Les barriques de vin emmenées par la crue de la rivière et la gabare au fond ; l’Huisserie (53) 1779

Les barriques emportées par le courant n’ont pas dû être perdues pour tout le monde !!!
Mais on n’a pas idée d’aimer le vin d’Anjou quand on habite Laval ! Il est vrai qu’à Laval avec la toile nous avons souvent remarqué ici qu’il y a des gens aisés;

Cet acte est aux Archives Départementales de la Mayenne, AD53-3E9/327 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 21 décembre 1779 sur les midy, nous Nicolas Hayer fils notaire au comté pairie de Laval y résidant soussigné sommes avec nos témoins cy après nommés transportés proche le moulin de Bonne situé paroisse de l’Huisserie et ce à la requête et présence de Julien Chastelain facteur du bateau cy après nommé demeurant ordinairement au bourg de Châteauneuf paroisse de Seronne province d’Anjou, ou étant avec ledit Chastelain les témoins et autres personnes cy après dénommées avons vu dans la champagne d’entre le moulin et de la porte neuve sur la rivière de Mayenne une gabarre que ledit Chastelain nous a dit se nommer la Sapine, appartenante au sieur Louis Boisard Me batellier de la ville d’Angers, laquelle gabarre étoit sour la conduite dudit Chastelain, chargée de vin, d’une barricque d’eau de vie, une cruche d’huile et une baricq qu’il ne sait point ce qu’il contient qu’il nous a dit avoir chargé en Reculée à Angers paroisse de la Trinité, pour voiturer en la ville de Laval pour le compte de différents particuliers de Goron, et autres endroits, dont il n’a pu nous déclarer les noms vu que son (f°2) portefeuille qui contenait son acquit du vin les noms des propriétaires de ce vin et autres papiers concernant ladite gabare ont été perdus dans leur noffrage (sic), laquelle gabare avons vu coulée bas dont on voit encore le devant et le derrière avec la mature et est encore en partie chargée de vin attendu que l’on voir encore plusieurs busses en icelle, laquelle gabare ledit Chastelain nous a dit que hier 20 du courant sur les une heure après midy, l’avoit voulu monter dans la porte du Moulin de Bonne avec tous ses compagnons bateliers et autres bateliers des bateaux au sieur Michel Hubert et au sieur René Besnard, lesquels 2 bateaux avaient monté ladite porte auparavant que ladite gabare échouat et l’avaient monté sans danger vu que l’eau n’était pas lors trop grande que ladite gabare ayant été amarée de concert par tous les bateliers de ces 3 bateaux avec toute la prudence et la précaution possible ainsi qu’il est d’usage pour passer la porte tous lesdits bateliers qui étaient pour lors (f°3) tranquilles et de sang froid travaillèrent à faire monter ladite gabare à porte ainsi qu’ils avaient fait monter les deux autres bateaux, qu’à l’instant ladite gabare était environ à moitié de ladite porte de Bonne, il survient tout à coup une crue d’eau, et que la rivière crut sur le champ de plus de 6 pouces, ce qui donne une secousse à ladite gabare, et la submergea tout à coup malgré toutes les précautions et les soins que tous les bateliers de ces 3 bateaux puissent prendre et se voyant tous en danger de perdre la vie et tout le vin qui était dans ladite gabarre pour le bien être du marchand à qui appartient le vin, d’un commun accord, voyan ladite gabare qui pour lors était submervée dans la porte, hors d’état d’achever de la monter, ils l’attachèrent avec 2 cables par derrière et ensuite craint que tout le vin ne fut entrainé par le courant de l’eau, ils coupèrent le cable qui attachait cette gabare aux pieux pour la retenir en montant tel qu’il est (f°4) d’usage, et aussitôt que le cable qui attachait cette gabare aux pieux vulgairement appellés pieux de liège, la force de l’eau repoussa cette gabarre quoique submergée à plus de cent pas au dessous de la porte et elle eut descendu bien plus bas si elle n’eut été attachée par le derrière avec 2 cables comme cy dessus est dit ; et nous a ledit Chastelain déclaré qu’à l’instant que ladite gabare fut submergée dans ladite porte et pendant qu’elle descendit jusqu’à ce que les cables qui l’a tenaient l’arrêtassent il y eut une grande quantité de busses et quarts de vin que l’eau emmena et qu’ils virent s’en aller sans pouvoit les arrêter et sans pouvoir dire la quantité de busses et quarts de vin que l’eau avait emmenés ; nous a déclaré ledit Chastelain qye dans le nauffrage les hardes et linges de ses camarades et les siens avaient été emmenés par l’eau et que depuis on en avait retiré une petite partie ; nous a ledit Chastelain déclaré que hier après midy depuis ledit accident et ce matin lui et ses compagnons et les bateliers des autres bateaux avaient travaillé de concert à retirer plusieurs busses de ce vin, ce qu’ils ont fait autant qu’il a été dans leur pouvoir ; tout quoi nous a été attesté par Germain Champhuon et Jean Champhuon meulniers audit moulin de Bonne, Marie Rallier femme dudit Germain Champhuon, et Julienne Bertron femme (f°5) de Jean Champhuon, lesquels nous ont attesté la vérité et la sincérité des faits cy dessus rapportés qu’ils nous ont dit s’être passé en leur présence ; de tout quoy avons fait et rédigé le présent pour servir et valloir ce que de raison ; fait et passé dans la maison dépendante dudit moulin de Bonne située paroisse de l’Huisserie en présence de Jean Meignan cordonnier et Jacques Besnier adjoints demeurants audit Laval paroisse st Vénérand témoins à ce qui requis qui ont signé, ladite Rallier a déclaré ne savoir signer.

