Armel Servant est dit monteur d’arquebuses et non arquebusier, Angers 1588

Je descends de 2 arquebusiers différents l’un POYET l’autre AUDINEAU 

J’ai beaucoup étudié les arquebusiers et j’ai aussi beaucoup publié sur mon site.

J’ai toujours pensé qu’ils étaient fabriquants et/ou vendeurs d’armes. Et en Anjou, je sais donc qu’on pouvait se procurer des armes à Angers mais aussi à Segré et à Chemillé. Mes Poyet sont à Segré, mes Audineau à Chemillé.

Ici je vous mets un acte assez curieux, car Armel Servant est monteur d’arquebuse au lieu d’arquebusier et j’ignore s’il y a une différence. Par contre, l’acte est plus que curieux, car en fait de montage d’une arme il achète à un menuisier des montants pour faire les lits comme on les faisait autrefois, c’est à dire à quenouilles (les 4 piliers aux angles montant pour soutenir le haut du lit et les rideaux) et à panes (mot qui n’existe comme tel dans aucun dictionnaire ni celui du moyen âge ni les dictionnaires anciens suivants ni le Dictionnaire du monde rural de Marcel Lachiver. Or, le tout est bien en bois de noyer donc n’a rien à voir avec les rideaux du lit et le tissu, mais bien avec les montants en bois du lit. Je suppose donc que ce terme était tout à fait local et oublié.  L’acte est très raturé, comme l’étaient souvent les actes de cette époque, et pour que vous puissiez vérifier ce que je dis ici, je vous mets les vues.

Mais que vient fait un monteur d’arquebuse dans la fabrication des lits ? car le nombre qu’il commande est très élevé et ne relève donc pas d’un investissement personnel dans un ou quelques lits.

Quoiqu’il en soit cet Armel Servant, monteur d’arquebuse, sait signer, alors que mon POYET ne signe pas, ou je peux me demander si on lui a bien demander de signer ??? J’ai parfois des doutes sur ce point.

Acte des Archives du Maine-et-Loire 5E1 – Voici ma retranscription rapide mais efficace  :

Le 29 octobre 1588 après midy en la cour du roy notre sire à Angers par davant nous François Revers notaire de ladite cour personnellement establys Armel Servent monteur de harquebuses et Estienne Lemonnier Me menuisier demeurans Angers d’une part, et Anthoyne Viau menuisier demeurant à Moranne d’aultre part, soubzmetant lesdites parties respectivement etc confessent sans contrainte avoir ce jourd’huy fait et font entre eulx le marché tel que s’ensuit, savoir est ledit Viau avoir vendu et vend par ces présentes et promet rendre bailler et livrer en ceste ville d’Angers dedans le jour de Caresme prenant prochain venant auxdits Servant et Lemonnyer le nombre de 100 panes de lit et aussi de 100 quenouilles de lit, lesdites panes d’espaisseur de 3 poulces et de largeur de 7 poulces de 6 pieds 2 poulces de longueur, les quenouilles de 7 pieds de long et de 5 poulces d’espaisseur ; vend ledit Viau auxdits Servant et Lemonnier comme dessus 6 toises de nour ? d’espaisseur (f°2) de 3 poulces plus 6 toises de noir d’espaisseur d’un poulce et demy, toutes lesquelles auront 14 à 15 poulces venant à 18, le tout de bon bois de noyer bon loyal et marchand ; et est faite la présente vendition pour et moyennant la somme de 48 escuz sol sur laquelle ledit Servant a payé et advancé audit Viau 2 escuz et demy et le reste payable savoir dedans ung mois après la Toussaint 7 escuz et demy et le reste montant 38 escuz payable savoir 28 escuz faisant la livraison desdits bois dessus …

2 réponses sur “Armel Servant est dit monteur d’arquebuses et non arquebusier, Angers 1588

  1. Un monteur d’arquebuses est un travailleur du bois dont l’activité principale est de fabriquer les éléments en bois d’une arme à feu. Les parties métalliques sont montées sur le fût, aussi appelé monture. Au XVIe, XVIIe, et XVIIIe siècles arquebusiers réalisent les parties métalliques. Le métier de monteur d’arquebuses est étroitement lié à celui de la menuiserie et pas toujours séparé de ce derniers. Dans les pays germaniques, et à Augsburg encore au début du XVIIe siècle les monteurs d’arquebuses font des meubles et des coffrets et les menuisiers montent des armes, peu importe le chef d’oeuvre qu’ils ont réalisés pour accéder à la maîtrise. Les titres professionnels qu’ils usent reflètent le prestige supposé d’une spécialité ou encore leur activités principales. Tous, y compris les monteurs d’arquebuses, savent incruster le bois de corne, nacre, fils et plaques métalliques, et nombreux sont ceux qui se livraient encore à la marqueterie.

    1. Bonjour Monsieur
      Merci pour ces explications, car je cherche toujours à comprendre qui étaient nos ascendants. Vous utilisez le terme « prestige » pour leur spécialité, et je comprends mieux ce que Granges de Surgère voulait dire lorsqu’il mettait les arquebusiers Nantais dans son ouvrage « Les artistes nantais, architectes, armuriers, brodeurs, fondeurs, graveurs, luthiers, maîtres d’oeuvre, monnayeurs, musiciens, orfèvres, peintres, potiers d’étain, sculpteurs, tapissiers, gentilshommes verriers, etc., etc., du moyen âge à la Révolution : notes et documents inédits / par le marquis de Granges de Surgères Granges de Surgères, Anatole Louis Théodore Marie (1850-1902) »
      Je n’avais jamais osé lire cet ouvrage car mon esprit était bloqué par le terme « artiste », maintenant je comprends qu’il s’agissait d’artisans d’art, et j’ai entrepris la lecture de ce livre pour tenter de comprendre comment fonctionnaient les liens entre eux, car leur métier exigeait un apprentissage très long et rare.
      Merci encore
      Odile

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