Lettre aux Canadiens qui font des erreurs sur l’ascendance de leur ancêtre Jean Juteau époux Desève

Je remets encore ce jour les origines de Jean Justeau qui épouse en 1760 Marie Josèphe Desève car une correspondante veut que je me contente du FICHIER ORIGINE, alors que j’affirme qu’il a fait des erreurs,  et je les commente ci-après avec mon commentaire en rouge. Enfin, je ferme aussi l’accès aux commentaires sur ce sujet.

JOUTEAU / JOUSTEAU, Jean-François Le fichier ne lemnise pas et on ne le trouve donc pas à Juteau/Justeau 242186
Statut Marié
Date de naissance 22-06-1732
Date de baptême 22-06-1732
Lieu d’origine Andigné (St-Aubin) (Maine-et-Loire) 49005 Non, il s’agit de Sainte Gemmes d’Andigné qui n’a rien à voir avec Andigné
Lieu actuel Andigné Non, c’est Sainte Gemmes d’Andigné
Parents Jacques JOUSTEAU et Renée Foucadeau Non, c’est FOUCAUDEAU aliàs FOUCODEAU
Métier du père Forgeron Non, c’est Forgeur en oeuvres blanches, c’est à dire taillandier car à l’époque le forgeron ne voyait que les chevaux et ne fabriquait pas les outils
Date de mariage des parents 14-09-1725
Lieu de mariage des parents Andigné (St-Aubin) (Maine-et-Loire) (49005) Non, c’est Sainte Gemmes d’Andigné

 

Je remets ce jour ce que j’avais publié en janvier 2022 pour répondre à Marie et tenter de voir le Juteau qu’elle signale.

Ce mois de janvier 2022, relisant tous mes travaux sur les BODARD pour voir si tout avait été bien lu et correctement interprété autrefois, je tombe sur Internet sur une page Canadienne qui nie totalement mes travaux. Voici l’analyse critique de la page de Claude Dupras, généalogiste Canadien, qui ignore totalement comment on fait parler les actes des registres paroissiaux Français disponibles en ligne.

Jean Juteau est depuis longtemps sur mon site et je vous engage à lire ma page

Je vous engage également à lire mon étude BODARD

date de naissance de Jean Juteau

Vous avez écrit sur votre blog

Si vous donnez pour date de naissance « 22 juin 1732 », c’est que vous avez eu connaissance de l’acte de baptême. Ce qui n’est pas possible car l’acte de mariage et les autres sources disponibles au Canada attestent que Jean Juteau n’a jamais possédé sur lui son acte de baptême. Donc, vous avez écrit « 22 juin 1632 » par copie de mon travail, que vous réfutez pourtant dans toute la page sur Internet le 24 janvier 2022. Si vous aviez un acte de baptême ainsi daté vous y auriez pu identifier le lieu de naissance, soyez logique. Donc, en logique avec vous-même supprimer cette date

Et  je suis triste qu’on écorne ainsi une si belle ville de France que celle d’ANGERS. Donc ajoutez un S à Angers

Vous écrivez :

Voici mon analyse :

« Le 11 novembre 1760 après la publication des trois bans sans opposition … Jean Joutau âgé de 28 ans, fils de Jacques Jouteau et de Renée Foucodeau ses père et mère de la paroisse de St Jean diocèse d’Angers d’une part, et Marie Joseph Deceve … »

  • le patronyme de la mère est bien FOUCODEAU et non Furedeau et j’en conclue qu’au Canada les généalogistes n’ont pas l’immense connaissance de la paléographie que beaucoup ont en France, et moi en particulier.
  • pire, le nom de famille FUREDEAU n’existe pas et je suis devant le « Dictionnaire étymologique des noms de famille » de Marie-Thérèse Morlet, p. 434 et aucun nom commençant par FUR ou FOUR ne ressemble même de loin à un tel patronyme, donc il faut totalement l’oublier.
  • il est dit « de la paroisse de St Jean » mais il n’est pas dit « né » ou « natif » de la paroisse de St Jean, donc la paroisse citée est la dernière paroisse dans laquelle il a vécu. Souvent il pouvait être écrit dans les actes « originaire de » et cette notion est bien celle de la dernière paroisse dans laquelle il a vécu et non celle où il est né.
  • la « paroisse St Jean » paroisse où il vivait quand il est parti et non paroisse où il est né, n’est pas uniquement réservée aux noms de communes actuelles commençant par « St Jean », car autrefois, et ce assez souvent, on commençait par citer le nom du patron de l’église de la paroisse avant le nom de la paroisse. Donc on peut seulement en conclure c’est que son dernier lieu de vie en Anjou était dans une église ayant pour patron Saint Jean.
  • la Province que vous citez n’est pas le Maine-et-Loire, mais l’Anjou, et le Maine-et-Loire est le département, et nos départements datent de la Révolution.

Il est manifeste que les prêtres qui officiaient au Québec avaient des règles certainement plus souples qu’en France concernant les preuves de baptême. En effet, en France, le prêtre devait s’assurer de l’acte de baptême, et pour cela il questionnait les futurs mariés sur leur lieu de naissance, puis écrivait au curé de la paroisse de naissance pour recevoir la copie de l’acte de baptême. Mais au Québec, il était impossible d’écrire en France pour attendre l’acte de baptême, et les questions aux futurs mariés étaient beaucoup plus simples et l’acte de baptême n’était pas exigé, on était trop heureux d’unir un couple devant Dieu.

Si je sais tellement que lorsque il est écrit « de » ou « originaire de » dans un acte de mariage c’est que lors de mes débuts dans mes recherches, j’ai vu rapidement un ancêtre qui se remariait avec une telle mention. Je m’étais donc empressée de chercher son baptême dans la paroisse citée, en vain. Je me souviens d’heures et heures, et journées après journées, en vain. Puis j’ai compris que je devait sans doute remonter la paroisse en question depuis la date du mariage qu’il demandait, et là j’ai compris qu’il avait vécu dans la paroisse en question mais pire, uniquement 2 ou 3 ans, et j’y trouvais uniquement le décès de la précédente épouse. C’est en cherchant longuement dans toutes les paroisses voisines que je trouvais le mariage du couple précédent, puis il avait encore une fois un remariage et la même mention « de » pour exprimer d’oû il venait. Et rebolote, j’étais encore partie pour de longues recherches. Cet ancêtre m’avait demandé tant de recherches, que j’avais bien compris que le principal pour le prêtre était de savoir d’où il venait pour questionner le curé de la paroisse en question sur ce qu’il avait de lui, en fait c’était la justification de son état civil, que l’église était tenue de tenir, du moins en France.

Donc, amis Canadiens, oubliez le raisonnement par lequel vous croyez que Jean Juteau est né dans une paroisse dont le nom commence par « saint Jean »

 

Louis Bureau 1640-1711 : ma découverte de sa naissance, ma publication en 1985 : le peu de respect de ma découverte

Sur mon blog ces jours-ci, un Canadien et un Français tentent de publier leur découverte de Jeanne de Portebise. Je viens ici leur montrer le peu de respect que les généalogistes ont des publications de telles découvertes, car en 1985, ma découverte du baptême de Louis Bureau fut une découverte telle que le Canadien René Bureau 1915-2016 qui cherchait en vain depuis des décennies, me remercia par alors « à Mademoiselle Halbert, remerciements éternels »

Voici en juillet 2021 ce à quoi ressemble l’éternité des droits d’autreur 36 ans plus tard :  je suis très peu citée et on a parfois ajouté des erreurs importantes. Je suis cependant sur le site FichierOrigine et citée par Google.

Mais Geneanet donne 91 généalogistes tous aussi peu scrupuleux les uns que les autres, et comme toujours dans Geneanet on ne sait plus qui a copié qui, si ce n’est que l’un d’eux dit avoir copié la base Ancestry, donc fait la même erreur. Tous les généanautes cependant n’ont pas copié tout les uns sur les autres car quelques uns donnent correctement que Louis Bureau était né à Saint Sébastien St Jacques Pirmil et non à Nantes St Jacques comme les autres. Les informaticiens qui ont créé les bases de données ne se sont pas donné le mal de prévoir les auteurs du travail réel pas plus que les changements de nom des communes. Pour Louis Bureau, autrefois paroisse de Saint-Sébastien d’Aigne dont la partie Pirmil a été littéralement absorbée par Nantes pendant la Révolution, d’où le classement actuel aux Archives de la ville de Nantes, ce que je raconte longuement.

