Cousin remué de germain, cousin issu de germain, cousin germain…

et tous les cousins

Au Moyen-âge le droit de mutation, dû au seigneur, est

le remuage, du verbe remuer, de muer, changer. (Dictionnaire de l’ancien français : Moyen-âge, Greimas A.G., Larousse, 1994).

Ce droit de remuage, vieux d’un millénaire (au moins) est toujours actuel, mais perçu par l’état, ayant remplacé le seigneur.
Ainsi, le verbe remuer a bien eu un sens de transmission….
Le même dictionnaire donne le verbe

Issir, qui n’est plus en usage depuis des siècles, mais qui nous a laissé issu, qui est sorti, venu, descendu d’une personne, issue… sortie.

Arrivés au 17e siècle, nous trouvons dans nos registres paroissiaux les cousins remués de germain.
Au 17e siècle,

cousin « ceux qui sont issus, soit des deux frères, soit des deux soeurs, soit du frère ou de la soeur, Cousins germains. Les enfants de ceux-cy s’appellent, Cousins issus ou remuez de germain. Les autres suivants s’appellent, Cousins au troisiesme & au quatriesme degré etc… En France le Roy dans ses lettres, appelle Cousins, non seulement les Princes de son sang, mais encore plusieurs Princes estrangers, les Cardinaux, les Ducs & Pairs, les Mareschaux de France etc… Proverbe : Tous Gentilshommes sont cousins, & tous vilains sont comperes. » (Dictionnaire de L’Académie française, 1st Edition, 1694)

Les dictionnaires ultérieurs donnent remué de germain comme l’expression populaire pour issu de germain.

Cousin est un mot magique, dont voici quelques extraits glanés :

On dit proverbialement & dans le style familier, Si telle fortune m’arrivoit, le Roi ne seroit pas mon cousin, pour dire, Je m’estimerois plus heureux que le Roi. et familièrement Le roi n’est pas son cousin signifie, avec une nuance d’ironie, Il se met au-dessus du roi, il est très fier, très glorieux.
On dit par raillerie, & en burlesque, qu’Un homme est mangé de cousins, ou qu’il a tousjours des cousins chez luy, Quand plusieurs Gentilshommes de campagne sous pretexte de parenté, ou d’amitié, viennent l’importuner & manger chez luy.
Chasse-Cousin. s. m. On appelle ainsi le mauvais vin. Quel vin nous donnez-vous-là? du chasse- cousin. Il est bas.
Cousinage. s. m. La parenté qui est entre cousins. Ils s’appellent cousins, je ne sçay d’où vient ce cousinage. il est entré dans cette maison sous pretexte du cousinage.
Il se dit aussi, Des petits Gentilshommes de campagne qui vont visiter les autres plus riches, pour vivre quelque temps chez eux. Comment peut-il vivre avec si peu de bien? il va cousiner chez l’un, chez l’autre. il s’est accoustumé à cousiner. C’est aussi un petit moustique qui bourdonne, qui pique et qui abonde surtout dans les pays marécageux. Être mangé de cousins.

De nos jours le terme cousins est utilisé en généalogie pour désigner ceux qui ont un ascendant en commun. Ces cousins gédouillants ne sont pas là pour entretenir avec leurs cousins des relations amicales. Tels les moustiques et les gentilshommes de campagne cités ci-dessus, ils sont là pour piquer (les travaux des autres...)
Surtout pas pour les saluer…
Parmi les innombrables moustiques, qui m’ont piqué et sévisent sur les bases de données, il y en a même un, plus gros que les autres, qui se lève chaque matin depuis que Geneanet existe, en se demandant ce qu’il pourra me piquer ce jour. Un malade….

Ah ! si le vin coulait à flot par l’ADSL, que d’hectolitres de chasse-cousin (cf ci-cessus) j’offirai sur mon site !

Je salue amicalement ici, tous les cousins vrais, qui entretiennent avec moi de véritables relations humaines… et je leur exprime toute ma gratitude. Ils sont d’autant plus grands, que les autres sont plus méprisables….

Odile Halbert – Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet seule une citation ou un lien sont autorisés.

