Un marinier issu de Chouzé-sur-Loire (37) installé à Nantes, est enrôlé par Fouquet en 1793 pour les noyades

Introduction

Chouzé-sur-Loire garde le souvenir des mariniers de Loire à travers un musée et une association.

L’un d’eux s’installa avant la Révolution marinier quai du Port Maillard à Nantes sur la Loire. Hélàs, la Révolution allait survenir, et le tristement célèbre Fouquet sévir à Nantes. Il embrigada de force des mariniers pour les noyades et les enterrements. L’un de ces mariniers a témoigné pour l’histoire et donne le nom de quelques compagnons, ainsi, on retrouve René Audineau de Chouzé-sur-Loire. Voici donc la terrible besogne que ce malheureux marinier fut contraint d’exécuter.

enrôlé par Fouquet

« Que pour la quatrième noyade, à laquelle le déclarant a encore participé, il a été sommé par les mêmes que devant, peu de jours après ; qu’ils étaient à peu près huit mariniers, qu’ils reçurent dans un bateau environ trois cents hommes, femmes et enfants venant desdites galiotes ; que cette noyade, commandée par Fouquet et ses satellites, eut lieu au même endroit que les précédentes, qu’à cette fois ils commencèrent par en descendre une trentaine toutes nues, mais que sur les fortes observations des mariniers, on leur donna ensuite des chemises, et que tous leurs autres effets restèrent dans le bâtiment ; que le lendemain les cadavres paraissant, ledit déclarant et autres reçurent ordre de Fouquet d’aller les enterrer, ce qu’ils firent au nombre d’environ trois cents cadavres ; que Fouquet avait promis dix livres par homme, pour chaque expédition, à la quatrième, et que ledit déclarant et autres étant allés chez lui pour recevoir ce qu’il venait de leur promettre, il avait tiré son sabre, couru dessus, et qu’ils s’étaient sauvés. Le déclarant indique pour témoins, René Audineau, François Bruneau, Louis Douffard et Pierre Renaume, ne connaissant pas les autres. » Mémoires et souvenirs sur la Révolution et l’Empire, publiés avec des documents inédits, par G. Lenotre. p.242 numérisé sur Gallica

les Audineau

les Audineau ne sont pas rares en Indre-et-Loire, et les miens en viennent sans doute, à une époque que l’on ne peut remonter.

Autrefois la vie était courte, mais sans retraite on travaillait souvent jusqu’à la mort : Nicolas Laloy 72 ans, mort au travail

De nos jours, la vie est longue, elle était de moins de 50 ans d’espérance de vie en 1840 alors qu’en 2018 elle atteind 79,5 ans pour les hommes et que nous partons en retraite à 62 ans.


Décès à Nantes 3°canton « Le 17 mai 1842 … Mathurin Doussard (s) âgé de 28 ans, et Mathurin Doussard (s) âgé de 42 ans, mariniers, demeurant tous deux à Montjean (Maine et Loire), lesquels nous ont déclaré que ce jour à 10 h du matin Nicolas Laloy, marinier, âgé de 72 ans, né au Plessis dans la Manche, veuf de Véronique Ragain, est décédé en la demeure de la veuve Guilbaud, aubergiste, sise rue des Etats »

La rue des Etats prend son nom des États de Bretagne, qui se sont tenus en 1651 dans la grande salle des Jacobins à Nantes, située dans cette rue. En 2018, toujours elle porte le même nom : on remonte du Port Maillard, avec la douve et le château à droite, et on voit même le pont qui fait l’entrée du château pour tous les touristes. Au fonds la rue du Château et ses immeubles bourgeois. Car la Loire passait autrefois au pied du château.

Carte postale du début du 20ème siècle

Le marinier est propriétaire de son bateau et sans assurance : elles n’existaient pas encore. Il couche à bord : peu d’espace et confort. Il doit éviter tous les dangers de la navigation en Loire : les nombreuses noyades attestent que le marinier ne savait pas (ou très rarement) nager.

A cette vie dure, j’ajoute que les revenus ne permettaient pas d’arrêter le travail, et c’est ainsi que Nicolas Laloy va travailler jusqu’à son décès, loin de chez lui : à Nantes, au travail, là où il avait coutume d’aller charger et décharger, sur les quais du Port Maillard. Ses 2 compagnons mariniers ne vont pas le laisser agoniser à bord : ils le transportent à l’auberge, 50 m plus haut, sur la rue des Etats, qui longe la douve du château coté Ouest, descendant sur le quai du Port Maillard. C’est à l’auberge qu’il meurt à 72 ans, loin des siens, au travail ! Tandis que j’écris ces lignes, la télé nous rabache interminablement le droit de s’arrêter, bien payer, et tôt : des retraités sont même dans la rue.