Au restaurant de Pierre Belloeil, cabaretier à Montmartre, on servait de la salade secouée en panier d’osier : 1700

Voici donc la fin de l’inventaire commencé hier, après le décès en 1700 de Pierre Belloeil cabaretier à Montmartre.

Vous avez ici ses habits, dont une culotte en peau de bouc !!!!

Mais j’aime beaucoup le panier en osier à secouer la salade, car j’ai moi-même longtemps, du temps de ma jeunesse, secoué dans ce panier que nous connaissions, certes en fer blanc de nos jours. Je sortais dans le jardin et j’agitai mon bras longuement d’avant en arrière.

Cet acte est aux Archives Nationales, MC/ET/CXIV/6 Henri Venant notaire à Paris – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

  • Le linge
  • 26 draps de différentes toiles demy usées dont 2 neufves 71 livres
    30 nappes de différentes toiles et grandeurs 22 livres
    6 douzaines de serviettes et 200 serviettes tout de toile et 10 serviettes de toile ouvrée 17 livres 10 sols
    Une pièce de toile jaune … (f°10) de 54 aulnes 50 livres

  • Ensuit les habits à usage du deffunt
  • 11 chemises à usage d’homme de différentes toiles 11 livres
    6 cravattes tant de toile qu’autres, 3 camisoles de futaine 2 livres
    5 tabliers de grosse toile 15 sols
    Un évanteau de camelot brun doublé d’une revache de même couleur, un juste au corps, une culotte de drap d’Angleterre couleur de noisette, une culotte et une chemisette de peau dont la culotte de bouc (sic) et la chemisette chamois garnie de boutons de cuivre doré, un autre juste au corps et culotte de drap de Muniere ? de couleur gris de fer 30 livres
    Un vieux manteau de bouracan gris, 2 paires de souliers, un autre juste au corps de drap gris, un rapiétié, une vieille paire de bas, un vieux chapeau 20 livres

  • Dans ladite cuisine
  • Un grand entonnoir et un petit de fer blanc, 3 cruches de terre, une huguenotte de même terre, 2 ler… (f°11) de bois, un verrier d’osier garni de 12 verres de faucheur ?, un panier d’osier à secouer salade, un petit miroir à bourdure de bois noircy 2 livres
    28 livres de plusieurs poids de fer ??? 2 livres

  • Ensuit les titres papiers
  • Le contrat en parchemin du mariage d’entre ledit defunt Beloueil et ladite Lenoir passé par devant Bazire et Lemercier tabellions royaux en la vicomté de Livarot en date du 19 septembre 1666 signé Lemercier et Bazire … à la fin duquel est en marge quittance donnée par ledit Belloeuil ainsi que le tout est plus au long …
    Un contrat de constitution de rente de la somme de 8 livres de rente faite par Lemercier prêtre curé de la paroisse de st Michel de … de Pierre Belloeuil et Elisabeth Lenoir par chacun an passé par devant Lafosse notaire en la vicomté de Livarot en date du 4 octobre 1697
    (f°12) Une liasse de quittances du droit de huitième et gros du vin au nombre de 75 qui n’ont esté estimé n’en faire plus ample déclaration pour éviter proxilicité
    Un contrat en parchemin passé par devant Nicolas Moisys Jacques Bonnau tabellion royaux à Livarot le 21 mars 1669 par lequel Gilles Delaunay a receu de Guillaume Lenoir 70 livres pour le rachapt de 100 sols de rente due par Gilles Belloeil

    La maison de la Harpe était elle une hôtellerie ou un cabaret : Laval 1646

    Car le fermier qui la tient est dit « cabaretier », et je ne crois donc pas que c’est une hôtellerie, car il aurait été dénommé « hôtellier ».
    Manifestement le canal qui évacue les eaux de pluie est ancien, usé, et trop étroit, et il faut faire faire des travaux de rénonvation et agrandissement. Le constat est dressé par un notaire, mais il est vrai qu’à l’époque les notaires dressaient beaucoup de constats.

