L’accident du Petit-Anjou près de Vihiers (49) le 14 août 1934

On avait autrefois des articles de presse hyper détaillés, qui contiennent tellement de détails qu’ils donnent même les noms et une adresse… C’était l’époque que j’ai connue, du train qui siffle pour s’annoncer avant le passage à niveau non gardé…

Un autocar se jette contre le « Petit-Anjou » à un passage à niveau non gardé
Il n’y a pas de morts, mais vingt-six blessés dont deux grièvement

Le Phare de la Loire 14 août 1934 – Vihiers, de notre envoyé spécial
Nous étions, hier matin lundi, averti par un laconique coup de téléphone, qu’une véritable catastrophe venait de se produire à un passage à niveau non gardé de la ligne des Chemins de fer économiques de l’Anjou, à quelques kilomètres de la jolie petite ville de Vihiers.
Notre informateur annonçait plusieurs morts et de nombreux blessés. Il s’agit, heureusement, d’un accident beaucoup moins grave, puisque nous n’avons à déplorer la mort d’aucune personne. Le bilan est cependant tragique. Tous, sauf deux, qui purent continuer leur voyage par des moyens de fortune, sont soignés à l’hôpital de Vihiers, par les sœurs de la Communauté de Saint-Charles d’Angers.
De leur côté, le chauffeur et le mécanicien du train n’ont pas été hospitalisés.
LES LIEUX
Il nous faut, tout d’abord, situer les lieux de ce terrible accident. C’est sur la route de Vihiers à Argenton-Château, à 2 km environ de la gare de Vihiers et à 6 km de celle de Cerqueux-sous-Bassavant, que la ligne du « Petit-Anjou » traverse la route.
Lorsque l’on vient d’Argenton, le passage à niveau, qui n’est pas gardé et qui se trouve sur le territoire de la commune de Saint-Hilaire-du-Bois, au lieu dit « le Montioux », est parfaitement signalé par trois pancartes indicatrices, dont la plus éloignée se trouve à quelques 200 mètres.
La route est à assez forte déclivité et la voie du « tortillard » est masquée par un remblai assez haut, que des haies non élaguées surmontent encore.
A notre arrivée, on élaguait ces haies – Il était bien temps !
SUR LA ROUTE, LA GAIETÉ RÉGNTAIT DANS L’AUTOCAR
C’était, hier matin, grande fête au couvent des sœurs du Sacré-Cœur de la Salle-de-Vihiers, à l’occasion de la prise d’habit des postulantes religieuses.
Un grand car, de la maison Haye, de Saumur, emportait à cette cérémonie de nombreux parents et amis et, au reçu de cette lamentable nouvelle, on craignait que ce ne fût cette voiture qui ait été accidentée. A ce sujet, nous devions bientôt être rassurés.
Il s’agissait d’un auto-car de la Compagnie départementale de la Vienne dont le directeur, M. Lafont, habite, 1 boulevard de Verdun, à Poitiers, conduit par le chauffeur M. Léon Chagnon de Poitiers également, qui transportait 23 personnes à cette solennité religieuse.
« La gaieté, nous a déclaré une passagère, régnait dans le car, chacun se faisant hâte et fête d’assister à la cérémonie. Il y avait même, parmi nous, la famille Chauvin, de Chiré-en-Montreuil, qui se faisait grande joie d’assister à la prise d’habit d’une de leur fille, une autre étant déjà religieuse à cette communauté. Nous allions bientôt arriver au terme de notre voyage, encore quelques kilomètres, lorsque, soudain, sans avoir rien aperçu, nous ressentimes un choc formidable. Nous venions de nous télescoper avec le train et tous les voyageurs étaient plus ou moins blessés. Je ne saurais ajouter autre chose que, bientôt, l’auto qui nous transportait était la proie des flammes ! »
LE CHOC FUT FORMIDABLE
Il était huit heures du matin, lorsque le train 111 de la Compagnie de l’Anjou, qui quitte Cholet à 6 h 45 pour se rendre à Saumur, aborda le P.N. de Montioux.
