Henri Barbot, auteur oublié : ses relations

L’ouvrage « Nantes en flânant », d’Henri Barbot, ne reçut guère de publicité, pourtant en voici une très belle, parue cette fois dans un grand quotidien Nantais :

Le Phare de la Loire, 19 septembre 1930

« Il y a beaucoup de livres sur Nantes. En voici un de Henri Barbot, qui restera. Nous n’en voyons pas de plus joliment écrit, d’une plume plus légère, de ton plus exact, sous un vêtement d’humour qui ne court pas les rues. Il est fait de scènes et de croquis descriptifs de la vie nantaise, et vus, dis je vus, ce qu’on appelle vus, comme dirait Molière.

On ne flâne plus guère. Comment le pourrait-on ? La ville d’aujourd’hui est livrée aux autos. Elle ne ressemble déjà plus à la ville d’hier. Elle a même perdu son fleuve, sa Loire, qui l’avait fait surnommer la Venise de l’Ouest. Plus de fleuve ! et après-demain plus de canal !

Qui donc prendra la défense de cette utile et pittoresque rivière qu’est l’Erdre, se demande Henri Barbot, sur laquelle s’acharnent les entrepreneurs de bouleversements ,

Il a raison. Nous n’avons pas l’air de prendre garde que combler des bras qui faisaient de Nantes un port si vivant, c’est supprimer « la principale raison d’être de toutes ces maisons commerçantes, trafiquantes et industrielles qui les bordent ». Avant peu, les quais grouillants du port de Nantes seront à Saint-Sébastien, à Tretemoult et à la Grenouillère. Des boulevards modernes dîment ratissés recouvriront les bras défunts, comme font les tertres sur les tombes, et entourés de grilles.

Mais l’auteur ne s’attarde pas en lamentations inutiles. Le flâneur est un philosophe errant. Il erre, en souriant, s’apitoie au besoin dans les coins où la cité rejette ses misères, mais passe. Henri Barbot a des tableautins achevés de certains lieux que le chauffeur ignore : en Chantenay, les Baronnies, le Bois-Hardy, le chemin du Buzard, le Gué-Moreau. Ces croquis sont saisissants d’une vérité qui porte en elle son enseignement. C’est de l’art véritable.

Il connaît aussi notre intérieur à fond. Il brosse des tableaux de maître sur cette horreur que sont certains marchés que nous n’osons nommer. Il note même le vocabulaire qui caractérise : «  Allons la p’tite mère, dîtes rien, c’est dans la noix… Comment ? y a pas le poids fort ?… Tiens, ma belle, un beau petit os avec… et du papier ».

Un chapitre intitulé Gaz et fumées en dit long sur notre usine à gaz, et de la façon la plus amusante du monde. Mais il triomphe dans la scène du tram, par exemple, qu’il intitute Plateforme.

« Quand toutes les dames » vous ont monté sur les pieds, afin de monter avant vous dans le tramway, et que vous êtes enfin arrivé à vous hisser sur la plateforme… vous avez le loisir d’examiner l’intérieur de la voiture, bien éclairé, bien abrité, et de voir le dos de tous ceux qui se prélassent sur la cannage élastique de la compagnie, sans, pour cela, payer plus cher que vous ».

Alors on est frappé de la parfaite ressemblance de sa condition avec celle de l’électeur-contribuable, qui paie très cher pour avoir le plaisir de contempler ses élus confortablement installés dans le char de l’Etat. Le développement exagère un peu, mais il est bien drôle.

Des pages sur les héroïnes de nos bateaux-lavoirs, sur les ouvrières de la « Manu », sont presque charmantes ; mais il en a de terribles sur les concierges, sur ceux qui touchent à la brocante, depuis l’humble voleur de tuyaux de plomb, jusqu’au patenté qui en trafique, sur les laitières qui baptisent notre lait tous les matins.

