Richard Gentot est parrain en 1610 à Rochefort-sur-Loire, mais le prêtre fait une erreur sur son métier

Nos registres comportent parfois des erreurs

J’ai depuis 25 ans sur mon site un chapitre GENEAFOLIE qui a pour objectif de .signaler et analyser les travers et dangers de la généalogie ! 

géné-correct

débuter

code de déontologie

maternité

certification des données

paléographie

bénévole

plaisir

 indifférence

géné-incorrect

Cassini

pièges, erreurs

fables

fantaisies

faux

race

association

laïcité

géné-voyoux

yaka

proprio

macho

voyeur

paternité

vie privée

fouille-merde

court-circuit

la première erreur que j’ai trouvée

C’était mes débuts en généalogie, et je ne l’oublierai jamais. C’était ma ligne paternelle directe, et je vous la remets ci-dessous, tant elle m’avait traumatisée en généalogie et tant je me méfis de tout encore aujourd’hui, tant d’années après ce travail;
Mariage au Loroux-Bottereau « le 1er mars 1745 mariage de Julien Halbert fils de Jean Halbert et de Julienne Arnaud, et Julienne Bretin décrétée de justice par Beauchesne fille de Laurent et de Catherine Gautier, présents Julien Viau, Pierre Aubert, Pierre Letourneux et Jean Halbert »
Ce jour-là, comme de coutume avant le carême, période où l’on ne se marie pas, les candidats à la bénédiction nuptiale sont nombreux, et pour tout dire ils se bousculent tant, que les prêtres, un peu surchargé de travail, perdent le fil des filiations, probablement poussés par l’envie d’aller boire un peu plus vite après une pareille tournée d’écritures sur le registre.
Quoiqu’il en soit, Jean Halbert passe le dernier en écriture, et là, horreur, le prêtre s’emmêle. Fatigué d’avoir vu défiler autant de « Julien », il écrit dans la foulée « Julien Halbert » au lieu de Jean.
J’ai dû reconstituer entièrement toutes les familles du Loroux-Bottereau, et faire aussi les tables de La Chapelle-Heulin et de Vallet pour résoudre l’embrouille et démontrer que le prénom était Jean et non Julien.
Vin on non, les prêtres notaient au mieux sur des bouts de papier avant de recopier proprement dans le registre paroissial. Ces séances fastidieuses de copie, ont été sources de bon nombre d’erreurs de retranscription. Essayez de recopier manuellement des listes de noms, ou de longues pages, vous verrez…D’ailleurs, les registres étaient recopiés eux-mêmes, pour donner la copie ou grosse, et bien souvent nous ne possédons que la copie, et souvent aussi on ne sait pas ce qui a été microfilmé, et même pire, c’est aux Archives Départementales sur la série des grosses (copies) et non sur la série communale que ces reproductions ont été faites …
Il existe bel et bien un Julien Halbert susceptible de se marier, et il est présent.
Mais je cherche un Jean Halbert marié à Julienne Bretin, dont 4 enfants en 1746, 47, 49 et 50. Selon l’âge au décès de Julienne Bretin, et la permière naissance trouvée, l’année 1745 paraît convenir, mais dans tous les autres actes, son époux se prénomme désespérément « Jean » et non « Julien ».
Le Loroux-Bottereau compte alors 6 000 habitants et Julienne Bretin a beaucoup d’homonymes. Aux alentours aussi d’ailleurs. Et quelques Halbert…Les parrains et marraines des enfants confortent d’abord l’hypothèse d’une erreur du prêtre. Reste à prouver l’absence de couples homonyme. Entre autres, éliminer un par un tous les autres Jean Halbert, et Julien Halbert, en retrouvant leur trace.
Pour cela il n’existe qu’une méthode, une seule… : la reconstitution de toutes les familles du Loroux-Bottereau, tout en relevant aussi en partie les tables de La Chapelle-Heulin et celles de Vallet, paroisses voisines où on peut les trouver. Au terme de plusieurs années d’effort pour reconstituer les familles de ces paroisses, j’ai pu enfin éliminer toutes les autres hypothèses, et avoir la certitude que le prêtre s’était trompé.

le métier de Richard Gentot

Rochefort-sur-Loire « Le mercredy 26 novembre 1610 fut baptisée Renée fille de Estienne Perroteau et de Renée Gecul ? sa femme et fut parrain Me Richard Gentot sergent notaire royal fut marraine Renée Lorioust dame de la Grange »
Comme je vous le disais hier, les registres de Rochefort-sur-Loire de cette époque sont muets sur les métiers, et ici, une exception rare, mais j’ai étudié les GENTOT dans toutes les sources des notaires et chartriers, et j’ai trouvé Richard Gentot parfois « notaire », parfois « notaire et sergent » et parfois « sergent royal », ce qui signifie qu’il n’avait pas de quoi vivre avec la petite charge de notaire seigneurial et avait aussi pris une charge de sergent royal. L’acte de baptême ci-dessus montre que le prêtre a d’abord écrit SERGENT puis a barré ce terme, sans doute parce que le parrain Richard Gentot déclinait son métier en commençant par « notaire » avant « sergent royal », donc le prêtre après avoir barré sergent, revient à « notaire » et oublie « sergent » avant d’écrire « royal », donc il faut comprendre ce parrainage comme « notaire et sergent royal », et en aucun cas « notaire royal », car la charge de notaire royal est bien différente et bien plus onéreuse que celle de notaire seigneurial, et pour mémoire j’ai décrit ce point sur mon site

