Un parapluie, un cadre, des glaces et un moine : objets remarquables de Marie Fleury veuve Delahaye, Le Lion d’Angers 1842

Ces objets sont la marque d’une famille assez aisée, mais je n’avais encore jamais rencontré le moine.
J’ai d’abors été chercher mon Dictionnaire du Monde Rural de Michel Lachiver et découvert que c’était une chauferette.
Je me souviens d’une de mes grands tantes qui possédait un tel objet, dans lequel on mettait des cendres. Le sien était en laiton.
Puis, j’ai cherché sur Internet et là, stupéfaction, l’article de WIKIPEDIA est très bien fait, preuve que cette base de données est parfois satisfaisante, mais encore parfois décevante.

Outre cet objet au si joli nom, la vente qui suit, comme d’autres ventes déjà vues ici, a la particularité de ne pas donner tous les objets, car les héritiers ont éliminé de la vente certains. Mais ici, le notaire le note à la fin de cet acte de la vente publique. Et devinez ce que les héritiers se sont réservés :

4 gobelets en argent

L’argenterie est chose rare dans les successions, et bien sûr la marque d’une certaine aisance.

Cet acte est aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E12 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 3 janvier 1842 est comparu Edouard Belot, surnuméraire de l’enregistrement à Segré, agissant comme fondé de pouvoir de Me Roussier notaire au Lion d’Angers, lequel a déclaré que ce jour ledit Me Roussier procédera à la vente des meubles dépendant de la succession de Marie Fleury veuve Michel Delahaye, décédée au Lion d’Angers à la requête de ses héritiers … et en présence : 1° du sieur Nicolas Druault, aubergiste, et de dame Marie Delahaye son épouse, demeurant au Lion d’Angers rue du cimetière – 2° du sieur François Delahaie, propriétaire demeurant aussi au Lion d’Angers – 3° et de M. Elie Honoré Deslandes, greffier de la justice de paix du canton du Lion d’Angers demeurant en cette ville, ce dernier agissant au nom et comme mandataire de M. René Gannes, limonadier demeurant à Laval rue Napoléon, tuteur naturel de Jenny Gannes sa fille, âgée de 7 ans, issue de son mariage avec feue Jenny Delahaie son épouse, dont elle est restée seule héritière, ainsi qu’il résulte de la procuraiton dudit Gannes, contenue en la clôture de l’inventaire dressé par le notaire soussigné le 15 décembre dernier ; (f°2) ladite dame Druault, le sieur François Delahaie et la mineure Gannes héritiers chacun pour un tiers de dame Marie Fleury leur mère et ayeule, veuve de Michel Delahaie, décédée au Lion d’Angers le 3 décembre dernier, ainsi qu’il résulte de l’intitulé de l’inventaire sus-énoncé. A la conservation des droits et intérêts des parties et de tous autres qu’il appartiendra, il a être par Me Roussier notaire au Lion d’Angers, assisté de M. Joseph Fautras instituteur et Joseph François Lami bottier demeurant au Lion d’Angers, témoins instrumentaires, procédé à la vente publique des meubles et effets mobiliers dépendant de la succession de ladite veuve Delahaie, et décrite en l’inventaire précité, le tout trouvé dans la maison où elle est décédée, sise au Lion d’Angers, rue du Cimetière, et sur la représentation qui sera faite desdits objets par lesdits époux Druault qui en sont chargés, ainsi qu’il est énoncé audit inventaire. Les enchères vont être proclamées par le sieur André Paré, appréciateur de meubles, demeurant commune de Thorigné, choisi par les parties, lequel, à ce présent, a promis de remplir cette fonction avec loyauté. Un nombre suffisant d’enchérisseurs s’étant présenté par suite des publications faites à diverses reprises au Lion d’Angers, il a été procédé à ladite vente comme suit : 1° un lot de poterie adjugé à Nicolas pour 50 centimes – 2° un lot de verres et fayence à la veuve Boulay 55 centimes – 3° 4 tasses à café, soucoupes et sucrier à la femme Moreau 75 centimes – 4° trois plats à la même 40 centimes – 5° une petite soupière, une écuelle, un plat à la