Ah ! ces dernières ne l’ont pas volé ! Le chapitre est désopilant. Seulement, il ne sera d’aucun effet moral… D’ailleurs, l’inspecteur des fraudes est chargé de poursuivre ces fraudes, non de les supprimer. « Ça fait durer le plaisir. »

On s’amusera beaucoup aussi, de ce type qui a entrepris de dérober le platice qui orne la paratonnerre du clocher de Saint-Louis, et à cette hauteur, fait des réflexions qur les postes de police dont il est bien placé pour situer la place, malgré l’incertitude des toitures, lui qui connaît mieux les dessous des ponts.

Henri Barbot montre aussi qu’il peut faire autre chose que « du Courteline ». Un chapitre final : Les Deux Foyers le prouve, et dira-t-on, le classe. Des souvenirs historiques lui font évoquer les luttes que dans l’état de paix nous concevons à peine. Des hommes opposés avec une ténacité farouche ont pensé, pourtant, pour un même avenir heureux, et lutté. « L’Avenir brode sa trame sur la chaîne du passé », dit-il en concluant, mais qui le voit ?

Le livre de Henri Barbot, très réussi à tous égards, est orné de dessins de Rylem, pseudonyme d’un compatriote, et présenté sous une couverture en couleur symbolique de certaines circonstances qui nous menacent.

Autour du clocher de Saint-Nicolas, nous voyons, en effet le pont bien nommé de l’Arche-Sèche, sous lequel il ne passe plus d’eau depuis l’évêque Félix, il y a des siècles, un autre sous lequel il n’en passera plus l’année prochaine, une gabarre enfin, qui s’en ira naviguer aux environs des marais de Basse-Goulaine… Ed. L. »

Ainsi Henri Barbot fréquentait entre autres, celui qui a dédicacé son livre Paul Lamiraud, mais aussi un dessinateur qui se dissimulait sous un pseudonyme, que le Phare de la Loire dit « un compatriote ».

Un Nantais, amoureux de Nantes, sachant dessiner, ayant manifestement flâné dans Nantes avec Henri Barbot, une relation connue sans doute du temps où il vivait à Paris.

Or, un dessinateur, connu comme caricaturiste au Phare de la Loire, ayant vécu à Paris, et revenu à Nantes en 1930 c’est Jules Grandjouan. Certes, je n’ai aucune preuve que c’est lui qui se dissimule sous un pseudonyme, sans doute pour cacher ses liens avec Henri Barbot. Mais j’offre cette hypothèse, car elle me semble crédible. D’autant qu’Henri Barbot, en venant de Paris à Nantes, semble avoir fui un passé probablement mal vécu. Lui aurait-on fait sentir que sa prophétie « Paris brûle-t-il? » publiée en 1914, était un point sensible du fait des évennements qui suivirent ? Il serait possible à un étudiant en histoire de faire un travail dans les archives Lamiraud et Jules Grandjouan, et à un connaisseur en dessin de comparer le trait de Jules Grandjouan à Rylem. Car si Rylem souhaitait se cacher c’est qu’il était connu par ailleurs.

Pour mémoire voici brièvement Jules Grandjouan :

Grandjouan[1] (Jules)

Nantes, 1875 – 1968.

Originaire d’une famille de notables nantais, il fait des éudes de droit à Paris, tout en dessinant parallèlement dans des feuilles satiriques ou littéraires nantaises : Nantes amusant, L’Ouest républicain, Le Clou… En 1897, il abandonne complètement le droit pour ne plus se consacrer qu’au dessin satirique. Il devient alors le directeur artistique de la Revue nantaise, puis dessinateur-caricaturiste au quotidien Le Phare de la Loire. En 1899, il publie un album de 50 lithographies, sous le titre Nantes la Grise…

[1] Petit dictionnaire des caricaturistes cités… p. 142-155 extrait de l’ouvage La Républicature, La caricature politique en France, 1870-1914, Bertrand Tillier

 

 

Henri Barbot, auteur oublié : ses oeuvres

 

Hier je vous mettais la vie d’Henri Barbot, voici ce que j’ai pu trouver de ses oeuvres.

oublié des livres en ligne : Gallica et Google books

Henri Barbot y est inconnu.

Ce qui signifie que certains éditeurs autrefois « oubliaient » de faire le dépôt légal.