Preuve que le patronyme HALBERT fut parfois HERBERT, notamment en Bretagne et le long de la Loire

Je porte moi-même 3 ascendances différentes géographiquement du patronyme HALBERT et j’ai souvent rencontré HERBERT à sa place. Mais voici une preuve extraordinaire que ces 2 patronymes ont été confondus dans certaines régions de France.
Il faut tout de même préciser qu’ils sont tous deux issus de l’Allemand, donc, on peut conclure que la prononciation allemande est difficile à entendre en France et la confusion peut s’ensuivre.
Ainsi voici un notaire à Melaine, aujourd’hui Saint-Melaine-sur-Aubance, proche de Brissac en Maine-et-Loire, qui fait sur 18 pages un partage entre 2 frères dont les biens sont situés aux villages de la Marzelle et de la Halberderie, cette dernière curieusement orthographiée Halbarderie sur le site Geoportail en 2023 :

Le notaire tout au long de ces 18 pages mélange le patronyme HALBERT et HERBERT qu’il donne aux 2 frères. Il faut dire qu’à cette époque le notaire ne voyait jamais de carte d’identité mais entendait seulement chacun donner oralement son nom, ce qui signifie que même 2 frères ne dictaient par le même patronyme, l’un prononçant HALBERT l’autre HERBERT.
En conclusion, cet acte est bien la preuve que ces 2 patronymes se confondent parfois, et je suis heureuse de vous faire voir cette preuve que je suis contente d’avoir enfin trouvée.
Je ne vous mets les vues que de la 1ère et dernière page, mais si vous le souhaitez je peux tout mettre les 18 pages car elles se confortent toutes.
Ceci dit je ne vois pas comment pour un partage entre 2 frères on divise autant de parcelles en 2, car il suffisait de s’entendre pour avoir chacun des parcelles entières et non communes… c’était autrefois parfois curieux de voir les partages…
Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E90 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :


Le 4 juillet 1671, (AD49 Pierre Vallée notaire royal) partages et divisions que fournist et baille Jean Halbert le jeune à François Herbert son frère lesditz les Halbertz enfans et héritiers chascun pour une moytié de Jean Halbert Lesné leur père comme apert par démission passée par nous le (blanc) jour du présent mois et an, lesquels biens immeubles ledit Jean Halbert le jeune a mis et divisés en 2 lots et partages pour ung desquels estre choysy et opté par ledit Françoys et l’autre pour luy demourer, le tout suivant la coustume de ce pays et duché d’Anjou et aux charges portées par ladite démission auxquels partages a esté procédé comme ensuit : 1er lot 2 chambres de maison couverte d’ardoise dans l’une desquelles y a four et cheminée, une estable au bout couverte de boys cour et ayreau devant et comme à l’estimation de trois quarts de boisselée de jardin ou terre le tout se tenant situé au village du Houx paroisse … joignant d’ung costé l’ayreau et jardin de la veuve René Touze d’autre costé ung petit chemin pour aller aux maisons et issues et à celle du segond lot d’ung bout la maison et ayreau qui … audit segond lot d’autre bout ung commun – Item la moytyé d’ung loppin de terre contenant le tout deux septrées ou environ situé au lieu apellé les Grands Champs ledit loppin (f°2) partagé au long des seillons et à prandre pour le 1er lot le costé vers solleil couchand joignant d’ung costé l’autre moytyé dudit loppin qui demoure au segond lot d’autre costé la terre des héritiers de deffunt Geoffray Lambert aboutté d’ung bout le chemin a aller de Noizé à Brissac d’autre bout aussy ung chemin – Item la moytyé d’ung loppin de terre pré et boys taillis situé au lieu apellé le Bottereau ledit loppin partagé au long à prandre pour le présent lot le costé vers midy joignant d’un costé l’autre moytyé dudit loppin qui demoure audit segond lot, d’autre costé la terre de Pierre Guilloteau, abouttant d’ung bout le pré (blanc) d’autre bout ung chemin tendant de Vauchrétien à Mozé – Item ung loppin et jardin situé à la Halberdrye contenant trois quarts de boisselée ou environ joignant d’ung costé ung autre loppin de jardin qui demoure audit segond lot d’autre costé ung chemin d’ung bout le jardin de Pierre Esvière à cause de sa femme d’autre bout ung petit commun du village de la Halberdrye … encore 18 pages

Avant le pétrole, les grains et fourrages de milliers de chevaux : la maison Halbert, Nantes

1851 Jacques Mounier fonde la maison de grains

Jacques Mounier, mon trisaïeul (arrière arrière grand père) paternel, né en 1823, fut le cadet d’une famille de laboureurs, nombreuse et pauvre, vivant aux confins du Morbihan et des Côtes d’Armor. Il dût la quitter faute de place pour lui, et sut établir à Nantes un commerce de grains basé sur l’ère du cheval. Il est à l’origine de tous les immeubles des « Halbert » route de Clisson, dont il n’est rien resté à ma fratrie au décès de Georges Halbert en janvier 1974. La voiture avait supplanté le cheval et la fortune des Halbert s’en était allée ! Ces lignes sont le fruit de mes recherches dans les Archives Publiques, car je n’ai hérité d’aucun papier non plus. Ah ! si, j’ai hérité de quelque chose, j’ai la goutte de père et grand père.

