Autre exemple de la Providence justifiée.

Histoires édifiantes et curieuses. Tirées des meilleurs auteurs, avec des réflexions morales sur les différents sujets, Œuvres spirituelles de M. L’abbé B., 1796, 6e édition, Rouen, Labbey éditeur

  • Autre exemple de la Providence justifiée.
  • Rien de si ineffable que les ressources dela providence Divine envers ceux qui mettent en elle toute leur confiance. Tant de traits qui sont arivés en ce genre, devraient bien animer en nous cette confiance intime : en voici un bien capable de la renouveller, si les sentiments en étaient altérés dans nous.
    Un homme avait passé près de vingt ans dans la pauvreté la plus extrême et la patience la plus résignée à la volonté de Dieu, espérant toujours qu’il viendrait enfin à son secours et à celui de sa famille ; car il n’avait pour tout bien que six enfants, manquant souvent de pain pour fournir à leur subsistance.
    Dans ce temps-là un prédicateur célèbre prêchait le carême ; sa grande réputation d’éloquence et de sainteté amenait toute la ville à ses discours, et lui attirait la confiance de tous ses habitants. Un jour une personne inconnue s’adressa à lui, et lui dit : mon Père, j’ai une bonne œuvre à faire, et je vous la confie ; voilà mille écus, distribuez-les aux pauvres que vous connaîtrez dans un besoin réel. Permettez-moi, lui répond ce prédicateur, de ne pas me charger de cette commission ; vous connaissez les pauvres mieux que moi ; distribuez vous-même cette somme ; d’ailleurs, si on savait que ja fais ainsi des aumônes, tout le jour je serais assailli de pauvres, et je ne pourrais vaquer aux fonctions de mon ministère. La personne persista, et le supplia instamment de lui accorder cette grace. Le prédicateur croyant ne pouvoir s’y refuser, pria la personne de lui dire du moins ses intentions en détail, et de quelle manière elle voulait que cette somme fut employée. Eh bien, dit la personne, si vous le jugez à propos, au premier pauvre qui s’adressera à vous, ce sera la Providence elle-même qui en disposera.
    Le prédicateur prêcha le lendemain sur la Providence, et insista beaucoup sur ce passage de l’Ecriture Sainte : Jamais je n’ai vu le juste délaissé de Dieu, ni ses descendants manquant de pain.
    Cet homme pauvre dont nous avons parlé, avait assisté au sermon ; quand il fut fini, il vint voir le père, qui prenait quelque repos. Ah ! mon père, lui dit-il en entrant, vous avez annoncé de grandes vérités dans tous vos sermons, et j’y ai assisté avec consolation ; mais, pour aujourd’hui, permettez-moi de vous dire que je suis une preuve vivante du contraire de ce que vous avez dit : il y a vingt ans que je tâche de servir le Seigneur, et de vivre en chrétien ; je suis pauvre et réduit à la nécessité, toutes mes richesses sont six enfants que je ne nourris presque que du pain de mes larmes ; j’ai toujours mis ma confiance en la Providence, et espéré qu’elle viendrait à mon aide, mais inutilement ; je ne sais plus que devenir, et cette Providence disparaît à mes yeux.
    Eh bien, mon enfant, lui dit alors le prédicateur, bien loin que vous soyez une preuve du contraire de ce que j’ai prêché, vous deviendrez vous-même un monument sensible de cette Providence divine ; tenez, voilà mille écus, ils sont à vous, c’est elle qui vous les envoie. Ce pauvre homme tout transporté reçoit cette somme comme venant du Ciel, admire la bonté de Dieu, va annoncer à sa famille désolée le bonheur inespéré qu’il vient d’éprouver. Tous ses enfants fondant en larmes de joie, se prosternent pour rendre graces au Seigneur de ses ineffables bontés, et pour prier pour la personne de piété qui leur avait procuré ce secours abondant dans le même où ils étaient sur le point de tomber dans le désespoir.
    (ce trait est arrivé au commencement de ce siègle et presque de nos jours)

    Beau trait d’un officier, au sujet d’une vocation religieuse

    J’ai cherché sur le Net, et j’ai trouvé d’autres éditions ou recueils de ces ouvrages, mais pas celui qui suit, dans lequel je vous ai tappé quelques chapitres dignes de réflexion.

    Histoires édifiantes et curieuses. Tirées des meilleurs auteurs, avec des réflexions morales sur les différents sujets, Œuvres spirituelles de M. L’abbé B., 1796, 6e édition, Rouen, Labbey éditeur

