L’ancien cimetière de Saint-Jacques, sous l’école de la rue du Frère Louis, Nantes 1827

1827[1] : la mairie de Nantes achète un terrain vague, presque entièrement déclos, formant l’emplacement de l’ancien cimetière de Saint-Jacques, situé à Nantes, rue de Vertou, à la charge pour la commune de Nantes de faire construire, à ses frais, sur ce terrain, et d’y entretenir perpétuellement une école gratuite pour les petites filles indigentes, et de payer les contributions foncières. (Journal de Nantes, 13 juin 1827, p.3)

[1] AM Nantes, notes sur les rues de Nantes par Jules Forest

Ce document m’apprend que j’ai été à l’école primaire des soeurs de la Sagesse, rue du Frère Louis, ancienne route de Vertou, située sur l’ancien cimetière de Saint-Jacques. Et l’école était prévue pour les indigentes, dont je n’étais pas, mais rapidement les religieuses ont du ouvrir à toutes les petites filles du quartier. Selon mes souvenirs, l’école privée n’était pas gratuite. Mais j’ignore si la ville de Nantes est toujours propriétaire comme elle le promettait en 1827 ?

J’ignorais qu’un cimetière avait existé là !

 

Maman, tu es fleurie, malgré la pandémie : merci au fleuriste Guillaume

Ce jour et surtout demain, jour des morts, je pense à vous tous, qui n’avez pu vous rendre et/ou fleurir vos tombes.

C’est grâce au fleuriste que maman est fleurie, exactement comme j’avais commandé : Au vertige, Guillaume Fleuriste, face au cimetière St Jacques

Ce jour, comme vous, je prie pour elle comme si j’étais devant sa tombe.

La puanteur est devenue insoutenable fin octobre 1674 : église de Clisson la Trinité

Nos cimetières n’ont pas d’odeur, mais autrefois les églises avaient souvent l’odeur des cadavres. Certes nos ancêtres avaient un nez plus habitué que le nôtre aux odeurs fortes faute de propeté etc… mais en cette fin octobre 1674 l’église de la Trinité à Clisson (Loire-Atlantique aujourd’hui, mais Bretagne alors) est devenue irrespirable tant la puanteur est devenue insoutenable.

Que s’est-il donc passé ?

Peu auparavant le recteur décède, et arrive un nouveau prêtre aux idées manifestement plus généreuses, enfin plus égalitaires envers les pauvres. Bref, ce nouveau prêtre n’accepte pas l’idée de faire une différence entre ceux qui paient et ceux qui ne peuvent pas paier leur place à l’église pour y être inhumé.

Car autrefois, la croyance était qu’être inhumé plus près de Dieu était bon pour le repos de l’âme du défunt, et au plus près c’était dans l’église, parfois le cimetière autour de l’église, et on acceptait difficilement un cimetière non attenant à l’église.

Donc, ce nouveau recteur, tout enclin à ne pas faire de différence, admet tous les défunts dans l’église, d’ailleurs probablement sans leur faire paier cette place. Merveilleuse idée d’égalité !

Mais moins bonne idée pour l’odeur de l’église !

En effet, après un début sans trop d’inhumations car le registre atteste un rythme baptêmes/sépultures assez équilibré, brusquement les choses se dégradent en 1674. Le rythme des inhumations dans l’église s’accélère, et fin octobre, la puanteur est devenue insoutenable, même au nez moins délicat que le nôtre de nos ancêtres.

Bref, ce recteur, pour le moins sympathique quant à son application du principe d’égalité, doit se rendre à l’évidence : il ne peut plus inhumer dans l’église.

Alors, brusquement il change de règle, et applique désormais la vieille pratique de ses prédecesseurs, et de tous ses confrères, à savoir tous les pauvres inhumés hors l’église car la putréfaction dans l’église est trop importante.

Je rends ici hommage à ces Clissonnais dont le nez fut confronté en octobre 1674 à une telle puanteur dans l’église de la Trinité. Car, ces odeurs nous les avons oubliées, même si l’actualité nous rappelle que certains de nos concitoyens citadins ne se souviennent plus que la campagne a une odeur et entendent faire interdire cette odeur voire les bruits !!! au nom de quoi ? Je salue ici tous les agriculteurs actuels, car ils ont encore un nez : je les remercie d’exister et je les comprends.

 

Les 7 occupants du pavillon du cimetière Saint Jacques : Nantes 1851

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Dans quelques jours la Toussaint, et nous fleurissons déjà nos tombes, nous visitons déjà les cimetières.

