Paléographie : la lettre P

et exercices de paléographie

J’aborde ce jour, en 2 billets, une illustration de la difficulté de la lettre P au 16e siècle, car il semble que certains ignorent encore ce point de paléographie, indispensable à tout lecteur d’archives fin 16e siècle et début 17e siècle en Anjou. Le second billet de ce jour est un contrat de mariage écrit avec ce P.

Et, connaissez vous mon site de paléographie, qui contient une mine d’exercices pratiques qui vous aideront à progresser.

La lette P a connu au 16e siècle une période cursive gothique qui la mettait en forme de X, même à l’intérieur du mot.

Cette forme d’écriture cependant a été fort inégalement utilisée, puisqu’au 16e siècle, c’est en famille, ou chez les curés de la famille, qu’on apprenait à écrire, et c’est donc en fonction de celui qui vous avait appris qu’on avait telle forme d’écriture.
De même pour la période, pour les mêmes raisons. Certains ayant colporté cette forme d’écriture plus longtemps que d’autres, soit par leur formation, soit parce qu’ils ont vécu longtemps eux-mêmes.
Elle coexiste donc avec la forme plus classique à nos yeux, toujours pour les raisons ci-dessus. Et je l’ai rencontrée irrégulièrement, mais bien réelle, en Haut-Anjou, soit chez les prêtres, qui étaient mêmes des formateurs à l’époque, soit chez des notaires, qui avaient souvent appris à écrire avant d’entrer en formation chez un notaire.
Voici d’abord la théorie. On distingue nettement l’absence de fermeture à gauche, donnant l’allure du X, et on remarque au passage la coexistence de 2 formes d’écriture.

Commençons par un P plus familier, mais fin 16e siècle (les trois images qui suivent sont extraites des Archives Départementales du Maine-et-Loire, et sont leur propriété) :

future espouze qu’elle a et luy
peuvent estre deues tant pour ses
services que autres seront par ledit

Maintenant, voyons la cursive gothique, dans un nom de famille bien connu en Anjou, la famille CRESPIN :

et transporté par ces présentes
à Me Maurice Crespin demeurant à
Angers qui a achapté pour (extrait de la vente des Quatre-Barbes à Maurice Crespin, le 3 juin 1574 devant Fauveau notaire à Angers, Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5). Dans le cas présent vous avez le P à l’intérieur du mot CRESPIN mais également en début de mot POUR.

Voici une autre famille bien connue en Anjou, les CUPIF, et, cerise sur le gâteau, le notaire a doublé le P :

d’Estienne Cuppif mary de Guyonne Bellou
Maintenant, vous savez tout grâce aux CRESPIN, et aux CUPIF, familles bien angevines, et largement connues. Allez chercher sur le second billet de ce jour une DUTEMPLE. Et susrtout, faîtes l’exercice de paléographie si vous voulez vous mesurer et progresser.

Odile Halbert – Lorsque vous mettez mes travaux sur un autre site ou base de données, vous enrichissez leurs propriétaires en leur donnant toujours plus de valeur marchande dans mon dos

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