rôles de taille en Anjou par O. Halbert

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Les rôles d'impôts permettent aux historiens d'aborder la micro-économie locale, souvent négligée.

La plupart des rôles très anciens, étudiés ci-après, ont été trouvés dans les archives notariales.

 

  la taille | collecteurcession de charge | en savoir plus   Une collecte qui tourne mal : assassinat   Rapport d'autopsie   la veuve   les accusés   les témoins   Fuir l'impôt et aussi l'histoire des greniers à sel du Haut-Anjou et de la gabelle

 

 

les rôles disponibles sur ce site

 

sauf mention particulière, il s'agit de rôles de taille Travaux d'intérêt général, relevant de la propriété intellectuelle, reproduction autorisée sur une seule machine à usage unique et personnel

 

 

 

la taille : impôt sur les personnes. Le montant, fixé chaque année par le conseil du roi, est réparti selon plusieurs niveaux, pour arriver au niveau de la collecte qui est la paroisse.

Selon Annie Antoine, les habitants des bourgs ruraux sont généralement moins riches que les métayers. Les closiers se situent dans la classe moyenne.

Le rôle de taille permet d'identifier profession et lieu, qui figurent souvent, encore que les professions non agricoles sont à prendre avec précaution, puisque la grande majorité des professions rares, y compris le notaire, travaille le fil, gère des terres à ferme, bref à des activités secondaires.

 

le collecteur d'impôt : La collecte au niveau de la paroisse est assurée par des « collecteurs ». Le nombre des collecteurs varie selon le montant d’imposition de la paroisse : généralement 4, ils peuvent être 8 pour les paroisses taxées à plus de 1 500 L. Ils sont indemnisés à raison de 6 deniers par livre.

Ils sont nommés chaque année en septembre par les habitants de la paroisse assemblés à l’issue de la grand-messe, après publication aux prônes 2 dimanches consécutifs. Ils sont rétribués à 6 deniers par livre. Ils ne peuvent être nommés à nouveau qu’après 3 ans.
Ils répartissent le montant imposé chaque année à la paroisse entre les habitants : ce rôle, ou assiette des tailles doit, normalement (pas toujours), préciser, outre le nom, la profession. Ce faisant, les collecteurs ne peuvent favoriser leurs proches, qu'ils ne peuvent taxer moins que l’année précédente.
Les collecteurs sont responsables solidairement du recouvrement, sous peine d’emprisonnement. Un septuagénaire ne peut donc pas être nommé collecteur, puisque la loi prévoit qu’il est exempté de contrainte par corps. S’il accepte une telle nomination, il devient contraignable par corps pour le fait de cette commission.
Sont généralement exemptés d’être collecteur : les chirurgiens mais non les apothicaires, les avocats. Les marguilliers en charge n’en sont pas exemptés.

 

On pouvait sous-traiter la collecte, ainsi, le 31.12.1715 Julien Hiret md collecteur de la taille de Noëllet en l’année présente, dt au lieu de la Motte Nioraye, s’oblige se faire payer de toutes les cotises qui sont sur le rôle de taille en la place du sieur Jean Sasier aussi collecteur de taille et Renée Duchesne sa femme, moyennant que ledit Sassier et femme cèdent leur part des 6 d par livre (AD49-5E20)

 

Analphabétisme de certains collecteurs : Pratiquement, beaucoup d'habitants peuvent devenir collecteur au moins une fois au cours de leur vie. Ils ne savent pas tous lire, car le rôle peut être écrit par un officier de seigneurie : greffier, notaire,  avocat ou juge.. On leur demande seulement de savoir compter, et d'avoir autorité et courage pour se faire payer des récalcitrants, au besoin par la force, sinon ce sont eux qui sont emprisonnés. 

