Les amis d’Edouard HALBERT : le groupe des 10

Histoire d’une amitié à Nantes Saint Jacques : le groupe des 10

Cette histoire a pu être reconstituée en 2002 grâce à : Michel Halbert, fils de Paul du groupe des 10, qui avait 3 photos ; Alain Guillouard petit-fils d’Edouard du groupe des 10, qui avait le texte original et des photos – Texte et photos réunies par Odile Halbert, petite-fille d’Edouard Halbert ainsi que d’Edouard Guillouard.

Ils étaient 10 amis, tous issus du quartier Saint-Jacques de Nantes, plus ou moins parents.
Ils nous ont laissé divers témoignages de leur amitié : 4 photos solennelles, et quelques photos plus privées, qui témoignent de leurs rencontres et ballades manifestement plus fréquentes que tous les 10 ans.
Un texte rempli d’humour témoigne de ce groupe. L’auteur est manifestement l’un des 10, voire les 10 ensemble lors de la réunion de 1925. Probablement Chauvet.
Edouard Halbert, mon grand père paternel, disparaît le 1er, en 1932 : on ne le voit donc plus sur la dernière photo que l’on peut alors dater de 1935.

Nous possédons une date pour le texte : novembre 1925.
Ce texte, dont nous possédons la frappe originale de l’époque, donne des dates. Nous nous efforçons de mettre une date sur les photos. Vos suggestions seront les bienvenues !
Les 4 photos les donnent toujours à la même place. Le texte donne 1900 pour la 1ère, alors que la mémoire des descendants donne 1905 puis tous les 10 ans.
Le texte donne une photo en 1920, qui serait la 2e On obtient d’ailleurs le même résultat en ajoutant 10 ans à 1905, et en excluant 1915 pour cause de guerre, ce qui donnerait 1919 ou 1920.
La 3e pourrait être datée de 1925, date à laquelle Edouard Halbert vit encore. En effet, le texte est rédigé en 1925, et ils l’ont sans doute élaboré ensemble, si ce n’est fêté ensemble.
La 4e serait alors de 1935 ou 1940. Je vous laisse dans ce texte original :

En 1905, voici de gauche à droite, au 1er rang :
Henry Cassin
Henri Dupras, père de l’abbé
Louis Guillouard °11.5.1880 †2.10.1964
Gustave Cassin
Edouard Halbert °21.8.1877 †24.2.1932
au 2e rang :
Etienne Chauvet
René Reffé
Cormerais dit « Camelia »
Paul Halbert °18.1.1882 †18.3.1942
Edouard Guillouard °1.2.1877 †20.9.1946

En l’an de Grâce Mil neuf Cent
Une bande de joyeux drilles,
Un dimanche, fit « Tirer leurs billes »
Chez un photographe épatant.
Ils étaient dix, ni plus ni moins ;
Edouard Halbert, le marchand d’foin,
Chauvet, Reffé, les Cassin Frères
Cormerais, Dupras, Paul Halbert,
Edouard Guillouard et son frère Louis
Les voici tous,     Cadédie !


Un beau jour, l’un d’entre eux prit femme
Cette …… maladie là se gagne
Tant et si bien, qu’en un instant,
Les neuf autres en firent autant.
René Reffé, jeune pourtant,
Conjugua son amour brûlant
Avec ( oh ! le sacré grand diable ! )
Une jeune fille estimable
Qu’il « zieutait » depuis fort longtemps !
Louis Guillouard eut bientôt mérite
De leur présenter son …. Edith.
Du coup, « la Pipe » se sentant
Des ardeurs, qu’il contient à peine,
Découvre et …. croque Madeleine.

Cormerais à Marie Dupras
Un beau matin offre son bras.
Edouard, des Guillouard, l’Ainé
Bientôt convole avec ….. l’Aimée.
Henri Cassin voit jouvencelle
Et tombe amoureux d’Isabelle.
Et peu après, Chauvet Etienne
Egalement épousa la Sienne.
De joie, il accorde sa sœur
A Gustave qui fait son bonheur.
Henri Dupras, doucettement
Sans bruit, suivit le mouvement.
Enfin, Paul Halbert, le Mitron
A Marguerite offrit son nom.
Et c’est ainsi que chacun d’eux
Devint beau-frère, oncle ou neveu
Du cousin ? ? ! ! Y’a d’quoi dev’nir fou
Vous n’y comprendrez rien du tout !