Sur Roglo, un Canadien en parle, qui ne me site pas sur la page sources de son site et s’octroie l’auteur sur Roglo. Pire, ce curieux généalogiste ajoute une couche de connerie telle qu’elle illustre les dérives de la méconnaissance totale des travaux, en l’occurence de mes travaux. Il ignore Saint Sébastien et même Nantes et met Pirmil en Sarthe, de sorte que le malheureux Louis Bureau se retrouve né en Sarthe !!! Notez que ceux qui ont droit d’écrire dans le fichier Roglo sont des MAGICIENS !!! sans doute parce qu’il ressort parfois n’importe quoi du chapeau !!!

Sur Ancestry ils n’ont pas compris ce que j’ai pourtant tenté d’écrire, à savoir le changement de territoire et nom de la paroisse lors de la révolution.

En conséquence, merci aux découvreurs de Jeanne de Portebise de m’aider à réhabiliter correctement mes droits d’auteur sur Geneanet, Roglo, Ancestry etc… afin de pouvoir eux-même par la suite mieux pouvoir affirmer leurs futurs droits. Si toutefois cela est possible car ces bases n’ont absolument pas pris en compte le respect des recherches et de leur fiabilité, c’est le moins que je puisse dire.

J’ajoute pour ce qui concerne le problème d’idendification des lieux de naissance, noms de paroisses et communes qui ont été modifiés au fil des siècles, que je suis née à Nantes rue St Jacques, paroisse St Jacques de Pirmil, et que je demeure depuis 28 ans à Saint Sébastien sur Loire, la commune autrefois Saint Sébastien d’Aigne mais amputée en 1790 de sa moitié artisanale, le quartier St Jacques de Pirmil. J’ai tout plein de travaux sur ce quartier sur mon site. Voyez mes catogéries, ou même Google qui me connaît bien.

Je vous remets ici ce que j’avais publié :

LOUYS BUREAU, DIT «SANSSOUCY» 1640-1711 extrait du Bulletin du Centre Généalogique de l’Ouest, 1985, N°43 pages 105-108

LA TRÊVE DE PIREMIL,
PAROISSE DE SAINT SÉBASTIEN D’AIGNE

En cet hiver 1630-1631 le froment se fait rare et son prix monte à 18 livres le setier. Du bocage vendéen, les affamés affluent vers Clisson. En vain, car la ville n’a pas de quoi les nourrir.

Un jeune tonnelier de la région veut épouser Renée TENNEGUY, il se nomme Mathurin BUREAU. Par de lointains parents BUREAU artisans dans les faubourgs de Nantes, il a appris que là-bas le poisson était abondant ; le travail aussi, car le commerce des vins du port et l’industrie de l’eau de vie font vivre les tonneliers. C’est là que Mathurin et Renée vont aller tenter leur chance.

D’où viennent-ils? Les BUREAU sont fréquents dans toute la région, notamment à Vertou, Rezé, Basse-Goulaine etc…. mais les TENNEGUY sont fort rares. On en rencontre plusieurs familles à Gorges à la fin du 17e siècle, dont plusieurs femmes prénommées «Renée». Le patronyme évoluera au début du 19e vers TAINGUY, TINGUY. Or, à Gorges à la fin du 17e, on trouve également des familles BUREAU, dont plusieurs hommes prénommés « Mathurin ». Il y a même parmi eux des tonneliers. On peut donc supposer que Mathurin et Renée viennent de Gorges. Sans doute pourra-t-on le vérifier un jour ?

Mathurin et Renée arrivent donc par le chemin des Sorinières au faubourg de Piremil, paroisse Saint-Sébastien, au début des années 30.

Saint-Sébastien s’étend alors au nord jusqu’à la Loire, bras de la Madeleine, les Îles des Biesses, de Vertais, Piremil, Pont-Rousseau, Seivre, la Gilarderie, la Civellière, le Douet et l’actuelle commune de Saint-Sébastien. Sur les îles autrefois désertes, les artisans se sont installés le long des rues étroites. Pour aller à l’église paroissiale il faut franchir les nombreux ponts et une lieue de marche passé Piremil. Les moines du Prieuré Saint-Jacques de Piremil assurent donc pour ces nouveaux habitants les fonctions de succursale paroissiale, c’est la TRÊVE DE PIREMIL. Pratiquement le recteur de Saint-Sébastien ne dessert que les «champs» (l’actuel Saint-Sébastien) mais on le voit parfois aller jusqu’en Vertais, à la Gilarderie, Seivre. Les paroissiens pouvaient sans doute choisir de recevoir les sacrements soit à la paroisse, soit à la trêve de Piremil.

Sur les registres de Saint-Jacques de Piremil, les religieux sont peu bavards pour les mariages, mais sont un peu plus explicites pour les baptêmes.

En 1636 une épidémie, parmi d’autres, sévit dans les faubourgs, mais pour Mathurin c’est la vie qui est au rendez-vous et le 06.12.1636 il fait baptiser à Saint-Jacques de Piremil « soulz Mr. le Recteur de Saint-Sébastien d’Aigne» son fils René. Messire André Arnaud, qui baptise, est natif de la paroisse et il comprend fort mal l’accent du bocage. N’avant jamais entendu auparavant le patronyme dé la femme de Mathurin, il hésite, fait une rature, puis écrit «TANNEGUY».

Anne suivra le 20.04.1638, puis Marguerite le 15.06.1639.

Papier a esté achepté trente cinq / solz par le sieur Estienne Couïllaud / fabricqueur de Sainct Sebastien / d’Aigne pour enregistrer les / baptesmes qui se font en / l’Eglise de Saint Jacques de Piremil l’an / 1635  / Vénérable et discret messire Jacques Tixier recteur / de Saint Sébastien et messire André Ernaud / prestre natif de la Paroisse vicaire audit Piremil

Au début de 1640 Mathurin entend parler de nouvelles pièces d’or à l’effigie du Roi Louis XIII. Mais les louis d’or seront-ils pour lui ? Il a bien du mal à faire vivre la famille qui va bientôt s’agrandir. Le 19 juin Renée met au monde un fils et lui donne le prénom du roi « Louys». Messire Arnaud, qui ne s’est pas habitué entre temps à l’accent de Mathurin, écrit cette fois «TENNEGUY» sur l’acte de baptême.

 Louys a 3 ans lorsque le roi meurt. Un autre roi Louis le remplace, mais à Nantes le Maréchal de la MEILLERAYE, capitaine de Piremil et Gouverneur de Nantes est nommé Gouverneur de Bretagne. Pirmil et Nantes ont leur destinée unie dans les mains d’un grand homme. Par ailleurs, la ville de Nantes poursuit ses achats de droits de pâturage, pêche sur les ponts et les îles de Saint-Sébastien. Cette année 1643, c’est au Prieur de Pirmil qu’elle achète les droits de pêche sur le Pont-Rousseau, à sa charge de l’entretenir désormais.

Louys grandit dans les rues étroites et malodorantes. Tandis que Mathurin goujonne, rabote, cercle le bois de châtaignier pour quelques deniers royaux, Louys s’évade sur les rives du fleuve, et contemple les toues débordantes de lamproies, de saumons. Au printemps, il regarde les laboureurs de Saint-Sébastien ramasser de la rive les civelles grouillantes pour les jetter sur leurs cultures maraî- chères qu’elles feront profiter. Enfin, Louys préfère les prairies des îles où paissent les troupeaux, aux rues étroites.

A 11 ans il vit un premier drame. On doit rapidement se réfugier dans les petites chambres à l’étage pour échapper au flot qui emporte tout, à commencer par les ponts Rousseau, Piremil, Vertais, etc … Il faut même s’éloigner en barque de la maison totalement inondée. A Pirmil il faut d’urgence construire un pont flottant moyennant droit de passage.

Et les épidémies se succèdent, mais la ville de Nantes s’efforce d’obtenir la grâce de Saint-Sébastien pour protéger la ville et ses faubourgs de maladie contagieuse. Louys voit passer les processions qui vont en pèlerinage à l’église paroissiale de Saint-Sébastien, telle celle du 20 janvier 1652. Louys la suit à travers les cultures maraîchères et les moulins à vent qu’il préfère au moulin à eau du pont de Biesse.

Un Jean TENEGUY vint s’installer dans le faubourg de Pirmil. Il a de Marie LEMASSON 5 enfants de 1649 à !!; est-il parent de Louys ?

En 1657, à l’angle du chemin de Bonne-Garde, on édifie une chapelle. Deux ans plus tard la Loire est prise par les glaces pendant plusieurs mois et Louys s’habitue ainsi à la rudesse de l’hiver.