En voici un exemple précis (Collection Bréget): En 1693, Pierre Planté, Nre à Pouancé, fait une copie certitiée d'un extrait des rôles du sel de la paroisse de Saint Erblon en 1692 et 1693 concernant les closiers de la Bouchère. André Planté, qui ne sait pas lire, seulement compter, était l’un des collecteurs en 1692. Or, Mathurin Coquault, closier à la Bouchère appartenant à la veuve Fortin, a dû décéder entre temps, et François Duchesne, l’un des collecteurs pour 1693, fait vérifier et certifier par copie notariée où en sont les paiement des closiers de la Bouchère. Il s’avère que le rôle atteste le paiement en 1692. Il se peut d’ailleurs que cette copie certifiée ait été faite à la demande d’André Planté, se voyant réclamé par François Duchesne un impayé…

Cette copie certifiée extraite du rôle du sel illustre le fait que l’on peut savoir compter et ne pas savoir écrire, et que la majorité de nos ancêtres savaient un peu compter, assez pour savoir au moins payer les impôts.

Et pour être nommés au moins une année collecteur de la fameuse gabelle, ou de tout autre impôt. Donc, lorsque l’on voit la mention « collecteur de l’impôt » on ne peut en aucun conclure à une fonction demandant le « savoir écrire », mais plus simplement un service public assumable par tous, à condition de savoir être respec-té, car faire rentrer l’argent des autres n’était pas une partie de plaisir.

 

fuir l'impôt : Le 19.7.1642 fut livré à la sépulture des fidèles chrétiens de notre sainte église le cadavre de †Charles Duvacher vivant procureur des Trépassés de cette paroisse, décédé au lieu de Laugeardière à La Prévière, où il s’était réfugié pour être trop excessivement taxé aux taux des rolles de cette paroisse, & néanmoins requis être ensépulturé au cimetière de StAubin dans l’enfeu de ses ancêtres & prédecesseurs » (Registre Paroissial de Pouancé)

 

en savoir plus : ANTOINE Annie, Fiefs et villages du Bas-Maine au 18e siècle : Structures socioprofessionnelles des paroisses rurales, p47-74 (Mayenne, 1994)

Assassinat de Julien Letourneau, le 31.5.1712 (AD44-B11291)

Julien Letourneau, meunier aux Soucis, refuse de payer la taille. Il est tué à coups de fritte (le bâton du collecteur Provost époux Allaneau avocat), hache (celle de la victime) et fusil (celui du sergent Taillandier),après un repas aux Soucis arrosé. Les témoins, relativement nombreux, se gardent bien d'intervenir dans la querelle, pour ne pas être mêlés à une sale affaire. Leurs témoignages, recuillis 11 jours seulement après les faits, montrent peu de témoins directs, peu de précisions quand au moment même du décès, car certains disent même qu'il est mort après son transport, enfin, les villages voisins comme la Touche, n'ont rien pu voir et leur témoignage relève de la fantaisie. L'un des témoins voit non seulement de loin, alors qu'il n'a pas entendu le coup de fusil, mais voit à travers les chênes, d'une chênais de haute futaie !!! Le coup de fusil a été tiré d'Anjou, mais la victime est tombée côté Bretagne et les problèmes juridiques commencent !