La ville de Nantes, propriétaire des cimetières municipaux, avait fait construire dans les années 1840 ce qu’elle appelait un PAVILLON à l’entrée du cimetière Saint Jacques, afin d’y loger celui qu’elle appelait le PORTIER. Ce pavillon existe toujours, composé de 2 pièces, l’une ouvrant sur l’entrée, servant de bureau pour consulter de nos jours le garde, quand il est là. Je vous propose d’abord de bien comprendre le terme PAVILLON, car dans les recensements il est RARISSIME et semble bien spécifique à l’entrée du cimetière, et dans tous les cas de petite maison et/ou maison basse, elles sont appelées MAISON. Bref, on ne s’attend pas à ce que le PAVILLON soit habité.

PAVILLON Le Dictionnaire de l’Académie française. Sixième Édition. T.2 [ 1835 ] en Architecture, Corps de bâtiment ordinairement carré, appelé ainsi, à cause de la ressemblance de sa forme avec celle des pavillons d’ armée. Sa maison ne consiste qu’ en un pavillon. Il a bâti un pavillon au bout de son jardin. Un corps de logis entre deux pavillons. Un corps de logis ayant un pavillon au milieu. Gros pavillon

On comprend ici que le pavillon n’est pas tout à fait une maison. Pourtant au cimetière Saint Jacques à Nantes en 1851, c’est le logement du portier.

La rue qui voisine le cimetière, appelée alors ROUTE DE CLISSON, possède quelques maisons mais surtout des jardins, et les maisons sont habitées par une famille par pièce. Vous avez bien lu, autrefois, et encore quelques décennies, on vivait UNE FAMILLE PAR PIECE. Et bien sûr, pour l’hygiène, une pompe et des aisances dans le jardin.

Revenons au pavilon du cimetière Saint Jacques. Il sert donc de logement au PORTIER, mais le portier ne vit pas seul, c’est le moins qu’on puisse dire car il a femme, 5 enfants, et même une tante, soit en tout 8 personnes dans ce pavillon, certes de 2 pièces, dont l’une ouverte au public, dans laquelle il y a certainement une table/bureau et une petite armoire pour le/les registres d’entée, car c’est le premier rôle du portier. Je suppose que les lits étaient dans la pièces arrière et qu’on dormait plusieurs par lit.

Voici donc ce portier et sa famille, logés dans le pavillon de la ville de Nantes, au cimetière Saint Jacques.

pavillon, 2 pièces RDC MESNARD Joseph portier 52 m Mouzillon
BARRÉ Marie sa femme 49 m Thiere
MESNARD Joseph enfant 18 c Haie Fouassière
MESNARD Augustine enfant 15 c Haie Fouassière
MESNARD Louise enfant 13 c Nantes
MESNARD Louis enfant 9 c Nantes
MESNARD Adèle enfant 5 c Nantes
GUITTON Françoise tante 76 c

m pour marié, c pour célibataire, et à droite c’est le lieu de naissance, vous l’aviez deviné. Donc le portier vient de Mouzillon, car à l’époque on arrive nombreux sur Nantes. Et voici la preuve et source, c’est à dire les Archives Municipales de Nantes (mes copies d’écran vous prouvent toute la source et ces documents donnent même à gauche le nom du propriétaire, ici bien entendu LA VILLE) :

Je suis certaine que si vous entrez dans ce cimetière, vous vous souviendrez de cette famille, logée ainsi. Bonnes fêtes de Toussaint à vous et fleurissez bien.

 

 

Mathurine Arnaud inhumée dans le cimetière : Clisson Saint Jacques 1688

Je me souviens des enterrements de 1ère et 2ème classe à l’église dans ma jeunesse (je suis née en 1938), et ceux qui avaient plus payé avaient droit entre autres à de belles tentures noires accrochées aux murs à l’intérieur de l’église.
Vous vous souvenez de ces tentures noires n’est-ce pas ?

et vous fredonnez  avec Georges Brassens :

Mais où sont les funéraill’s d’antan ?
Les petits corbillards, corbillards, corbillards, corbillards
De nos grands-pères… 

 

Mais avant la Révolution et jusqu’à une date que j’ignore, il y avait l’inhumation souhaitable au plus près de Dieu donc dans l’église, ou le cimetière auprès de l’église jusqu’à ce qu’on l’interdise pour des raisons d’hygiène.

Je suis actuellement en train de retranscire exhaustivement les plus anciens registres de Clisson et j’y rencontre quelques inhumations pour le moins curieuses, car on aurait pu penser, du moins c’est ce que je pensais, que ceux qui étaient inhumés dans l’église avaient payé alors que les autres, inhumés au cimetière, avaient moins payé, donc étaient moins aisés voire pas aisés du tout.