Personne ne sait signer dans la famille de Jacques Mounier et la configuration du village natal montre qu’ils n’ont probablement pas beaucoup de terres à cultiver, pas assez pour vivre correctement. Jacques a 4 frères avant lui or dans les familles à l’époque il n’y a de place que pour un fils pour succéder et les autres doivent chercher ailleurs. On met les enfants domestiques chez des notables dès l’âge de 9 ans et ce n’est qu’après la guerre de 1870, que la loi du 18 mai 1874, dite « loi Joubert », élève l’âge minimum à 12 ans, limitant la journée de travail à 6 heures, et à 12 heures de 13 à 16 ans, et le travail de nuit est interdit jusqu’à cet âge. Tous ces enfants n’étaient pas maltraités. Certains au contraire pouvaient atteindre des compétences voire même une forme d’éducation. Ainsi, dans mes ascendants Guillouard, j’ai un Faucillon fils de laboureur, qui sera quasiment intendant et gérant des biens de la veuve Goureau dont l’époux absent faisait le tour du monde. J’ai trouvé un acte notarié qui l’atteste.
Un domestique alors ne touchait aucune mensualité et/ou annuité, mais une somme globale lorsqu’il se mariait ou partait après 15 à 20 ans de loyaux services, de quoi monter son petit ménage.
Dans le cas de Jacques Mounier, il est très surprenant qu’aucun de ses 4 frères, tous restés au pays, ne sachent signer alors qu’il sait signer. Il sait aussi fort bien compter la valeur des choses et les affaires. Cette différence de culture ne peut s’expliquer que par un placement dans une famille notable, dans laquelle il a appris. En effet plusieurs familles notables de Ménéac ont un lien avec Nantes puisque les grains de Bretagne sont indispensables aux chevaux Nantais. Placé chez eux, il aura appris à leur contact et aura observé comment ils s’approvisionnaient aussi en foin puisque Frossay livrait du foin en Bretagne.
C’est ainsi que Jacques Mounier parvint à l’âge adulte à Nantes, ayant acquis beaucoup de compétences, notamment livreur de l’usine de produits alimentaires située à la Piaudière, sur les bords de la Sèvre créée par J. Carrère, reprise fin 19ème siècle par Bonnefon. La mémoire de la famille recueillie en 1939 par Paul Halbert, précise que c’est lors de ses tournées de livraison qu’il constate le besoin en grains de plusieurs habitants de Saint Jacques et que lui vient l’idée de les en fournir en livrant lui-même.

Jacques Mounier était surtout très travailleur, ne comptant jamais ses heures durant lesquelles il remuait lui-même les lourds sacs de grains etc… à la fois pour les approvisionnements et les livraisons. Et j’ajoute, sachant vivre modestement sans domestiques dans peu d’espace.
Son épouse, native de Saint Sébastien, porta toujours la coiffe, et on la voit à gauche sur la photo ci-dessous avec Jacques Mounier, leur fille Marie, son époux Edouard Halbert, et leur gendre Coignard. Cette photo est rarissime car à l’époque on ne prenait par beaucoup la pause au jardin. Ils sont tous endimanchés et ce jardin est celui du 7 route de Clisson en 1887.
Jacques Mounier eut un fils et 2 filles, mais l’une des filles n’eut pas d’enfants, l‘autre un fils unique, enfin, le fils prénommé Georges connut une fin tragique à l’âge de 16 ans et demi à Haïti.
Avant de vous conter son succès à Nantes, laissez moi vous transmettre une trace de mémoire familiale recueillie en 1939 par mon oncle Paul Halbert. On lui avait raconté que Jacques Mounier était venu à pied à Nantes ramassant de la laine sur les chemins. Or, en 2022 je vois un documentaire sur Arte, qui montre en Irlande une maman et ses enfants de 3 à 5 ans autour d’elle ramassant la laine de moutons restée sur les herbes. Cette maman nous montrait même ce qu’elle faisait de cette laine, qu’elle utilisait dans ses tableaux d’artiste. Comme le récit transmis à mon oncle Paul en 1939 me paraissait curieux car je voyais mal la laine sur les chemins, j’ai compris que Jacques et ses frères, dès qu’ils savaient marcher, étaient mis au ramassage de la laine des moutons dans les champs, et manifestement Jacques Mounier avait dit à ses filles qu’il ramassait de la laine. Cela montre qu’autrefois beaucoup d’enfants avaient très tôt l’habitude de travailler… Travailleur, vivant modestement et connaissant l’ère du cheval, Jacques Mounier a acquis plusieurs maisons, mais ses descendants vivront bourgeoisement alors que l’ère du cheval décline, et n’acquèrent aucun bien, jusqu’à plus rien.