———–

Ici, recueillons-nous un peu
Un instant, pour remercier Dieu
D’avoir traversé la tempête
En conservant tous notre tête.

———–

Vingt ans après, nos bons gaillards
Derechef et bien posément
Ensemble retournèrent dare-dare
Chez le photographe épatant.
………………………………..
………………………………..
Alors on fut bien surpris
Comparant les photographies,
De constater, Oh ! cruel sort,
Combien de vieillir on a tort !
Chauvet n’a plus l’air d’un potache
Qui sort du Lycée à l’instant ;
Son double menton, ses moustaches,
Lui donnent un aspect conquérant.

René Reffé, ( ça c’est curieux )
A toujours le même air sérieux,
Et porte très allègrement
La différence des vingt ans.
Joseph Cormerais a … durci
Ce qui l’a tant soit vieilli
Mais a conservé malgré tout
Moustache de chat, dent de loup.
Le Gustave des ébats joyeux
Est devenu mari parfait
S’il a perdu quelques cheveux
Il a conservé ….. son toupet.
Et Paul Halbert, le jeune imberbe,
Maintenant a mine superbe
Elle le sait bien et faut voir comme
Marguerite le trouve bel homme !
Edouard Guillouard, après la guerre
Son joli « bouc » a conservé.
En le voyant le caresser,
On croit voir revivre son Père.
« La Pipe » Bien dodu, bien rond
A toujours son p’tit air frippon
On en fait la preuve sans peine :
Voyez-le regarder Mad’leine !
En contemplant Henri Dupras
On trouve qu’il ne change pas
Même il n’a pas fait ablation
De sa barbiche…. Napoléon.
Louis Guillouard a fait son chemin
Et sa Barbe de Capucin
Sied et complète à merveille
Le « port » d’un gros industriel.
Henri Cassin, Oh ! se déplume
Au menton de barbe n’a plus
Ça fait une face de Lune
Et bonne mine, doux Jésus ! ….

Quoiqu’il en soit, l’ensemble est bon.
Ils n’ont pas l’air de vieux barbons,
Mais plutôt de gens raisonnables
Pondérés, tenant bien à table
Et surtout, sans forfanterie
A garder leur camaraderie.
………………………………..
………………………………..
Vingt ans se sont écoulés !
Ces jeunes, devenus « Aînés »
Papas, Tontons, même Beau-Père !
Peuvent regarder en arrière.
A la France, spectable charmant,
Ils offrent trente-quatre enfants :
Quatorze garçons et vingt filles
Et leur dix épouses gentilles.
Ces braves refusant de vieillir
Théodule va les rajeunir !

8 Novembre 1925

Nous datons cette dernière photo de 1935. Ils sont 10 mais sans Edouard Halbert, parti le prmier en 1932.

Armistice du 11 novembre 1918 : carnet de guerre d’Edouard Guillouard

Je republie ici un billet traitant du 11 novembre déjà paru ici.

Amis fidèles de ce blog, aujourd’hui je vous emmène dans ma famille, ce que je fais rarement, avouez-le. Je le fais au nom de toutes les victimes des guerres !

Ma famille a le bonheur d’avoir des matériaux sur la guerre 14-18 grâce à mon grand’père qui a fait les 4 années dans les tranchées. Son carnet de guerre, et ses très nombreuses photos, sont sur mon site.

Je conserve un très grand souvenir de la frappe de ce document, car, malgré tout ce qu’on avait dit, les détails les plus sordides m’avaient échappé :

    1. 1er sac de couchage

 

    1. 1er cape

 

    1ères bottes etc…

ces dates étaient tellement irréelles : elles attestent qu’ils sont restés des mois dans la boue et le froid avant qu’on ne fabrique tout cela ! Chaque fois que je tappais une telle information, je devais arrêter mon travail, pour aller me réconforter moi-même, tellement j’était ahurie !

Comme beaucoup de ces hommes, mon grand’père était père de 3 enfants, enfin, la 3e née en novembre 1914, ainsi signalée dans son carnet de guerre :
25.11 mercredi – J’apprends la naissance de Thérèse
Il s’agit de ma mère qui n’a connu son père qu’à 4 ans. Elle avait alors éprouvé quelques difficultés à identifier ce papa sorti de nulle part pour elle, un étranger. Il sut se faire aimer rapidement.

