Françoise de Saint-Aubin, 1668 : cession de rente à son fils

Voici encore une femme active, qui manie des sommes importantes. Il est vrai qu’elle est fille aînée et principale héritière de n. h. Jean de Saint-Aubin sieur de la Picaudière et demoiselle Jacquine Saguyer, et veuve d’un conseiller au Parlement de Bretagne, qui est l’aristocratie de la judicature.

Françoise de Saint-Aubin, alors veuve, vient d’hériter de Marie Saguier, du moins en partie.
Cette partie était sans doute conséquente, assez pour qu’elle dispose au moins d’une rente de 225 livres, qu’elle cèdde ici à son fils, mais attention, il ne s’agit pas d’une donation à son fils mais bien d’une vente. En fait, dans une rente, je vous ai déjà expliqué qu’il fallait vivre non loin du débiteur pour s’en faire payer. Alors je pense qu’elle préfère que cette besogne soit exécutée par son fils, d’où la présente cession.
Et puis, elle a sans doute en tête des achats d’un autre ordre, car cette Françoise de Saint-Aubin est cousine de Fouquet lui-même, et probablement éprise de spéculations ? Son cousin lui aurait-il transmis le virus ?

Il est vrai que dans ce milieu on compte par milliers pour faire des dizaines de mille, quand la bourgeoisie moyenne compte par centaines pour faire des milliers, et le métayer compte par dizaines pour faire quelques centaines au plus.

L’acte qui suit est extrait des Archives Départementales du Maine-et-Loire, série 5E5 – Voici la retranscription intégrale de l’acte : Le 7 décembre 1668 avant midy, par devant nous François Crosnier notaire royal à Angers, fut présente establye et deuement soubmise dame Françoise de Saint Aubin veufve de deffunt Me Louis Gallichon vivant seigneur de Courchamps conseiller du roy en sa cour de parlement de Bretagne, héritière en partie de deffunte Marie Saguier vivante veuve de deffunt Jacques Gury escuyer Sr de la Brosse demeurante présentement à la commenderie du Temple paroisse de St Germain et St Laud les Angers,

    je suis désolée, je n’ai pas compris faute de ponctuation, problème récurent des actes notariés anciens, si c’est Françoise de Saint-Aubin qui vit à la commanderie du Temple à Angers. On peut le supposer.

laquelle a ceddé et transporté et par ces présentes cedde et transporte et promet garentir fournir et faire valoir en principal et arrérages à René Gallichon sieur de Princé son fils, et à dame Françoise Foureau son espouze, demeurant aussi présentement à ladite commenderie à ce présent stipulant et acceptant la somme de 225 livres tournois de rente hypothécaire constituée à raison du dernier seize pour la somme de 3 600 livres de principal audit deffunt Sr de la Brosse par Marye Hamon femme en 2e noces de René Theard Sr de la Barbotière es qualités qu’elle procède, Me Jean Levarlet Sr de la Tricherye son fils Jean Hamon Sr de la Taudière, Rolland Journeil Sr de la Templerye, tant en leurs privés nom que se faisant fort de leurs femmes aux puissance de leur faire ratiffier, Me Guillaume Biguet sieur de la Freschaye et autres par oontrat de constitution passé par devant René Fleury ? notaire de cette cour le 9 septembre 1638 escheue à ladite dame ceddante de la succession de ladite demoiselle Saguier par les partages faits des biens d’icelle succession entre ladite dame ceddante et ses cohéritiers passés par Me René Moreau notaire de cette cour le (blanc) 1655 laquelle rente hypothécaire de 225 livres damoiselle Renée Chauveau femme dudit sieur de la Tricherie Levarlet tant en son privé nom que comme procuratrice desdits noms s’est obligée audit contrat solidairement, moyennant quoi ladite dame ceddante auroit consenti acte nouveau passé devant Jean Lecorvaisier notaire du comté de Durtal le 12 juillet 1655 et s’y seroit ladite damoiselle Chauveau esdits noms et qualités cy dessus obligée audit contrat par le compte fait entre eux pour raison de ladite rente, passé par devant Me Jacques Lory notaire de cette cour le 3 avril 1659 etc…
ladite cession faite tant en principal qu’arrérages pour et moyennant le prix et somme de 4 106 livres payée contant par ledit sieur de Princé à ladite dame ceddantes qui l’a eue et receue en monnoye ayant court et dont elle se contente et l’en quitte, etc…

    puisque le principal de la rente était de 3 600 livres, on voit qu’il y a 2 années d’arriérés impayés. Cette somme de 4 016 livres est manifestement pour faire un placement foncier ou tout au moins participer pour partie à un placement foncier.

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2 réponses sur “Françoise de Saint-Aubin, 1668 : cession de rente à son fils

  1. Dans la biographie du surintendant Fouquet, Jean-Christian Petitfils, qui ignore le lien de parenté (cousins issus de germains) avec Françoise de Saint Aubin, signale une vente par ladite Françoise à son cousin le 11 février 1657 « de la seigneurie du Grand Auvers, paroisse de Gouis, avec le fief de la Grosse Vachère, des fermes bois, vignes, près s’étendant jusqu’à La Chapelle d’Aligné et Bazouges-sur-le-Loir (A.N., M.C., LI 542) » pour la somme de 75.000# ! Ces terres complétaient la seigneurie des Moulins-Neufs à Lézigné près Durtal (les Fouquet, issus de marchands d’Angers cherchaient à se rattacher à la famille noble des Fouquet des MoulinsNeufs)
    Faute de pouvoir consulter l’acte aux Archives nationales, sait-on si Françoise de Saint Aubin vend un héritage ou sert-elle juste de prête-nom, comme l’ont fait d’ailleurs de nombreux parents du surintendant ? Le Dictionnaire du Maine-et-Loire est muet sur l’origine de ces propriétés.
    Note d’Odile :
    J’ai vérifié, et cet acte de vente, passé devant Chauveau notaire à Angers le 29 mars 1642 n’est pas dans la cote 5E2-532 des AD49. Par contre, en voulant vous être utile, j’ai fait jackpot pour un autre chercheur sur un autre sujet.

  2. Au hasard des recherches.
    La Chapelle St Laud .
    Le mercredy septième jour de juillet 1638,en la maison seigneuriale de Princé,paroisse de Marcé,à accouché d’une fille ,noble et vertueuse Dame Françoise de St Aubin,femme et épouse de noble et illustre Mr Me Louys Gallichon,sieur de Courchamps et de Princé,conseiller du Roy en son parlement de Bretagne,laquelle fille a été ondoyée et baptisée au lieu de Princé par V et D Mr François Barillyer,prestre, etc….
    A été parain Mr Me François Grimaudet,conseiller du Roy,en son parlement de Bretagne et maraine Dame Marie Saguyer,femme de Messire Jacques Gury escuyer,sieur de La Brosse.
    AM. La Chapelle St Laud .1590-1653 (vues 244-245).

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