Titres de l’inventaire après décès de Jean Gallichon, Angers, 1598

  • 1ère parenthèse : biographies angevines
  • J’ouvre avec une courte partenthèse. Il m’a été suggéré une bibliographie de mes sources, mais auparavant je voudrais m’assurer que vous connaissez les merveilleuses biographies établies par Sylvain Bertoldi, qui dirige les AM d’Angers :

      Répertoires bibliographiques concernant Angers et l’Anjou (établis par Sylvain Bartoldi, AM Angers)

    Pour les consulter, voyez d’abord son plan, puis choisissez dans la petite fenêtre le thème qui vous convient, et toute la bibliographie sur ce thème se déroule alors. Reste alors à savoir où trouver l’ouvrage et comment.

  • 2e parenthèse : la peste importée par bateau
  • J’ouvre une seconde parenthèse, pour coller à l’actu. Autrefois on a importé la peste (oui, oui, on bougeait déjà, on importait cela aussi déjà !), et connu la pandémie. Pour en savoir plus dans notre région, les Archives Départementales de la Mayenne, service éducatif, ont une brochure relatant 2 épidémies en Mayenne 16e et 19e siècle. Elle est en vente sur leur site, prenez PUBLICATIONS puis DOSSIERS D’HISTOIRE dont voici la page

    Attention, ne me faîtes pas dire que je confonds grippe A et peste, car mon but est seulement de vous rappeler l’histoire d’une pandémie importée, tristement célèbre, voir les méthodes d’isolement, brutales, etc… J’ai étudié plusieurs paroisses touchées par la peste de 1602, voyez Marans par exemple, où un médecin courageux vient du Lion soigner les Marantais.
    Je ferme cette parenthèse et revient aux inventaires après décès.

  • Rareté des inventaires après décès
  • Si vous prenez le site des Archives Départementales du Maine-et-Loire, puis CONSULTATION, puis ITINERAIRES DE RECHERCHE, vous pouvez lire : Pour les actes antérieurs à la Révolution (acte notariés), pensez à consulter les inventaires des titres de propriété et titres de famille (série E), ils comportent parfois les analyses des actes notariés avec mention des noms des parties

    PARFOIS

    J’ai graissé parfois et j’y reviens car je crois que beaucoup d’entre vous ont, ou pourraient avoir, une fausse idée des fonds notariés des Archives, alors que le terme PARFOIS est le plus approprié s’agissant des inventaires après décès.
    En effet, pour qu’un inventaire existe dans les archives notariales, encore faut-il qu’il ait été fait devant notaire, or, dans l’immense majorité des cas il était fait par un sergent royal et les sergents royaux n’ont conservé aucun acte.
    Depuis tant d’années que je suis plongée dans les fonds notariés avant 1650, je peux certifier que les inventaires après décès y sont rares voire même rarisimes. Et, si vous descendez quelque peu l’échelle sociale ils deviennent ultra-rarissimes… voire inexistants.
    Donc, ne rêvez pas, il est illusoire de croire qu’on peut illustrer ses propres ancêtres, et c’est pourquoi ce blog vous offre tout ce que je relève du Haut-Anjou, afin que vous puissiez comprendre comment on vivait généralement, à défaut de trouve ce qui concerne un individu lambda dont vous descendez. Moi même, j’en suis toujours au stade du rarissime concernant mes propres ascendants, et je me contente donc de regarder ce qui se passait là où il existe le peu qui existe, et cela me suffit pour comprendre et extrapoler aux miens.

    Enfin, un inventaires de titres peut exister, mais ne rien dire. C’est le cas qui suit, extrait des fonds de famille E2588 aux Archives du Maine-et-Loire. En voici un bel exemple :

  • l’inventaire après décès de Jean Gallichon, 1597 (154 pages)
  • Jean Gallichon sieur de la Roche, marchand de draps de laine, est inhumé aux Jacobins (Ste Croix) à Angers, le 27 juin 1598, époux en 3e noces de Louise Moinard. L’inventaire, conservé aux Archives Départementales du Maine-et-Loire, titres de familles, cote E2558, est volumineux, puisqu’il comporte pas moins 154 pages, sauf les deux premières, ce qui est fâcheux !