 

Ce serait pourtant le même homme qui a écrit

 

Paris en feu, 1914

ouvrage que certains ont récemment redécouvert, y compris aux USA.

Il est vrai que NUL N’EST PROPHÈTE EN SON PAYS

 

Ainsi, le site « sur l’autre face du monde », site des passionnés du merveilleux scientifique, consacre une intéressante page à son ouvrage « Paris en feu », 1914

http://www.merveilleuxscientifique.fr/auteurs/barbot-henri-paris-en-feu-ignis-ardens/

 

Hervé G. PICHERIT, A War of Sensibilities: Recovering Henri Barbot’s Paris en feu (Ignis ardens) – Journal of Modern Literature Vol. 41, No. 4 (Summer 2018), pp. 143-160

 

Hervé G. PICHERIT[1], « De l’intertextualité prophétique à la prophétie intertextuelle : Léon Bloy, Henri Barbot et la Grande Guerre » https://www.college-de-france.fr/site/litterature-francaise-moderne-contemporaine/Herve-G-Picherit-De-lintertextualite-prophetique-a-la-prophetie-intertextuelle-Leon-Bloy-Henri-Barbot-et-la-Grande-Guerre.htm

 

 

Pierre Glaudes dans son ouvrage « Bloy journaliste : chroniques et pamphlets Léon Bloy »

Flammarion , collection GF, n° 1607 , (mars 2019) :

  • Henri Barbot, ami de Bloy rencontré en 1903, éditeur de Celle qui pleure (1908), auteur de deux romans, Paris en feu !… Roman de l’expiation nationale (1914) et Saint-Front (1918)

 

La vraie lumière sur l’avenir : prophéties de La Salette

Barbot, Henri  S. l. , 1915, 173 p. ; 8°

Édition Hors commerce. Texte polycopié à 50 exemplaires – La Salette-Fallavaux (Isère)

 

 

Nantes en flânant, 1930

L’ouvrage est rarissime : aucun exemplaire en vente nulle part.

 

Dans les bibliothèques : La BM Nantes possède 2 exemplaires de « Nantes en flanant » exclus du prêt Réserve Patrimoine

 

J’avais mis en ligne sur mon site en 2003 son ouvrage « Nantes en flânant », je me trouve réparer ces lacunes.

 

Lors de sa parution, il fit l’objet d’une annonce dans un journal local « Nantes le soir », qui ne semble pas avoir eu une parution très longue, et qui était probablement un journal d’opposition. Voici le message d’annonce, du 22 mars 1930 :

« Nantes en Flânant »

 Nantes est aux mains des ingénieurs, des escamoteurs de pittoresque, des contempteurs de couleur locale – Nantes la fluviale s’enlise dans le sable et va connaître les laideurs du « régime sec ».

Finies les bonnes flâneries au centre de la ville, sur les berges accueillantes ; finies les parties de pêche au long des quais de l’Erdre – Il faudra bientôt un moyen de locomotion pour aller faire des ronds en crachant dans la rivière.

Flâneur ou non, vous regretterez ces temps révolus et c’est dans Nantes en Flânant que vous les y retrouverez, évoqués avec leur saveur et leur fraîcheur.

A son art de la flânerie, Henri Barbot a ajouté le document exact, le trait humoristique et incisif.

Deux cents pages comme celle-là, c’est l’histoire d’une époque récemment vécue, avec un grain de philosophie et, partout, ce goût de terroir adroitement distribué.

L’imprimerie de Lajartre met ses soins à parfaire pour Avril ce livre, préfacé par Paul Ladmirault, éclairé de dessins de Rylem et que tous les Nantais conserveront comme le visage d’une cité qu’ils ont goûtée et qui disparaît.

 

mes commentaires

Le nom « Henri Barbot » est fréquent et en particulier il est troublant de lire sous la plume ci-dessus de Pierre Glaudes qu’il aurait été l’éditeur d’un ouvrage de Pierre Bloy. En effet, il a longtemps existé une imprimerie Henri Barbot, et à mon sens elle n’a strictement rien à voir avec notre Tourangeau, devenu Parisien, puis Nantais.