rapport d'autopsie  

Le 2.6.1712, en vertu de l’ordonnance du sénéchal de la vicomté de Fercé, sur le réquisitoire de meurtre, Jan Durand chirurgien juré du roy, demeurant en la ville de Martigné Ferchaud évêché de Rennes, et Christophe Provost chirurgien juré dt en la ville de Châteaubriant paroisse de Béré, évêché de Nantes, se transportent avec Mrs les officiers au lieu des Soucis paroisse de Saint Aubin de Pouancé évêché d’Angers province d’Anjou, distante de la ville de Martigné d’environ 2 lieues et de celle de Châteaubriant de 3 lieues, pour voir et visiter un cadavre. Arrivés aux Soucis dans la demeure de Jean Bodin débitant, ils entrent dans la chênais proche et constatent au pied d’un chêne du côté de la lande quantité de sang sur la terre, et plusieurs personnes présentes déclarent que le cadavre a été transporté à l’église de Saint Aubin de Pouancé. A la demande de Mrs les officiers ils s'y rendent tous, et la nuit étant venue se retirent chez René Bellion débitant ou pend pour enseigne le Lion d’Or, et y couchent. Le lendemain, ils quittent l'auberge pour le cimetière de l’église de Saint Aubin. Après avoir entendu la messe, Mrs les officiers font tirer de terre le cadavre d’un homme, qui après avoir été découvert de son suaire est reconnu par plusieurs personnes pour être celui de Jullien Letourneau du lieu des Soucis. Puis ils procèdent à la visite extérieure du cadavre : de longueur de 5 pieds environ, la barbe et les cheveux noirs, âgé d’environ 35 ans - le dos et le derrière du col tout livide - au bras droit sur le coude une contusion de la longueur de 3 doigts en travers et de largeur comme a appliquer le travers du petit doigt, avec excoriation - une contusion de la même longueur que la précédente avec excoriation de la grandeur comme appliquer le plat du poulie - à la même main du bras 3 doigts un peu coupés sur la première jointure de la 1ère et 2e phalenge à savoir le milieu, l’annulaire et le petit doigt - à la cuisse droite partie supérieure une plaie de la grandeur d’un écu blanc pénétrant au travers de ladite cuisse ou ils trouvent 12 grains de fer de différente grosseur et figure - la sortie de la plaie au dedans de la cuisse a de longueur 5 travers de doigt et de largeur le travers de 2 doigts - après ouverture de cette cuisse : la veine curialle coupée et les nerfs chaire et tendons tous déchiré et contris avec du sang coagulé et noir - Mrs les officiers font ouvrir la poitrine et le bas ventre. Après incision cruciale et levé les téguments : les lobbes du poumon sont un peu altérés et attachés aux vrais côtes dans leur partie postérieure - au surplus toutes les autres parties en bon état. Ils concluent que les coupures ont été faites par instrument tranchant comme hache, hachereau ou autre faisant semblable, les contusions par instrument contondant, comme bâton, pierre, coups de pied ou autre faisant semblable, et la plaie de la cuisse par intrument à feu comme fusils, pistolets, mousquetade ou autres faisant le semblable, ce qui a causé et précipité la mort attendu la perte du sang absolument nécessaire à la vie, qui est sorti par la plaie.

la victime et sa veuve

Le 2.6.1712 Renée Hellan veuve de Julien Letourneau, meunier au moulin des Sallorges, et faisant leur résidence dans le lieu des Soucis, 25 ans, de haute stature, habillée d’une paire de brassières brunes, un manteau et un cotillon de toile, et coiffée à la mode de campagne : vers 3 h après midi étant sortie pour aller à la Touche qui est proche des Soucis, pour y acheter du beurre, elle entendit son mari parlant d’une voix haute en ces termes « Mr Provost ne rompez pas combien vous est-il dû » et reconnut que dans ce temps là il était proche les maisons des Soucis, du côté de la chênaie ou rabinne située à Villepôt, et que dans le même temps ledit Provost répondit qu’il l'exécuterait s’il n’était payé comptant, et comme ce bruit augmentait elle revint promptement sur ses pas, et en arrivant dans la rue des Soucis elle vit Provost bailler plusieurs coups d’un long et fort gros bâton à son mari, qui était lors tombé à terre le long des chênes de la rabinne du côté de Villepot, et vit le nommé Taillandier sergent saisi d’un fusil qui tenait son mari en joue, et lui dit « ne tirez pas » et qu’à l’instant ledit Provost s’étant retiré à quelques pas de son mari qui s’était avec beaucoup de peine levé, il fut par le même taillandier tiré dudit fusil et tomba à terre disant à sa femme qui se jetta à lui pour le soulager « ma femme je suis mort faites venir un prêtre promptement », et demandé Jean Bodin qui se rendit auprès de lui auquel il demanda pardon sur quelques petits différents …le domestique de Jean Bodin nommé Jean Menet fut chercher un prêtre à Villepôt, mais inutilement d’autant que son mari mourut avant que cet express fut au haut de la lande conduisant au bourg.  

  les accusés interrogés après les témoins, sauf les 2 en fuite Provost et Taillandier