Le mécanicien du train, M. Pasquier, du dépôt de Beaupréau, nous a affirmé qu’il avait actionné le sifflet avertisseur ; le conducteur du car, de son côté, a déclaré n’avoir entendu aucun appel.
M. Pasquier – « J’ai sifflé et ralenti la marche de mon convoi ; je n’ai pas vu venir le car qui est venu buter dans l’arrière de la locomotive, de mon côté, et à hauteur des rampes. »
– Vous avez dû avoir grand peur ?
– Ce fut si rapide que je n’ai même pas eu le temps d’avoir peur ! Sur le coup, je ne ressentais rien, mais maintenant, je souffre du bras droit. Le chauffeur Robé, du dépôt de Beaupréau également, est assez sérieusement blessé à la tête, mais ce ne sera rien, espérons-le ! »
Le convoi était déjà engagé sur la route, lorsque le car qui dévalait la pente en tenant parfaitement sa droite vint se jeter contre l’arrière de la locomotive. Le choc fut à ce point terrible que la machine fut littéralement arrachée des rails et qu’elle vint s’arrêter en bordure d’un champ de blé fraîchement coupé, dans une position presque perpendiculaire par rapport à son sens de marche, c’est-à-dire l’avant dirigé vers Argenton.
Quant à l’autobus qui avait tordu les rampes de la locomotive, il faisait un tête-à-queue complet, était rejeté sur le côté gauche de la route et s’enflammait.
Ce fut le « sauf qui peut » général, les voyageurs du train, au nombre de trois ou quatre – on se demande si le réseau de l’Anjou a encore des raisons d’exister étant donné le trafic réduit – sautèrent sur le ballast cependant que ceux du car se précipitaient ver les portières, au milieu des cris d’affolement et de la confusion générale.
Les flammes de l’auto, poussées par un vent d’Ouest, se rabattaient bientôt sur le seul wagon de voyageurs du train 111 dont la charpente fut complètement réduite en braises ; les flammes se propageaient également sur le fourgon de queue que l’on put détacher à temps et à un poteau de la ligne téléphonique qui fut à demi calciné.
Pendant ce temps le car continuait à flamber et les premiers arrivants constatèrent que les langues de feu atteignaient par moment la hauteur d’un second étage. Néanmoins les 24 passagers purent sortir de cet « enfer ».
Hélas ! tous les 24 étaient blessés.
LES SECOURS S’ORGANISENT
Les secours s’organisèrent très rapidement.
Les docteurs Bazin et Coudert, de Vihiers, et les gendarmes de cette brigade, furent les premiers sur les lieux, suivis à quelques secondes de la moto-pompe de la subdivision des sapeur-pompiers qui, sous les ordres du lieutenant Monéger, s’alimenta à une source située à 250 mètres environ de là et combattit le sinistre avec efficacité et promptitude.
Cependant que les gendarmes procédaient aux premières constatations, les deux médecins, dont il faut signaler le dévouement, se prodiguèrent inlassablement dès le début de la catastrophe pour panser les blessures des infortunés voyageurs et les faire diriger vers l’hôpital-hospice de Vihiers où les Sœurs de Saint-Charles les réconfortèrent par de douces paroles et leur donnèrent les soins que l’état de chacun nécessitait.
LES AUTORITÉS ARRIVENT SUR LES LIEUX
La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre et bientôt arrivèrent MM. Catroux, maire de Vihiers ; Hamon, maire de Saint-Hilaire-du-Bois, et de La Selle, maire de Nueil-sur-Layon. L’adjudant Boissonnot, chef de la brigade de Doué et commandant par intérim la section de gendarmerie de Saumur, dirigea l’enquête, assisté du chef Harault et des gendarmes de Vihiers, en attendant l’arrivée des magistrats du Parquet de Saumur.
MM. Ancelin, Procureur de la République ; Livinec, juge d’instruction, et Aubert, Greffier, ne tardèrent pas à arriver à leur tour suivis du commandant de gendarmerie, M. Mahé, d’Angers, et de M. Stirn, préfet de Maine-et-Loire.
