L’assassinat de Criqueboeuf était sur mon site !

Depuis quelques semaines, certains, dont je suis, cherchent à comprendre comment Claude Simon a terminé rompu vif à barre de fer sur la roue, selon le Journal de Louvet. Remercions au passage Louvet de l’avoir mentionné, car il aurait pu l’omettre compte-tenu de son tempérament !

« Le jeudy dixième jour de septembre au-dict an 1609 M le duc de Vendosme a passé par les Ponts de Cé pour aller en Bretaigne aulx Estatz assignez à Nantes. Le vendredy dix neufvième dudict mois ung nommé le capitaine la Fosse a esté rompu à coups de barre de fer sur une croix, et mis sur la roue pour avoir vollé les deniers du roy, tué le sieur de Tricqueboeuf, avoir chassé le sieur du Bois-Bernier, son beau-père, hors de sa maison de Bois-Bernier, et la damoyselle de Bois-Bernier, sa belle-mère, lequel pour les crimes susdictz, M. de la Varenne, par le commandement de Sa Majesté, il y a ung mois, l’auroit assiégé et pris audict Bois-Bernier, entre les mains duquel il se seroit sauvé ou quoy que soit des mains de ceulx à qui ledict sieur l’avoit baillé à garder dans ledict logis et ledict cinquième jour de ce mois auroit esté reprins par M. le prévost de La Flèche dans ladilte maison par l’intelligence d’ung de ses compagnons qui l’auroit trahy et livré audict prévost qui l’auroit emmené Angers où il auroit esté jugé par MM les présidiaulx. » (Journal de Louvet publié dans la Revue d’Anjou Maine et Loire, 1855, Vol. I, page 20 et 21)

  • de Triqueboeuf à Criqueboeuf
  • Lorsque j’ai évoqué il y a quelques semaines l’assassinat de Criqueboeuf, certains m’ont gentiement fait remarquer que Louvet aurait écrit Triqueboeuf. Je dois reconnaître que depuis ils se sont reliés à ma thèse. Car il y a bien au un Criqueboeuf assassiné !

    Certes, Claude Simon n’est jamais mentionné par les rares témoins des faits de la nuit du 16 au 17 octobre 1591, dans les versions publiées sur cet assassinat :

      L’assassinat de Criqueboeuf au château de Montjean, A. Angot, Bull. Commission Hist. de la Mayenne, 1912, numérisé sur le site des Archives Départementales de la Mayenne

      Le même assassinat relaté par M. Bodard de la Jacopière, dans Craon et ses environs, que j’ai numérisé dans mon fichier Simonin

      Le même assassinat dans l’ouvrage de Joubert sur la Baronnie de Craon, en ligne sur Google Book

    Cela ne signifie par pour autant qu’il n’y fut pas, car il était capitaine à Craon, et proche de Pierre Le Cornu, parrain en 1596 du fils de Claude Simon.

    Par ailleurs, certains m’ont fait remarquer qu’entre octobre 1591 et septembre 1609 il y avait trop d’années, mais je relativisais, sachant que de nos jours, avec toutes nos méthodes modernes, il nous arrive de n’avoir rien trouvé en 20 ans !

    J’avais bien pensé à un second Criqueboeuf, mais cela me semblait une énormité, car le patronyme est déjà assez rare en lui-même, alors 2 porteurs du patronyme assassinés en si peu de temps semble incongru !

    Et pourtant, c’est la bonne solution, et je vous invite à la découvrir !

  • Il y avait bien un autre Criqueboeuf assassiné !
  • Lorsque nous avons commencé l’étude du couple de Claude Simon aliàs Simonin et de Marguerite Pelault, j’avais remarqué, entre autres, au baptême de leur fille Renée le 30 septembre 1603, que le parrain était René Cevillé.
    René Cevillé était voisin, puisque demeurant à Cevillé à Chatelais, à moins de 2 km du Chatelier à Cherancé, où demeurait le couple.
    Or, ceux qui me connaissent, savent combien j’ai travaillé cette famille Cevillé et les documents qui la concernent, notamment le livre de raison écrit en 1638 par Jean de Cevillé, prêtre, fils aîné de René. J’avais fait un énorme travail en 2005 afin de retranscrire ce livre de raison, et au fil de cet travail, j’avais eu le sentiment que ce jeune prêtre avait obtenu de sa congrégation une année sabatique pour mettre de l’ordre dans les papiers de famille, un peu comme une mission, pour revoir, en la réécrivant, l’histoire de la famille. Car, il mentionne souvent les livres de raison de son oncle et de son père, qu’il a soigneusement détruits, pour ne copier que ce qu’il voulait bien copier, et modifier à l’occasion, ce qu’il tenait à modifier. Enfin, un membre de la famille cependant resta avec un portrait non arrangé, le mien ! Mais passons, car il était si peu arrangé, qu’il l’a vraiement pas arrangé du tout.

  • le chapitre Legauffre du livre de raison de Jean de Cevillé
  • Ce livre de raison livre donne cependant des pistes, notamment pour toutes les familles des grands’mères, et des alliés, dont les Legauffre, que nous allons maintenant aborder.
    Compte tenu du triste état matériel du livre de raison de Jean de Cevillé, j’avais jugé bon de mettre les vues sur mon site, au dessus de mes retranscriptions, de sorte que vous pouvez aller directement voir :

      Voir l’assassinat de Criqueboeuf par La Fosse

    Allez voir ma page !
    Je n’y ai rien modifié, et vous verrez que j’avais surligné en 2005 les faits !
    Ainsi la solution était sur mon site, et je viens seulement de faire le rapprochement en cherchant numériquement sur mes propres données !

  • Champagné, commune de Chérancé, lieu de l’assassinat
  • Champagné, commune de Chérancé : à Charles de La Saugère, 1659 – Terre seigneuriale, comprenant la Massonnerie, la Rivière, L’Aunay-Poupard, la Bergerie, le Gaubert (Pommerieux), Maupertuis et la Tremblais (Athée), acquise de Philipe de Hardouin, seigneur de Fontenay, par Charles Duval, seigneur de Villeray, 1720 (A. Angot, Dict. de la Mayenne, 1900)

    Ainsi, Claude Simon a tué un voisin !
    Ainsi, le registre des sépultures de Chérancé, refait quelques années après lesdites sépultures, livre sans doute autre chose avant, et il faut le relire attentivement, celui d’Athée aussi !

    Nous commémorerons le 19 septembre prochain le 400ème anniversaire de ce supplice !

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    8 réponses sur “L’assassinat de Criqueboeuf était sur mon site !

    1. E.2165.( carton)- 6 pièces, papier.
      1621- XVIII e siècle.- Criquebeuf ( de ).- Transactions entre Jeanne Legauffre, veuve de Jean de Criquebeuf, écuyer, sieur de La Tremblaye,Renée de Criquebeuf, femme de François Jaret , sieur de La Palisse, René Bellet, mari de Guyonne Morineau,au sujet des successions de Jean Criquebeuf et de Guy Morineau;- note généalogique du feudiste Audouys.
      Note d’Odile : j’y fonce la semaine prochaine !
      J’ai aussi pensé cette fois que les familles Legauffre et Jarret seront aussi une piste
      et je vois à l’instant dans le Dictionnaire de la Mayenne, de l’abbé Angot, article Criquebeuf, que Renée de Criquebeuf, fille de n. h. Jean de Criquebeuf, sieur de la Tremblaie, et de Renée Le Gauffre, de la paroisse de Chérance, épousa à Niafle, en 1619, François Jaret sieur de la Palice, fils de Charles Jaret sieur des Roches et de Lancelotte Amyot.

    2. E.3098.(carton.)- 1 pièce, parchemin; 2 pièces, papier.
      1615- 1762.- Legauffre- Fondation par Jean Legauffre, notaire royal, d’un anniversaire en l’église des Augustines d’Angers;- constitution par Jacques Payneau d’une rente de 40 livres au profit de Jacquine et de Jeanne Legauffre;- partage de la succession de Jacquine Legauffre de La Chauvelaye.
      E .2913( carton )- 2 pièces, parchemin; 3 pièces, papier.
      1586-XVIIIe siècle.- Jarret.- Acquêts par Charles Jarret de partie du fief des Estres, en la paroisse Saint- Martin- de Limet;- par Charlotte Jarret, de la closerie de La Haute- Chéransaye, en la paroisse de Bouchamps;-procuration consentie par Jeanne Dupas à René- Antoine Jarret, son mari, pour opter en son nom dans un partage;- présentation par René- Antoine Jarret, de la chapelle Saint- Adrien en la paroisse de Brais;- notes du feudiste Audouys sur la famille Jarret, seigneur des Roches et de La Roullerie.
      (Au cas où ?)

    3. Bravo ! Incroyable ! confirme les enquêtes policières contemporaines, l’assassin fait souvent partie des proches…

    4. Pour le récit du drame de Montjean, voir aussi : Jules Le Fizelier, « Études et récits sur Laval et le Bas-Maine », 1884, aux pages 216 et suivantes, disponible sur Google Book.

      J’ai lu sur votre site cette page du livre de raison de Jean de Cévillé.
      Si j’ai bien compris, ce sieur de la Tremblaye était le fils d’un nommé de Criqueboeuf et d’une fille de Jeanne Legaufre et de Jean (blanc) de Gouyon et qu’il portait le nom de Criqueboeuf.

      Cette page du livre de raison de Jean de Cévillé, affirme que Claude Simonin était un voleur et qu’il a assassiné ce sieur de la Tremblaye nommé de Criqueboeuf. Il ne semble pas que ce fut suite à un acte de guerre. Ce qui expliquerait sa sentence de mort.

      Je n’y ai vu aucune indication de la date de l’assassinat du sieur de la Tremblaye. Est-ce qu’il a eu lieu à la même époque que celui de Jean de Criqueboeuf ou plus tard ? D’après la date de baptême de ses enfants, Claude Simonin demeurait à Craon en décembre 1596 et à Chérancé le 12 novembre 1599.

      Quel est le lien entre ce Criqueboeuf et Jean de Criqueboeuf, l’assassiné ?

      Note d’Odile :
      je viens à l’instant d’ouvrir le registre de Chérancé en ligne, et j’ai une naissance vue 7 d’un enfant de Jean de Criquebeuf et Jeanne Legauffre, juste au dessus du baptême de Louis Simon fils de Claude?
      Le livre de raison de Jean de Cevillé manque certes de précision sur ce fait mais il m’ouvre une piste. Il faudra être patient, car les Archives rouvrent la semaine prochaine et il y aura beaucoup à chercher. Maintenant j’ai la bonne piste, c’est déjà cela.
      Entendons nous bien, à cette époque, le vol est plus puni que l’assassinat. Il y a une échelle selon la gravité du vol. Il y a vol aggravé s’il y a vol dans une église, ou de deniers royaux, et c’est la corde au cou ou les galères. Mais cette sévérité est redoublée quand elle s’applique à des malfaiteurs professionnels (en bande, avec violence, par effraction etc…) et le pire étant le vol de grand chemin, c’est à dire le vol en bande comme on le voit dans les films américains d’attaques de diligence. Le vol de grand chemin est en principe puni de la roue, supplice introduit en France en 1534 par François 1er, pour mettre un terme à ce genre de brigandage. Ce supplice nous vient d’Allemagne.
      Donc, selon mon hypothèse actuelle, ce type de peine, le plus terrible, découle de vol de grand chemin, en bande organisée, et parmi ces vols des deniers royaux.
      D’ailleurs j’ai mil en ligne il y a quelque jour un vol de deniers, et Henri IV exprimait clairement en 1600 son mécontement du vol des deniers, et sa lettre attestait clairement que ce point n’était pas pardonné, ni pardonnable.

    5. BRAVO
      AD53 Registres paroissiaux en Ligne, Niafles, page 87/349 acte en bas à droite
      mariage le samedi 2 novembre 1619 de François Jaret écuyer sieur de la Palisse de la paroisse de Saint Martin du Limet et de Renée de Criquebeuf fille de + Jehan de Criquebeuf et de demoiselle Jehanne Le Gauffre sieurs et dames de la Tremblay (signent François Jarest, RdeCricquebeuf)
      Note d’Odile : Merci, j’avais pris cela entre temps, ainsi que 3 baptêmes à Chérancé, dont le premier en 1595 montre qu’il se nomme Jean de Gouyon puis les 2 suivants il se nomme Jean de Criquebeuf, donc c’est bien comme l’expliquait Jean de Cévillé dans son livre de raison, il y avait eu un changement de nom.
      Le baptême du 3e à Chérance est situé juste au dessus du baptême de Louis Simon fils de Claude et Marguerite Pelault, en 1602, vue 7. Le monde est petit ! Il ne fallait par chercher bien loin l’assassiné, mais avouez qu’un Criquebeuf en cachait un autre, et pire le second se cachait sous un autre nom…

    6. Sous couleur de mariage = sans être marié ? En 1590 Criqueboeuf du château de Montjean meurt à 70 ans donc il pourrait être le père du second qui a un enfant en 1595 : il » le nourrit et le marie ».C’est apparemment entre 1595 et 1598(cf baptêmes de ses enfants) qu’il acquiert le droit de s’appeler Criqueboeuf par arrêté du Parlement. Plessis de Cosme est cité en justice par la veuve de Criqueboeuf de Montjean ,on ne parle pas d’enfants légitimes .Et si le premier était le père naturel du second ?
      Note d’Odile :
      J’aime bien, au passage, l’expression « sous couleur de mariage » et je suis comme vous, dans les vagues hypothèses, mais il faudrait retrouver l’arrêt du Parlement !
      Et mes hypothèses vont même jusqu’à penser que l’un des assassinats aurait pu entraîner l’autre… par suite des rancunes…
      j’ai cependant bon espoir, avec une quantité phénoménale de travail dans les notaires d’Angers, de découvrir une piste, car j’ai désormais un créneau de dates plus restreint, en effet le 20 mars 1602 Jean de Criquebeuf est vivant, d’ailleurs voyez donc s’il n’apparait pas en parrain ensuite dans le registre de Chérancé ou environ pour affiner encore cette date.
      Par ailleurs les descendants de Jean de Criquebeuf ont sans doute des éléments, mais nous sommes en période de vacances et on verra plus tard

        Voir les descendants Jaret de Jean de Criquebeuf
    7. Sous couleur de… avec l’apparence de…
      Cette locution fort ancienne ( elle fut attestée dès le XIV siècle, fait appel à une signification aujourd’hui disparue du subtantif couleur.
      En effet, jusqu’au XVIIe Rey et Chantreau, nous apprennent ,que ce terme, pouvait être compris au sens de  » raison spécieuse,fausse apparence, mensonge »
      Une fois encore, le langage populaire, parvient à sauvegarder des  » bouts de passé », que sans lui, nous serions à même d’oublier.
      C’est ainsi que la locution fait doublement appel à l’idée de dissimulation: à la fois par la préposition « sous » qui évoque l’idée de cachette,et par l’emploi du terme  » couleur » dans son sens originel.
      Et en ce moment, sous couleur de vous cultiver, il se trouve que vous vous amusez.
      ( FRANCPARLER)
      Note d’Odile : sous couleur de culture sur ce blog, je m’amuse

    8. Dans l’ouvrage sur les conseillers au Parlement de Bretagne, il est dit de Clément Allaneau, ou de son fils, qu’il fut assassiné par les Ligueurs alors qu’il venait du pays d’amont pour rentrer à Rennes avec plusieurs de ses collègues.
      Je cherche toute source concernant cette affaire, d’autant que d’Angers à Rennes on passait par le Craonnais, et on aurait donc pu croiser Claude Simonin sur cette route.
      Certes, je ne souhaite pas lui imputer tous les assassinats, mais je cherche néanmoins à élucider cette affaire, car elle m’intrigue.
      d’avance merci de vos lumières
      Odile

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