Alors pourquoi par exemple Mathurine Arnaud est elle inhumée le 7 décembre 1688 au cimetière et pas dans l’église. Elle vient tout juste de donner le jour le 30 novembre précédent à « Jacques fils de Jacques Leauté et Mathurine Arnaud parrain h. homme Jacques Leauté marchand de draps marraine h. femme Renée Martineau femme de Me Jean Leauté notaire royal et procureur »

J’avoue que dans mes exercives de retranscription lentement, je suis parfois très surprise et même je ne comprends pas. Ainsi, Mathurine Arnaud ne méritait pas cela !!!

Le petit et le grand cimetière, à travers nos registres paroissiaux de l’ancien régime

« Les jeunes médecins font les cimetières bossus, se dit pour signifier que les jeunes médecins, avant d’avoir acquis de l’expérience, sont la cause de la mort de beaucoup de personnes. » Proverbe, in Littré, Dictionnaire de la langue française, 1877

Voilà une belle liaison avec le billet d’hier.
L’objet du présent billet est de comprendre la différence entre le petit et le grand cimetière.
Le lieu normal de sépulture est le cimetière. Je précise « normal », car l’objet de ce billet n’est pas l’église elle-même qui fera l’objet d’un autre billet tant j’ai dépouillé de sépultures d’antan et d’inhumations dans l’église.
A l’origine, le cimetière est toujours attenant à l’église, afin que ceux qui n’ont pas le privilège d’être inhumés dans l’église soient au plus près (au plus près du lieu saint). Certains paroissiens demandent même à ce que leur tombe soit adossée au mur de l’église, faute de pouvoir être dedans…
Or, dans certaines paroisses, les actes de sépulture font une distinction entre le « grand » et le « petit » cimetière.

Théoriquement, le grand est celui des grandes personnes, et le petit celui des enfants n’ayant pas encore fait leur communion.
Il s’agit le plus souvent d’un unique cimetière, dans lequel un endroit est défini pour les grands, l’autre pour les petits, d’ailleurs, les habitués des cimetières actuels, ont remarqué des carrés réservés aux enfants, avec ces petites tombes blanches, et ces petits angelots dessus…
Mais dans la pratique, cette distinction entre grandes personnes et enfants n’est pas toujours respectée, et si vous lisez beaucoup d’actes de sépultures, vous en aurez vite la certitude.
François Lebrun constate la même chose dans son ouvrage « Les hommes et la mort en Anjou aux 17e et 18e siècles », et il ajoute que cette distinction ne présente pas un grand interêt.
Plus important à ses yeux, était le manque de respect de ces lieux sacrés.

Ils sont le plus souvent sans clôtures au 17e siècle, alors que nos cimetières actuels sont clos. Même les bestiaux y ont accès (d’ailleurs les bestiaux ont accès partout), et causent bien entendu parfois des dégâts. Les évêques ont bien du mal à sensibiliser les fidèles au respect de ces lieux, et prescrire des clôtures.
Et François Lebrun ajoute que ceci se passe même dans les villes, ainsi à Saumur en 1654, où il existe trois cimetières. Et,bien entendu, il s’y passe tout autre chose, peu respectueuses des lieux : bals, danses, jeux de boules (ceci à Montreuil-Bellay en 1659).
L’édit d’avril 1695 fait obligation aux fabriques de clôturer les cimetières, et ce n’est donc qu’au début du 18e siècle que les cimetières deviennent clos.

Dans les faits, le curé subissait des pressions de la part de certains paroissiens plus fortunés que d’autres, et les règles n’étaient donc pas toujours rigoureusement respectées. Le passe-droit est sans doute vieux comme le monde. Ainsi, à Marans, en pleine épidémie, durant laquelle certains sont même inhumés dans leur jardin tant personne ne peut les mener au lieu saint (ce qui est la dernière des infamies, et en écrivant ces mots je songe à toutes les victimes actuelles des catastrophes bien actuelles, avec respect !), on doit dans l’urgence créer un nouveau cimetière, un peu plus loin, dont le terrain est offert par un paroissien. Donc, on commence à y inhumer, mais parallèlement, probablement sous la pression, on trouve encore quelques exceptions à cette nouvelle règle, et pour que cela ne paraisse pas trop, l’acte de sépulture omet de préciser le terme infamant « mort de contagion », et j’ai même constaté que le passe-droit avait même permis des inhumations dans l’église.

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.