Le 13.6.1712 Nicolas Duchesne, 66 ans, rouettier et fuzelier à Pouancé, cheveux et barbe gris blanc, habillé d’un justaucorps et culotte de beslinge, bas bruns, souliers aux pieds, un rabat au col et un chapeau à la main : dit être resté dans la maison avec Bodin, entendit un coup frapper comme sur une porte, ce qui fit qu’il regarda par une fenêtre de l’embas de la maison, et vit un homme sans le reconnaître à une porte d’une autre maison à côté qui tenait une hache qu’il levait vers ledit Provost comme pour l’en frapper, en sorte que cela fit apréhension à l’interrogé qui se retira derrière la maison pour ne pas voir ce qui se passerait d’où il entendit un grand bruit et des coups se donner et une voix qu’il ne put distinguer dans le moment ledit Provost qui dit par 2 fois « ne tire pas Taillandier » et ces paroles dites il fut néanmoins tiré un coup de fusil après quoi 3 personnes rentrèrent chez Bodin fort émues disant ledit Provost à Taillandier « pourquoi avez vous tiré, je suis perdu », alors ledit Taillandier chargea son fusil dans ladite maison de Bodin et en sortit promptement en fuite, et Rousselet qui saignait beaucoup par un bras Bodin lui apporta une serviette  

Le 30.7.1712 René Rousselet, 52 ans, sans domicile ordinaire, allant mendier sa vie, originaire de l’Hôpital de Grugé, yeux tirant sur le jaune, barbe en poussoire, habillé d’un habit de Pinchinac, bas et souliers aux pieds, bras gauche en écharpe, un chapeau à la main droite : vers 4 ou 5 h du matin, il a rencontré le sieur Provost avocat à Pouancé, qui l’engagea pour aller avec lui pour lever des deniers royaux et faire le recouvrement étant collecteur des tailles et ustanciles de la ville de Pouancé, et pour cette offre il alla chez René Taillandier sergent au même lieu. Il trouva Taillandier et le nommé Duchesne et dans le moment ledit Provost leur dit de la porte qu’ils eussent prit les devants et contraindre un redevable aux rôles qu’il avait auparavant mis aux mains du sieur Taillandier, et qu’il les rejoindrait chez le nommé Bodin hôte au lieu des Soucis après quoi lesdits Taillandier, Duchesne et l’interrogé furent déjeuner en la ville de Pouancé chez le sieur Bellion hôte, et ensuite furent de compagnie dans  plusieurs villages et métairies, et closeries de Pouancé, où ils exécutèrent les saisies dans 3 ou 4 endroits pour ledit Provost, que ledit Duchesne qui était syndic de la paroisse avait sur le rôle, puis ils se portèrent tous trois chez ledit Bodin où ils trouvèrent ledit Provost qui venait de nommer un enfant d’une sienne sœur de la paroisse d’Armaillé, et disnèrent tous ensemble avec ledit Bodin - Interrogé si pendant le repas ils ne projetèrent pas d’assassiner Julien Letourneau proche voisin dudit Bodin sous prétexte qu’il devait sa cotte part du contenu aux rôles dont il avait fait refus de payer, qu’à cette fin ils étaient saisis d’armes à feu et de grands bâtons, et furent tous trouver ledit Letourneau après avoir bu et mangé, et maltraitèrent de plusieurs coups de bâtons dont ils l’abattirent à terre dans la chênais qui est proche ledit lieu des Soucis, du côté de Villepôt, étant outre saisis d’une grande hache, que non contents de l’avoir mis dans un pitoyable état, il rentrent chez ledit Bodin, ils en ressortirent et retournèrent audit Letourneau que l’un d’eux tira d’un coup de fusil dans les cuisses, auquel coup il timba, et mourut presque incontinent. - Répond que pendant leur diner, ledit Provost se mena à la porte de la maison dudit Letourneau pour savoir s’il s’y trouvait afin d’avoir le paiement de qu’il devait pour la taille et ustanciles, mais ayant trouvé la porte fermée, et regardé dans la maison par une petite fenêtre qui était