Pour mémoire, en 1851, c’est aussi l’arrivée à Nantes du premier train venant de Paris, ainsi, la disparition des chevaux de poste était déjà programmée… Donc il était plus que temps que Jacques Mounier gagne si bien sa vie.

les grains en sac de 100 kg

Nantes, pionnière mondiale des transports en commun en 1826, avec Stanislas Baudry, utilise beaucoup de chevaux et si Paris en compte 80 000, Nantes certainement près de 15 000, sinon plus. Or, un cheval tractant voiture consomme chaque jour environ 8 kg d’avoine et/ou orge, en 1850 surtout l’avoine, et 6 kg de foin. Wikipedia : Cheval au XXe siècle

Les grains venaient surtout des Côtes d’Armor (que l’on appelait alors Côtes du Nord), d’où venait Jacques Mounier, et c’est certainement ce commerce qu’il a imité au Sud de Nantes en fondant son propre commerce.
L’avoine est transportée en sacs de jute. Le sac pèse 100 kg. J’ai connu, après la seconde guerre mondiale, chez mon père Georges Halbert, successeur de Jacques Mounier, la préparation des sacs, alors passés à 50 kg. Il achetait l’avoine en vrac, et préparait les sacs de 50 kg à travers des gros conduits, et ce dans une énorme poussière.
Voyez sur mon blog un usage amusant de ces sacs de jute : La course aux grenouilles, départ 14 h 30 à la Croix des Herses, Nantes lundi 12 mai 1913
Le sac de 100 kg de farine, devenu au 20ème siècle 50 kg est aujourd’hui de 25 kg. Pour ma part, j’ai travaillé dans les grands moulins à Cologne sur le Rhin, et j’ai aussi travaillé à la Biscuiterie Nantaise. Je connais la farine. Lorsque je suis entrée à la BN à Nantes le 1er mars 1969, je n’avais pas de voiture et durant des années, j’ai travaillé dans le bâtiment de la place François II, lieu fondateur de la Biscuiterie Nantaise, et le soir j’attendais l’autobus. Quelques ouvrières, alors encore en activité sur la ligne ancienne de production de biscuits, attendaient avec moi. Et nous échangions de longues minutes l’histoire de la BN. L’une me racontait ce qui pour elle avait été la plus grande transformation : le sac de farine. Elle avait connu le temps où il était de 100 kg et admirait de finir sa carrière parmi des sacs de 50 kg, ce qui lui paraissait un immense changement des conditions de travail de certains à la BN.
Je rends ici hommage à tous les portefaix et ouvriers d’antan, qui encore entre les 2 guerres mondiales, chargeaient ainsi sur leur dos ces 100 kg. Et, si la France a évolué, passant à 50 kg, puis 25 de nos jours pour la farine, je pense à tout ce que nous oublions de voir dans les pays pauvres, et toutes ces charges si lourdes, comme Jacques Mounier les a connues.  Car cela existe encore ailleurs.
J’ai connu de 1945 à 1956 mon père toujours en bleu de travail sauf le dimanche où il s’endimanchait. Il portait lui aussi les sacs sur le dos. Les bleus de travail n’étaient pas encore en Jean, mais un épais tissu, et j’ai eu souvent à y coudre à la main des carrés de réparation, car je cousais bien et à l’époque on réparait tout, même les draps étaient coupés en deux par le milieu bien avant d’être usés, et je faisais les surjets plats recousant les 2 côtés ensemble car moins usés ils perpétraient encore des années au drap.

Les sacs étaient mis sur des balances agréées, et par ailleurs, pour recevoir les camions entiers, il y avait un pont bascule (voir ci-dessous).

le foin de la Basse Loire


Ces photos datent environ de 1900, on y voit quantité de chalands et du foin en vrac, mais surtout un grand nombre de travailleurs pour décharger ces chalands sur des voitures à cheval. Voyez aussi sur mon blog une carte postale du Quai des Fumiers à la Cale au Foin : le quai Magellan, Nantes 1840
Personnellement j’ai connu le foin dans les années 1945-1956 en botte de 90 x 46 x 36 cm pesant 18 kg. Mais auparavant il était en vrac sur les chalands sur Loire comme le montrent mes photos ci-dessus.

Voici Frossay en 1815 selon la carte générale de la France. 130, [Paimboeuf – Redon].  établie sous la direction de Cassini mais la carte actuelle est plus parlante. Vous y voyez le canal de la Martinière que Jacques Mounier n’a pas connu, et le Migron qui fut le port de chargement des chalands de foin au temps du canal de la Martinière  1892-1914

1875 construction du hangar de bois 

En 1870 Jacques Mounier a perdu tragiquement son fils unique Georges décédé à l’âge de 16 ans et demi à Haïti. Il a marié en 1872 sa fille Lucie à Alexis Coignard qui l’a emmenée. En 1875 sa fille Marie épouse Edouard Halbert qui reprendra l’affaire de son beau-père. Il est l’un des 3 fils de feu Joséphine Bonnissant, fille de Mathurin Bonnissant premier investisseur de la route de Clisson, juste en face de la maison de Jacques Mounier. 
Mathurin Bonnissant a laissé 3 héritiers : une belle fille célibataire Marie Judith Lebraire, sans postérité – un fils prêtre – et Joséphine Bonnissant qui a eu 3 fils, Henry et Edouard Halbert, et Etienne Chauvet; Ces 3 fils héritent de tous les biens Bonnissant et Lebraire, puisque l’oncle et la tante n’ont pas d’enfants. Or, les biens Bonnissant et Lebraire avaient bien fructifié ! Assez pour passer au rang de bourgeois.