Autrefois la vie était courte, mais sans retraite on travaillait souvent jusqu’à la mort : Nicolas Laloy 72 ans, mort au travail

De nos jours, la vie est longue, elle était de moins de 50 ans d’espérance de vie en 1840 alors qu’en 2018 elle atteind 79,5 ans pour les hommes et que nous partons en retraite à 62 ans.


Décès à Nantes 3°canton « Le 17 mai 1842 … Mathurin Doussard (s) âgé de 28 ans, et Mathurin Doussard (s) âgé de 42 ans, mariniers, demeurant tous deux à Montjean (Maine et Loire), lesquels nous ont déclaré que ce jour à 10 h du matin Nicolas Laloy, marinier, âgé de 72 ans, né au Plessis dans la Manche, veuf de Véronique Ragain, est décédé en la demeure de la veuve Guilbaud, aubergiste, sise rue des Etats »

La rue des Etats prend son nom des États de Bretagne, qui se sont tenus en 1651 dans la grande salle des Jacobins à Nantes, située dans cette rue. En 2018, toujours elle porte le même nom : on remonte du Port Maillard, avec la douve et le château à droite, et on voit même le pont qui fait l’entrée du château pour tous les touristes. Au fonds la rue du Château et ses immeubles bourgeois. Car la Loire passait autrefois au pied du château.

Carte postale du début du 20ème siècle

Le marinier est propriétaire de son bateau et sans assurance : elles n’existaient pas encore. Il couche à bord : peu d’espace et confort. Il doit éviter tous les dangers de la navigation en Loire : les nombreuses noyades attestent que le marinier ne savait pas (ou très rarement) nager.

A cette vie dure, j’ajoute que les revenus ne permettaient pas d’arrêter le travail, et c’est ainsi que Nicolas Laloy va travailler jusqu’à son décès, loin de chez lui : à Nantes, au travail, là où il avait coutume d’aller charger et décharger, sur les quais du Port Maillard. Ses 2 compagnons mariniers ne vont pas le laisser agoniser à bord : ils le transportent à l’auberge, 50 m plus haut, sur la rue des Etats, qui longe la douve du château coté Ouest, descendant sur le quai du Port Maillard. C’est à l’auberge qu’il meurt à 72 ans, loin des siens, au travail ! Tandis que j’écris ces lignes, la télé nous rabache interminablement le droit de s’arrêter, bien payer, et tôt : des retraités sont même dans la rue.

vente du 1/3e de l’hôtellerie de la Harpe par Pierre Vayer et Marguerite Estigneust : Laval 4.12.1668

Il existe 3 contrats, chacun pour la vente d’un tiers, et voici l’un de ces tiers, j’ai les 2 autres.

Pierre Vayer revend le 4.12.1668, Dvt Julien Pottier Nre, le 1/3e des maisons de la Harpe et de la rue des Ridelles, qu’il avait acquises en 1664 de Melaine Pacard et Jacquine Bonhommet.
Il fait une affaire, car il les avait acquises 1 500 L et revend 4 ans plus tard 2 000 L. La valeur de la Harpe peut alors être estimée à (2 000 x 3) x 10/9 = 6 666 L. Cette somme importante n’a rien à voir avec le prix d’une maison d’habitation sans le commerce d’hôtellerie, qui aurait été 6 à 10 fois moins cher. Elle illustre l’importance du commerce lucratif des hôtelliers.
Entre temps il a manifestement Marguerite Estigneust, qui porte le même patronyme que la mère de Jacquine Bonhommet.
L’acquéreur est Guy Duchemin Sr de la Plaine Dt à Mayenne.
Cet acte nous apprend l’existence d’un douaire dû sur ces maisons à la veuve de François Pacquard, et que ce douaire est éteint par le décès de la veuve.

Cet acte est aux Archives Départementales de la Mayenne, AD53-3E1-729 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

(9 pages, que j’avais autrefois retranscrites et non publiées sur mon blog)
f°1
35. Le 4.12.1668
36. après midy
37. par devant nous Julien Pottier
38. Nre à Laval y résidant, furent
39. présents en leurs personnes et deuement
40. establys, Pierre Vayer Sr de la
41. Poupardière et Delle Marguerite
42. Estigneust sa femme, de lui présentement
43. et suffisamment authorisée pour
44. l’effect des présentes, demeurantz ensemble
45. forsbourg du Pont de Mayenne
46. paroisse St Vénérand dudit Laval d’une
47. part, et Guy Duchemin Sr de la
48. Plaine Dt en la ville de Mayenne
49. paroisse de Nostre Dame d’autre
50. part, entre lesquelles partyes après
51. submission recquise à esté faict
52. le contract de vendition et
53. cession qui ensuict, c’est à scavoir
54. que lesdictz Vayer et Estigneust
55. sa femme ont venu quitté ceddé
56. delessé et transporté et par ses présentes
57. vendent quittent cèddent délessent
58. et transportent prommettent et s’obligent
59. sollidairement chacun d’eulx seul
60. et pour le tout renonsant au bénéfice
61. de division ordre de droict et d’iseulx

f°2
1. de personnes ou biens et à touttes
2. choses à ce contraire et garantir
3. de tous troubles hipotecques et
4. evictions quelconques à peine de
5. tous intérestz et despends audit Sr
6. Duchemin acceptant et acceptant
7. pour luy ses hoirs et ayant
8. cause, scavoir est la
9. part et portion que lesdits
10. vendeurs avaient dy-devant
11. acquise de Melaine Pacquard
12. et Jacquine Bonhommet sa femme
13. par contract devant Poulain Nre
14. royal le vingt cinquiesme novembre
15. mil six cent soixante quatre
16. en la maison dicte « la Harpe » sittuée
17. au forsbourg du Pont de Mayenne
18. dudit Laval, ou sont de présent
19. lesdits vendeurs, et en une
20. autre maison sittuée rue des
21. Ridelles dite paroisse St Vénérand
22. consistant lesdictes portions en un
23. tiers par indivis du total
24. desdites maisons, déduction néanmoins
25. faicte sur ledit total d’un dixiesme qui appartient à Renée
26. Pacquard fille mineure, le tout

f°3
1. comme lesdites choses se poursuivent
2. et comportent et quelles sont
3. déclarées par l’acte devant
4. ledit Poulain et aux charges et
5. conditions référré auxquelles
6. ledit acquéreur tientra estat
7. fors et à la réserve de celles
8. qui ne subsistent plus, tel que
9. peult estre le douaire qui estoit
10. deub à la veuve feu François
11. Pacquard, lequel lesdits vendeurs
12. ont déclaré estre estainct (éteint) par
13. la mort et décès de ladite veuve
14. et
15. à cest effect lesdits vendeurs ont
16. subrogé ledit acquéreur en tous
17. leurs droictz raisons est
18. actions pour poursuivre l’effect
19. dudit contract y recours, en laquelle
20. fin lesdits vendeurs ont
21. mins en main dudit acquéreur
22. grosse dudit contract au pied
23. duquel sont les acquetz des
24. ventes des seigneurs de fiefs

f°4
……………

f°5
1. faveur de l’acquéreur qui en
2. prendra pocession réelle et actuelle
3. quand bon lui semblera et entrera
4. en jouissante ledit acquéreur
5. du jour et datte des présentes
6. ladites vendition faicte pour
7. et moyennant le prix et somme
8. de deux mil livres tournois
9. sur laquelle somme lesdits vendeurs
10. ont recogneu avoir receu
11. dudit acquéreur la somme
12. de cinq cens livres, dont
13. ils le tiennent quitte, et le restant
14. montant quince cens livres
15. ledit acquéreur c’est obligé
16. de la payer auxdits vendeurs
17. dans le premier jour du
18. mois d’apvril prochain et
19. ce avec intérestz jusque audit
20. jour à l’accord desdits vendeurs
21. lors duquel payement

f°6
1. desdites quinze cens livres et
2. pour iceulx toucher lesdits vendeurs
3. se sont soubmis et obligés
4. aussy sollidairement soubz lesdites
5. reconsiations bailler et fournir
6. audit acquéreur bonne et
7. suffisante caultion solvable
8. qui s’obligera aussi sollidairement
9. avecq eulx à faire procedder
10. et valloir le présent contract
11. jusqu’à laditte somme de
12. quinze cens livres en sorte
13. que ledit acquéreur n’en poura
14. estre inquiété ny recherché
15. et à faulte par lesdits vendeurs
16. de fournir ladite caultion
17. solvable ladite somme de
18. quinze cens livres demeurera
19. es mains de l’acquéreur
20. qui en fera chacun an l’interetz
21. au solz pour livre suivant
22. l’ordonnance,
23. et au moyen des présentes

f°7
1. il est accordé que ledit acquéreur
2. jouira et continuera et tiendra
3. estat au bail à ferme que lesdits vendeurs
4. ont du surplus de ladite maison
5. de la Harpe pour le temps qui en
6. reste à expirer et en payera les
7. fermes dudit restant aux
8. propriéttaires suivant et au
9. désir dudit bail devant Poulain
10. Nre à l’effect de quoi ledit
11. acquéreur demeure subrogé
12. aux droictz desdits vendeurs et
13. pour poursuivre l’effect dudit bail
14. présent pour l’action des réparations
15. qui auraient esté cy devant intenté
16. à l’encontre desdits propriétaires
17. par lesdits vendeurs, et
18. refections, dans garantir
19. touttesfois qpar lesdits vendeurs
20. pour raison desdits réparations
21. et a esté depence en vin de marché
22. tant ses présentes que donné à ceux
23. qui ont aydé à les facillitter
24. la somme de soixantes livres

f°8
1. payées contant par l’acquéreur
2. réputté de mesme nature que
3. le sort principal des consorts des
4. vendeurs, dont et du tout ce
5. que dessus avons jugé lesdites
6. partyes à leur requeste, et consenties,
7. faict et passé audit Laval à
8. nostre tablier en présence de
9. René Bouslais Sr du Griffon
10. et Julien Brault marchand
11. audit Laval, tesmoins, qui
12. ont signé avecq les partyes

signé : Pierre Lasnier Nre royal, Vayer, Guy Duchemin, Marguerite Ectigneel, Brault, Poulain

Quand les boeufs tiraient le canon : Angers 1609

Mes habitués savent que ce blog contient plus de 300 baux de métairie et/ou closerie, surtout dans le Haut-Anjou. Les animaux y sont assez souvent énumérés. Et dans la race chevaline, lorqu’il y en a dans une métairie, c’est une jument, et encore elle n’est que chez les métayers, plus à l’aise que les closiers.

Donc il y avait bien quelques chevaux en Anjou, mais il y avait surtout des boeufs.

Par ailleurs les baux contiennent parfois, même si ce n’est pas toujours, une clause portant que le preneur devra faire 2 (voire 4) journées de charroi l’an, et pire, quand le bailleur le commandera. Donc ces charrois sont à boeufs.
Donc, les chemins, en particulier ceux qui menaient à Angers ou autre ville, étaient fréquentés par des charettes tirées par des boeufs, apportant en ville les marchandises de bois etc… qui ne venaient pas par eau ; l’eau étant le transport favori.

J’ai tenté de trouver quelle distance parcourait un attelage de boeufs par jour, sachant que le cheval fait 32 à 40 km par jour. Et voici de que je trouve grâce à Internet et cherchant longuement :

Il est établi que la charge ordinaire d’une charrette attelée d’une paire de bœufs est de 583 kg. Une paire de bœufs peut parcourir 24 km par jour. (Annales de l’agriculture françoise, rédigé par Tessier, 1822)

Donc les boeufs vont un peu moins vite que les chevaux mais toute de même 24 km par jour.

J’avais compris à travers tous mes travaux de dépouillement d’actes notariés, dont les baux, que le cheval était rare, et surtout réservé aux marchands, pour leurs déplacements, et non pour le trait. Or, cette semaine, lisant les délibérations du corps de ville d’Angers, je viens de lire STUPEFAITE, que pour envoyer le canon de la ville faire 72 km, on prenait des boeufs.

En effet, tout le monde pense, et même internet que j’ai visité de long en large, que les canons se déplaçaient avec des chevaux, et j’ai trouvé des tas de sites pour dire que l’attelage était à cheval.
Rien quant aux boeuf.

Eh bien, je viens vous certifier, et je vous mettrai cette semaine le texte entier et même la preuve originale, que le canon de la ville d’Angers était tiré par des boeufs quand il fallait le sortir de la ville pour l’utiliser au vert.

Mais au fait, quand le Haut-Anjou a-t-il remplacé le labour par boeufs par le labour par chevaux ? et même l’a t’il remplacé avant la mécanisation ?
Je sais, par mes recherches personnelles que le cheval eut une grande importance au 19ème siècle, par l’importation de races anglaises de courses, et ce pour les courses en Anjou. Les haras du Lion d’Angers étaient parmi les pionniers sinon les pionniers, et il en reste quelque chose de nos jours.

Mais quelle fut donc la place du boeuf ? et pendant combien de temps ?
Car j’ai été stupéfaire de ma lecture, et je vous dit à bientôt pour lire totalement cet affaire de boeufs tirant le canon.

Mais au fait, j’aime bien vous mettre de temps à autre quelques illustration personnelles, et il se trouve qu’un de mes oncles a posé devant ses boeufs en 1636. Eh oui, ces boeufs et cette charue sont de 1636 !!! [oups ! erreur de frape, pour « 1936 ». Merci Luc de voir mes erreurs de frape] et la photo est « de famille ».

Germain Séjourné avait quitté son Anjou natal pour Paris : 1659

Ici, il est revenu à Angers et il se charge de pièces de dossiers, qui dépassent ses affaires personnelles et il semble bien ici agir en messager, et l’acte qui suit est en fait une quittance de toutes les pièces reçues et pièces remises.
Je suis frappée de constater qu’il n’est pas descendu en famille, donc il n’a pas de proches à Angers, mais sans doute du côté d’Ingrande. Car il se charge aussi de transmettre les pièces d’un dossier d’office de sergent royal.
J’ai dans la rubrique CATEGORIES (fenêtre ci-contre à droite, puis menu déroulant OFFICES) tout ce que j’ai rencontré concernant les offices, mais ici, nous n’avons pas le montant de l’achat de l’office, seulement un aspect de la procédure à travers la transmission des pièces. Et tout comme la poste de nos jours, la transmission de ces courriers spéciaux coutait.

Acte des Archives du Maine-et-Loire 5E9 – Ma retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :
Le 18 mai 1659 avantmidy, par devant nous Antoine Charlet notaire royal à Angers fut présent estably et deuement soubzmis noble homme Germain Sejourné demeurant ordinairement en la ville de Paris rue Montorgueil paroisse de la Trinité, estant de présent logé en l’hostellerye de l’Arche forsbourgs et paroisse st Jacques de ceste ville, lequel a recogneu et confessé avoir retiré de Me François Chedanne clerc juré au greffe de ceste ville à ce présent, toutes et chacunes les pièces et procédures qu’il avoit concernant l’instance qu’il avoit cy devant pendante tant au siège présidial que de celuy de la prévosté de ceste ville contre deffunt Me René Babaud vivant prêtre curé d’Ingrande et Me Jean Babaud son frère, Me André Lefebvre grenetier au grenier à sel d’Ingrande avecq une promesse de … qu’il avoit sur ledit Lefebvre, Me Claude Foussier advocat curateur aux causes des enfants mineurs de deffunt Guy Autigne et Perrine Mesnager avecq une obligation de 83 livres sur ladite Mesnager et contre François Lemesle, desquelles pièces il quitte et décharge ledit Chedanne comme aussi a recogneu que ledit Chedanne luy a baillé et mis ès mains des lettres de provision d’office de sergent royal données au profit du deffunt Pierre Pasquier en date du 24 février 1658 signées par le roy Noblet et scellées du grand sceau de cire jaulne avec la quittance de finance et de création dudit office et d’avis du conseiller sur iceluy, tous attachés auxdites provisions soubz le contre scel de la chancelerye, pour sur icelles estre par ledit Sejourné obtenu nouvelles provisions dudit office au nom et profit de Jean Barbeot dans ung mois prochain venant ; à leffet de laquelle obtention ledit Chedanne luy a présentement payé et baillé la somme de 86 livres tz pour fournir aux frais d’icelle obtention, et ou ladite somme de 86 livres ne suffiroit prome et s’oblige ledit Chedanne luy payer et bailler ce qu’il aura desboursé au surplus si tost et incontinent qu’il luy aura envoyé lesdites provisions avec l… et les pièces y attachées, ce que ledit Séjourné promet et s’oblige aussi faire fans ledit temps d’ung mois ; ce qui a esté ainsi voulu et consenty par lesdites parties tellement que à ce tenir etc obligent etc biens etc renonçant etc font etc fait à notre tablier présents Me François Drouaut et René Roze praticiens demeurant audit Angers tesmoins

Voyages des femmes sur les chemins et les voies d’eau : fin XVIème début XVIIème siècles

Voici mes observations après tant d’années de recherches dans les registres paroissiaux et les archives notariales, pour la période que j’ai couverte. Et ce surtout pour l’Anjou. Car je n’ai pas assez étudié les autres périodes, Paris et les autres provinces.

1-Modes de transport

  • à pied : le plus répandu, avec 20 à 30 km/jour, voire 40 selon mon obvervation pendant les Guerres de Vendée dans les registres clandestins que j’ai dépouillés. On use une paire de souliers tous les 15 jours, d’où le nombre important de cordonniers.
  • à cheval : en selle, rares femmes mais j’ai vu une selle de femme chez les Gallichon, famille de bourgeoisie aisée. J’ajoute que le cheval n’est pas un bien à la porté de tous, ainsi aucun closier n’en possède, seuls les marchands pour leurs déplacements d’affaires, et les bourgeois et nobles en possèdent.
  • en charrette à cheval :  relativement aussi répandue que le cheval, puisque beaucoup d’actes notariés à Angers attestent le déplacement de plusieurs personnes, parfois sur plus de 100 km, mais majoritairement des hommes. 
    Le coche, c’est-à-dire la fermeture de la voiture, n’apparaît que fin XVIème, et toutes les charrettes ne sont pas couvertes au XVIème, loin de là.
    La suspension par ressort n’est apparue qu’en 1665 date à laquelle Louis XIV reçoit la première « calèche à ressorts » de la nouvelle invention qui remplacera le ressort de bois des « chariots branlants ». Voyez « L’invention des ressorts de voiture Max Terrier Revue d’histoire des sciences Année 1986 Volume 39 Numéro 1 pp. 17-30 » chez Persée en ligne,

Aujourd’hui, sur les innombrables ralentisseurs que nous subissons, je suis  en empathie avec ces déplacements du XVIème siècle :  les chemins étaient si remplis d’ornières etc… Je me souviens moi-même des pavés bien ronds de Nantes si nombreux encore dans les années 1940 et 1950, et toutes les secousses malgré les ressorts, j’imagine un peu le calvaire enduré par nos ancêtres sur ces charrettes, et chaque fois que je passe un gendarme couché je pense à eux.

2-Motifs de déplacement

  • Les innombrables pélerinages, que j’ose qualifier d’« oubliés ». Les femmes en pèlerinage accouchent même sur les chemins, recueillies ci et là dans une grange pour l’occasion, mais tout de même en chemin : j’ai déjà rencontré plusieurs de ces accouchements mentionnés dans les actes de baptême en Anjou, qui attestent que les femmes enceintes étaient sur les chemins de pèlerinage, avec leur mari.
  • Les migrations : 
  • Le mariage : Ma Charlotte Hunault a fait à 18 ans 160 km en 1645 avec papa pour Angers épouser un veuf, en passant d’abord chez le notaire seule femme avec une bonne cinquantaine de messieurs plus ou moins jeunes, qui décidaient de son sort !!! Le cas n’est pas rare.
  • La gestion des affaires : certes ce sont les hommes, mais je vous ai mis sur ce blog il y a très peu de temps le cas d’une femme
  • Aller-retour à la cour et/ou la suivre et/ou aller à l’un ou l’autre de ses châteaux : Mme de Sévigné, certes plus tardive, vous le décrit longuement 

J’ajoute celles qui suivaient les troupes, celles qui ont suivi par le passé des croisés, dont la plus célèbre : Aliénor d’Aquitaine