A
l'occasion du millénaire de Château-Gontier, découvrez son histoire,
sa chronique, ses seigneurs, ses notables, ses personnages célèbres.
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Ci-contre,
armes de la ville, L Seché, Charles Loyson,sa vie, son oeuvre,
1899. D'azur au château couvert d'argent,
flanqué de deux tours crénelées et pavillonnées
du même, ouvert du champ, maçonné et ajouré de sable
- au chef cousu de gueules chargé de deux clefs aussi
d'argent.
Mathurin-
René Thoré, né à Château-Gontier en 1756, fit ses études au collège de
Château-Gontier et suivit les cours de droit à Angers et Paris. Reçu avocat en
parlement, il vint s’inscrire en 1780 au barreau de sa ville natale. Il occupa
de nombreuses charges judiciaires sous la fin de l’Ancien Régime, la Révolution et l’Empire,
jusqu’à son décès en mars 1811.
Curieux de
l’histoire locale, il rédigea, par période de 8 ans, des Tableaux
historiques et chronologiques des magistrats et autres autorités qui ont
gouverné la ville de Château-Gonthier, depuis l’an 1007, date de sa fondation,
jusqu’à 1810.Voir
la retranscription intégrale
Les Archives
municipales de Château-Gontier conservent deux cahiers de ses Tableaux,
un premier commençant en 1008, et finissant en 1256 et un second commençant en
1600 et se terminant en 1810. Les Archives départementales de la Mayenne en possèdent deux
duplicata pour les XVII et XVIIIèmes siècles par Gadbin et Du Brossay ;
copiés par Stanislas David et corrigés à partir de l’original.
Jean
Bourré : né à Châteaugontier d'une famille de
bourgeoisie, étudiait en droit à Paris en 1445, et quoique âgé seulement
de 22 ans, était déjà depuis plusieurs années au service du roi Louis
XI, qui prit l'habitude bientôt de l'employer « à la direction de ses
plus gratis faitz et affaires. » Des lettres patentes de novembre 1465
l'anoblirent, et le 13 sept. 1485, Charles VIII, dont il avait été gouverneur,
récompensait sa fidélité, qui n'avait jamais failli, ni varié, « quelque
temps qui ait couru » en le nommant capitaine du château d'Angers. Il
s'était du reste depuis longtemps accoutumé en Anjou et avait présidé
par ses démarches et son intervention active aux oeuvres de la politique
royale, à la transformation du duché en province, de la ville en municipalité.
On le voit en 1468 faire des largesses à la Vraie-Croix de St-Laud et
l'emprunter même l'année suivante au nom du roi. Riche et puissant,
c'est en Anjou qu'il était revenu établir sa fortune et construire sur
ses nombreux domaines ces splendides résidences de Vaux, de Jarzé ou
du Plessis-de-Vent, dit aujourd'hui Plessis-Bourré, qui attestent encore
son opulence et son goût des beaux-arts. Son
portrait et celui de Marguerite de Feschal, qu'il avait épousée le 12
novembre 1463, se voyaient jusqu'à ces derniers temps dans les vitraux
de la chapelle du Plessis, et «existent plus qu'en dessin dans le portefeuilles
de Gaigniéres, t. VII, p. 67-68 ; mais ou conserve avec plus de soin
à Jarzé deux toiles apocryphes qui les représentent en costume du temps
de Louis XIII, quoique datées du XVe s. — Son testament est du 11 avril
1505 après Pâques. Il mourut âgé de 100 ans en avril 1506, « l'omme
du royaulme, au dire du roi Louis XII, qui savoir le plus des affaires
des rois trespassez, » laissant d'ailleurs une nombreuse lignée, qui
tint longtemps un rang considérable à la cour et dans les armées, sous
les noms de Jarzé et de Du Plessis. La Bibliothèque nationale, entre
autres documents originaux qui concernent Jean Bourré, possède un recueil
de lettres écrites ou reçues par lui (Supp. français, n° 1959). On ne
trouve son nom dans aucune biographie. Sources : Marchegay, Notice
sur le Plessis-Bourré dans le Maine et l'Anjou de M. de Wismes
et Notices et documents, t. I, p. 367 et t. Il, p. 37 et 191.
— Arch. départ. Série E 1739- 1793 ; Série G, Chapitre de St -Laud et
Chapitre de Jarzé. — Soc. indust. d'Angers, t. XVIII, p. 400; t. XIX,
p. 94. — Bibi. nat., Mss. fr. 9914, f. 185 et 136.) (article et
iconographies in Célestin Port, Dictionnaire Historique de Maine
et Loire, 1878) En savoir plus : sur
Gallica lisez :Joubert, André
(1848-1891) Étude sur la vie privée au XVe siècle en Anjou
D'après les comptes inédits de Guillaume Tual,
receveur de Jean Bourré (1463-1466). Angers :
Germain et G. Grassin, 1884
Roland
Flandrois : médecin
Simon
Hayeneufve : [Château-Gontier vers 1460
- Le Mans 11 juill. 1546]. Après avoir obtenu une licence en droit
canon, il part pour l'Italie où il étudie durant quelques années (1495-1500)
l'architecture. A son retour il s'installe au Mans où il est protégé
du grand doyen du chapitre qui le fait son chapelain. Il devient après
1519 curé de St-Paterne (Sarthe). Dès 1508 il avait surveillé les travaux
de la nouvelle châsse de Ste Scholastique dans la cathédrale ; de 1510
à 1518 il est chargé par Philippe de Luxembourg de construire la chapelle
de l'évêché, aujourd'hui détruite. En 1528 il demeurait en l'abbaye
St-Vincent dans les faubourgs du Mans. Il aurait travaillé à d'autres
églises et construit divers hôtels particuliers dans la ville du Mans.
Il fut aussi à ses heures peintre de portraits. (Dictionnaire de biographie française de Prévot Roman
d'Amat et Thébault de Morembert) En
savoir plus sur Simon Hayeneufve
Virginie
Letaillandier : née à Château-Gontier, de Charles
Meignan, sous-préfet, de cette ville (an VIII-1807), nièce d'un vendéen,
Benjamin Meignan, fusillé au Champ-des-Martyrs, à Angers, écrivit de
1843 à 1858, dans le Mémorial de la Mayenne et dans l'Écho, un grand
nombre de pièces de vers faciles et médiocres parmi lesquelles il faut
citer : La Glaneuse, l'Acacia et le Pin, A ma Patrie, A Pie IX, La mort
de l'archevêque de Paris, Chambord et Chenonceaux ; et des relations
de voyages en Italie, à Londres et sur les bords du Rhin. Elle a publié
en 1845, à Paris, Mes Délassements poétiques, ornés de quatre lithographies
qu'elle avait dessinées. Mémorial et Écho. — Foucault, Docum. sur Château-Gontier,
p. 268. (Abbé Angot, Dictionnaire historique de la Mayenne, 1909,
t2 p 676 ; iconographie
: Château-Gontier, vue du clocher de Saint Jean,
Virginie
Letaillandier, Délassements poétiques, 1845) Lire son poème sur
Château-Gontier
Charles
Loyson : poète LE LOGIS DE CHARLES LOYSON :
La maison où naquit Charles Loyson, à Château-Gontier, est située sur
la place de Saint-Remi, à quelques pas d'une vieille église dont les
ruines vont prochainement disparaître. C'est une bien modeste demeure,
par ses dimensions comme par son architecture ; mais elle a un caractère
sacré, puisque ses murs ont abrité le berceau d'un poète, et d'un poète
qui n'a jamais demandé que des chants mélancoliques ou généreux à sa
lyre,
Des
soupirs pour une ombre ou des hymnes pour Dieu.
L'existence
de Charles Loyson n'a pas été longue. Né le 13 mars 1791, il est mort
le 27 juin 1820, c'est-à-dire avant d'avoir trente ans. Mais dans quelle
période agitée de l'histoire sa vie si courte s'est écoulée! Pendant
qu'il jouait ou sommeillait dans son berceau, l'ancienne monarchie achevait
de s'écrouler, et la Terreur tenait la France captive sous les étreintes
de sa lugubre politique. A l'heure où sa jeunesse était studieusement
penchée sur les chefs-d'oeuvre littéraires de la Grèce et de Rome, toute
l'Europe tressaillait des conquêtes retentissantes de l'Empire. Quand
il atteignit à l'âge où commence à s'ébaucher la virilité du caractère,
la France, fatiguée de gloire, cherchait dans le gouvernement représentatif,
à travers beaucoup de résistances passionnées, le moyen d'échapper tout
à la fois au pouvoir absolu et aux excès de la liberté.
Charles
Loyson n'a pas d'ailleurs dissipé le temps qui lui a été donné à si
juste mesure. Au sortir du Collége de Beaupréau, où il avait fait ses
études, il fut reçu à l'École Normale, et d'élève il devint bientôt
professeur dans cette institution naissante. Sous la première Restauration,
il fut attaché à la Direction de la Librairie, et, sous la seconde,
il entra au Ministère de la Justice. Les travaux administratifs ne lui
firent pas négliger les
lettres. Il composa des odes, des élégies, des épîtres ; il publia des
articles de critique dans le Lycée français ; et tout cela ne l'empêcha
pas de s'occuper encore de politique au journal des Débats.
Il
ne faut certainement pas reléguer parmi les oeuvres médiocres ou superficielles
les écrits en prose de Charles Loyson. Ses études sur Pindare, sur André
Chénier et sur Lamartine attestent un esprit méditatif qui cherche la
vérité du sentiment ou la justesse de la pensée sous l'éclat des images,
et chez lequel les délicatesses du goût sont inséparables d'un savoir
sérieux. En politique, Loyson, qui appartenait à l'école de Royer-Collard,
a plus d'un fois émis des idées sages, combattu des théories dangereuses,
et quand il fallait donner la réplique à quelque redoutable adversaire,
il savait manier la raillerie avec la dextérité des plus fins publicistes.
Cette flèche, par exemple, à l'adresse de Benjamin Constant, n'est-elle
pas bien décochée ?
«
Vous n'avez pas cru peut - être , monsieur, faire preuve d'une grande
audace en m'attaquant, et vous vous êtes flatté d'éclipser tout d'abord
le nom d'un jeune homme obscur dans les rayons de votre gloire. Prenez-y
garde ! » Ma jeunesse et mon obscurité me servent. Je n'ai
ni votre génie ni votre célébrité ; mais j'apporte, dans l'arène où
vous m'appelez, un avantage plus précieux peut-être : celui d'une conduite
irréprochable, d'une vie qui invite l'examen et qui défie la censure.
C'est le privilége de mon âge, sans doute, autant que le fruit de mes
principes; mais enfin, je suis jeune, monsieur, et vous avez longtemps
vécu ; et pour un homme qui a flotté vingt ans dans les tourmentes des
révolutions, le souvenir du passé offre plus d'un écueil auquel il fait
sagement de ne pas s'exposer. »
Mais
Loyson eut surtout le don de la poésie, et il a laissé des rimes plaintives,
harmonieuses, que n'ont pu faire oublier complétement les élans sublimes
du chantre des Méditations. Son imagination, sans doute, n'était pas
cette grande plongeuse ni cet oiseau de haut vol dont parle Victor Hugo,
et qui d'un coup d'aile emporte la pensée dans l'infini. Mais il avait
une sensibilité vive et frémissante, la passion de l'idéal, une intelligence
éveillée à toutes les splendeurs comme à toutes les grâces de la nature,
et, pour exprimer les rêveries ou les aspirations de son âme tendre
et pieuse, il a trouvé parfois des accents d'une pénétrante éloquence.
La
poésie française, au temps de Loyson, était presque partout encore enveloppée
de longues périphrases et de métaphores mythologiques. Il travailla
l'un des premiers à la délivrance de cette belle prisonnière, et, si
sa jeune main ne fut pas assez puissante ni assez hardie pour briser
toutes les entraves, du moins eut-il l'honneur de faciliter la tâche
aux libérateurs qui vinrent après lui. Il n'est pas peut-être un seul
des chants du poète de Château-Gontier où ne se rencontrent quelques-uns
de ces vers francs et limpides qui jaillissent naturellement du coeur,
comme l'eau des claires fontaines s'échappe du flanc des collines. Il
sourit à tous les printemps, et sa voix monte dans le ciel, comme celle
de l'alouette, au lever de chaque aurore ; il respire avec ivresse les
aromes du chèvre-feuille et de la rose sauvage; mais son oeil s'emplit
de larmes à la vue d'une fleur qui languit ; il tressaille, au moindre
souffle de l'automne remuant quelques feuilles sèches, et si la tremblante
clarté d'un rayon de lune vient à glisser sur son front, il s'écrie,
avant Lamartine
Que
me veux-tu, globe argenté ?
Déjà,
sur la hauteur voisine,
Tu
ne me montres plus ta rougeâtre clarté,
Comme
un grand bouclier dont l'orbe ensanglanté
S'elève
et s'arrondit au haut de la colline.
Mais
loin de l'horizon, t'élevant par degré,
Plus
pâle et plus étroit, tu luis sur la nature,
Comme
une flamme blanche et pure
Suspendue
au ciel azuré.
L'une
des formes où se décèlent le mieux les aptitudes de ce jeune poète,
ami des vallons silencieux et des nuits étoilées, c'est peut-être celle
de l'épître. Dans l'ode, Charles Loyson n'est souvent qu'un écho affaibli
de Jean - Baptiste Rousseau, et, dans l'élégie, il ne fait guère que
chanter à l'unisson de Millevoye. Pour bien saisir le tour particulier
de son esprit, il faut lire ses épîtres à Royer-Collard, à Maine de
Biran et à Victor Cousin. Là, rien ne gêne son inspiration ni ses allures.
Il passe librement du paysage à la philosophie, des joies de l'étude
aux confidences de l'amitié, des ambitions déçues aux espoirs immortels,
et sa pensée se traduit presque toujours, non par des réminiscences
classiques, mais par le mot vrai de son impression ou de sa fantaisie.
Retenu
par des devoirs nombreux à Paris, Charles Loyson ne put habiter beaucoup
Château-Gontier ; mais il avait trop l'attachement du pays natal pour
ne pas y revenir sans cesse sous l'impulsion du souvenir. Aux heures
de liberté, il aimait à se rappeler ces ombrages, ces rochers,
Ces
longs radeaux flottants, ces barques fugitives,
Ou
ces tapis de lin blanchissant sur les rives
qui
avaient captivé ses regards d'enfant, et s'il formait quelque projet
de douce retraite, pour chasser les sombres pressentiments d'une mort
prématurée, c'était toujours au bord de la Mayenne qu'il dessinait le
frais jardin de ses rêves. (ALBERT LEMARCHAND, in Château-Gontier
et ses environs, eau-forte de Tancrède Abraham., 1872)
Pierre
Mercier : Né au Lion-d'Angers en 1774 , hôtel de la Boule d'or, actuellement 1 rue du marché.
Ses parents déménagent à Château-Gontier à la Toussaint 1784 et
y tiennent l'hôtellerie du Louvre. « d'après une note de Mme
Mauguéret, l'hôtel du Louvre était très bien tenu par des Mercier, du
Lion, gens
dévoués à la bonne cause, dont le fils se distingua en Vendée et rendit
des services à ses compatriotes prisonniers en Vendée, et dont la fille
fut religieuse. » (Abbé Angot, Dict. Hist. Mayenne, t 4, p 623). Compagnon
de Georges Cadoudal, il fut arrêté avec lui au manoir de Kerleano
en l'an II.
Lucien
Mignon : peintre
Louis
Nail : homme polique
Michel
Gasnier P.J. Breheret famille Fouquet Boullet-Lacroix Juigné de la Brossinière
Louis Dominique du Bailleul
seigneurs,
après Foulque Nerra
Abbé
Angot,Dictionnaire de
la Mayenne, 1909,
tome 1
Château-Gontier,
ville, chef-lieu d'arrondissement et de canton. -- Firmato castello,
de nomine cujusdam
sui, illud Castrum Gunterii appellavit, 1037
(Cart. de Saint-Aubin). - A. de Castro Gunterii, 1047 (Cart.
du Ronceray, p. 31). - Apud Castrum Gunterii... et infra ipsem burgum,
XIe s. (Ibid., p. 87). - Costumae Castelli Gunterii ; ... apud Castrum
Gunterii, 1080 (Ibid., p. 121. 122). - A. de Castello Gunterii,
1101 (Cart. de la Roë, ch. IX). - Senior Castri Gunterii, 1129
(Ibid., f. 15). - A., dominus de Castro Gunterii, et Paganus, decanus
ejusdem castri, 1150 (Ibid., f. 42). - In aula de Castrogunterii,
1206 (Arch. de l'hôpital). - In territorio Castrigunterii, 1244
(Cart. de Fontaine-Daniel. p. 190). - Leprosaria de Castrogonterii,
1269 (Bibi. d'Angers, mss. 956). - Cheteau-Gontier,... Cheteau-Gonter,
1272 (Revue d'Anjou). - La court de Chateauguntier, 1292 (Arch.
de la M., fds. la Roë). - Prope Castrumgunterii, 1372 (Cart.
du Géneteil, f. 40). - Villa de Castrogunterii, 1398 (Arch. nat.,
45, f. 209). - En nostre court de Chaugontier, 1454 (Arch. de
la M., Fds. des Bonshommes). - La forme actuelle Château-Gontier
est opposée à celle du XVIIe et du XVIIIe s., Châteaugontier. Le
peuple abrège quelquefois ce mot composé en un monosyllabe, Chiô.
Géologie.-
«Sur la rive droite de la Mayenne, schistes précambriens ; sur la rive
gauche, alluvions anciennes. » D.-P. OE.
Le
territoire, on sait historiquement pourquoi, est strictement réduit
à l'emplacement de la ville ; rocher taillé à pic et vallée abrupte
sur la rive droite, pente plus douce sur la rive gauche. Ce dernier
quartier encore n'a été annexé à la ville que depuis la Révolution.
- Altitude : point culminant (R. D.) 70 m ; à la gare, 43,37 m ; étiage
de la Mayenne, 27 m. La première préoccupation du seigneur et des bourgeois
fut d'établir la communication des deux rives par l'établissement d'un
pont. Des voies anciennes aboutissaient déjà à ce point du cours de
la Mayenne à cause de la villa d'Azé et de la curtis de
Bazouges, connues dès le VIe et le IXe S. A mesure que la ville prend
de l'importance, les chemins se multiplient et l'on reconnait souvent
encore leurs tracés anciens côtoyant les routes modernes quand ils ne
se confondent pas avec elles. Ces grands chemins, comme on les
nommait au XVe et au XVIe s., sont : celui d'Angers par Argenson, Miré
et Morannes, cité parmi les plus anciennes voies du pays ; Château-Gontier
contribue, en 1620, à la restauration du pont d'Épinard, sur la Maine,
pour assurer de ce côté ses communications avec le chef-lieu ; celui
de la rive droite longeantaussi la Mayenne pour gagner Angers par Chemazé.
Deux voies se dirigeaient également vers Laval ; l'une passant par Houssay
suivait la limite E. de Quelaines ; l'autre passait à la Papelonniére
d'Entrammnes (1388). Le grandchemin de Craon est souvent
mentionné ; ceux de Segré et de Pouancé longeaient, l'un au S., l'autre,
au N.. la forêt de Valles ; le premier passait par la Garellière et
Chantelou et se nommait le Chemin-ferré (1326). On signale encore
les chemins de Cossé, de Montsûrs (par la Bizollière d'Argentré, 1411),
de
Châteauneuf sur Sarthe et de Soeurdres. Il en existait certainement
un autre pour Sablé par Gennes et Grez-en-Bouère. — Au commencement
du XVIIIe s., la ville est abordée sur la rive gauche par les routes
de Sablé, de Saint Denis d'Anjou et d'Angers ; sur la rive droite par
celles de Pouancé, de Craon et de Cossé, prolongées en Bretagne ; vers
le N., par deux routes de Laval. A la fin du siècle, la carte de Cassini
donne un tracé rectifié des routes de Sablé, d'Angers (R. D.), de Craon,
de Laval (R.G.) sans omettre les autres chemins de moindre importance
-
Sans
compter les chemins secondaires, Château-Gontier possède aujourd'hui
des routes nationales pour Châteauneuf, Durtal et la Flèche, pour Angers
(R. D).), pour Segré, pour Craon, Pouancé et Châteaubriand, pour Laval
(R. G.) ; et des routes départementales pour Sablé, pour Morannes, pour
Quelaines et Laval (R. D.). — Des lignes ferrées de la compagnie de
l'Ouest ont été ouvertes, de Château-Gontier : à Sablé, 25 décembre
1876 ; à Segré, 1er octobre 1877 ; à Laval, 5 novembre 1877; à Craon,
6 novembre 1878. Un service de bateaux à vapeur a été inauguré le 19
avril 1870, pour Angers.
Population
: Moyenne des naissances : 120 de 1601 à 1610 ; — 169 de 1700 à 1710
; — en 1787, 123 naissances et 94 décès. — 1 428 feux en 1656,
faubourg d'Azé compris. — Pour la ville, 1 091 feux en 1688 ; —
1 106 feux et 5 600 hab. en 1696 ; - 1 078 feux
en 1700 ; — 1 005 feux en 1715 ; — 1 052 feux en 1723
; — 6 319 hab. en 1790 ; — 4 775 hab. en 1797 ; — 4 770
hab. en 1803 (un mémoire administratif porte 6 319 hab.) ; — 6 002
hab. en 1813 ; — 5 963 hab. en 1821 ; — 5 946 hab. en 1831
; - 6 226 hab. en 1841 ; — 6 749 hab. en 1851 ;
— 7 066 hab. en 1861 ; — 7 364 hab. en 1871 ; — 7 218
hab. en 1881 ; — 7 281 hab. en 1891 ; — 6 975 hab.
en 1898.
Pour
suivre l'histoire de la ville dans l'apparition successive et le développement
de ses établissements et de ses institutions, parlons successivement
: du château, de l'enceinte et du pont ; — desétabiissements religieux
: paroisses de Saint-Jean-Baptiste, Saint-Jean-l'Évangéliste, Saint-Remy,
la Trinité, chapitre de Saint-Just, prieuré du Geneteil, les Ursulines
; — des hôpitaux, Saint-Julien et Saint-Joseph ; — des cimetières; —
des établissements d'instruction,. collège et écoles; — des établissements
civils : hôtel de ville ; — halles, foires et marchés ; —industries,
corporations, moulins, messageries, théâtre, prisons. promenades, eaux
minérales ; — des tribunaux, de la féodalité et de l'histoire.
Le
château, l'enceinte et le pont.
Le
château. — La charte notice de 1037 indique comme des oeuvres distinctes
: la construction du château par Foulques Nerra, 1007 ; celle de
la tour commencée par lui et terminée par Renaud, premier seigneur de
Château-Gontier ; enfin la concession par les moines de Saint-Aubin
d'un terrain équivalent au quart de leur cour de Bazouges. C'est cet
espace, correspondant au périmètre de la ville, que Renaud se hâta d'enclore
sans laisser à ses successeurs le soin d'augmenter l'enceinte. Le château,
qui occupait l'extrémité N.-E. de la ville, souffrit beaucoup de l'occupation
anglaise en 1368-1369 ; on parle en 1414 du « Chastel anxien à présent
démoly ». Rétabli dans une certaine mesure, il fut rasé par ordre de
Richelieu en 1638. On signale un peu plus tard les « vestiges et mazures
du logement principal des seigneurs ». La tour de Giziers avait été
détruite en 1602, par ordre d'Henri IV. Une demeure qui n'avait rien
de l'aspect d'une forteresse, et qu'on appela néanmoins le château de
Giziers, avec chapelle dédiée à saint Louis, fut construite pour le
logement des gouverneurs, puis des officiers des seigneurs engagistes.
Yves Destriché l'acquit nationalement, puis la céda à la ville, qui
l'affecta au logement du curé de Saint-Jean, et l'a fait raser enfin
en 1892. Des galeries souterraines, vestiges de l'ancien château fort,
ont été découvertes au moment des démolitions. Une autre maison fut
construite, en 1731, par le sieur Le Doit, sur l'emplacement de l'ancien
château; elle existe encore.
L'enceinte
peut encore être suivie sur le terrain grâce à quelques points
de repère qui subsistent. Du pont, flanqué de deux tours, partait vers
le N. une courtine qui joignait le rocher et la base du château. En
descendant le cours de la rivière, une muraille assez basse longeait
les fossés jusqu'au port au vin, où se trouvait une Cour saillante.
La tour suivante, dite du Puits, était aux trois quarts ruinée en 1669
; la courtine qui la reliait à la grande tour de cinquante pieds de
haut existe encore (maison de Montozon). De là, par un coude accentué,
on gagnait la porte d'Olivet devant laquelle coulait, sous un pont rétabli
encore en 1667 et 1727, le ruisseau qui alimentait les douves. Un corps
de garde fut établi au portail d'Olivet en 1614, et le bourreau Dupuy
eut son logement dans la tour en 1723. Les murs suivaient ensuite la
droite de la rue Martinet jusqu'à la tour Gaultier, et longeaient la
promenade pour rejoindre la porte de Saint-Remi, dite aussi porte Neuve,
dont l'intendant ordonna la démolition en 1779, parce qu'elle obstruait
le passage de la route d'Angers. Entre cette porte et celle de Tréhu,
l'enceinte était protégée par des fossés qu'alimentait le Merdanson
et par des marécages presques impraticables, qui grâce à des travaux
considérables sont devenus les promenades du Mail. La porte de Tréhu
— Tou, dans une charte de 1289, et ordinairement Trou
ou Treu, servait de débouché à la Grand'Rue, et avait un pont
dormant comblé de terre et pavé en 1616 pour éviter les réparations,
mais que les voitures n'osaient plus franchir en 1731. Les tours d'Ampoigné,
de Giziers, la tour Valaise ou de Laval, défendaient l'enceinte du château.
Pour
remettre en état les murs de la ville dévastés dans la première période
des guerres anglaises, une taxe de 20 deniers par pipe de vin, de 6
deniers pour livre sur le prix de toutes les autres marchandises, fut
imposée à toutes les paroisses de la baronnie, de 1388 à 1396. Même
après l'achèvement des travaux, les habitants se plaignent qu'on les
impose encore et qu'on réponde par des injures et des moqueries à leurs
justes plaintes.
L'une
des quatre portes fut reconstruite et décorée, en 1685, par François
Trouillard, architecte à Château-Gontier, et Olivier Deshaies, sculpteur
à Angers. La motte seigneuriale, « sise devant l'église du prieuré,
près le hébergement au rectour », fut cédée, en 1:360, aux bénédictins,
pour l'usage et à condition qu'ils ne la feraient pas clore. Le conseil
de ville s'occupa plusieurs fois de l'entretien des murs et des tours.