    J’ai tenté de voir si les titres, qui réprésentent pas moins de 65 pages, pourraient présenter un élément filiatif. En fait, il n’en est rien, et à part :

    f°90 – Premier la grosse d’un contrat d’acquest passé par Toublanc vivant notaire en ceste ville le 9 mai 1571 par lequel appert que deffunt Me Pierre Riveron a acquis de Phelippes Cordier et Mathurine Niot sa femme la moitié par indivis de 4 planches de vigne ou cloux de la garranne paroisse sainct Berthelemy pour la somme de 64 livres au pied duquel contrat est la quittance des ventes
    f°91 – Item un acte de congnoissance de retrait lignager expédié au siège de la prévosté de ceste ville le 4 juillet 1571 au dos duquel est l’acte d’exécution dudit retrait faicte par ledit deffunt sur Me Pierre Riveron des choses portées par ledit contrat ci-dessus – Avecq lequel acte est attachée la déclaration des frais et loyalles habondances dudit Riveron, l’acte de prise de possession faite par ledit Riveron et aultres y dénommez desdites choses dudit contrat
    f°92 – Item la grosse d’un autre contrat d’acquest passé par Lory notaire royal audit Angers le 9 octobre 1575 contenant que ledit deffunt Gallichon auroyt acquis de noble homme Magdelon de la Jaille sieur de la Guyonnière ès qualitez qu’il procèdde le lieu et mestairie de la Douaberie paroisse de La Meignanne pour la somme de 4 200 livres au bas duquel est l’acte de prise de possession faite par ledit deffunt Gallichon
    f°93 – Item la grosse d’un autre contract d’acquest faict par ledit deffunt de Pierre Lepelletier et sa femme de la somme de 4 escuz de rente foncière que lesdits Lepelletier et sa femme avoient droit de prendre sur Perrine Riveron veufve de feu Jehan Bertran pour la somme de 71 escuz ledit contrat passé par Lory notaire royal en ceste ville le 30 mai 1581
    f°94 – avecq lequel contract est la copie du bail à rente fait par André Haners et Catherine Chenu sa femme à ladite Perrine Riveron pour ladite somme de 4 escuz sol passé par Callier notaire le 3 novembre 1579 – Item une quittance consentie par ledit deffunt Gallichon à ladite Riveron de la somme de 4 escuz pour le paiement d’une année de ladite rente ladite quittance passée par Bertrand notaire le 26 février 1587
    f°96 – Item la grosse d’unautre contract passé par Moloré notaire royal à Angers le 18 avril 1587 contenant que ledit Gallichon et ladite Moinard sa femme auroient acquis de Jehan Mirleau le lieu et métairie de la Moynerie paroisse de Sainct Martin du Fouilloux pour la somme de 333 escuz ung tiers – Au bas duquel y a acquit des ventes et la prise de possession
    f°97 – Item la grosse d’ung autre contract d’achapt faict par ledit deffunct Gallichon des commissaires députez par le roy pour la vente et allienation de 4 500 escuz de rente sur les tailles, de la somme de 5 escuz sol de rente pour la somme de 60 escuz sol, ledit contrat passé au bureau des finances estably à Tours le 5 mai 1588 – Au pied duquel est coppie de la quittance de Me Ollivier Cuppif recepveur des tailles de ceste ville de la somme de 60 escuz sol – Auquel contrat est attaché l’édit du roy pour procedder à l’aliénation de 4 500 escuz de rente fait audit deffunct Gallichon le 12 mars 1587 de payer ladite somme de 60 escuz
    f°99 – Item ung contrat d’acquest fait par ledit deffunt de Jehan Vannier et Jacquine Gallard et Mathurin Vallée et sa femme et aultres passé par Allain notaire royal en ceste ville le 6 décembre 1596 contenant acquisition faite par ledit deffunct d’une maison et appartenances appellée le Haut d’Herigné en la paroisse de Meurs pour la somme de 100 escuz – Au dos duquel contract est la quittance des ventes et la prise de possession – Avecq lequel contrat est attaché ung procès verbal de la visitation de ladite maison fait par Bigottière sergent du 13 octobre 1596
    f°100 – Lesdictes pièces cy-dessus ont esté remises e ladite armoire laquelle a esté refermée de sa clef par ladite Moynard et avons continué ledit inventaire à demain heure de 7 heures de la matinée
    f°101 – Du vendredi 24 desdits mois et an – A la matinée dudit jour ont comparu lesdits Moinard et Delespine comme dessus, et au regard dudit Jehan Gallichon, il n’a comparu, de quoy avons remis l’assignation à l’après midi de ce jour heure d’une heure
    f°102 – A l’après midi ont comparu lesdites parties comme dessus en présence desquelles avons continué ledit inventaire comme s’ensuit : Premier a esté trouvé en une fenestre qui est en la muraille de la chambre haulte en laquelle décéda ledit deffunt qui s’est trouvée ouverte et dont ladite Moynard a dict ny avoir aucune clef
