Vente de peaux de vache, Ponts-de-Cé, 1656

Oui, vous avez bien lu, je parle aujourd’hui de peaux de vache ! Rassurez-vous j’en parle au sens propre.
Autrefois, les bouchers tuaient eux-mêmes les bêtes, et vendaient donc les peaux aux tanneurs. Les bouchers demeuraient généralement au coeur des villes, proches cependant d’une rivière où s’écoulaient les sangs, etc… Nantes et Angers ont eu ainsi en plein coeur de la ville toute une concentration de bouchers oeuvrant à tuer les bêtes, le tout dans une odeur pestilentielle et les rivières des moins potables. Il est vrai qu’on n’avait pas encore découvert la bactériologie et en conséquence la notion d’eau potable…
Comme les Nantais ont 2 rivères, dont l’une assez stagnante, l’Erdre, ils avaient les bouchers près de l’Erdre… bien odorante !

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E90-369 – Voici la retranscription intégrale de l’acte, avec mes commentaires en italique : Le 13 mars 1656 après midy, devant nous Nicolas Bellanger notaire royal à Angers résidant aux Ponts de Cé furent présents establis et duments soumis chacuns d’honneste homme François Duchesne marchand maistre boucher d’une part,
et honneste homme Charles Marchais marchand tanneur demeurant en le lieu des Ponts de cé paroisse St Maurille d’autre part

    Voir ma page sur les tanneurs

entre lesquels a esté faict le marché tel que s’ensuit, c’est à scavoir que ledit Duchesne a vendu et par ces présentes vend et promet livrer en sa maison en cedit lieu audit Marchais toutes et chacunes les peaux de bœufs, vaches et veaux qu’il habillera ou fera habiller à commencer du jour et feste de Pasques prochain jusqu’au mardy gras ensuivant

HABILLER se dit en parlant De certains animaux qu’on écorche & qu’on vide pour les mettre en état de pouvoir être accommodés à la cuisine. Habiller un veau, un mouton, un lapin. On dit aussi, Habiller une carpe (Dict. Académie française, 4th Edition, 1762)

ce marché fait pour en payer et bailler par ledit Marchais audit Duchesne scavoir pous chascunes douzaines de peaux desdites vaches en poil, à raison de treize pour douze, la somme de cent livres tz,

    treize à la douzaine : très ancienne pratique commerciale, que je rencontre toujours dans les marchés de vente. Surtout n’allez pas sur le Net, on ne vous remonte pas si haut que moi cette charmante expression !

et en cas qu’il habille des thores en passera trois peaux d’icelles pour deux desdites peaux de vaches, et les peaux des thores qui auront poussé deux grandes dents de lait passeront pour peaux de vaches suivant la coustume de ce pays

    la thore, ou taure, est la génisse, qui est la jeune vache n’ayant pas encore eu de veau. L’acte précise comment on distingue alors, selon la coutume, la peau de taure de peau de vache, par les dents de lait.

et outre promet et s’oblige ledit Marchais payer lesdites peaux de bœufs au prix qu’elles pèseront à raison de 9 sols tz la libre, et au cas où il se trouvera quelques peaux desdits bœufs qui ne pèseront que 40 livres et au dessous passeront au rang desdites peaux de vaches, et lesquelles surpassant ledit poids de 40 livres seront payées à la susdite raison de 6 sols chacunes livres,
et pour le cas desdites peaux de veaux et thores à raison de 104 pour 100 promet comme dit est ledit Marchais en payer audit Duchesne la somme de 72 livres tz pour chacun d’iceux payable scavoir 100 livres tz par une part dans la feste Dieu prochaine à valoir et desduire sur lesdites peaux que ledit Duchesne luy aura livrées dans ledit temps, et luy pourra livrer,
et pareille somme de 100 livres dans le jour et feste de St Berthelemy prochain, à valoir et desduire comme dit est sur lesdites peaux, du nombre et quantité de toutes lesquelles ils auront et tiendront registre d’icelle séparément, et compteront ensemblement ledit jour de mardy gras prochain,
payera ledit Duchesne sans prétendre aucun remboursement le droit de pesage desdites peaux de bœufs, et en retirera billet du poids d’icelle,
en faveur duquel marché baillera ledit Marchais audit Duchesne la somme de 10 livres tz dans le jour de Quasimodo prochain