En 1661 les régiments suisses arrivent fin août et logent en Vertais et en petite Bièce. Ils sont bientôt suivis par les régiments des gardes du roi. Mr le Maréchal de la MEILLERAYE a fait rassembler tous les canons pour accueillir Louis XIV. Le roi est entouré de quelques cavaliers. L’un d’entre eux a dû trop voir de louis d’or et va être arrêté. Il s’appelle FOUQUET.

Louys choisit-il alors la carrière militaire? Il est vrai qu’en tant que cadet, il n’a pas de place dans le tonneau. En outre la vie est dure, car par suite du mauvais temps, le blé a encore monté de prix. Les épidémies profitent de la mauvaise alimentation. Bref, l’uniforme est une solution pour Louys. On est nourri et habillé. Louys ne reverra pas Pirmil.

LA NOUVELLE FRANCE

Le roi confie à Mr de TRACY une mission à Cayenne. Quatre compagnies embarquent donc à La Rochelle le 26 février 1664 sur le «Brezé» suivi d’autres vaisseaux armés. le Saint-Sébastien, l’Aigle d’Or, le Sainte-Anne et d’autres bâtiments. La compagnie de Louys est du nombre.

Cayenne renfloué, on passe par la Martinique, la Tortue, la Guadeloupe, Grenade et Marie-Galante. On quitte la Guadeloupe le 25 avril 1665 pour la Nouvelle-France où l’on arrive fin juin.

Louys met pied sur la terre de Nouvelle-France. C’est une petite colonie d’à peine 3 000 personnes et les Indiens se manifestent aux alentours. Les expéditions de «pacification» se succèdent et Louys échappe aux flèches des Iroquois. Il s’habitue si bien aux rigueurs de l’hiver québécois, qu’il décide de rester avec quelques autres compa- gnons lorsque la troupe rembarque pour la France. Il est vrai que la prime à l’installation est incitative.

En France tout est mis en oeuvre pour éxpédier des filles à marier aux colons. Sur place le gouverneur TALON n’est pas moins efricace: il s’efforce d’accélérer le peuplement de la petite colonie à coup de mariages précoces ou forcés, de répression du célibat…

Mais Louys reste sans compagne

Le 26 juillet il achète à l’Ancienne-Lorette, sur la côte de Saint-Paul, une terre. Avec ses 42 ans il doit comme d’autres attendre que les petites filles grandissent. Jean GAUVIN en a précisément une qu’il veut bien lui «accorder» en juillet 1685. Marie-Anne a 14 ans et Louys en annonce 55 sur le contrat de mariage. Pourquoi se vieillit-il ainsi?

Marie-Anne s’éteint avant 1695. Si jeune, elle a cependant eu le temps de donner à Louys un fils, Jean, né en 1689, et une fille, Marie-Catherine, née le 11 mai 1690. Alors âgé de 55 ans, Louis a besoin d’aide pour élever les 2 petits. Justement, Marie COQUERET est veuve et a 32 ans. Pour elle, Louys se rajeunit et annonce « 50 ans ».

Marie élève les deux petits mais ne participe pas plus au peuplement

La nuit du 13 au 14 février 1711, Louys s’éteint, non sans avoir eu le temps de faire son testament quatre jours auparavant. Il peut désormais reposer en paix sur cette terre de Nouvelle-France : en effet il a résisté 46 années aux rigueurs du climat malgré sa constitution moins robuste que d’autres, et enfin il a « pris racines » et laisse deux enfants en âge de se marier.

Ses enfants et sa veuve vendent sa terre le 14 mai 1713 car Jean vise la terre de Jean RACINE. Marie COQUERET lui donne sa part, aussi il l’héberge jusqu’à sa mort le 05.02.1724. Marie lui est probablement utile pour aider Marie-Anne LA CHESNE, qu’il a épousé à l’Ancienne- Lorette le 9 mai 1712, à s’occuper des enfants. 13 au total, dont 6 atteindront l’âge adulte. Et c’est des 4 fils de Jean que sortent les 4 branches de BUREAU qui couvrent au 20e siècle l’Amérique du Nord.

LA PAROISSE NANTES SAINT-JACQUES DE NANTES

Entre temps à Pirmil, les religieux connaissent quelques différents avec leur recteur. Le 05.10.1699 ils n’ont plus le droit de baptiser et les paroissiens doivent aller jusqu’à l’église paroissiale pour recevoir les sacrements. Heureusement pour eux, tout rentre dans l’ordre au printemps de 1702 et les moines baptisent à nouveau.

Puis arrive 1789 qui trouve les religieux partagés: certains prêtent serment ; parmi eux le prieur. D’autres cependant vont devenir martyrs. Mais le culte est abandonné.

En 1791 les habitants des villages de Seivre, la Sivellière, la Gilarderie, les moulins de Chiron, et autres lieux, adressent au District une supplication datée du 19 mai. Ils ont en effet entendu parler de la création d’une nouvelle paroisse et demandent à être rattachés à celle-ci car «l’église de la paroisse de Saint-Sébastien est au moins à trois quart de lieue ». Ils signent nombreux. Parmi les signataires on note un Jean PORCHER, dont je descends, mais aucun BUREAU. D’ailleurs, à cette époque il n’y a plus qu’une famille BUREAU dans ce faubourg.

Ils ont gain de cause et croyant choisir une paroisse, ils ont changé de commune, car le 29 mai 1791, Donatien TIRET, prêtre assermenté élu curé de Saint-Jacques deux semaines plus t-bt est installé dans la nouvelle paroisse Saint-Jacques de NANTES. Elle est bordée au nord par Sainte- Croix, elle suit la rivière de Seivre jusqu’à la paroisse de Vertou puis se rend au grand chemin de Nantes à Clisson, le remonte et prend celui du Clos-Torreau jusqu’à Bonne-Garde, pour aller border Portechèze, descendre vers la Loire par le chemin de la nouvelle fonderie. La nouvelle paroisse est si grande qu’on lui adjuge une succursale de Toussaint, future paroisse de la Madeleine.

Sans bruit. sans douleur, Nantes vient de prendre à Saint-Sébastien la moitié d’elle-même. L’oubli va désormais caractériser cet évènement important dans l’histoire de Nantes. Les historiens de Nantes n’en parlent pas, et pourtant ils vont écrire de longues pages sur Doulon et Chantenay.

L’annexion de Pirmil était-elle si peu digne d’intérêt ? N’y a-t-il pas pourtant un formidable sujet de thèse pour étudier comment le sort de ce faubourg s’est trouvé acheté par la ville de Nantes au cours des siècles !

En 1951, René BUREAU, généalogiste Québécois, descendant de Louys, recherche sa trace à Saint-Sébastien. Le secrétaire de Mairie, puis ultérieurernent plusieurs membres du C.G.O. cherchent. Mais à Saint-Sébastien on a totalement oublié Pirmil. Si Louys avait quelque peu embrouiller sa date de naissance (1630 ou 1645), il avait bien dit être «fils de Mathurin BUREAU, vivant tonnelier demeurant en la ville de Nantes, paroisse de Saint-Sébastien et de Renée TENDIÉ ».

Début juillet à Sherbrooke les BUREAU d’Amérique du Nord accueillent l’Abbé Joseph BUREAU, Nantais, venu leur apporter l’amitié des BUREAU de France. Pour ce grand rassemblement, René BUREAU parle de l’ancêtre Louys : « on ne saura jamais sa date de naissance, car à Saint-Sébastien. sa paroisse natale, les registres de l’époque n’existent plus ».

A Sherbrooke en 1983 un autre rassemblement BUREAU reçoit cette fois cinq nantais. Pendant ce temps, Victorine dépouille les mariages de Saint-Sébastien et n’y trouve pas d’autres BUREAU que les miens, venus de Vertou au début du 18e. Mais je recherche mon ancêtre Jean PORCHER et je suppose qu’il est sur Pirmil. Sans doute que Louis BUREAU aussi. C’est là en effet que je trouve beaucoup de Jean PORCHER (trop pour trouver le fil) et Louis BUREAU. Nous sommes le 21 décembre 1983 et il pleut dans les Archives Municipales, autant que dehors, depuis la grêle de juillet. L’abbé Joseph BUREAU aussitôt alerté sur la découverte me prête ses compétences photographiques, sans flash, devant l’unique fenêtre des Archives, par un temps toujours gris. Mais la photo est réussie et franchie immédiatement par avion l’océan à la grande joie de René BUREAU.

1985 : Les Archives Municipales de Nantes ont mis le registre, où figure Louys au sec, en déménageant : il était temps car Louys allait moisir au sens propre. Sur le pont de Pirmil, nième du nom, le trottoir amont est interdit aux piétons. Les saurnons n’ont pas attendu d’interdiction pour fuir et quelques rares spécimens de civelles persistent encore à venir. On reçoit par jets le saumon du Canada.

