Contrat d’apprentissage d’un orfèvre, Angers, 1573, chez François Hayeneufve, pour 5 ans

Hier, nous avons vu l’apothicaire, formé sur 3 ans. Mais un métier d’art, c’est bien autre chose, et c’est bien plus long. D’ailleurs, j’ai cru comprendre que désormais la France a du mal a conserver certains de ces métiers, faute d’enseignement et repreneurs.
A l’époque, il s’agit surtout de faire des reliquaires, ostensoirs, croix, calices, faits d’or ou d’argent, avec pierres précieuses, et de quelques objets domestiques tels écuelles, réchauds, ciselés.
Je ne peux hélas vous illustrer cette page, car il s’agit d’un domaine sensible, où le pillage de la France sévit actuellement. J’ai moi-même donné (gentil terme pour exprimer qu’on est passé par là), pour une timbale et une fourchette de 1720, et des bijoux. Et merveille, quelques heures plus tard l’assureur m’a traitée de voleuse : un grand merci au passage aux voleurs d’assureur, pour les gentils souvenirs qu’ils m’ont ainsi laissés. Je reste traumatisée 11 ans plus tard, car bien sûr je n’ai pas vu d’indemnisation totale du tout, malgré photos d’objets anciens.

Si vous voulez approfondir les orfèvres d’antant, voyez :
Revue 303, (Pays de Loire), n°55, par Monique Jacob, Les orfèvres d’Anjou et du Bas-Maine du Moyen-âge au XIXe siècle.
et du même auteur, plus développé : Les Orfèvres d’Anjou et du Bas-Maine, dictionnaire des poinçons de l’orfèvrerie française / Monique Jacob ; réd. Philippe Bardelot, Christian Davy, Dominique Eraud … – Paris : Ed. du patrimoine, 1998. – 522 p. – (Cahiers, ISSN 0762-1671 ; n°050).

Ces ouvrages sont consultables dans les bibliothèques des DRAC, ou Municipales des grandes villes concernées.

Revenons au contrat d’apprentissage, signé à Angers, devant notaire, le 9 juin 1573, par François Hayeneuve, orfèvre à Angers, qui prend comme apprenti pour 5 ans Christophe Marteau fils de †Alexandre et de Guyonne Jourdan, demeurant à Laval, présenté par sa mère.
Tient, tient : au passage un joli clein d’oeil à l’orfèvrerie du Maine liée à celle d’Angers !

Vous savez maintenant qu’il est logé, blanchi, et nourri chez le maître.
S’agissant d’un domaine sensible (métaux et pierres précieuses), l’apprentis promet de ne rien faire de répréhensible.
Au fait, ce n’est pas un apprentis mais un apprentif, forme ancienne du terme. Cela fait donc plusieurs fois que nous rencontrons cette forme, car je navigue dans l’ancien…
Le montant à payer par la mère du jeune homme s’élève à 210 L, enfin, on voit encore la clause de présence obligatoire du garçon, sous peine de prison.
Ouille ! à l’heure où l’autorité parentale tend à disparaître, du moins c’est ce que j’ai cru comprendre d’une récente enquête publié dans un grand quotidien, on a du mal à se représenter le degré d’autorité autrefois, et surtout le degré de la peine encourue. Nous reviendrons sur la prison autrefois…
Mais il y aura aussi d’autres contrats d’orfèvre, apothicaire, et d’autres métiers, et je tente d’en dresser un tableau comparatif… qui me prend beaucoup de temps…

Demain, un autre contrat d’apprentissage. Attention, encore plus long : 6 ans.

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Apprentissage d’apothicaire à Angers en 1609

Aujourd’hui journée nationale de la santé

mais aussi finale de l’open de tennis qui nous menait au jeu de paume, et le Grand Prix d’Amérique, qui nous menait au cheval. Ce sera pour une autre fois, car j’ai misé sur la santé, avec les études d’apothicaire en 1609.
Si vous avez lu mon billet sur les confiseries de Noël, souvenez-vous que c’était à Angers en 1633, la première trève des confiseurs. Avant 1632, les apothicaires ont le monopole du sucre et des confiseries.