Nantes, 1914, Aimée Audineau et ses 3 enfants
Nantes, 1914, Aimée Audineau et ses 3 enfants

Les enfants pendant la guerre jouent à la guerre, probablement comme tous les enfants du monde. Ici, on voit aussi le fusil, le képi, et un cheval, comme papa :

Edouard Guillouard, 1916
Edouard Guillouard, 1916

en 14-18 l’armée est à cheval.


Deux ans plus tard, les enfants ont même le costume : la petite fille en infirmière !

A la fin de ces 4 années, Edouard, alors en Alsace, reviendra avec ce souvenir :

Babette, 1918 - Poupée plate, de bois, en trop bon état en 2008 pour avoir été autre chose qu'un bibelot du souvenir ! souvenir fort !
Babette, 1918 – Poupée plate, de bois, en trop bon état en 2008 pour avoir été autre chose qu’un bibelot du souvenir ! souvenir fort !

Les femmes, quant à elles, prient, lavent, s’occupent des enfants, et prennent le chemin des usines. Le journal de la belle-mère d’Edouard commence par

à la grâce de Dieu !
que nos chers disparus nous obtiennent force et résignation à accepter vaillamment ce qui arrive !

Oui, on prie, et on visite les cimetières, quasiement chaque jour. C’est à l’église que chaque dimanche (la radio n’existait pas encore !) du haut de la chaire, résonne sans cesse le nom des « Morts pour la France », dont le plus souvent la famille n’aura aucun corps à pleurer. Après de vaines recherches, seulement un plaque commémorative, pour se recueillir.

Mères, épouses, enfants, sont en proie aux questions : où, comment est-il mort ? Cloches et canons ponctuent lugubrement l’existence des vivants.

    1. Tout au long des routes sacrées,

 

    1. Où défilent des régiments,

 

    1. Douloureusement alignée,

 

    1. Dorment les tombes des vaillants !

Parfois un nom, souvent un casque,
Une couronne, ou quelques fleurs ;
Puis, sur le tout une fantasque
Croix d’une imprécise couleur,

Faite de pauvres bouts de planches,
Car partout il pousse des croix,
Et tel qui riait des dimanches,
En se battant de nouveau croit.

Poème de J. Bradane de Virard, paru dans le Courrier de Saint-Nazaire, le 14 août 1916.

Parfois un courrier, et quel courrier ! Celui-ci a bouleversé ma famille depuis 90 ans. Il est de la main de mon grand’père, au front, père de 3 enfants, à son frère son frère Adrien, inventeur, qui possède une usine à Nantes, et fabrique pour l’armée. Adrien n’a pas d’enfants, et est à l’arrière, tandis qu’Edouard qui en a 3 est au frond. La lettre témoigne d’une telle grandeur d’âme ! et pas une plainte !