Seule l’église Saint-Jacques, parfois remaniée, entourée, dégagée, reste le témoin du temps où Louys fût baptisé.

Odile HALBERT, Mai 1985

BIBLIOGRAPHIE

RP Saint Sébastien d’Aigne – AM Saint Sébastien RP Saint-Jacques de Pirmil, paroisse de Saint- Sébastien d’Aigne – AM Nantes
BUREAU René, l’Ancêtre, 1978 mai, « notes sur Jean BUREAU »
BUREAU René, « La famille BUREAU : 3 siècles d’histoire » Sherbrooke 1978
GUÉPIN M.A. «Histoire de Nantes », 1839
RADIGOIS A., « Saint-Sébastien d’Aignes», 1897
AD44-L661 «État des paroisses ou églises supprimées, conservées ou établies 31.10.1791, District de Nantes»

  • Louis Bureau arrive au Canada avec le régiment de Lallier, non celui de Carignan. Il est dans une compagnie de 50 hommes, commandée par le capitaine Isaac Berthier, choisie en 1664 pour accompagner aux Antilles Alexandre de Prouville, marquis de Tracy. Sa compagnie suit Mr de Tracy à Québec, où elle débarque le 30.6.1665. Louis est alors âgé de 23 ans selon un témoignage. C’est aussi l’âge moyen de ses compagnons d’arme. Louis va rester au Canada et devenir l’ancêtre des Bureau du Canada.
  • En 1681, encore célibataire, Louis se loue à Nicolas Marion sieur de la Fontaine, marchand de Québec, qui s’engage à l’employer à des travaux légers, vu son état de santé, attendu : « qu’il n’est par d’un fort travail et qu’il est de faible complexion malseing, ce qui est de la connaissance du sieur de la Fontaine« . Est-la raison pour laquelle il ne trouve pas femme ? Il faut dire qu’elle sont rarissimes.
  • Louis ne sait pas compter, comme la plupart de ses contemporains, aussi lors des anniversaires, le compte se fait mal, ou plutôt ne se fait pas. Si bien que lorsqu’il trouve enfin une épouse en 1685, le prêtre le déclare âgé de 55 ans à vue d’oeil, faute d’autre renseignement, comme les prêtres le faisaient la pupart du temps à l’époque. On peut en conclure que Louis fait plus vieux que son âge, puisqu’on sait maintenant qu’il avait 45 ans et non 55. Rassurez-vous, il ne vieillit plus, car en 1695 lors de son remariage il paraît 50 ans, preuve que le mariage lui a réussi, ou que le prêtre de ce mariage a vu plus clair !
  • Louis meurt à l’Ancienne-Lorette le 14.2.1711 entouré de sa 2e épouse Marie Coqueret et de ses 2 enfants Jean et Marie-Catherine issus de sa 1ère épouse Marie-Anne Gauvin. Ils sont les auteurs des Bureau du Canada.
  • Louis a laissé peu de traces de ses parents français. Il est dit fils de Mathurin Bureau tonnelier et Renée Tendie, sur son 1er contrat de mariage. Louis ne sait pas écrire et le notaire à oralement compris « Tendie ». Plus tard, des sources imprimées au Canada vont écrire « Tendié », ce qui ne se peut, puisque l’accent est inexistant à l’époque ! D’autres sources la diront aussi Fardi ou Fardy.
  • Jusqu’en 1984, date de ma découverte de son baptême en France, Louis sera dit par erreur à défaut de mieux « né en 1631 fils de Mathurin et Renée Tendié ». En fait Louis est né le 19.6.1640 à Pirmil, trêve dépendant de la paroisse de Saint-Sébastien-d’Aigne, fils de Mathurin Bureau, tonnelier, et de Renée TENNEGUY, TENEGUIE, THANEGUY, TANNEGUY (selon ce qui figure sur les baptêmes de sa fratrie). Le patronyme réel est TANNEGUY qui va devenir TANGUY quelques décennies plus tard. Il est présent dans le bocage, en particulier à Gorges près Clisson, où il y a aussi des Mathurin Bureau à la même époque. Pirmil est le faubourg ouvrier de Nantes, où s’installent ceux qui sont montés à Nantes sur la poussée démographique des campagnes. Les métiers d’artisans y fleurissent. Je suis spécialiste de l’accent du boccage, et paléographe, aucun doute possible sur le patronyme Tanneguy.
  • Ainsi, le nom de la mère de Louis fut écorché pendant des siècles, et l’est encore par certains, tant en généalogie il y a de compilations non vérifiées. Pire, certains descendants, qui croient plus facilement leurs sources publiées que cette page, demandent de ci de là de revérifier la mère, histoire de croire que j’ai mal fait mon travail…
  • Pourtant il est facile de comprendre la déformation qui s’est produite au Québec. Renée TANNEGUY a été facilement « déformée » car l’accent du bocage est très prononcé, et nul ne peut dire comment les accents se sont entrecroisés sur le sol Québecois. Dans le bocage, le G et le D sont souvent interchangeables, comme DIET/GUIET, DIARD/GUIARD etc… et même Vendée/Vengée. Louis, natif du bocage et des faubourgs de Pirmil, annexe du bocage, a probablement conservé longtemps les déformations de son accent. Et la preuve que les accents se sont bien entrecroisés au Québec, c’est qu’il en reste quelque chose de nos jours…

une longue recherche :

