Caution solidaire dans un achat d’office de sergent, Angers, 1631

Michel Abellard, curé de St Pierre d’Angers va devoir payer pour son frère

Ce n’est pas le tout de s’engager à payer avec un autre, encore faut-il ensuite que celui-ci ne vous laisse pas payer pour lui !

Nous apprenons ici que l’acquéreur n’avait pas de quoi payer, et son frère doit jouer son rôle de caution
au passage nous avons le prix d’achat en 1631 d’un office de sergent royal, qui devait être légèrement inférieur à 300 livres si l’on tient qu’on que celui qui sert d’intermédiaire prend une commission.
et nous découvrons comment on le payait. Le marc d’or, « est certaine finance qu’on paye au Roy avant que d’obtenir les provisions d’un Office qu’on a acheté. Il n’a peu avoir ses provisions, parce qu’il n’a pas payé le marc d’or. les Tresoriers du marc d’or. les Chevaliers de l’Ordre ont leurs pensions assignées sur le marc d’or » (Dictionnaire de L’Académie française, 1st Edition, 1694).
et dans la foulée, on a un élément filiatif, à savoir la certitude que Michel et René Abellard son frères. J’ai ce patronyme dans mon ascendance, mais je suis en panne, alors je note, comme j’ai coutume de faire, tout ce qui concerne ce patronyme, que je touve au reste très évocateur.

l’acte notarié qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5.
Voici la retranscription intégrale de l’acte : Le 21 février 1631 après midy, par devant nous Nicolas Leconte notaire royal à Angers,

comme ainsy soit que vénérable et discret Me Michel Abellard prêtre curé de St Pierre d’Angers et René Abellard son frère demeurant au bourg de Champdenis pays de Poitou (lorsque la formulation commence ainsi, on est devant une transaction pour éviter procès)
eussent cy-devant donné charge à noble homme Me Jacques Bernard Sr du Breil de faire expédier au nom dudit René Abellard un office de sergeant (sergent) royal audit Poictou rezidant audit Champdenis vaccant par la mort de Sevestre Maistrault (il fallait qu’un office soit devenu vaccant par décès pour pouvoir le racheter, en passant par Paris, ou bien alors le racheter à un officier qui se démetait)
et que fournissant par ledit Bernard à l’un desdits Abellardz les provisions dudit office avec la quittance de finance et des marc d’or auroient promis solidairement payer audit Bernard la somme de 300 livres tant pour la finance dudit office fraitz d’expédition desdites lettres que sallaire et vacations dudit Bernard par leur escript du 27 août dernier et que ledit Bernard eust faict expédier ledit office le 28 novembre dernier et offert en bailler les provisions audit Michel Abellard en luy payant ladite somme et faict appeler pour estre condamner luy payer ladite somme dommages et intérests qu’il eust du, il seroit seullement intervenu pour faire plaisir audit René son frère et demandoict de faire sommer la demande à sondit frère sinon que ledit Bernard voullu prendre la somme ce 100 livres content et luy donner délay de 3 moys de luy payer le surplus offrant en payer la rente pendant ledit temps à quoy ledit Bernard s’oposoict et disoict outre que luy auroict esté promis 84 sols de pot de vin et 16 sols pour le port desdites provisions pour cest il que pardevant nous Nicolas Leconte notaire royal Angers ont esté présents ledit Me Michel Abellard tant en son privé nom que au nom et se faisant fort et le faict vallable dudit René Abellard auquel il a promis et demeure renu faire avoir ses présentes agréables et et à l’accomplissement d’icelle sollidairement obligé en fournir audit Sr du Breil lettre vallable de rariffication et obligation sollidaire dedans d’huy à 8 jours prochainement venant à peine etc, demeurant audit Angers dicte paroisse St Pierre d’une part, et ledit Sr Bernard demeurant en la paroisse St Maurille dudit Angers d’autre lesquels ont sur ce que dessus accordé comme s’ensuict,
c’est à scavoir que au moyen que ledit Sr curé a présentement payé audit Sr du Breil la somme de 104 livres tournois qu’il a receue en pistolles d’or et autre bonne monnoye courante dont il se contente et en quitte ledit Sr curé