Noël 1914 : lettre à Adrien,
Mon cher Adrien ma chère Gabrielle
Merci de votre postal que je reçois juste à temps pour joindre à ceux de mes camarades. Nous sommes gâtés, je n’avais jamais contenté autant de friandises.
Hier soir nous avons fait un vrai réveillon, et je n’ose pas vous en envoyer le menu. Si à la guerre il y a de fort mauvais moments, il faut bien se distraire un peu, malgré que nous ayons bien souvent lieu de nous faire du chagrin.
Hier il ne manquait rien pour se distraire car après le réveillon, nous avons assisté à une messe de minuit peu banale. Dans un ravin de chemin de fer à 12 m des boches, un abris de paille recouvre un autel, quelques branches de houx et 6 bougies dans de simples chandeliers. Un lieutenant d’artillerie, prêtre, dit la messe servie par deux soldats d’artillerie. Cette cérémonie est magnifique dans sa simplicité et son pittoresque. A un moment une forte voix chante un minuit chrétien dans cette obscurité, c’est émouvant et je conserverai longtemps le souvenir de cette nuit de Noël.
Que devenez-vous ? Louis m’écrit que vous êtes très peiné.
J’espère que Adrien obtiendra un nouveau sursis, et ne viendra pas voir les tranchées qui n’ont rien d’intéressant tant que les boches seront en France, mais qui m’ont encore appris la guerre. Je crois qu’Adrien, inventerait quelque chose de nouveau s’il y venait, mais, je me contente de faire des abris et installer des poëles, que nous n’allumons que la nuit pour ne pas être repérés.
J’en ai assez de cette vie de guerrier et nous ne voyons pas la fin venir, nous n’avons pas grande occupation, mais nous ne pouvons nous absenter de notre poste et malgré que nous n’ayons pas eu d’attaques heureusement, mais nous devons toujours être prêts à prendre les armes, et le plus dangereux et le moins agréable, c’est que jour et nuit nous avons toujours l’artillerie allemande qui, répondant à la notre, envoit des srapmells au petit bonheur. Gare à ceux qui les reçoivent et malgré qu’il y ai plus de trois mois qui nous en voyons éclater près de nous, on ne s’y habitue pas. C’est comme les balles, c’est toujours désagréable de les entendre siffler aux oreilles, surtout quant je suis aux tranchées de première ligne, dans ma compagnie. Nous n’avons pas eu trop de mal surtout depuis le 4 octobre, pas de mort pas de blessés sur les 250 hommes, espérons que la compagne se termine ainsi.
Je vous ai écrit voilà un mois une longue lettre, et je n’ai pas eu de réponse. Veuillez m’écrire longuement, vous me ferez plaisir. Et, si votre générosité vous le permet, vous pouvez m’adresser un autre postal. Je vais même vous en fixer le contenu (pour vous guider simplement). : un gâteau Lefèvre-Utile, quelques friandises, cigares et jambon ou un beau pâté de foie gras (pas autre chose).
Car je crois nos mauvais jours passés, et les camarades avec qui je me trouve aiment bien les bonnes choses. La plupart sont des messieurs de situation au dessus de la mienne, mais ce qui n’empêche pas que nous sommes tous très liés et de véritables amis, avec qui j’ai tout de même eu des jours de misère, que nous compensons quand nous le pouvons.
En attendant le jour heureux où il me sera possible de retourner vers Nantes, ce jour ne sera pas aussi agréable que nous l’aurions souhaité au départ, car notre pauvre Joseph manquera parmis nous. Sa disparition me fait beaucoup de peine. C’était un bien bon garçon, et un excellent frère, il n’a pas eu de veine, espérons qu’il ne m’en arrive pas autant, car il ne faut qu’un coup et comme je vous l’écris nous sommes souvent arrosés par la mitraille.
Je termine ma lettre en vous offrant mes bons vœux de bonne année, je vous encourage sérieusement à faire votre devoir de bons français en travaillant au repeuplement et je souhaite de bonnes affaires à Adrien, mais avec des sursis.
A vous lire, votre frère et beau-frère qui vous embrasse affectueusement, Edouard

Cette lettre, en ligne sur mon site depuis plusieurs années, a retenu l’attention d’un chercheur ! Et moi, je suis fière de ce grand’père et de cette magistrale grandeur d’âme !

A la mémoire de tous ceux qui ont eu à travers toutes les guerres une telle grandeur d’âme !
Voir le carnet de guerre d’Edouard Guillouard, illustré de nombreuses photos.

Hier, 10 novembre 2008, le groupe de travail présidé par l’historien André Kaspi concluait : « Les commémorations publiques et nationales sont trop nombreuses. » Et il préconisait de ne garder que trois dates au titre des célébrations nationales : « Le 11 Novembre pour commémorer les morts du passé et du présent, le 8 Mai pour rappeler la victoire sur le nazisme et la barbarie, le 14 Juillet qui exalte les valeurs de la Révolution française. »

PREUVES DE LA LÉGION d’HONNEUR d’EDOUARD GUILLOUARD

14-18 au 84e R.I.T.
PREUVES DE LA LÉGION d’HONNEUR d’EDOUARD GUILLOUARD

La base LÉONORE, est une atteinte à la dignité de la Légion d’Honneur. Elle est incomplète faute de conservation exhaustive des archives, et la Chancellerie refuse de réintégrer sur justicatifs les dossiers perdus, et pire, de faire figurer sur chaque écran un bandeau très lisible annonçant que cette base est lacunaire. Et elle n’est même pas capable de relire et exploiter le journal officiel, qui est disponible en ligne (cf ci-dessous). Dans la base LÉONORE vous ne trouverez ni Edouard Guillouard, ni tant d’autres. Ces lignes leur sont dédiées, à travers le dossier d’Edouard.

La notification du décret du 5 novembre 1931 est adressée en novembre 1931 à Edouard par la poste.