  • En 1951, le Canadien René Bureau (1915-après 2009) lance les recherches en France. Si Louis a toujours déclaré être de Saint-Sébastien près Nantes, Saint-Sébastien a éclaté en 2 en 1790 dans l’indifférence générale, une partie absorbée par Nantes, l’autre, amputée devenue Saint-Sébastien-sur-Loire. Les pistes étaient donc brouillées, car il faut chercher à Nantes, paroisse Saint-Jacques pour trouver Louys. Après 33 ans de persévérance, elles aboutissent en 1984 à Pirmil et sont publiées immédiatement dans le Bulletin du Centre Généalogique de l’Ouest (à télécharger 300 ko .PDF).
 Saint-Sébastien-sur-Loire, collection personnelle, reproduction interdite   ascendance Française de Louis Bureau dit Sansoucy  Mathurin BUREAU †/1644 tonnelier x ca 1636 Renée TENNEGUY remariée à Julien Chauveau avant 1644
1-René BUREAU °Saint-Sébastien-d’Aignes-Pirmil 16.12.1636    2-Anne BUREAU °Saint-Sébastien-d’Aignes-Pirmil 20.4.1638
            3-Marguerite BUREAU °Saint-Sébastien-d’Aignes-Pirmil 15.6.1639
    4-Louys BUREAU °Saint-Sébastien-d’Aignes-Pirmil 19.6.1640Louys est le cadet. S’il s’est engagé c’est probablement que son frère René vit en 1660, sans que j’ai pu à ce jour le déterminer. Le patronyme BUREAU est si répandu à cette époque, que j’ai passé des semaines à tous les noter (les BUREAU 148 ko .PDF), en vain pour ce qui est des liens éventuels en France, mais cette recherche pourra sans doute un jour aboutir à travers les actes notariés.
le remariage de sa mère        
  • L’acte notarié ci-après, qui est un procompte, nous apprend que Louis Bureau a perdu son père, Mathurin, peu après sa naissance. Sa mère, Renée Taneguy, s’est remariée à Jullien Chauveau, et l’enfant est élevé dans le magasin que le couple loue à Louys Roger rue de Vertais . Le beau père de Louis signe ce qui atteste un milieu de petit boutiquier ou artisan éduqué, et non la pauvreté totale, d’ailleurs le prix du loyer renforce ce point de vue.  «Le 2 janvier 1644 par devant nostre cour de Nantes, ont estés présents en leur personne devant nous Me Louys / Roger sieur de la Gabardière demeurant en la ville de Nantes / paroisse de St Léonard d’une part et Jullien Chauveau et Renée / Taneguy sa femme tant en son nom que comme mère et tutrice des enfants mineurs d’elle et deffunt Mathurin / Bureau en leur vivant femme et mary, icelle / Taneguy dudit Chauveau son mary bien et duement / authorisée pour l’accomplissement des présentes et ce qui en déppend / demourant en la rue de Vertais paroisse de St Sébastien / d’autre part, entre lesquels a esté fait le procompte final / qui en suit par lequel lesdites parties esdits noms / ont procompté ensemblement des jouissances faites par lesdits Chauveau et femme esdits noms / tant de ce qui est porté en la ferme faicte entre eux / le trante août mil six cent quarante devant Aubin / notaire royal du temps de trois années deues qui ont / fini à la feste de Nouel dernière passée à raison de cent / vingt livres par an, que pour un an et demi de / jouissance du magasin appartenant audit sieur de la Gabardière / fini aussi à la feste de Nouel dernière à raison de soixante / et trois livres par chacun an, en toutes lesquelles choses / lesdits Chauveau et femme sont ancore à présent demourant que / des sommes de deniers que lesdits Chauveau et femme esdits noms / ont payé en l’acquit dudit Sr de la Gabardière tant à Jan Bouanchau / cherpantier pour avoir mis une poultre et une piesse / de soulliveaux audit logis, comme aux depans fait / en leur maison tant par ledit sieur de la Gabardière que ses gens / pour pain et viande prinse chez eux, argent baillé par lesdits Chauveau et femme tant audit sieur de la Gabardière / que ses enfans et serviteurs par billet quittance / que aultrement et pour despans de chevaux et généralement / et enthierement tout ce que lesdits Chauveau et femme / auroient faict et fourni audit sieur de la Gabardière en / son acquit depuis ledit acte de ferme surdabté jusque / à ce jour sans aulcune réservation lesdits Chauveau / et femme se sont trouvés debvoir de reste / audit sieur de la Gabardière de la somme de cent soixante / et seize livres quinze soulz tz pour laquelle somme ledit / sieur de la Gabardière poura mettre à exécution sur ledit / Chauveau et femme quant bon lui semblera tant (par) l’acte de ferme / faict entre lesdits établis, et icelles provisions / par ledit sieur de la Gabardière obtenues contre lesdits Chauveau / et femme devant monsieur le sénéchal de Nantes le sept / de mars mil six cent quarante trois cauptions signifiées auxdits / Chauveau et femme par par Cassard sergent royal le saize / d’apvril audit an mil six quarente trois et / par la voix et rigueur porté par lesdits lois et sentence / cy dessus dabtées et sans que ledit intimé acte puisse / nuire ne préjudicier à la domme de six vingt deux / livres sinq soulz tz portée en l’acte de ferme du / trante aoust mil six cent quanrete en forme de / procompte faict entre ledit sieur de la Gabardière et ledit / deffunt Bureau et ladite Tanneguy sa femme pour le payement / de laquelle somme lesdits Chauveau et femme se sont atournés / vers ledit sieur de la Gabardière et icelle payer à tel jour / que bon lui semblera et se sont obligés sur / obligation exécution et contrainte de / corps et biens et sollidairement lesdits Chauveau / et femme l’ung pour l’autre ung seul et pour / le tout, renonciation par eux faicte au bénéfice de division / ordre de droit et discussion de bien et personne et par / expres à ladite femme renonzer au droit vesleien à l’épitre / divy adriany et à tous autres droits faicts et introduicts / pour et en faveur des femmes lui donner à entendre / qu’il est advis que femme en puissance de mari ne peut / s’obliger pour autrui voir pour son propre mari sans / avoir renonzé auxdits droits laquelle a dict bien savoir… signature de Chauveau » (AD44-4E2/213/f°184 Belute Notaire)  page 1 de 4 de l’original (330 ko, papier brulé par le temps d’où le fonds noir et écriture patte de mouche : lecture musclée) pages suivantes sur demande \  signature de Julien Chauveau (48 ko)

Jacques Viau l’Espérance fait reconnaître à son oncle Nicolas qu’il est son héritier pour moitié, Nantes 1674

cet acte est peu banal, car avant de répartir pour le Canada, il atteste que Jacques Viau dit l’Espérance se méfie des « oublis » de son oncle envers lui, comme nous avions pu le constater hier sur ce blog, car l’oncle avait « oublié » de verser à son neveu la part qui lui revenait de la succession de Jean Forget.
Il fait donc établir devant notaire un acte authentique par lequel Nicolas Forget doit le reconnaître comme son héritier pour moitié.
Je ne pense pas que cet acte soit de l’initiative de l’oncle, et je pense même qu’il a dû y être contraint.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales de Loire-Atlantique, série 4E2 – Voici la retranscription de l’acte (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Devant nous notaires royaux héréditaires de la cour de Nantes en la province de Bretagne au royaume de France soubzsignés (Lebreton notaire à Nantes) avecq submission et prorogation de juridiciton y juré le 22 mars 1674 avant midy a comparu honorable homme Jacques Viau sieur de l’Espérance, habitant de la seigneurye de Longueil, pays de Canada, dit La Nouvelle France, estant maintenant en cette ville de Nantes, logé en la rue d’Erdre chez Laforest cabaretier, lequel nous a dit être originair et natif de la ville de Clisson de la paroisse de la Sainte Trinité en cet évesché dudit Nantes, fils d’honorable homme Jullien Viau et de deffuncte damoiselle Gatienne Forget sa femme, ses père et mère, et qu’il s’est marié au dit pays de Canada avec Marye Madelayne Pellouard sa femme dont il a deux enfants, l’un nommé Bertrand, l’autre Marye Madelayne Vyau, le dit Bertrand âgé de 3 ans, la dite Marye Madelayne de 10 mois, dict outre qu’il est nepveu de noble homme Nicollas Forget sieur de la Tousche procureur en la Chambre des Comptes de Bretagne, frère germain de ladite deffuncte damoiselle Gatienne Forget sa mère, duquel sieur Forget il est présomptif héritier pour une moitié avec les enfants d’honorable homme Jacques Léaulté et de deffuncte Renée Forget vivante sa première femme pour l’autre moitié en cas que ledit sieur Forget mourroit sans hoirs de corps ce qui a esté ainsi recognu et confessé par ledit sieur Forget demeurant audit Nantes rue de Briort paroisse de saint Vincent sur ce présent, de tout quoy ledit Viau nous a requis le présent acte que luy avant délivré pour valoir et servir où il appartiendra ce que de raison audit Nantes au tabler de Lebreton notaire royal soubz les seings desdits sieur Forget et Viau lesdits jour et an

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Contrat de mariage de Nicolas Forget, oncle de Jacques Viau l’Espérance, Nantes 1635

autrefois, les enfants recevaient lors de leur mariage un avancement de droits successifs, encore appellé « dot », et elles étaient assez égalitaires, et même lors de la succession chacun devait rendre compte de ce qu’il avait reçu pour égaler les parts.
Donc l’avancement reçu par Nicolas Forget serait un bon indicateur du montant reçu par sa soeur Gratienne Forget, mère de Jacques Viau l’Espérance.
Mais hélas, seule la somme reçue par la future est donnée, et dépasse les 2 000 livres pour approcher 2 500 livres, puisqu’outre les 2 000 livres en argent, les parents l’habillent et généralement les sommes dépensées en vêtements sont assez généreuses.
Pire, j’observe dans ce contrat une très curieure clause. En effet, la somme de 2 000 livres apportée par le future serait utilisée pour l’achat de l’office de procureur du futur !!! J’ai pourtant retranscrit sur ce blog plusieurs centaines de contrat de mariage de cette époque, mais jamais rencontré un époux vivant aux crochets de sa femme !!!
Et en outre, il prend pour cautions sa soeur Gratienne et l’époux de celle-ci, qui demeurent non loin, dans la vallée de Clisson, mais ne sont pas présents. Et là encore, malgré tous les innombrables que j’ai ici retranscrits, je dois dire que les cautions sont rarement traitées aussi cavalièrement, et si elles ne sont pas présentes, du moins ont-elle auparavant envoyé une procuration énonçant clairement leur mandat.
Nous sommes donc en droit de nous demander si Julien Viau et Gratienne Forget avaient au préalable donné leur accord et pourquoi ne l’ont ils pas fait par écrit comme tout le monde.
Etaient-ils d’accord ?
Ont-ils bien ou mal réagi lorsque Nicolas Forget les a informer de sa démarche forcée ?

Décidemment ce Nicolas Forget ne m’est pas sympathique du tout.