Un apothicaire à Angers en 1609 doit connaître la pharmacopée, donc savoir lire et écrire, et, avoir une famille aisée, capable de lui payer 3 années d’apprentissage chez un maître apothicaire, pour la coquette somme de 200 livres, à laquelle il faut ajouter du taffetas pour faire une cape.
La Pharmacopée existe, et même en langue française depuis quelques décennies. Sur la page de garde de la Pharmacopée, publiée en 1580, il est écrit faite françoise par André Caille docteur médecin. Auparavant, c’était en latin… langue omniprésente dans les bibliothèques fin 16e siècle encore (nous voyons bientôt l’une d’elle). Cet ouvrage fourmille aussi d’épices, produits récemment importés des pays découverts, via le port de Nantes, dont le sucre.
J’oublie toujours en grande surface, devant le rayon des épices, à quel point leur histoire est extraordinaire à cette époque ! Et à quel point le goût de nos mets a changer, avec le sucre et les épices partout ! Jai même du mal à imaginer la vie sans, pas vous ?

Prudent, le maître prévoit dans le contrat d’apprentissage que toute absence de son apprentif (c’est le terme d’époque, avec un f final), est due, sans qu’il soit tenu de le faire rechercher. Et il n’oublie pas de rappeler qu’il est boutiquier en incluant une clause concernant la pratique, c’est à dire les clients. L’apprentis doit s’il en connaît potentiellement les donner à son maître.
Il est vrai que le mot apothicaire vient du grec boutique.
Visitez Angers, quartier de la Doutre, ex paroisse de la Trinité, et allez voir la maison de Simon Poisson, apothicaire fin 16e siècle.

Revenons au taffetas, payé par la famille, sous forme d’étoffe. Il est prévu pour une cape sans doute exécutée par la femme du maître apothicaire.
Enfin, la boutique de l’apothicaire est importante, puisqu’ils sont deux apothicaires, le maître et son gendre, et prennent un apprentis.

Je cours regarder la finale de tennis, à plus.
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Contrat d’apprentissage de couturière, Angers, 1598

à Angers, avec exercice de paléographie et explications

Après le couturier, voici en 1598 la trace de la féminisation du métier.
Cette page est avec exercives de paléographie, comme beaucoup d’autres de mon site.

J’ai beaucoup forgé pour devenir forgeron (en paléographie) : le proverbe avait bien raison. Mais ce que j’ai fait, vous pouvez le faire, aussi je vous le transmet en formes d’exercices…, profitez-en. Exercez-vous.

Le métier de la jeune apprentie est écrit cousturière, avec un S devant le T, qui atteste qu’on est plus devant un dérivé du latin cultura, car on aurait eu alors un L devant le T. Ce qui confirme les explications difficiles tentées hier sur l’étymologie du terme couturier, qui fut d’abord un dérivé de cultura avant d’être un dérivé du latin populaire consuture.

Le contrat d’apprentissage est payant, ce qui est le cas le plus général. La somme de 12 écus pour une durée totale d’un an, représente 36 livres, ce qui est une jolie somme pour cette fin de 16e siècle. Il ne s’agit donc pas d’un métier totalement pauvre, pourtant le maître, tailleur d’habits, ne sait pas signer. Jolie illustration que pour prendre des mesures et confectionner à la demande sur mesure, et compter pour s’en faire payer, il n’est pas nécessaire de savoir écrire.
L’épouse du maître semble travailler avec lui dans l’échope atelier, car elle aura aussi la possibilité de donner des ordres, or, jamais le contrat ne permet d’employer l’apprenti aux taches plus ménagères… et j’en conclue qu’il ne s’agit pas de ce type d’ordre….
Et comme j’aime vagabonder par l’esprit, j’en conclue que c’est un métier dans lequel la femme a rapidement compris qu’elle pouvait aider son mari (ou il a compris que sa femme pouvait l’aider), et on est alors passé à la féminisation du métier. A moins qu’auparavant le métier de l’épouse n’étant jamais donné, sauf pour la sage-femme, elle était déjà au travail de couture avec son époux, mais jamais mentionnée comme tel. Je me souviens qu’il n’y a pas si longtemps (quelques décennies au plus) le travail des épouses comptait pour rien… et elles devaient même remplir les papiers administratifs en remplissant la case PROFESSION par NEANT. Horreur administative qui comptait le travail des épouses pour du beurre… et leur retraite aussi…

Mon esprit vagabondant encore, j’imagine aisément que si le maître prend une fille en apprentissage, c’est qu’il a probablement un fils à caser… voir un proche parent, car on travaille le plus souvent en familles et réseaux de proches parents.
On peut aussi imaginer que la mère de la fille introduit celle-ci en vue de la marier à un tailleur d’habits… sinon, les contrats d’apprentissage de filles sont rares (à l’époque), on ne leur apprend pas de métier autre que ménager.