    f°103 – 21 pièces en parchemin qui sont les contracts anciens et autres pièces qui concernant la maison de Pied de Boullet et les 4 quartiers de vigne d’Herigné lesquelles pièces ont esté attachées ensemble et mises en une liasse cottée par 6
    f°104 – Item a esté trouvé en ladite fenestre du buffet de la salle, la copie d’une obligation passée par Fauveau notaire royal en ceste ville le 13 juin 1589 contenant que vénérables et discrets les doyens chanoines du chapitre de l’église d’Angers et les doyens chanoins du chapite de Saint Martin et aultres collèges de ceste ville et noble homme Me Jacques Jouet sieur de la Saullaye sont obligez payer à ladicte Moynard la somme de 2 000 escuz sol que ladite Moynard a recognue estre de la communaulté dudit deffunct et d’elle et que la vérité y a eu séparation de biens jugée entre elle et ledit défunct son mary a raison des troubles et qui n’a sorty aucun effet
    f°105 – Avecq la grosse d’un jugement donné au siège présidial de ceste ville le 22 novembre 1591 contenant que ledit Jouet est condempné payer à ladite Moynard ladite somme de 2 000 escuz dedans le 13 juing lors ensuivant et payer les interestz à la raison du denier douze et despens – Avecq 4 exploitcz faictz en conséquence de ladite obligation et sentence – Touttes lesquelles pièces ont été attachées ensemble et mise en une liasse cotté par 7
    f°106 – Item la grosse d’une autre obligation passée par Grudé et Lory notaires le 9 octobre 1592 contenant que le révérend evesque d’Angers et aultres sont obligez payer à honorable homme Me Loys Hammonnière advocat en ceste ville d’Angers la somme de 1 458 escuz ung tiers – Au pied de laquelle obligation son les copies des procurations – Item la copie d’une contrelettre passée par lesdits Grudé et Lory le 12 octobre contenant que ledit Hamonnière recognoit et confesse que ladite somme de 1 458 escuz est du propre dudit deffunt Gallichon et de sa femme pour leur profit – Item 2 exploits de Guybert sergent en conséquence de ladite obligation …
    f°109 – Item la coppie d’une transaction passée par René Moloré et Nicolas Detriché notaires royaux en ceste ville le 27 décembre dernier entre ledit deffunct Gallichon et damoiselle Lucresse Legras veufve de deffunct Anthoine de Beaumont vivant escuyer sieur de Luzé contenant que ladite Legras auroys ceddé audit deffunt Gallichon la somme de 2 000 escuz à prendre sur noble et puissant Pierre de Tounnoys pour les causes portées par ladite transcation
    f°110 – Item la grosse d’un contract de vendition passé soubz la court du comté de Maulévrier le 23 décembre dernier contenant vendition faite par ladite Legras audit de Tonnoys sieur de Luzé des choses y mentionnées pour la somme de 4 000 escuz dont le dit de Tournois demeure tenu payer audit deffunct Gallichon en l’acquit de ladite Legras la somme de 2 000 escuz
    f°110 – Item la minute d’une aultre obligation passée par Loys Allain notaire royal en ceste ville le 11 avril dernier contenant que ledit de Tournoys se seroyt obligé payer audit deffunt Gallichon la somme de 100 escuz sol à cause de prest, – lesquelles ont été attachées ensemble et cottées R
    f°111 – Item la grosse d’une transaction passée par devant Grudé notaire le 20 juillet 1591 contenant que Magdelon de La Jaille et Ambroys de La Jaille écuyers sont tenuz de payer audit deffunct la somme de 550 escuz – cottée J
    f°112 – Item une grosse d’obligation passée par ledit Grudé notaire le 12 juillet 1592 contenant que lesdits Magdelon et Ambroys de la Jaille confessent debvoyr audit deffunt la somme de 200 escuz sol – cottée M
    f°112 – Item la grosse de certain marché passé par Bertran notaire royal en ceste ville le 1er octobre 1588 contenant que ledit deffunct Gallichon auroit vendu à Toussaint Creltiné marchand demeurant à Saint Sulpice le nombre de 12 septiers 6 boisseaux de froment et huit vingt dix (170) bouesseaux d’avoine mesure de Brissac pour la somme de 200 escuz 50 sols chacun septier de froment et 8 escuz ung tiers le cent d’avoine – Au pied duquel marché est la quittance
    f°114 – Et a ladite Moynard déclaré que ledit deffunct Gallichon avoyt obtenu sentence au siège présidial de ceste ville portant condemnation conte ledit Cretiné et sa femme de la somme de 55 escuz ou aultre somme en conséquence dudit marché
    f°115 – Item la grosse d’une autre obligation passée par Bertran notaire royal en ceste ville le 12 février 1586
    etc… rien d’autre à voir, uniquement des pièces de ce type