comme aussy ont esté à ce présents establis et duement soumis chacuns de honnestes hommes Jean Barbot et Estienne Gaultier marchands, maistres bouchers, demeurant en cedit lieu des Ponts de Cé, dite paroisse, d’une part, et ledit Marchais d’autre part,
lesquels ont fait et font entre eux le marché qui s’ensuit, c’est à scavoir que lesdits Barbot et Gaultier ont pareillement vendus et promettent livrer en leurs maisons et demeure audit Marchais, toutes et chacunes les peaux des bœufs, vaches et veaux en poil qu’ils habilleront ou seront habillés pendant ledit temps cy-dessus mentionné, le tout aux mesmes closes charges et conditions de marché fait entre ledit Marchais et ledit Duchesne, for que lesdits Barbot et Gaultier ne seront payés à chacune des peaux que de la somme de 50 livres tz chacun,
ce qui a été voulu stipulé et accepté par les parties auxquels marchés et tout ce que dit est tenir etc dommages etc s’obligent lesdites parties
ledit Marchais au paiement desdites sommes aux termes susdits luy ses hoirs biens et choses à prendre vendre etc renonçant etc dont etc advertys du scellé suivant l’édit
fait à notre tablier en présence d’honorable homme Vincent Gaultier marchand Me apothicaire dudit lieu, d’honorable homme René Maugin et Brillault marchands, demeurant en la paroisse St Aubin des Ponts de Cé tesmoins,
ledit Barbot a déclaré ne scavoir signer
Signé : C. Marchays, F. Duchesne, R. Maugin, E. Gaultier, C. Brillault, N. Bellanger, V. Gaultier

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog et non aller en discuter dans mon dos sur un forum ou autre blog. Tout commentaire ou copie partielle de cet article sur autre blog ou forum ou site va à l’encontre du projet européen d’éthique des blogueurs, disponible sur le site du Parlement européen.

Partages de la succession de Maurice Pasquer et Marguerite Delacroix, 1656

Le partage suivant, qui ne concerne nullement mes ancêtres, comme d’habitude sur ce blog, mais le Haut-Anjou en général, qui est ma passion, a 3 mérites :

    Comme tout partage, il donne les enfants, au nombre de 4 et leurs conjoints, le tout dans l’ordre de naissance.

    Il donne des prix pour chaque pièce de terre, et les prix sont rarement donnés lors des partages, d’où tout l’intérêt. D’ailleurs, ils permettent de calculer le prix à l’hectare, car la superficie aussi est indiquée.

    Il y a une métairie et une closerie à partager en 4, et au lieu de tout diviser en 4 comme nous l’avons déjà vu, ils ont choisi de diviser la métairie en 2, et on découvre alors que la closerie est d’une valeur bien inférieure à la moitié d’une métairie, puisque ceux qui ont une moitié de métairie vont verser de l’argent au 4e lot, qui lui n’a rien que ces sommes de retour de partage. Ce retour de partage fait 985 livres, donc on peut conclure que la closerie est de la même valeur puisqu’elle fait un lot à elle seule, et que la métairie vaut environ 3 000 livres, puisque divisée par deux, soit 1 500 livres, chacune des moitiés reverse 500 livres au 4e lot.
    Le montant total de l’héritage est donc de 4 000 livres.
    Mais le plus spectaculaire est que lors de la choisie, les moitiés de métairie l’emportent, puis la closerie, et le non choisissant à la somme d’argent. J’y vois la preuve que la terre est une valeur sure.

Le père était marchand tanneur. On sait donc que sa fortune, après avoir marié ses 4 enfants, c’est à dire après avoir doté 4 enfants, est tout de même de 4 000 livres. C’est beau ! Cela situe bien les marchands tanneurs comme beaucoup plus aisés que la plupart des artisans, les meuniers, etc…