L’extrait du décret, ci-dessous, reçu par Edouard Guillouard, est conservé par ses descendants

L’extrait du décret, ci-dessous, reçu par Edouard Guillouard, est conservé par ses descendants

Journal officiel du 8 novembre 1931, p. 11637, sur GALLICA de la BNF

Ensuite arrive par la poste le rouleau de la Chancellerie

Dans ce rouleau, le diplôme non plié mais soigneusement enroulé. Le diplôme est émis le 5 novembre 1931. Le nom est écrit à la plume avec pleins et déliés. Le copiste a manifestement fait des fantaisies avec le patronyme d’Edouard, car on peut aussi bien lire GUILLMARD que GUILLOUARD

Puis, une lettre ci-contre lui fixe le lieu et la date de la remise de la décoration.

Le samedi 6 février 1932, tout le monde est au garde à vous sur la place Louis XVI à Nantes. Edouard est le second à gauche, place Louis XVI à Nantes

Edouard reçoit la médaille

Edouard sourit … Il y de quoi !

Son costume est un peu serré, car depuis 1918 l’embonpoint a légèrement enveloppé Edouard. Puis il rend les honneurs au sabre

La presse rédige sa bafouille, en mobilisant Edouard au 81e RIT mais vous savez maintenant qu’il fallait écrire 84e RIT

Edouard s’éteint le 20 septembre 1946 –  A sa mémoire !

Mon arrière-arrière grand mère Jeanne Morille, enceinte, perd son mari, et épouse son beau-frère : Nantes 1852

5 000 actes notariés sur le blog d’Odile Halbert, chercheuse réputée mal commode !
Mal commode parce que exigeante comme la chimiste qu’elle fut : preuves, rien que preuves, et tout voir et vérifier.

Il y a tant de pièges que j’ai il y a plus de 10 ans déjà écrit des pages de GENEAFOLIE sur mon site.

Je vais vous emmener, au fil du mois qui vient, découvrir comment j’en suis arrivée à autant de méfiance, car cela a commencé dès le début de mes recherches.

  • Cela a commencé avec le plus oublié de mes grand pères : mon arrière-arrière grand père Guillouard
  • Comme toutes les personnes âgées, née avant la seconde guerre mondiale, j’ai connu l’époque de haute fréquentation des cimetières.
    La génération précédente, celle qui était née juste avant la première guerre mondiale avait même connu plus qu’une haute fréquentation. Ainsi, l’une de mes tantes me racontait que c’était tous les dimanches après les vêpres, et dès le jeune âge. Adulte, elle ne les fréquentait plus du tout. Je la comprends.

    Moi, ce ne fut que toutes les Toussaints, mais alors un pélerinage complet comprenant plusieurs cimetières. Enfant, mes parents nous menaient chaque année sur toutes les tombes. Et j’ai une chance innouïe, il y en avait pléthore à Nantes.

    Vous pensez que j’avais beaucoup de chance ! car vous, vous avez ramé pour trouver des cimetières et des tombes pour identifier vos grands parents etc…

    Eh bien détrompez-vous !

    Mon premier piège le voici, avec la tombe de mon arrière grand-père Guillouard, tombe fréquéntée mais qui va s’avérer le plus oublié des grands parents, voici pourquoi et comment.

    Sur cette tombe, maman, née Guillouard, expliquait gentiement : Voici mon arrière grand père Jacques Guillouard, et la tante Blanche.
    Je passe sur les détails, car il y en avait de très fleuris, comme la tante Blanche si radin qu’elle se lavait les pieds dans sa soupière !

    Certes, à l’époque de mon enfance, je croyais tout ce que disait maman, comme tous les enfants sans doute, et comme elle avait déjà tant raconté, je ne posais pas de questions sur les autres noms que vous voyez sur la vue ci-dessus
    Noms que je devais découvrir lorsque j’entrepris les vérifications à l’état civil.
    Enfin, à l’état civil de l’époque, sans photocopie, sans consultation sur place, bref, le temps préhistorique de la recherche !!!

    Et là ! OUILLE !!! Rien ne se passe comme prévu.

    Je vous mets d’abord les actes, avec les moyens modernes puisqu’ils sont désormais en ligne :



    Le mariage du grand père de ma maman en 1871, le donne fils de François.

    Ce qui se vérifie avec l’acte de naissance :

    Toujours fils de François et même fils posthume de François.