ouverte sans avoir vue personne, ils retournèrent diner en attendant que ledit Letourneau ou sa femme fussent revenus chez eux, et le diner fini ledit Provost et l’interrogé retournèrent avec ledit Taillandier à la porte dudit Letourneau, dans la chênais qui est proche dudit lieu des Soucis, et trouvèrent encore la porte fermée, étant saisis ledit Provost et ledit Interrogé chacun d’un grand bâton, ledit Taillandier d’un fusil, et restèrent à ladite porte quelque peu attendant que ledit Letourneau ou sa femme fussent revenus, et après avoir ainsi attendu il virent venir à eux ledit Letourneau du côté de la forêt d’Araise saisi d’une hache normande et en les abordant il leur présenta un pistollet de ceinture en les menaçant, et faisant plusieurs démonstrations, proférant plusieurs injures disant qu’il ne paierait rien, encore bon que ledit Provost lui demanda fort honnêtement ce qu’il lui devait, et quoiqu’il se servit de paroles de douceurs, ledit Letourneau remit son pistollet à sa cienture, et leva la hache pour en frapper ledit Provost, ce que voyant l’interrogé frappa de son bâton sur le bras dudit Letourneau pour parer le coup, qu tomba sur lui en sorte que la hache lui coupa son habit en efflfeurant dans deux endroits et ledit Letourneau voyant avoir manqué son coup, il s’attaqua à l’interrogé qui voyant aussi qu’il voulait le frapper de sa hache essaya de parer le coup de son bâton, ce qu’il ne put éviter de manière que le coup lui porta sur le poignet du bras gauche dotn il est estropié, et cette hache étant sortie des mains dudit Letourneau et tombée à terre, il voulut la ramasser pour continuer ses violences et alors ledit Provost lui donna un coup de son bâton sur un bras pour l’en empêcher et dans le moment l’interrogé qui ne s’apercevait d’être blessé saisit ledit Letourneau demandant de l’aide pour se rendre tout maitre de sa personne, mais ayant aperçu le sang qui sortant de son bras et le cœur qui commençait à lui manquer sans aucun secours, il quitta ledit Letourneau, lequel voyant ledit interrogé dans cet état voulut prendre la fuite du côté de la chênais, et dans cet instant ledit Provost Ayant aperçu que ledit Taillandier couchait en joue son fusil pour tirer cet homme, il se rua sur lui par plusieurs fois ainsi que l’interrogé. « monsieur, ne tirez pas vous nous perdez », ce qui n’empêcha pas quelque prière qu’ils lui furent faites, qu’il ne tirat son fusil sur ledit Letourneau, auquel coup il tomba à terre au pied d’un chêne de ladite chênais, du côté de Villepôt, et lui enrendu pour lors demander un prêtre disant qu’il était mort, après quoi ledit Provost et l’interrogé rentrèrent chez ledit Bodin qui ayant donné une serviette audit Provost il entourra le bras dudit interrogé pour apaiser le sang qui y sortait abondamment, pendant quoi ledit Taillangier y vint aussi, lequel ledit Provost blâma fortement d’avoir fait un coup aussi ladre en usant même des armes, et lui disant qu’il l’avait perdu, ce qu’entendant ainsi ledit Taillandier prit la fuite sans avior remarqué l’interrogé s’il rechargea son fusil et après que le bras dudit interrogé fut enveloppé, et son sang apaisé, il s’en alla avec ledit Provost en ladite ville de Pouancé pour se faire traiter et arrêter 8 ssemaines dans l’hôpital de Pouancéé où il a été traité sans qu’on ait pu lui garantir son bras dont il en demeure estropié. - Interrogé si dans le temps que lui et ledit Provost maltraitaient ledit Letourneau sa femme étant venue au bruit ne pria poas d’une voix haute leditd Provost de dire combien il lui était dû, qu’elle allait le payer et qu’ils eussent cesser les violences, l’interrogé répond qu’il ne vit même pas cette femme et ne point la connaître.