    Acte des Archives Départementales de Mayenne 3E35 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

    Aujourd’huy 4 mai 1646 sur les 6 h du soit nous Pierre Houdé notaire de la cour de Laval et y demeurant ce requérant René Maillard marchand cabaretier fermier de la maison où pend pour enseigne la Harpe forsbourg du Pont de Mayenne sommes transporté en ladite maison où estant avons vu avecq Jean Bardoul Me masson, René Loriot sieur de la Gauldaiche, Germain Jardin Me écrivain, Jean Dutertre, Julien Ferrant et Pierre Bretonnière, que les eaux pluviales tombées en la cour derrière de ladite maison et esgouts qui tombent en icelle sont arrestés pour la plus gande partie en la cour de derrière, en telle sorte qu’elles ont passé par sur la marche de la porte qui est pour sortir en ladite cour et entré en la salle de ladite maison en abondance, jusques à passer par l’autre porte d’icelle salle à sortir en la cour de devant, comme il a esté aussi vu pour tascher de donner le cours auxquelles eaux afin qu’elles ne puissent entrer en ladite salle, ledit Bardoul a présentement levé la couverture du canal par lequel lesdites eaulx doibvent avoir leur cours tant au bas de la montée, au charbonnier soubz ladite monté, et en ladite salle, auquel canal lesdites réparations faites a esté vu qu’il n’y a aucun cours d’eaulx avec qu’elles passoient en partie par sur la couverture dudit canal, lequel iceluy Bardoul a dit être besoing de relever et refaire à neuf pour ce qu’il est crevé en divers endroits et est nécessaire d’élargir iceluy canal qui n’a en quelques endroits qu’un dour

    dour : au XVIème siècle, mesure valant 4 pouces : « le tiers ou tierce partie du pied est appelé dour » (Michel Lachiver, Dictionnaire du Monde rural, 1997)
    Sachant que le pied vaut entre 27 et 34 cm selon les provinces, mais je n’ai pas trouvé pour l’Anjou et le Maine, comptez donc environ 10 cm pour le dour, ce qui donne un canal très étroit en effet.
    A ce sujet, vous trouvez colonne de droite mes PAGES dont l’une en cours de création vous donne déjà quelques mesures anciennes

    dont et de quoi avons décerné le présent acte audit Maillard qui a protesté de faire refaire ledit canal aulx frais et despends de ses bailleurs, et de ses dommaiges et intérests ; fait en présence desdits Loriot, Jardin, Dutertre, Bretonnière et Ferrand, lesquels Maillard, Jardin, Loriot ont signé et au regard des autres ils ont dit ne savoir signer

    Auberge, hôtellerie, taverne et cabaret

    Réponse à la question « mon ancêtre était aubergiste et sergent »

    Si votre ancêtre exerce 2 métiers, c’est que ni l’un ni l’autre n’assurent de revenus suffisants, ou une occupation à plein temps… Le cumul des emplois était très fréquent autrefois, car nombre d’entre eux, surtout dans le milieu rural, ne permettait pas toujours de survivre. Le cumul n’est pas rare de nos jours, et si on ajoute le travail au noir actuel, il est même assez important. En 2008, et ceci n’est qu’un exemple parmi d’autres, on peut avoir un emploi déclaré et tenir gîte déclaré, ce qui est comparable au cas que vous citez. D’ailleurs, j’ose dire qu’il vaut mieux avoir un autre emploi dans ce cas… car le gîte est le plus souvent un complément de ressources, etc…

    Revenons à l’Ancien Régime : même un métayer du Haut-Anjou, aisé et bien occupé par la surface à cultiver, occupe la saison d’hiver par divers travaux (j’y reviendrai). Mon boucher à Segré, relativement aisé, est aussi fermier de campage, comme les appelle si joliement Toisonnier, c’est à dire gestionnaire de biens pour un propriétaire vivant au loin.