PISTOLE. s. f. Monnoye d’or estrangere du poids du loüis d’or. Pistole d’or. pistole d’Italie. pistole d’Espagne. demi-pistole. double pistole. pistole de poids. pistole legere. pistole fausse. pistole douteuse. pistole rognée. (Dictionnaire de L’Académie française, 1st Edition, 1694)

auquel il a présentement fourny les lettres de provision dudit office bien et deument expédiées du 28 novembre dernier signées pour le roy Thibault scellées du grans sceau de cire jaune et à icelles attaché soubz contrescel la quittance de finance dudit office et de marc d’or soubz la datte des 18 septembre et 19 et 20 novembre derniers collationnées aux originaux aussy signées Thibault et paraphées du dos du parafe dudit Bernard
dont il s’est contenté et quitte icelluy Sr Bernard auquel ledit Sr curé esdits noms
a promis et demeure tenu payer le surplus de ladite somme de 300 livres montant 200 livres dedans le jour et feste de Pasques prochaine sans aucuns intérests jusques audit jour mais bien courant icelluy passé à la raison du denier seize sans que la stipullation desdits intérests puisse empescher ne retarder le payement de ladite somme (le denier seize fait un taux de 6,25 % très souvent pratiqué en Anjou dans les obligations)
et à ce moyen demeurent lesdites parties hors de cours et de procès sans aucuns autres despens dommages ne intérests et a ledit Sr du Breil rendu audit Sr Curé leur dict escript dudit 27 aoust dernier comme nul moyennant ces présentes par ce que du tout ils sont demeurés d’accord et l’ont ainsy voullu stipullé et accepté tellement que à ce que dict est tenir etc s’est ledit Sr Abellard curé susdit estably soubzmis et obligé esdits noms et en chacun d’iceux seul et sans division etc renonçant etc spéciallement au bénéfice de division discussion et ordre de priorité et postériorité foy jugement condemnation etc
fait audit Angers à nostre tabler en présence de Me Luc Briand et de Guillaume Jannault praticiens demeurant audit Angers tesmoins

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Contrat de mariage de Daniel Barroy et Marie Roger, Blois et Angers 1633

il vient manifestement de s’installer horloger à Angers. Comme il est horloger, je présume qu’à cette époque ils n’étaient pas nombreux dans une ville comme Angers, d’autant que dans les inventaires après décès que j’ai pu dépouiller, je rencontre peu d’horloges ou montres quelconques…

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 19 novembre 1633 après midy, par devant nous Nicolas Leconte notaire royal à Angers ont esté présents honnestes personnes Daniel Barroy fils de deffunt Eimet Barois vivant menuisier à Blois et de Léonore Mondy sa veuve demeurant audit Blois, et son procureur quant à ce par procuration passée par devant Aliot notaire royal audit Blois le 30 octobre dernier coppie de laquelle est demeurée attachée à ces présentes, demeurant de présent en ceste ville paroisse St Pierre d’une part
et Marye Roger fille de sire Pierre Roger marchand orloger en ceste ville et de deffunte Jeanne Abailard sa femme demeurante en ladite paroisse St Pierre d’autre part
lesquels ont fait et font le traité de mariaeg d’entre ledit Barois et Marye Roger ainsy que s’ensuit à scavoir qu’ils se sont promis mariage et iceluy solemniser en face de nostre mère saincte église catholique apostolique et romaine aussi tost que l’un par l’autre en sera requis tous empeschements cessans et se prendre avecq leurs droits noms raisons et acrions,
promettant ledit Roger père fournir auxdits futurs conjoints les droits afférants à sadite fille tant en meubles que immeubles à cause de la succession de ladite déffunte Abeilard et le leur fournir tant en meubles que deniers à la raison de l’inventaire qu’en a fait faire ledit Roger et les immeubles à la raison du prix des contractz d’acquisition,
desquels droits tant en deniers que autres appartenant à ladite future espouse en demeurera un tiers de meuble commun et les deux autres tiers demeureront immobilisés censés et réputés le propre immeuble de ladite future espouse

    nous avons déjà vu ici, sur ce blog, 200 contrats de mariage, toutes classes sociales confondues, et sur cette clause, souvent exprimée, on donnait généralement un montant, alors qu’ici on sait exactement la proportion. Ceci dit, lorsqu’un montant était exprimé, on pouvait constater une proportion proche du tiers, sauf dans le cas des grandes fortunes, où la proportion était moins élevée.