Sur cette photo, Judith Lebraire, fête ses 80 ans en 1889 en présence de ses proches : Edouard Halbert est à sa droite et son fils Edouard II Halbert est l’un des enfants assis devant
Edouard Halbert apporte donc à Marie Mounier ses biens  Bonnissant dont le grand terrain qui touche les moulins des Gobelets. Ils y construisent un immense hangar de bois au fonds d’une grande cour donnant sur le calvaire de la Croix des Herses. La cour était si grande que le pont bascule qui était à droite disparaissait presque à la vue (la photo de pont bascule est un exemple actuel pour illustrer le pesage d’un camion). Comme les ponts bascules actuels, il avait une guérite, dans laquelle était le dispositif de pesage qui m’impressionnait beaucoup, car on tirait un gros poids de droite à gauche jusqu’à balance exacte. La photo explicative est de Larousse. Avant la seconde guerre mondiale les camions étaient tractés à cheval chez les Halbert, puis après un Ford. Et bien entendu, d’autres utilisateurs étaient autorisés à venir peser sur ce pont bascule leur camion. Et, chose étrange, moi qui suis née en 1938 et ai connu ce lieu de 1945 à 1956 je me souviens beaucoup de ce pont bascule. J’ai eu le grand privilège, en temps qu’aînée, d’avoir le droit d’entrer dans cette cabine de pesage.

Cette photo aérienne de 1956 montre le pont bascule situé à droite en entrant dans la cour, entre le calvaire dans l’entrée, et les bureaux avant le hangar, mais attention les bureaux n’ont été construits qu’au partage en 1936, car auparavant ils étaient encore en face dans le 9 route de Clisson. Ces bureaux avaient été conservés par la carrosserie Landron acquéreur en 1974.

En 1885, Jacques Mounier, le fondateur, se retire dans l’une des maisons qu’il avait acquise, et dont il loue toutes les pièces, et il laisse à sa fille et son gendre toute l’immense maison du 7 route de Clisson. L’homme qui a vécu modestement malgré son succès commercial, laisse la place à des descendants embourgeoisés.
Pourtant il existe déjà un concurrent route de Clisson comme l’indique en 1887 l’annuaire de la Loire-Atlantique qui donne encore 15 marchands de chevaux à Nantes, dont 2 à Pont-Rousseau et 2 route de Clisson, donc 4 au sud de la Loire, mais donne aussi un concurrent marchand de fourrage route de Clisson au Lion-d’Or.