veuve Mercier 75 centimes – 6° un saladier et un plat à la femme Puyraspeau 80 centimes (f°3) – 7° une soupière à Delestre 1 F – 8° 6 assiettes de fayence à Peyras 85 centimes – 8° 6 assiettes de fayence à Peyras 85 centimes – 9° 6 autres à Paré 55 centimes – 10° 4 assiettes creuses au même 40 centimes – 11° 9 cuillers et 4 fourchettes à Delestre 1,40 F – 12° Selle et broquet à Moncelet 1,40 F – 13° un soufflet et un saunier à Paré 85 centimes – 14° une cuiller de pot, un friquet, un fallot à Coudray 65 centimes – 15° une poêle à frire une percé à Nicolas 1,80 centimes – 16° 2 chandeliers un pot de chambre à la femme Rousseau 1,30 F – 17° une marmite et une mesure de bois à la même 1,15 F – 18° un chaudron à la femme Moreau 3 F – 19° une vieille poêle chaudière à la veuve Mercier 8,30 F – 20° une table à Delestre pour 65 centimes – 21° une jupe brochée et 2 manteaux de nuit à la femme Moreau 2,30 F – 22° 2 tablies de flanelle à Marie Mellet 1,50 F – 23° 2 gilets brochés à la veuve Mercier 4,05 F – 24° 2 gilets brochés et une flanelle à Nicolas 3,50 F – 25° une robe de flanelle et une de coton à Moncelet 2,60 F – 26° un mantelet et une robe d’étoffe à la femme Moreau 1 ,95 F – 27° 3 mouchoirs de col à la veuve Allard 1,05 F – 28° 2 autres à la femme Rousseau 2,05 F – 29° 2 mouchoirs de laine à Nicolas 4,05 F – 30° 6 mouchoirs de poche à la femme Rousseau 80 centimes – (f°4) 31° 6 vieux mouchoirs de poche à Françoise Thibault 1,30 F – 32° 4 autres àla femme Rivron 1,25 F – 33° 3 mouchoirs à François Delahaie 1,65 F – 34° 3 autres au même 1,60 F – 35° 2 tabliers de coton à la femme Moreau pour 1,25 F – 36° 3 tabliers de coton à la femme Rifre 4,90 F – 37° 5 coiffes et un bonnet à la femme Rousseau 3,30 F – 38° 3 autres coiffes à Françoise Thibault 1,80 F – 39° 3 autres à la femme Rousseau 1,15 F – 40° une coiffe et 4 cols à la femme Moreau 1,60 F – 41° 3 coiffes et 3 serre tête 1,25 F – 42° 2 coiffes et 4 cols à la Françoise Thibault 1,65 F – 43° 2 vieilles souilles et une camisole à Moreau 62 centimes – 44° 3 paires de bas à Moncelet 1,15 F – 45° 3 autres paires à la femme Oger 86 centimes – 46° 5 taies d’oreiller à la femme Rivron 1,75 F – 47° 3 taies d’oreiller à Nicolas 1,85 F – 48° 3 autres au m ême 1,75 F – 49° 6 essuie mains au même 1,05 F – 50° 4 autres au même 1,55 F – 51° une nappe à Moncelet 3,20 F – 52° une autre à Nicolas 2,50 F – 53° 2 draps à Moncelet 10,70 F – 54° 2 autres à Anne Ragot 9,50 F – (f°5) 55° 2 autres draps à la femme Moreau 9,50 F – 56° 2 autres à Moreau 12,05 F – 57° 3 serviettes à Nicolas 2,75 F – 58° 2 chemises à la femme Guémas 1,25 F – 59° 3 chemises à la femme Moreau 2 F – 60° 2 chemises à la même 4,20 F – 61° 2 aures à Moncelet 5 F – 62° 2 autres à la femme Moreau 5,10 F – 63° 2 autres à la même 5,25 F – 64° 3 serviettes à François Delahaie 3,10 F – 65° une chemise à la même 2,70 F – 66° une vieille armoire peinte en gris à Françoise Thibaut 11,40 F – 67° 4 bouteilles, une mesure d’étain, un moine à Chevalier 1,20 F – 68° un parapluie et un manteau au même 3,25 F – 69° une encherrier à Bourdais 1,30 F – 70° un buffet à Bourdais 40 F – 71° une armoire à Nicolas 41 F – 72° une table à Nicolas 3,15 F – 73° 3 chaises à Jouanneau 2,30 F – 74° 3 autres à François Delahaie 1,95 F – 75° 2 autres à Nicolas 1,30 F – 76° une couète à Nicolas 52,50 F – 77° un traversin et 2 oreillers au même 7 F – 78° une couverture piquée au même 8 F – 79° une mante verte au même 10 F – 80° un tour de lit et rideaux de ras vert à Nicolas 20 F – (f°6) 81° 3 cadres à Delahaye 60 centimes – 82° une glace à Nicolas 85 centimes – 83° un lot de chiffes au même 50 centimes – 84° un bas de buffet à Jouanneau 9 F – Total du prix des objets adjugés 377,65 F ; ce sont tous les meubles et effets mobiliers dépendant de la succession de la veuve Delahaie à l’exception cependnt de 4 gobelets en argent prisés sous l’article 27 de l’inventaire que les réquérants ont conservé….