5 réponses sur “Cousin remué de germain, cousin issu de germain, cousin germain…

  1. Report des commentaires parus dans mon ancien blog :
    Marie-Laure, le 16 janvier : grand merci pour cette explication.J’avais vu ce terme dans les registres et je me demandais si je ne l’avais pas bien déchiffré ou si c’était l’expression de l’époque pour » issu « .Pour en revenir encore! à l’Anglais :cousin once or twice… removed,removed venant de l’Ancien Français « removeir » = remué …
    (Les familles royales étaient souvent reliées par le sang en Europe donc cousins .Ces alliances pas toujours bénéfiques pour leurs sujets ,par exemple: origine de la guerre de 100 ans le roi Anglais croyant être l’héritier de la couronne de France la fleur de lis figurait sur l’étendard royal Anglais…)
    (Lorimer vient du vieux Français : loremier/nier=lorain, harnais,métier : fabricant de mors ou d’étriers ,patronyme assez rare mais plus répandu en Ecosse qui traditionnellement était une alliée de la France.)

    Bernadette, le 16 janvier : Le verbe « issir » est pour moi une vraie découverte, j’en ignorai totalement l’existence jusqu’à ce jour. Issir onnant issu, c’est lumineux. Merci

  2. Bonnes explications sur le verbe désir et le voisinage, mais pourquoi Germain? Merci Odette.

      Réponse d’Odile :

    Bonjour Odette

    Selon Jean Nicot: Le Thresor de la langue francoyse (1606)

    Le terme latin GERMANUS : engendré de mesme germe
    a donné en français GERMAIN

    Selon le Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500) sur http://www.atilf.fr/dmf

    GERMAIN
    A. – « Né d’un même père et d’une même mère (p. oppos. à celui qui est né seulement de l’un ou de l’autre) »

    B. – « Né du frère ou de la soeur du père ou de la mère »

    C. – P. ext. « Proche parent »

    J’attire votre attention sur le fait que le terme est déjà admis au Moyan âge pour « proche parent » comme le confirme ce dictionnaire extrêmement fiable.
    Il en résulte que lorsque vous rencontrez le terme COUSIN GERMAIN dans un acte sur les registres paroissiaux, vous ne pouvez pas en conclure à un degré de parenté avec certitude, car il est clair que le terme était plus largement utilisé que sa définition d’origine.
    En conséquence quand vous le rencontrez, c’est peut-être bien que oui peut-être bien que non pour le même père et la mère mère, ou l’enfant du frère ou de la soeur, d’autant qu’un prêtre donnait ces données selon les dires de ces paroissiens qui eux-mêmes avaient parfois la famille au sens large.
    Donc, je vous conseille prudence et de relire attentivement la définittion C du dictionnaire du Moyen âge qui dit clairemetn qu’on avait aussi le sen large.
    Bonne journée à vous
    et merci d’avoir posé la question
    n’hésitez jamais pour en poser d’autres,
    je ne me lasse pas, même si je peux vous avouer que je tappe en ce moment face à 2 écrans, l’un pour l’ordi, l’autre pour les JO à la télé, car depuis quelques années, j’ai installé les 2 écrans confortablement l’un près de l’autre.
    Odile

  3. Je voudrais rassurer Odile. On ne copie jamais que les meilleurs, donc, si le résultat de tes recherches sont copiés c’est qu’elles sont intéressantes. Cependant, utiliser le terme de « piquer » est un peu excessif. En effet, la généalogie de nos ancêtres ne nous appartient pas. Elle est, c’est tout. Si tu mets à jour le fait que Pierre est le fils de Jean, cela souligne ta perspicacité, mais cela n’en fait pas ta propriété. Si tu souhaites conserver par devers toi le résultat de tes recherches, c’est ton droit. Mais dans ce cas-là je te conseille de ne pas les publier…

      Note d’Odile

    Bonjour Monsieur (manifestement cette formule vous est inconnue !)
    La langue française permet deux interpellations selon le degré de relation. Nous sommes très nombreux en France à réserver le tutoiement aux amis reconnus comme tels, et aux membres de la famille.
    Je n’ai pas à répondre à ceux qui se permettent de me tutoyer puisqu’ils ne respectent pas les autres.