    Dont voici l’inhumation peu avant la naissance de son fils :


    Et voici le remariage de sa veuve avec le frère de son défunt mari, et cette fois j’ai Jacques Guillouard, lequel n’eut pas d’enfants, et François Guillouard, fils posthume unique de François, fut traité comme son fils, au point d’oublier le vrai père.
    Comme on peut le voir sur l’acte de remariage avec son beau-frère Jacques, il n’y a eu aucune dispense demandée, et le code civil de 1852 autorisait donc pleinement le mariage entre beau frère et belle soeur.

    Lorsque je fis cette découverte, j’en parlais à ma maman, que je voyais tous les dimanches. Mais, jamais elle ne m’a crue, et elle m’en a même voulu, car selon elle, c’était bien Jacques le père de son grand père et je me trompais (selon elle).

    Et ma maman est décédée des années plus tard, sans m’avoir crue un seul instant.

    Voici donc l’une de mes premières sources d’erreur, certes dans ce cas exceptionnel, peu important sur le fonds, puisque les 2 frères avaient les mêmes parents, mais tout de même, illustrant comment dès le début j’ai appris à me méfier de tout dans mes recherches, car immédiatement après je fis encore moult expériences d’erreurs et tant et si bien que je suis devenue ce que je suis, une chercheuse exigeante qui passe pour une mal commode, mais fière de son exigence.
    La suite au prochain numéro
    Odile

    Odile Halbert – Lorsque vous mettez mes travaux sur un autre site ou base de données, vous enrichissez leurs propriétaires en leur donnant toujours plus de valeur marchande dans mon dos

    Contrat de mariage de Guillaume Guillouard et Renée Veron, Champsecret 1740

    Il est frère de mon ancêtre François Guillouard qui épousera Marie Bernier. Les contrats de mariages dans la même fratrie donnent une bonne indication du niveau social, ici très modeste, et on ne sait pas signer. On a tout de même des draps et des serviettes, et surtout une vache.
    Et pour la dot de la future, qui comme vous le savez maintenant, est payée sur plusieurs années, ici il faudra attendre 10 ans, si toutefois tout se passe bien.

    J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales de l’Orne, AD61-4E132/63 – vues 142-143/354 – notariat de Champsecret – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

    Le 18 septembre 1740 au lieu de Laistre Chauvière pardevant nous notaire royal soubsigné à Chancegray pour parvenir au mariage qui au plaisir de Dieu sera fait et accomply en face de notre mère sainte église catholique apostolique et romaine les cérémonies duement observées par entre Guillaume Guillouard fils Guillaume et defunte Marie Germain ses père et mère d’une part, et par entre Renée Veron fille de Charles Veron et de Marie Helix ses père et mère tous de la paroisse de Chansecray d’autre part, pourvu que ledit mariage soit fait et accomply comme dit est a esté présent ledit Charles Veron père de la dite fille lequel pour toutes et telle part et légitime portion que ladite fille pouroit espérer ès successions de ses dits père et mère a promis payer audit futur à marier savoir est la somme de 100 livres laquelle somme de 100 livres est à payer par termes comme il ensuit scavoir au jour précédent leurs épouzailles la somme de 10 livres ainsy continuer d’an en an à pareil jour et termes jusqu’à parfait payement de ladite somme de 100 livres, laquelle somme ledit futur a consignée et remplacée sur tous et chacuns ses biens meubles et héritages pour tenir le nom coste et ligne de ladite fille estre réputé son redot et patrimoine, lequel Veron père a promis bailler et livrer auxdits futurs à marier le jour précédent de leurs épouzailles un lit garny d’une couette, un traversier et 2 oreillers, une couverture de serge sur fil, avecque demy tour de lit de toile ourdie de brin et tissue d’étoupe avecque un coffre tel qui les en ladite maison (sic, et je crois comprendre « un coffre tel qu’il est en ladite maison ») avecque une douzaine de chaque sorte de linge comme draps serviettes et autres sortes de linge à proportion avecque 6 petits plats ronds et 6 assiettes d’étain commun avecque une vache et un habit selon la condition des parties, et outre a promis ledit Veron un cappot à livrer audit jour précédent de leurs épouzailles, lequel futur (je comprends qu’il manque le pluriel) à marier se sont promis la foy de mariage et s’épouser toutes fois et quante à la première réquisition de l’un à l’autre, aux charges des douaires et droits respectifs acquis à gens mariés suivant la coutume de cette province, lesquels douaire (sic pour l’absence de s pluriel) auront lieu et leurs seront acquiter du jour de la dissolution dudit mariage sans qu’il soit besoin en faire aucune demandes judiciaires le cas offrant, ainsy d’accord fait après lecture faites aux présence de Guillaume Guillouard père dudit futur et Jean Guillouard oncle dudit futur, et Thomas Fourray, Robert et Jacques Chauvière, René Veron et Thomas Cousin, Jacques Hélix, Marin Baloche et autres tous parents et amis de ladite paroisse de Chansegray et de La Sauvagère témoins