1904 maison 4 rue Lemevel

Aujourd’hui 4 rue Lemevel (ex  chemin de la Gilarderie) cette maison est construite par Edouard 1er Halbert et Marie Mounier sa femme pour s’y retirer, car leur fils unique Edouard II Halbert se marie et ils lui laissent la maison n°7 route de Clisson en entier, tout comme Jacques Mounier l’avait fait en 1875 à sa fille Marie. La maison donnait directement sur la cour et le mur de parpaing que vous voyez ci-dessus date de 1956 car suite à sa demande de divorce , mon père nous enclos tous les 6 avec maman, pour mieux nous expulser. Mais, moi, l’aînée, j’y ai vécu de 1945 à 1956. Outre la cour nous avions accès à 2 jardins, l’un immense, plantée de toutes sortes de légumes, avec un grand poulailler, là où dans les années 1990-2020 la carrosserie Landron stockait des dizaines de voitures. L’autre jardin d’agrément, plus petit derrière la maison, où nous pouvions jouer. En bas 4 grandes pièces, un minuscule cabinet de toilette pour les parents, et en haut Georges, mon père, construisit en 1942 un autre cabinet de toilette et c’est là que j’ai vécu avec ma soeur de 10 mois ma cadette. Nous étions directement sous les ardoises dissimulées par une couche de plâtre et nous avions 45° l’été et moins de 10 l’hiver. On s’en souvient encore et on en parle encore souvent ! L’une des 4 pièces en bas était la grande cuisine avec la véranda, ici photographiée en 2011 exactement dans l’état que je l’ai connue en 1956. Mais la maison avait une merveille, un immense sous-sol, contenant une salle de bain, une buanderie (à l’époque pas de machine à laver mais une lessiveuse), une cave à vin, et une chaudière à charbon. C’est là que nous nous réfugions pendant les alertes aux bombardements pendant la guerre, puis, la guerre passée, c’est là qu’on punissait un enfant fautif, dans le noir dans la cave ! Malheureusement, ce sous-sol a demi sous-terre fait qu’à l’intérieur de la maison à la porte d’entrée il y a 4 marches, et c’est le cas de nombreuses maisons à Nantes. Je n’ai jamais compris comment des vieux pouvaient se construire une maison pour leur retraite, pleine de marches partout, car à la véranda il y en avait environ 9 pour descendre au jardin. Et ce type de maison, dont beaucoup à Nantes, est difficilement transformable en mode de vie 2023 c’est à dire la cuisine et séjour tout en un etc…
La maison, construite en 1904 ne jouit pas alors du confort qui existe déjà un peu en 1940, et pire, le premier étage n’est que grenier, mis à part ce qui fut sans doute au départ « la chambre de bonne », ainsi qu’on logeait autrefois les domestiques, même si il n’y a plus de domestique logé dans cette maison depuis 1923.
En 1942, Georges, très bricoleur et travailleur, entreprend des travaux de modernisation tout en tentant d’aménager le 1er étage afin de faire la place à sa petite famille qui s’agrandit un peu trop d’année en année. Pour le confort sanitaire, il a à sa disposition la miroiterie Marly, qui fait aussi les sanitaires, et est installée route de Clisson, face à la maison de Charles Haury. Il entreprend même une grande avancée dans le confort sanitaire : une baignoire. Mais la maison de 1904 n’était pas prévue pour faire la place à une salle de bains avec baignoire. En effet, elle ne laisse place qu’à un cabinet de toilette, exigu, comme on les faisait sans doute en 1904. Impossible d’y loger la baignoire.
Il décide donc de créer au sous-sol une salle de bains. Le sous-sol est vaste et les soupiraux nombreux. Il va aussi y installer la chaudière à charbon pour le chauffage central, et laissera une pièce pour la laverie, et une pièce pour la cave à vins. Et au premier il ajoute une salle d’eau avec lavabo et même bidet. Sous le toit pentu de ce grenier la pièce laissera même la place au bureau des enfants pour étudier.
Et il y installe sa famille en juin 1942, à la naissance de son 4ème enfant.
Je vais vivre 14 ans la haut, dans cette mansarde, sous les ardoises, car tout le grenier est à même l’ardoise, et la chambre, certes plâtrée, n’est pas isolée : on n’avait pas encore découvert les bienfaits de l’isolation ! Le bain hebdomadaire était orchestré donc au sous-sol par Georges, tous les uns après les autres, dans la même eau, en commençant par les plus petits, car entre-temps nous étions 6 enfants. En entrant dans l’eau, moi, l’aînée, je profitais donc des « traces » laissées par les précédents. Je ne m’en plains pas, car après 1956, je vais connaître ailleurs aucun lavabo, et même aucune eau, pendant des années.
Outre un poulailler nous avions un coq, et l’été il réveillait tout le quartier, et je le supportais très mal. Les coqs sont depuis longtemps maintenant interdits en ville, mais c’était vraiment une autre époque dans les années 1945-1956. J’ignore s’il y avait d’autres coqs dans le quartier, mais je le suppose car il existait d’autres poulaillers…
En 1950, sur le plan de la ville de Nantes apparaît une zone pour la future ligne de ponts, l’actuel boulevard Gabory, et la maison est alors frappée d’alignement. (voir ce plan sur ma page concernant la maison 7 route de Clisson) Ma chambre, que je partageais avec ma cadette Nicole, est la mansarde sur la rue. Cette mansarde était si mansardée que je ne pouvais faire mon lit sans me pencher beaucoup. En outre, les ardoises n’étaient pas loin, et même à nu dans les pièces voisines qui servaient de grenier. Elle était donc très chaude l’été etc… En outre, il est parfois arrivé des fuites dans la toiture et notre plafond prenait des traces noires. Papa nous disait qu’il était impossible de faire des travaux car la maison était frappée d’alignement pour construire une nouvelle ligne des ponts.
La ligne des ponts fut construite plus tard mais n’emporta que l’autre côté de la route de Clisson : la maison du 4 rue Lemevel est encore là en 1969, à ma grande stupéfaction, quand je reviens à Nantes après 13 années passées au loin. Car le 16 janvier 1956 mon père vide la moitié de la maison en partant avec ce qu’il estime ses meubles, même la TSF, le tourne-disque et les disques, et le Mécano alors important. Maman, restant alors seule avec les 6 enfants arrête net mes études faute de pouvoir nous élever tous les 6 car la pension alimentaire et sera rarement versée ou alors après action de l’avocat.  4 ans plus tard elle est expulsée de la maison de mon père, qui vend la maison en 1961 pour 51 600 F pour rembourser maman de son indemnité de divorce et de sa dot, car en se mariant en 1937 elle avait reçu une dot importante de ses parents, dont elle va pouvoir survivre.

1932

Edouard 2° Halbert décède brutalement Edouard 2° HALBERT 1877-1932 : train de vie  Aucun de ses 4 enfants n’est encore marié, et ils travaillent avec leur mère dans l’affaire.

Leur défunt père, qui avait été le premier dans le quartier Saint-Jacques à acheter une voiture, avait transmis le goût des voitures à son fils Georges. La photo ci-dessous le montre en 1936, manifestement heureux de livrer avec une voiture et plus à cheval, mais la photo montre aussi un cheval qui passe, les maisons en face joignant le 9 route de Clisson, la cour, puis la maison Bureau marchand de chevaux, et on devine à droite de la voiture la petite maison basse qui faisait l’angle du chemin de la Gilarderie et la route de Clisson. Sur cette photo on voit Georges heureux de livrer en voiture alors que la voiture est la fin de son commerce… c’est saisissant ! Cette photo me bouleverse chaque fois que je la vois.