    La question posée « mon ancêtre était aubergiste et sergent » semblait en forme d’étonnement qu’un sergent soit obligé de tenir auberge pour vivre, et vice-versa. Il semble que beaucoup d’entre vous aient donc des images toutes faites sur le niveau de vie de chacun, et j’impute ceci à la manière dont on nous apprend l’histoire. Pour moi, dans les années 50, ce fut une catastrophe, car lorsque j’ai commencé les notaires, j’ai dû oublier un grand nombre d’idées qu’on m’avait inculquées…
    C’est grâce à l’ouvrage de Michel Nassiet, Noblesse et pauvreté, la petite noblesse en Bretagne XVe- XVIIIe siècle, SHAB 1993 que je suis parvenue à me débarasser de toute cette scorie que j’avais dans les neurones.
    Cet historien actuel brosse un portrait saisissant de la petite noblesse en Bretagne et montre comment et pourquoi elle s’appauvrissait. Ainsi, selon Michel Nassiet, même les closiers peuvent descendre de nobles. Or, j’ai déjà rencontré ces cas en Haut-Anjou, qu’il cite en Bretagne.
    On m’avait appris l’existence de nobles donc riches, mais on avait omis de me préciser qu’il s’agissait de l’aristocratie, couche très aisée de la noblesse, qui représentait un faible pourcentage de tous ceux auxquels on a joyeusement coupé la tête sous prétexte. Et je ne parle pas de la riche bourgeoisie, se comportant souvent beaucoup plus durement que les nobles pour engranger les cens, rentes et autres devoirs féodaux.

    Montigné, Mayenne
    Montigné, Mayenne

    Regardez bien cette maison, elle est dite gentilhommière, sur cette carte postale des années 1905 environ. Or, un gentilhomme est un noble. Ces petits gentilshommes n’étaient pas si rares, et, parlant de noblesse qui s’appauvrissait aux 15 et 16e siècles, nous arrivons tout droit à l’auberge et la taverne, car ce sont des activités non dérogeantes. Une activité non dérogeante permet au noble de conserver la noblesse, tout en exerceant cette activité.
    Vous savez maintenant que beaucoup de gentilshommes s’appauvrissaient et certains, qui possédaient chambre haute (souvenez vous de la chambre haute) ouvrirent leur maison à titre payant.
    Bonchamps-lès-Laval, Mayenne
    Bonchamps-lès-Laval, Mayenne

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    Cette auberge illustre la gentilhommière tenue au 16e siècle environ par un gentilhomme fauché qui ouvrit sa porte au gîte et couverts payants au lieu de l’hospitalité gratuite. Par la suite, les auberges et hôtelleries furent acquises par des roturiers.

    Auberge ou hôtellerie offrent le gîte et le couvert, taverne ou cabaret offrent seulement la boisson au détail.

    AUBERGE. s. f. Maison où l’on donne à manger à tant par repas, & où on loge en chambre garnie.
    HÔTELLERIE. s.f. Maison où les voyageurs & les passans sont logés & nourris pour leur argent.
    TAVERNE. s. f. Cabaret. Lieu où l’on vend du vin en détail (Dictionnaire de L’Académie française, 1st Edition,1694)

    Auberge et hôtellerie sont à mon sens équivalents, même si beaucoup d’auteurs prétendent le contraire, et il s’agit plutôt de variantes de vocabulaire local, car elles ont tous deux la même fonction. De même pour taverne et cabaret, mais cette fois seulement débit de boissons (cidre, vin, eau-de-vie)

    Et le sergent dans tout cela ? Il viendra la semaine prochaine … à bientôt, et souvenez-vous, je parle de ce que je connais, le Haut-Anjou, or, la France d’alors est si diversifiée que rien n’est transposable ailleurs sans de grandes vérifications au préalable.

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