  • Beau trait d’un officier, au sujet d’une vocation religieuse
  • Dans une ville de ce royaume se trouvait une famille de gens de condition ; mais, par le malheur des événements et des temps, peu accomodés des biens de la fortune. Le père et la mère n’avaient qu’une fille, à qui ils avaient donné tout ce qu’ils pouvaient lui donner dans leur situation, une excellente éducation. La jeune personne était d’ailleurs une personne, on peut dire parfaite, en qui la nature et la grace avaient réuni tous les dons ; l’esprit, le cœur, le caractère, les agréments, les talents ; et, ce qui était encore préférable, une piété tendre et solide au dessus de son âge.
    Dans ce temps vint un régiment en quartier d’hiver dans cette ville ; un officier d’un âge mur, homme d’honneur et de probité, fut logé dans cette famille ; charmé des excellentes qualités de la jeune personne, il prit inclination pour elle ; et, après un certain temps, il la demanda en mariage à ses parents, qui regardèrent cette demande comme une fortune pour leur fille et pour eux. Ils répondirent à l’officier qu’il leur faisait beaucoup d’honneur de penser à leur fille, mais qu’aux bons sentiments près, ils n’avaient que bien peu à lui donner. Je demande votre fille, dit l’officier, j’ai du bien pour elle et pour moi. On en fit donc la proposition à la jeune personne, lui laissant entrevoir la grace que Dieu leur accordait à elle et à eux. Elle ne répondit rien, et ne parut y consentir que par son silence ; la situation de ses parents ne lui permettaient pas de refuser ouvertement ; on se donne les paroles de part et d’autre, et le jour où l’on devait épouser étant venu, la demoiselle parut toute triste et toute affligée ; l’officier lui en ayant demandé la raison, elle ne put ou n’osa s’expliquer, ou ne s’expliqua que par ses soupirs et ses larmes ; mais enfin, mademoiselle, lui dit l’officier, il faut vous expliquer, je l’exige absolument de vous. Eh bien, monsieur, lui dit-elle en soupirant, puisque vous me le permettez, je vous dirai que si je m’établis, ce n’est que malgré moi ; mon désir et ma volonté ont toujours été de me faire religieuse et de me consacrer à Dieu. Mais pourquoi donc ne l’avez-vous pas dit, et ne le faites vous pas, dit l’officier ? C’est parce que mes parents ne sont pas en état de me faire une dot, répondit-elle. Ah ! si cela est ainsi, ajouta l’officier, je ne suis pas pour être le rival de Dieu, je vous ferai moi-même votre dot ; suivez les sentiments que Dieu vous inspire. La chose fut ainsi exécutée. La demoiselle se fit religieuse dans une maison où reignait la plus grande régularité. Celui de qui on tient ce fait, prêcha le semon de la vêture ; l’officier y assista, et après la cérémonie, il donna un grand repas aux parents ; le prédicateur y fut aussi invité et il a assuré que les agapes des premiers Chrétiens n’avaient rien de plus édifiant que le fut ce festin et tous les discours qui firent la matière de la conversation. La religieuse vécut dans cette communauté, dont elle fut le modèle et l’exemple ; et, après 4 ans, elle mourut de la mort des saints, comme elle avait vécu de la vie des élus.
    Que de graces de Dieu ne dut pas attirer à cet officier l’acte héroïque qu’il fit en cette occasion ?
    Un acte généreux peut devenir un principe de prédestination et de salut éternel. Heureuses les âmes capables de ces grands sentiments ! D’un seul pas elles font un chemin immense dans les voies de Dieu.

    L’inconstance de la prospérité de ce monde.

    Voici quelques extraits édifiants des lectures de nos ancêtres :
    J’ai cherché sur le Net, et j’ai trouvé d’autres éditions ou recueils de ces ouvrages, mais pas celui qui suit, dans lequel je vous ai tappé quelques chapitres dignes de réflexion.

    Histoires édifiantes et curieuses. Tirées des meilleurs auteurs, avec des réflexions morales sur les différents sujets, Œuvres spirituelles de M. L’abbé B., 1796, 6e édition, Rouen, Labbey éditeur

  • L’inconstance de la prospérité de ce monde.
  • La prospérité mondaine n’est jamais durable, et les faveurs de la fortune sont toujours inconstantes. Ainsi l’homme ne devrait point se laisser enfler par cette prospérité trompeuse ; de même qu’il ne doit point se laisser abattre par des adversités passagères. La fortune, ou plutôt la Providence, élève et abat, bâtit et renverse, glorifie et humilie comme il lui plaît dans un instant, sans qu’on puisse jamais s’assurer d’être fixe et invariable dans son état.
    C’est ce qu’on fit entendre à ce superbe roi d’Egypte, Séfostris, qui, ayant vaincu quatre roix, qu’il rendit captifs, les faisait attacher à son char toutes les fois qu’il sortait de son palais. Un de ces illustres et infortunés captifs regardant un jour une des roues de ce char, et tenant les yeux fixement attachés sur elle, la considérait attentivement. Le roi, orgueilleur, s’en était aperçu, lui demanda ce qu’il pouvait regarder avec tant d’attention. Je regarde, répondit le captif, qu’il y a beaucoup de rapport entre la roue de la fortune et celle de ce char ; je vois que ce qui est au plus haut de la roue passe en un moment dans la boue, et ce qui était dans la boue monte au plus haut dans l’instant suivant. J’ai été grand, je me vois captif, et je puis peut-être remonter encore quelque jour sur mon trône ; et vous, grand roi, vous pouvez craindre de descendre du vôtre par quelque revers de fortune. Ces paroles touchèrent ce prince superbe ; et, faisant réflexion sur la vicissitude des choses humaines, il ordonna de délier ces quatre prince, et les renvoya chargés de présents dans leurs royaumes.
    (tiré de Nicéphore)
    Apprenons à ne pas nous laisser éblouir par l’éclat de la prospérité, qui, peut-être, s’éclipsera bientôt.
    Soyons touchés de compassion sur le sort des malheureux, et pensons que nous pourrons le devenir nous-mêmes.
    Adorons les desseins de Dieu dans quelque état que nous puissions nous trouver, et tenons-nous dans sa soumission aux ordres de la Providence.