    Voir ma page de Brain-sur-Longuenée
    Voir mes ascendants Pasquer

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E6 – Voici la retranscription de l’acte : Le 30 juin 1656 (René Garnier notaire Angers) lots et partages en 4 que François Reboux marchand corroyeur et Maguerite Pasquer sa femme font et présentent à honnestes personnes Mathurin Brault marchand Me tanneur et Marie Pasquer sa femme, Robert Papon marchand Me peletier et Françoise Pasquer sa femme, Jean Crochet marchand et Claude Pasquer sa femme, et à honorable personne Louis Seard aussy marchand curateur à le personne eet biens quand à la choisie des présents partages de ladite Claude Pasquer, des biens des successions de deffunctz honnestes personnes Maurice Pasquer vivant aussi Me tanneur et Marguerite Delacroix leur père et mère et de deffunt René Pasquer leur frère présumé mort par son absence de ce royaume depuis 10 ans ou environ, pour iceux partages estre choisis par les dessusdits chacun en leur rang et ordre suivant la cousume de ce pays d’Anjou

  • Premier lot, choisi par Claude Pasquer et Jean Crochet, premiers choisissants
  • Pour le premier lot mettent lesdits Rebours et sa femme la maison du lieu et mestairye de la Courtaudaye (pas dans C. Port) située en la paroisse de Brain sur Longuenée ou demeura à présent Anthoine Delaistre mestayer dudit lieu compozée de trois chambres à costé l’une de l’aultre dont y en a deux ou y a four et cheminée et grenier au dessus, à la réserve de l’usage du grand four pour le segond lot pendans cinq ans en cas qu’il ne bastisse de four plus tôt pour luy, et ledit four estant fait ledit usage cessera
    Item demeure du présent lot l’issue estant au devant de ladite maison en la largeur de 33 pieds de long du pignon de davant ladite maison, et de 50 pieds de long en tirant depuis l’ouverture de la porte de ladite maison jusques à ladit longueur de 53 pieds où il pourra mettre ce que bon lui semblera et le surplus dudit davant au long de la grange sur pilliers du segond lot
    Item la moitié du verger touchant au jardin de derrière …
    Item la moitié de la grange servant d’estable aux bestes le bout le plus proche du vinier et pour exercer passera par la porte à présent faite et sera fait à frais communs une séparation …
    Item demeure au présent lot l’issue qui est au derrière dudit logis entre le fossé du verger et le bout des deux granges du segond lot et ledit logie pour y faire une aire à battre bled deulement sans incomoder le puitz et sans comprendre le cheminpour aller de la maison de ce lot au préz du segond lot …
    Item une soue à porcs proche du four dudit logis
    Et au surplus toutes issues et rues demeurent communes entre le premier et segond lot
    Ne pourra le segond lot prétendre d’issue par le bout desdites granges
    Item un jardin nommé le Petit jardin contenant demie boisselée
    Item un jardin nommé le pré de la maison contenant une boisselée
    Item un jardin nommé le jardin de derrière le four … contenant un tiers de boisselée …
    etc…

  • Segond lot, choisi par Françoise Pasquet et Robert Papon, 2e choississants.
  • Pour le segond lot les deux granges se joignant l’une l’autre avec l’aire davant ainsi qu’elle est close et la moitié du verger, en laquelle moitié ne sera compris le chemin de 18 pieds de long qui est au premier lot
    Item l’autre moitié desdites estables servant audit bestiaux …
    Item la soue à porcs faite à murailles couverte de chaulme touchant au petit jardin qui est devant lesdites estables
    Item le jardin de derrière les estables contenant une boisselée
    Item un jardin proche le vinier nommé le jardin du Vinier contenant une boisselée
    Item l’autre moitié dudit pré … apprécié 500 livres
    Item une pièce de terre nommée le Vigneau contenant 7 boisselées apprécié 90 livres
    Item une pièce de terre nommée la Grée contenant 2 journeaux et 2 boisselées appréciée 120 livres
    Item une pièce de terre nommée le Payrmin contenant 4 journeaux appréciée 200 livres
    Item une pièce de terre nommée La Nauvy contenant 5 journeaux appréciée 160 livres
    Item une pièce de terre nommée les Bretelières contenant 3 journeaux appréciée 120 livres
    Item une pièce de terre nommée les Petites Bretelière contenant 2 boisselées appréciée 20 livres
    Item une pièce de terre nommée le Landereau contenant 8 boisselées appréciée 40 livres
    Item un clotteau de terre nommé le Toulay contenant 2 boisselées apprécié 20 livres
    Item l’autre moitié de la grande lande le costé joignant le chemin de Brain à Chastillon, ladite moitié contenant 3 journée et appréciée 100 livres
    Item jouiront le premier et le segond lot en commun l’année présente dudit lieu de la Coutodière
    Payera ce présent lot avec le premier lot par moitié les cens rentes etc…
    Payera le présent lot au 4e lot la somme de 500 livres de retour de partage