les témoins Interrogatoire du 2.6.1712

Jan Bodin débitant dans la maison des Soucis : ils sortirent après avoir bu un pot de vin et furent ainsi qu’ils le disaient pour exécuter Julien Letourneau - vit Letourneau une hache à la main, ledit Taillandier saisi d’un fusil, ledit Provost d’un grand bâton que l’on nomme ordinairement une fritte et l’autre homme d’un bâton qui continuaient leur différent et qu’au même temps il se retira dans sa maison, et dit à Jean Menet son valet de ne point sortir et qu’ils n’auraient point à faire de leurs démélés, et de sa maison il entendit frapper par plusieurs fois comme d’un coup de baton sans savoir qui les recevait ni le lui baillait, et ledit Provost et l’autre homme inconnu revinrent à la maison l’un et l’autre saisis de ladite hache qui y fut laissée, et cet homme inconnu blessé et le sang coulant par un bras se plaignait d’en avoir été frappé par ledit Letourneau, puis ils retournèrent à la chênais où il fut tiré un coup de fusil  

Jean Menet domestique de Jan Bodin aux Soucis : s’en étant venu du moulin Blanc proche le lieu des Soucis, il trouva dans la maison de son maître les nommés Provost, Taillandier, Duchesne et un autre, et que sur les 3 à 4 h de l’après midi, ayant payé leur écot, Duchesne resta et les 3 autres sortirent sur la rue et furent à la porte de Jullien Letourneau proche et seul voisin dudit Bodin à l’intention de l’exécuter, qu’un moment après il entendit du bruit dans la chênais ou avenue qui est proche le lieu des Soucis, et vis à vis le pignon de la demeure dudit Letourneau reconnut qu’ils se maltraitaient à coups de bâton, ce qui lui donna occasion de s’approcher de la fenêtre de la chambre basse de la maison, d’où il vit ledit Letourneau sans gaule ni bâton courir devant ledit Provost qui était saisi d’un bâton de sa hauteur et fort gros, qu’il porte ordinairement quand il sort de la ville de Pouancé, duquel il bailla plusieurs coups sur le dos dont il tomba à terre le long de la chênais du côté de Villepôt, disant ledit Letourneau « ah ! tu me tues », pendant quoi ledit Taillandier était toujours proche d’eux cherchant le temps de tirer ledit Letourneau crainte de blesser ledit Provost lequel avait fait quelques pas, à l’instant Taillandier tira de son fusil ledit Letourneau qui venait de se relever avec peine, dquel coup il retomba à terre et vit aussi sa femme arriver qui se jetta à lui pour le soulager à laquelle il dit qu’il était mort  

Interrogatoire du 11.6.1712

Clément Beillaud laboureur à la Hée à Villepôt : il entendit un coup de fusil sans avoir pu remarquer de quel côté d’autant que le coup retomba dans le bois de la Hée ou sa maison est située. Un moment après Jan Menet valet des Soucis entra chez lui et lui apprit que Jullien Letourneau venait d’être tiré d’un coup de fusil sous les chênes proche la maison des Soucis, et le pressa d’aller promptement à lui pour tacher d’étancher le sang qu’il perdait pendant qu’il allait au bourg de Villepôt chercher un prêtre pour le confesser, et ajouta que le sergent Taillandier de Pouancé qui avait tiré en la compagnie duquel était le sieur Provost avocat et collecteur de la taille de Pouancé, qui auparavant avant donné plusieurs coups de baton audit Letourneau, et que n’ayant pour lors quitter son travail, ses servantes et Jean Hamon son beau-frère, qui demeurent ensemble, vinrent lui dire que Letourneau était mort. Il se transporta alors dans ladite chênais avec son beau-frère et du coté de Villepôt ils le trouvèrent mort e sa veuve avait un grand nombre de personnes autour d’elle dont Jan Bodin beau-père du témoin, hôte aux Soucis, et aidé de ladite veuve et d’autres personnes, ils portèrent le corps dans sa maison, proche l’hôtellerie, et le valet dudit Bodin dit que ledit Taillandier et un autre avaient bu ensemble chez ledit Bodin

Anne Vignais 32 ans, femme de Jan Richard métayer à la Maison Neuve : vers une heure de l’après midi, Jullien Letourneau des Soucis, fut chez elle demander si elle n’avait point vu sa femme, et prit par la main son enfant qui était pour lors chez elle. Une demi-heure après, René Deniau, parent de son mari et leur domestique pastour, vint dire qu’on faisait grand bruit vers les Soucis, et étant sorti ledit Deniau alla promptement devant elle, et remarqua un homme tombé sous les chênes de la chênaie proche des Soucis, du côté de la paroisse de Villepôt, qui faisait effort de se relever, et le reconnut pour être Jullien Letourneau, lequel reconnut aussi la déposante en la nommant par son nom, et lui prit la main, la priant de le mener dans son lit attendu qu’il avait été fort maltraité sans nommer personne. Il expira un moment après en présence de sa femme et de Jan Bodin et ses filles, et fut ensuite porté dans sa maison. Elle remarqua aussi de sa demeure, avant d’être allée à l’endroit ou ledit Letourneau était resté, un homme qui s’enfuyait habille d’une étoffe de grosse serge sans pouvoir le reconnaître, et le lendemain son mari conduisit avec son harnais le corps dudit Letourneau au cimetière de StAubin de Pouancé

Le 2.6.1712 René Deniau, fils de René du bourg de Senonnes, pastour et domestique chez Jan Richard son parent à la métairie de la Maison-Neuve : il ouit tirer un coup de fusil dont la fumée l’empêcha de remarquer sur qui, mais après il vit Letourneau à terre proche la chênais du côté de Villepôt, qui fit quelques mouvements avec les pieds, et s’en étant retourné ledit Richard et sa femme vinrent voir ledit Letourneau qui était mort.