Comme je suppose que vous avez bien retranscrit, corrigé et lu l’acte, je sais qu’à la fin vous voyez même du latin intempestif… Rassurez vous, il s’agit des droits des femmes, et nous reviendrons dessus, car elles en avaient… Eh oui… pas beaucoup, mais tout de même un peu….

Alors à bientôt si vous le voulez bien. En attendant je vais tenter de dresser un récapitulatif des contrats d’apprentissage (j’en ai d’autres à venir).
Si vous en avez, soyez sympa, manifestez vous, je vous cite… et la base de données sera plus parlante. Merci d’avance.

A votre avis, combien d’années durait l’apprentissage d’un apothicaire ? Merci de répondre… même si vous n’avez pas la réponse, pour le jeu….

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Couture, couturier

Le patonyme couturier et le métier de couturier : des faux-amis.

Le dictionnaire étymologique des noms de famille de M.T. Morlet, nous donne clairement le double sens :

Couture (s) issu du lat. cultura, forme populaire de culture, désignait un champ labouré, une terre cultivée, aussi n. de ham. très fréquent : La Couture (Aisne. Allier, Calvados, Charentes, Dordogne). DÉR.: Couturas (avec le suff. augm. -as) ; Couturat (Champagne, Massif central) ; Couturaud, Couthuraud, Coutoureau (Ouest) ; formes flam. Coutereel, Coutreel, var. de Couture!, désigne le propriétaire de la couture, comme le dér. Couturier, cultivateur.

Couture, anc. fr. costure, action de coudre, var. Coudure (Ouest). Dér. : Cousturier, Couturier, tailleur, var. Coudurier, -ié (Ouest, S.0.), var, picarde Couturieux.

Donc, si c’est un nom de famille que vous voulez comprendre, il n’y a pas de solution, car elle est à double sens.


Pour les noms de lieu, l’abbaye de la Couture en région des Pays de Loire est une magnifique illustration du sens cultiver du lieu-dit.

Reste le métier, pour lequel j’ai un acte notarié de 1547 sur mon site, avec d’autres dictionnaires donnant au Moyen-âge le couturier cultivateur, puis à la Renaissance celui qui assemble des étoffes, remplacé dès le 18e siècle par la couturière.
Et je vous propose l’acte de 1547 en exercice de paléographie.

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Un cancer du sein en 1695

bien avant le dépistage

« Le 7.5.1685 la femme de Mr Decorce avocat mourut d’un abcès au téton, elle a souffert pendant plus d’un an, elle n’a point laissé d’enfants, elle s’appellait Gabrielle Gault » (TOYSONNIER Estienne, avocat au présidial d’Angers 1683-1714, Journal publié d’après le manuscrit n°883 de la bibliothèque d’Angers, AD49-BIB 3368)

Voici la famille de Gabrielle Gault :

    Laurent 3e GAULT « le Jeune » Sr de la Saulnerie °Angers StPierre 10.1.1594 †10.8.1669 Fils de Laurent 2e GAULT & de Jeanne MORINEAU. Avocat à Angers. x Angers St Maurille 11.8.1618 Jeanne LOYAUTÉ °Angers StPierre 4.6.1598 †idem 16.1.1672
    Philippe GAULT °ca 1619 †29.1.1688 Curé de la Tourlandry de 1640 à 1688, il y succède à son oncle Clément Gault.
    Jean GAULD Sr de la Grange °AngersStMaurille 30.11.1624 †5.1672/ Filleul de Catherine Gault fille de Laurent Laisné At à Angers & de Jeanne Traineau. x AngersSt-Maurille 21.6.1649 Charlotte LAUBIN Dont postérité
    Clément GAULT °AngersStMaurille 20.11.1625 Probablement †bas âge puisque en 1672 il n’est pas dans la succession.
    Laurent 4e GAULT Sr du Hardras & de la Saulnerie x 1646 Renée DELAHAYE Dont postérité
    Gabrielle GAULT x Angers StMaurille 3.2.1654 Guillaume DESCORE Avocat

Il est rare de trouver des notes médicales personnelles concernant le 17e siècle.