Le 6 juillet 1696 encore, il délibère sur « un projet de fortifications
conformes à celles d'autres villes et sur un modèle que le sieur de
la Bocassière avoit fourni ». A Laval, la propriété des murs fut reconnue
au comte, dont les ancêtres les avaient fait construire. Il en était
autrement à Château-Gontier où le seigneur n'était qu'engagiste. Le
8 décembre 1789, la municipalité prit solennellement possession des
murs et des tours par une promenade militaire, puis, en 1790, malgré
la défense du département, elle se mit en devoir de les démolir.
Gouverneurs
ou capitaines de la ville et du château : Jean Clairambault,
1373, 1376. — Guillaume de Meaulne, seigneur de Coulonges, mari de Marguerite
de Tessé, fille de Huet de T. et de Marie de Mathefelon, fin du XIVe
s. — Renaud du Matz avait servi sous Bertrand du Guesclin, 1385. — Pierre
de Meaulne, 1454. — Jean d'Ingrandes, 1478. — Pierre d'Acigny, 1483.
— Robert Vachereau, 1567. — René de Baubigné, 1569, 1570. — Pierre de
Rallais, seigneur de Beauregard, 1574, 1575. — Louis de Champagné, au
nom de la Ligue, 1589. — Lallier de la Chesnaie, pour Henri 1V, 1589.
— Louis de Champagne, mai 1592, juin 1595. — D'Andigné de Maineuf, 1602.
Mathurin de Montalais, gouverneur de Sablé et lieutenant du Hâvre, et
Louis de Plan, ancien page d'Henri III, avaient aussi un commandement.
— Louis de Champagné, 1605, † 1613. — Pierre de Champagné, 1615, marié
en 1618 dans l'église de Gastines avec Françoise du Bouchet, fille de
René du B., seigneur de Méral, † vers 1654. — Duverger, au nom
du seigneur de Château-Gontier, 1651. —Antoine Arnauld, sieur de Longchamp,
1657. — Charles d'Anthenaise, seigneur Port-Joulain, 1669,
1692.
Le
pont, dépendance des fortifications, est le plus ancien passage
connu sur la Mayenne. Il est cité dans une charte de 1080, terra
que est inter Azeium et pontent Castrigunterii. Les frères de l'aumônerie
y jouissaient de certains droits de péage, au temps des vendanges, à
condition d'en remplacer les poutres suivant les besoins, 1206. On voit
par là que les piles seules étaient en maçonnerie et que des planches
formaient le tablier. Pendant l'hiver de 1436-1437, « les grans glaces
et eaux inundans et outrageuses le rompirent et emmenèrent à val ».
On se contenta depuis d'un bac qui, amorcé au port de la Harelle, abordait
au pré de l'aumônerie. Les pauvres, en dédommagement, eurent le profit
du bac et passage gratuit sur le pont quand il serait rétabli « comme
avant la rompture ». Le pont avec ses cinq arches cintrées figuré sur
le plan du XVIIe s., ne fut édifié qu'après le XVe s. Au mois de décembre
1763, on commença à travailler à la réfection des deux arches voisines
de l'hôpital et l'on s'aperçut que le dedans des piles au lieu d'être
solidement cimenté, était rempli de vidanges. Le sieur Quincé, entrepreneur,
travaillait de 1788 à 1790 à une nouvelle restauration du pont tout
entier, qui a été remplacé, en 1837, par unpont de trois arches en granit,
sur les plans de l'architecte Collignon et la direction de M. Renous.
Miné par le génie militaire en 1870, on le fit sauter sur l'ordre du
sous-préfet, en pleine nuit, le 18 janvier 1871, avec une telle charge
de poudre que des moellons énormes, passant par-dessus la ville, allèrent
tomber au-delà de la promenade des Platanes. Le pont de bateaux établi
aussitôt a été remplacé par un pont semblable au précédent mais remonté
d'une quinzaine de mètres pour être dans l'alignement de la rue du faubourg.
Les quais, commencés en 1862 sur devis de 650 000 F, ont été achevés
en 1884.
Arch.
nat., X/1a, 45, f. 209. — Arch. de la M., Cart. du Geneteil et B 2.315,
2.311, 2.387, 2.440, 2.753. — R. Gadbin, série d'art. dans la Gazette
de Château-Gontier, juin 1803 et suiv. — Arch. de l'hôp. de
Ch.-G. — Mémorial de la M., t.I, p. 200.
Institutions
religieuses.
Saint-Jean-Baptiste,
prieuré et paroisse. — Les Bénédictins, qui avaient cédé à Renaud
de Château-Gontier l'espace sur lequel il fit sa ville murée, s'étaient
réservé ou reçurent la faculté d'y fonder un prieuré conventuel et les
églises nécessaires pour les besoins religieux de la population. Ils
bâtirent donc, dès le XIe s., leur couvent et une église à proximité
du château. L'église, conservée intacte, est grandiose : nef avec collatéraux
auxquels correspondent exactement un choeur en abside et deux absidioles,
celles-ci, par là-même, appliquées aux deux côtés du choeur ; entre
le choeur et la nef, un transept vaste, élevé, au centre duquel quatre
forts piliers su.pportent sur leurs arcs doubleaux une voûte en coupole
et une tour à baies géminées ; des fenêtres romanes très simples ; enfin
neuf arcades en plein cintre, donnant des latéraux dans la nef et qu'au
simple aspect on croirait, à tort d'ailleurs, faites en rupture
dans les murs plutôt que de la construction primitive, séparées qu'elles
sont, non par des pilastres ou des colonnes, mais par de larges trumeaux
en maçonnerie. Tel est ce vaste vaisseau, couvert d'un simple lambris
pour la nef, voûté en berceau pour le transept, le chœur et les absidioles,
en voûte d'arête pour les bas côtés. Pas de colonnes, aucune moulure,
à peine un tailloir à la naissance des cintres, et malgré cette
sobriété, un ensemble majestueux. La crypte, divisée en trois nefs par
ses dix colonnes trapues à chapiteaux informes, supportant une voûte
d'arête, seul édifice de ce genre que possède le diocèse, est aussi
l'une des plus intéressantes des deux provinces de l'Anjou et du Maine.
La flèche, incendiée par la foudre le 20 octobre 1791, n'était pas encore
rétablie en l'an 1V. On plaça dans la tour un timbre de 3 000 k
pour avertir la garnison en cas d'alarme. M. Hawke, qui avait vérifié
l'état des murs intérieurs de l'église en 1877, et reconnu que les piliers
et l'intrados des arcades étaient formés de pierres de roussard taillées
régulièrement, tandis qu'au-dessus les murs étaient en blocage, proposait
de mettre à nu et de jointoyer les parties appareillées et de figurer
un appareil sur l'enduit dans les parties hautes. On a préféré une décoration
en peintures d'un genre archaïque.
On
mentionne dans l'ancienne église les autels ou chapelles : de Saint-Jacques,
derrière le chœur ; de Saint-Pierre et de Notre-Dame-sous-Terre, 1617
; de Saint-Sébastien, du Rosaire et de Sainte-Opportune où se vénéraient
les reliques de sainte Chantal, et des saints Vincent, Patient, Juste,
Prudent, Sévère, Théophile, transférées solennellement de l'église des
Ursulines, le 21 avril 1776. — Beaucoup de confréries anciennes
: de Notre-Dame, 1286 ; -- de Saint-Jacques, fondée en 1331 ; — des
prêtres, 1483 ; — de Sainte-Catherine, 1565 ; — de Sainte-Barbe, dont
les statuts très anciens ont été réimprimés à Laval, chez Genesley-Portier
; - du Rosaire, avant 1661 ; — du Sacré-Coeur, établie en 1731.
Les
religieux de Saint-Maur, introduits au prieuré le 22 avril 1660, organisèrent
leur chœur sur deux rangs de stalles entre les quatre piliers de l'intertransept,
leur autel étant tout au fond de l'abside. L'autel paroissial se dressait
au haut de la nef ; antérieurement il était dans le bas côté méridional.
En tant que paroissiale, l'église a quelquefois pris le vocable de Saint-Laurent,
1669,1778.
Les
anciens bâtiments conventuels, dont il ne reste rien, furent remplacés
par ceux du presbytère actuel en 1671, superbes et dans une situation
délicieuse. Par bulle du pape Nicolas, du 31 août 1452, le prieuré était
annexé comme bénéfice à l'abbaye de Saint-Aubin, son chef. Les religieux
y tenaient néanmoins toujours la conventualité. Le 7 décembre 1790,
les huit religieux qui l'habitaient furent expulsés, et la maison servait
déjà de prison le 22 décembre 1791.
Prieurs
: Foulques, 1157. — Étienne, 1225.— Pierre, dit
Seignoret, 1283. — Philippus de Bosco-Lanfredi, 1291,
1298. — Pierre Durant, 1300, 1301.— Robert de la Cousture,
1316,1332. — Laurent Morin, 1350, 1369. — Pierre,
1387. Le prieuré, réuni à la mense abbatiale,avait pour titulaire commendataire
l'abbé. Depuis l'affiliation à Saint-Maur, les prieurs, de huit
en huit ans, sont : Daniel Chetoul, inhumé devant l'autel de
Notre-Dame-de-Grâces, 1647. — Jean Hernier, 1672. — Jacques Morin,
1680. — Jean Girard, 1688. — Joseph Miniac, 1696.
René Cabaret, 1703. — Bède Bernard, 1712. — Gilles Leliepvre,
1720. — Claude Ernault, 1728. —Pierre Privé, 1736. — Louis
Molendin, 1744. —Marc Guillou, 1760. — Julien Piteux,
1768. —Pierre Hutru, 1776. — François Chabanel, 1784.
— Jean Lemasson,1788, prêta serment en 1791 et desservit quelque
temps la paroisse de Saint-Jean-Baptiste.
Cure.
— Dès le XIIe s., et peut-être dès l'origine, les Bénédictins eurent
des chapelains, pour exercer le ministère paroissial. Ceux qui étaient
en fonction en 1157 voulant s'approprier la cire, les cierges des offrandes,
et les trois quarts des honoraires des baptêmes, reconnurent leur tort
devant les abbés de Saint-Aubin et de la Roë et jurèrent fidélité aux
religieux pour l'avenir. Le vicaire « de l'église paroissiale de Saint-JehanBaptiste
» promit de nouveau, en prenant possession, de ne pas porter atteinte
aux prérogatives de l'abbaye.
Curés
: Hervé, témoin d'une charte du Ronceray, avant 1107. — Robert,
témoin dans la charte 417 de l'abbaye de Vendôme, 1107, et à un accord
entre l'aumônier de Saint-Julien et l'abbé de Saint-Nicolas d'Angers,
1120. — Jacques et Guillaume, v.1157. — Pierre Durency
fait un don au prieuré de Sainte-Catherine de Laval, 1321. — Guyon,
1326. — Jean Malherbe, 1437, 1474. Étienne Thibault, cousin germain
de Jean Bourré, écrit le 18 novembre 1461 au conseiller de Louis XI
pour lui demander un bénéfice, « car, dit-il, Madamoiselle jeunesse
m'a lessé et la mauvaise veille vieillesse m'a assailli ; pourquoi il
me faist bien besoing moy armer pour icelle ». L'abbé de Saint-Aubin
fit espérer à Bourré la cure du Grand-Saint-Jean pour son protégé, peut-être
tint-il sa promesse. — Jean Godier et André Durand desservent
la paroisse en 1527, 1529. — Jean Georget, 1540. — Jean Luet,
1550. — Julien Perchaud, 1551. — Jean Leverrier, chanoine
de Saint-Just, 1569, 1579. — René Le Sayeux, 1583,
1613, t le 25 juin 1625. — Philippe Le Roy, 1613-1621. — Georges
Le Roy, 1621-1645, † 1646. — Jean Besnier, 1615, inhumé
dans le choeur de Saint-Jean-l'Évangéliste, comme les suivants, le 21
juillet 1653. - René Le Roy, 1653, chanoine de Saint-Just, 1656,
prieur de Saint-Michel, 1670. Jean Allard fut commis à la desserte de
la paroisse pendant son absence, 4 février 1670. — Madelon Martin, 1670,
résigne, 1726, † 13 août 1734 - François Deshayes,
petit-neveu du précédent, chanoine de Saint-Just, 1726, t 9 février
1769. — Jean Mahier, 1770, mort à Évron, prisonnier en 1799
après avoir subi courageusement toutes les épreuves. Ses vicaires, Étienne
Rousseau et Léonard Girault, furent fidèles comme lui. Le premier intrus,
Pierre-Joseph Fouqueret, né à Château-Gontier le 5 août 1762, vicaire
épiscopal de l'évêque constitutionnel d'Angers, installé le 30 juillet
1791 par le maire Détriché, qui lui passa l'étole, mourut subitement,
peut-être empoisonné, le 8 novembre suivant. Une pierre tombée près
de son cercueil pendant le trajet de l'église au cimetière mit tout
le cortège en émoi. Louis-François Levenard, vicaire épiscopal de Villar,
après un interrègne de trois mois, prit la succession, apostasia, se
maria, et fit pourtant, après rétractation, une fin assez rassurante
en 1814. Le 25 mai 1803, le préfet Harmand reçut à Château-Gontier,
des prêtres de l'arrondissement, le serment de fidélité au Concordat
et au gouvernement. M. René-François Hayer, ancien professeur
du collège avant la Révolution, déporté pour refus de serment, prit
possession le 26 mai avec le titre de « curé de la commune de Château-Gontier
», des églises de Saint-Jean, de Saint-Remi et de Saint-Fort, réunies
en une seule paroisse. Il sut par son zèle tempéré de douceur rétablir
la paix et faire refleurir la religion dans la ville, et mourut en fonctions,
le 19 août 1828. -- Michel Gasnier (V. son nom), 1828, t 1876.
— Julien Monguillon, 1877, 24 août 1897. — Eugène Baglin,
1897.
L'église
de Saint-Jean-l'Évangéliste ou du Petit-Saint-Jean, déjà mentionnée
en 1125 au cartulaire de Saint-Aubin, construite sur le penchant de
la vallée se trouvait avoir un choeur très élevé au-dessus de la rue
qui le contournait, tandis que l'entrée, à l'O., était enterrée de la
profondeur d'une dizaine de degrés. Au-dessus de la porte latérale,
un petit auvent abritait une Vierge en pierre, venue, dit-on, de l'ancienne
chapelle des Trois-Maries (Bazouges). On cite à diverses époques les
autels ou chapelles de Sainte-Avoie, Saint-Nicolas, Notre-Dame, Saint-Blaise,
Notre-Dame-de-Pitié, Saint-Maurice, de l'Annonciation, des Vierges.
Les bancs furent supprimés, sauf sur un rang de chaque côté, pour laisser
de la place aux pauvres, 1652. Une crypte creusée sous le chœur qu'on
reconstruisait en 1682, fitdécouvrir le corps d'un prêtre, inconnu,
enterré depuis plus de cent ans, et dont les vêtements étaient intacts,
et « le visage vermeil, les yeux beaux et clairs, le corps souple et
sans aucune trâce de corruption ». Le choeur s'est écroulé en 1884,
on y a trouvé cette inscription : Anno 1682, Henricus, episcopus
Andegavensis hunc lapidem fundamentalem posuit, sub Magdaleno Martin,
hujusce parochiae rectore, tempore syndicatus Alexii Allaire. L'autel
étant refait en 1684 par Jean Simon, architecte, Henri Arnaud vint consacrer
l'église le 3 octobre 1685. Il y avait des chapelles fondées : l'une
de Saint-Nicolas, avant1472 ; une autre dotée par Jean Gaultier et Gillette
Le Verrier, le 3 mars 1490 ; une troisième due à la famille Trochon,
et ayant 60 L de rente. L'Adoration perpétuelle fut établie par ordonnance
du 20 juillet 1716. L'église, dont le grand autel fut réclamé par l'intrus
du Grand-Saint-Jean, destinée d'abord à devenir urne poissonnerie, servit
enfin de prison pour les Vendéens, et fut détruite à la fin de 1794.
La côtière nord renforcée de contreforts, existe encore à la hauteur
d'un mur de clôture sur la rue. La tour flanquait le côté opposé. L'église
fut toujours desservie par le clergé de Saint-Jean-Baptiste.
Saint-Remy
n'était non plus à l'origine qu'une succursale de Saint-Jean-Baptiste,
mais qui, vu son importance, ne tarda pas à conquérir une certaine autonomie.
La paroisse (1293), le curé et les paroissiens de. Saint-Remy
(1398), la paroisse de Saint-Remy du dehors de Chasteau-Gontier
(1563), tels sont les termes employés de bonne heure pour la désigner.
Le prieur de Saint-Jean assurait au desservant deux setiers et demi
de seigle, autant de froment, quelques dîmes, le tiers des offrandes
et toutes les sépultures. Mais les baptêmes et les mariages ne se faisaient
qu'à la grande église, 1283. Le clergé de Saint-Remy étant allé, le
11 mars 1443. « croix et enseigne levées », au-devant de l'évêque, le
prieur rappela qu'il était « chief et maistre collège de toutes les
églises, que les vicaires ou curés de Saint-Jean-Baptiste et de Saint-Remy
n'estoient que ses vicaires..., et qu'ils ne pouvoient faire procession
particulière, fors environ lesdites églises et cimetières joignant icelles
». Avec le temps, le curé de Saint-Remy conquit à peu près, surtout
depuis une ordonnance du 22 août 1673, tous les droits des vicaires
perpétuels, sauf pourtant la permission de baptiser dans son église.
La paroisse agrandie, en 1789, de quelques portions du territoire de
Saint-Fort, grâce à l'empressement que mirent ses procureurs à rédiger
des mémoires et des plaidoyers pro anis et focis, 1790, et malgré la
jalousie des rivaux qui prétendaient qu'elle était un repaire d'aristocrates,
put assurer son indépendance et se doubler même d'une commune civile.
Le Concordat la réduisit à n'être qu'une chapelle vicariale, et son
titre de commune fut supprimé par décret daté du camp de Schoenhrunn,
le 5 août 1809. Une ordonnance du 21 juillet 1824 l'érigea en succursale.
C'est encore sa situation actuelle.
L'ancienne
église avait des parties du style roman primitif : la porte à double
voussure, les petites fenêtres du côté S., et les contreforts plats.
Le choeur ne datait que du XVe s. et tout le reste de l'édifice avait
été profondément remanié (V. l'Album de Château-Gontier de M.
Tancrède Abraham et la Notice archéologique de M. l'abbé Charles).
Le clocher, incendié par la foudre en 1598, fut reconstruit l'année
suivante. Neuf autels ou chapelles décoraient le vaisseau intérieur,
sous les vocables de Saint-Blaise, de Saint-Jean-Baptiste, de la Nativité,
de Sainte-Anne, de Saint-André, de Saint-Joseph, de Notre-Dame-de-Pitié,
de Saint-René, faite aux frais de M. Moulin, curé, 1722, de l'Ecce
Homo. Les bénéfices fondés étaient ceux de la Pignerie,
de Saint-Julien, de l'Aubépin, de Saint-Jacques et Saint-François, de Loispeaux,
de Saint-André et de la Prison, dont était patron le supérieur du séminaire
de Saint-Nicolas du Chardonnet. Les confréries connues sont celles :
des Prêtres, de la Sainte-Couronne (avant 1642) ayant un office propre
; de Notre-Dame des Agonisants, avec statuts et manuels approuvés par
Henri Arnaud, 17 avril 1660 ; de l'Adoration perpétuelle, érigée le
20 juillet 1716, avec procession qui permettait au clergé de protester
contre les prétentions exclusives du prieur et des Bénédictins ; on
y portait aussi une statue de sainte Marguerite, objet d'un culte traditionnel.
L'église, fermée, en 1792, halle aux grains et même écurie et étable
pour les chevaux et les boeufs de la troupe, fut rouverte et réconciliée
le 5 mai 1797. On s'occupa de l'orner à nouveau. Par contrat passé,
le 8 avril 1806, avec Louis Allard, médecin et fabricien de la paroisse,
Pierre-Louis David, d'Angers, s'engageait à faire pour la somme de 550
francs « deux statues qui auront chacune 7 pieds 8 pouces de hauteur,
y compris le soc qui n'aura que 6 pouces de haut, lesquelles statues
seront de pierre, l'une représentera Saint-Remy, évêque, et l'autre
Saint-Sébastien, et elles seront conformes au dessin que j'ai présenté
audit Louis Allard, si ce n'est que la chappe de Saint-Remy ne sera
point relevée et le bras qui la tient sera un peu relevé et plié. La
soutane sera de couleur rouge, le rochet blanc, dont le bas sera ainsi
que le bout des manches en forme de dentelles ; l'étoile avec une frange
au bas, dorée, avec un ruban qui l'attache, d'où pendront deux glands
dorés ; la chappe et l'étoile de couleur violette, l'orfroy en or, la
lisière de la chappe, la barette et la croix dorée ; la mitre fond blanc,
les filets dorés, la croix dorée et le bandeau, les coins ou glandsde
la mitre dorés, les gants violets, un anneau à la main droite... La
statue de Saint-Sébastien sera également conforme au dessin, elle sera
peinte en couleur de chair, la ceinture blanche ainsi que les trois
flèches, l'arbre couleur d'écorce. Les statues seront peintes à l'huile,recouvertes
d'un beau vernis. » L'artiste s'obligeait en outre à les placer lui-même,
dans le courant de septembre, de chaque côté du grand autel, sur un
cul-de-lampe qu'il se chargeait de raccommoder. Ces deux œuvres d'art
ont été enfouies en terre lors dela construction de la nouvelle église
!
Le
1er octobre 1865, l'évêquede Laval bénit la première pierre d'une nouvelle
église, construite sur les plans de M. Lambert et qui put être livrée
au culte le 1er octobre 1870. Elle est élégante, en style du XIIIe s.,
bien à sa place sous le ciel angevin avec son luxe de pierres blanches
et de décorations. En copiant les formes, en rééditant les procédés
des bâtisseurs du moyen-âge, nos modernes architectes ont quelquefois
tort. Pourquoi ici par exemple des arcsboutants, qui sont déjà devenus
un embarras, pour soutenir des voûtes qui n'ont pas de poussée ? On
eût fait cela au XIIIe S. pour contrebouter des voûtes massives, mais
pour supporter des briques et de maigres arceaux les murs et des contreforts
suffisent. Le vaisseau intérieur est richement ornementé et plus beau
et majestueux même que ne l'indiquerait la vue extérieure. Le mobilier,
choisi sous l'inspiration artistique de M. L. de Farcy, est ce que l'on
peut attendre de sa foi et de son goût.
Curés
: Gervasius, persona Santa Remigii, 1230. — Hubertus, rector,
1264. — Geoffroy Bigot, chapelain, 1283. — Guillaume Lechartier,
recteur, 1335. — Jean Deien, « prestre recteur », 1374. — Guillaume
Pigouz, 4392. — Geoffroy Hardy, « prestre, vicaire, curé
», 1446. — Olivier Moreau, curé, comme tous les suivants, 1477.
— Jean Quentin, 1477. 1480. —Jean-René Tessé, 1485, -1501.
— Jean Hus, 1508. — Guillaume Guineheu, 1519.
— Gabriel Juffé, 1565, 1568. — Pierre Guillocheau, 1574.
—Jean Marion, 1577, † 21 novembre 1586. — Aubin Aubry,
chanoine de Saint-Just, 1592, † 9 novembre 1616. — Jean Lemoulnier,
1616, † 22 juillet 1632. -- Jean Crannier, maire et grand chapelain
de Saint-Laud d'Angers,1633. — Eustache Guilloteau, aumônier
du roi et chanoine de Saint-Just, 1648.— Jean ou René Martinet,
bachelier de Sorbonne, ancien curé de Saclay (Versailles), 1657, † 8
septembre 1676 ; il avait avec son vicaire fait don à l'église
d'un tabernacle et d'une lampe d'argent. — Gabriel Quentin, 1676,
t 23 décembre 1687 ; Jean-René Tessé, fils de Jean T., écuyer,
sieur de Mergotte, et de Catherine Genoil, de Sainte-Croix d'Angers,
24 janvier 1688-19 janvier 1689. — Charles Arthuis,
conseiller au présidial de Château-Gontier, 1689, † le 20 avril 1710,
âgé de cinquante ans. — Pierre Dugué, 1710, 1713, — René Moulins,
chanoine honoraire de Saint-Just, prieur de Saint-Blaise en Marigné-Peuton,
1713, inhumé dans la chapelle de Saint-René qu'il avait fait bâtir.
— Jacques-Anne-Maurille Morin, chanoine honoraire de Saint-Just,
1728, passa au diocèse d'Auxerre en faisant administrer Saint-Remy par
M. Cartier, curé de Congrier, 1734, 1735. — Marc Delhommeau, 1735, inhumé
chez les Ursulines, le 15 juillet 1736.— Jean-Baptiste Viel,
curé de Durta1, 1736, rentra à Durtal, 1739, puis passa à Morannes,
1742. — Jean Mahier, docteur en théologie, 1739-1749. — Étienne
Dean de Lu igné, 1747, archiprêtre d'Angers et curé d'Andard,
1755. — Barthélemy Millet, de Château-Gontier, 1755, 1758. Jacques-Anne-Maurille
Morin, pour la seconde fois, 25 août 1758, † le 6 octobre
1777, âgé de soixante-quinze ans. Les registres paroissiaux sont annotés
de sa main. Il commença aussi un registre spécial, « afin de conserver
l'histoire du gouvernement de la paroisse dont toutes les délibérations
sont perdues, dit-il, étant passées par devant des notaires dont on
ne retirait point copies ». — Pierre Crosnier, 1777, signe son
dernier acte le 24 juillet 1791, † à Jersey, le 30 mai 1793. Des deux
vicaires Barthélemy Millet qui avait fait les fonctions de curé, transféré
des prisons de Laval à Rambouillet, y mourut le 1er août 1794 ; Jean-Marie
Lepage, déporté à Jersey, rentra en France, en 1795, et fut envoyé sur
les pontons de l'île d'Aix d'où on ne le voit point revenir. L'intrus
fut Urbain-François Fouqueret, aussi vicaire de Saint-Remy, frère du
curé de Saint-Jean-Baptiste, et installé par le maire le même jour que
lui. Il abdiqua toutes fonctions ecclésiastiques le 25 janvier 1794,
puis les reprit en 1796, d'abord dans la chapelle de Saint-Joseph. Après
un acte tardif de soumission au Concordat, il fut curé de Pruillé-l'Éguillé,
démissionna le 23 novembre 1808, fut transféré à Lavaré et y mourut
peu après. — Pierre-Jean Bréheret, 1803, † 1842 (V. ce nom).
— René-Arsène Toury, né à Vallon, vicaire de Pré-en-Pail, curé
de Bessé, supérieur de Tessé, aumônier de Notre-Dame de la Flèche, curé
de Saint-Remy, 1842-1848, et depuis archiprêtre de Saint-Calais, vicaire
général, 1858, 1866. — Doreau, 1848-1861. — André-Louis-François
Guillotin, 1861, t 2 décembre 1871. — Stéphane Couanier de
Launay, 1871-1878. — Bellon, 1878.