Le 2.6.1712 Jan Hamon laboureur à la Hée à Villepôt dépose qu’il fut tiré un coup de fusil vers les une à deux heures de l’éparès midi, et ne pourrait dire de quel côté, étant dans un grand bois. Un moment après Jean Minet valet de Jean Bodin hôte aux Soucis son beau-père, vint le trouver en sa maison où il était avec Clément Beillaud son beau-frère, et leur dit que Jullien Letourneau venait d’être tiré d’un coup de fusil par le nommé Taillandier sergent de Pouancé, qu’auparavant et cependant au même moment le sieur Provost avocat à Pouancé et collecteur de la taille, qui était de la compagnie dudit Taillandier et d’un autre qu’il ne nomma pas, lui avait baillé plusieurs coups d’un baton qu’il nomma « une fritte » ausquels il était tombé à terre en disant plusieurs fois « tu me tue » auquel avid ledit témoin et son beau-frère se dirent qu’il pourait leur arriver quelque accident ou qu’ils seraient obligés à quelque témoignage, ce qui les retint chez eux, et le valet dudit Bodin prit le chemin de Villepôt pour amener un prêtre afin de confesser le blessé, que cependant ils furent environ une heure après dans la chênais qui est proche des Soucis, où était Letourneau parce que leurs servantes qui étaient allées puisé de l’eau à une fontaine du même côté lui apprirent sa mort. Ils y trouvèrent, vers Villepot, le corps de Letourneau, sa femme assise auprès de lui qui pleurait, ledit Bodin, le sieur Poullain prêtre de Villepôt, et plusieurs autres, et à la prière de ladite femme de Letourneau, le corps fut porté en leur demeure qui est proche de ladite chênais du cpoté de Pouancé, et le lendemain conduit dans une charette au cimetière de Pouancé ou il fut enterré et en outre a dit que ledit Menet a dit que lesdits Taillandier et Provost étaient avec le sieur Duchesne sindic de la StAubin et un autre homme qui servait de record audit Taillandier qu’il ne nomma point, qu’ils étaient entré de compagnie chez ledit Bodin où ils avaient bu ensemble avant que l’accident fut arrivé

11.6.1712 Jan Richard, métayer à la Maison Neuve : vers une heure de l’après midi Jullien Letourneau fut à leur maison demander où était Renée, parlant de sa femme, et son enfant étant avec les siens, le prit par la main et l’emmena. Peu de temps après, son pastour René Deniau son parent, dit qu’on criait à la force vers les Soucis et qu’on venait de tirer un coup de fusil, et ayant sorti au pignon de sa maison, il vit (il n’a pas entendu le coup de fusil, mais il voit à travers les chênes à 500 m de distance ! ) un homme à terre dans la chênais proche les Soucis, du côté de Villepôt. Sa femme, qui était allée dans la chênais, était revenue et lui dit que c’était Jullien Letourneau qui avait été tué. Sétant rendu à la chênais il vit le mort et sa femme, qui le pria d’aller advertir Jan Besnier de la métairie du Fresne pour aller chercher son frère se voyant dans un pitoyable état, ce que le déposant fit, et le lendemain vers 4 à 5 h de l’après midi, il conduisit le corps de Letourneau à la prière de sa femme, avec sa charette et ses bœufs dans le cimetière de StAubin