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    Contrat de mariage de Nicolas Guillouard et Guillemine Bessirard, La Sauvagère (61) 1658

    les 4 frères font un mariage de rang social équivalent, avec cependant la différence que Noël ne verra pas de meubles vifs, et donc qu’il est journalier sans bêtes propres. C’est lui qui quitte la paroisse, car je pense que ceux qui partent sont le plus souvent des cadets, qui tentent d’aller faire fortune plus loin.
    Il faut noter que les 2 siècles suivant cette branche Guillouard restera à ce niveau social, peu aisé.

    J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales de l’Orne, 4E172/58 – vues 185-186/303 – La Ferté-Macé – vues 92-93/202 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

    Le 29 décembre 1658 en traitant du mariage qui au plaisir de Dieu et en face de nostre mère ste église catholique apostolique et romaine sera fait parfait et accomply les constitutions et ordonnances d’icelle bien et duement observées par entre Nicolas Guillouard fils François et de Jeanne Bordel ses père et mère d’une part, et de Guillemine Bessirard fille de deffunt Simon et de Jeanne Barré aussy ses père et mère d’aultre part, tous de la paroisse de La Sauvagère, lesquels se sont promis la foy l’ung à l’aultre et s’épouser à la première requisition de l’unge ou de l’autre des parties, à quoy ont esté présents ladite Barré mère de ladite affidée et Jacques, Michel et Guillaume Bessirard aussy frères, lesquels en faveur dudit mariage pourveu que il soit accomply comme dit est ont promis donner auxdits futurs en don pécuniel la somme de 120 livres tz pour la part et portion que ladite fille pourroit espérer de la succession tant du paternel que maternel, en oultre ont promis donner à ladite fille un habit nuptial à l’usage de ladite fille outre ce que elle en peut avoir, plus un lit garny, plus une vache pleine ou le veau après elle, avec une genisse venante à deux ans, plus 2 moyens plats avec 4 aultres petits et 6 assiettes, un pot, le tout d’estain suffisant, et oultre un grand coffre de bois de chesne fermant à clef bon et suffisant avec un demy coffre de bois de fousteau et attrousseler ladite fille de linge selon la maison d’ou elle part et celle dont elle va, de laquelle somme de 120 livres il en sera payé par lesdits Barré et Bessirards au jour des nopces ou espousailes la somme de 40 livres et du jour des nopces en un an la somme de 15 livres et ainsy d’an en an faire et payer pareille somme de 15 livres, jusques en fin du terme et payement, de laquelle somme cy dessus mentionnée il en sera remplacé par ledit François Guillouard père dudit affidé sur le plus clair de tous ses biens la somme de 40 livres tz pour servir de dot ou assignat à ladite fille, en oultre son douaire coustumier, dont du tout lesdites parties sont demeurées à un et d’accord, présents François Desjoncherets, Marguerin Bernier, Pierre Guilloaurd, Léonard Lemercier et Guillaume Duvel tesmoins
    Le 18 août 1662 à La Sauvagère devant les tabellions royaulx de La Ferté Macé après midy furent présents Michel et Guillaume Bessirards frères, fils de feu Simon Bessirard, de la paroisse de La Sauvagère, ledit Guillaume faizant fort pour ledit Michel, lesquels à l’instance de Nicolas Guillouard leur frère en loy ont recogneu loué approuvé ratiffié le contenu mentionné en l’autre part escript dans une feuille de papier en forme de traité de mariage soubz seing privé après luy en avoir donné la lecture mot après autre a recogneu estre leurs propres faits et seingscedulle promesses et obligations qu’il a promis entretenir de point en point en tout son contenu sur l’obligation de tous ses biens meubles et héritages, présents Nicolas Duvel et Nicolas Guillemard de la dite paroisse tesmoins

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