Et vous avez bien vu que ce sont les USA qui redécouvrent Henri Barbot !!! J’avoue pour avoir quelques connaissances des USA que je suis surprise mais tout autant ravie.

 

Je vous mets demain mes pistes pour Rylem.

A demain

 

[1] Published by: Indiana University Press Hervé G. PICHERIT Est professeur de littérature et de cinéma français à l’université du Texas (Austin). Il a publié divers textes dans Poétique, Poetics Today et French Studies.

Henri Barbot : l’auteur oublié de Nantes en Flânant, 1930

introduction

Dans les années 1930-1954 de nombreux enfants, dont je suis, ont massacré les touches d’un piano impasse 24 rue du Frère Louis.

Dans un coin de la pièce, un vieux monsieur supportait en silence les fausses notes des élèves de madame : fausses sans doute, mais indispensable au couple pour survivre financièrement pauvrement.

Ce couple d’artistes, peu aisés, s’est éteint sans bruit, sans reconnaissance des Nantais, tombés dans l’oubli, s’ils ne l’étaient de leur vivant déjà.

Des années plus tard, vivant avec mon temps, j’ai scanné et mis sur mon site l’ouvrage « Nantes en flânant », que les Nantais ont manifestement boudé lors de sa parution en 1930.

Les Nantais n’aimaient pas flâner ? Pire, ils étaient occupés à combler des bras de la Loire.

Voici ce couple, qui a laissé l’ouvrage « Nantes en flânant » paru en 1930 sous le nom d’Henri Barbot, illustrations Rylem. En réalité il se prénomait Georges-Henri  à l’état-civil.

Et suivra ce que j’ai découvert de Rylem. Donc, je vous mets ce jour sa vie selon l’état civil, demain ses publications, et après demain Rylem. Merci de me suivre patiemment à travers l’oubli, car il s’agit bien d’un oubli quand on évoque Henri Barbot. Et pour mémoire,  l’ouvrage « Nantes en flânant » est numérisé sur mon site.

A leur mémoire !

 

Georges-Henri-Louis Barbot

Celui qui a signé 3 ouvrages du nom de « Henri Barbot », se prénommait en fait Georges-Henri-Louis. Or, des Henri Barbot homonymes, il en a existé beaucoup.

J’ai la certitude de cet état-civil par :

  • tous les recensements à Nantes 24 rue du Frère Louis
  • nous sommes plusieurs à se souvenir encore des cours de piano de madame Barbot à cette adresse
  • son acte de naissance à Tours, qui donne en marge sa date de décès à Nantes
  • son acte de remariage à Nantes
  • son acte de sépulture à Nantes

Donc, celui qui a publié 3 ouvrages sous le nom d’Henri Barbot est : « Georges-Henri-Louis Barbot né à Tours au domicile de son aïeul maternel, le 23 août 1866 fils de Jules Laurent Barbot, 26 ans, marchand de nouveautés, demeurant à Amboise, présentement à Tours, place au Fruits n°4, et Marthe Marie Louise Sabouré 23 ans, présents Joseph Ambroise Sabouré, 49 ans, marchand de nouveautés place aux Fruits n°4, aïeul, et Pierre Camille Baudat, 28 ans, oncle – en marge « décédé à Nantes (L. Inf.) le 7 février 1954 »

 

fiche militaire

Sa fiche militaire[1], matricule 540, classe 1883, classée dans celle de 1886, bureau de Tours, lui donne bien pour prénoms

« Georges, Henri, Louis » et aucun surnom. Il est blond, yeux gris, front moyen, nez moyen, bouche moyenne, menton rond, visage ovale, taille 1,73 m et demeure 2 rue du Change à Tours canton du centre.

Incorporé à compter du 12 septembre 1884, comme engagé conditionnel d’un an le 5 dudit à la mairie de Tours, arrivé au corps le 12, immatriculé sous le n° 3380. En disponibilité le 12 septembre 1885 en attendans son passage dans la réserve de l’armée active qui aura lieu le 5 septembre 1889.