Mieux et suivez bien mon raisonnement, car j’ai une certaine habitude de ces contrats. Ici, le futur est manifestement moins aisé que la future, mais si les parents de la future lui laissent leur fille sans doute a-t-il quelque chance de suivre un avenir prometteur grâce à l’achat de l’office de procureur.
Donc, ce mariage aurait été financièrement moins équilibré que l’immense majorité des mariages, et les Forget ne pouvaient donc apporter en dot une somme telle que 2 000 livres, d’où je peux en conclure que Gratienne Forget n’a pas dû recevoir une telle somme en dot.
Et ce contrat ne nous permet pas de conclure que Gratienne Forget aurait eu 2 000 livres de dot.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales de Loire-Atlantique, série 4E2 – Voici la retranscription de l’acte (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 31 décembre 1635 (Quenille notaire royal Nantes) aux paroles et traité du mariage futur d’entre Me Nicolas Forget fils de deffunt Me Pierre Forget vivant huissier au siège présidial de Nantes et d’honorable femme Mathurine Boullain ses père et mère, et ladite Boullain à présent femme de Me Anthoine Guillebert absent de ce duché depuis les deux ans demye plus, demeurant an ceste ville de Nantes paroisse de St Léonard et ledit Forget autorisé en tant que besoign est de ladite Boullain sa mère, d’une part

    mais vous allez lire ci-dessous que la malheureuse Mathurine Boullain va être tenu de faire ratifier ce contrat à son époux !!! je me demande bien comment à moins qu’elle sache où il est parti !!!

et honneste fille Marye Mercier fille d’honorable personne Me Guillaume Mercier et Jeanne Bonnefoy ses père et mère, ladite Marye Mercier assistée et autorisée de sesdits père et mère d’autre part
le présent contrat de mariage fait en conséquence du decret émanné de la cour de la Prévosté de Nantes ce jour par Mr le provost dudit Nantes au raport de Me René d’Achon commis aux greffes de ladite provosté signé Th Guion pour le greffier, à ce que le dit mariage soit fait et accomply en face de notre mère sainte église catholique apostolique et romaine

    le décret était obligatoire dans cette province que le ou la futur était mineure c’est à dire âgé de moins de 25 ans

ont eté faites les conventions et pactions matrimoniales qui ensuivent sans lesquelles ledit mariage ne seroit fait ny accomply
c’est à savoir que ledit Mercier et ladite Bonnefoy sa femme de luy à sa requeste deument autorisée pour l’effet des présentes demourant en ceste ville de Nantes paroisse de st Vincent promettent de payer et bailler audit Forget en faveur dudit mariage la somme de 2 000 livres avant le jour précédent la bénédiction nuptiale, de laquelle somme de 2 000 livres il en entrera en la future communauté la somme de 500 livres passé de l’an et jour de leur futur mariage

la communauté de biens s’acquiert un an après la bénédiction nuptiale selon le droit coutumier, donc ils n’y dérogent pas

et le surplus qui est la somme de 1 500 livres sera par ledit Forget ou les siens employé en acquests au compté de Nantes qui seront censés et réputés le propre de ladite Mercier et des siens de son estoc et lignée,
et oultre promettent lesdits Mercier et femme d’accoustrer leur dite fille d’habits nuptiaux selon sa qualité et condition
est convenu entre les partyes qu’en cas que ledit Forger employe ladite somme de 2 000 livres en l’achapt d’un office de procureur en la Chambre des Comptes de ce pays que iceluy office demeurera spécialement affecté et hypothéqué pour les deniers dotaux de ladite Mercier future espouse et en cas de dissolution dudit mariage dans l’an et jour après la bénédiction nuptiale, ledit futur espoux rendra au tout ladite somme de 2 000 livres et aultres choses que ladite future espouse aura porté audit mariage
et advenant que ledit futur espoux décéderoit le premier ladite future espouse prendra et enlevera hors part de la coustume tous ses habits bagues et joyaux, desquels en ce cas en temps que besoing ledit futur marié luy fait dont dès à présent
et sy ladite future espouse décéderoit la première lesdits habits bague et joyaux demeureront en ladite communauté pour estre partagés,
lesquels futurs mariés acquitteront leurs debtes précédents leur mariage sur leurs propres sans qu’elles entrent en ladite communauté,
aura et prendra ladite future espouse douaire coustumier sur les biens dudit Forget suivant la coustume de ce pays
et aux points et conditions cy devant exprimés ont ledit Forget futur espoux et ladite Boullain sa mère faisant tant pour eux que pour Me Jullien Viau marchand et honorable femme Gratienne Forget sa femme demourant en la vallée de Clisson et auxquels ils sont promis de faire ratiffier et avoir agréable les présentes et avecques solidairement obliger à l’accomplissement d’icelles et en fournir acte de ratiffication vallable auxdits Mercier et femme père et mère de ladite future espouse dans ledit jour précédent la bénédiction nuptiale bonne et deue forme à peine de tous despens dommages et intérests, ces présentes néanlmoings tenantes, obligés et obligent en tous et chacuns leurs biens présent et futurs chacuns d’eux comme principal débiteur tenu et obligé l’un pour l’autre un seul et pour le tout solidairement avecq renonciation par eux fait au bénéfic de division ordre de droit de discussion de biens et personnes, et par express ladite Boullain au droit Velleien à l’espitre divi Adriani à l’autantique si qua mullier et à tous autres droits faits et introduits pour et en faveur des femmes luy déclaré et donné à entendre estre tels que femme ne se peut contracter ny obliger pour aultruy mesme femme maryée pour son mary sans avoir expressement renoncé auxdits droits aultrement qu’elle en seroit relevée ce qu’elle a dit bien scavoir et y a renoncé et renonce
et outre a ladite Boullain promis de faire ratiffier le présent acte audit Guillebert son mary et luy faire avoir agréable la présente dans le jour de la bénédiction nuptiale
et o lesdites conditions cy dessus se sont lesdits futurs mariés du consentement de leurs père et mère et des soubzsignés présentement promis mariage l’un à l’autre et iceluy sollemniser en face de notre mère ste église comme dit est lorsque par l’un en sera par l’autre requis
et ainsy a esté par lesdites partyes voulu et consenty promis et juré tenir sur tous leurs biens à quoy nous les avons de leur consentement et resqueste jugés et condemnés par le jugement et condemnation de notre cour à laquelles lesdites partyes se sont submises et submettent promis juré jugé et condemné
fait par devant notre cour royale de Nantes avecq submission et prorogation de juridiction y juré au logis et demourance desdits Mercier et femme après midy de ce jour 31 décembre 1635
et pour ce que ladite Boullain a affirmé ne savoir signer Me Jean Pigeon procureur au siège présidial de Nantes sur ce présent a signé à sa requeste

PS : Le 28 janvier 1636 quittance de Nicolas Forget pour les 2 000 livres

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Nicolas Forget, oncle de Jacques Viau l’Espérance, avait refusé de lui faire parvenir sa part d’héritage, Canada et Nantes 1674

ce qui suit ne laisse aucun doute sur les retards de Nicolas Forget à envoyer sa part d’héritage à son neveu au Canada.
Manifestement, ce procureur à la chambre des comptes de Nantes, gérait ses affaires privées en égratignant la loi. Pire, il devait être soutenu par ses pairs, car les 2 quitances de 1674 publiées hier sur ce blog, attestent que le neveu n’a rien touché d’indemnités de frais et despens des poursuites qu’il a dû faire contre son oncle, et pourtant il a même été obligé de faire le voyage à Nantes et s’entendre avec ses propres débiteurs, ici Pannier, qui eux réclamaient des despens de retard etc…

Ce que je découvre à travers ces 2 actes ici publiés (d’autres vont suivre) me semble consternant : Jacques Viau dit l’Espérance n’a pas eu des rapports cordiaux avec sa famille !
Non seulement l’oncle n’a pas versé la part d’héritage depuis mai 1669, soit 4 années révolues, mais encore il ne loge même pas son neveu, qui est descendu dans un cabaret des bords de l’Erdre.