Le parapluie de Julienne Lebreton venait sans doute de Laval : Noëllet 1823

Je poursuis la vente des meubles de Julienne Lebreton mon ancêtre.
Et cette vente me réserve beaucoup de surprises, à travers les objets que je n’avais pas encore rencontrés, malgré mes années de recherches intensives dans les notaires d’Angers et d’Anjou.
Après le premier parapluie rencontré à Noëllet, j’ai tenté, longuement sur le Web de comprendre l’histoire du parapluie, et c’est déconcertant, car on peut en conclure que le parapluie de JulienneLebreton est l’un des premiers, si ce n’est le premier à Noëllet, et qu’il vient d’une grande ville proche qui en revendait quelques uns.
Partant de là, j’ai donc tenté de comprendre si le parapluie avait été acheté à Angers, et là, je suis totalement déroutée, car j’ai refait hier toute la journée le registre paroissial d’Armaillé, là où Julienne Lebreton est née en 1752, et on peut formellement en conclure que les liens LEBRETON familiaux et autres, sont tous à LAVAL et je suis prête à en conclure que le parapluie vient plus de Laval que d’Angers.

Je vous avais promis hier de vous mettre un autre objet tout aussi stupéfiant que le parapluie.
Donc, la ligne qui suit le parapluie dans la vente des meubles de Julienne Lebreton donne :

Un parapluie à Mme Rousseau 10 F
Un parasol à la même 0,60 F

Bon, vous remarquez comme moi la différence, énorme, de prix.
Or, dans nos têtes de 2018, le parasol est un cousin du parapluie et cette différence de prix est totalement incompréhensible.
Et le parasol lui même est un objet des plus nouveaux en 1823 !

Alors c’est encore déroutant, et j’attends vos réactions.
Bon dimanche
Odile

PS et je vous ferais amicalement remarquer que j’ai mis avec un peu d’humour le sujet du parapluie, alors que l’eau entre dans mon appartement à travers le béton et me coupe le courant car les fils sont dans le béton.

Le parapluie de Julienne Lebreton veuve de Jacques Jallot : Noëllet 1823

Je poursuis la vente des meubles de Julienne Lebreton mon ancêtre.
Et cette vente me réserve beaucoup de surprises, à travers les objets que je n’avais pas encore rencontrés, malgré mes années de recherches intensives dans les notaires d’Angers et d’Anjou.
Donc, ce jour je vous propose le premier parapluie rencontré.
Nous sommes à Noëllet en 1823 et Julienne Lebreton est veuve de Jacques Marie Jallot du Verger marchand tanneur décédé en 1806.
Son parapluie est revendu 10 F, aux enchères, ce qui est une somme importante et carrément un luxe. Naturellement l’acheteuse est une dame du même milieu, et le parapluie ne se démocratise pas lors de cette vente. D’ailleurs son prix était disuasif.
Mais Julienne Lebreton m’a réservé encore beaucoup de surprises, et je vous demande instamment, si vous avez quelque intérêt pour ce blog, de réfléchir à un autre objet du même genre (environ), dont je vous parle demain.

Pour mémoire, j’ai immédiatement cherché l’histoire du parapluie, pour mieux comprendre cet objet rare à l’époque.
Et effectivement, on trouve sur Internet :

Pourtant, il n’y a pas si longtemps, nos ancêtres ne connaissait pas ce bonheur de marcher sous une pluie battante en restant au sec. Il y a à peine 70 ans, avoir un parapluie était un luxe à la portée de peu de gens. Plus qu’une protection contre la pluie, il était aussi une protection contre les nombreuses maladies amenés par le fait que les habitants étaient exposés directement à la pluie. Cela peut faire sourire, mais oui le parapluie à contribuer à sa manière à l’allongement de la durée de vie au début du 20e siècle.

sur le site Parapluie de Paris

Donc Julienne Lebreton avait un parapluie il y a 2 siècles. Mais cette histoire du parapluie me déconcerte car elle oublie les protections de nos ancêtres, très efficaces aussi contre la pluie.
Sur la tête, le chapeau de feutre, que l’on trouve toujours en ligne à la chapelerie Traclet, est totalement imperméable, et je peux vous l’affirmer car je vis sans parapluie depuis 20 ans, et donc j’ai acheté plusieurs chapeaux de feutre (noir, rouge, blanc) et ils me protègent même par une très très forte averse durant longtemps.
Pour le manteau, l’article cité ci-dessus au sujet du parapluie semble ignorer les capes et autres manteaux de laine foulée, mais autrefois cette laine foulée n’avait strictement rien à voir avec ce que l’on nous vend actuellement. Elle était alors réellement foulée, et totalement imperméable et chaude, mais ce sont des vêtements qu’on ne sait plus fabriquer.
Je ne suis donc pas tout à fait certaine que le parapluie ait contribué à allonger notre durée de vie !!!! La bactériologie, qui a entraîné l’eau potable, fut un facteur plus important !!!