Dans les années 1947-1956 Georges eut un camion Ford (plus petit que celui de la photo) avec un toit sur la cabine, et il allait chercher les bottes de foin ainsi ayant supprimé son camion hypomobile et ses chevaux. Lors des vacances scolaires c’est avec ce camion qu’il emmenait ses 6 enfants jusqu’au Pouliguen ou ma grand-mère maternelle possédait une villa. Nous étions installés derrière sur un banc et je surveillais les plus jeunes… Nous n’avions pas conscience d’un risque quelconque et nous jouissions de toute la vue possible et du grand air, le tout bien entendu sans ceinture ni aucune autre fixation. Nous étions probablement les seuls enfants du quartier à jouir de vacances familiales à la mer et revenir tout bronzés. Et à ceux qui trouveraient incroyables ce transport en camion sans attaches, je tiens à ajouter que mes cousins germains des Coteaux du Layon, venaient ainsi chaque hiver fêter Noël chez la grand mère Halbert, et mes cousins me racontaient qu’ils en avaient des stalactites au nez…

1936- 1956

En 1936 les biens des Halbert sont partagés entre les 4 enfants. Georges a le commerce et la maison du 4 rue Lemevel, et les maisons que Jacques Mounier avaient acquises vont aux autres. Le commerce dont a hérité Georges décline devant l’invasion des voitures, camions, trains, entraînant la disparition du cheval. Il doit se diversifier et lance une fabrique de paillassons, dans le grenier de son immense hangar. Voici sa publicité en 1939 dans le journal des maraîchers Nantais, ses clients.

Pour faire connaître ses paillassons, mon papa tenait à la foire commerciale un stand. Le voici dans l’annuaire de 1947 :

Les paillassons étaient fabriqués dans le grenier de l’immense hangar, sans isolation contre le froid et/ou le chaud. Il devait y avoir 2 ou 3 malheureuses employées, qui devaient subir ces épouvantables conditions de travail… sans oublier la poussière et la fatigue debout. Je n’ai jamais vu ce grenier, interdit aux enfants.
J’ai connu dans ces années 1950 le mois de Marie en mai, une fois par semaine dans la cour si grande, tout près du calvaire de la Croix des Herses. C’était bien le calvaire qui motivait ce lieu de prières et non la maison Halbert bien sûr, mais on allait pas installer des bancs sur la rue alors ils étaient installés dans la cour le soir et le quartier venait prier la vierge Marie.
Chaque année, du temps du moins que j’y ai vécu, c’est-à-dire 1945-1956, il y avait dans les semaines précédents la mi-Carême de Nantes, la construction d’un char à l’abri sous le hangar, et je me souviens avoir entendu mon père parler d’un certain Peignon en lien avec la rue des Olivettes. En tant qu’enfant, je crois que je ne réalisais pas très bien l’importance de ces chars pour les fêtes de Nantes. Nous allions voir le défilé un jeudi sans place privilégiée quelconque, comme tout le monde, dans une rue du centre de Nantes. A l’époque il n’y avait pas classe le jeudi, alors que maintenant c’est le mercredi.

1956-1974

Si je n’ai pas connu cette époque à Nantes, je peux la reconstituer car le paillasson pour culture maraîchère disparait dans les années 1960 devant l’industrialisation des maraîchers passés au pétrole et à l’électricité dans les serres. Saint-Julien-de-Concelles en est encore en 2023 une horreur écologique. Le paillasson pour clôture existe encore en 2303 en brande de bruyère, en roseau de Camargue et même en tige de saule. Sur la photo ci-contre vous voyez la clôture installée par mon papa en 1944 pour que moi l’aînée, assise, je puisse surveiller les cadets sans risques.

Je n’ai jamais revu mon père après 1956, mais je constate que le cheval avait disparu, les paillassons aussi, et en 1974, nous apprenons indirectement plusieurs jours après son inhumation son décès et la faillite. Je cours au commissariat Waldeck pour m’informer des conditions de son décès, j’y suis reçue cordialement en tant que fille du décédé, et un agent m’installe devant un cahier en occultant les actes qui ne me concernent pas. Et je lis ce alors une phrase si terrible qu’elle m’obsède toujours : « et le corps a été remis à sa famille ». Ainsi, en France, on n’est plus sa famille, mais on est par contre bien héritier potentiel des dettes, aussi je cours au tribunal renoncer à l’héritage avec les justificatifs des 5 autres enfants. Puis, tout le commerce est vendu à la carrosserie Landron et Mr et Mme Landron m’invitent à cette vente chez le notaire pour connaître l’histoire du calvaire, et j’y assiste donc en « pot de fleur » car il ne reste rien, et la vente couvre tout juste les dettes. Ils me précisent qu’ils ne sont pas croyants, mais respecteront le calvaire, ce qu’ils firent, et j’espère qu’il en sera de même du futur plan PLUM Lemevel. Histoire de la Croix des Herses, Nantes

J’ignore si mon père avait juré à son père en 1932 sur son lit de mort, de conserver l’affaire car cette notion de ne pas toucher aux biens de famille a pesé autrefois dans beaucoup de familles, incapables de suivre l’évolution, devenue rapide, des changements de la société. Mais, ce que je sais par mes années 1945-1956 alors en sa famille, c’est qu’il condamnait tous ceux qui changeaient de métier, persuadé que c’était mal. J’écris ces lignes avec douleur à la mémoire de mon père qui aima trop les voitures et les femmes, et vécut toujours bien au dessus de ses moyens, comme beaucoup de Français encore en 2023, mais ceux-là attendent des autres de l’aide, mon papa a assumé ses dettes.