A obtenu la note « Bien ». Dans l’armée active : 90° régiment d’infanterie. Dans la réserve : 70° d’infanterie. Passé dans la réserve le 5 septembre 1887. Nommé sous lieutenant de réserve au 32° d’infanterie (Décret du 10 septembre 1888). Démissionnaire par décision présidentielle en date du 11 juillet 1895.

 

Il est à noter que sa fiche militaire ne porte aucune mention ultérieure, en particulier concernant les 2 guerres mondiales

Par contre elle nous donne ses domiciles successifs :

  • 27 août 1888 : 12 rue St Denis – Paris
  • 26 novembre 1890 : 2 rue du Change – Tours
  • 2 octobre 1897 : Ste Radegonde – Tours
  • 5 février 1903 : 106 rue Monge – Paris
  • 22 mars 1904 : 21 boulevard Pineau – Seine
  • 22 septembre 1906 : 74 rue Galba – Levallois-Perret

devenu Nantais

Il épouse en 1ères noces Louise-Jeanne Dubuc †17 mars 1922[2], j’ignore où et où ils vivent.

 

Il épouse en 2èmes noces à Nantes 4°C le 9 avril 1923 Marguerite Hyacinthe Florentine Albertine Lallemant, sans profession, célibataire, 37 ans, née à Bolbec (76) 10 juillet 1885, fills de Jean Baptiste Ernest Lallemant et Mélina Angélique Lacacheur. Elle a 19 ans de moins que lui, et demeure comme lui à Nantes, au Côteau de Sèvres.

Il est alors « agent d’assurances ».

Le couple emménage rapidement au 24 rue du Frère Louis à Nantes, qui est une impasse. Il ne sera jamais propriétaire, et passe rapidement « employé au chômage », et elle toujours « sans profession », ce qui était le vocabulaire de l’époque pour désigner les femmes au foyer. Ils vivent des leçons de piano de madame.

 

Il décède à 87 ans le 9 février 1954. Elle le suit le 7 janvier 1956. Ils sont inhumés au cimetière Saint Jacques, où leur tombe n’existe plus.

Demain, je vous mets ses oeuvres, et après demain Rylem.

 

 

[1] AD37 en ligne

[2] selon son remariage à Nantes le 9 avril 1923. Le décès de Louise Dubuc et ce mariage ne sont pas à Nantes.

 

 

Vente de peaux de vache, Ponts-de-Cé, 1656

Oui, vous avez bien lu, je parle aujourd’hui de peaux de vache ! Rassurez-vous j’en parle au sens propre.
Autrefois, les bouchers tuaient eux-mêmes les bêtes, et vendaient donc les peaux aux tanneurs. Les bouchers demeuraient généralement au coeur des villes, proches cependant d’une rivière où s’écoulaient les sangs, etc… Nantes et Angers ont eu ainsi en plein coeur de la ville toute une concentration de bouchers oeuvrant à tuer les bêtes, le tout dans une odeur pestilentielle et les rivières des moins potables. Il est vrai qu’on n’avait pas encore découvert la bactériologie et en conséquence la notion d’eau potable…
Comme les Nantais ont 2 rivères, dont l’une assez stagnante, l’Erdre, ils avaient les bouchers près de l’Erdre… bien odorante !

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E90-369 – Voici la retranscription intégrale de l’acte, avec mes commentaires en italique : Le 13 mars 1656 après midy, devant nous Nicolas Bellanger notaire royal à Angers résidant aux Ponts de Cé furent présents establis et duments soumis chacuns d’honneste homme François Duchesne marchand maistre boucher d’une part,
et honneste homme Charles Marchais marchand tanneur demeurant en le lieu des Ponts de cé paroisse St Maurille d’autre part

    Voir ma page sur les tanneurs

entre lesquels a esté faict le marché tel que s’ensuit, c’est à scavoir que ledit Duchesne a vendu et par ces présentes vend et promet livrer en sa maison en cedit lieu audit Marchais toutes et chacunes les peaux de bœufs, vaches et veaux qu’il habillera ou fera habiller à commencer du jour et feste de Pasques prochain jusqu’au mardy gras ensuivant

