Contrat de mariage de Mathurin Poirier et Marie Durand, Saint Crespin sur Moine et Gorges 1743

acte passé à Clisson, en Bretagne, mais le futur vit en Anjou, c’est donc un mariage transprovincial.
La future est veuve et plus âgée que lui car elle lui donne « 20 livres pour sa jeunesse ». Cela fait donc 2 actes que je vous mets ici, dans lesquels j’ai lu une telle clause, assez surprenante.

collection personnelle, reproduction interdite
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J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales de Loire-Atlantique, série 4E18 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 10 février 1743 après midy, devant nous notaires royaux de la cour et diocèse de Nantes résidants à Clisson avec soumission et prorogation de juridiciton y jurée, ont comparu Mathurin Poirier fils majeur de défunt Jean Poirier et de Perrine Rondar sa veuve épouse en seconde nopces de Claude Mabit demeurant serviteur domestique chez Jan Fonteneau à la métairie de la Caillotière paroisse de Saint Crespin province d’Anjou, assisté dudit Claude Mabit son beau père et de ladite Perrine Rondar sa mère, demeurans ensemblement à la Porte Palzaise paroisse de Gorges d’une part,
et Marie Durand fille de feu Anthoine Durand et de Janne Bossard sa veuve, ladite Durant veuve de défunt Pierre Aubin, demeurante aux Tanneries paroisse de saint Gilles, assistée de ladite Bossard sa mère, de René Bossard son oncle maternel et de Jacques Grelier son beau frère demeurants les tous en ladite paroisse de saint Gilles près Clisson d’autre part
lesquels dits Mathurin Poirier et Marie Durand se sont promis et promettent la foy de mariage pour iceluy estre solemnisé en face de notre mère la sainte église catholique apostolique et romaine, les cérémonies d’icelle préalablement gardées et observées à la première réquisition de l’un d’eux à peine de tous dépens dommages et intérests et aux conditions qui suivent
primo que les futurs entreront en communauté du jour de la bénédiction nuptiale dérogeans pour cet effet à l’article 424 de la coutume de cette province
secondo que le futur portera en icelle communauté la somme de 310 livres tant en argent qu’en meubles dès le jour de la bénédiction nuptiale
et au surplus se prennent lesdits futurs avec leurs droits tant mobiliers qu’immobiliers, échûs et à échoir,
tertio que ladite future aura le douaire coutumier sur les biens du futur en cas de prédécès
et finalement en considération dudit mariage la future fait don au futur de la somme de 20 livres pour sa jeunesse laquelle somme luy et ses héritiers enlèveront sur les meubles de ladite future

    je n’ai jamais lu une telle clause en Anjou, et je ne sais si cette pratique était locale !

à l’accomplissement de tout quoy les parties se sont respectivement obligées sur l’obligation de tous leurs biens meubles et immeubles présents et futurs
ce qui a été ainsi fait vouly et consenty, promis, juré, renoncé et obligé, tenir, jugé et condamné de leur consentement du jugement de nôtre dite cour
fait et passé audit Clisson étude de Duboüëix notaire royal sous le seing dudit Grelier et les nôtres à nous dits notaires et sur ce que les autres parties ont déclaré ne scavoir signer ont fait signer à leurs requestes scavoir ledit Poirier au sieur François Forget, ladite Durant à écuyer Pierre Hallouin, ledit Mabit à Me François Perere, ladite Rondar à Me Pierre Poutière, ladite Bossard à monsieur Jan Kelly et ledit René Bossard au sieur Gabriel Fleury médecin tous de Clisson sur ce présents lesdits jour et an que devant avant midy

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Rumeur de grossesse dissimulée concernant Marie Laporte, Gétigné 1743

J’ai fait beaucoup de notaires à Angers, et je n’y ai pas rencontré de dépositions, qui étaient fort rares en Anjou chez un notaire. Je suppose que ce type de déposition existait en Anjou, mais ailleurs que chez le notaire.
L’acte qui suit est en effet à Clisson, qui était alors en Bretagne et relevait du droit coutumier Breton.

Ici, le plus vieux métier du monde, la rumeur, sévit à Gétigné contre une pauvre fille accusée d’avoir dissumulé une grossese, et des voisines viennent spontanément faire une déposition en sa faveur.

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales de Loire-Atlantique, série 4E18 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 5 août 1743 avant midy, devant nous notaire royal apostolique de la cour et diocèse de Nantes et de la juridiciton de Clisson résidant audit Clisson, avec soumission et prorogaiton de juridiction à icelles, ont volontairement comparu Anne Bossard fille âgée d’environ 50 ans, Marie Pain femme de Louis Chagna et Claire Chagna fille dudit Chagna et de ladite Pain, demeurantes au bourg et paroisse de Gétigné,
lesquelles se trouvant obligées en conscience d’arrêter le cours du faux bruit qui se répand sur Marie Laporte fille de leur bourg et paroisse, ont déclaré et déclarent par ces présentes qu’elles se sont souvent trouvées avec ladite Laporte et notemment dans le temps de son prétendu enfantement, auquel temps elles n’ont vu autre chose qu’une perte considérable provenant de l’écoulement d’un amais qui s’estoit formé en elle par la suppression de ses règles, déclarent luy avoir lors tasté le sein auparavant et depuis cette perte et n’y avoir jamais trouvé la moindre apparence de lait, ce qui est une preuve certaine qu’elle n’estoit point enceinte, puisque sur la fin d’une grossesse, lors de l’enfantement et longtemps après le lait a son écoulement quelque soin qu’on puisse prendre pour le tarir,

j’ai surligné « obligées en conscience », car je pense que la conscience est bien une chose totalement oubliée à notre époque ! Je pense que le terme est même inconnu de beaucoup ! voire une chose ridicule.
Hélas !

tout quoi elles affirment véritable et déclarent esetre prestes à le soutenir devant qui il appartiendra et que le bruit qui a couru sur cette pauvre fille est la plus grande calomnie qu’on puisse inventer ayant toujours vescu avec toute la sagesse et la retenue possible,
de tout quoy elles nous ont requis le présent acte que nous leur avons raporté sous le seing de ladite Claire Chagna et les nôtes à nous dits notaires et sur ce que les autres ont déclaré ne scavoir signer de ce enquises, ont fait signer à leurs requestes scavoir ladite Bossard à n. h. Jacques Lemesle et ladite Pain et n. h. Gabriel Fleury docteur en médecine tous de Clisson sur ce présents

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