Voisinant La Chapelle sur Oudon, Gené, Vern, Chazé sur Argos
et Ste Gemmes d'Andigné, la paroisse avait de constants
échanges avec Angers distant de 35 km, en particulier
le quartier de la Trinité était le point
de chute de nombreux Marantais. Ils y tenaient même la
porte Lyonnaise, et au moins une hôtellerie, celle de
Fessard dans les
années 1630
Marans
a conservé le registre des sépultures commençant en 1602.
Ainsi, il débute par la pire des calamités, la peste, qui emporte alors
12 fois plus de Marantais qu'en année normale. Voyez ce graphique, si
parlant !
La
peste terminée, les Marantais comme beaucoup d'Angevins, voient une
courte accalmie, puis arrive la dissenterie, qui se manifeste toujours
fin août. La plus importante épidémie sévit en 1639 et 1640. Elle sera
suivie 20 ans plus tard de la famine.
La
dissenterie sévit périodiquequement et emporte le 31.12.1633 « René Ricoul serviteur de Mr le curé qui est mort
de dicenterie » - Le 21.1.1634 « Michel Guilloppé qui mourut de
dicenterie au lieu de la Melletière paroisse de Vern »
-
En
1638 elle est au bourg de Ste Gemmes « baptême à Marans de
Jacques filz de Pierre Peltier et
de Mathurinne Buret paroissiens de Ste Jamme près Segré, lesquels nous ont
prié et requis vouloir faire ledit baptesme à raison de l’infection de l’air
qui est au bourg de Ste Jamme qu’on appelle contagion et nous ont prié
garantir vers le sieur curé dudit Ste Jamme, fut parrain Jacques
Peltier de Vern
et la maraine Renée Buret fille de Jacques Buret »Ceci
illustre l'un des moyens de
propagation de la contagion, et même le parrain est de Vern ! Le
mal apparaît 4 jours plus tard à Marans, à la Planche t à la Jourelière.
Les prêtres, auxquels on a inculqué quelques notions d'hygiène, refusent
l'inhumation au cimetière entourant l'église, c'est à dire en terre
bénie, et inhument sur place, ce qui est à l'époque terrifiant, et tout
à fait équivalent à l'enfer : Le 5 « Andrée Gernigon de la Planche et son frère
mort à la Jourelière,
deux enfants de Pierre Gernigon et Jeanne Halligon de la Grenonnière en Vern,
plus le fils de René Savary de la
Planche, lesquels trois sont morts le même jour »
- Le 13 « René Savary l’aisné de la Jourelière »
- Le 15 « une fille Savary de la Jourelière »
« tous
lesquels sont mortz de contagion et enterrés au lieu de la Planche fors le filz de
Gernigon enterré à la
Journelière » - Le 19.8.1638
« Perrine Halligon veufve deffunct
René Savary de la Jourelière »
« tous
deux morts à la Planche
de contagion et y enterrés »
La
détresse des Marantais est immense devant ces inhumations sans terre
bénie, qu'ils craigent tant ! Mais leur curé, Jean Boulay, nommé en
1634, a obtenu en seulement 17 jours, un terrain, don d'un
proche, René Boulay notaire royal, situé sur la route de Gené, et surtout
de l'évêque l'autorisation, ce qui signifie au passage qu'Angers est
encore ouvert et qu'on circule pendant l'épidémie. Ainsi, le 22 août,
17 jours après le début de la contagion à Marans, il bénit solennellement
ce terrain, désormais appelé « petit cimetière » pour
le distinguer du cimetière proche de l'église : « Le
22.8.1639, nous Jan Boulay prêtre curé de Marans soubz signé, certifions à tous
qu’il appartiendra que ce jourd’huy en présence de partye des curés et
chappelains soubzsignés et de nos paroissiens et autres transportés processionnellement
jusque en une pièce de terre appellée les Aubriays à Mr René Boulay nottaire
appartenant, proche le lieu du Brossay et joignant aux terres d’iceluy, d’autre
costé un grand chemin comme l’on vat de ce bourg à Gené, de laquelle pièce ledit
Boullay notaire a donné une portion pour servir de sépulture en laquelle il a
faict planter une crois, laquelle portion nous avons béniste suivant et en
conséqunce du mandement de monsieur le grand vicayre de monseigneur notre
révérand évêque pour servir dorénavant de cymetière et fut pareillement la bénédiction
de ladite croix, le tout suivant et conformémént aux cérémonies contenues dans
le ritual signé J. Boullay curé, Trigory,
Y. Grais, M. Gaigneux, Lerbette, Buffé »
Mais,
Mr le curé va par la suite faire l'objet de telles pressions qu'il cède
parfois, et le registre nous révèle le peu d'enthousiasme de ses ouailles
pour ce cimetière au rabais. Il nous livre timidement les lieux d'inhumation,
et vous verrez que les passe-droit, vieille institution humaine, ont
sévit... sépultures 1602-1667
en ordre chrono
Il
est difficile dans ces relevès d'établir l'âge des défunts, faute de
mention sur le registre, et parce que les
enfants baptisés à Marans ne sont pas comptabilisés dans les sépultures,
car les prêtres notaient leur décès en marge du baptême, et ce jusqu'à
un âge avancé puisque Etiennette Boutelou °27.4.1626 est inhumée le
3.9.1638 soit âgée de 12 ans révolus. René Deshays °29.3.1627 inhumé
le 30.10.1639, soit 12 ans révolus. Jean Boullay °2.7.1631 inhumé le
10.5.1641 soit 9 ans - Le 26.10.1639 « Françoise née
le 11.2.1636 fille de Julien Buron et
de Perrine Adam, fut parain René Buron et la maraine Françoise Adam » en
marge « morte
de contagion le 26.10.1639 »
La
peste, et sans aucun doute les guerres de religion de l'époque, ont
manifestement joué un grand rôle dans l'absence de papier pour tenir
les registres durant ces années de misère. Ainsi, de 1596 à 1603 les actes sont dans le plus grand désordre,
car deux prêtres sont emportés par la peste et faute de papier, les
survivants diront en 1603 : « Je missire Jehan Gauguet prêtre Dt en Marens soubz signé
certiffie que les cy-davant escriptes de ma main contiennent vérité et pour ne
les avoir mises en l’en (an) rene (rang) et ordre, c’estoict mencque (manque)
du présent papier baptisteral »
Enfin
la terrible famine de 1666 va tuer autant que cette contagion. Ainsi,
le registre de Marans nous livre un reflet parfait des calamnités de
cette période en Anjou. Rappelons que les registres nous permettant
cette analyse sont rares.
Outre les épidémies les registres nous apportent quelques
anecdotes.
Dévotions : Le 14.3.1603 est ihumée « Estienette Gaingneux veufve de
deffunct Jehan Peltier qui estoit dévote »-
Le 19.1.1619 est inhumé « René (blanc), qui mourut à la Devansay qui s’y était retiré pour l’honneur de
Dieu » - Le 17.3.1621 est inhumé « Jehan Coheu Dt à la Haute Fresnaye,
lequel avait fait deux fois le voyaige de Monsieur St Jacques en Galice » - « Le 24.4.1662 la messe de la
frairie de Ste Catherine a esté célébrée par Me J. Crannier prêtre pour le
repos de l’âme de deffunct Mathurin Halligon qui est mort en faisant le voyage à Mr de
St Méen »
Morts violentes : Le 1.9.1604 est inhumé « Estienne Fromond, par
permission de Mr l’officiel d’autant qu’il avait eté tué »
- Le 1.10.1604 « Mathurin Buret, par permission de Mr l’official d’autant
qu’il avait été assasiné et tué entre cy et Angers près la Violette »
(ils échappent tous deux à la peste pour se faire assassiner ! La
Violette est à Grez-Neuville) - Le 11.3.1616 « Mathurin Halligon qui s’est
noyé près le moulin de la Basse Ripvière »
- Le 3.6.1618 « René Brunneau encore qu’il fut mort dès le 2e
jour au matin de mort subitte pour un coup de batons qu’il resceu à Gené et
fut ensépulturé par moy Boullay curé dudit Marans devant la porte de la
maison de Laubepin au cimetière dudit lieu » -
Le 6.3.1622
« a esté commencé en
l’église de Marans un annuel à l’intention de deffunct Michel de
Lespinay vivant escuier filz puisné de la Gaulte Ripvière, lequel fut
assassiné au bourg de Vern par ls Gabeleux et enterré en l’église dudit Vern
dès le 13.12.1621 » - Le 3.8.1622 « George Marest qui est mort à Segré, estant entre la
main des chirurgiens qu lui avaient couppé une jambe »
- Le 27.9.1622 « René Davy âgé de 78 anslequel se tua
tombant d’un chesne en battant de la glan en la chesnaye de la Petite Gauteraye »
- Le 17.3.1636 « avons fait un
service pour le repos de l’âme de René de Champagné filz aisné de la Pommeraye, et le
lendemain un autre service pour le repos de l’âme de Pierre Dutertre l’un Sr de Moire et l’autre de la Menardière, lesquels deux
sieurs sont morts à Pontamousson revenant de l’arrière ban, et
sont ainsi qu’on nous a dit ensépulturé en l’église de St Laurent audit
Pont-à-Mousson » - Le 2.5.1644 « Pierre Lepaige lequel fut assassiné le premier jour
dudit mois par un [?] ledit Lepaige demeurant en la paroisse de Vern »
- « le 13.9.1645 a esté livré à la
sépulture au petit cimetière de céans le cadavre de Pierre Langlois, lequel
ainsy que Suzanne Buron femme dudit Langlois nous a dit estre son mary, et touteffois
ne l’avons peu recognoistre à cause de la defformité où il estoit et
touteffois a recogneu sa cheminze, son haudechosse et ses bottes, nous a
rapporté estre mort en un grenier au village de la Messeraye et y avoir
fort long temps, et nous a dit ledit deffunt son mary estre faible de son esprit,
et qu’il allait se beurgeant ça et là où il pouvait entrer et qu’elle l’avait
cherché et recherché depuis Charesme prenant et ne scavoir où il estoit et
l’ayant visité n’a trouvé aucune playe ny chose dont elle croit qu’il fust
cause de sa mort, sinon la mort naturelle, ce qu’elle nous a vérifié, en foy
de quoy nous lui avons permis estre mis au petit cimetière comme estant
chretien, fait en présence des soubz signés nous curé et chapelains »
Les enfants en nourrice venaient parfois d'Angers
: Le 14.11.1643 est inhumé « Charle fils de honneste personnes Me
Pierre Avril libraire
et Marye Lepicier son espouse, Dt en la ville d’Angers décédé en ce Bourg
chez Jan
Mesnon et ensépulturé en l’églize de céans »
Le froid
: Le 8.2.1660 « sépulture en l’église de céans à cause que l’on a pu
ouvrir le cimetière pour le grand froid que nous avons le corps de
Mathurin Buret vivant cherpentier » - Le 11 « le corps de Renée Chevillard Dt à la Houssaye a esté livré
en l’église de céans »
- Le 18.2.1624 « Jehanne Peltier femme de François
Lerou, qui
estoit le lundy gras et un grand temps de neige et froidure très grande »
Notaire : Le 23.8.1603 est inhumé « Me Estienne Lerbette notaire »
- Le 28.9.1640 « ensépulturé en l’église du Louroux Besconnays
le corps de deffunct honneste personne Me René Boullay notaire royal »,
ce qui laisse supposer qu'il vivait de fait au Louroux mais été natif de
Marans où il possédait des biens. Louis Masseot est notaire royal à Marans
en 1654
- Ambrois Gaigneux notaire de la
cour de Marans, inhumé le 31.10.1622 - Le 10.5.1646 « Jérémye Lerbette notaire de la
cour de chastellenye de la Roche Joullain »
- Michel Gratien notaire,
inhumé le 18.7.1662
Sergent royal : Le 16.1.1612 est inhumé « Jehan Marion en son vivant sergant royal, près la
petite porte de l’église dudit Marans » - Le 27.10.1639
« au cimetière de céans (c’et à dire celui qui est près de
l’église et non le nouveau) honneste femme Gabrielle Coiscault femme de
Me François Jousset sergent royal »
- Le 1.4.1655 « Me François Jousset vivant sergent royal demeurant
en ce Bourg » - Le 9.5.1659 « René Porcher vivant sergent royal
Sr de la FontaineDt à la Poese, le corps
duquel nous a esté présenté par Me Jan Lemaçon sergent royal et archer, par
Jouachim Legendre aussi archer, et par Nicollas Verger sergent royal,
pour le livrer à la sépulture »
Chirurgien Le 7.2.1662 est inhumée « Renée Lebreton vivante espouse de
Michel Hiret
Me cirurgien (chirurgien) »
la Chapellière : à Marans — Possède
la métairie le 12.4.1730 René Pouriaz sieur de la Barre notaire royal
et apostolique procureur fiscal de la baronnie de Segré, y demeurant la
maison seigneuriale des Aulnays baille à 1/2 à Antoine Fouillet métayer
et Jacquine Bradasne son épouse demeurant à la métairie de la Chapellière
à Marans ladite métairie pour 7 ans (AD49 Allard Nre)