HABILLER se dit en parlant De certains animaux qu’on écorche & qu’on vide pour les mettre en état de pouvoir être accommodés à la cuisine. Habiller un veau, un mouton, un lapin. On dit aussi, Habiller une carpe (Dict. Académie française, 4th Edition, 1762)

ce marché fait pour en payer et bailler par ledit Marchais audit Duchesne scavoir pous chascunes douzaines de peaux desdites vaches en poil, à raison de treize pour douze, la somme de cent livres tz,

    treize à la douzaine : très ancienne pratique commerciale, que je rencontre toujours dans les marchés de vente. Surtout n’allez pas sur le Net, on ne vous remonte pas si haut que moi cette charmante expression !

et en cas qu’il habille des thores en passera trois peaux d’icelles pour deux desdites peaux de vaches, et les peaux des thores qui auront poussé deux grandes dents de lait passeront pour peaux de vaches suivant la coustume de ce pays

    la thore, ou taure, est la génisse, qui est la jeune vache n’ayant pas encore eu de veau. L’acte précise comment on distingue alors, selon la coutume, la peau de taure de peau de vache, par les dents de lait.

et outre promet et s’oblige ledit Marchais payer lesdites peaux de bœufs au prix qu’elles pèseront à raison de 9 sols tz la libre, et au cas où il se trouvera quelques peaux desdits bœufs qui ne pèseront que 40 livres et au dessous passeront au rang desdites peaux de vaches, et lesquelles surpassant ledit poids de 40 livres seront payées à la susdite raison de 6 sols chacunes livres,
et pour le cas desdites peaux de veaux et thores à raison de 104 pour 100 promet comme dit est ledit Marchais en payer audit Duchesne la somme de 72 livres tz pour chacun d’iceux payable scavoir 100 livres tz par une part dans la feste Dieu prochaine à valoir et desduire sur lesdites peaux que ledit Duchesne luy aura livrées dans ledit temps, et luy pourra livrer,
et pareille somme de 100 livres dans le jour et feste de St Berthelemy prochain, à valoir et desduire comme dit est sur lesdites peaux, du nombre et quantité de toutes lesquelles ils auront et tiendront registre d’icelle séparément, et compteront ensemblement ledit jour de mardy gras prochain,
payera ledit Duchesne sans prétendre aucun remboursement le droit de pesage desdites peaux de bœufs, et en retirera billet du poids d’icelle,
en faveur duquel marché baillera ledit Marchais audit Duchesne la somme de 10 livres tz dans le jour de Quasimodo prochain

comme aussy ont esté à ce présents establis et duement soumis chacuns de honnestes hommes Jean Barbot et Estienne Gaultier marchands, maistres bouchers, demeurant en cedit lieu des Ponts de Cé, dite paroisse, d’une part, et ledit Marchais d’autre part,
lesquels ont fait et font entre eux le marché qui s’ensuit, c’est à scavoir que lesdits Barbot et Gaultier ont pareillement vendus et promettent livrer en leurs maisons et demeure audit Marchais, toutes et chacunes les peaux des bœufs, vaches et veaux en poil qu’ils habilleront ou seront habillés pendant ledit temps cy-dessus mentionné, le tout aux mesmes closes charges et conditions de marché fait entre ledit Marchais et ledit Duchesne, for que lesdits Barbot et Gaultier ne seront payés à chacune des peaux que de la somme de 50 livres tz chacun,
ce qui a été voulu stipulé et accepté par les parties auxquels marchés et tout ce que dit est tenir etc dommages etc s’obligent lesdites parties
ledit Marchais au paiement desdites sommes aux termes susdits luy ses hoirs biens et choses à prendre vendre etc renonçant etc dont etc advertys du scellé suivant l’édit
fait à notre tablier en présence d’honorable homme Vincent Gaultier marchand Me apothicaire dudit lieu, d’honorable homme René Maugin et Brillault marchands, demeurant en la paroisse St Aubin des Ponts de Cé tesmoins,
ledit Barbot a déclaré ne scavoir signer
Signé : C. Marchays, F. Duchesne, R. Maugin, E. Gaultier, C. Brillault, N. Bellanger, V. Gaultier

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