Pour quels motifs ? Nous ne le découvrons sans doute jamais. A moins que les Canadiens possèdent un élément sur les motifs de son engagement au régiment.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales de Loire-Atlantique, série 4E2 – Voici la retranscription de l’acte (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 15 mars 1674 avant midy, (Lebreton notaire à Nantes) en la cour de Nantes avecq submission et prorogation de juridiction y jurée par serment a comparu Daniel Pannier dict la Plante maistre cherpantier de gros oeuvre demeurant en la ville de La Rochelle rue de la Vieille Poullaisserye paroisse de st Sauveur estant maintenant audit Nantes logé chez Laforest cabarettier en la rue d’Erdre ainsi qu’il a dit lequel a confessé avoir eu et receu de Jacques Viau dit l’Espérance habitant de la seigneurie de Longueil pays de Canada dict la Nouvelle France, estant aussy de présent audit Nantes logé chez ledit Laforest cabaretier sur ce présent comme il a fit la somme de 803 livres scavoir 100 livres dès le 16 janvier dernier et 703 livres contant et réellement en pièces de Louys d’argent et autres monnoyes ayant cours jusques à la concurrence à valloir et desduire sur la somme de 997 livres 7 sols 6 deniers que ledit Viau doibt et estoit obligé de payer audit Pannier pour les causes portées et contenues en l’acte d’accord et procompte passé entre eux devant Savin notaire royal à La Rochelle le 31 décembre dernier une grosse duquel acte ledit Pannier a apparu et laissée annexée à la minute des présentes pour servir au besoin, de laquelle dicte somme de 803 livres à valloir comme dict est ledit Pannier s’est contenté et en a quitté et quitte ledit Viau ensemble Marye Madelayne Pelouard sa femme et tous autres
sans préjudice du surplus qui est la somme de 194 livres 7 sols 6 deniers dont ledit Pannier fait expresse réservation pour satisfaire au payement de laquelle somme de 194 livres 7 sols 6 deniers resetant il a prolongé le terme dudit payement auxdits Viau et femme dans d’huy en 2 ans prochains venant sans aucunement desroger ny préjudicier à la priorité de temps datte et hypothèque et obligation dudit acte de prorogation et encores ledit Pannier en conséquence dudit payement désisté et desparty des sentences et jugements par luy obtenus en la juridiction de la prévosté de Nantes contre maistre Nicollas Forget sieur de la Tousche procureur en la chambre des Comptes de cette province de Bretagne qui estoit débiteur dudit Viau, veult et consent que lesdites sentences et jugements demeurent nulz et sans effect renonczant à s’en ayder servir ny à en rechercher et inquiéter cy après ledit sieur Forget en façon quelconque comme ladite somme de 803 livres faisant partye des deniers provenant et receuz de luy par ledit Viau ainsi qu’il a déclaré et ne servir à la présente quittance et celle dudit Pannier soubz son sein privé estant au bas de la grosse dudit acte portant la somme de 100 livres dattée dudit jour 16 janvier dernier que pour un seul et mesme acquict
promis juré renoncé obligé jugé condempné etc
fait et passé audit Nantes au tabler de Lebreton notaire royal soubz les seings desdits Pannier et Viau lesdits jour et an

  • grosse de l’accord Pannier Viau 1673 La Rochelle, annexée à la quitance cy-dessus
  • Aujourd’huy par devant le notaire royal héréditaire en la ville et gouvernement de La Rochelle soubzsigné en présence des tesmoings bas nommés ont comparus personnellement Jacques Viault dit l’Espérance habitant de la seigneurie de Longueil pays de Canada dit La Nouvelle France, faisant tant pour luy que pour Marie Magdelayne Pelouard sa femme de laquelle il a dit avoir charge se porte et fait fort pour elle et comme estant solidairement obligés aux actes cy après d’une part
    et Daniel Panier dit la Plante maistre cherpantier de gros oeuvre demeurant en cette ville de La Rochelle d’autre part
    entre lesquels volontairement a esté fait et passé ce qui s’ensuit c’est à savoir que comme lesdits Viault et Pelouard sa femme sont tenus et solidairement obligés envers ledit Panier de la somme de 1 012 livres 10 sols argent dudit pays de La Nouvelle France comme appert et pour les causes portées par acte passé par devant Benigne Basset notaire royal de l’Isle de Montréal en la France Septentrionnalle le 19 octobre 1671 qui revient 759 livres 7 sols 6 deniers argent de ce Royaume de France, laquelle avecq la somme de 200 livres mesme argent de cette France pour les frais et dépense qu’il conviendroit faire au recueil de la succession cy-après, lesdits Viault et sa femme par procuration passée ledict jour par devant ledit Basset, ils auroient donné à prendre sur la succession escheue audit Viault par le décedz de noble homme Jean Forget advocat au Parlement de Rennes en Bretagne son oncle maternel et le parsus de ladite succession estre employé, selon qu’en résulte par ladite procuration, en exécution de laquelle ledit Pannier seroit venu dudit Montreal en cette ville et de cette ville en celle de Nantes pour l’effet dudit recueil de succession dès le 10 février 1672 dont il en auroit pris acte d’affirmation au greffe d’icelle estably audit Nantes et pris conclusions à l’encontre de Me Nicollas Forget procureur en la chambre des Comptes de Bretagne héritier en partie dudit feu Forget et détempteur de ses biens et effectz et après plusieurs contestations respectifves au siège royal de la Prévosté dudit Nantes jugement seroit intervenu par lequel il auroit esté ordonné que ledit Forget délivreroit suivant ses offres audit Panier des actes jusques à la concurence de son deub en par luy baillant caultion pour la seureté d’icelle et iceluy deffendeur condempné aux despens et comme iceluy Panier n’avoit de caultion à fournir audit Nantes et aussy qu’il n’estimoit pas y estre tenu pour estre fondé en delivrer bons actes quoy que arguez par ledit Forget de nullité, il s’en seroit retourné en cette ville et dire donné advis auxdits Viault et sa femme occasion pourquoy ledit Viault se seroit acheminé en cette ville pour traiter avecq ledit Panier, et de fait par l’entremise d’aulcuns de leurs amis se sont accordés comme s’ensuit
    c’est à savoir qu’iceluy Viault a consenty et accordé que pour tous les frais et despens dommages et intérests par luy faits et souffertz et voyage de Montréal en cette ville et de cette ville audit Nantes séjour audit lieu et retour en cette ville, que ladite somme de 200 livres à luy accordée par ladite procuration pour les causes y portées avecq en oultre 38 livres pour l’intérest d’une année desdites 759 livres 7 sols 6 deniers luy demeurent et appartiennent et icelle jointe avecq ledit principal sont la somme de 997 livres 7 sols 6 deniers, laquelle ledit Viault sera tenu comme il promet et s’oblige icelle bailler et payer audit Panier en ladite ville de Nantes toutesfois et quantes qu’iceluy Panier y sera arrivé pour tout dellay,
    dont à cette fin icelles parties partiront ensemble dès demain dieu aydant, et où il faudroit séjourner quelque temps en ladite ville de Nantes premier que de pouvoir recepvoir par ledit Panier ladite somme de 997 livres 7 sols 6 deniers en ce cas ledit Viault sera tenu de payer sa despense dudit séjour seulement et non de l’éller et retour par clause expresse, et jusques auquel payement ledit Penier s’est réservé les droits privilèges et hypothèques à luy acquis par lesdits actes sus dattés passés par ledit Basset lettres missives y esnommées, jugement et procédures aussy sus spécifiées
    et à l’effet et entretien de ce que dessus sans y contrevenir à peine de tous despens dommages et intérestz lesdites parties se sont obligées l’une à l’autre tous et chacuns leurs biens présents et advenir et sur ce ont renoncé à toutes choses contraires aux présentes, la teneur desquelles elles ont promis et juré tenir et garder irrévocablement, dont à ce faire de leur consentement et colonté elles en ont esté jugées et condempnées pa rledit notaire par le jugement et condempnation de la cour ordinaire et présidiale de cette ville et gouvernement où elles se sont quant à ce soubzmises et leurs dits biens,
    fait à La Rochelle en l’estude dudit notaire environ midy le 31 décembre 1673 présents Pierre Depoix praticien, Jean Baud marchand, et Estienne Marchant clerc demeurants en ladite Rochelle
    et a ledit Baud déclaré ne savoir escripre ne signer de ce enquis
    signé au registre des présentes J. Viau, Daniel Panier, Depiox et Marchant avecq moy
    signé Savin notaire royal

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    Les études de chapelier de Jacques Viau l’Espérance avant de s’engager, Nantes et Clisson 1674

    Ce site et blog contiennent plusieurs documents sur les pionniers du Canada.
    Voici donc un passage méconnu de la jeunesse de Jacques Viau, né à Clisson vers 1640.