    Cet inventaire est anormal. Louise Moynard, la veuve, avait eu un premier mari avant Gallichon, qui était Jean Gouyn, de la famille des Gouyn étudiés et publiés par Gilles d’Ambrières « Les cinq premières générations de la famille Gouyn d’Angers ». Mr d’Ambrières précise que Louise Moynard avant quelque peu attendu avant de faire faire l’inventaire, au point qu’elle avait déjà installé son neveu Jacques Tiercé dans la maison, et que l’inventaire ne représente donc plus que les pièces que s’était réservée Louise Moinard.
    Il n’en reste pas moins que les inventaires après décès sont si rares que c’est celui-ci dont Mr d’Ambrières s’est servi pour illustres un intérieur d’époque.

    L’absence de son contrat de mariage dans l’inventaire après décès de 154 pages de son second mariage avec Jean Gallichon, dressé en 1598, est anormale, et, cette anomalie va de paire avec l’abscence de scellés sur les serrures, serrures par ailleurs dont elle dit n’y avoir pas de clef, ce qui est tout aussi anormal.

    Le contrat de mariage, lorsqu’il existe un inventaire après décès d’un époux ou épouse, est le premier titre listé, suivi immédiatement des successions parentales etc… puis seulement les acquêts et dettes actives et passives.

    Louise Moynard, qui savait signer, chose rare pour une femme au 16e siècle, fut manifestement fort habile, au point d’avoir :

      • un premier inventaire après décès de son premier époux, fait longtemps après le décès de celui-ci
      • un contrat de mariage avec son second époux, Jean Gallichon, qui comporte une donation de 2 500 livres, hors normes habituelles
      • un testament de Jean Gallichon, qui s’attarde longuement sur les donations à sa femme, outre le douaire, ce qui tout aussi hors normes habituelles
      • un inventaire après décès de Jean Gallichon, qui ne donne aucun des titres essentiels, à savoir contrats de mariage et successions antérieures.

    et la liste serait encore longue, car elle fut en procès de multiples manières.
    Ajoutez à cela que je le trouve chez le notaire traitant elle-même pour le couple, les affaires, il est clair qu’elle a mené au moins le second ménage, à son profit, et fait disparaître ce qu’elle voulait voire disparaître. Malheureusement pour elle, tous les hérities Gallichon des 3 lits, obtiendront copies directement chez le notaire…

    Ceci était pour illustrer

      la rareté des inventaires de titres
      et même quand ils existent, il peut y avoir eu des disparitions de titres (bien que j’estime ceci plus que rare, car normalement les scellés sont tout de suite apposés)

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    4 réponses sur “Titres de l’inventaire après décès de Jean Gallichon, Angers, 1598

    1. D’où mes profonds remerciements de m’avoir fait découvrir celui de Jeanne HIRET, veuve Laurent ROBERT en 1734. Outre quelques difficultés de lecture parfois, je m’interroge sur un point étrange : que pouvait faire mon ancêtre avec 112 paires de sabots ??? Les quantités de linge, d’étoffes diverses et de grains qui les accompagnent me laissent perplexe… une sorte de mercerie ? En tout cas, quel bonheur d’appréhender la vie quotidienne de cet ancêtre, d’autant que vous m’avez aussi fait découvrir un bail de son fils en 1751 ! Merci beaucoup.
      Note d’Odile : je crois avoir lu quelque part la durée de vie d’une paire de sabots, très courte en fait. Ils faisaient sans doute partie du trousseau, tout comme le linge trousseau, qui devait tenir le coup 6 mois car on faisait 2 lessives par an. J’y reviendrai.

    2. C’est bien pour cela, que certains paysans pauvres, les accrochaient au bout de la fourche qu’ils tenaient sur l’épaule , au retour des champs et marchaient nu pieds,pour les faire  » durer « !
      L’ancêtre de Mr PhilippeP, était peut-être marchand sabotier ?

    3. J’ai eu le plaisir de découvrir un inventaire après décès de 1687 en Ile-de-France, avec, après l’énumération des meubles et animaux de la maison, la liste de tous les papiers des dettes actives et passives du défunt !
      Mais comme j’ai eu du mal à le traduire et certains passages sont demeurés secrets …
      Mais quel plaisir de pouvoir découvrir ainsi l’environnement familier de nos ancêtres.

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