    Le site, soi-disant généalogique, que vous avez créé est un site commercial aux tarifs élevés et je conseille à mes lecteurs d’aller en juger par eux-mêmes en lisant vos tarifs.
    http://www.geneazur.fr/html/tarifs.html

    L’informaticien que vous êtes devrait savoir que la loi française interdit toute copie d’une base de données, j’ai donc à ce titre parfaitement le droit de dire que ceux qui mettent mes données dans une base de données fermée sont parfaitement des voleurs.

    Enfin, la propriété intellectuelle est formelle : mes travaux en relèvent, et à ce titre la moindre des choses est de me citer.

    Non seulement l’immense majorité des 3 800 lecteurs quotidiens de mon site-blog ne me citent pas, mais une grande majorité, et parmi eux les plus grands pilleurs depuis des années, n’ont jamais pris une seconde pour me saluer. Ils n’ouvrent mon site que pour prendre, et ne respectent en rien la moindre des bienséances.

    Cordialement (encore une formule qui vous est inconnue !)
    Odile

  4. Ayant plusieurs exemples concrets dans mes recherches généalogiques(région du Saintongeais), je peux affirmer qu’un cousin ou cousine remué de germain sont tout simplement l’époux ou l’épouse d’un cousin germain ou d’une cousine germaine.
    Autrement dit, cousin germain ou cousine germaine par alliance.

      Note d’Odile :

    Bonjour
    Merci de votre commentaire.
    Cependant, je me permets de rappeler que la France d’alors avait autant de coutumes que de provinces, et que je connais l’Anjou, pas la Saintonge.
    En Anjou, votre intreprétation n’est pas vallable, d’ailleurs en Anjou dans le cas des alliés, ils prenaient le même rang que leur époux/épouse, donc le beau frère devenait souvent frère, l’époux du cousin ou de la cousine devenait le cousin ou la cousine.
    Quant au terme « remué de germain », je maintiens qu’en Anjou il est plus que hasardeux de vouloir lui fixer un lien et je m’en tiendra à ce que dit le Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500) http://www.atilf.fr/dmf/

    GERMAIN, adj. [T-L : germain ; GDC : germain ; DEAF, G568 : germain ; AND : germain ; DÉCT : germain ; FEW IV, 120b : germanus ; TLF IX, 218b : germain1]

    A. – « Né d’un même père et d’une même mère (p. oppos. à celui qui est né seulement de l’un ou de l’autre) »

    B. – « Né du frère ou de la soeur du père ou de la mère »

    C. – P. ext. « Proche parent »

    J’avais cité cet ouvrage plus haut dans cette discussion, et je m’en tiendra à « PROCHE PARENT », et je mets quiconque au défi d’en conclure le lien exact.
    Ce n’est pas parce que nous avons un état civil aujourd’hui précis, voire informatisé, qu’il faut en conclure qu’autrefois il était aussi précis. On avait certes alors une notion plus solidaire de la famille élargie, voire du clan, et tout le monde y était proche parent, sans plus de précision, et ceux qui disaient « remué de germain » témoignaient seulement qu’ils ne savait pas trop quel degré.

    Cordialement
    Odile

  5. Bonjour,
    Le curé de la Chapelle des pots, (17) fait la différence entre un cousin germain et une cousine remuée de germain dans le même acte de baptême datant du 08 avril 1704. S’agissant de mes ancêtres, j’ai pu vérifier l’ascendance de la dite cousine « remuée » et constater qu’elle n’a aucun lien avec le baptisé sauf bien entendu qu’elle est l’épouse de son cousin germain.
    J’ai un autre exemple de la même sorte dans la commune de Fontcouverte (17) avec un curé différent.
    A chercher dans la Charente Maritime: La-Chapelle-des-Pots, BMS 1687-1710, vue 77/100.
    Cordialement,
    Michel
    Michel

      Note d’Odile :

    Sans doute, mais j’ai beaucoup dépouillé d’actes en Anjou et rien de tel !
    Donc on ne peut pas généraliser votre observation locale.
    Odile

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