    Les 2 quitances qui suivent sont jointes à la succession de Jean Forget, en 1669. Ces 2 quitances nous en apprennent beaucoup sur la vie de Jacques Viau avant son départ pour la Nouvelle France.
    Fils unique d’un marchand de draps à Clisson, il est si attiré par Nantes où il a des oncles, qu’il se rapproche d’eux suffisamment pour vivre chez l’oncle Nicolas Forget à Nantes. Celui-ci cependant ne l’attire pas vers les carrières de la judicature comme tous les Forget, et ici, on ne peut dire si le garçon aurait été ou non capable, car on découvre que l’oncle Nicolas Forget lui a payé un apprentissage de chapelier, et je vous recommande vivement de lire ce que j’en conclue ci-dessous.
    Bref, le métier ne l’a pas passionné, et à force de traîner sur les quais de Nantes, il a pris goût au large.

    collection personnelle, reproduction interdite
    collection personnelle, reproduction interdite

    L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales de Loire-Atlantique, série 4E2 – Voici la retranscription de l’acte (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

    PJ : Le 23 janvier 1674 après midy par devant nous notaires royaux de la cour de Nantes avecq submission et prorogation de juridiction y jurée par serment a comparu honorable homme Jacques Viau marchand fils d’honorable homme Jullien Viau marchand de draps à Clisson et de deffunte honorable femme Gatienne Forget vivante sa femme

      Effectivement, Julien Viau est encore vivant et décède à Clisson la Trinité : « le 29 mars 1675 a esté inhumé dans l’église de cette paroisse le corps de deffunt Julien Viau il vivait âgé de 77 ans comme il dit avant de mourrir, fait en présence de Laurent Viau son nepveu et de Pierre Gogué aussy son nepveu et de François Lefiefbre qui ont dit ne savoir signer »
      Cette inhumation dans l’église est signe de notabilité. Quoiqu’il en soit il est clairement explicité ici « marchand de draps », et à ma connaissance déjà assez vaste de cette classe sociale, il s’agit de gros marchands, aisés, et même si nous sommes à Clisson et non à Nantes, il s’agit bien d’un notable, par contre il ne peut avoir été huissier comme d’aucun le racontent, et sans doute si huissier il y a eu, faut-il le voir du côté de son beau père Forget.
      Julien Viau est donc âgé d’environ 76 ans lorsque son fils Jacques revient pour ses affaires en France en 1674, et aurait été âgé de 43 ans à la naissance de ce fils Jacques, que l’on dit être né vers 1640, mais les registres paroissiaux de Clisson n’existant plus pour cette date, il est impossible de le vérifier.
      Tout ce qui suit dans cette succession de Jean Forget atteste que Jacques Viau est fils unique de Julien Viau et Gratienne Forget, car il est seul héritier en date de 1674.
      Mais tout ce qui suit nous laisse sur notre faim quant aux rapports de Jacques Viau avec son père, car il s’avère qu’il l’a quitté très tôt, bien avant de s’engager. Vous allez le découvrir ci-dessous.

      L’un d’entre vous pourrait-il faire rectifier l’énorme faute de frappe qui sévit sur Geneanet, mettant le malheureux Julien Viau encore plus fort que Mathulasem !!! Coquille que les logiciels n’ont pas su détecter !!!

    originaire de la ville de Clisson demeurant habitué depuis les 10 ans derniers en la ville de Montréal paroisse de Nostre Dame de Villemarché pays du Canadas en la Nouvelle France estant maintenant en cette ville de Nantes, lequel a receu contant et réellement de maistre Nicollas Forget sieur de la Tousche procureur en la chambre des Comptes de Bretagne demeurant audit Nantes rue de Briort paroisse de Sainct Vincent sur ce présent la somme de 505 livres en espèces de Louis d’argent et autres monnoyes ayant cours jusques à la concurrence à valloir et desduire sur la somme de 1 550 livres en quoy ledit Jacques Vyau est fondé des biens de la succession de noble homme Jan Forget vivant advocat en la cour son oncle ainsy qu’il appert par l’acte de partage fait entre ledit sieur de la Touche et honorable homme Jacques Léauté père et garde naturel de ses enfants et de feue honorable femme Renée Forget vivante sa femme au subject des biens de la succession dudit feu sieur Forget cy attaché datté du 26 mai 1669 passé devant les notaires soubzsignées, de laquelle dite somme de 505 livres à valloir comme dict est ledit Viau s’est contanté et en a quitté et quitte ledit sieur Forget sans préjudice du surplus qui est 1 045 livres promis juré renoncé obligé jugé condempné etc
    fait et passé audit Nantes au logix dudit sieur Forget soubz le sein dudit Viau lesdits jour et an

  • 2ème quitance
  • PJ : Le 15 mars 1674 avant midy par devant les notaires royaux de la cour de Nantes soubzsignés avecq submission et prorogation de juridiction y jurée par serment a comparu honorable homme Jacques Viau sieur de l’Espérance habitant de la seigneurie de Longueil pays de Canada dict La Nouvelle France, estant maintenant en ceste ville de Nantes, desnommé en la quittance cy dessus, lequel a confessé avoir eu et receu de maistre Nicollas Forget sieur de la Tousche procureur en la chambre des Comptes de Bretagne aussy y dsenommé sur ce présent la somme de 1 050 livres en espèces de Louis d’argent et autres monnayes ayant cours jusques à la concurrence pour le reste enthier et parfait payement de la somme de 1 550 livres qui appartient audit Viau de la succession de feu noble homme Jan Forget vivant advocat en la cour son oncle, dont ledit sieur de la Rousche seroit demeura saisy comme il appert par l’acte d’accord et partage cy attaché fait entre luy et honorable homme Jacques Léaulté marchand père et garde naturel de ses enfants et de deffunte honorable femme Renée Forget sa première femme datté du 26 may 1669, de laquelle dite somme de 1 050 livres restant comme dit est ledit Viau s’est contenté et en a quitté et quitte ledit sieur de la Tousche

      la somme de 1 550 livres pour la part de Jacques Viau qui est en fait celle de sa mère, met les biens du deffunt Jean Forget à 3 fois cette somme, ce qui n’est pas énorme certes, mais aisé pour l’époque. Je crois savoir que c’est même plus aisé raporté aux revenus Canadiens de l’époque, mais j’ignore comment l’argent passait au Canada, soit en liquide, soit en papier bancaire ???
      Un tel héritage changeait considérablement le niveau de vie !
      Et ce sans compter que Jacques Viau a manifestement ensuite receu l’héritage de son père, décédé en 1675, mais cette succession aura été traitée par les notaires de Clisson, dont le fonds pour cette période ne nous est pas parvenu, hélas !

    et au regard des profits et intérestz que pourroit demander et prétendre ledit Viau de ladite somme de 1 550 livres ils demeurent compensés avecq ce que ledit sieur Forget a payé pour l’aprentissage dudit Viau du mestier de chappelier, et ses nourritures et pensions du temps qu’il a demeuré avant sondit apprentissage cheix (sic) ledit sieur de la Tousche

      ce passage est extrêment intéressant, car curieusement, le père de Jacques Viau vit encore et n’aurait donc pas payé l’apprentissage de son fils. J’ai dépouillé beaucoup de contrats d’apprentissage, certes en Anjou, que vous trouverez sur ce blog dans la catégorie ENSEIGNEMENT sous-catégorie CONTRAT D APPRENTISSAGE
      Or, ce sont toujours les parents losqu’ils vivent qui paient l’apprentissage.
      Pourtant on est certains que Julien Viau, père de Jacques Viau, est encore vivant à la date de cette quittance, car la filiation de Jacques Viau, ci-dessus explicitée, donne seulement sa mère décédée. (voir l’acte ci-dessus)
      Alors maintenant, je vous demande à tous toute votre attention.
      Je fus chimiste, et au fait de la toxicité de certains procédés.
      Le métier de chapelier était autrefois dangereux du fait des produits utilisés, et on n’y faisait pas de vieux os.
      Jacques Viau l’a donc échappé belle en fuyant Nantes et ce métier et partant prendre l’air au large !!!

    au moyen de quoy lesdites partyes s’entre quittent respectivement l’une l’autre pour quelques causes et affaires que ce soit et puissent estre généralement et enthièrement sans réservation, et en conséquence des présentes et desdits payements ledit sieur Forget disposera seul d’un contrat de constitution de la somme de 400 livres principal deub par monsieur de la Chapelle du Bouexit conseiller au parlement de Bretagne et le sieur Claude Martinet et coobligés daté et mentionné audit partage ensemble une obligation de 225 livres sur feu maistre Vincent Lardeau procureur au siège et Marye Chouquet sa femme dattée du 25 juin 1669 et oultre une autre obligation de la somme de 200 livres deue par le sieur de la Curaudays Cottineau et sa femme et escuyer Claude de Soussay sieur de la Guischardière dattée du 28 avril dit an 1669, esquels contrats de constitution et actes obligataires ledit sieur Forget demeure subrogé et supplanté pour s’en faire payer en principal arrérages de rente et intérets du passé et pour l’advenir par lesdits débiteurs y desnommés ainsi qu’il verra renonçant ledit Viau a y demander et prétendre aucune chose en façon quelconque promis juré renoncé obligé jugé condempné etc
    fait et passé audit Nantes au tabler de Lebreton notaire royal soubz les seings sesdits Viau et Forget lesdits jour et an

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