  • Troisième lot, choisi par Marie Pasquer et Mathurin Brault
  • Pour le troisième lot le lieu et closerie de la Couvrardière situé au village de la Couvrardière paroisse de Brain Sur Longuenée …

  • Quatrième lot, resté à la fille aînée, Marguerite Pasquer épouse de François Reboux
  • Pour le quatriesme lot prendra la somme de 485 livres du premier lot et la somme de 500 livres du second lot

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    Contrat de mariage Jean Chotard Perrine Bonvalet, Angers, 1632

    Encore un contrat de mariage passé à Angers alors qu’il est de Château-Gontier et elle de Segré.
    Voir ma page récapitulant les contrats de mariage retranscrits et analysés sur ce blog : elle permet de comparer les classes sociales.

    L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5 – Voici la retranscription intégrale de l’acte : Le 7 octobre 1632 après midy, devant nous Nicolas Leconte notaire royal à Angers, ont esté présents establys et deument soubzmis Michel Bonvalet marchand conraieur demeurant en la ville de Segré d’une part et Jean Chotard aussi marchand Me conrayeur à Chasteaugontier demeurant paroisse saint Rémy d’autre lesquels en exécution des promesses de mariage et fiances cy-devant faites entre ledit Chotard fils de deffunt François Chotard vivant marchant tanneur de la paroisse de Bazouges les Chasteaugontier et de André Potier à present femme en secondes nopces de Michel Aubin demeurantz en ladite paroisse de Bazouges, et de Perrine Bonvalet fille dudit Bonvalet et de Françoise Gilbert sa femme, ont accordé ce que s’ensuit

    à scavoir que lesdits Michel Bonvalet et Gilbert sa femme bailleront en advancement de droict successif de leur dite fille aux dits futurs conjoints la somme de huit vingt livres tz (160 livres tournois) scavoir 100 livres dans un an après leur bénédiction nuptiale laquelle demeurera le propre paternel et maternel d’icelle Bonvalet ensemble ce qui luy sera donné cy-après en ses estocques et lignées de ladite future sans pouvoir estre mobilisée et demeurera icelle en hypothèque sur les biens dudit futur espoux du jour et date des présenes et au regard des 60 livres qui seront fournies en deniers ou meubles entreront en la communauté d’iceux futurs conjoints laquelle s’acquerera du jour de leurs espousailles

      c’est somme de 160 livres est surprenante car un tanneur gagne généralement bien sa vie, et devrait donner un dot plus élevée. Je n’ai pas compris pourquoi la dot est si faible.

    et en cas de dissolution du mariage sans enfants d’iceluy en ce cas reprendra ladite Bonvalet quitement franchement ses abitz joyaux au désir de la coutume de ce pays et poura si bon luy semble répudier ladite communauté et ce faisant reprendra pareillement ses abitz bagues joyaux douaire et ladite somme de 120 livres sans estre tenue de payer aucunes desbtes, et en sera indemnisée et le tout payé sur les biens dudit Chotard,
    par ce qu’ils ont le tout ainsi voulu stipulé et accepté mesmes que ledit Bonvalet fera ratifier le contenu des présentes à ladite Gilbert sa femme la fera avecq luy solidairement obliger à l’entretenement et exécution des présentes comme a cemblable ledit Chotard auxdits Aubin et Pottier et en fourniront respectivement lettres valables de ratiffication dedans d’huy en 4 sepmaines prochainement venant à peine etc ces présentes néanmoins etc et à ce tenir sans y contrevenir obligent respectivement esdits noms et en chacun d’iceux solidairement sans division etc renonçant etc spécialement au bénéfice de division discussion et ordre de priorité postériorité foy jugement condemnation
    fait et passé audit Angers maison de nous notaire en présence de vénérable et discret Me Pierre Bonvalet prêtre curé de St Maurille de ceste ville oncle de ladite future espouse, de Julien Chotard et de Jacques Janvyer praticiens audit Angers

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