Georges Halbert, tailleur de pierre, loue la closerie de la Lande, Saint Georges sur Loire 1689

Vous avez sur mon blog plusieurs centaines de baux, mais seulement 68 qui sont directement pris par l’exploitant direct en tant que bail à moitié, les autres sont des baux à ferme. Mais j’ai déjà rencontré quelques baux à moitié qui sont pris non pas par des closiers mais par des artisans comme le bail qui suit, car Georges Halbert est tailleur de pierre. Je me demande donc comment ces artisans faisaient pour assumer les deux, à savoir entretenir la closerie selon leur bail, et exercer aussi leur métier, et je suppose qu’ils vivaient avec un autre proche parent qui leur donnait de l’aide… Donc le bail à moitié qui suit concerne un Georges Halbert de St Georges sur Loire, or j’ai toute une branche HALBERT à Montjean, non loin de là. Ces Halbert n’ont strictement rien à voir avec ceux qui m’ont donné leur nom qui sont ma branche paternelle issue du Loroux-Bottereau. Par contre, j’ai eu beaucoup de plaisir à rencontrer une Nième façon d’écrire mon patronyme, cette fois avec un D à la fin : HALBERD

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, 5E7 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 6 décembre 1689 après midy, devant nous Pierre Boisseau notaire du conté de Serrant furent présents en leur personne establis et deuement soumis sous ladite cour chacuns de honneste homme Pierre Halberd marchand fermier demeurant en la paroisse de Saint Georges sur Loire bailleur d’une part, et honneste homme Georges Halberd Me tailleur de pierre demeurant en ladite paroisse de st Georges preneur d’autre part, lesquelles parties ont fait entre eux le bail à titre de moitié qui s’ensuit pour le temps et espace de 5 années 5 cueillettes entières parfaites et consécutives qui ont commencé au jour et feste de Toussaint dernière et qui finiront à pareil jour, c’est à savoir que ledit bailleur a baillé audit preneur audit titre la grande closerie de la Lande comme il se poursuit et comporte composé de maison, grange, jardins, terres labourables, prés, comme ledit lieu se poursuit et comporte, lequel lieu ledit preneur a dit bien cognoistre pour en avoir cy devant joui et en joui encore à présent pour y esetre demeurant, à la charge audit preneur de jouir dudit lieu pendant ledit temps en bon père de famille sans commestre aucune malversation et ne pourra abattre sur ledit lieu aucuns arbres fructuaux ni marmantaux par pied teste ni autrement ains coupera et esmondera les haies dudit lieu en temps et saisons convenables, à la charge audit preneur de tenir et entretenir ledit lieu pendant ledit temps en bon estat et réparation et le rendre en bon estat et réparation à la fin dudit bail reconnaissant y estre tenu pour raison de sesdites jouissances, à la charge audit preneur de labourer, cultiver, gresser et ensemancer le nombre de 30 boisselées de grande terre dudit lieu par chacun an et les jardins pour le tout, et les parties recognaissent que ledit Halbert bailleur a fourni 18 boisseaux de blé seigle 9 boisseaux de froment 2 boisseaux et demi d’avoine et ledit Geoges Halberd preneur aussi fourni (f°2) pour ensepmancer un septier de blé seigle un boisseau et demi de froment et 2 boisseaux et demi d’avoine, et est accordé entre les parties que ledit Halberd bailleur reprendra à l’aoust prochain les 9 boisseaux de froment net et le surplus des autres sepmances fournies par les parties demeureront sur ledit lieu pendant ledit bail …

Benoît Halbert, artiste peintre, s’en est allé : ses oeuvres demeurent.

Benoît Halbert demeure par son oeuvre. Ainsi, cet ancien presbytère habite ma salle de séjour, me rappelant aussi que ces lieux ont souvent été désertés faute de prêtres, même certains ont une seconde vie de nos jours.

J’avais acheté cette oeuvre dans les années 1990, découvrant alors que l’artiste peintre avant un ancêtre commun avec moi, mais avant la Révolution, et cela remonte loin. Il est inhumé demain à Sucé-sur-Erdre, et j’aurai une pensée, devant ce presbytère qu’il a signé.

A sa mémoire.

 

 

Porteur de pain à domicile : Nantes St Jacques 1901

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Le recensement de Nantes St Jacques en 1901 que je vais vous donner ici intégralement montre entre autres la présence de nombreuses personnes âgées isolées. Cela m’intéresse beaucoup, car je pensais qu’autrefois les personnes âgées étaient assumées par leur famille et non isolées.

Tout en tappant ce recensement (j’ai déjà tappé 2 500 personnes et cela n’est pas terminé tant c’était dense autrefois) je me demandais donc comment ces personnes âgées vivaient, moi qui suis cliente du Super U à domicile via internet, et qui entend à la radio que pendant le reconfinement beaucoup de magasins tentent de livrer à domicile.

Bref, voici le porteur de pain, donc je suis rassurée, on livrait aussi à domicile autretois, et le pain était important. Donc les personnes âgées isolées pouvaient autrefois avoir le pain à domicile.

Adolphe Guillard a 30 ans, déjà 2 enfants, demeure dans la cour du 104 rue St Jacques, et exerce la profession de PORTEUR DE PAIN de la boulangerie de la veuve HALBERT au 66 rue St Jacques. Cette veuve est une collatérale de mon ancêtre, et je vous signale au passage que cette boulangerie existe toujours et à la même place.