Nous avons fait des progrès, et beaucoup de règlements de la profession :
Le ministère de la Santé s’apprête à contacter par courrier, « dans les prochains jours » et pour un contrôle, environ 6 800 personnes venues passer un examen une radio des seins ou du thorax dans 5 cabinets de radiologie du Nord de la France, après que l’Inspection générale des affaires sociales ait remarqué des manquements aux règles d’hygiène relevés dans des cabinets de radiologie du Nord de la France.

L’actualité nous parle aussi de ce bon vieux (plus de 1000 ans) droit de remuage : l’UFC-Que Choisir, a publiée le 22 janvier, une étude sur le pactole que la hausse des prix des logements procure aux collectivités locales. Sur chaque vente, les communes perçoivent 1,2 % de la valeur du bien, les départements 3,6 % et l’Etat 0,2 %, ce qui majore le prix de 5 % pour l’acquéreur. Ces droits de mutation, certes perçus par les notaires au profit des collectivités locales, sont parfois improprement appelés « frais de notaire ».

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Contrat d’apprentissage, autrefois

C’est le premier contrat rencontré dans une vie. Il est plus répandu que de nos jours puisque seul moyen de formation, et le meilleur pour la pratique.

J’ai toujours été ahurie de constater la variété des métiers appris autrefois ainsi ! Si vous voulez, je vous en ferai découvrir.
Le contrat de’apprentissage est souvent passé chez le notaire, et pour cause. Pour passer un contrat d’apprentissage il faut savoir lire et écrire, penser à toutes les clauses, bref, un savoir-faire que détenait le notaire.
Peu de ces actes ont été conservés, mais on en trouve, avec un peu de chance, tel une aiguille dans la motte de foin.

Le contrat, terme qui nous est resté, fourmille de synonymes.
Marché : Toute convention verbale ou écrite, renfermant les conditions d’une vente.

Contrat : Paction, Convention, Traité entre deux ou plusieurs personnes, & rédigé par écrit, sous l’autorité publique.
Paction : Terme vieilli. Action de faire un pacte, une convention. (Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872-1877).

Ajoutons la transaction, lorsqu’on met fin à une longue dispute, parfois devant la justice, par un accord devant notaire.

Nous avons conservé le terme contrat, aujourd’hui sans l’officier public, puisqu’il est préimprimé sur un modèle digne de chaque profession. Nous avons conservé l’apprentissage, certes moins pratiqué en France que dans d’autres pays Européens de nos jours, la France d’aujourd’hui ne croyant plus à la formation sur le tas… dommage !

Donc, autrefois pas d’enseignement technique, mais une formation chez papa, ou chez un maître… Lorsque papa n’est plus là, ce qui est fréquent, ou bien lorsqu’il a trop de fils, ou encore lorsque les parents ont les les moyens d’offrir un métier plus valorisant, le jeune est mis en apprentissage chez un maître. Celui-ci n’a pas le droit de prendre plus de un ou deux apprentis, selon les corporations.
Et vous l’avez remarqué comme moi, parfois, il arrive que faute de fils, papa prend un apprenti qu’il aura soin de marier à sa fille pour reprendre sa suite… histoire de transmettre à la fois le patrimoine et le savoir-faire.

Lors du contrat d’apprentissage on découvre que le jeune apprenti est toujours logé, nourri, blanchi dans la maison du maître, doit lui obéir, ne pas s’absenter sans avoir obtenu un congé. Le seul temps défini est la durée de l’apprentissage, qui varie selon les métiers de 6 mois à 4 ans pour certains métiers, selon la difficulté du métier. Pas question d’horaire hebdomadaire…
Cet enseignement est presque toujours payant, pour une somme globale divisée et réglée par années. Il est rarement gratuit. Pourtant c’est le cas du contrat de Pierre Pineau chez Charles Marchais tanneur aux Pont-de-Cé. Soit le maître prend là une main-d’œuvre en même temps qu’un apprenti… soit il sait que la famille est pauvre et ne réclame rien…

Rien n’est laissé au hasard, ainsi même l’achat des chaussures est prévu, et à la charge du maître, alors que les vêtements sont à la charge de la mère. Ce qui serait intéréssant maintenant c’est de savoir si Charles Marchais avait des fils… et qui lui a succédé à cette tannerie.

Nous revenons demain sur ce métier de tanneur , si répandu autrefois… à moins que vous n’ayez d’autres idées plus en rapport avec l’actualité… que je tente pourtant de suivre au mieux..

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog.