Jean et Mathurin Letort, frères, contraints à la réconciliation, Armaillé 1608

car le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils se disputent !
Mais heureusement leurs parents et amis sont là, et ils transigent donc.

Vous avez déjà sur mon blog d’autres actes passés à la même période par ces Letort, et ce chez les notaires d’Angers.
Sur l’acte qui suit, je vois la signature Gault, et on sait que les Gault sont tous issus d’Armaillé, ou presque tous.

Voir mon fichier LETORT dont cependant je ne descends pas, et par ailleurs vous pouvez cliquer ci-dessous sur le tag LETORT pour avoir tous les actes concernant ce patronyme déjà parus sur ce blog

J’ai trouvé cet acte aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5 – Voici sa retranscription (voir ci-contre propriété intellectuelle) :

Le 9 décembre 1608 avant midy (Guillaume Guillot notaire Angers) sur les procès et différends meuz ou espéré mouvoir entre Me Jehan Letort notaire soubz la cour de Pouancé d’une part, et Mathurin Letort son frère marchand tanneur d’autre touchant ce que ledit Jehan Letort disoit
que Jehan Letort vivant leur père décéda et que lors de son décès ayant relaissé Catherine Hunault sa veufve leur mère engagée et endebtée de grande somme de deniers à plusieurs personnes lequels la voulloient contraindre au paiement de leur du et pour empescher la vente de ses biens et grands intérests et frais qui s’en puissent ensuivre iceluy Jehan Letort avoir acquiter lesdits débiteurs scavoir Nicolas Allaneau Pierre Godier et autres jusques à la somme de 724 livres 13 sols que ledit Mathurin son frère lors en debvoir rembourser une moitié
et outre auroit fait plus grande despense et mise pour l’entretien de leur dite mère et pendant la guerre pour conserver leur bien et à quoy ladite Hunault ne pouvoit voir à cause de sa vieillesse dont il demandoit remboursement pour une moitié
et outre lui doibt ledit Mathurin la somme de 10 livres 13 sols 3 deniers pour son taulx de taille cens et sallage dont il est collecteur de ladite année dernière
et avoit autre demande à luy faite mesme pour autre pour contribuer aux frais de réparations du pressoir et à faire l’estat dépendant de ladite succession sur les lieux des Gauldais, aussy quelle somme de 973 livres 11 sols qui est à Me François Letort leur oncle pour la recousse de leur lieu de la Gauldais à luy cy devant vendu par ladite Hunault pour ladite somme ledit Jehan Letort tant en son nom que au nom dudit Mathurin auroit cy devant passé convention pour la somme de 55 livres tz par contrat passé par nous le 25 février 1606 iceluy Mathurin en doibt une moitié comme estant ladite debte faite et créée par ladite Hunault leur mère
et de la part dudit Mathurin estoit dit qu’il ne concernent de debtes alléguées par son dit frère et que quand elles seront véritables que non qu’il n’estoit tenu … ains pour la pluspart estre fautives …
que lors du décès de leur dit père qui fut environ le mois de septembre il y avoit grand quantité de provisions et fruits en sa maison comme de vin bledz lards cistre meubles morts et vifs qui estoient plus que suffisants pour le paiement et acquit des debtes de leur dit père ce que ne fait rapport ne raison ledit Mathurin oultre que leur dit deffunt père pendant derniers fut prisonnier en ceste ville à deffault de paiement des deniers de taille de la paroisse d’Armaillé où il fut détenu par l’espace de 5 ou 6 mois pour raison de quoy et de ses dommages et intérests ledit Jehan en a déclaré avoir avec les paroissiens d’Armaillé été obtenu 250 livres en quoy ledit Mathurin est fondé pour une moitié aussi disoit iceluy Mathurin avoir fait et desbourcé pour la réparation du pressoir cy dessus mentionnée et argent baillé à leur dite mère pour ses nécessités la somme de 39 livres 3 sols tellement que luy faisoit ledit Jehan son frère raison tant son fait que les sommes demandées
au contraire il luy debvra de l’argent et quant à ladite somme de 973 livres 5 sols de Me François Letort leur oncle offre ledit Jehan y contribuer tant à la rente qu’admortissement pour une moitié
ledit Jehan repliquoit disant que sondit père décéda au temps des troubles et que pour les provisions des soldats et gens darmes qui estoient sur le pays ravageant et consommant les provisions et fruits qui estoient requise par force à quoy il ne pouvoit rendre
et quant aux meubles morts et vifs il n’y a qu’ils les partage
et pour le regard des deniers touchés des paroissiens d’Armaillé pour les dommages et intérests de leur dit père disoit les avoir employés à faire les nécessités de leur communauté et de leur dite mère davantaige que damoiselle Françoise Couesmes veufve de deffunt Me René d’Armaillé vivant seigneur dudit lieu luy a demandé ses droits pour les ventes qui luy pourroient estre deues à cause de son fief d’Armaillé que leur deffunt père faisoit par partage avec ses cohéritiers depuis la choisie d’iceulx faite pour les ungs les autres acquiter plusieurs acquests et eschanges dont il debvoit les ventes
et plusieurs autres faits raisons et moyens estoient de part et d’autre proposés allégués et mis en avant pour parvenir à ses fins, sur quoy elles estoient en grand involution de procès et prestes à y estre plus avant pour à quoy obvyer iceulx assoupir et terminer, paix et amour nourrir attendu la consanguinité d’entre eulx et par l’advis de leurs parents conseils et amis et par accord et transaction irrévocable transigent et accordent comme sensuit
pour ce est-il que par devant nous Guillaume Guillot notaire royal à Angers furent présents et personnellement establys duement soubzmis et obligés lesdits Jehan et Mathurin les Tortz frères demeurant en la paroisse d’Armaillé lesquels ont recogneu et confessé avoir de et sur lesdits différends et procès circonstances et dépendances cy après transigé et accordé et fait les rapports comme s’ensuit après avoir lesdites parties calculé et advisé entre elles en la présence et de l’advis de leurs dits parents et amis aux demandes dont ils se faisoient recherche c’est à savoir que pour demeurer ledit Mathurin Letort quitte vers ledit Jehan des choses dont il luy faisoit et eust peu faire question et demande tant pour deniers payés par iceluy Jehan en l’acquit de leur dite communauté nourriture et autres de leur dite mère réparations et autres deniers desboursés par iceluy Jehan pour quelque subject que ce soit à quoy ledit Mathurin pourroit contribuer et autres choses cy dessus mentionnées ledit Mathurin a payé et baillé contenant en notre présence et au veue de nous audit Jehan Letort qui a eu et receu la somme de 200 livres tournois en quarts d’escus bons et de poids jusques à concurrence dont etc et outre a ledit Mathurin Letort en faveur des présentes vendu et transporté audit Jehan Letort la part d’iceluy meubles qui estoient lors de son décès en la maison de ladite Hunault qui sont et restent pour le tout audit Jehan des meubles délaissés du décès de ladite Hunault leur mère sans que desdits meubles il y puisse rien prétendre sinon qu’il aura son linge que sa dite mère luy a mis à part dans ung coffre et ung charlit et coffre estant audit lieu de la Gauldaie une couette et un traverslit au choix dudit Mathurin
et au surplus sont et demeurent lesdites partyes respectivement quittes l’ung vers l’autre de tout ce dont ils se faisoient et eussent fait et peu faire question et demande tant du contenu cy dessus que de toute autre chose et sans générales quelconques pour quelque suject que ce soit sans que par cy après ils se puissent faire aulcune question recherche ne demande l’ung à l’autre …
et en ce qui touche ladite debte de Me François Letort elle demeure commune par moitié entre lesdites parties qui contribueront esquelles tant au paiement du principal que arréraiges eschus …
fait et passé audit Angers maison dudit Me François Letort à ce présent et d’Estienne Letessier marchand demeurant audit Armaillé, Me François Letort le jeune escollier, Michel Guittet, Jehan Guillot

Cette vue est la propriété des Archives Départementales du Maine-et-Loire. Cliquez pour agrandir.

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet Merci d’en discuter sur ce blog.

3 réponses sur “Jean et Mathurin Letort, frères, contraints à la réconciliation, Armaillé 1608

  1. Et l’on retrouve une fois de plus François Letort, avocat au présidial, qui est l’attache de la famille à Angers. D’ailleurs, l’acte est passé chez lui et probablement que ses deux neveux y logeaient aussi.
    Toutefois, il n’apparaît pas très proche de sa famille, peut-être du fait de la différence de niveau social (ou éventuellement la distance ?), puisque je ne l’ai jamais vu parrain – ni ses épouses marraines – des Letort d’Armaillé.

    Cet acte permet aussi de compléter votre fichier « Letort » par l’ajout d’un enfant supplémentaire – et de deux petits enfants – au couple Letort-Robideau.

      Note d’Odile :

    Pour les parrainages à Armaillé, je pense que c’était techniquement impossible si l’on tient compte :
    1 – de l’obligation prescrite à cette époque par l’église du baptême dans les 3 jours
    2 – de la distance de plus d’une journée de cheval
    par contre, lorsqu’un membre de la famille était « monté » à Angers, il devenait une tête de pont si je peux dire pour ainsi pour toutes sortes de prêts et activités plus enrichissant que localement

    J’ai bien noté que cet acte complétait les Letort, et je vais le faire.

    Ici, pas encore vu la prétendue « canicule » et ce matin, je me demande même quelle mouche a piqué les journalistes !
    Odile

  2. Vous avez raison pour les parrainages (et il doit en être de même pour les enterrements), effectivement la distance était un peu trop importante. C’est déjà plus étonnant pour les mariages, au point que je vais à nouveau regarder ce qu’il en est de ce point de vue.
    Par contre, on retrouve régulièrement François Letort comme tête de pont de la famille à Angers et son métier d’avocat au présidial devait lui permettre d’avoir les oreilles ainsi que les relations bien placés. Les rapports était donc encore bien proches.

      Note d’Odile :

    Oui, les liens de solidarité entre la campagne et Angers restaient forts et longtemps forts, et même assez famille élargie et bons voisins, comme un clan de paroisse. Cela leur était très utile pour traiter les affaires à Angers.
    Je pense même, enfin c’est une hypothèse, que les familles pouvaient ainsi mieux avancer sur le plan social, car à Angers les affaires étaient plus importantes.
    Odile

  3. Côté mariage, rien : la plupart étaient déjà conclus lors des premiers registres, donc rien qui puisse nous aider.
    C’est une famille qui avait déjà avancé début XVIIe : marchand drapier, marchand tanneur, notaire de la baronnie de Pouancé, avocat au présidial d’Angers. Il serait intéressant de connaître le métier de la souche de toutes ces personnes, à savoir de Michel Letort époux de Françoise Robideau pour mieux cerner cette évolution.

      Note d’Odile :

    Je pense que connaître tous ces métiers à une telle date relève de la très grande chance dans un acte notarié, mais je n’ai rien trouvé de tel à ce jour.

    Par contre en relisant mes notes sur le chartrier d’Armaillé, je suis frappée par ce passage, qui figure dans mon fichier .PDF sur la famille Letort en ligne.
    Car il semble bien que Jean soit le fils de cette Avoye Besson ?
    Odile

    Le 9 juin 1601 (E1136) aveu à la seigneurie d’Armaillé : pour raison desquelles choses cy-dessus déclarées & autres choses héritaux au Me Pierre Prevost grenetier au grenier à sel de Pouancé, Me François Letort, Denys Letort, & autres leurs cohéritiers enfans & héritiers de †Michel Letort & Françoise Robideau, Me Pierre Letort controleur aud. grenier, Jehan Letort son frère & autres leurs cohéritiers héritiers de †Pierre Letort & Avoye Besson, Jehan Me-nard chirurgien & ses cohéritiers héritiers de †Jehan Menard & Perrine Letort, Pierre Bodier & ses cohéritiers héritiers de †Guillaume Bodier & Catherine Letort, les héritiers de †Guillaume Galiczon & de René Gault « l’aîné » pour son acquet de Coconier, Me Pierre Goullay & autres frescheurs tiennent du fief d’Armaillé au village de la Gauldaye.

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