Une
autre paroisse, sous le vocable de la Trinité, a été érigée dans l'église
de la Trinité pour le quartier de la rive gauche (V. infra).
Bull.
de la Comm. hist. de la M., t. I, p. 73. — Bull. hist. de la
M., t. VI, p.28. — Mayenne pittoresque.—Baron de Wismes,
le Maine et l'Anjou.— Echo, 1848. — Arch. de la M., G.
titres non inventoriés ; H. 15, 147, f. 109; B. 2.348, 2.738 : L. 50.
— De la Beauluère, Recherches, mss., t. XVI, p. 320. — Bibli. de Laval,
fds. Couanier. Aa. — Mss. Thoré. — Arch. nat., F17 .3.241. — Couanier
de Launay, Monographie de l'église Saint-Remy.
Chapitre
de Saint-Just. — En même temps que les Bénédictins organisaient
le service paroissial dans la nouvelle ville, le seigneur fondait pour
son propre usage et prés de son château la petite collégiale de Saint-Just.
On connaît, dès 1120, le nom de quatre chanoines auxquels étaient adjoints
plusieurschapelains ; leur église sert de lieu de réunion pour les confrères
de l'aumônerie, et l'évêque Ulger en 1145 obtient du seigneur le droit
de conférer les prébendes. La chapelle qui existe encore, transformée
en maison d'habitation, plantée sur le rocher taillé à vif d'où elle
domine les toits de la Grand'Rue, est de construction romane, sans aucune
décoration. Le choeur s'écroula il y a trente-cinq ans ; la litre est
visible extérieurement. On croit qu'une crypte ou un caveau funéraire
règne sous une partie de l'édifice. L'église était pourvue d'un orgue
en 1581. A la même époque, l'un des chanoines reçut mission de faire
bâtir au « chapitereau la librairie et de s'y accommoder comme il verra
estre à faire ». L'ex-libris de la bibliothèque (XVIIIe s.) est armorié
d'azur semé de fleurs de lis d'or à la croix d'argent ; légende
: D. Dominis canonicis Sancti-Justi. Le sceau, dont je trouve mention
en 1586, portait sans doute cet écusson. Le reliquaire de saint Just
fait et ciselé, au XVe s., parun orfèvre de Château-Gontier, Gervais
Tressart, représente un bras dressé sur un piédestal octogone supporté
par huit petits lions, allusion à la ville de Lyon dont saint Just fut
évêque ; il est en cuivre orné de filigranes. M. Guays des Touches a
été assez heureux pour retrouver dans un endroit perdu cet objet d'art
et pour le sauver ; il est aujourd'hui conservé dans le trésor de l'église
de Saint-Jean. Il renferme encore l'inscription sur parchemin reproduite
plusieurs fois avec quelques inexactitudes : Ibi sunt particulebrachii beati Justi ab codem diminute dum reposite sint in presenti
capsa per Gervasium Tressart,aurifabrumCastrigunterii
commorantem, die lune in vigilia Nativitatis Domini, anno ab incarnatione
Domini millesimoquadragentesimo septimo. Ces reliques avec
d'autres et des objets d'orfèvrerie se renfermaient dans une « fenestre
derrière le grand autel », et n'en étaient tirées qu'avec solennité,
suivant une décision capitulaire de 1584. La Vraie Croix de Saint-Just
avait une confrérie, érigée par bulle de Clément XII, en 1732, et mandement
de l'Ordinaire. On l'exposait quand un des confrères était en danger
de mort. Un manuel de la confrérie fut imprimé, en 1735, chez Gentil.
Les Statuts du chapitre, rédigés en 1414, et dont une copie se trouve
dans un manuscrit de la bibliothèque municipale, furent réformés en
1572, et traduits en latin par Michel Bouju, prêtre.
Le
chapitre général se tenait le lundi après l'Épiphanie, sous la présidence
du premier dignitaire, dit le Correcteur. Aucune fonction paroissiale
ne pouvait s'exercer dans la chapelle. Le plus beau privilège des chanoines,
attribué partout d'ailleurs aux chapitres ou collégiales, était de nommer
et de surveiller les maîtres d'école de la ville. Ses ressources consistaient
en dîmes, celles de Houssay entre autres, « la dîme et baise-main de
Saint-Just », affermée 55 livres en 1587, un fief, quelques droits sur
les sépultures, un dixième du sel levé par le seigneur sur les bateaux
remontant la Mayenne, et de nombreuses fondations, savoir : les chapelles
de la Houssaie ; de la Manutière, fondée par Étienne Aubin, curé de
Chambellay, vers 1444 ; de Saint-Michel, dotée par Michel Déan et Philippote,
sa femme, le 1er juin 1495 ; de Saint-Nicolas, fondée, avant 1474, par
Philippe Locquart ; de Saint-Jacques de la Colaserie, fondée par Vincent
Blanchouin, 1483 ; de la Grande et de la Petite-Notre-Dame ; de la Fosse
; de la Mabilière. Dès 1286, Étienne Du Mans, archidiacre d'Angers,
avait fondé deux messes par semaine à Saint-Just. Tous les chanoines
et chapelains refusèrent, en 1791, le serment schismatique.
Correcteurs
: Geoffroy Bouteiller, 1120. — René Jolivet, 1542, 1571.
— Jacques Coudray, 1583, 1585. — Noël Eschart, 1585, 1592.
— François Bonneau, 1608, 1619. — Guillaume Chevrolier,
1619-1624. — Gabriel Dubois, 1624-1648. — Nicolas Girard,
1648-1656. — René Boulguyer, 1656-1672. - Jean Juffé,
1672-1696. - Michel de la Barre, 1696-1712. - Julien Clousier,
1712-1728. - Barthélemy Boucault, 1728-1736. - Louis Bionneau,
1736-1760. - Dominique Arthuis, 1760-1776. - Guillaume Nautier,
1776-1784. - Joseph Peltier, 1784-1791.
Arch.
de la M., un reg. capitul. du XVIe s. - Bibi. nat., fds. D. Housseau,
t. XVII. - L. de Farcy, Mélanges de décoration religieuse. -
Revue du Maine, t. III, p. 427. - Revue d'Anjou, t. I,
p. 420.
Les
moines de Saint-Nicolas, en se fixant au lieu déjà connu sous le nom
du Geneteil, eurent à s'entendre avec le seigneur de Château-Gontier,
dont ils touchaient la ville et les possessions, et avec le curé d'Azé,
dont la juridiction s'étendait jusque-là. Le seigneur Alard leur permitde
fonder un bourg à condition de ne pas y attirer ses propres bourgeois
sans sa permission ; d'établir une foire, de prendre les droits de coutume
sur leurs étagers, et de vendre à leur profit les emplacements où ils
bâtiraient. Le règlement sur la vente du pain est curieux. Alard était
convenu avec les religieux que le four, bâti à frais communs, serait
aussi à commun profit. Mais son fils Renaud voulut empêcher ses sujets
qui demeuraient entre le pont et le prieuré d'aller à ce four banal
(1162-1177), puis, cessant ces tracasseries, il permit aux sujets du
Geneteil de venir vendre à ses portes et même de remporter le pain non
vendu pour l'étaler chez eux. Renaud, fils du précédent, fit, en 1190,
avec les boulangers des moines un autre accord dont les termes mêmes
ne sont plus intelligibles pour nous ; il ne leur permettait au surplus
d'exposer à leur étalage qu'un ou deux pains pour enseigne, les autres
devant être renfermés à l'intérieur de la boutique et à une brasse de
la fenêtre avec les marchandises qu'on n'étale pas. Telle est, au civil,
l'origine du faubourg du Geneteil.
Sous
le rapport ecclésiastique, l'évêque Ulger régla les droits réciproques
du prieuré et de la paroisse d'Azé pour le partage des oblations. Le
Vendredi-Saint, à Pâques, à l'Ascension, à la Pentecôte, à la Toussaint,
à la Saint-Saturnin, fête paroissiale, tous les habitants du faubourg
devaient se rendre à l'église mère d'Azé ; les deux clergés se réunissaient
pour la procession des Rameaux. Malgré ces règlements, les occasions
de rivalités ne manquèrent jamais entre les deux églises, même après
que le prieuré eut cessé, ce qui arriva de bonne heure, d'être conventuel.
Au XVe s., le chapelain du prieur se permettait de « faire noces, d'amesser
les commères et de faire son service à heure illicite qui empeschoit
aux paroissiens d'aller au service de leur paroisse ». Les habitants
du faubourg, attachés à l'église élevée au centre de leurs demeures,
y multipliaient les fondations, qui y fixèrent un clergé assez nombreux.
Ce fut bien plus grave encore quand le collège fut installé dans l'ancien
prieuré lui redonnant et à son église une vie et un éclat nouveaux.
La
chapelle du Geneteil qu'on contruisait en 1125 est de style roman pur.
La nef, large de 9 m, en a 27 de longueur, et le transept et le chœur
en forme d'abside ont 15 m ; au centre, une voûte en coupole s'éclairait
primitivement par des fenêtres maintenant murées. Extérieurement, la
façade O., terminée par un pinacle lourd et écrasé, a sa porte et la
grande fenêtre à double archivolte encadrées entre deux contreforts
divisés dans leur hauteur par des larmiers ou tailloirs saillants. Les
angles sont cantonnés de deux contreforts plats comme ceux qui divisent
la nef en travées. Les fenêtres, qui ne sont plus les étroites meurtrières
du XIe s., ont leur archivolte surmontée d'un cordon presque sans ornements.
Au XVIe ou au XVIIe siècles, la nef fut séparée du transept et du choeur
par une cloison à laquelle s'adossait l'autel de la Trinité.
Une
cloche, qui existait encore en 1712, portait pour inscription L'an
M CCCC e XV, Simon Levacdos, mon paren, † P. E. Lesné me fist
faire au nom de la Vierge pucelle. Sur la petite cloche on lisait
ces mots : J'ai été refondue aux frais de Me Henri-Joseph de la Brunetière
du Plessis de Geté, prieur de Notre-Dame duGeneteil, par les
soins de Louis Machefer, fermier dudit prieuré, 1693.
Prieurs
: Guy de Daon, 1118-1125. - Herbert de Montjean,in
obedientia Genestolii prior, 1118-1135. - Hugues de Chemillé,
1125-1149. - Jean, 1190. - Geoffroy de Launay, 1364. 1372.
- Jean Noellet, 1393. - Pierre Cornilleau, 1422-1144.
- Simon de Chef, 1456; il fut abbé de Saint-Nicolas, 1429-1462.
- Antoine de Bussul, 1465, 1470. - Pierre de Gennes,1473,
1180, étudiant en l'université d'Angers. - Péan du Plessis, 1494,1495,
étudiant en l'université d'Angers. - Frère Jean Jauffré, dit
de Chambrignac, 1527. - Mercure de Peyrac, 1569, 1574. - René
Gaignard, chanoine d'Angers, 1598. - Noble Pierre Costard,
1637. - Guy Lasnier, abbé des Vaux, archidiacre de Paris, 1639,
1663. - Henri-Joseph de la Brunetière du Plessis-Geté, 1693.
Arch.
de la M., Cart. du Geneteil ; G. 13; E. 25, p. 2; H. 213. 2.328. - Arch.
nat., P. 237/2; G/8. 1268. - Cab. Toisonnier.
Ursulines.
- A une proposition d'établissement dans la ville qui leur était faite
par les Ursulines, les habitants répondirent favorablement le 9 septembre
1622, et ayant obtenu l'autorisation de l'évêque d'Angers, en juin 1629,
ils s'adressèrent au roi, lui remontrant que l'instruction donnée par
les Ursulines serait propre à ramener les protestants qui avaient des
assemblées dans le pays. Les lettres patentes furent accordées à Troyes
au mois d'avril 1630. Les premières religieuses vinrent de Laval, sous
la conduite de la soeur Catherine Moreau, s'établirent le 7 août 1631
sur la paroisse de Saint-Remy en dehors des murs, et reçurent l'année
suivante quatre nouvelles compagnes venues d'Angers.
René
d'Héliand, seigneur de la Touche, leur vendit en 1634, pour 7 000 livres,
une closerie au faubourg d'Azé, où elles entreprirent la construction
d'un nouveau couvent. Ambroise, Antoine et Gilles Revaux, de Bazougers,
en posèrent la charpente en 1648. Les Corbineau, de Laval, donnèrent
les plans de l'église, dont la première pierre fut bénite, le 5 avril
1660, par l'abbé de Paire, et que bâtit René Trouillard, architecte
et maître maçon au faubourg d'Azé. Pierre Corbineau, dont la fille avait
fait profession au couvent en 1650 faisait encore en 1662, 179 toises
de maçonnerie aux cheminées de l'infirmerie, aux lucarnes, « au rehaussement
des garde-robes, au parpain des refants des confessionnaires et à la
grille des choeurs haut et bas ». Jean et Michel Liziard, de la Bazouge-de-Chemeré,
plaçaient les boiseries. Noël Nau, marchand plombier à Angers, travaillait
au dôme, s'engageant à faire « des chérubins, feuillages, fleurons ou
rayons », comme le désireront les religieuses. Jean Belot, menuisier
à Château-Gontier, posait pour 300 livres un lambris à l'église tout
préparé pour la peinture. Enfin René Trouillard achetait à Durtal, le
10 décembre 1663, « six vingts pieds de long de pierre de rayrie propre
pour faire les marches et l'appui d'une balustrade et des deux tables
d'autel ». Henri Arnauld vint consacrer l'église, le 28 novembre 1664,
sous le vocable de la Trinité et l'autel situé en face du choeur des
religieuses en l'honneur de saint Joseph. Simon Cailleau mit autour
de l'autel en 1712 une balustrade en fer forgé et ouvré à fleurons,
haute de 2 pieds 8 pouces et longue de 7 toises et 2 pieds. Le maître-autel
actuel est l'oeuvre de Louis Boquet, architecte et sculpteur à Angers,
et de Paul Legué de la Rivière, architecte à Château-Gontier, qui en
firent le marché le 9 septembre 1760. Le devant d'autel devait être
en « marbre de Monroux de Laval (Argentré), varié dans le cadre de marbre
blanc, et le Jéovah du milieu de pareil marbre blanc bien uny et poly,
la plinte, la corniche et les deux consoles de marbre noir » ; les colonnes
sont aussi en marbre de Montreux. Le tabernacle fut exécuté sur le modèle
de celui de l'Hôtel-Dieu d'Angers. Le retable est vraiment remarquable
par la façon heureuse dont il s'adapte au mur et à la voûte. La façade
de cette église, qu'on pourra étudier pour apprécier le genre adopté
en 1660 par notre Pierre Corbineau, est en pierre blanche. La porte,
couronnée d'un fronton et d'une niche, est encadrée de pilastres plats
dont les assises sont distinguées par une profonde moulure et qui supportent
un entablement prenant toute la largeur de la façade sur une hauteur
de plus d'un mètre. Au-dessus s'élève le pignon, ouvert au centre d'une
grande fenêtre accostée de deux petits pilastres de même structure que
les autres, et surmontée d'un fronton triangulaire. Intérieurement la
fenêtre, garnie d'un vitrail représentant la Sainte-Trinité, est coupée
vers le haut par la voûte en plâtre qu'on a faite pour remplacer le
lambris. Aujourd'hui de grandes verrières représentent la sainte Vierge
et saint Joseph, sainte Scholastique, saint Augustin, sainte Ursule
et saint Charles Borromée ; deux grands tableaux figurent le martyre
de saint Gervais et la mort de la Vierge. Le tableau du maitre-autel
est, dit-on, le travestissement d'une scène payenne, peinture de David,
et qu'on a transformée en une Trinité dont l'aspect étrange fait croire
à la légende.
Cette
maison, où l'on se dévouait à la tâche ingrate de l'instruction des
enfants de toutes les conditions, vit affluer les vocations ; les familles
les plus distinguées du pays y fournirent leur contingent. Toutes les
religieuses, sauf deux, refusèrent le serment schismatique à l'exemple
de leur aumônier, Paul-Charles Leblanc, qui, déporté, mourut en Angleterre.
Expulsées, dispersées quatre par quatre dans des maisons hospitalières,
traduites de nouveau, en février 1794, devant la municipalité, elles
refusèrent le serment et furent emprisonnées avec les suspects et les
religieuses hospitalières dans leur propre couvent. Un jour surtout,
à l'arrivée de la commission révolutionnaire à Château-Gontier, elles
crurent leur dernière heure arrivée et se préparèrent à la mort, assistées
par un ancien vicaire de Loigné, Louis-Joseph Provost, qui put arriver
jusqu'à elles.
Les
religieuses survivantes ont racheté leur maison en 1807, l'église en
1814. Elles ont un pensionnat, une école gratuite et, depuis 1846, une
salie d'asile pour la paroisse d'Azé.
L'église,
d'abord chapelle vicariale de Saint-Jean au Concordat, est devenue paroissiale
et a été desservie par : Jean Lochery, de Château-Gontier, vicaire
insermenté de Saint-Thomas de la Flèche, 1803, † 1809. — Hayer,
1809, 1826. — Bataille, 1826-1852. — Fouilleul, 1852 1872.
— Pascal-Jean Piednoir, 1872, 1889. — Gérard, 1889.
Hôpitaux.
Saint-Julien. —
Dès que la ville commence à se constituer on voit apparaitre une association
de confrères desservant une aumônerie établie à proximité, mais au delà
du pont, sur le territoire d'Azé. Vers 1119, les frères veulent se donner
avec leur maison à l'abbé Vital et à ses moines. L'abbé ainsi désigné
par son seul nom ne peut être que Vital de Mortain qui, après avoir
habité et évangélisé le Craonnais, venait de fonder l'abbaye de Savigny.
Il n'y a pas d'autre abbé Vital dans les monastères angevins à cette
époque. Les religieux de Saint-Nicolas, patrons de la paroisse d'Azé,
s'opposèrent à cette cession et obtinrent du pape Callixte, qui se trouvait
à Angers, et plus tard (28 mai 1120) de l'évêque Renaud de Martigné,
qui partait pour la Terre-Sainte, qu'elle se fit en leur faveur. Ils
s'engageaient à envoyer à l'aumônerie douze religieux, huit prêtres
et quatre laïques, qui chanteraient une messe quotidienne pour les confrères,
vivants et défunts, qui leur administreraient les sacrements en cas
de maladie, assisteraient à leur sépulture, et recueilleraient douze
pauvres. Ces conventions furent confirmées, le 21 janvier 1121 (n. s.),
dans l'église de Saint-Just, en présence d'Alard de Château-Gontier,
qui fit don à l'aumônerie ainsi constituée du lieu de la Rouillère.
Guérin du Bignon, seigneur du fief, avait aussi donné son consentement.
Mais
ce projet d'un prieuré conventuel qui eût été en même temps un hospice
n'aboutit point. Au commencement du XIIIe s., les confrères, les
bourgeois et le seigneur s'occupent d'une réorganisation de l'aumônerie.
Elle est transférée à la tête du pont, sur la rive gauche, elle a une
chapelle, et les confrères continuent de la desservir. Le pape Innocent
III délègue l'évêque, le doyen et l'archidiacre du Mans pour trancher
les difficultés qui peuvent surgir entre les religieux et les aumôniers.
On convient qu'il n'y aura jamais qu'une cloche à la chapelle, que le
chapelain ira prendre son investiture de l'abbé à Angers, que le cimetière
ne pourra servir qu'aux confrères et aux pauvres hospitalisés, et qu'on
n'admettra les paroissiens d'Azé, sains ou malades, que du consentement
du curé. Dans la chapelle même, les religieux se réservaient des droits
honorifiques et utiles. L'ancienne aumônerie, qu'on nomme encore, en
1410, « la vieille aumosnerie du faubourg du Geneteil », et, en 1509,
« la maison où souloit anxiennement estre la Maison-Dieu et aumosnerie
de Chasteau-Gontier, » restait aux Bénédictins. Le seigneur Alard, «
volens miserie mederi, pauperum » donne l'indemnité du terrain,
les profits de la foire de la Toussaint, droit d'usage dans la forêt
de Flée, et le péage du pont pendant les vendanges. La Maison-Dieu eut
dans la suite un fief qui s'étendait en Azé et sur quelques maisons
de la ville, droit de pêche dans la rivière, des premières aux
secondes vêpres de la Saint-Gilles (1er septembre). Un porc essoreillé
d'une oreille qu'on. appelait « le pourceau Saint-Jullian, auquel les
manans et hahitans doivent ce qu'il leur plaist pour le nourrir », vaguait
librement dans les rues. Outre les pauvres hospitalisés on hébergeait
pour une nuit les pauvres passants. Au XVe s., comme dans d'autres villes,
l'aumônerie eut tendance à devenir un bénéfice au profit de l'aumônier
pourvu par le seigneur.
Pendant
cette période, l'aumônerie est gouvernée par : Me Simon, avant
1272. — Lucas, « prioul de la Meson-Dé », cité avec les confrères
James Letaillandier, James Odierne et Mathurin Perdrier, prêtre, 1272.
— Guillaume Colas, prêtre, « priour du priouré de l'aumosnerie
», 1374. — « Très honorable homme, sage et discret Monseur Guillaume
de Cleder, docteur es lois, priour du priouré de l'aumônerie
», 1382, 1393. — N. Fourré. — N. André. — Jean Dornois,
« prestre, prieur, gouverneur et administrateur », 1402.— Michel Fauvel,
prieur et administrateur, 1405, 1410. — Guillaume Larconneur,
maître administrateur, 1423. — Guillaume Fléaut, 1428. — Jean
Labbé, licencié ès lois, 1472. — Jean Le Grand, t 1489.
— Frère Robert Naturel, protonotaire apostolique, 1489. — Pierre
Gohier, 1449, 1452, gouverneur et administrateur. — Jean Barrault,
1453, 1457.
En
1507, Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon, vint visiter sa baronnie
de Château-Gontier, « et, voyant que l'hospital n'estoit pas gouverné
selon que la grandeur de sa piété et de sa charité sans pareille eust
pu désirer », elle s'engagea à remplacer le maître administrateur et
les treize pauvres frères par treize religieuses et un chapelain ; ce
dernier resta à la présentation du seigneur, et le nombre des religieuses
fut réduit à six par décret de l'évêque d'Angers du 25 janvier 1508
(n. s.). Marguerite de Lorraine fit les frais de la construction de
la chapelle et du couvent. Les religieuses, du tiers ordre de Saint-François,
vinrent de Mortagne sous la conduite de soeur Isabeau Viseuse ; « les
religieuses, mères et couvent de Saint-Julien, ayant l'administration.
de l'hospital et Maison-Dieu,» n'étaient pas cloîtrées pendant les dix
premières années et elles soignaient aussi les malades en ville ; un
« procureur ou gesteur » donnait ses soins à l'administration du temporel.
Des difficultés entre les habitants et la communauté avaient décidé
les soeurs, en 1566, à se retirer à Champigné, dans un couvent que leur
avait donné le duc de Montpensier ; mais l'avocat du roi leur fit comprendre
qu'elles ne pouvaient déserter ainsi, et neuf d'entre elles restèrent,
sous là direction de la soeur Antoinette de la Grandière. Au mois de
décembre 1591. le capitaine Cessart, qui commandait au nom des royaux,
voulait « abasser » la maison. Les soeurs purent obtenir de M. de Rochepot
et de M. Pichery d'être préservées ; mais quand les ligueurs furent
à leur tour maîtres de la ville, M. de Boisdauphin jugea une démolition
du couvent nécessaire ; il fut évacué pour toujours, le 3 mai 1593.
Réinstallées au Buron, les Franciscaines continuèrent jusqu'en 1613
de nourrir les malades.
En
1619, les « Pères des pauvres » firent faire par Jacques Tardif et Jean
Pigeon, maîtres maçons, un bâtiment propre pour loger les malades et
ceux qui les servaient et une chapelle, le tout en place de l'ancienne
église de Saint-Julien. Les frais atteignaient, en 1624, la somme de
3 .623 livres. Les recettes s'élèvent successivement : à 1 347
pour 1613-1614 ; — 3 567 livres pour 1629-1630 ; — 3 379 livres
pour 1632-1633 ; — 3 146 pour la seule année 1635. Un chirurgien
perçoit 25 livres en 1630 ; et le docteur en médecine 18 seulement pour
trois ans. Les malades recevaient les soins de personnes dévouées, sans
voeux de religion.
Dès
l'année 1655, la ville désirait remettre l'hôpital aux mains des hospitalières
de la Flèche ; mais Henri Arnauld refusa son autorisation jusqu'à ce
que les soeurs eussent modifié leurs constitutions. Pendant ce temps,
M. Drogo, prêtre breton, pensionnaire de l'hôpital auquel il avait donné
son bien à viage, fit admettre, par contrat passé le 18 février 1673
devant Jean Gilles, les soeurs de la Miséricorde de Jésus, dont la maison-mère
était à Dieppe et qui desservaient l'hôpital de Vitré. Les soeurs Jeanne
Cerisier, Perrine Geffart et Olive Duchemin, vinrent de Vitré, conduites
par la Mère Marie Baudouin, de Dieppe, qui resta supérieure. Le 10 février
1674, elles arrivèrent chez les Ursulines qui les logèrent pendant neuf
jours, et le 19 le curé d'Azé, accompagné de tout le clergé de la ville
et des administrateurs, les conduisit processionnellement à l'hôpital,
dont elles prirent possession en priant à la chapelle, puis en allant
de suite servir les malades. La première pierre des bâtiments claustraux
fut posée par l'évêque Arnauld, le 9 septembre 1679 ; celle du chœur,
retrouvée en 1881, porte cette inscription : J'ay [été] posée par
honorable Marie Meignan, femme d'honorable homme René Dublineau, fondateurs
de cetes épitaphe, 1687.
Les
religieuses préparaient les remèdes. Depuis une vingtaine d'années les
médecins ne visitaient plus les malades. Trois vinrent de suite offrir
gratuitement leurs services. Les trois chirurgiens recevaient 60 livres
en commun et jouissaient de l'exemption de la taille, privilège que
les docteurs réclamèrent en 1766. Un bienfaiteur donne, en 1716, 460
livres pour l'ensevelissement des pauvres ; le collège cède, en 1775,
le terrain d'un nouveau cimetière ; les recettes s'élèvent à 10 392
livres pour 1680-1681 ; à 8 413 livres pour les deux années
suivantes. Le privilège de vendre la viande en carême, consenti par
le seigneur en 1718, à condition que le boeuf-villé soit présenté au
château et qu'on lui en offre la langue, s'afferme 300 livres. La
moyenne des décès est de 53 en 1740-1750, de 73 en 1770-1780.
A
la fin du XVIIIe s. (1786), un rapport officiel envoyé à l'intendant
rend ainsi compte de la situation de l'hôpital : « Une salle d'hommes
de trente lits, une autre semblable au-deus pour les femmes ; quarante
religieuses cloîtrées qui servent gratuitement, et entretiennent à leurs
frais une dépensière et une pharmacienne, et servent jour et nuit. Les
pauvres font quatre repas : 6 heures, 10 heures 1/2, 2 heures et 5 heures.
Deux religieuses font plusieurs visites dans la journée pour donner
les remèdes. Les plus malades ne vivent que de bouillon ; aux autres
on donne soupe, viande et oeufs, cidre et vin. On se sert d'eau de la
rivière qu'on puise dans un puits. Il y a cinq domestiques, dont quatre
couchent dans les salles. Il règne la plus grande propreté et on a soin
de renouveler l'air plusieurs fois le jour. Les médecins et chirurgiens,
par semestre, visitent l'hôpital chaque jour, reçoivent et renvoyent
les malades. Les maladies incurables ou contagieuses ne sont pas admises.
»
Quant
à la communauté, elle progressa continuellement. Elle compte 20 membres
en 1679, 28 en 1692, 35 en 1695, 45 en 1726, 36 professes en 1762, 42
en 1780, 47 et 7 converses en 1789, au moment où on leur défend de recevoir
des novices. Malgré leur refus de serment, la municipalité les laissa
à leurs fonctions jusqu'au 16 février, jour où elle proposa de les remplacer
par des « femmes patriotes », et, le 19, les fit comparaître devant
elle. En se rendant à la maison commune, « elles disaient aux citoyens
: Ne craignez pas, nous allons au calvaire, mais nous refuserons le
serment. Ce qui, ajoute le greffier municipal, pouvait exciter une sédition
». Les malades même avaient quitté les salles avant l'arrivée des femmes
patriotes ; ce fut un autre grief contre les soeurs. Elles furent emprisonnées
aux Ursulines, cent vingt ans jour pour jour après le 19 février 1674,
où les administrateurs étaient venus les y chercher processionnellement.
Elles vécurent là un an, dans l'attente résignée d'une mort qu'on se
donnait le cruel plaisir de leur faire entrevoir à tout propos. Marie
Lhuillier fut la seule victime. Le 19 et le 21 novembre 1800, les administrateurs
et la municipalité reconnaissant que le traitement des employés salariés
absorbe le plus clair des revenus, proposèrent aux soeurs survivantes,
qui n'avaient cessé de rendre service aux malades pauvres, de reprendre
leurs fonctions, ce qu'elles acceptèrent avec empressement. Leur réintégration
eut lieu le 24 juin 1801. En 1805, le costume religieux leur fut rendu.
Un décret impérial approuva leurs statuts en 1810. La communauté se
divisa, en 1833, pour desservir l'hôpital général de Saint-Joseph. La
chapelle, le couvent, l'hôpital ont été reconstruits en 1879-1882 suivant
un plan d'ensemble de M. Beignet.
La
léproserie formait, au XIIIe s., un bénéfice ecclésiastique à
la présentation alternative de l'évêque et de l'abbé de Saint-Aubin,
suivant un accord intervenu, en 1269. entre Nicolas Gesland, évêque,
et l'abbé Guillaume. Étienne Du Mans, archiprêtre d'Angers, légua aux
chapelains, en 1286, une rente de 100 sols à l'intention de Guillaume
Chaperon, official, pour l'anniversaire de la reine Blanche. Le maître
« des ladres » jouissait encore, en 1452, de la coutume de la foire
de l'Ascension qui lui avait été attribuée dès la fondation.
L'hôpital
général de Saint-Joseph, qui vint compléter au XVIIe s. les oeuvres
de bienfaisance, fut d'abord un orphelinat. Mlle Renée Le Cercler réunit,
le 12 juin 1662, dans une maison du Martray, quinze enfants : trois
« au nom de la sainte Trinité en terre, Jésus, Marie, Joseph », et douze
au nom des douze apôtres. Le revenu de quatre maisons du faubourg Tréhu
et du lieu de la Vallerie constitua les premières ressources de l'établissement,
approuvé successivement, en 1663, par l'évêque, par les échevins et
par le seigneur. La chapelle fut bénite le 2 janvier 1671. Les Dlles
Françoise et Laurence Doublard, à qui la fondatrice, trop âgée, remit
ses droits. transférèrent l'orphelinat au faubourg Tréhu le 28 septembre
1676, obtinrent des lettres patentes du mois d'avril 1680, enregistrées
le 23avril 1681, et se transportèrent enfin, au mois de juin
1698, dans la maison et la closerie d'Olivet acquises par la ville. Mlle
Marie-Anne Douard de Fleurance, fille de Mathieu D., avocat, eut le
titre de « première supérieure des filles qui seroient reçues par les
administrateurs pour le gouvernement des pauvres ». L'hospice comprit
une annexe pour les femmes de mauvaise vie. Le bureau des administrateurs
se réunissait les premiers mercredis du mois. Un règlement entre la
municipalité et la directrice intervint en 1723. La même année, le 25
août, la chapelle construite aux frais de Guy Buffebran, marchand, fut
bénite par l'évêque. Les soeurs de Saint-Thomas de Villeneuve furent
appelées à l'hospice en 1727, du vivant de Mlle Douard, qui mourut àg.ée
de soixante-quatorze ans, le 17 avril 1745. Le retrait des deniers d'octroi
força un peu auparavant les administrateurs à renvoyer un grand nombre
de pauvres. Le temporel de la chapelle de la Pelletrie fut affecté,
en 1778, à l'hospice, qui logeait soixante enfants, occupés à tisser
la toile et l'étamine, à brocher, filer et coudre, quelques folles et
de vieilles femmes ou des filles débauchées.
Pendant
la Révolution, le chapelain, Fidèle-René-François Bouchet, fut déporté
en Espagne ; il rentra en 1800, reprit ses fonctions et mourut curé
de Nyoiseau, en 1844. Les religieuses purent continuer leurs fonctions
en quittant leur costume. Des dames de charité les remplacèrent en 1806,
et cédèrent elles-mêmes la maison, en 1820, aux soeurs d'Evron. Le 8
juin 1833,1a soeur Madeleine Poilièvre, supérieure de l'hôpital de Saint-Julien,
et cinq soeurs du même établissement vinrent prendre la direction de
l'hôpital général, qui comprend en outre, aujourd'hui, une maternité,
une crèche et une salle d'asile. La chapelle a été reconstruite en style
du XIVe s.
Deux
charités s'occupaient de l'instruction des enfants pauvres et de la
visite des malades. Mlle Garnier légua, le 5 mars 1792, 10 000
livres pour la fondation d'une Providence.
Depuis
la Révolution, M. Gasnier, curé de Saint-Jean, a créé, rue des Juifs,
un orphelinat pour les jeunes filles, sous la direction des soeurs de
Saint-Vincent-de-Paul, et un établissement de soeurs de l'Espérance,
dites Garde-malades. Celles-ci, vers 1880, ont élevé un juniorat sur
l'emplacement de l'ancien collège.
Une
société de secours mutuels a été autorisée par arrêté préfectoral, le
27 décembre 1853.
Dotation
d'une Rosière par acte testamentaire de M. Paul-Romain Quinefaut, le
8 septembre 1875, pour soixante ans.
Arch.
de l'hôpital et de la communauté. — Cart. du Geneteil. — Revue d'Anjou,
1853, p. 288.— Bibl. d'Angers, mss. 956. — Mémorial de la Mayenne,
t. IV, p. 375. — Bibl. nat., fds. fr. 18.945, f. 443. — Arch. nat.,
P. 337/2. — Bibi. de Laval, fds. Couanier, Pichot, Sentences,
t. II, p. 285.
Cimetières.
Chaque
paroisse avait son petit cimetière environnant l'église. En 1494, Michel
Dean demande à être inhumé dans le petit cimetière du Grand- Saint-Jean,
et ordonne qu'il soit élevé, à ses frais, près de la croix, une chaire
à prêcher, semblable à celle qui était devant Saint-Maurice d'Angers.
Il fut supprimé en 1790. — Le cimetière du Petit-Saint-.Jean, bénit
le 24 septembre 1617, par l'évêque d'Angers, fut interdit au siècle
suivant pour cause d'insalubrité (Arch. de la M.. B. 2.857). Celui de
Saint-Remi fut également prohibé, le 22 août 1723, parce que les tombes
empêchaient la circulation autour de l'église. Un autre cimetière, sur
les fossés, avait été bénit en 1670 et agrandi en 1740 par l'adjonction
d'un jardin appartenant à la fabrique. L'allée de procession entre l'église
et le presbytère fut bénite, le 23 mars 1739, pour servir de lieu de
sépulture aux enfants. — Le cimetière primitif de l'hôpital Saint-Julien
fut transféré, le 28 septembre 1775, sur le chemin de Gennes, dans un
terrain cédé par le collège. — L'hospice Saint-Joseph avait aussi son
cimetière, qui fut bénit le 25 août 1723. — Le grand cimetière, dlit
aussi du Martray, situé sur l'emplacement de l'ancien ermitage de Saint-Ceneré,
était commun à toute la ville « de tems immémorial », dit le curé de
Saint-Jean en 1655. Boisdauphin fit raser, 1593, l'église du
Martray, qui avait pour chapelain, en 1565, Jean Moreau. On y éleva
dans la suite plusieurs chapelles dont il restait encore quelques ruines
en 1830. La principale, environnée d'un petit jardin, dépendait du prieuré
et fut restaurée, en 1634, parJean Boulay, de Bazouges. On y faisait
quelquefois des mariages. Elle fut vendue nationalement malgré les protestations
des habitants. A quelques pas coule la fontaine de Saint-Célerin dont
l'eau est réputée efficace pour les maladies d'yeux. Le cimetière actuel
ouvert, en 1825, sur le territoire de Bazouges, et notablement agrandi
en 1890, puis annexé à la ville en 1891, sert aux deux paroisses de
Saint-Jean et de Saint-Remi. Celle de la Trinité a, sur le bord de la
ligne du chemin de fer, un cimetière qui lui est commun avec l'hôpital
Saint-Julien.
Enseignement.
Collège.
— Le droit qu'avaient d'ancienneté les chanoines de nommer les maîtres
du collège leur fut renouvelé en 1413. On distinguait dès lors la «
grande escolle », régie par un principal avec plusieurs régents, dont
l'enseignement comprenait la grammaire, le grec et le latin ; et la
« petite escolle », on l'on apprenait aux petits enfants l'A B C et
les heures seulement. La dernière était à la nomination du sacristain
de Saint-Just et le titulaire se nommait le petit régent. Le chapitre
eut souvent à maintenir son monopole contre des maîtres libres qui prétendaient
ouvrir école, ne fût-ce que pour les premiers éléments ou même pour
les petites filles. Les maîtres écrivains, qui allaient à domicile donner
des leeons, de lecture, d'écriture et d'arithmétique, n'étaient pas
soumis à la juridiction du chapitre. Le corps de ville ne tarda pas
à élever des prétentions sur la direction du collège. Ce fut matière
d'un long procès, au cours duquel, vers 1550, Nicolas Bachelot, chanoine,
légua sa fortune à l'école à la condition que les régents choisis par
les habitants seraient présentés par trois délégués an chapitre qui
les examinerait et recevrait leur serment. La première présentation
par les habitants se fit le 8 mai 1580. Cinq ans plus tard, le
chapitre leur abandonnait la maison du collège située à l'angle de la
ruelle allant de la Grand'rue à la rue du Temple (emplacement occupé
par les soeurs de l'Espérance). Mais les ressources étaient insuffisantes,
et pendant un siècle on vit maintes fois le principal quitter le poste
avec tout son personnel, ou accepter une situation mieux rémunérée.
Une
fête annuelle avait lieu le jeudi après la mi-carême, où les écoliers
faisaient « monstre par la ville pour conduire le victorien »,
sans doute l'élève qui s'était distingué par ses succès (acte de 1537).
L'hôtel
de ville songea à transférer le collège au prieuré de Saint-Jean et
à en confier la direction aux religieux. L'intendant de Tours donna
son approbation le 16 avril 1687, et le procureur-syndic écrivit au
général de l'ordre : « Notre collège est composé de trois régents ;
son revenu consiste dans une rente annuelle de 250 livres bien payées,
le produit du pâturage des prairies de Saint-Fiacre, estimé rapporter
chaque année 200 livres, enfin les rétributions scolaires, soit 6 livres
par chacun des écoliers. Nous ne doutons pas que ce collège, une fois
bien établi, ne compte jusqu'à trois cents élèves. » Ce projet n'aboutit
pas. On s'adressa alors à M. Grandet, curé de Sainte-Croix d'Angers,
qui indiqua comme un maître capable l'abbé Gilles Marais, encore sous-diacre,
1692. Au bout de trois ans la situation ne lui parut pas tenable, il
alla exercer son zèle à Saint-Laurent-des-Mortiers. L'expérience ne
réussit pas mieux avec René Pelley, principal du collège de Craon. Une
démarche tentée auprès du P. Calenno, prieur des Dominicains de Craon,
pour le prier de fonder à Château-Gontier une maison de son ordre qui
prendrait la direction du collège, n'eut pas plus de succès.
A
bout d'expédients, l'hôtel de ville se décida à solliciter l'annexion
du prieuré du Geneteil (V. supra) à leur établissement en détresse.
Henri de la Brunetière, alors prieur, consentit à se désister moyennant
une rente viagère de 450 livres L'évêque, Michel Poncet, donna
le19 septembre 1708, un décret d'union qui fut confirmé par lettres
patentes du 8 février, enregistrées le 10 mai 1710. On laissa à R. Pelley
la jouissance de l'ancien immeuble jusqu'à ce qu'il fut pourvu d'un
bénéfice. Ses deux successeurs, MM. Perdreau et Brossier, trouvèrent
encore le budget insuffisant ; en 1710, vu la cherté exceptionnelle
des vivres, la rétribution scolaire, fut portée à 20 livres. A la fin
de l'année scolaire on en revint à solliciter M. Gilles Marais de reprendre
en main la direction d'un établissement que, seul, il pouvait sauver
de la ruine. Le 14 juillet 1710, par acte devant François Meignan, il
engagea sa parole et promit « d'avoir un nombre suffisant de régents
pour enseigner au collège depuis les petites écoles jusqu'à la rhétorique
et même la philosophie, s'il trouvoit des fonds suffisants pour gager
les régents qui l'enseigneroient Il abandonna tous ses biens meubles
et immeubles à charge de quelques services religieux.
Le
collège eut, dès la rentrée de novembre 1710, pour recrues le contingent
d'une école prospère que M. Marais avait établie à Saint-Laurent. Il
fallut régler assez difficultueusement avec le curé d'Azé la question
des droits qu'il prétendait sur l'église du Geneteil (1712, 1731), mais
l'établissement n'en prospéra pas moins. Les vieux bâtiments furent
appropriés à leur destination nouvelle, le pavillon de l'horloge s'éleva
ensuite ; une salle des fêtes fut inaugurée en 1723 ; et l'on voyait,
dominant tous ces édifices, la statue de l'Enfant Jésus avec l'inscription
: Jesus autem crescebat aetate et sapientia. Un décret du 16
juillet 1731 ajouta au traitement des huit régents les revenus du prieuré
de. Saint-Julien-des-Ardents, en Châtelais.
Trois
mois avant sa mort, le 26 août 1733, Gilles Marais avait fait accepter
pour successeurs ses neveux : Jean Marais d'abord, professeur de philosophie
depuis 1728, puis Pierre et Gilles Marais. Mais, le 11 janvier 173t,
la municipalité, qui avait pris ces engagements, les rétracta à l'instigation
de Jacob Guitau, lieutenant général, exigeant que le principal abandonnât
à la ville la propriété de tous les biens qu'il laisserait à sa mort.
On crut saisir des vues intéressées dans l'intervention du lieutenant
général quand, après le court passage au collège d'un sieur Hamard,
professeur au séminaire d'Orléans, on connut la nomination de Pierre
Guitau, son fils, à une fonction qu'il était absolument incapable de
remplir. Un parti puissant parmi les officiers de ville, Michel Foussier
en tête, protesta. Il parut des pamphlets anonymes contre Jacob Guitau,
qui accusa Michel Foussier, Pierre Marais et le professeur de philosophie,
Mathurin Bazin, d'être les auteurs d'un libelle imprimé clandestinement
sous ce titre : Apologie des habitants de Château-Gontier et de leurs
écrits contre l'auteur des troubles et divisions présentes. La victoire
resta aux protestataires. Jean Marais rentra au collège, le 28 juin
1734, aux conditions anciennes, et un accord en dix articles régla,
en janvier 1738, toutes les questions en suspens. Deux ans après, le
principal allait remplacer à Saint-Laurent-des-Mortiers Jacques Marais,
son oncle, et laissait pour lui succéder au collège, Pierre Marais,
son frère. Celui-ci rédigea, de concert avec le corps de ville, un règlement
du collège et dressa un inventaire du mobilier qui s'élevait à 9 368
livres. Il mourut, le 13 décembre 1752, à la suite de nouvelles contestations
avec le curé d'Azé. Son oraison funèbre fut prononcée dans l'église
du Geneteil par Christophe Guyard, professeur de philosophie. — Gilles
Marais remplaça son frère ; il vit de son temps l'administration temporelle
du collège confiée à une commission de prêtres et de laïques, mais sut
par lui-même maintenir l'établissement agrandi dans les meilleures conditions
de prospérité morale et matérielle. Il mourut le 4 mai 1778.
M.
Basile Horeau, neveu et successeur des MM. Marais, a fait plus qu'eux
encore dans des circonstances difficiles pour le renom et la prospérité
du collège. Le bâtiment neuf qu'il acheva permit de recevoir à l'internat
une partie des pensionnaires qui logeaient en ville. Au moment où éclata
la Révolution, le collège comptait quatre cents élèves dont plus de
la moitié étaient pensionnaires ; « on y venait même des îles » ; douze
professeurs faisaient toutes les classes (Enquête de l'an IX). Le principal
et les régents « ne firent aucune offre de serment » ; tous furent déportés
ou restèrent cachés dans le pays. Le personnel nommé par la Révolution
ne sut pas faire honneur à l'établissement. Château, curé intrus de
Saint-Denis-d'Anjou, installé le 8 octobre 1792, quitta son poste devant
la répugnance qu'il inspirait après quelques mois. Rabard, nommé le
24 avril 1793 et assisté des citoyens Huchedé, Garot, Cordier, Epiard,
qu'on lui avait expédiés de Laval, et du citoyen Homo, maire de Château-Gontier
et maître écrivain, voulut s'installer aux Ursulines, mais, au mois
de septembre, il s'enrôla dans le bataillon des volontaires de la Mayenne
et se fit tuer dans une rencontre avec les Vendéens, le 19 octobre.
Dés lors le mobilier fut vendu, le collège devint écurie, dépôt pour
les équipages de l'armée et enfin prison.
Seul,
M. Horeau, avec les ressources de son esprit pratique, pouvait relever
ces ruines. Il en accepta la mission le 2 juillet 1803. La rentrée se
fit au mois d'octobre et, deux ans après, la maison comptait cent vingt-un
élèves instruits par neuf professeurs ; ils étaient trois cents en 1810,
et deux bâtiments nouveaux s'élevèrent rapidement pour loger cette nombreuse
famille. On avait dÜ accepter, quoique avec répugnance et appréhension,
l'affiliation à l'Université. Ce fut l'origine d'une série de tracasseries
: licenciement des classes de rhétorique et de philosophie, port obligatoire
de l'uniforme militaire, etc. Le nombre des élèves tomba à cent quatre-vingtdIx-huit
; il se releva à deux cent quatre-vingtdouze sous la Restauration. L'étahlissement
devint collège mixte de plein exercice, avec faculté de recevoir des
externes, et exemption de la rétribution universitaire pour les élèves
ecclésiastiques, en 1825. Quand vinrent les ordonnances de 1828, les
professeurs déclarèrent «n'avoir pas l'honneur d'appartenir à une congrégation
religieuse ». M. Horeau mourut le 29 janvier 1880.
Sous
M. Michel Devaux, la part qu'une division .des grands prit au mouvement
insurrectionnel de 1832 attira les rigueurs du gouvernement, qui imposa
quatre professeurs laïques. La prospérité du collège s'en ressentit.
M. le maire Martinet, qui n'était pas étranger à cette mesure, reconnaît,
en 1849, que depuis cette époque le personnel était tombé d'année en
année et que le budget ne pouvait plus s'équilibrer. On s'adressa à
l'évêque du Mans qui mit le collège, désormais libre d'attaches universitaires,
sous la direction de M. Charles Descars. L'ère de prospérité reprit,
continua avec M. Barbé (1866), pour sombrer, en 1881, dans une lamentable
histoire de cour d'assises. L'installation du collège laïque a coûté
100 000 F à la ville ; il comprend aujourd'hui l'enseignement
classique, l'enseignement spécial, et une classe primaire annexe.
Le
collège libre de Saint-Michel dirigé par les Pères de la congrégation
de Saint-Edme de Pontigny a été inauguré en 1892. Il comporte les classes
de grammaire et l'enseignement secondaire spécial. Une chapelle a été
construite en 1897.
Petites
écoles. — En dépit du monopole des chanoines, il exista toujours
des écoles élémentaires. Une dizaine de maîtres libres sont mentionnés
à diverses époques dans les registres paroissiaux. Mais la principale
ressource sous le rapport de l'instruction populaire fut fournie par
le collège, où M. Marais avait créé, depuis 1710, une école de charité.
Le curé de Saint-Remy avait établi dans sa paroisse deux écoles, l'une
pour les garçons, l'autre pour les filles, mais ne pouvant plus soutenir
la première, il s'associa à la pétition faite à l'intendant, en 1728,
pour faire favoriser l'établissement de M. Marais. L'hôpital général
s'occupait de l'instruction des orphelins. — En 1733, les Ursulines
établies depuis cent ans déclarèrent qu'elles étaient quarante religieuses
consacrant tout leur temps « à montrer et enseigner les filles de Château-Gontier
gratuitement ». Une autre maison, administrée par des sœurs, et dont
les statuts avaient été donnés par l'évêque d'Angers, jouissait d'un
revenu de 3 333 livres.
Le
26 mai 1792, la municipalité avoue qu'elle ne possède plus « d'écoles
primaires, faute de sujets capables qui se soient présentés ». Au mois
d'avril 1794 seulement, elle nomma une commission pour le choix des
maîtres et maîtresses, « si propres à propager l'esprit républicain
». Trois instituteurs sont nommés, dont deux ne pouvaient enseigner
que la lecture. Les citoyennes Mariage et Leroyer ouvrirent aussi leurs
classes au presbytère de Saint-Jean ; une autre maîtresse fut nommée
pour les faubourgs. Ce furent des essais infructueux ou passagers. Le
25 février 1718, le commissaire du directoire écrit : « Les écoles primaires
sont supprimées chez nous par le jury même, sous prétexte de la faiblesse
des instituteurs. Un seul resta qui, voyant qu'on lui enlevait la maison
qui lui avait été accordée, cessa son école publique et en établit une
particulière. Depuis la suspension des écoles primaires, plusieurs femmes,
dont la plupart sont connues par leurs principes antirépublicains, ont
ouvert des écoles particulières où l'enseignement est absolument le
même qu'avant la Révolution... La génération naissante va étre plongée
dans l'ignorance et la superstition ».
Guays
des Touches, Notes hist. sur le collège de Chât.-Gontier, parues
dans la Semaine du Fidèle du Mans, 1872, avec une seconde partie
mss. — Reg. cap. de Saint-Just. — Arch. de la M., titres du collège
de Chât.-Gont. : sept liasses en avaient été remises à l'hôtel de ville
de Chât.-Gont. en 1713 par M. Marais. — Arch. mun. de Chât.-Gont., Reg.
des délibérations. —Arch. de la S., B. 591.
Établissements
modernes d'instruction et de bienfaisance.
Établissement
des Frères des écoles chrétiennes, rue d'Ampoigné, fondé, 1840, par
Mme de Rasilly. Elle a une succursale dans le faubourg d'Azé où soixante-quinze
à quatre-vingts enfants reçoivent, en deux classes, l'instruction primaire.
Écoles
communales, installées au commencement du siècle dans les bâtiments
de l'ancien collège, transférées, 1838, au bas de la rue Cotellière,
et ensuite rue de la Poste dans l'ancien hôtel Ernault des Moulins.
Ecole
communale de filles, fondée en 1838, laïcisée en 1885.
Pensionnat
des Ursulines.
Soeurs
de la communauté d'Évron à St-Remy.
École
et orphelinat tenus par les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, rue des
Juifs, dans l'ancien hôtel Foucault des Bigottières, fondés en 1853
par Mme Alexina Roland, soeur de Saint-Vincent-de-Paul. Neuf soeurs
dirigent cet établissement qui comprend cinquante orphelins et cent
quarante élèves.
Salles
d'asile, annexées à l'hôpital Saint-Joseph et au couvent des Ursulines
le 2 février 1846. Crèche, fondée en 1850, et annexée à l'hôpital Saint-Joseph.
Institutions
administratives et judiciaires.
Hôtel
de Ville. — L'organisation municipale qu'on voit fonctionner dés
le commencement du XVIIe s., mais qui datait d'une époque antérieure,
comprenait un conseil de ville composé des officiers de magistrature
et de quelques bourgeois, auprès desquels un procureur syndic, élu tous
les deux ans, remplissait les fonctions du pouvoir exécutif, proposait
les objets en délibération et prenait les intérêts de la communauté.
En assemblée du 18 juin 1655, on décida que les affaires de la ville
seraient gouvernées par le lieutenant général, le procureur du roi au
siège présidial, un procureur syndic et quatre échevins. Déjà, en 1632,
le lieutenant général avait voulu prendre le titre de maire perpétuel,
mais Claude Arnoul, syndic, protesta qu'il avait seul le droit de conduire
les affaires particulières de la communauté et que jamais le lieutenant
ne s'était qualifié maire. De fait, il tenait ie premier rang. C'est
lui qui, le 31 août 1636, reçoit la missive du gouverneur d'Anjou, adressée
aux « maires, eschevins et manans », et le mandant vers lui pour recevoir
les ordres du roi. Un peu plus tard, 1664, 1676, les procureurs syndics
prennent à leur tour le titre de maire, titre qui n'était autorisé encore
par aucune lettre patente.
Après
l'édit du mois d'août 1692 portant création de maires perpétuels, M.
Galichon de Courchamp, lieutenant général, et comme tel « faisant cy-devant
les fonctions de chef de la maison de ville », déclara se désister (11
novembre). Le premier échevin refusa de publier la convocation de la
communauté pour procéder à l'élection d'un maire ; il en fut repris
par le procureur du roi qui, à une séance suivante, réclama la préséance
sur les échevins. Pierre Maumousseau, sieur de la Grandinière, présenta,
le 5 octobre 1693, ses lettres de nomination par le roi du 23 mai précédent,
et resta en fonctions jusqu'au mois de mai 1705, avec Jean Trochon (1697)
et Léridon (1699) pour vice-maires. Son successeur, Jacob Guitau, lieutenant
général, résigna, le 1er mars 1710, à Mathieu Gouesse, avocat, sieur
du Bignon, qui, voulant tenir les assemblées chez lui alors que la ville
possédait un hôtel spécial, s'attira une juste opposition de la part
des échevins.
Les
ordonnances royales concernant les charges municipales se succédaient
et se réformaient coup sur coup. Profitant de l'une d'elles, les habitants
veulent avoir un maire électif et choisissent, le 12 décembre 1717,
Charles Galichon de Courchamp, mais le lieutenant Guitau ne veut lui
donner au procès-verbal que le titre de procureur syndic. Protestation
de l'élu et des échevins, disant que « les maires électifs doivent avoir
les mêmes qualités et fonctions que ceux qui ont été supprimés ; qu'il
ne doit point y avoir de maires dans le royaume s'il n'y en a dans une
ville présidiale, et que la qualité de procureur syndic n'est que pour
les bourgs et paroisses du plat pays ». Le titre de maire, éliminé des
registres de l'hôtel de ville, se trouve dans tous les autres actes
officiels.
A
l'élection du 20 avril 1720, nouveaux tiraillements : le lieutenant
Guitau s'oppose â ce qu'elle se fasse « au nom de procureur syndic ou
de maire », les autres officiers réservent la question. Les élus, maire
et échevins, refusent le mandat offert dans ces conditions. C'est, dit
le lieutenant, une cabale de gens qui veulent soulever le peuple contre
les magistrats. Riposte du procureur du roi qui, remettant le « deport
» du premier élu au jugement du parlement, propose de nommer maire,
et non syndic, M. Syette, conseiller au présidial. « Le contraire, ajoute-t-il,
ne serait pas convenable pour une ville présidiale et, d'ailleurs, le
mairat, a toujours été attribué à M. Galichon ». Dénégation du lieutenant
qui ne veut voir dans l'intervention du procureur qu'une querelle intéressée
de famille. Le sieur Guilbault intervenant maintient qu'en tous cas
M. Guitau ne peut présider qu'i1 n'ait rendu ses comptes comme maire.
Syette fut élu procureur syndic, et prorogé le 22 avril 1722 « dans
l'exercice du maire ». Depuis, le titre de maire ne fut plus contesté
aux élus. Les assemblées de ville se tenaient d'abord au palais royal,
situé sur l'emplacement du minage actuel, et qui fut détruit en 1727.
Pendant la construction du nouvel hôtel, les réunions eurent lieu au
château de Giziers.
Procureurs
syndics : René Héliand.. - Jean Demond, 1616.
- Pierre Trochon, 1618. - Jacques Chailland, avocat, 1620.
- René Trochon, sieur de Beaumont, marchand, 1822. - Dineau-Duverger,
.1624. - René Vallin, sieur du Grolay, 1626 - Claude
Arnoul, 1630. - René Léridon, 1632. - Jacques Pelot, 1634.
- François Allaire, 1635. - François Delarouvraie, 1637.
- Juffé de la Mare. - Meslier de la Rue, 1643. - Héliand,
1644. - Amys, 1646 - Michel Trochon de la Place, 1647.
- Allaire du Plessis, 1649.
Maires
: Le lieutenant-général, 1632. - Louis Hardy de la Troussière,
syndic prenant le titre de maire, 1664. - Mathurin Douard, comme
le précédent, 1676. - Galichon de Courchamp, lieutenant général,
se désiste de son titre de chef de la maison de ville, 11 novembre 1692.
- Pierre Manmousseau, sieur de la Grandinière, maire perpétuel,
comme les suivants, 23 mai 1693. - Jacob Guiteau, 1707, 1710.
- Mathieu Gouesse, 10 mars 1710. - Charles Galichon de
Courchamp, maire électif, ainsi que les suivants, 12 decembre1717,
20 avril 1720. - Trochon, 1720. - Syette, 1720. - Martin
Maumousseau, 10 septembre 1724, t la même année sans installation.
- Dublineau, 3 décembre 1724, continué en 1727. - Lemasson,
4 septembre 1729, 30 septembre 1735. - P.-R. Enjubault, 30 mai
1747, ancien maire, 1783. - Edme-René-François Duval, 1764, 1769.
- Pierre Syette, 1769, 1771. - Élie-Laurent Lemotheux,
1771, 1779. - Le Cercler, 6 février 1779, 28 juin 1781. - François Letessier
Douaillon, nommé par le roi dès le198 juin 1780, 16 avril 1789.
- Cadock-Duplessis,19 juillet 1789-6 septembre 1789. - Jean-Joseph
Trochon de Beaumont, 6 septembre 1789, démissionnaire le30 octobre
1790. - Yves Destriché, élu le 14 novembre 1790, réélu le 13
novembre 1791, suspendu le 23 du même mois, réintégré avant le 9 janvier
1792. - Homo, maître d'écriture, 2 décembre 1792, 19 avril 1794.
- Jean-Bernard Levayer, 1794, 1798. - Homo, 19 germinal
an iV, 13 germinal an V. Reveil, 13 germinal an V, 2 thermidor an VI.
- Jean-Baptiste Davière, 8 floréal-10 thermidor an VI. - Segretain,
13 thermidor an VI-4 floréal an VIII. - Joseph Bonneau-Touchebaron,
25 avril 1800-2 novembre 1802. - Pierre Mahier, 1802- 12 février
1808. - Étienne Dean (le chevalier), 1808-20 mars 1815. - Bonneau-Toiwhebaron,
29 mai-13 juillet 1815. - Déan, juillet-18 décembre 1815. - Du Bois-Jourdan,
12 avril 1816-31 décembre 1820. - Séguin, 11 décembre 1822
- 20 juillet 1830. - Martinet, 12 août 1830 - 10 mars 1848. -
Delaplace, 4 septembre - 31 décembre 1848. - Du 1er janvier 1849
au 17 septembre 1852, les fonctions de maire sont exercées à tour de
rôle par les conseillers municipaux. - Quinefault, 17 septembre
1852 - 14 juillet 1860. - Fournier, 14 juilllet 1860, t 4 juillet
1886. - Fouassier, 1886.
Arch.
mun. de Ch.-G., reg. des délibérations et État civil. - Arch. de l'hôpital.
- Arch. mit., Op. 521. -Arch. de la M., B. 2.624 ; E. 752.
Administration
révolutionnaire. - Le district de Château-Gontier dans la nouvelle
organisation de la France créée par les décrets des 14 et 22 décembre
1789 et 23 février 1790, se composait de neuf cantons : Château-Gontier,
Beaumont-Pied-de-Bœuf, Chemazé, Daon, Fromentières, Grez-en-Bouère,
Laigné, Quelaines et Saint-Denis d'Anjou.
La
section administrative était formée : d'un conseil du district comprenant
douze membres, et d'un directoire exécutif composé de quatre adrninistrateurs,
d'un procureur-syndic etd'un secrétaire pris dans le sein du conseil
et élus par lui. Les membres du directoire élus le 13 juillet 1790,
furent : Jean-Bernard Bonneau-Touchebaron, président du conseil, Joseph
Bonneau, notaire, Jean Jousse, négociant, Anselme Desmottes, bourgeois,
Pierre Boisgontier, Laurent Meignan, feudiste, procureur-syndic, Pierre
Mahier, notaire, secrétaire.
La
section jusdiciaire comprenait :
Le
tribunal du district, installé le 20 novembre 1790, et comptant
cinq juges : Pierre Le Motheux, président, Pierre Chaudet, Martin-Henri-Marie
Maumousseau, Mathurin-René Thoré, François-Madeleine Loré ; ayant comme
suppléants : François Bescher, Pierre Mannoir, François Arthuys fils,
et René Piel ; Claude Foussier, commissaire du roi, Noël, accusateur
public, Pierre Martin, greffier ;
Une
justice de paix et de police correctionnelle, avec des assesseurs.
François Goussé, juge.
Un
bureau de conciliation, composé de six membres en l'an III.
Ces
diverses administrations subirent au cours de la Révolution de fréquentes
modifications dans leur personnel et dans leur composition. Par la loi
du 4 décembre 1793, la Convention ne laissa subsister que les directoires,
dont chaque membre était président à tour de rôle. Les procureurs-syndics
furent remplacés par des agents nationaux nommés et révoqués par la
Convention. Les directoires eux-mêmes n'eurent plus qu'une attribution
purement administrative, la direction politique et le pouvoir effectif
étaient exercés par les comités révolutionnaires et les représentants
du peuple en mission. Cette loi fut abrogée par celle du 28 germinal
an III (17 avril 1795) qui rétablit la législation antérieure. La constitution
de l'an III supprima les districts et par là même les tribunaux du district.
Ce régime dura jusqu'à la constitution de l'an VIII qui fit, de Château-Gontier
le chef-lieu d'arrondissement avec tribunal de première instance et,
pour le canton, une justice de paix.
Juridictions
civiles. — La justice seigneuriale s'exerçait à l'origine par un
sénéchal, qui fut dans la suite assisté d'un procureur, d'un greffier
et d'autres officiers subalternes. Voici le nom de quelques sénéchaux
: Gaufidus, 1190, témoin, en 1206, d'une charte de Renaud et
d'Alard de Château-Gontier en faveur du Geneteil. — Maurice de Clisson,
mari de Marguerite de Ramefort, 1266, mort avant 1286. — Guillaume Durand,
1471. — Mathurin de Pincé, maire d'Angers, 1494, 1497.— Jacques Bonvoisin,
mari de Renée Fergeau, 1528, 1537. — En juillet 1545, la baronnie de
Château-Gontier fut distraite du ressort du siège de la Flèche, et rattachée
au duché de Beaumont, dont elle devint une lieutenance.
Naturellement,
la juridiction seigneuriale devint royale lorsqu'Henri IV monta sur
le trône de France. La justice était rendue alors, le sénéchal conservant
seulement l'intitulation des jugements, par un lieutenant général et
un lieutenant particulier, assista d'un avocat et d'un procureur du
roi. La fiscalité du XVIIe s. introduisit bientôt une armée considérable
d'officiers dans ce tribunal qu'un édit du mois de juillet 1639 érigea
en présidial. Château-Gontier méritait cet ornement. « à cause de son
antiquité, beauté et commodité de son assiette sur une rivière navigable,
grandeur et estendue d'icelle ». Les justiciables tirèrent cependant
quelque utilité de cette érection, car le présidial, outre les causes
de première origine, connaissait en dernier ressort de toutes les matières
civiles qui n'excédaient pas une valeur de 250 livres et l'appel des
sentences qu'il rendait en des matières qui n'excédaient pas 500 livres,
demeurait simplement dévolutif. L'édit de 1639 attribua comme ressort
d'appel dans les causes présidiales au siège de Châtea u-Gontier les
sénéchaussées de Saint-Jean-Baptiste de cette ville, d'Azé, d'Entrammes.
de Louvaines, de Mortiercrolles, de Daon, de Longuefuye, de la Boissière,
Lourzay, Bouillé, Saint-Laurent- des-Mortiers, Saint- Denis -d'Anjou
, Craon, Pouancé, Fontaine-Daniel, les sénéchaussées de Champagne-Hommet
et de Villiers-Charlemagne ; les juges royaux el ordinaires de Laval
voyaient l'appel de leurs sentences, dans les cas de l'édit, porté également
au présidial. En 1644, les officiers de Laval obtinrent bien de ressortir
directement au parlement de Paris ; mais l'arrêt du Conseil qui leur
donna ce droit ne fut jamais exécuté. Le ressort du présidial comprenait,
en 1787, 51 paroisses et 33 046 habitants. Le siège devait compter,
à sa création, deux présidents, un lieutenant général civil, un lieutenant
criminel, un lieutenant particulier, un assesseur civil et criminel,
treize conseillers laïcs, deux conseillers clercs, un garde-scel dela
chancellerie, un conseiller honoraire, et une quantité d'autres officiers
subalternes dont les charges furent immédiatement unies à celles dont
elles venaient d'être éclipsées ou qui restèrent longtemps vacantes
aux Parties Casuelles jusqu'à leur suppression définitive. Dès la fin
du XVIIe s., plusieurs d'entre elles demeurèrent ainsi, à Château-Gontier,
comme dans les autres présidiaux, mais toujours, à l'inverse d'autres
sièges plus importants, celui de Château-Gontier compta un nombre suffisant
d'officiers pour juger présidialement.
La
maréchaussée, qui connaissait des crimes prévôtaux commis par les
vagabonds, dépendait de la prévôté d'Anjou ; elle avait été établie,
en février 1578, par la création d'un lieutenant des maréchaux ; elle
fut, à une époque que nous ignorons, érigée en prévôté provinciale ;
mais, à la fin du XVIIe s., suivant le mémoire de Miroménil, Château-Gonticr
ne possédait plus qu'une lieutenance de la prévôté d'Angers et se composait
alors d'un lieutenant, d'un assesseur, d'un procureur du roi qui était
le même qu'au présidial, d'un commissaire des montres, d'un exempt,
d'un greffier et de quinze archers.
L'élection
de Château-Gontier créée e.n. 1577, comprenait 69 paroisses, 13 258
feux en 1691 ; 12 140 feux en 1696; la moyenne des naissances était
de 1 969 à la fin du XVIIIe s.
Le
tribunal de l'élection, connaissant en première instance de toutes les
contestations qui pouvaient s'élever au sujet des impôts, se composait
d'un président, d'un lieutenant ci vil, d'un lieutenant criminel, de
cinq élus, d'un procureur du roi et d'un greffier. Toutes ces charges,
électives à l'origine, s'achetaient comme tous les offices de judicature.
Ses armoiries étaient : d'argent à une palme d'azur couchée en fasce
de dextre à sénestre, avec celte devise : Curvata resurget.
La
juridiction du grenier à sel, situé rue du Cheval-Blanc et converti,
vers 1815, en théâtre, comprenait : un président, un lieutenant, un
grenetier, un contrôleur, un procureur du roi, et un greffier. Il fournissait
par an de 35 à 36 muids de sel.
Commerce
et Industrie.
Le
marché se tenait le samedi, en 1414 ; il en fut établi un, le
jeudi, pour la toile. Celui du samedi fut transféré au jeudi, en 1652,
puis ramené au samedi dans le siècle suivant. 11 n'y avait pas dans
l'élection un seul marché de blé, mais seulement de « farines provenant
souvent de grains gâtés ». De gros marchands avaient le monopole de
la vente des grains et farines et empêchèrent qu'une ordonnance de police
du mois de décembre 1716, créant un marché au blé le samedi, fût exécutée.
Enfin, le samedi 8 janvier 1763, grâce à l'initiative de M. l'abbé Pierre
Guérin de Chavé et de M. Syette, le premier marché libre au grain se
tint sous la halle. Le marché actuel se tient le jeudi et comporte la
vente de tous les produits de l'agriculture.
Foires.
— En 1120, le seigneur de Château-Gontier accorde aux religieux du Geneteil
la coutume de la foire qui s'établira près de leur chapelle.— Un de
ses successeurs donne à l'aumônerie de Saint-Julien le profit de la
foire qui se tenait à la tête du pont, le dimanche avant la Toussaint.
1206 ; elle fut transférée au lundi, en 1406, « parce que le peuple
ne veut plus, dit-on, marchander, vendre ne achepter au dimanche ne
autres festes ». — La léproserie bénéficiait de la foire de l'Ascension.
La première de ces trois foires se confond, je crois, avec l'assemblée
de la Saint-Fiacre, 30 août, qui doit son origine au concours des pèlerins
qui venaient honorer les reliques du saint dans l'église du Geneteil.
On mentionne, en 1509. « la foire et assemblée de Saint-Fiacre ès faubourgs
de Chasteaugontier, appelés Azé, où y a grant affluence de peuple ».
Madame du Bailleul voulut transférer la foire dans les halles en 1654
; mais le seigneur d'Azé obtint qu'elle se tiendrait, comme d'habitude,
« sur les prés d'Azé ». — Les sept foires qu'on mentionne en 1414 :
l'Ascension, la Saint-Jean, la Saint-Jacques, l'Angevine, la Saint-Remi,
la Toussaint et la Chandeleur, étant « délaissées depuis longtemps »,
le seigneur en fit instituer quatre : samedi après Pâques, 1er samedi
de juin, la Saint-Fiacre, et samedi après la Toussaint. Au XVIIIe s.,
elles se tiennent à la mi-carème, le lendemain de la Saint-Philippe,
à la Saint-Fiacre et le mardi après la Toussaint. Aujourd'hui : le 7
janvier, à la mi-carême, le 7 mai, le 1er jeudi de juillet (1817), le
30 août, le mardi après la Toussaint, et le 2e jeudi de décembre.
Les
anciennes halles en charpente, dont un dessin est donné par M. l'abbé
Charles dans sa Notice archéologique sur Château-Gontier, se
composaient de six poteaux alignés sur des dés de pierre montant de
fond, supportant la filière, et divisant l'édifice en deux nefs. Tout
le système était rendu solidaire par des jambes de force et des poutres
reliant chaque travée l'une à l'autre et prévenant le roulement dans
un sens ou dans l'autre. Ces halles dites la grande-cohue, dataient
du XVe s. aussi bien que la petite-cohue ou cohue de sousemaine,
située dans la Grand'rue. Quelques vassaux étaient tenus aux réparations
: le prieur de la Ferrière devait une charrette et des boeufs pour amener
le bois. La couverture refaite en 1621 coûte 4 000 livres. Les
habitants prennent l'entretien à leur charge (1647) et votent même,
pour l'éclairage, une somme annuelle de 75 livres (1685). Les sermons
de carême et d'Avent s'y donnaient et M. Syette, maire, voulut vainement
réformer cet usage en 1768 ; on avait renouvelé la chaire en 1622. Ces
halles, moins monumentales que celles d'Évron, ont été remplacées par
une construction en fer, couverte en zinc et en verre, inaugurée le
22 septembre 1892.
La
seule industrie locale fut le tissage. Château-Gontier, sous ce rapport,
faisait partie du département commercial de Laval, mais sans ingérence
des jurés de Laval sur les fabricants de Château-Gontier, où d'ailleurs
la production était bien moins considérable.
La
manufacture des draps, serges, étamines et autres lainages fut soumise,
en 1692, à la visite d'un inspecteur nommé par l'hôtel de ville pour
réprimer les fraudes et abus ; 45 métiers produisaient 290 pièces de
serge et d'étamines en 1762. On compte pour le premier semestre de 1772
: étamine, 100 pièces ; serge, 91 pièces ; pour le premier semestre
de 1773 : étamine, 34 pièces ; serge, 103 pièces. Les bas et la bonneterie
occupaient spécialement les orphelins de Saint-Joseph et des Incurables.
Le
tissage des toiles approvisionnait de 50 à 60 pièces chaque marché du
jeudi ; les marchands n'étaient que cinq ou six. La toile était d'une
qualité un peu supérieure à celle de Laval. C'est pourquoi les marchands
étrangers qui se fournissaient à Laval exigeaient que dans chaque lot
il y eût quelques pièces de la fabrique de Château-Gontier, portant
cette marque : toile de Laval fabriquée à Ghâteau-Gontier. Voici quelques
chiffres indiquant les variations de l'industrie dans la seconde moitié
du XVIIIe s. : de 1743 à 1751, de 1 370 à 1 812 pièces ; de
1752 à 1759, de 2 036 à 4 498 pièces ; — de 1760 à 1773, 2 000
pièces au maximum ; — en 1785, 901 pièces ; — dans le dernier semestre
de 1789, 635 pièces d'une valeur de 96 090 livres. La production
moyenne aurait été d'environ 500 000 livres par an.
Les
lavanderies sont mentionnées à la Cassionnière, près du moulin
du Verger et à Éventard, en 1565 ; dans les prés de l'hôpital, en 1630
et 1636 ; et trois établissements prospéraient à la fin du XVIIIe s.
Un quartier de la rive gauche se nomme encore les Lavanderies.
L'état
des corporations, connu par la déclaration faite en 1750 à l'intendant,
montre quel était la situation des diverses industries et professions
de la ville. — Apothicaires, deux ; leurs statuts, rédigés par
eux, revus par le lieutenant général « pour le bien du public trompé
par de prétendus apothicaires qui croyoient guérir tous les malades
avec les mêmes remèdes, sans tenir compte ni des tempéramments ni des
saisons », étaient approuvés par lettres patentes du 6 juin 1603, enregistrées
au mois d'août 1604, et avaient été réformés en 1613. Le premier article
imposait la croyance en Dieu, « auteur de la médecine » ; un médecin
assistait à l'examen et à l'épreuve des candidats. — Boulangers.,
dix ; statuts donnés par Jean Allain, lieutenant à Château-Gontier,
et approuvés par le roi, le 27 janvier 1575 ; les jurés étaient élus
tous les deux ans.— Bouchers, dix ; aucuns statuts ; ils avaient
deux emprunts
montant à 2 700 pour payer « le pied fourché » c'est-à-dire l'entrée
libre du bétail à abattre. — Chapeliers, deux ; statuts donnés
par Marguerite d'Alençon le 21 octobre 1495, enregistrés en la sénéchaussée
d'Anjou, le 19 août 1648. — Chirurgiens, quatre ; régis par les
règlements généraux de 1730, enregistrés le 13 août 1731 ; ils avaient
emprunté 1 320 livres, en 1693, pour l'acquisition des offices
et ils écrivirent en commun avec les apothicaires, le13 août 1791 ,
à M. Allard, leur député, pour protester contre la suppression des corporations.
— Cordonniers, vingt maîtres ; statuts donnés par le duc d'Alençon,
le 26 octobre 1432, et non enregistrés; service religieux le jour Saint-Crespin,
et messe le premier lundi du mois ; nomination des jurés tous les deux
ans ; acquisition, en 1747, des offices d'inspecteur et de contrôleur.
— Corroyeurs et baudroyeurs, deux ; statuts des mêmes métiers
à Saumur, approuvés par Louis XIII, en 1622, enregistrés en mars 1623.
— Couvreurs, six ; régis par les règlements généraux. — Médecins,
trois; la communauté portait : d'argent dune bande d'azur, chargée
de 3 larmes d'argent. Les trois docteurs envoyèrent à l'intendant,
en 1786, un mémoire très soigné (12 pages in-4°) sur la situation de
la ville au point de vue sanitaire, et sur les ressources qu'elle offrait
pour le traitement des maladies. — Notaires, douze ; chaque office
estimé 1 200 livres ; ils prélevaient quelque argent sur chaque
acte pour la bourse commune ; pour 1 500 livres ils firent réunir
aux leurs les offices de greffiers. — Orfèvres, trois ; reçus
par les officiers de la monnaie d'Angers ; aucuns statuts ; acquisition
des offices pour 300 livres. — Perruquiers, seize ; régis par
les règlements généraux du 6 février 1725, enregistrés le 28 juin ;
messe à la Saint-Louis. — Sergers, douze; ont perdu leurs statuts
; cette manufacture est jugée assez importante pour qu'on lui en procure.—
Serruriers, cinq ; statuts approuvés par lettres patentes de
1623, enregistrées à la sénéchaussée le 19 août 1648. — Tanneurs,
sept ; statuts donnés par Henri, roi de Navarre, le 5 octobre 1579,
enregistrés en parlement le 3 août 1582.
Arch.
d'Indre-et-Loire. C. 147. — Arch. nat., G/7. 526. — Arch. de la M.,
B. 2.938.— Annuaire de la Sarthe, 1847.
Établissements
divers.
La
chaussée qui retenait l'eau de la Mayenne au-dessous du château fut
graduellement pourvue et couverte de toutes sortes de moulins.
Le seigneur de Château-Gontier donna, en 1203, le moulin du Verger aux
religieux de Clermont, si Alard, son fils, ne laissait pas d'enfant
; autrement il leur assurait una rente de 6 livres. L'aveu de 1414 mentionne
: « Trois moulins à bled séans en une maison,... ung aultre moulin séant
en la (même) chaussée, nommé le moulin du « Verger,... un moulin à tan
séant en la même rivière et chaussée. » L'aveu de 1460 ajoute aux précédents
« un moulin à draps nouvellement édifié en la mesme chaussée ». Enfin
on mentionne un moulin à papier vendu pour 600 livres, en 1591, à Étienne
Blanchet et qui devint plus tard un moulin à drap. Les moulins qui avaient
été aliénés furent rachetés par M. du Bailleul en 1646, savoir, les
Trois-Moulins, de divers particuliers, et le moulin à drap de Nicolas
Blanchet; celui du Verger n'avait peut-être pas été vendu. Les moulins
à blé, à foulon et à tan furent vendus nationalement, le 21 ventôse
et le 27 prairial an II. Le bâtiment des Trois-Moulins avec ses portes
ogivales et la tour dont il est flanqué, ainsi qu'un autre planté sur
le milieu de la chaussée, se voient encore dans les planches du Maine
et l'Anjou et de l'Album de Château-Gontier.
Dès
le commencement du XVIIe s., des services de messageries étaient
organisés pour relier Château-Gontier à Paris, Laval, Mayenne, Vitré
et les autres villes voisines. L'office du messager était à la nomination
du seigneur. En 1704, la poste apportait les lettres tous les lundis
et vendredis de chaque semaine.
Le
théâtre est installé dans l'ancien grenier à sel. — Sur cette
question relevons la présence à Château-Gontier de « noble Fleury Jucault,
sieur de Montfleury, et de Dlle Colombe Venière, sa femme, comédiens
ordinaires du roy », dont un fils, nommé Zacharie, est baptisé le 15
juillet 1608.
La
Bibliothèque, installée dans l'ancien hôtel de la famille Fouquet
(V. ce nom), a eu comme premier fonds les livres des couvents,
auxquels se sont ajoutés ceux de la collection de M. Boullet-Lacroix
(V. ce nom). Elle possède aujourd'hui 10 000 volumes et
plus de cinquante manuscrits précieux. Le Musée occupe le rez-de-chaussée
de la bibliothèque ; il a été organisé par M. Tancrède Abraham.
Les
anciennes prisons attenaient au palais de justice accolé aux
halles. De 1727 à 1729, elles furent transférées sur un terrain compris
entre la Grand'Rue, les rues du Petit-Saint-Jean, d'Enfer, de Lierrue
et rue Dorée. On y accédait par la Grand'Rue et la rue Lierrue. A côté
d'une boulangerie située Basse - Grande -Rue existe encore une petite
chambre au premier étage, surplombant la rue, qui servait, dit-on, de
logement au gardien veilleur de nuit à la prison. La prison actuelle
a été installée, en 1803, dans les bâtiments de l'hôtellerie du prieuré
de Saint-Jean-Baptiste.
Les
promenades furent aménagées dans les fossés comblés de la partie
O. de la ville dans les dernières années du XVIIe s. La municipalité
se plaint, en 1697, des dégâts commis par les chartiers qui, passant
par la Porte-Neuve, rendaient les promenades impraticables dans cette
partie. Elle décide en 1727, de reparer les clôtures, do renouveler
les bancs, et de supprimer les ormeaux qui étaient morts. Quelques années
plus tard (1732), Charles Le Gué de la Rivière donna les plans de la
clôture « du mail, seule promenade dle la ville », avec deux pilastres
à 4 chaque extrémité, de quatre pieds carrés. Une allée de tilleuls
y fut plantée en 1764. Les fossés n'étaient pas encore complètement
comblés, de sorte que les promenades étaient valonnées ; de grands travaux
de nivellement furent exécutés en 1769 et les plantations reprises.
Les promenades du Bout-du-Monde, qui font sous ce rapport le grand agrément
et la réputation de la ville, datent de 1732. La ville revendiqua hautement
en 1788 la pleine propriété de ces jardins dont elle avait fait les
frais, qu'elle possédait, disent ses administrateurs, de temps immémorial,
et protesta énergiquement contre les empiétements de M. le marquis d'Auticharnp
qui y prétendait des droits. Depuis lors, le Bout-du-Monde, agrandi
de tout l'emplacement du presbytère et de ses jardins, avec son esplanade
d'où la vue s'étend sur une riche campagne et sur le cours sinueux de
la Mayenne, avec ses allées en berceau serpentant sur les flancs de
la colline, avec son jardin anglais dessiné le long des quais, mérite
de plus en plus le renom dont il jouit depuis près de deux siècles.
Une eau-forte de M. Abraham en reproduit l'un des aspects. Charles Loison,
qui chanta les agréments poétiques de cette promenade, y a son monument
depuis le 1er octobre 1899.
Eaux
minérales. — Ces eaux, qui sourdent au flanc de la colline au S.
de la ville, sont connues au moins depuis le commencement du XVIIe s.
On a prétendu que l'arcade qui abrite la source étant ogivale l'exploitation
date au moins du XVe s. En réalité cette arcade, brisée plutôt qu'ogivale
et construite sans règle, n'a pas de style. Le conseil de ville arrête,
le 4 juin 1624, « qu'il sera travaillé â l'accommodement et décoration
des fontaines et marchandé par le procureur syndic et trois députés
et qu'il sera parlé à ceux qui se prétendoient propriétaires de
ces fontaines ». On décide aussi d'acquérir un clos de vigne et un jardin
adjacent. Le 5 juillet 1629, le procureur syndic est chargé de faire
« démolir la muraille estant au-devant des fontaines médicinales,
y laissant seulement l'arcade de pierre et deux piliers qui la soutiennent,
relaissant néanmoins la muraille de hauteur compétente pour puiser l'eau
sur laquelle seront posées de pierres ardoisières ». Cette muraille
avait sans doute été construite pour empêcher qu'on ne troublât l'eau
en y puisant et elle devait être percée d'un canal. Mais l'expérience
démontra que cet arrangement était nuisible pour le public. Le sieur
de Juigné de la Brossinière (V. ce nom), auteur du pays de Château-Gontier,
écrit dans son Dictionnaire historique, dont la première édition parut
en 1644, qu'on avait découvert depuis sept à huit ans « quelques sources
d'eaux médicinales à Château-Gontier ».
L'ensemble
de ces renseignements semble donc fixer au premier quart du XVIIe s.
seulement l'exploitation des eaux minérales. Le nom d'eau de Pougues
leur est donné dans des actes notariés du XVIIIe s.
MM.
Duclos et Dupaty, médecins à Paris, en avaient fait l'analyse non pas
en 1767, comme écrit M. Mahier, mais en 1667. Les trois médecins de
Château-Gontier, MM. Allard, Theullier et Jousselin, dans un rapport
commun adressé à l'intendant en 1786 en parlent avec détail : « Les
eaux minérales ferrugineuses que nous avons dit être au midi de la ville,
disent-ils, suintent le long du coteau sablonneux ; pour les recevoir
il faut y adapter une petite goutière. Il paroit qu'autrefois on avait
pratiqué une fontaine où on alloit les puiser. Mais, présentement, les
eaux n'y ont aucune saveur ni goût ; il faut que la source ait changé
de direction. L'endroit où elles découlent aujourd'hui est à trente
pas de cette ancienne fontaine. Il y a plusieurs siècles qu'elles avaient
de la réputation et qu'on les regardoit comme très propres à résoudre
les engorgements et obstructions du bas ventre. Il y a plusieurs procès-verbaux
qui en constatent l'efficacité. Elles ont bien encore le même effet
et on les emploie avec succès dans les mêmes maladies, mais, comme elles
sont perdues dans les ronces et les broussailles, bien des gens n'y
ont pas grande foy, et notre Hôtel de ville a trop peu de revenu pour
en employer à faire les frais nécessaires à leur procurer de la célébrité.
Elles contiennent une terre ou ocre ferrugineuse et un peu de sel alkali.
Elles sont très claires ; mais, après un peu de séjour dans un vase,
elles y deviennent louches et y forment un dépôt jaunâtre. »
En
1824, M. Touchaleaume, pharmacien à Château - Gontier, refit l'analyse
des eaux de Pougues et envoya son mémoire à l'académie de médecine.
Après comparaison faite avec beaucoup d'eaux minérales renommées, il
conclut qu'elles ne leur étaient pas inférieures. Quant à l'état de
la fontaine, on y rencontrait avec surprise, dit-il, au lieu d'un bassin
propre â recueillir l'eau, « un alignement irrégulier de quatre demi-cylindres
de sureau faisant l'office de robinets, fichés dans la paroi du rocher
et laissant découler une eau parfaitement limpide ». Une dernière analyse
absolument rigoureuse adonné en 1850, les résultats suivants :
Acide
carbonique libre, 1/8 du volume.
Bicarbonate
de chaux et de magnésie
0,4556
Sulfate
de soude et de chaux
0,1000
id. magnésie
0,5200
Chlorure
de sodium et de magnésium .
0,2004
Silice
et alumine
0,0170
Crénate,
apoerénate et carbonate de fer.
0,1040
Nitrate,
manganèse, principe arsénical à l'état de traces, ce dernier sensible
seulement dans le dépôt ocracé de la source.
Le
docteur Henri Bayard vint fonder en 1848 un établissement d'hydrothérapie
qui utilisait la source minérale. « Autrefois, écrit-il, les personnes
qui venaient boire l'eau minérale faisaient des neuvaines, commençant
le premier jour par un verre, elles continuaient progressivement jusqu'à
neuf dans la même journée ; puis faisaient de longues et joyeuses promenades
dans les intervalles des prises d'eau et en éprouvaient de bons effets
». Malgré les frais faits par le docteur, et la brochure qu'il écrivit
en 1852, 1a source de Pougues, qui pouvait fournir 1 700 litres
d'eau en vingt-quatre heures, n'a jamais eu de vogue. M. Mahier, successeur
de M. Bayard, décédé le 12 octobre 1852, ne fut pas plus heureux. Une
nouvelle tentative de lancement toute récente (1896) a amené une nouvelle
déception. M. Querruel a créé, il y a quarante ans, les pastilles ferrugineuses
à base de fer de Pougues, qui sont encore connues. La notice de M. Bayard,
complétée par M. Mahier, en 1869, contient trois gravures représentant
l'état des sources avant et depuis l'établissement d'hydrothérapie..
Arch.
mun. de. Ch.-G. — Arch. C. 354. Arch. de la M.. H.
15. — Bibl. de Laval, mss. 30.753. — Cab. Gadbin.
Féodalité
et histoire.
Féodalité.
— En construisant son château sur le territoire dépendant de l'abbaye
de Saint-Aubin, Foulques Nerra en laissa à l'abbaye tous les droits
féodaux utiles, census et vendas. De même Renaud, quand il obtint
de l'abbé le quart de sa cour de Bazouges pour la comprendre dans l'enceinte
de sa ville, lui promit de la tenir à foi et hommage de lui et de ses
successeurs, in fidelitatem hommagii. Foulques Nerra s'était
seulement réservé le droit suzerain sur la tour. La vassalité de Château-Gontier
envers les religieux ne fut rachetée qu'en 1360, en vertu d'un échange
des droits seigneuriaux que le baron de Château-Gontier possédait sur
le territoire de Bazouges.
Seigneurs
:Famille de Château-Gontier. — Renaud I, fils d'Yvon, reçoit
l'inféodation de Château-Gontier vers 1010 ; est témoin en 1033 avec
Alard, son fils, de la fondation de Saint-Nicolas de Craon ; Hubert,
évêque d'Angers (1010-1047), retire sur lui, sur ses fils et ses filles,
l'église de Saint-Maurille ; il est cité encore avec son fils Alard
dans la charte V du Ronceray, datée du ler octobre 1040.
Alard
I, fils aîné du précédent, presque toujours cité avec son père depuis
1033,
l'est seul le 3 mars 1047 (Ch. 35 du Ronceray), le 6 janvier 1049 (Ch.
92 de la Trinité de Vendôme), et, comme date dernière, du temps de la
comtesse Gracia, 1055-1057.
Renaud
II était seigneur de Château-Renaud, Rainaldus de Castro quod
ejusdem vocatur nomine ; comme tel il fut en procès avec Marmoutier
au sujet de certains droits dans la forêt de Blimard. Fait prisonnier
par les Bretons, il se désista de ses prétentions du consentement de
Mélisende, sa fille, qui habitait Château-Gontier, et vint avec Isabeau,
sa femme, faire sa paix avec les moines, qui l'aidèrent à payer sa rançon
; ensuite il conduisit ses deux fils, Renaud et Guicher, à Geoffroy
Martel (1040-1060). Il est cité dans une charte de Geoffroy le
Barbu en faveur de Saint-Florent de Saumur, 1061 ; mentionné encore
avec sa femme et ses deux fils pour le don de Fontcher à Marmoutier,
1063, et dans un différend avec la même abbaye au sujet du droit de
pêche sur Glandelle, 1066. Le mercredi saint, 3 avril 1067, Renaud de
Château-Gontier livre Geoffroy de Barbu à Foulques, son frère, et, le
lendemain, il est massacré à Angers dans une émeute populaire avec ses
complices, Geoffroy de Pruillé et Girard de Montreuil.
Renaud
III est probablement le Raginaldus infantulus qui, pour l'âme
de son père et de ses ancêtres, pour son salut et celui de sa mère,
remet à l'abbaye du Ronceray tous ses droits sur la maison qu'elle possédait
à Château-Gontier (Ch. 121). Très jeune encore, après 1080, il vendit
la terre de Montreuil, qui faisait partie de la dot de sa noble femme,
Burgonde. Vers la même époque, il assista à un acte de Foulques Réchin
en faveur du Ronceray. Sa mère, citée au cartulaire du Geneteil, se
nommait Élisabeth ou Isabeau. Nous le voyons partir pour la Croisade
avec Robert le Bourguignon en 1097. Enfin, il confirma, du consentement
d'Alard, son fils, et de Laurence, sa fille, les libéralités d'un habitant
de Château-Gontier, nommé Anselme, et de sa femme, envers les mêmes
religieuses du Ronceray. A s'en rapporter à une charte postérieure (Ch.
-119), cet acte aurait eu lieu sous l'abbesse Tetburge, c'est-à-dire
en 1104 au plus tôt, ce qui semble en contradiction avec la qualité
de seigneur de Château-Gontier, senior Castri Gunterii, déjà
donnée à son fils, en 1102, année de la nomination de l'abbé Quintin,
abbé de la Roë.
Je
n'ai établi aucune filiation entre les trois personnages qui précédent
parce que les chartes contemporaines n'en fournissent pas les éléments
suffisamment clairs. Cependant la suite chronologique désignerait assez
Renaud II comme fils d'Alard I, et Renaud III, semble bien le fils
de Renaud II, à s'en tenir aux dates et au nom de sa mère. Quant au
récit des Gesta consultum Andeg. (p. 124-125), c'est un pur roman.
Alard
II est qualifié neveu de Renaud le Bourguignon à cause de Burgonde,
sa mère ; il assiste, en 1105, au jugement du comte d'Anjou en faveur
de l'abbaye de Vendôme au sujet de Saint-Clément de Craon ; cité avec
son fils Renaud devant Pascal II au concile de Troyes, 1107, est
excommunié à la suite d'excès commis contre les hommes de la même abbaye.
Archambault, abbé de Saint-Aubin, va le visiter, malade, en 1112 ; il
donne à l'abbé Hamelin, de Saint-Aubin, la dîme du port de Château-Gontier,
1123 ; paraît dans l'acte par lequel Burgonde, sa mère, donne au Ronceray
ce qu'elle possède en la paroisse de Coudray, 1126; et fait admettre
à l'abbaye de la Roë son fils adoptif, 1128. Renaud et Alard, ses fils,
sont témoins de ce dernier acte. Mathilde, sa première femme, était
morte le 20 décembre 1123. Alard est encore témoin, au premier rang,
du don de Brissac au Ronceray par Geoffroy Plantagenet, le 14 février
1140 ; enfin, en 1145, il donne à Saint-Maurice d'Angers l'église de
Saint-Just de Château-Gontier, pour l'âme de son épouse défunte Mathilde,
pour sa mère, pour ses fils : Alard, mort, Renaud et Alard, vivants,
et pour Exilie, sa femme, aussi vivante. Un autre fils nommé Geoffroy,
déjà mentionné avec Renaud et Alard vers 1128, sera encore rappelé plus
tard.
Alard
III est invoqué comme juge d'un différend entre l'abbé de la Roë,
Michel, et Robert de France, v. 1150 ; il fait admettre à l'abbaye le
fils du sénéchal de Linières et se fait remarquer parmi les bienfaiteurs
de Bellebranche. Il mourut le 5 août et Mélisende, sa femme, le 15 août,
d'après l'obituaire de Saint-Maurice.
Renaud
IV, fils d'Alard et frère d'Alard, part pour la croisade, 1162-1177
; est témoin d'un acte de Saint-Aubin d'Angers concernant la forêt de
Malespinay, 1165-1183 ; et, avec Barthélemy, son frère, d'un accord
entre l'abbesse du Ronceray et Lucas de Chemazé, 1169 ; il traite avec
G., abbé de Bellebranche, vers 1186.
Renaud
V est qualifié fils de Renaud, petit-fils d'Alard et frère de Guillaume
dans la première charte du cartulaire du Ceneteil, 1190 ; l'abbé de
Saint-Serge obtient une sentence contre lui en 1195.
Alard
VI est dit seigneur de Château-Gontier en même temps que le précédent,
probablement son frère, Rainaldus et Adelardus, seniores de Castrogunterii,
dans l'acte autorisant la translation de l'aumônerie de Château-Gontier.
Plus tard, il paraît seul ; épouse Emma de Vitré, mai 1207 ; fait des
libéralités envers les religieux de Chalocé (1207), de Saint-Nicolas
de Vitré (1212), des Bonshommes d'Angers (1216) et meurt en 1226. Son
sceau, appendu à une pièce de 1214 le représente sur un cheval, au galop,
brandissant son épée et coiffé d'un casque carré ; légende : † S. AALARDI
DE CASTRO... RI ; contre-sceau : écu chevronné de 6 pièces ; légende
: t UM : AALARDI : DE : CASTRO : GONT.
Jacques,
fils unique, épouse Avoise de Montmorency en 1239, est requis de faire
hommage au duc de Bretagne pour son comté du Perche, 1238 ; fait échange
avec l'abbé de Clermont, auquel il donne trente setiers de seigle sur
ses moulins pour une métairie de Coudray, 1248 ; règle un différend
entre les abbayes de la Roë et de Bellebranche au sujet de la sépulture
de Maurice de Craon, 1250, et enfin cède ses droits sur le Perche, 1257.
Il ne laissait que deux filles : Philippe, la jeune, épousa N. de Lonray
et fut mère de Jeanne, mariée à Guillaume de Silly. Sceau appendu à
une pièce de 1257 : écu chevronné de 6 pièces, et la légende t SIGILLUM.
JACOB!. DO-MINI. CASTRI. GONTRI. Contre-sceau semblable et pour légende
: VERITAS.
Familles
de la Guerche, de Beaumont, Chamaillard, d'Alençon, de Bourbon.
— Emma, fille aînée de Jacques de Château-Gontier, veuve de Geoffroy
de la Guerche, seigneur de Pouancé et de Segré, convola avec Girard
Chabot, qui donne droit d'usage dans la forêt de Flée en 1266 et vivait
en 1274. Le sceau armorié des deux époux est reproduit dans le cartulaire
de la Couture (p. 295). — Jeanne de la Guerche, issue du premier lit,
fut femme de Jean de Brienne, vicomte de Beaumont, seigneur de la Flèche,
Sainte-Suzanne, le Lude et Fresnay, dont le fils ainé, Robert de B.,
épousa au mois d'août 1299, Marie de Craon. Celle-ci, par testament
du vendredi avant Pâques-fleuries 1318 (n. s.), fait divers legs aux
églises de Château-Gontier et fut inhumée aux Cordeliers d'Angers au
mois d'août 1322. — Jean de B., né en 1302, baptisé par Guillaume Le
Maire, évêque d'Angers, eut pour femmes : 1° Isabeau d'Harcourt ; 2°
Marguerite de Poitiers, 1330, qui, veuve en 1360, vivait encore en 1386.
Louis, son fils aîné, périt, sans enfants, à la bataille de Cocherel,
1364.
Les
barons de Château-Gontier sont ensuite :
Guillaume
Chamaillard, époux de Marie de Beaumont, issue du premier mariage de
Jean de B. et d'Isabeau d'Harcourt ;
Pierre
de Valois, comte d'Alençon, qui épousa, en 1371, Marie Chamaillard;
il fit, en 1401, un accord avec le seigneur de Laval pour délimiter
leurs juridictions réciproques ; t en septembre 1404 ;
Jean
I, comte d'Alençon, époux de Marie de Bretagne; il fit sceller, le 25
août 1414, de son sceau armorié un aveu de sa baronnie que Jean Dosdefer,
son procureur, présenta le 16 mars suivant aux assises d'Angers ; il
fut tué à la bataille d'Azincourt, engagée sur ses instances contre
l'avis commun, 1415;
Jean
II, celui que Jeanne d'Arc appelait « le beau duc », vit saisir sur
lui pour trahison, en 1431, avec tous ses autres domaines, la baronnie
de Château-Gontier. Il en jouissait quand même sous certaines réserves
: le 24 janvier 1436 (n. s.) il y signe un acte ; le comte du Maine
lui remet, en 1465, la peine encourue pour défaut d'hommage. Il rentra
officiellement dans ses biens en 1466 ; subit une nouvelle confiscation
au profit de Jean de Bourbon, comte de Vendôme, en 1469 ; et laissa
pourtant sa fortune à son fils, en 1476;
René,
duc d'Alençon, tomba aussi dans la disgrâce de Louis XI, qui, par acte
du 23 février 1483 (n. s.) donna la jouissance de Château-Gantier à
Pierre d'Assigné, son valet de chambre. Les États de Tours remirent
René d'Alençon dans ses droits, et il donna l'administration de Château-Gontier
à sa femme, la pieuse et bienfaisante Marguerite de Lorraine ;
Charles,
duc d'Alençon, eut pour tutrice sa mère jusqu'en 1507, et mourut le
11 avril 1525;
Françoise
d'Alençon, soeur et héritière du précédent, veuve de Charles de Bourbon,
prince de Béarn (25 octobre 1537), fit ériger en duché la vicomté de
Beaumont, qui comprit également les baronnies ou seigneuries de Château-Gontier
et de la Flèche, « à charge de tenir ledit duché à une seule foy et
hommage de la couronne », octobre 1543. Les autres ducs de Beaumont
furent : Antoine de Bourbon, roi de Navarre, † 1562 ;— Henri IV, qui
le réunit au domaine de la couronne ; Louis XIII, qui échangea la baronnie
de Château-Gontier, le 10 mars 1629, avec Louise de Lorraine, princesse
de Conti, pour les principautés de Linchamp et de la Tour-Anglaire.
Nicolas
du Bailleul, président à mortier au parlement de Paris, chancelier de
la reine, surintendant des finances, avait avancé 50 000 livres aux
héritiers de la princesse de Conti sur la baronnie de Château-Gontier
et se prétendait propriétaire, en 1646, en vertu d'un échange. Remboursé
au mois d'octobre 1616 sur l'épargne du roi, il se portait de nouveau
acquéreur le 6 janvier 1647, après saisie sur Claude de Lorraine ; les
créanciers opposants furent déboutés par sentence du 2 mars 1647. Veuf
de Louise de Fortin, il épousa, en 1621, Isabelle-Marie Mallier qui
eut en douaire Château-Gontier et s'en dit « gouvernante », 1652. —
La baronnie fut érigée en marquisat, le 31 juillet 1656, en faveur de
Louis-Dominique du B. (V. ce nom), fils de l'acquéreur ; Marie
Le Rageois de Bretonvilliers, sa femme, est marraine à Azé, le 9 octobre
1656 ; l'aveu qu'il rend, en 1669, contient encore l'énumération des
droits féodaux les plus surannés ; † 1701. — Nicolas-Louis du B.,
investi du marquisat dès 1680, en reconnaissait cependant, en 1696,
le tiers comme propriété de Marie du B., sa soeur, femme du marquis
de Franquetot. Louise Girard, sa première femme, mourut à Château-Gontier,
âgée de vingt-huit ans, le 17 septembre 1688; il épousa depuis Charlotte
du Fresne ; 17 avril 1714.
Nicolas-Louis
du B., fils du précédent, avait comme co-propriétaires ses tantes ou
leurs enfants. L'indivision existait en 1737 entre : Jean et Charles
Gallichon de Courchamp, enfants de Jean G. de C. et de Marthe-Clémence
du Bailleul ; les enfants issus des deux mariages de Madeleine-Louise
du Bailleul avec Jean Aubry, marquis de Vastan, et Antoine Portail ;
les petits-enfants d'Angélique-Cécile du B. et d'Anne Baguier, dont
la fille, Cécile R., avait épousé Jean-Charles de Mesgrigny, comte d'Aunay,
brigadier des armées du roi. Félix Aubry, marquis de Vastan, devint
propriétaire particitalion du 12 mai 1739, pour 330 000 livres
et revendit aussitôt pour 340 000 livres à Henri-Michel-Augustin
de Racappé, marquis de Magnannes. La veuve de ce dernier, Marie-Charlotte-Louise
Le Roux des Aubiers, propriétaire en vertu d'une donation mutuelle,
épousa en 1756 Pierre-Georges, marquis de Rougé, et se hâta de vendre
Château-Gontier, le 1er mai 1760, pour 438 000 » à Gilbert-Hardy-Germain
de Villoutreys, mari d'Henriette-Thérèse de la Forêt d'Armaillé, qui
lui-même céda son acquisition, le 26 juillet 1761, à Jean-Thérèse-Louis
de Beaumont, marquis d'Autichamp. Celui-ci, marié en 1763 avec Marie-Charlotte
de Maussion de Courtanzay, se fit maintenir en 1774 contre le retrait
possible par la couronne « dans la propriété incommutable du marquisat
».
Histoire.
— Ce n'est pas pour en jouir lui-même que Foulques Nerra construisit
un château sur le territoire de Bazouges, dans un point naturellement
fortifié et commandant le cours de la Mayenne, mais pour en faire, au
nord de son comté d'Anjou, le chef-lieu d'une baronnie qu'il voulait
confier à un de ses fidèles chevaliers, et qui fût, dans la suite, un
rempart pour sa province. De fait, la ville fut une de celles que Conan
II, duc de Bretagne, qui avait déclaré la guerre au comte d'Anjou, vint
assiéger en 1066. Elle succomba, dit Guillaume de Jumièges, mais le
vainqueur qui, de Château-Gontier même, avait provoqué Guillaume-le-Bastard,
mourut en entrant dans la place, empoisonné, dit-on, par un émissaire
du terrible normand. Vingt ans plus tard, en 1085, les Castrogontériens
sont en guerre avec les Lavallois, sans qu'on sache, de cette querelle,
la cause ni les suites. Dom Morice a réformé D. Lobineau qui mettait
Château-Gontier au nombre des places prises et saccagées par Raoul de
Chester, chef anglais au service de Pierre Mauclerc, duc de Bretagne,
en 1230 ; il s'agit, dans le texte de l'historien Mathieu Paris, du
château de Gonnor.
Dans
ce temps commence pour Château-Gontier, si favorablement situé au centre
de la province ecclésiastique de Tours, ce qu'on peut appeler l'ère
des conciles. — Juhel de Mathefelon y réunit ses suffragants en 1231-1232
et y rédige trente-sept canons, dont le dernier confirme les statuts
d'un concile précédent tenu à Laval. Les conciles tenus à Saumur, 1253,
à Nantes, 1264, à Langey, 1270, d'autres encore, rappelèrent, en les
renouvelant, les règles disciplinaires édictées à Château-Gontier.—
L'assemblée présidée par Pierre de Lamballe, en 1253, décide que l'un
de ses canons sera applicable à partir de la pâque prochaine, ce qui
fait supposer qu'elle eut lieu dans les mois de janvier, février ou
mars 1254. Le seul canon qu'on connaisse concerne l'abus des lettres
apostoliques ; il fut renouvelé à Langey en 1270. — Le synode tenu sous
Vincent de Pirmil, le 23 juillet 1268, rédigea huit canons, dont plusieurs
sont rappelés à Langey (1270) et à Château-Gontier (1320) ; l'official
d'Angers, en 1309, invoque aussi l'excommunication portée alors contre
les envahisseurs des biens ecclésiastiques. — Un concile, réuni en 1281,
est rappelé à Saumur en 1315. Aucun historien n'y fait allusion ; les
évêques réunis à Saumur ne mentionnent de ce concile qu'un canon sur
les excommunications, dont ils semblent contester l'exactitude. Ces
circonstances permettraient de révoquer en doute l'existence même du
concile, s'il était vraisemblable que les Pères de 1315 aient pu ignorer
un fait passé en 1281. — Du lundi au mercredi avant la fête de la Chaire
de saint Pierre à Antioche (17-19 février 1299, n. s.) eut lieu un synode
auquel n'assistèrent pas les évêques du Mans etde Dol, en litige pour
la préséance. Le GallicaChristiana (1656) fixe un concile
à l'année 1295, mais il s'agit probablement de celui de 1299. — En 1320,
nouvelle assemblée qui édicte douze canons très importants, quoique
D. Piolin dise qu'on n'en connaît aucun, trompé en cela par Maan qui
les édite deux fois aux années 1300 et 1320 et les attribue à un prétendu
concile tenu à Saumur. Mais les conciles d'Angers (1365) et de Nantes
(1431) les donnent expressément comme des articles du concile de Château-Gontier.
— Le synode de 1336 est également rappelé par ceux d'Angers et de Nantes.
Bourdigné en fait aussi mention. Jean Gaultier de Bridon, doyen à la
chambre des comptes de Bretagne, mort en 1596, en possédait les actes.
Barthélemy Roger parle encore d'un concile, tenu par
l'archevêque
Jean Bernard (1412-1466), « dans lequel il se fit de beaux règlements
qui se trouvent aux cabinets des curieux », mais ces mots, empruntés
en partie à Bourdigné, se rapportent au concile de 1336.
Au
mois de janvier 1343 (n. s.), Philippe VI passa à Château-Gontier à
l'occasion des troubles de Bretagne.
En
1363, la guerre sévit autour de la ville, où se font de nombreuses revues
de gens d'armes. Profitant de l'arrivée d'Edmond, duc de Cambridge,
qui allait en Guyenne au secours du prince de Galles, son frère, la
garnison anglaise de Vire, commandée par Jean Cressewel vint faire une
course à Château-Contier et s'en empara par ruse, le 17 août 1368, jour
de marché. Le capitaine anglais reçut à Château-Gontier, au mois de
septembre, une compagnie de gendarmes français qui lui ramenait les
otages livrés par lui comme caution de la reddition de Vire. Le 5 mars
1369, Robert Beverle est envoyé de Londres en mission à Château-Gontier.
Un traité fut passé peu après en vertu duquel Cressewel évacuerait la
place moyennant rançon, et Guillaume Becquet fut chargé d'en lever les
deniers dans les diocèses du Mans et d'Angers. Quand il vint en effectuer
le paiement, au mois de juillet 1369, la somme n'était pas suffisante,
il dut livrer jusqu'aux chevaux de la troupe qu'il amenait avec lui.
Enfin les Anglais partirent avant le 3 août 1369. Amaury de Craon avait
levé une troupe nombreuse de chevaliers et d'écuyers pour les poursuivre.
La ville avait grandement souffert de cette longue occupation. — En
1421, le comte de Salisbury vint faire une course en Anjou et « par
une nuit chevaucha à grant puissance jusque devant Chasteaugontier pour
cuider entrer dans la ville, laquelle avait été ouverte par aucuns ;
mais l'entreprise fut découverte et se mirent ceux de la ville en garde
et deffense, tellement que ne fut prise, mais les faubourgs furent pillés
». On accusa à cette occasion un nommé Cardinet des Plantes d'avoir
organiséun guet-apens où tomba une troupe de Français, « gens de communes
» peu aguerris, qui entraînèrent malgré lui Jean de Champagne leur chef.
— La ville fut quelque temps occupée par les Anglais en 1434 ; vers
le milieu de l'année, Jean Allain qui s'y trouvait prisonnier demande
un congé pour trouver la finance de sa rançon et la rapporter. — Charles
VII, quand il voulut mettre de la discipline dans les bandes d'écorcheurs
qui dévastaient la France, assigna, en 1439, Château-Gontier comme résidence
à l'un des chefs les plus redoutés, Jean Blanchefort, qui, heureusement
pour les habitants, s'ennuya bientôt de son inaction et partit pour
rejoindre le dauphin révolté. C'est à Château-Gontier que se réunirent
les capitaines angevins et manceaux : André de Lohéac, Louis et Jean
de Bueil, le sire de Varennes, qui, voulant secourir les Français assiégés
dans Ponancé, allèrent se faire battre au Bourgneuf de Saint-Quentin,
au mois de novembre 1443, pour n'avoir pas attendu les renforts annoncés
par le comte de Richemont qui était venu les rejoindre.
Louis
XI, pendant ses négociations avec le duc de Bretagne, séjourna longtemps
sur les confins de la Bretagne. Deux de ses lettres, du 23 et du 25
août, sont datées de Château-Gontier. Charles VIII y passa le mois d'avril
1487, il y était encore le 2 mai, avant de venir à Laval, et au commencement
de l'année suivante une partie des troupes convoquées sous les ordres
de Louis II de la Trémoille se concentra dans ses murs. Le sénéchal
d'Agenais et le capitaine de Silly y font, au mois de mars, la montre
des nobles afin de « choaisir ceux qui seroient gens pour servir ».
La ville devient au mois de juin l'un des magasins de l'armée au moment
où le coup décisif va être porté contre le duc de Bretagne, à SaintAubin-du-Cormier.
Au
siècle suivant, le protestantisme eut des adhérents et forma un parti
à Château-Gontier dès le commencement des troubles. En 1561, une ordonnance
royale défendit aux religionnaires de s'y assembler à cause des séditions
qu'ils occasionnaient. Michel Trioche y était ministre en 1563, et le
consistoire y entretenait un pédagogue ou magister. Les huguenots de
Château-Gontier prêtèrent main-forte à leurs coreligionnaires pour s'emparer
d'Angers dans la nuit du dimanche de la Quasimodo 1562. A l'époque
des seconds troubles, « les huguenots, dit Louvet, commencèrent à leur
assemblée à prendre les armes : lesquels prirent la ville de Château-Gontier,
où ils firent de grants ravages, pilleries et voleries et saccagèrent
tout autour de ladite ville Cela se passait le 1er septembre 1568. Vers
la fin du mois, M. de Leaumont, sieur de Puy-Gaillard, voulant faire
rentrer la ville dans l'ordre et l'obliger à contribuer aux frais de
la guerre avec les habitants d'Angers, envoya le sieur de Chavigny,
« auquel les portes furent fermées par les habitants ; ce qu'estant,
ledit sieur de Puy-Gaillard averti y alla en personne avec des troupes
auxquelles ils fermèrent lesdites portes. Ce que voyant, ledit sieur
les fit rompre à coups de hache et y entra, et mit des compagnies dans
la ville, oultre le nombre qui y estoit. » Le receveur du chapitre de
Saint-Just constate à cette époque, que les troubles qui règnent
dans tout le royaume le mettent dans l'impossibilité de donner aucuns
deniers aux chanoines. Le 22 mars 1576, « M. de Lavardin, qui estoit
du party du roy de Navarre contre le roy, estoit à Chasteaugontier,
avec des troupes, dit Louvet, qui pillaient et ravageaient le païs ».
On cite en 1583 un ministre protestant de Châtea u-Gantier, Jean Malsource,
mais son église, assez précaire, n'était pas réunie dlans la ville.
Au mois d'avri1 1589, les ligueurs de la ville allèrent assiéger la
garnison de huguenots ou de royaux qui occupait le château voisin d'Ingrandes.
Le 6 mai, samedi, huit cents hommes conduits par M. de Commeronde partirent
de Château-Gontier et allèrent jusqu'a deux lieues d'Angers, au village
d'Épinard, où ils se tinrent pendant trois jours, « tellement, dit un
chroniqueur,que la guerre ne s'est jamais veue telle ». L'action de
la garnison de Château-Gontier où commandait Louis de Champagné, sieur
de la Roussière, s'étendait effectivement dans un rayon assez large.
M. de Beaulieu qui en faisait partie occupait le Lion-d'Angers et Rochepot
étant venu pour le déloger put bien s'emparer du bourg, mais sans forcer
l'église où une poignée de soldats s'étaient retirés avec leur chef.
Ils tinrent bon jusqu'à ce que du secours leur étant venu de Château-Gontier,
Rochepot fut obligé de quitter la place, après avoir perdu soixante
hommes, et ramenant « le reste mis en blanc, leurs chevaux et armes
perdus », découragés et disant tout haut qu'ils ne pouvaient jamais
réussir en rien « de tant qu'ils allaient contre les catholiques ».
Il
ne faut pas appliquer à Château-Gontier le fait de la surprise du château
par Jacques Ernault qui, y étant prisonnier, serait parvenu à désarmer
les soldats. Cet événement se rapporte à Craon. Après la prise du Mans
par Henri IV et la reddition de Laval, Château-Gontier se soumit et
resta au pouvoir des royaux jusqu'après la bataille de Craon. Mais,
dés le lendemain de leur victoire, le 24 mai 1592, Mercoeur et Bois-dauphin
rentraient dans la ville, où les royaux ne firent que passer en pleine
déroute. Outre les dévastations qui restent à leur charge, les bandes
anglaises qui vinrent au secours des protestants apportèrent dans le
pays « de grandes maladies appelées dissenteries ou flux de ventre »
qui régnèrent particulièrement à Angers, Château-Gontier et Rochefort
sur la fin de l'année 1592. Le 24 février 1594, Boisdauphin amena de
Château-Gontier deux pièces de canon et des troupes devant le château
de Sautré que lui rendit M. de Quincé ; il soutint la lutte encore pendant
quatre ans, de sorte que le pays était encore en guerre après que la
paix régnait dans le reste du royaume. Le maréchal, après sa soumission
(1598), devint gouverneur d'Anjou et se faisait remplacer à Château-Gontier
par M. de Champagné de la Motte-Ferchaud et par M. de la Girouardière
(1599). Une ordonnance d'Henri IV accordait aux huguenots, en 1606,
un cimetière de cinq toises sur quatre, près des murs de l'ancien château.
I1s furent encore confirmés dans la jouissance d'un cimetière particulier
en septembre 1614. Mais, en 1637, l'église est déclarée vacante. La
révocation de l'édit de Nantes n'atteignit que quelques familles nobles.
Ce
qui marque pour le pays de Château-Gontier le règne de Louis XIII ce
sont les maladies, les disettes et les malheurs qu'amenèrent les passages
de troupes, celles du roi ou celles des rebelles. En 1612 et 1613 la
dysenterie, en 1625, 1627d'autres maladies contagieuses, font des ravages
; par prudence on interdit aux passants d'entrer en ville, les habitants
d'Angers sont spécialement exclus, et l'on ne veut recevoir le messager
lui-même qu'après une quarantaine de vingt-quatre heures à la campagne
; des réfugiés normands, assez nombreux en ville, sont expulsés. Par
ordre de la municipalité du 18 septembre 1626, on fit transporter les
malades à la closerie du Bois-Plaidé dans des maisons cadenassées ;
ceux qui soignaient les pestiférés devaient porter des casaques de trilles
ou bougran noir avec des croix blanches, et n'entrer jamais en communication
avec les habitants. La disette d'ailleurs se joignait à la peste. La
période de 1630 à 1639 ne fut pas moins éprouvée. Quand la contagion
ne régnait pas dans les murs, elle régnait dans les faubourgs ou à Bazouges.
Du mois d'août 1638 au mois de mai 1639, on construisit des huttes
aux grands prés de la ville pour y reléguer les « contagiés », que soignaient
un chirurgien, les capucins et les prêtres.
Château-Gontier,
qui se trouvait sur le chemin d'Angers, où les luttes de la minorité
de Louis XIII se firent surtout sentir, et dans le voisinage de Craon,
propriété du prince de Condé, ne pouvait manquer de subir le contre-coup
des. événements. Le prince de Condé fut reçu le 11 novembre 1613 et
logé aux frais des habitants au « logis de Monsieur Hilland », ou plutôt
Héliand. Mais bientôt les bruits de guerre éclatent, les rôles se dessinent.
Le conseil de ville décide, le 12 février 1614, que les habitants monteront
la garde jour et nuit pour le service du roi, en attendant les ordres
de M. du Boisdauphin ; qu'on fera provision d'armes et de poudre et
que les portes seront gardées soigneusement. Le 5 août, la ville envoie
une députation à leurs Majestés à Angers. Apaisés un instant, les troubles
reprennent bientôt. Le roi écrit, le 31 juillet1615, au gouverneur et
aux habitants de Château-Gontier qu'on fasse bonne garde, en raison
de la « défiance qu'a le roi de Monsieur le prince de Condé, assisté
de MM. les ducs de Longueville, de Mayenne, de Saint-Paul et du maréchal
de Bouillon, qui ont refusé d'accompagner le roi en son voyage de Guyenne»
au-devant de la future reine Anne d'Autriche. Les troupes du duc de
Vendôme occupaient les paroisses circonvoisines au mois de février 1616,
sous la conduite des capitaines de la Barre, du Bouchet et autres. Fidèles
aux ordres de Sa Majesté, les habitants décident, le 9 février, qu'il
ne leur sera fourni ni pain ni vin. En 1620, la reine-mère fomente la
révolte dans son gouvernement d'Anjou pour aboutir au ridicule échec
des Ponts-de-Cé (7 août). L'année suivante, le duc de Vendôme, son partisan,
pillait encore la campagne entre Château-Gontier et Craon ; la reine
fut contrainte d'envoyer contre ses bandes M. de Marillac et de le chasser
d'Anjou. La ville fut occupée pendant la Fronde, au nom du parlement,
par le régiment du duc de la Trémoïlle sous les ordres du marquis de
la Barre ; mais aucun fait de guerre ne marque pour le pays cette révolte
ni dans sa première ni dans sa seconde phase, quoique le 23 mars et
le 24 avril 1656, la noblesse, réunie au Lion-d'Angers puis à Ingrandes,
ait encore député au roi les seigneurs de Magnannes et de la Brossinière,
pour se plaindre de la politique de Maza rin.
Disette
en 1682.
aUne
bande de faux-saulniers commandée par les nommés Ravard, La Sangsue
et Lamoureux, du Bourg-l'Évêque, tenait la maréchaussée en alerte continuelle
en 1707-1708, favorisée, disait le grand prévôt d'Angers, par la population
et même par les curés. La bande ne comptait plus en 1709 qu'une dizaine
d'hommes sur lesquels six furent pris le 16 janvier 1710. Drouet, l'un
des plus redoutables, le fut le mois suivant. Il y eut quinze exécutions
; les moins coupables s'engagèrent dans un régiment de Basse-Normandie.
Le
XVIIIe s. n'offre que son contingent de disettes, de mauvaises récoltes,
1709, 1724, 1752, de maladies épidémiques, de garnisons onéreuses, et
aussi de cérémonies religieuses, dont une des plus marquantes fut la
mission de 1716.
La
municipalité révolutionnaire inspirée par le maire, Yves Destriché,
et par le procureur fiscal, Habert, donna de bonne heure dans des excès
que l'administration centrale dut réprimer comme des actes « d'une insubordination
indécente aux pouvoirs constitués ». Soixante prêtres avaient été arrêtés
sans mandat, en pleine nuit, vers la mi-septembre 1791. Destitué de
nouveau, le 8 novembre, le maire n'en prenait pas moins les mesures
les plus arbitraires, défendant toutes les assemblées religieuses, emprisonnant
les prêtres. La municipalité eut le plaisir de posséder la première
« la machine à couper les têtes », qu'elle reçut de Laval, le 2 avril
1793, encore « encaissée telle que nous l'avons reçue », disent les
administrateurs lavallois, et qu'elle garda deux jours et trois nuits.
Le district et la municipalité adhérèrent au mouvement fédéraliste,
mais assez modérément pour ne pas se compromettre puisqu'aucun de leurs
membres ne fut inquiété.
Le
matin du 21 octobre 1793, on apprend que les Vendéens se portent sur
Candé ; les autorités organisent la défense, demandent à Craon de l'artillerie
; Esnue-Lavallée répond à une heure après midi qu'il n'en peut fournir
; qu'en cas de danger, il faut se replier sur Craon. A trois heures,
On apprend que Segré a été occupé à midi, et à six heure ; l'avant-garde
vendéenne est signalée. Il n'y eut qu'un simulacre de combat. Les royalistes
restèrent douze heures à Château-Gontier. Les malades qu'ils laissèrent
furent massacrés et Carrier put dire dans son plaidoyer que les noyades
avaient eu lieu dans la Mayenne avant qu'il les ait mises en pratique
à Nantes. Le soir du 27 octobre et dans la nuit qui suivit, se termina
dans les rues de la ville la poursuite acharnée des républicains par
les Vendéens, vainqueurs à la Croix-Bataille. Les administrateurs n'étaient
pas encore rentrés le 4 novembre. Dès leur retour, ils votent des pensions
pour les veuves les orphelins, dressant le 23 décembre une liste nouvelle
des suspects qui doivent être enfermés aux Ursulines ; demandent le
4 février au département l'autorisation de démolir toutes les églises
et de construire une tour pour la tenue des sociétés populaires et l'installation
d'une horloge qui pût servir à toute la ville.
Pendant
ce temps-là, Coquereau, dont le père et la mère étaient emprisonnés,
tenait la ville en échec, empêchant les vivres d'y entrer. Le 9 thermidor
an II, le jour même de la chute de Robespierre, la commission révolutionnaire
s'installait à Château-Gontier et, en quelques jours, envoyait dix-huit
victimes à la guillotine, sans compter les trois cents « brigands »
que le comité local reconnaissait avoir expédiés en deux mois aux commissions
de Laval et d'Angers. A la fin de juin 1795, Jambe-d'Argent tenta avec
Coquereau contre la ville une attaque qui manqua par la faute de ce
dernier ; mais la situation n'en était pas moins « poignante d'horreur
» pour les républicains. La municipalité, qui « faisait détester la
république par son zèle excessif et inquiet », devint un embarras pour
l'administration centrale et fut dénoncée par elle au ministre de l'intérieur
(24 mai 1708). Il n'y eut plus en attendant la paix définitive que le
soulèvement de 1799, le désarmement du corps de garde par une troupe
de Chouans déguisés, le 9 mars, et une série d'alertes dont le commissaire
rend compte de décade en décade au ministre de l'intérieur. — 1815,
quarante élèves du collège s'enrôlent sous les ordres de M. d'Andigné.
— 1832, la commission militaire présidée par le colonel Baraguay-d'Hilliers
prononce la peine de mort contre les chefs du soulèvement légitimiste.
— Janvier 1848, émeute réprimée militairement à l'occasion de la cherté
du grain. — Janvier 1871, visite de l'ineffable Delattre, qui fait arborer
le drapeau noir, aussitôt descendu. Cathelineau eut son quartier général
à Château-Gontier.
Reg.
par. depuis 1527. — Arch. de l'hôtel de ville, de l'hôpital.- Arch.
de la M., E, terrier du marquisat ; 88 vol. reliés du même fonds furent
livrés aux flammes en mars 1794, « après en avoir sequestré les parchemins
susceptibles d'être employés en gargousses ». — Notes sur les événements
remarquables arrivés en la ville de Chateau-Gontier, de 1540 à 1682,
par M. Douard, au château de Thévalle. — Barth. Roger, Hist. d'Anjou.
— L. Maitre, Série chronologique des seigneurs de Château-Gontier.
D'Epinav. Notes arch. sur divers monuments de Ch.-G. —.Abbé Charles,
Notes arch. sur divers monuments de Ch.-G. — Godard-Faultrier,
L'Anjou et ses monuments. — Baron de Wismes, Le Maine et l'Anjou.
— Abbé Foucault, Documents hist. sur Ch -G. -- Le cab. de
R. Gadbin, heureusement recueilli dans son intégrité par M. P. de Farcy,
est une mine précieuse.— Du Brossay, La Destruction du château de Châteaugontier.
Ou doit réformer d'après cette étude ce que j'ai dit, après tout le
monde, des ordres de Richelieu sur cette destruction.
Abbé
Angot,Dictionnaire de
la Mayenne, 1909,
tome 4 (supplément)
Château-Gontier.
- Population : 6 866 hab. en 1902 ; — 6 975 hab. en 1908.
Ulger,
évêque d'Angers, se plaint du tort que Geoffroy Martel lui avait fait
ablatione turis Castrigunterii, mais je suppose qu'il s'agit
d'une tour de ce nom de l'enceinte d'Angers (Cartul. noir de Saint-Maurice,
p. 288).
Le
grand chemin de Château-G. à Angers était, d'après M. Port, celui de
la rive gauche de la Mayenne, passant par Querré et Sceaux. C'est celui
qu'on nomme en 1445 « le grant chemin comme l'on vait de Genesteil à
Angers ». Mais en 1445 aussi on mentionne celui de la rive droite par
Chambellay. C'est celui-ci qu'on rétablit au XVIIIe s. L'ouverture s'en
fit aux mois de juillet-août 1772. En 1778 on se plaint que cette ouverture
ait endommagé le temporel de l'hôpital Saint-Joseph.
La
nouvelle route de Château-G. à Laval avait été inaugurée au mois d'avril
1772, par la rive gauche.
Le
grand chemin de Sablé passant par Châtelain est mentionné en 1460, 1483,
1491. Celui de Segré et de Nantes passait à Saint-Sauveur, 1470 ; celui
de Vitré par « le Breil de Peuton » et par Cossé, 1443, 1444. Je trouve
aussi mention des grands chemins de Château-G. à la Croix-Couverte,
1463, et à la Croix-Bomer, 1568, qui se confondent évidemment avec l'un
de ceux déjà indiqués.. Celui de la Croix-Bomer partait de la Porte
d'Olivet (pour Angers?).
M.
Chiron du Brossay mentionne au Port-aux-Vins deux tours : la tour du
Port, et la tour de Mayenne ou tour Guillaume ; celle-que j'ai nommée
tour Gaultier est en réalité la tour Vallin.
Le
Port-aux-Vins est cité dès 1123. Alard II en donne la dîme aux moines.
Il semble avoir formé une sorte de bassin sur la porte duquel passait
un pont qui gênait l'entrée des bateaux ; on proposa aux marchands,
en 1617, de le refaire à frais communs avec la ville, et se levant pour
la commodité des mariniers. — Sur la rive gauche était le Port-Guinot
(XVIIe s.) Il y en avait certainement d'autres.
Officiers
militaires. — Philippe de Salles est gouverneur en 1371. — Pierre
de Bertenville, capitaine, prend part à une expédition conduite par
Lohéac et Loré, à Lassay (Chron. de Jean Chartier), en 1432.
Pont.
— En 1539, le pont qu'on avait précédemment commencé à refaire en pierre,
était en partie « depuis aucun temps tombé en ruine par fortune et inondation.
» La dame de Château-G., en attendant une réfection complète, ordonne
pour prévenir les accidents « la réparation en bois estre faite » et
donne pour cela 35 pieds de chênes (Bull. de la M., t. XX, p.226).
Saint-Jean-Baptiste.
— L'église existait en 1100 (Cartul. de Saint-Aubin, t. II, p. 112).
— Le 17 août 1791, à la requête des officiers municipaux. le directoire
du département autorise la démolition du grand autel et de trois petits
autels qui séparaient la partie de l'église réservée aux religieux de
celle occupée par les fidèles.— Le 12 thermidor an III, le prieuré
est occupé par les bureaux de l'administration du district, par la prison
et la maison d'arrêt.
Prieurs
: Guy de Mathefelon, du temps de l'abbé Girard, 1082-1096. —
Huilduin, 1104. — Lambert, 1181 . — Jean, 1182,
d'après une charte fausse.
Curés
: G., persona Sancti Johannis, 1259. - Rousseau, 1907 .
Saint-Jean-l'Evangéliste.
— Guérin est qualifié (1125-1148) presbyter ecclesiae Sancti
Johannis Evangelistae, et plus expressément « curé » dans une traduction
du XVIIie s., à l'occasion de l'acte par lequel il donne à l'évêque
Ulger, le jour où les religieux de Saint-Jean-Baptiste l'avaient éconduit,
la maison qu'il s'était fait bâtir joignant son église, probablement
celle dont jouissait l'évêque quand il reçut l'investiture de Saint-Just.
— L'église fut vendue natt en 1793 pour 2 060 » à Franç.
Loré.
Saint-Remy.
— On mentionne en 1655 des dons « aux confréries de la Couronne de Notre-Seigneur
et du Rosaire, instituées ès églises de Saint-Remy et de Saint-Jean-Baptiste
». La confrérie de la Couronne de Notre-Seigneur est-elle connue ?
La
procession de sainte Marguerite est décrite dans les Souvenirs et Légendes
de Mme Leroyer de Chantepie (V. Foucault, Documents sur Château-Gontier,
p. 207).
Curés
: Geof. Hardy résigne, âgé de 70 ans, sous réserve d'une
pension de 35 réaux d'or, 1448. — Jean des Plantes, prêtre du
diocès d'Angers, 1er janvier 1448. — Jean Marion, né à 1'0isillère
de Bazouges, fut ordonné en 1558, doté par Jeanne Martin, veuve de Jean
Fougerais. —René Noulins, et non Moulins, 1713 — Jean Viel
hérite de Franç. Soulin, de Craon, 1737. — Bricard, 1904.
Saint-Just.
— Helinannus est dit canonicus Castri. Gunterii et
parait comme témoin d'une charte de Renaud de Craon à l'abbaye de Saint-Aubin,
en 1080. Ce serait la plus ancienne mention du chapitre de Saint-Just
(Saint-Aubin,t. I, p. 190). — Le texte de l'attribution à l'évêque Ulger
et à ses successeurs de la collégiale, que je ne connaissais pas, a
été publié dans le Cartulaire noir de Saint-Maurice (p. 306-308,
310) et daté plus exactement, 16 octobre 1132-1138, et non 1145. Ce
texte historique et intéressant nous apprend que le chapitre et les
chanoines furent soumis à Ulger non seulement comme évêque, mais en
tant que seigneur temporel, évêque et doyen. Si les chanoines avaient
des torts envers le baron, l'évêque lui rendrait justice dans sa maison
de Château-Gontier, ou dans la chapelle. Si au contraire les chanoines
se plaignaient, c'est à Angers, dans sa cour épiscopale, que le prélat
jugerait leur cause. Le donateur fut assuré d'une messe chantée quotidienne
pendant sa vie et à perpétuité après sa mort, et d'un anniversaire semblable
à celui de l'évêque lui-même. C'est en tenant d'une main le premier
chanoine, et en mettant sa propre main dans celle de l'évêque qu'il
lui donna l'investiture du collège, y ajoutant les droits qu'il avait
sur trois bourgeois de sa ville : Gaultier Le Mercier, Gaultier de Loigné
et Chantereau. Les quatre prébendés étaient alors Payen Fautier, Etienne
du Coudray, Alard et Robert Chaignon. Le baron ne dédaigna pas une aumône
de 90 livres angevines pour lui et de 100 sols pour Exilie, sa femme,
et Renaud, son fils. Payen lier est qualifié archipresbyter,
quelques années plus tard. — L'ex-libris de la bibliothèque du chapitre
a été reproduit par M. de Farcy (Bull. de lait., t. XXIII, p. 33). —
Les religieuses de Saint-Joseph possèdent un calice et des burettes
aux mêmes armoiries. — L'église fut acquise natt en 1794
par J. Lecottier, pour 1 440 livres ».
Geneteil.
— L'église était sous le vocable de Notre-Dame. Ce n'est qu'à partir
de1750 qu'on lui donna le nom d'église de la Trinité. Après de longues
contestations entre le principal du collège, M. Marais, et le curé d'Azé,
ce dernier avait obtenu par sentence du conseil du roi, du 23 mars 1749,
que l'église fût séparée en deux, le choeur pour le collège, la nef
pour les habitants. C'est. l'explication de ce distique gravé sur la
tombe de M. Marais, mort de chagrin en 1752 :
Proh
dolor ! atra dies templum divisit et annos.
Restitues
templum, tu mihi vita, Deus.
L'abbé
des Vaux,dont les armoiries se voyaieny il y a cinquante ans sculptées
au-dessus d'une porte, ne fut probablement pas prieur dès 1639, car
on trouve, en juillet 1641, Claude Fouassier prieur (Arch. de la M.,
B. 2.498, f. 56 V°). La confrérie des Trépassés était en grande faveur
auprès des habitants. Elle avait des biens fonds, des quêtes, le produit
des bancs et bancelles, des droits pour les ornements fournis à l'occasion
de nombreuses sépultures, une fabrique organisée enfin dont les titres
sont encore considérables, du XVIe au XVIIIe s. La corporation des maréchaux
remit au procureur en 1693, les ornements, le calice, un missel, une
chasuble verte brodée d'un saint Eloi et d'une Vierge
qu'elle possédait, le coffre qui les contenait, à condition qu'on fît
pour les confrères quelques services et qu'on dît quelques messes.
Le
faubourg était de la paroisse d'Azé, mais on le disait quand même de
la ville ou lès-la-ville de Château-G. On mentionne dans un inventaire
de 1717 des archives de la fabrique d'Azé « une liasse de plusieurs
pièces concernant le faubourg d'Azé et la ville de Château-G. », entre
autres « la grosse de l'arrêt rendu au profit des habitants du faubourg
contre la ville ».
Ursulines.
— La communauté, pour continuer de vivre dans l'observance de ses voeux,
a dû s'expatrier. Elle a trouvé un asile en Belgique. — Un bâtiment
de l'enclos qui précéda l'établissement religieux, dans une petite cour
dite la Cour de la procure, comprend une tour hexagonale et un petit
bâtiment avec perron couvert en dôme. Le cloître a sa charpente apparente
et cintrée.
Hôpital
Saint-Julien. — Robert Naturel (?) qui fut administrateur de l'hôpital
en 1489, portait t-il réellement ce nom ? Il était fils bâtard de Jean
II, duc d'Alençon. et fut présenté à l'évêque d'Angers, en 1489, par
René d'Alençon.
Le
P. Ulbald, capucin, a trouvé à Angers, à l'Université, la règle des
Tertiaires de Saint-François donnée par le P. Gabriel- Maria, et approuvée
par bulle de Léon X, 1517, et dont la traduction a été publiée en 1622.
11 en a donné une nouvelle édition, avec étude préliminaire riche en
renseignements sur la maison de Saint-Julien de Château-G. : La règle
du Tiers-Ordre franciscain composée par le P. Gabriel-Maria avec une
introduction par le R. P. Ubald d'Alençon, capucin, in-8, 20 p.
Paris, 1901. — Cette règle, d'après l'imprimé de 1622, « donnée premièrement
aux soeurs de Chasteau-Gontier », avait été depuis « communiquée aux
monastères de Champigny, de la Flèche de Mirebeau et autres du mesme
ordre. ».
La
Charité avait pour procureur, en 1713, Pierre Syette, juge en
la sénéchaussée, et pour directrice Dlle Renée Gallais. — En 1789, Marie-Anne
Garnier, pensionnaire aux Ursulines de Laval, outre ses dons aux hôpitaux
de Laval, donnait 10 000 livres pour fondation d'une Providence
ou Charité à Château-G. (Test. du 8 déc. 1788, devant Perrotin).
On
inaugura en 1780 des cours publics d'obstétrique pour former des sages-femmes
à envoyer dans les paroisses rurales.
Les
habitants s'opposent à la vente nationale de la chapelle du Martray
qui fait partie du cimetière et obtiennent satisfaction du département
le 19 janvier 1792.
Ecoles,
collège. — Mathurin Ferré est maître d'école en 1688.
Le
collège compte un principal, 8 régents et 84 pensionnaires au-dessus
de 8 ans, en 1740 ; 110 en 1775. Principaux
: André Ragaru, 1597; — Franç. Mehaignery, 1604 ;
— Jacq. Trochon, 1610 ; — Guill. Recoquillé, 1612, 1640
; — Jean Bernard, 1640, t 1655 ; — Pierre Hamon, 1660,
1664 (V. la suite au Dict., t. I, p. 587, 588, et Bull. de la May.,
t. XXII, p. 282).
Le
12 germinal an II, le procureur syndic écrit : «Il y a eu peu d'écoles
primaires établies dans le district, l'insurrection ayant forcé les
instituteurs à se réfugier. Il n'existe plus d'écoles en ce moment,
même pas dans la ville, quoique le jury ait nommé un ou deux instituteurs
qui ont négligé de se mettre en activité, préférant l'enseignement libre
».
Collège
Saint-Michel.
Ecole
chrétienne, libre, pour les garçons, rue Volney. — Ecole libre tenue
par les soeurs d'Evron, fermée par circulaire ministérielle du 8 juillet
1902. — Actuellement pour les jeunes filles établissements libres :
Pensionnat Jeanne d'Arc ; — Ecole maternelle Saint-Jean ; — Ecole primaire
Sainte-Marie ; — Ecole maternelle de la Trinité ; — Ecole primaire de
Nazareth.
Bibliothèque.
— Le procureur syndic envoie, le 8 ventôse an au Comité d'instruction
publique 2 091 cartes ou fiches indiquant le titre des ouvrages
provenant des communautés religieuses et des émigrés ; et, le 6 germinal,
1 418 nouvelles fiches semblables. Il demandait qu'on choisit un
local pour la bibliothèque.
Hôtel
de Ville. — Je n'ai que quelques dates plus précises à ajouter à
la liste des maires : Pierre Maumusseau, sieur de la Grandinière,
1696. — René Maumusseau de Changrenu était vice-maire en 1701.
— N... Trochon de la Cellerie, 1753. — Pierre Syette,
1768. — Jean-Bernard Le Vahier fut nommé ou confirmé par François
en l'an IV.
L'archidiacre
d'Outre-Maine tenait ses assises à Angers, au Lion d'Angers et à Château-G.,
avec un appariteur en chaque ville, d'après les statuts de Nicolas Gesland.
-- En 1515, on mentionne encore les « Officiers qui ont la garde des
sceaux de Monsieur l'Archidiacre. »
Baillis
ou sénéchaux. — Geofroy, sénéchal 1190-1206, est nommé Gaufridus
de Ramoforti, 1193. — Pierre de la Vezouzière, 1385. Son
gendre, Renaud du Maz, était capitaine du château. — Olivier Rouillon,
1390. — Pierre Hocquedé, 1441, 1458, était parent de Robert Le Masson,
chancelier de France sous Charles VII. — Jean Hulin est qualifié sénéchal
et Mathurin de Pincé bailli en 1496. — Pierre Mauguy, nommé par René
d'Alençon, fut le grand père de René Chopin qui en fait mention dans
son Commentaire sur la Coutume d'Anjou. — N... Bonvoisin, 1508.
— Jacques Bonvoisin, nommé par la dame de Château-G., le 18 mars 1537.
Grenier
à sel. — Il y avait proche le port de la Grille, non loin du port
aux vins, « un corps de logis servant de dépôt pour le fournissement
du grenier à sel, et qui appartint : à Pierre Bourdon, à Michel Péan,
prêtre, à René Sourdille, grenetier, et fut cédé par celui-ci, en 1688,
aux religieux de la Roë. — En 1388, la reine de Sicile, dame de Château-G.,
prescrivait aux grenetiers de permettre à chaque paroisse de faire prendre
le sel au grenier par deux personnes au nom de toute la communauté.
Le grenetier était alors (1385) Guill. de Chahaigne qui eut une rixe
avec Renaud du Matz, capitaine, à la foire de Saint-Jacques (Arch.
du Maine, t. V, p. 322, 345). — Jean Vallin, grenetier en 1537,
avait sans doute donné son nom à la Tour-Vallin.
Corporations.
— Les archives de la Mayenne contiennent 32 liasses (B. 2.914-2.946)
concernant les corporations de Château-G.
Le
11 septembre 1791, les fabricants de toiles fines envoient à l'Assemblé
nationale un mémoire sur le triste état de leur commerce : plus de demande
même à vil prix, plus d'argent, rien que des assignats que les ouvriers
n'acceptent pas, il va falloir les laisser sans ouvrage ; et le grain
vaut 4 livres le boisseau de 30 livres (Arch. nat., D XXIX bis, 12).
Il
y avait un moulin à papier sur la chaussée de Mirouault, acheté du seigneur
par Et. Blanchet en 1591. — Le 24 vendémiaire an III, Murault, qui dirigeait
une manufacture de coton, répond au procureur syndic qui lui demandait
de faire connaître les besoins de son industrie, qu'il a assez de matières
pour le nombre de ses ouvriers. — En frimaire, même année, les fabricants
d'étamine se plaignent qu'on envoie au Mans les laines dont ils ont
besoin. Une partie de celles qui étaient à la garde du commissaire du
district avaient été volées avec effraction.
Seigneurs
: Renaud I est cité avant 1040 dans une charte de Foulque Nerva en faveur
d'une église de Saint-Hilaire (Maison de Maillé, t. II. 4)
Alard
I, en 1056-1060, est juge d'un débat entre l'abbé de Saint-Aubin et
Eon de Blaison, puis témoin de la remise de l'église de Trèves par l'abbaye
de Saint-Aubin au prêtre Ursion. En 10634064, il assiste à l'acte par
lequel Geoffroy Martel décharge les sujets de l'abbaye de la garde de
ses châteaux.
Renaud
III est aussi désigné sous le nom de Jérosolimitain après 1082. De 1068
à 1078, il fut sévèrement repris par Foulques Réchin pour les vexations
qu'il avait exercées contre les moines de Vendôme dans leurs paroisse
et prieuré de Ménil. Il avait fait à Château-G. un étang qu'il donna
aux religieux de Saint-Jean, sous le priorat de Guy de Mathefelon. En
1095, il est témoin deux fois de sentences rendues par Foulques Réchin
en faveur de Saint-Aubin d'Angers. Il partit pour la Terre-Sainte en
1097 et mourut « glorieusement au service de Dieu », ou suivant le texte
latin, in servitio Domini apud sanctum Sepulchrum laudabilem finem
adeptus est, certainement avant 1104, malgré ce qu'on peut inférer
du texte du Ronceray précédemment invoqué.
Alard
II fit remise à son prieuré de Château-G., en 1112, entre autres redevances,
d'un denier par sol sur les ventes faites dans le fief des religieux
et qu'il s'était réservé parce que toutesles maisons du bourg des moines
à Bazouges avaient été bâties du bois de ses forêts. Il confirma à Robert,
abbé de la RoÊ (1128-1139), la possession, dans son fief à Angers, d'une
maison, du consentement d'Exilie, sa femme, de Renault, Alard, Geoffroy,
ses fils. LE 14 février 1141, il est témoin à Angers d'un second acte
de Geoffroy Plantagenet en faveur de Saint-Laud. Puisqu'il vivait encore
en 1145, Alard III, le seul survivant de ses fils, dut posséder bien
peu de temps la baronnie de Château-G. Il vivait en 1149, mais mourut
cette année-là.
Renaud
IV, en effet, est témoin d'une confirmation par Geoffroy Plantagenet
à l'abbaye de Saint-Laud qui ne peut être postérieure à 1149. Il faut
lui attribuer tous les actes qui suivent jusqu'en 1190, puisqu'il confirme
alors à l'abbé Geoffroy, nommé le 15 août 1190, les dons qu'il avait
faits à Guillaume, son prédécesseur, mort en 1189 ; et même peut-être
jusqu'en 1193 : le don qu'il fait en cette année-là à Saint-Aubin, du
consentement de ses fils Renaud et Alard, est authentique et bien daté.
Renaud
V, qui était l'aîné, paraît pourtant en 1190 ; au mois d'août, avec
son frère Guillaume, témoin d'un don d'Hubert de Champagne à l'abbaye
de Saint-Aubin ; et la même année, toujours avec Guillaume, on l'a vu
mentionné dans la première charte du Geneteil. Il vécut peu d'ailleurs,
car Alard, son frère, lui avait succédé dès le commencement du XIIIe s.
au plus tard. Comme on voit plusieurs fois le père et les deux fils,
ou les deux frères ensemble, avec le titre commun de seigneur de Château-Gontier,
il me semble possible qu'ils en aient exercé les fonctions simultanément.
Philippe,
fille cadette d'Alard V, femme de N. de Lonray, est dame de Maison-Maugis,
de Domo-Maugis (Arch. de l'Orne, H 553).
Robert
de Beaumont, veuf de Marie de Craon, fille d'Amaury II, obtint dispense
d'affinité, le 30 mars 1323, pour épouser Marie, dame d'Artort, du diocèse
de Bourges (Lettre de Jean XXII. n. 17.113).
Les
seigneurs de Château-G. se nommaient de et non du Bailleul.
Le
30 mars 1715, en cour du Châtelet, Marie-Cath.-Louise Aubry de Vastan,
femme de Jean-Anne Aubry, chevalier, comte de Saint-Yves, légataire
universelle d'Alexis, comte de Bailleul, son oncle, donne la terre de
Château-G. à Félix Aubry, marquis de Vastan, maître des requêtes, intendant
de justice, police et finances en la généralité de Caen, lequel réclame
en 1737 insinuation du contrat.
Le
4 avril 1767, en cour du Châtelet, la même terre est licitée pour une
moitié (180 500 livres) par Marie-Céleste Locquet de Granville,
veuve de Louis-Jos. de Beaumont, marquis d'Autichamp, à son fils aîné
Jean-Thérèse-Louis de Beaumont.
Histoire.
— M. Halphen (Le Comté d'Anjou au XIe s.), mentionne
: la donation du domaine et de l'église, 988-999 ; la construction par
Foulques Nerra du château vers 1007, date approximative, élevant d'abord
un fortin, puis commençant un grand donjon qu'il laisse achever par
Renaud, fils d'Yves (p. 90, 93, 111, 143, 155, 158).
Guillaume
Chamaillard dit s'être emparé de Château-Gontier, sur les Anglais sans
doute, avant 1364 (Province du Maine, t. VIII, p. 388).. — Dès
1362, les Anglais couraient tout le pays, ils vinrent plusieurs fois
à Château-G. avant le mois de mars 1363, d'après le procès d'un prisonnier
qui avait été obligé de marchander avec eux de chevaux et d'armes, car
il n'aurait pu autrement payer sa rançon. Un autre partisan ou routier
raconte que pendant que les ennemis se tenaient au pays de Château-G.,
le roi ayant ordonné à ceux du plat pays de se retirer dans la ville
avec leurs biens et vivres pour qu'ils ne servissent pas à entretenir
les Anglais, d'autres jeunes gens comme lui tenaient la campagne pour
le roi, et que quand ils eurent épuisé leurs provisions, ils vivaient
des biens trouvés dans les maisons et qu'on considérait comme abandonnés
(Arch .duMaine, t. V, p. 106, 176). On se plaint encore
en 1411 de ce que Jean, duc d'Alençon, et ses alliés avaient laissé
la ville « grandement et fort ruinée » (Rev. du Maine, t. XXI,
p. 320).
Louis
de Champagné qui tenait pour les Ligueurs à Château-G., en 1589, ne
se retira pas sans résistance devant les troupes d'Henri IV ; il capitula
le 8 décembre et sortit de la ville tambours battants. Après 1592, quand
Angers se fut soumis, les tribunaux ligueurs de cette ville se retirèrent
à Château-G.
Le
23 février 1594. le curé de Chemazé retiré à la Mazure, au Bourg-d'Iré,
donnait procuration pour les affaires de sa cure à un avocat « au siège
présidial d'Anjou, séant à Chasteau-Gontier. » Il ajoute qu'il avait
mis les titres de sa cure dans une maison forte et qu'il ne peut les
envoyer « sans danger d'estre perdus par les courses des gens de guerre,
tant d'un parti que d'autres, qui sont de jour en jour sur le pais »
(Chart. de la Roë , vol. 173, f. 149, 150).
Un
détachement de cavaliers était en garnison à Château-Gontier pendant
l'hiver de 1708.
Le
1er août 1789, dix-neuf membres de la noblesse réunis à Château -G.,
signent une adresse à l'Assemblée nationale, la félicitant « de son
heureuse union, qui la rend l'espoir de la patrie. Sa haute sagesse,
disent-ils, ses lumières, son zèle infatigable répareront les pertes
de la France et feront son bonheur. » (Le 4 août à Versailles, la noblesse
renonçait à ses privilèges). — L'adresse est signée : Quatrebarbes,
Champagné, d'Andigné, Lancrau de Bréon, Déan de Luigné, etc. (Arch.
nat., C 89).
10
mai 1790, la garde nationale adhère au pacte fédératif des gardes nationales
de France, jure de maintenir la nouvelle Constitution et le roi, « restaurateur
de la liberté de son peuple. »
3
juillet 1790, la commune envoie son adhésion à tous les décrets de l'Assemblée
nationale et souscrit un million pour l'acquisition des biens nationaux
du district (Arch., nat. C 39, 42).
Les
délégués de la Convention Fauchet et Maurin, au mois de septembre 1792,
trouvèrent à Château-G. « le patriotisme le plus brûlant. » En réalité,
ils trouvèrent le maire Détriché, deux fois cassé par le Directoire
du département pour ses excès jacobins ; et le « bon Dunan », curé intrus
de Laigné, « modèle parfait du vicaire savoyard » qui mariait les moines
défroqués comme lui, et que les paroissiens chassèrent, dégoûtés de
son ivrognerie, de ses débauches et de ses délations. En dehors de ces
deux patriotes, toute la population regrettait ses bons prêtres et envoyait
à la frontière les acquéreurs de biens nationaux.
Le
dépouillement des églises donna au 13 décembre 1793 : 600 marcs d'argent,
88 marcs de galons dorés, 77 marcs de galons d'argent, 70 marcs de galons
et étoffe brûlés.
Le
district envoie à Sedan un détachement de volontaires, dont plusieurs
sont réformés à Laval, 22 mai 1793. Les autorités demandent deux canons
par crainte des Vendéens (3 juin), et envoient tous les fonds à Laval
(21 juin).
Nous
avons la correspondance de l'accusateur public des commissions révolutionnaires
de Laval avec le Comité de Château -G. Ces serviteurs de la Convention
ont des instincts et un, langage infâmes. — Je suis l'accusateur public,
écrit Volcler au comité de Château-G. La Commission est on ne peut plus
satisfaite de votre manière d'opérer. » Il trouve pourtant qu'on lui
envoie trop de coupables. (9 janv. 1794). Mais le 23 janvier il ajoute
: « Votre manière d'opérer est au pas de la Révolution... Ne nous amenez
plus de suppliciables : la guillotine partout nous suit ; nous irons
vous voir. » Puis le 4 février : « Puisque vos prisons sont pleines
et qu'il nous est impossible de nous rendre à Château-Gontier d'ici
quelque temps, vous pouvez nous amener quelques charetées des plus coquins
que nous guillotinerons de suite. Si vous avez quelques grands coupables,
gardez-les ; nous irons leur faire chez eux-mêmes expier leurs forfaits.
On vous donnera leurs têtes à afficher sur des piques. » Enfin
le 22 février, le zèle des terroristes de Château-G. devient tel qu'il
est obligé de leur rappeler que les enfants de l'un et l'autre sexe
au-dessous de 14 ans ne sont pas réputés émigrés ou rebelles. C'est
son adieu.
Mais
Publicola Garot le remplace : Les prisons sont pleines, écrit-il le
13 avril. Lorsque la Commission aura expédié les coupables, je vous
préviendrai, ou plutôt j'inviterai mes collaborateurs à se transporter
à Château-Gontier. » Puis le 29 : « J'ai reçu le paquet... On respire
dans les prisons de cette ville, comme dans les vôtres un air mortel.
Les prévenus sont entassés comme les moutons dans les étables. » Nouveau
paquet envoyé, Garot répond le 10 juin que leur tour viendra, « mais
il y a à Laval 400 personnes de l'un et l'autre sexe qui doivent passer
avant eux. » Les Castrogontériens jouirent de la présence de la .Commission
Huchedé et de l'accusateur Publicola Garot du 9 au 24 thermidor.
La
chute de Robespierre n'en fut pas moins saluée avec enthousiasme par
ceux qui avaient été ses trop fidèles disciples (Arch., nat., C, 319).
La
Chouannerie, qui s'organisa après la campagne d'outre-Loire des Vendéens,
tint la ville et le district dans des alarmes continuelles. On a beau
faire passer tous les bateaux sur la rive droite (16 mars 1794). accaparer
les armes du pays (18 avril), demander des renforts d'infanterie et
de cavalerie (6 mai et 15 juin), ordonner, sans succès d'ailleurs, d'abattre
les haies (11 juillet), les Chouans se multiplient. Vachot veut faire
contre eux dans le district une levée en masse (13 août) : moyen assuré
d'y créer une. nouvelle Vendée, répondent les administrateurs qui réclament
des renforts et la création de colonnes serrées toujours en marche et
non de cantonnements inactifs (31 août), et surtout la répression du
brigandage des troupes républicaines (25 septembre). Le pays prend «
la tournure d'une nouvelle Vendée, » écrit à Boursault le procureur
syndic (13 janvier 1795) ; pour ramener la paix il fauravant tout «
le libre exercice des cultes religieux et le rapport de la Constitution
dans toutes ses conséquences » (30 janvier). Il ajoute écrivant à Baudran
(4 avril) qu'il faut une « pacification » c'est-à-dire un traité de
paix, et que tous les autres moyens ne peuvent conduire qu'à la ruine
du pays. Il annonçait au général Lebley, le 31 mars, que les Chouans
faisaient de grands mouvements et recrutaient des adhérents nouveaux.
Enfin, il fait passer, le 5 juin 1795, à l'adjudant général Dhalancourt
une lettre des représentants ordonnant « de mettre en arrestation tous
les chefs de Chouans, exceptés ceux qui formaient l'état-major de Scépeaux.
» C'est sans doute pour répondre à cette provocation que Jambe d'Argent
et Coquereau firent le 15 juin une tentative sur la ville. Dhalancourt
l'avait fait fortifier (germinal et floréal an III) sans tenir compte
de la commission des travaux publics qui s'en plaignait.
La
pacification si ardemment souhaitée se fit enfin. La proclamation d'amnistie
est envoyée dans les campagnes (15 novembre 1795), mais on se plaint
que les troupes républicaines n'observent pas la suspension d'armes
(7 mars 1796) ; pourtant on célèbre par un festin la signature du traité
« de Nantes » par Coquereau et Mocquereau (10 mars). Boursault ayant
proposé à la Convention d'exclure les Chouans de la pacification de
la Vendée, le procureur syndic déclare que ce sera la ruine de neuf
départements (15 mars). Le 4 avril, les républicains tirent sur les
Chouans pour répondre à leur qui-vive ; ce fut une nouvelle affaire
où la troupe perdit30 hommes et 39 chevaux. Le général Lebley est averti
du projet formé en ville de massacrer les chefs Chouans qui doivent
y venir (30 avril), et les représentants du peuple, continue le procureur
syndic, manquent de bonne foi et d'ensemble (3 mai).
L'agent
national donne pour la même période des renseignements analogues à ceux
du procureur syndic.
Le
30 mars 1795, il avoue que les Chouans refusent la pacification, qu'ils
veulent le roi et leurs prêtres, font des levées ; qu'un soulèvement
général est à craindre, que l'esprit public est prononcé pour l'anéantissement
du gouvernement révolutionnaire., et que le peuple ne veut plus de magistrats
qui ne sont pas de son choix (Arch. nat., A F11,203). — 120 citoyens
saluèrent encore le coup d'état du 18 fructidor (ibid., 247), mais en
l'an VII, les Mécontents sont partout dans le pays et rançonnent les
acquéreurs de biens nationaux.
Bientôt,
ils vont tenir toutes les forces militaires en échec, et la ville en
alarme. Les généraux Grigny et Digonnet .arrivent à Château-Gantier,
29 août et 16 septembre 1799. Tridoulat commande l'arrondissement et
se plaint de Dhalancourt qui d'ailleurs est parti, pour Angers (24 septembre).
A Laval oncroit que Château-G. est attaqué (6 octobre). On ne peut payer
les frais de la guerre car les impôts ne rentrent pas, et il serait
bon de faire passer à Laval les fonds si l'on avait une forte escorte
(24 octobre). La discorde règne entre l'administration qui se vante
de faire destituer les généraux et l'autorité militaire. Le 2 décembre,
le commandant Molliens est en relation au sujet de l'armistice avec
« Pierre, chef de Chouans, 12° légion, armée du Maine. » Il se
plaint de ce que les habitants aiment mieux aller en prison que de fournir
des chevaux et des vivres (21 décembre). Bardet, chef des Chouans de
Laigné, vient à Château-G. acheter de la flanelle, conduit par le commandant.
L'armistice expirait le 15 janvier 1800. Même après la soumission dés
chefs, beaucoup de Chouans sont encore en armes et des coups de fusil
sont tirés sur la ville (31 janvier). Le 15 février 60 Chouans se soumettent,
mais les armes ne rentrent pas vite. Molliens conseille la douceur dans
le désarmement, et le soin de se concilier les prêtres (28 février).
Pour lui il va aller (le 22 mars) « vendanger » à Ménil où « les raisins
sont mûrs » ; envoyer 7 soldats pillards et employer le reste « à grapiller
avec assurance dans l'arrondissement. » (Arch. de la M,, mémoire de
Meignan, procureur syndic).
Le
chartrier de la baronnie avait été caché en l'an II. On emprisonna pour
le retrouver : Pierre Dessandeau, feudiste, la veuve du concierge du
château ; R.-Ch. Bescher, ci-devant greffier du juge de paix ; René
Rabeau, meunier, et sa femme Renée Paillard, Anselme François ci-devant
administrateur du district (25 pluv. an II). Dans le district une grande
partie des registres de l'état-civil avait été lacérée, biffée, incendiée
par les Vendéens, les Chouans et les républicains.
L'inventaire
de 1906 remis pour l'église Saint-Jean du lundi 5 février à une date
ultérieure en raison de l'opposition catégorique des paroissiens, ne
put réussir à la seconde tentative, M. Fresneau, receveur d'enregistrement.
ayant envoyé sa démission, dont il faisait part à M. le curé par une
lettre très noble. Elle fut remise au destinataire à l'église en présence
de la foule et de la force armée à l'heure même où devait avoir lieu
l'opération, qui s'accomplit le mercredi après protestations dans les
deux églises. M. Du-boys Fresney, sénateur, président de la fabrique
à Saint-Jean, était à son poste.