et à ceste fin ledit futur espoux sera tenu emploier en acquist d’héritage en ce pais d’Anjou d’icelle valeur

    j’ai surgraissé « pays d’Anjou » pour vous souligner l’importance et méfiance entre provinces aussi lors des mariages, et ici, le père de la future ne souhaite pas voir sa fille partir à Blois avec ses propres

comme aussi demeureront de pareille nature d’immeubles les biens qui pourront advenir à ladite future espouse des successions d’ayeul ayeule et aultres, et aussi ledit futur espoux tenu les employer comme dit est en acquist, et à faulte d’acquests reprendra ladite future espouse sesdits deniers sur les biens de leur future communauté s’ils suffisent sinon sur les propres dudit futur espoux lequel a assuré avoir tant en deniers que marchandise jusques à la valeur de 500 livres dont demeurera aussi un tiers de meuble commun et les deux autres tiers d’immeuble de son propre héritage
tous lesdits deux tiers demeureront respectivement en leur estocq et lignée desdits futurs conjoints
et doire (sic, pour « douaire ») assigné à ladite future espouse suivant et au désir de la coustume de ce pays sur tous les biens immeubles présents et futurs dudit futur espoux
par ce que du tout ils sont demeurés d’accord l’ont voulu stipulé et accepté et à ce tenir etc dommages etc et se sont establiz soubzmis et obligés respectivement etc renonçant etc dont etc
fait audit Angers maison dudit Roger père présent aussi en présence de vénérable et discret Me Michel Abellard prestre curé dudit St Pierre, d’honneste homme Pierre Marsillé marchand drappier demeurant audit Blois cousin dudit futur espoux, François Lionnier Me cousturier cousin germain de ladite future espouse, Mathieu Lemesle libraire, Isacq Roger aussi cousin germain de ladite future espouse, et Jean Renou Me sirurgien en ceste ville, Me Mathurin Jardin sergent royal aultres tous parents et amis desdits futurs

    Cette vue est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Cliquez pour agrandir. Et vous pouvez constater qu’on est dans un milieu où même les femmes signent.

PJ (la procuration de la mère du futur) : Par devant Nicollas Alliot notaire et tabellion royal à Blis, fut présente en personne honneste femme Léonord Mondy veufve de deffunct Esme Barroy luy vivant Me menuisier demourant à Blois, laquelle à la prière et suplication à elle faire par Daniel Barroy son fils orlogeur demourant audit Blois

    curieusement, il est dit dans le contrat de mariage qu’il demeure à Angers, donc il serait tout juste venu s’installer à Angers entre les deux dates ?

fils dudit deffunct et d’elle qui l’a requise de voulloir accepter ces présentes et à ceste considération pour la bonne amour et affection qu’elle porte à son dict fils gognait et confesse avoir faict et constitué son procureur général et spécial (blanc)

    nous avons coutume de rencontrer sur ce blog des procurations, et elles sont toujours avec un blanc à l’endroit ou normalement devrait figurer le nom d’un procureur, mais remarquez ici que le fils a été très astucieux, car dans son contrat mariage, il est clairement écrit qu’il a la procuration de sa mère et que c’est lui le procureur, donc il s’est mis procureur pour autoriser son propre mariage !!! c’est stupéfiant !

auquel elle donne pouvoir et puissance de pour elle et en son nom consentir et accorder pour son dit fils les promesses de mariage qui sont entre ledit Barroy fils et honneste fille Marye Roger son accordée, et à cest effect assister au contrat de mariage qui se passera à ceste occasion lequel elle consent par ces présentes ainsi que si elle y estoit présente en personne voullant qu’il aye lieu et suivant les clauses et conditions qu’ils accorderont par iceluy et par especial faire par ledit procureur pour elle constituante tout ce qu’il verra bon estre à faire par raison et généralement etc promettant avoir le tout pour agréable et les ratiffier toutefois et quantes etc sur peine etc obligeant etc renonçant etc
fait et passé en Vienne les Blois au logis de honorable homme Jacques Crespon Me apothicaire y demeurant en la présence dudit Crespon, honneste homme Leger Legourd Me seruzier demeurant audit Blois, Nicollas Nepveu et Louis Guilly clercs tesmoings

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