Le 11.6.1712 Françoise Rougé, 47 ans, femme de Donatien Buffé, laboureur à bras, dt à la Pastissière au village de la Touche : le nommé Taillandier fut chez elle lui demander de l’argent pour la taille disant avoir les roles, et lui ayant fait réponse qu’elle n’en avait pas, il sortit de la maison. Et à vêprée du même jour Catherine Chauvin femme de Pierre Hunault de la métairie de la Réauté vint lui dire que Jullien Letourneau des Soucis avait été tué d’un coup de fusil par ledit Taillandier. Alors elle alla aux Soucis et vit ledit Letourneau mort dans sa maison

Le 11.6.1712 Marie Chauvin, 45 ans, femme de Jan Courault laboureur dt à la métairie du Drul : étant à cercler du bourier dans son jardin, elle entendit beaucoup de bruit vers les Soucis, et croyant son mari dans ce différent, elle sortit du jardin et dans l’instant elle entendit un coup de fusil,  et fut trouver Jullien Dupré son valet qui était dans le champ des Brueus peu éloigné des Soucis, pour aller avec lui voir ce qui s’était passé, et étant dans le même champ elle vit un homme qui était saisi d’un fusil qui courait et qu’elle reconnut pour être le nommé Taillandier sergent de Pouancé ce qui lui fit préjuger que s’était lui qui venait de tirer le coup de fusil. Puis elle fut à la barrière de son champ qui joint le grand chemin de Pouancé, d’où elle parla audit Taillandier lui disant en ces termes, vous n’en voullez que ça, sur quoi il lui répartit « j’en ai assez » en continuant de courir, et dans l’instant vinrent 3 personnes qui prénaient le même chemin que ledit Taillandier, dont lelle en reconnut deux, à savoir le sieur Provost collecteur, et le nommé Duchesne sindic, et l’autre qui avait une mais entourée de linges et un pistolet dans l’autre, auquel Provost elle parla et le pria de nelever de frais pour ce qu’ils doivent de la taille ce qu’il promit, et ils continuèrent leur chemin en se parlant les uns les autres sans qu’elle entende ce qu’ils se disaient. Puis elle se rendit avec son valet dans la chênais des Soucis et vit du côté de Villepot Jullien Letourneau qui venait d’expirer et sa femme qui pleurait

Le 11.6.1712 Marguerite Meanche veuve de Jan Hallard dt au village de la Touche à Pouancé : vers une heure de l’après midi elle entendit un grand coup de fusil tiré vers les Soucis, et étant sortie pour aller dans son jardin, il vint Catherine Chauvin femme de Jan Hunault de la métairie de la Réauté, qui dit que Jullien Letourneau venait d’être tué par le nommé Taillandier. Elle alla voir si cela était vrai et étant aux Soucis, elle entra dans la maison dudit Letourneau et le vit mort dans la place et entendit dire par sa femme qu’il avait été tué dans la chênais  

Le 11.6.1712 Françoise Daburon, 45 ans, veuve de Jullien Piron charpentier, dt au village de la Touche chez Louis Rousseau comme domestique : vers 4 à 5 h de l’après midi étant en la demeure de Rousseau son maître, Catherine Chauvin femme de Pierre Hunault de la métairie de la Réauté, paraissant effrayée, vint dire qu’il y avait un grand désordre aux Soucis, que c’était Letourneau qui avait été tué par les sergents. Le témoin alla alors aux Soucis et vit Letourneau mort en sa demeure, et sa femme assise à la porte, qui lui dit aussi que son mari avait été tué sous les chênes, et que si elle y avait été on lui en aurait fait autant, sans autrement s’expliquer

Le 11.6.1712 Joachim Trovallet, 24 ans, journalier à la Thommassais à Pouancé : étant à ramasser des pois dans son jardin près sa demeure, il entendit un grand bruit du côté de la chênais qui est près l’hôtellerie des Soucis, et reconnut à la voix la femme de Letourneau. Un moment après il fut tiré un coup de fusil, et alors, comme plusieurs autres personnes, il se rendit à la chênais au joignant de laquelle du côté de Villepôt, il vit ledit Letourneau tombé à terre qui mourut à l’instant, et autour de lui sa femme, Jan Bodin hôte aux Soucis, deux de ses filles, la femme de Jean Richard, et celle de Jan Courault, et autres dont il ne se souvient du nom, tous lesquels disaient qu’il avait été tiré et tué par le nommé Taillandier sergent de Pouancé, ce qui dit aussi la femme de cet homme mort qui était dans la dernière affliction

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