles pouvaient aussi servir de petit abri. Un site va tout vous expliquer techniquement avec beaucoup de dessins.
En voici quelques unes photographiées par Leglaive au 84° RI à Bailleulval en 1915 et Morville en 1917 :

Les claies ci-contre attendent de partir renforcer les tranchées.

On voit sur la photo qu’elles sont nombreuses.

Effectivement, Edouard Guillouard parle de la boue, et je ne m’étais pas imaginée avant de voir toutes ces claies qu’il fallait étayer les tranchées. Pourtant je sais bien qu’il faut étayer puisqu’en 2018 à Clisson lorsqu’ils ont fait un nouveau conduit d’eau de la Sèvre vers la nouvelle usine de lavage de linge, les tranchées profondes de hauteur d’homme étaient étayées.

 

On voit effectivement les claies sur presque toutes les nombreuses photos de tranchées de Gastineau, en voici une pour exemple. Je remarque seulemet que cette tranchée n’est pas à hauteur d’homme car leur tête dépasse et j’en suis surprise.

Photo Leglaive
Photo Leglaive
Photo Leglaive