Il nous faut encore noter l’arrivée de MM. Vézin, ingénieur des Ponts et Chaussées, à Angers, et Le Tessier, ingénieur T.P.E., à Saumur, plus spécialement chargés de l’enquête technique.
Nous avons pu joindre les blessés à l’hôpital de Vihiers. Les sœurs glissaient légèrement sur le parquet ciré, allant de l’un à l’autre, donnant à celui-ci la potion, faisant à tel autre la piqûre calmante ordonnées par les praticiens. Toutes les victimes étaient là, à l’exception de deux jeunes filles qui, après pansements, avaient été autorisées à se rendre à la Salle de Vihiers, du chauffeur et du mécanicien, dont l’état n’avait pas nécessité l’hospitalisation.
La plupart sont blessés à la tête. Que d’yeux et de nez tuméfiés, de coupures à la face, de plaies aux jambes. Que de sang ! Il y en avait partout, dans la cour et sur le plancher des salles.
Cette maison de douleurs présentait hier matin, une véritable vision d’horreur sur laquelle il est préférable de ne pas nous étendre davantage.
LES BLESSÉS
Ainsi que nous le disons plus haut, il y a 26 blessés. En voici la liste :
M. Chagnon Léon, 23 ans, chauffeur du car, demeurant à Poitiers. Mme Chauvin Henriette, 54 ans : M. Chauvin Alphonse, 50 ans, et leurs trois enfants : Louis, 18 ans ; Henriette, 20 ans et Madeleine, 12 ans, tous de Chiré en Montreuil (Vienne) ; Mme Bonnet Léontine, 54 ans, et Mlle Bonnet, 12 ans, de Chiré ; M. Thiollet Paul, 54 ans ; Mme Thiollet Augustine, 41 ans, de Lapillé ; Mlle Cacault Henriette, 20 ans, de Auron ; Mlle Marie-Louise Brin, 13 ans, de Chiré ; Mme Eugénie Grison, 45 ans, des environs de Chiré ; Mme Louise Quinqueriau, 53 ans ; Mlle Quinqueriau Georgette, 34 ans, de Chiré ; M. et Mme Joseph Rault et leur fille, de Chiré ; Mme Geniteau Léontine, 58 ans, de Thouard ; Mlle Gisèle Herboireau, 25 ans, de Chiré ; abbé Abonneau, curé de Chiré et abbé Lotte, curé de Latillé.
A cette liste, il faut ajouter MM. Robé, chauffeur et Pasquier, mécanicien du train ainsi que les deux jeunes filles dont nous n’avons pu connaître les noms et qui ont pu se rendre à la cérémonie de la prise d’habit au couvent de la Salle de Vihiers.
Deux personnes sont plus grièvement atteintes. Ce sont : l’abbé Abonneau dont on craint la perte de l’œil gauche et Mme Cacault qui porte une fracture ouverte du maxillaire droit.
A midi, le docteur Bazin pensait que le soir même, tous les blessés à l’exception de ces deux derniers pourraient regagner leur domicile
LES DÉGÂTS MATÉRIELS
La collision du passage à niveu de Montioux, indépendamment du nombre des victimes qu’on a à déplorer, a causé des dégâts matériels considérables.
En effet, le wagon de voyageurs du train 111 est complètement détruit, ainsi que l’autocar ; l’un et l’autre ne représent plus qu’un amas de ferrailles tordues. Il ne reste pas le moindre vestige de charpente de bois ou de tapisseries. Bien plus, les pneus de l’autobus ont littéralement fondu sous l’empire de la chaleur. Les photos prises sur place par M. Decker, photographe à Saumur, en fourniront la preuve ; nous les reproduirons dès demain.
LE TRAFIC A ÉTÉ RÉTABLI
Le trafic a pu être rétabli hier après-midi et la voie remise en état.
A 10 heures, hier matin, une automotrice assurant le service Angers-Cholet a été réquisitionnée pour transporter les voyageurs venant de Saumur sur Cholet. Le train se dirigeant sur Cholet a refoulé sur Saumur, emportant les quelques personnes, les marchandises et le courrier postal qui se trouvaient dans le train télescopé.
Ajoutons que le poteau de la ligne téléphonique qui avait été détruit par l’incendie du wagon a été remplacé vers 11 heures 30 hier matin et la ligne remise en état de fonctionner pour midi.

Le Petit-Anjou déraille le 17 septembre 1935 sur un tas de pierres sur la voie

Le petit train d’Anjou déraille – Il y a neuf blessés.

Le Phare de la Loire, 17 septembre 1935 –
Angers – De notre correspondant particulier.

Hier, la ligne Saumur-Cholet du Petit-Anjou a été le théâtre d’un accident qui aurait pu avoir des conséquences beaucoup plus graves que celles que nous avons à déplorer, puisqu’il a fait neuf blessés.
L’autorail qui quitte Saumur à 17 h 2 traînait une remorque, et le convoi emmenait douze passagers. Entre la gare de Nantilly et le pont de Chacé, au lieu dit les Rivières, le mécanicien aperçut – mais trop tard, c’est son explication – des pierres placées sur le rail droit sur la voie ; il ne put freiner à temps, marchant aux environs de 45 à l’heure. A cet endroit, la courbe est assez accentuée. La locomotive étant sortie des rails, le ballast fut labouré sur une trentaine de mètres. L’autorail fit un tête-à-queue et se renversa sur le côté gauche ; la remorque, elle, se coucha aussi du même côté. Les vitres volèrent en éclats, il y eu parmi les passagers tombés sous les banquettes un moment de panique. Ce fut le sauve qui peut et, bien entendu, qui le put se sauva.
Malheureusement, cet accident avait fait neuf blessés dont deux assez grièvement qui durent rester à la clinique Fardeau après avoir reçu sur place les soins du docteur Boivon.
En l’absence de MM. Cayret, substitut et Livinec, juge d’instruction, demeurés à Brain-sur-Allonne pour poursuivre l’enquête sur le crime que nous relatons d’autre part, ce fut M. Ancelin, procureur de la République, qui se rendit sur les lieux pour diriger l’enquête en personne.
Le Tessier, ingénieur vicinal, procéda à l’enquête administrative.
Voici la liste des blessés :
Ont pu rejoindre leur domicile après pansement : Mme Duperray-Bouchereau, de Saint-Hilaire-Saint-Florent, et ses deux enfants ; M. Guy Bonnet, 18 ans, boucher à Doué ; M. François Guillot, 62 ans, du Coudray-Macouard ; Mlle Simone Millet, couturière à Denezé-sous-Doué et Félicité Hétreau, 47 ans, cultivatrice au même lieu.
Mlles Alice Lelong, 15 ans et demi, de Nantes, et Simone Meunier, 21 ans, de Douces, ont été gardées en observations à la clinique, mais leur état n’inspire aucune inquiétude.

 

Autrefois les passages à niveau, nombreux, n’étaient pas tous gardés et encore moins automatiques

En 1938, année de ma naissance, la France comptait 33 500 passages à niveau. Mon papa, amoureux de la voiture, nous emmenait tous les dimanches sur les routes, et je me souviens de quelques passages à niveau que je redoutais beaucoup, car j’avais compris que papa passait quand il n’avait pas vu arriver ou entendu le signal de la locomotive et j’avais peur de la locomotive. De nos jours il existe encore 15 405 passages à niveau mais si bien automatisés que les accidents sont rarissimes mais plus dangereux car les trains vont beaucoup plus vite, les voitures aussi d’ailleurs.
Voici un accident à la vitesse de 15 km/h et un mur qui cache le passage à niveau !!!

Le Petit Anjou prend une auto militaire en écharpe – Deux blessés

Le Phare de la Loire, 30 juillet 1932 – Saumur, de notre correspondant particulier :
Décidément, les accidents de passages à niveau non gardés, sur les lignes du « Petit-Anjou » se renouvellent avec une fréquence extraordinaire.
Hier matin, à 9 h 45, au P.N. de Munet, sur la ligne Cholet-Saumur, un nouvel accident s’est produit.
Cette fois, le train quittant Cholet à 5 h 55, a pris une automobile militaire – une maquette – en écharpe. Les deux occupants, MM. James et Auzanne ont été blessés. Ils ont reçu les soins du médecin capitaine Brousse qui les a fait évacuer sur l’hôpital militaire.
Les blessures ne paraissent pas graves.
Le convoi était formé de deux wagons chargés de gravier, d’un wagon marchandises, de 2 wagons de voyageurs n°s 118 et A.B.B. 76 et d’un fourgon à bagages. Il était conduit par M. Louis Guillocheau, mécanicien à la Compagie du « Petit-Anjou », demeurant à Beaupréau.
M. Guillocheau avait ralenti pour aborder la halte de Munet et d’après ses explications, sa vitesse était de 15 à 20 kilomètres. Il avait fait fonctionner son appareil avertisseur et n’avait pas aperçu l’auto.
L’automobile militaire qui venait de la direction d’Artannes, une voiture d’instruction pour la conduite des autos blindées, fut happée par son milieu, défoncée et trainée sur une assez forte distance puisque, du point de rencontre à la tête de la locomotive arrêtée, on compte 20,80 m.
Sur les lieux, M. Le Tessier, ingénieur du contrôle, a procédé à son enquête, de même que les gendarmes de Saumur.
Cet accident a causé une certaine perturbation dans le trafic.
Nous devons signaler que ce passage est très dangereux, la voie était masquée par un mur.

Noces d’Edouard HALBERT et Madeleine ALLARD : fêtes à bord du train du Petit-Anjou, 1907

les noces d’Edouard 2° Halbert et Madeleine Allard

Avec le poême humoristique d’Etienne Chauvet Fils, 1907

Le 24  novembre 1907 eurent lieu à La Pouëze (Maine-et-Loire), les festivités du mariage de Madeleine Allard, fille du pays, avec Edouard 2° Halbert, marchand de grains et fourrages route de Clisson à Nantes.

Quelques années auparavant, sa sœur, Marguerite Allard, avait épousé Paul Martinetty, droguiste à Nantes.

Les parents Allard quittèrent ensuite La Pouëze pour se rapprocher de leurs 2 filles, et firent contruite à Nantes la maison de la rue Saint-Jacques.

Pour le mariage à La Pouëze, la bande d’amis d’Edouard Halbert, ainsi que Paul Martinetty et sa femme, firent en train trois virées mémorables : le mariage, le retour de noce, et le gueuleton à la Chebuette, payé par les indemnités de la panne de train durant un retour de noce.

La bande, loin de s’ennuyer, créa alors l’Orphéon de Bouzy-les-Melons.

Un orphéon est une société dont les membres pratiquent le chant, sans accompagnement d’instruments.

Le train, dit « du Petit-Anjou » passait à Saint Sébastien, à la gare du Petit Anjou, actuellement lieu d’exposition municipal, puis continuait au sud de la Loire.

Etienne Chauvet Fils (E.C.F.), l’un des participants, nous a laissé un joyeux poême. Un siècle est passé, et il est difficile de décripter totalement ce poême plein d’humour, dont voici quelques clés  :

  1. Pont-Rousseau : y habitent les REFFÉ et les GARCON
  2. La Pouèze : y habitent les parents ALLARD
  3. Vern : y habitent des collatéreux des ALLARD
  4. Chazé : y habitent des collatéreux des ALLARD
  5. Le directeur : Etienne CHAUVET  père, boulanger
  6. Héliotrope : Lucie MOUNIER, épouse COGNARD, tante maternelle du marié
  7. Pétillante Adèle : Marie GARCON mère
  8. Rigolo l’exentrique : Gustave CASSIN
  9. Vive St Sébastien : Edouard GUILLOUARD, ami du marié, rue St Jacques
  10. Son Frère : Charles GUILLOUARD, ami du marié
  11. Joseph : Joseph GARCON, épicier à Pont Rousseau
  12. Famille du Tuffeau : René REFFÉ, marchand de matériaux à Pont-Rousseau en Rezé, et sa femme Marie
  13. Chef d’orchestre : MARTNETTY, droguiste à Nantes, beau-frère de la mariée
  14. Le Grand Auguste : Auguste MOREAU de Montjean, vigneron, ex-clerc de notaire à Paris, oncle de la mariée

L’Orphéon de Bouzy-les-Melons

poême humoristique d’Etienne Chauvet Fils, 1907

Quel est donc ce bruit ce matin dans la plaine ?
Depuis Saint-Sébastien jusqu’à Basse-Goulaine
On entend des cris, des rires, des chansons,
C’est une cacophonie de voix sur tous les tons.
C’est une réunion où la gaieté frétille :
Habitants de Pont-Rousseau, d’autres de la ville
Se trouvèrent à la Pouèze et à cette occasion
Fondèrent l’Orphéon de Bouzy-les-Melons.
Dès les premiers jours les affaires furent dures,
L’ Orphéon tomba presque en déconfiture :
Grâce à Monsieur Allard et son succès complet
L’Orphéon évita la danse devant le buffet.
Il se composait pourtant de grands artistes ;
Inutile maintenant de vous donner la liste ;
Ils se firent connaître, le temps changea les choses
Maintenant L’ Orphéon voit son apothéose,
Les bis, les rappels il ne les compte plus ;
Les croix, les diplômes sont maintenant superflus ;
La Pouèze, Vern, Chazé toutes des médailles d’or
Ainsi que la Chebuette sont au tableau d’honneur.
On lui offre vin blanc banquets et tout le reste
Et même une subvention de la Compagnie de L’Ouest.
Alors l’Orphéon après toutes ses victoires
Ne veut pas malgré ça s’arrêter dans la gloire ;
Il fonde un cirque, un music-hall enfin
Et sa troupe se compose d’artiste des plus fins.
D’abord le directeur, un homme recommandable
Très bien en boulanger fut encore mieux à table,
De méchantes langues disent que sa grosse bedaine
S’engraissa à mettre du coton dans la laine.
Dans sa tâche accablante l’aident de tout leur zèle
La splendide Héliotrope, la pétillante Adèle.
Puis vint le jeune premier, Rigolo l’excentrique
Elève du directeur, tout à fait comique
Fait le clown, le lutteur, le chanteur;
Il refait même les poches des clients.
Après lui arrive celui qui en impose,
Il se fait reconnaître car il dit peu de chose,
Sa devise à lui est « Chanter peu mais chanter bien » :
Son succès est connu c’est « Vive Saint-Sébastien ».
Il a son frère aussi dont la voix si pure
Se volatilisa en tombant de voiture.
Joseph la voix basse chantante, l’homme à la face pâle,
Quand il chante tout se tait tout vibre dans la salle.
A son métier d’artiste il y joint son épicerie.
Pur des pruneaux d’Agen vend des Californie
Le succès de la trompe, la famille du Tuffeau
Lui a répertoire gai et en tous points très beau.
Et sa charmante épouse la divette sans pareil
Se surpasse dans Carmen ainsi que dans Mireille.         
Puis le Chef d’orchestre qui fonda l’Orphéon,
Traducteur de Bouzy, le chanteur des melons.
Avec sa voix superbe dont l’a doué la nature,
A ses moments perdus il s’occupe de peinture
De brosses, verres à vitres mastic, ripolin
Et par son oriflamme inonde le genre humain.
Dans l’énumération j’aurais été injuste
Si j’avais oublié le Grand Auguste,
Grand vigneron, lutteur, comique de gala.
Son plus joli morceau c’est « La Can… à Canada ».
Du cirque fait parti votre humble serviteur.
Au patron celui-ci réclame ses droits d’auteur ;
Tout petit faire des vers c’était sa maladie ;
Maintenant qu’il est grand c’est sa douce manie.
Plusieurs autres Messieurs font parti du cirque.
Quelques uns disent rien et ne font que critique.
Quand à toutes les dames que l’Orphéon s’en vante,
Sans en oublier une elles sont toutes charmantes.