Le manteau imperméable du meunier de Montmartre était en bouracan : 1694

Je poursuis l’étude des choses remarquables dans l’inventaire du meunier Jacques Fauvel, sur la butte de Montmartre, décédé avant 1694.

Il avait un manteau en bouracan.

Bouracan (Barracan, Baracan, Barragan) : Les auteurs des 17e et 18e siècles pensent que le terme vient du mot italien « baracane », ou bien de l’espagnol « varocino » ou « varonico », car l’étoffe convient aux Espagnols appelés « Varones », à moins que les reliefs de l’étoffe n’évoquent simplement des barres. La plus ancienne mention espagnole du tissu date de 898. Au 12e siècle, Pierre le Vénérable en interdit l’usage aux moines de Cluny. Au 16e siècle, le mot désigne une étoffe de soie aussi bien que de laine. Au 17e siècle, c’est un gros camelot ou une étoffe tissée en poil de chèvre. Au 18e siècle, c’est un sergé serra, à chaîne double ou triple, en laine parfois additionnée de chanvre et à trame en fil retors et fin, teint en fil ou en pièce, noir, rouge, bleu ou brun. On ne le foule pas, on le fait bouillir dans l’eau claire avant de le passer à la calandre. Le bouracan de belle qualité est lisse et fin. A l’inverse du camelot (sergé de trame), le grain du bouracan est produit par un sergé de chaîne. On appelle « rouleau de bouracan » une pièce apprêtée, roulée et empointée. Principaux lieux de fabrication : Abbeville, Amiens, Lille, Rouen, Valenciennes. Les bouracans sont tous régis par le règlement général d’août 1669 et l’arrêt du Conseil du 19 février 1671 ; cependant, les longueurs sont dépassées jusqu’à 49,58 m. Il sert à confectionner des manteaux de pluie jusqu’au 20e siècle, où, au bout de 11 siècles d’existence, on le retrouve en tapis de table ou en dessus-de-lit. (E. Hardouin-Fugier & Coll., Les étoffes, Dictionnaire historique)

Eh oui, nous avons inventé le téflon en 1938 etc… et nous n’utilisons plus les laines foulonnées et bouillies etc… imperméables, mais nous aurions mis le bouracan désormais en dessus-de-lit. Je me demande bien à quoi il ressemble en dessus-de-lit.

Ah, au fait, on ne dit plus imperméable, mais déperlant. Et c’est à base de chimie sans aucune matière naturelle ! Nos ancêtres étaient écologiques sans le savoir, mais ils nous ont laissé une planète en meilleur état que nous ne la laisserons.

Cet acte est aux Archives Nationales, MC/ET/CXIV/6 Henri Venant notaire à Paris, 1694 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :