Mathurin Goupil, métayer à la Talonnière à Grez-Neuville, fait les comptes avec la propriétaire, 1597

Nous sommes abreuvés de termes effrayants : crises, récession.

La France en a traversé d’autres. Dans son ouvrage La France du XVIe siècle, PUF, 1996, Arlette Jouanna consacre un chapitre à la dépression des années 1585-1595, sous l’action conjuguée de 4 fléaux : guerre civile, famine, peste et bêtes sauvages.
Nos ancêtres ont traversé là des épreuves souvent difficiles, et je l’oberve dans les actes notariés entre bailleur et métayer ou closier. Ici, sans être explicitée, les années difficiles semblent être la cause de retards de paiements réciproques, l’un n’ayant pas été payé de la moitié des bestiaux pris, alors que la propriétaire en doit la moitié, de même elle doit une réparation de la couverture, sans qu’on sache si cette couverture a souffert des troubles ou autre…

Mathurin Goupil se rend à Angers transigé avec sa propriétaire qui y demeure. Le différend s’élève tout de même à 24 écus, qui font 72 livres, ce qui est une jolie somme pour un métayer surtout en période de crise, et c’est la propriétaire qui les doit à son métayer, prêt à saisir la justice pour s’en faire payer. La transaction se passe bien, et Mathurin Goupil repartira tranquille.

Grez-Neuville, collection particulière, reproduction interdite
Grez-Neuville, collection particulière, reproduction interdite

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E36 – Voici la retranscription de l’acte (enfin pour l’essentiel seulement) : Le 30 décembre 1597 avant midy, en la cour royal d’Angers endroit par devant nous François prevost notaire d’icelle personnellement estably Mathurin Gouppil mestaier demeurant au lieu de la Talonnyère appartenant à Jehanne Main paroisse de Neufville et Grez
la Talonnière, commune de Grez-Neuville (C. Port, Dict. du Maine-et-Loire, 1876)
soubzmettant etc confesse etc avoir promis et par ces présentes promet à ladicte Main demeurant en la paroisse de St Maurille à Angers ne pas aller à l’encontre de la requeste et demande de délay de cinq ans … au présidial de ceste ville et y a renoncé et renonce au profit de ladite Main de ce qu’il pourroit demander pour le paiement de la somme de 24 escuz sol pour bestiaux et autres choses qu’il à prinses sur ledit lieu de la Talonnyère desquels bestiaux ladite Main estoit tenue payée la moitié, que pour l’argent que ladite Main luy auroit baillé pour faire couvrir d’ardoise ladite mestairie de la Talonnière laquelle n’auroit fait … pour icelle somme de 21 escuz qui auroit esté payée à ladite Main et de la somme de 2 escuz sol par autre part… sur la façon et réparation du lieu de la Talonnière et fossez qu’il a fait comme il est tenu faire…
fait à notre tablier en présence de Anthoine Marchant et René Vallin praticiens
Signé Jeanne Main

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3 réponses sur “Mathurin Goupil, métayer à la Talonnière à Grez-Neuville, fait les comptes avec la propriétaire, 1597

  1. On trouve des Main ,marchands et fermiers à St Sigismond fin XVII ,viendraient-ils d’Angers? cela semble possible d’après cet acte.
    Réponse d’Odile : Jeanne Main est sans doute originaire du même coin. Généralement, ceux qui avaient une demeure à Angers (en propriété ou en location) avaient bien souvent conservés leurs biens à la campagne et y séjournaient quand ils pouvaient, car l’air était parfois plus hygiénique que dans la cité, enfin si le tas de fumier était éloigné….
    Je viens d’ajouter la signature de Jeanne Main, car à mon avis, elle témoigne de quelqu’un qui sait écrire, mais n’écrit pas souvent. En effet, il vous regardez son patronyme elle a mis 4 jambes à son M. Sa signature cependant est le reflet des signatures de femmes à l’époque, qui signaient avec le prénom devant le nom, et aucune volute finale. Je vous ai laissé à titre de comparaison les messieurs et leurs volutes.

  2. Peut-être, ce Mathurin est-il parent avec ma Jeanne GOUPIL, de Grez-Neuville, née vers 1627 …
    Et, aujourd’hui, grâce à cet acte, j’ai appris que le métayer recevait de l’argent du propriétaire … Je pensais que les dons ne fonctionnaient qu’en sens unique !
    Note d’Odile : le lien avec le vôtre est plus que probable, si le métier est le même mais sans doute n’avez vous ni le métier ni le lieu-dit, car on les a souvent rarement avec le temps.
    Le propriétaire était toujours tenu de payer, entre autres les grosses réparations, parfois, seulement les matériaux pour ces réparations, mais dans tous les cas le bail, même le bail à moitié, stipule tout ceci. Dans le cas présent, je pense que la période de grande crise a été cause de mauvais dialogue entre la propriétaire et son métayer. Si j’étais tant en admiration l’autre jour de Louise Moinard, partie en 1595 voir l’état de la métairie ravagée par les troupes.

  3. Voici ce que j’ai trouvé comme Jehanne GOUPIL et qui pourrait éventuellement être la mienne
    Feneu – 1623 – page 392 de 505
    Le 26ième de mars 1623 a été baptisé sur les fonds baptismaux Jehanne fille de Jehan GOUPIL maréchal dt près le chasteau de Sautray et de Jacquine ODERET – A été parain Jullien POULAIN fils de Mr Estienne POULAIN et maraine Jehanne FOURNIER fille de Mr Jehan FOURNIER
    Note d’Odile : le métier diffère un peu, mais un métayer aurait sans doute pu mettre son fils apprenti maréchal

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